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Lorsque la situation présente 1 ou + éléments d’extranéité : nationalité des personnes, lieu de signature du
contrat, lieu de survenance du dommage… Il y a lieu de s’interroger sur l’applicabilité d’un texte international.
Comme on se situe en France, on invoque l’article 55 de la Constitution : tout Traité international régulièrement
ratifié a une autorité supérieure à la loi nationale.
Ensuite, on invoque l’arrêt CJCE 1964, Costa c/Enel : primauté du DUE sur le droit français.
Avant de se questionner sur l’applicabilité d’un traité international, il convient de s’interroger sur
l’applicabilité d’un texte européen permettant de résoudre le litige.
Si en l’espèce, on se situe dans le champ d’application du règlement, soit compétence judiciaire, la
reconnaissance et l’exécution des décisions en matière civile et commerciale, alors il y a lieu de vérifier
l’applicabilité du Règlement Bruxelles I bis.
A. Applicabilité du Règlement Bruxelles I bis
Champ d’application rationae temporis
o Article 66 § 1 : « Le présent règlement n’est applicable qu’aux actions judiciaires intentées,
aux actes authentiques dressés ou enregistrés formellement et aux transactions judiciaires
approuvées ou conclues à compter du 10 janvier 2015 »
Champ d’application rationae materiae
o Article 1 § 1 : « Le présent règlement s’applique en matière civile et commerciale et quelle que
soit la nature de la juridiction. Il ne s’applique notamment ni aux matières fiscales, douanières
ou administratives, ni à la responsabilité de l’État pour des actes ou des omissions commis
dans l’exercice de la puissance publique (acta jure imperii) »
o CJCE 1976, Eurocontrol : « est exclue du champ d'application de la convention une décision
rendue dans un litige, opposant une autorité publique à une personne privée, où l'autorité
publique a agi dans l'exercice de la puissance publique »
Restructuration de la dette grecque : CJUE 2018, Kuhn -> l’Etat peut émettre des
titres obligataires sur le marché financier, comme une personne privée, mais dès lors
que la valeur de ceux-ci dépasse le cadre purement privé, par leur amoindrissement
via une mesure législative, alors on sort du cadre privé -> action régalienne de l’Etat,
donc pas MCC
Procédure d’exécution forcée diligentée par une société détenue par une personne
publique : CJUE 2017, Pula Parking : « une procédure d’exécution forcée diligentée
par une société détenue par une collectivité territoriale contre une personne physique
domiciliée dans un autre Etat-membre, aux fins de recouvrement d’une créance
impayée de stationnement dans un parking public, dont l’exploitation a été déléguée à
cette société par ladite collectivité, ne présentant aucun caractère punitif mais
Check si on est dans une situation avec : travailleur, conso, contrat d’assurance, ou
compétence exclusive ou CAJ => Cette vérification doit être faite quand on
commence à APPLIQUER le Règlement !
o Article 6§2 : extension des privilèges (de l’article 14 et 15 du CC français) : « Toute personne,
quelle que soit sa nationalité, qui est domiciliée sur le territoire d’un État membre, peut, comme
les ressortissants de cet État membre, invoquer dans cet État membre contre [un défendeur
domicilié dans un État tiers] les règles de compétence qui y sont en vigueur et notamment
celles que les États membres doivent notifier à la Commission en vertu de l’article 76,
paragraphe 1, point a) » -> si ni en vertu du §1, et ni en vertu des articles 18, 21, 24 et 25, il
n’est possible d’appliquer spatialement le règlement, alors on se tourne vers le §2, si défendeur
ou demandeur seulement domicilié en France, il peut bénéficier de ces privilèges de juridiction,
et alors RB1b est applicable.
d’autres dispositions du présent règlement, la juridiction d’un État membre devant laquelle le
défendeur comparaît est compétente. Cette règle n’est pas applicable si la comparution a pour
objet de contester la compétence ou s’il existe une autre juridiction exclusivement compétente
en vertu de l’article 24 » → comparution volontaire
Exceptions : si le défendeur comparaît, mais pour un déclinatoire de compétence et si
on est dans le cas d’une compétence exclusive, au sens de l’article 24.
o Si le défendeur ne comparaît pas : art. 28 « Lorsque le défendeur domicilié sur le territoire d’un
État membre est attrait devant une juridiction d’un autre État membre et ne comparaît pas, la
juridiction se déclare d’office incompétente, sauf si sa compétence découle des dispositions du
présent règlement »
« Une personne domiciliée sur le territoire d’un État membre peut être attraite dans un
autre État membre…
(a) en matière contractuelle, devant la juridiction du lieu d’exécution de
l’obligation qui sert de base à la demande : de Bloos, 1976 : l’obligation qui
sert de base à la demande est l’obligation caractéristique du contrat ; ou
l’obligation principale parmi les obligations litigieuses (accessoire suit le
principal) : CJ Shenavai, 1987. Si nous ne connaissons pas le lieu
d’exécution : : « le lieu où l’obligation a été ou doit être exécutée au sens de
l’article 5-1° […] est déterminé conformément à la loi qui régit l’obligation
litigieuse selon les règles de conflit de la juridiction saisie », CJ 1976, Tessili
(b) aux fins de l’application de la présente disposition, et sauf convention
contraire, le lieu d’exécution de l’obligation qui sert de base à la demande est
- pour la vente de marchandises, le lieu d’un État membre où, en vertu du
contrat, les marchandises ont été ou auraient dû être livrées
o Le lieu de livraison de la marchandise : Car Trim, 2010 : s’il n’est
pas stipulé quelque part, deux lieux sont possibles : le lieu de la
« Une pers domiciliée sur le territoire d’un Etat membre peut être attraite dans un
autre Etat membre … devant la juridiction du lieu où le fait dommageable s’est produit
ou risque de se produire. »
Hypothèse de délits complexes : CJCE, 30 novembre 1976, Mines de Potasse
d’Alsace : possibilité de saisine des juridictions du lieu où le fait dommageable s’est
produit ou risque de se produire, même lorsque ce ne sont pas les juridictions du lieu
où le fait générateur du dommage a eu lieu
Atteinte aux droits de la personnalité par voie de presse : CJCE, 7 mars 1995, Fiona
Shevill : il y a survenance du dommage partout où la publication litigieuse est diffusée.
Choix : soit saisir juridiction du lieu de survenance du dommage (lieu du siège du
journal) pour connaitre de l’intégralité du préjudice, soit saisine des juridictions du lieu
où la publication est accessible, pour connaître du seul préjudice subi dans ce pays-là.
« Le lieu de matérialisation du préjudice est l’endroit où le fait générateur, engageant
la responsabilité délictuelle ou quasi-délictuelle de son auteur, a produit ses effets
dommageables à l’égard de la victime. Dans le cas d’une diffamation internationale
par voie de presse, l’atteinte portée par une publication diffamatoire à l’honneur, à la
réputation et à la considération d’une personne physique ou morale se manifeste
dans les lieux où la publication est diffusée, lorsque la victime y est connue».
Atteinte aux droits de la personnalité par voie de presse : CJUE, 25 octobre 2011,
eDate Advertising et Olivier Martinez : le dommage est ressenti partout où le site peut
être consulté, donc partout dans le monde. Comment faire ? On se tourne vers le lieu
du centre des intérêts de la victime, qui sera le tribunal compétent pour juger de
l’intégralité du dommage subi.
EN SOMME :
o Le tribunal du fait générateur compétent pour l’intégralité
CAJ et tiers : CJ 2013, Refcomp : la CAJ est inopposable aux tiers (tiers au contrat qui
veut s’en saisir, ou opposabilité de la CAJ à un tiers au contrat), à mois qu’il n’ait
donné son consentement effectif à la clause, dans les conditions acceptables au fond
selon le dt de l’Etat membre dont les juges sont saisis et dans les conditions formelles
énoncées par l’art 25.
La connexité : article 30 RB1b, article 34 pour les Etats tiers : (1) Lorsque des demandes
connexes sont pendantes devant des juridictions d’États membres différents, la juridiction saisie
en second lieu peut surseoir à statuer. (2) Lorsque la demande devant la juridiction première
saisie est pendante au premier degré, toute autre juridiction peut également se dessaisir, à la
demande de l’une des parties, à condition que la juridiction première saisie soit compétente
pour connaître des demandes en question et que sa loi permette leur jonction. (3) Sont
connexes, au sens du présent article, les demandes liées entre elles par un rapport si étroit qu’il
y a intérêt à les instruire et à les juger en même temps afin d’éviter des solutions qui pourraient
être inconciliables si les causes étaient jugées séparément.
o La connexité est définie par une notion autonome, issue de l’arrêt Ship Tatry, 1994 :
lien tel entre les affaires qui fait qu’il y a un intérêt de les instruire et juger en même
temps. L’art 30§3 pose une restriction. On a l’air de penser que la connexité ne peut
être retenue avec les effets du pt 1 et 2 que si les jugements qui seraient rendus
étaient inconciliables. La JP dans l’arrêt de 1994 donne un exemple : c’est une
hypothèse de transport maritime où les marchandises sont avariées. La Cour considère
que même si les décisions ne seraient pas inconciliables l’exception de connexité peut
jouer.
II. Etablissement de la compétence internationale du juge français saisi du litige (ou à saisir) :
Une fois qu’on a démontré qu’un instrument du DUE n’est pas applicable, il faut appliquer les règles unilatérales
de compétence internationale du juge français.
1. Civ. Pelassa, 1959/ Civ., 30 oct. 1962, Scheffel : « l’extranéité des parties n’est pas une cause
d’incompétence des juridictions françaises », « la compétence internationale du juge français se
détermine par extension des règles de compétence territoriale interne ».
a. Règles de compétence territoriale interne :
i. Article 42 s. du Code Civil, avec la règle de principe telle qu’issue de l’article 42 :
tribunal territorialement compétent = tribunal du ressort du domicile du défendeur
ii. En matière réelle immobilière : article 44 : juridiction du lieu de situation de l’immeuble
iii. En matière de succession, article 45 les demandes sont portées devant la juridiction
dans le ressort de laquelle est ouverte la succession. Cass.civ. 1re, 2009 : au visa de
l’article 3 : « en matière de succession immobilière, le renvoi opéré par la loi de
situation de l’immeuble ne peut être admis que s’il assure l’unité successorale et
l’application d’une même loi aux meubles et aux immeubles ».
Les tribunaux français ne sont compétents lorsque le litige est international que pour
les biens immobiliers sis en France, et les biens mobiliers du défunt décédé sur le
territoire français et le partage de succession se fait sur le fondement des règles
françaises : Cass.civ. 1878, Forgo.
iv. For optionnels tels qu’issus de l’article 46 : « le demandeur peut saisir à son choix,
outre la juridiction du lieu où demeure le défendeur :
1. En matière contractuelle, la juridiction du lieu de la livraison effective de la
chose ou du lieu de l'exécution de la prestation de service
2. En matière délictuelle, la juridiction du lieu du fait dommageable ou celle
dans le ressort de laquelle le dommage a été subi
3. En matière mixte, la juridiction du lieu où est situé l'immeuble
4. En matière d'aliments ou de contribution aux charges du mariage, la
juridiction du lieu où demeure le créancier
2. Si aucune règle de compétence territoriale interne n’est applicable, on applique les privilèges de
juridiction des articles 14 et 15, d’après l’arrêt Civ. 1re, 19 novembre 1985, Société « Cognac and
Brandies » dit Orliac.
a. Art. 15 CC : Cass. civ. 1re, 23 mai 2006, Prieur Art. 14 CC : Cass. civ. 1re, 22 mai 2007,
Fercométal -> articles 14 et 15 n’ont lieu de s’appliquer que lorsque aucun critère de
compétence ordinaire n’est réalisé en France
b. Privilèges de l’article 14 : « Attendu que ce texte, qui permet au plaideur français d'attraire un
étranger devant les juridictions françaises, a une portée générale s'étendant a toutes matières,
à l'exclusion des actions réelles immobilières et demandes en partage portant sur des
immeubles situés à l'étranger ainsi que des demandes relatives à des voies d'exécution
pratiquées hors de France et s'applique notamment à tous litiges ayant pour fondement la
responsabilité extra-contractuelle », cass.civ.1re, 27 mai 1970, Weiss
c. Privilèges des articles 14 et 15 ne regardent que la nationalité des parties, même si elles sont
PM : 21 mars 1996, Cie la Métropole -> l’assureur étranger qui se subroge à un français ne
peut invoquer le privilège de juridiction de l’article 14.
d. Privilèges auxquels les parties peuvent renoncer : CAJ, parution volontaire devant un juge
étranger
3. Si là non plus cela ne donne rien, mais que pourtant il y a for necesitatis, alors JF compétent :
a. Un risque de déni de justice : Arrêt NIOC, cass.civ.1re, 4 février 2005
b. Une atteinte à l’OP français : Affaire de l’esclavage domestique du 10 mai 2006, Epoux
Moukarim c/ Demoiselle Isopehi
Par le défendeur : nécessité de la soulever in limine litis (art. 74 al. 1er CPC) et de désigner de façon
globale les tribunaux de l’Etat qui devraient être compétents d’après le défendeur, article 75.
Le juge français peut soulever son incompétence d’office, à tout stade de la procédure : article 76.
Article 48 du CPC : « Toute clause qui, directement ou indirectement, déroge aux règles de compétence
territoriale est réputée non écrite à moins qu'elle n'ait été convenue entre des personnes ayant toutes contracté
en qualité de commerçant et qu'elle n'ait été spécifiée de façon très apparente dans l'engagement de la partie à
qui elle est opposée », cass.civ.1re, SORELEC : licéité de la CAJ lorsqu’il s’agit d’un litige international, et que la
clause ne fait pas échec à la compétence territoriale impérative d’une juridiction française (même lorsque les
parties ne sont pas commerçantes).
Exception de litispendance : article 100 CPC : « Si le même litige est pendant devant deux
juridictions de même degré également compétentes pour en connaître, la juridiction saisie en
second lieu doit se dessaisir au profit de l'autre si l'une des parties le demande. A défaut, elle
peut le faire d'office. » Cass.civ.1re, 1974, Miniera di Fragne : « l’exception de litispendance
peut cependant être reçue devant le juge français, en vertu du droit commun français, en raison
d’une instance engagée devant un tribunal étranger également compétent, mais ne saurait être
accueillie, lorsque la décision à intervenir à l’étranger n’est pas susceptible d’être reconnue en
France » + La règle prior tempore tombe lorsque le tribunal premier saisi n’est pas compétent
pour connaître de la demande et/ou, que la décision du tribunal premier saisi n’est pas
susceptible d’être reconnue dans le pays du co-contractant.
o Conditions :
Juridiction française saisie en second
Triple identité de parties, d’objets et de cause
Compétence du juge étranger (approche pragmatique)
Décision étrangère susceptible d’être reconnue en France (pronostic)
o Effets : Dessaisissement du juge français second saisi, arrêt Civ 1, 17 juin 1987 a
semblé prendre parti pour un dessaisissement impératif du juge.
Exception de connexité : article 101 du CPC : « S'il existe entre des affaires portées devant
deux juridictions distinctes un lien tel qu'il soit de l'intérêt d'une bonne justice de les faire
instruire et juger ensemble, il peut être demandé à l'une de ces juridictions de se dessaisir et de
renvoyer en l'état la connaissance de l'affaire à l'autre. »
I. Recherche de la loi applicable par le juge français dans le cadre des Règlements
Rome I et Rome II :
Considérant 7 du Règlement Rome I : « le champ d’application matériel et les dispositions du présent
règlement devraient être cohérents par rapport [au règlement B1b] et au règlement [RRII] ».
CJ 2016, Ergo Insurance : pose l’exigence de cohérence dans l’application des règlements RRI et RRII.
Entre RRI et RRII : action en cessation pour clauses prétendument illicites : article 6 RRII car concurrence
déloyale, action applicable pour apprécier la validité d’une clause contractuelle dans un contrat de conso : article
6 RRI, CJ 2016 VKI c/ Amazon.
Lorsqu’on applique le RRI, ne pas omettre de mentionner l’article 2 : « la loi désignée par le présent règlement
s’applique même si cette loi n’est pas celle d’un Etat-membre ».
1. Vérification de l’existence d’une loi de police conforme aux exigences du règlement
2. (À défaut) vérification que la question soulevée ne relève pas d’une règle impérative du règlement (s’il en
contient),
3. (À défaut) vérification de l’existence d’un accord des parties quant à la loi applicable sous réserve de
compatibilité avec les conditions prévues par le règlement (pensez à vérifier les règles protectrices des parties
faibles qui sont souvent prévues dans d’autres articles), -> Article 3 RRI
4. (À défaut) vérification de l’application par défaut d’un régime spécial,
5. (À défaut) vérification du régime général applicable par défaut, -> Article 4 RRI
6. (En toute hypothèse si la loi désignée n’est pas celle du for) vérification de la conformité de l’application de la
loi étrangère avec l’ordre public international du for + absence de fraude à la loi -> élément matériel : modification
du critère de rattachement, élément moral : intention frauduleuse, élément légal : existence d’une loi prohibitive à
laquelle on veut échapper.
S’il n’y a pas de loi de police applicable, alors le principe applicable est celui de la liberté de choix des
parties, en vertu de l’article 3.
o CJ 2016, VKI c/ Amazon : une CEL contenue dans les CGV conclues par voie électronique est
valable, seulement si elle ne donne pas l’impression que c’est la seule loi possiblement
applicable -> appréciation incombe au juge national.
S’il n’y a pas de choix de loi applicable, mais que le contrat fait partie de la catégorie des contrats
spéciaux prévus par le règlement, alors on qualifie selon la matière et on applique l’article qui s’y
rattache : article 5 pour le contrat de transport, article 6 pour les contrats de consommation, article
7 pour les contrats d’assurance (CJ 2016, Ergo Insurance : l’obligation pour un assureur d’indemniser
le dommage causé à une victime résulte non pas du dommage causé à cette dernière, mais du contrat
le liant à l’assuré responsable -> obligation contractuelle Les RRI et RRII doivent être interprétés en
ce sens que la loi applicable à une action récursoire de l’assureur d’un véhicule tracteur, qui a
indemnisé les victimes d’un accident causé par le conducteur dudit véhicule, à l’égard de l’assureur de
la remorque tractée lors de cet accident est déterminée en application de l’article 7 du RRI si les règles
de la responsabilité délictuelle applicables à cet accident en vertu des articles 4 s. RRII prévoient une
répartition de l’obligation de réparation du dommage), article 8 pour les contrats de travail.
Si on est dans aucune de ces matières, alors on se réfère à l’article 4, qui traite de la loi applicable à
défaut de choix.
COMPLETER AVEC LE SCHEMA POSTE PAR EZGI AYDIN.
o Comme pour le RRI, le RRII est applicable dès lors qu’une juridiction d’un EM signataire a été
saisie.
B) Application du RRII
o Matière délictuelle et loi de police : CJUE, 31 janvier 2019, Da Silva Martins : idem que
Unamar, avec une adaptation à la matière délictuelle. Comment identifier une loi de police ? ->
la juridiction nationale doit constater, sur la base d’une analyse circonstanciée des termes, de
l’économie générale, des objectifs ainsi que du contexte de l’adoption de cette disposition,
qu’elle revêt une importance telle dans l’ordre juridique national qu’elle justifie de s’écarter de la
loi applicable, désignée en application de ce règlement.
Clause d’élection de loi ? Article 14.
Si absence de clause d’élection de loi : article 4 : règle générale : lex loci damni.
COMPLETER AVEC LE SCHEMA POSTE PAR EZGI AYDIN.
III. Recherche de la loi applicable par le juge français hors applicabilité du RRI :
A. Droits disponibles ou indisponibles ?
Qualification lege fori à chaque fois : cass.civ.1re, 1955, Caraslanis.
Droits disponibles : RCL ne s’impose au juge que si les parties le font
Civ 1, 26 mai 1999, Société Mutuelle du Mans : « mais attendu que s’agissant de droits dont les parties ont la
libre disposition, la cour d’appel a légalement justifié sa décision sur le fondement de la loi française, dès lors
qu’aucune des parties n’avait invoqué la Convention de La Haye du 15 juin 1955pour revendiquer l’application
d’un droit étranger ».
Droits indisponibles : la RCL s’impose au juge
Civ 1, 26 mai 1999, Belaïd : « il incombe au juge français, pour les droits indisponibles, de mettre en application
la règle de conflit de lois et de rechercher le droit étranger compétent ».
Si équivalence : Civ 1, 13 avril 1999, Compagnie Royale belge : « l'équivalence entre la loi appliquée et
celle désignée par la règle de conflit en ce sens que la situation de fait constatée par le juge aurait eu
les mêmes conséquences juridiques en vertu de ces deux lois justifie la décision qui fait application
d'une autre loi que celle qui est désignée par la règle de droit international ».
L’accord procédural : Civ 1, 6 mai 1997, Hannover international. La Cour de cass décide que « pour les
droits dont elles ont la libre disposition, les parties peuvent s'accorder pour demander l'application de la
loi française du for saisi, malgré l'existence d'une convention internationale désignant la loi compétente
».
B. Impérativité de la règle de conflit :
Cass.civ.1re, 1988 aux visas de l’article 3 CC + convention de La Haye de 1955 sur la loi applicables aux
ventes à caractère international d’objets mobiliers corporels : « à défaut de loi déclarée applicable par les parties,
la vente est régie par la loi interne du pays où le vendeur a sa RH au moment où il reçoit la commande » comme
la LF en matière de vente internationale de marchandises est la CH -> application de la CH.
Cass.civ.1re, 1990, Coveco c/ Sté Vesoul transports : « l’intérêt à agir s’apprécie au regard de la loi applicable au
fond que le juge doit rechercher d’office » « l’exigence d’un intérêt né et actuel est commandée, en raison de son
caractère procédural, par la loi du for, la loi applicable au fond n’étant à prendre en considération que si elle
n’accorde pas de droits à celui qui agit en justice »
Procédure : for
C. Loi de police du for
- Si on est hors champ d’application d’un règlement européen, il appartient au juge français de mettre en œuvre
la règle de conflit de lois lorsqu’il y a droits indisponibles, il n’a pas à le faire lorsqu’on est en présence de droits
disponibles et qu’aucune des parties n’a entendu se prévaloir d’une loi étrangère.
Dans tous les cas, la situation soulevée par le litige est en contradiction avec une loi de police du for français, le
juge français n’applique pas la règle de conflit de lois : Loi de police : loi qui peut s’app à une situation sans que
cette app se fasse par le biais d’une règle de conflit de lois. La loi s’app immédiatement parce qu’elle sert une
certaine politique législative, politique législative qui s’impose aux situations concernées par elle, et ce alors
même qu’il s’agit de situations internationales. Il s’agit d’une disposition interne càd d’une loi interne qui s’app en
France qq soit la loi app à la situation. Franceskakis : « lois dont l’observation est nécessaire pour la
sauvegarde de l’organisation politique, sociale ou économique ».
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Le juge français ne pourra pas appliquer la loi étrangère compétente si elle se heurte/fait obstacle à l’application
d’une loi de police, conformément à l’article 3 du CC : « les lois de police et de sûreté obligent tous ceux qui
habitent le territoire ».
CE, 29 juin 1973, Syndicat général du personnel de la Compagnie des Wagons-lits : « la circonstance qu’une
entreprise employant en France plus de 50 salariés a son siège social à l’étranger ne saurait la faire échapper à
l’application de la législation sur les comités d’entreprise ».
Pour qu’une LP française puisse trouver à s’appliquer, il faut que la situation présente un lien avec la France : par
le lieu de la prestation, lieu de paiement, lieu de situation des biens immeubles etc…
Chambre Mixte, 30 novembre 2007, Agentis : méthode du faisceau d’indices pour veiller à ce que la situation
présente un lien de rattachement avec la France.
+ CE 17 juin 2019 -> L 8251-1 CT = LP
ATTENTION, LE REGLEMENT ROME I N’EXIGE PAS UN TEL LIEN.
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Il faut rechercher quelle est la finalité poursuivie par la loi interne et vérifier si la disposition poursuit
un intérêt crucial pour l’organisation sociale, éco et politique de l’Etat français.
Le cas échéant il faut vérifier si la situation en cause entretien un lien avec la France (lien définitif
en fonction de la finalité recherchée par la loi).
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Com., 16 mars 2010, Viol frères : la cass casse l’arrêt des jdf car ils auraient dû d’abord s’intéresser à la teneur
de la loi ghanéenne (loi de police ou non) avant d’estimer que la loi ghanéenne imposant l’embargo n’était pas
opposable aux faits. « lors de l’application de la loi d’un pays déterminé, il peut être donné effet aux dispositions
impératives de la loi d’un autre pays avec lequel la situation présente un lien étroit, et dans la mesure où, selon le
droit de ce dernier pays, ces dispositions sont applicables quelle que soit la loi régissant le contrat ».
D. L’exception d’OP, empêchant l’application d’une loi désignée par la règle de conflit de lois bilatérale
Cass.civ.1re, 25 mai 1948, Lautour : «l’ordre public interne français n’[a] à intervenir qu’au regard du fait des
choses utilisées en France au moment de l’accident, sous la seule réserve de principes de justice universelle
considérés dans l’opinion française comme doués de valeur absolue ».
= conception monogamique du mariage, de l’indisponibilité du corps humain, du pp d’égalité entre les parents vis-
à-vis des enfants, du pp d’égalité h/f, du respect des dt de défense etc
Ce n’est pas systématique, et une loi d’OP interne n’est pas forcément une loi d’OPI : un dt étranger qui ne
connait pas de la réserve héréditaire (dt américain par exemple) n’est pas pour autant nécessairement c/ à l’OPI
alors même que la réserve héréditaire est d’OP interne : 2 arrêts Civ 1, 27 septembre 2017.
On parle aussi de « principes essentiels du droit français » : Civ 1re 6 avril 2011 « est justifié le refus de
transcription d'un acte de naissance établi en exécution d'une décision étrangère, fondé sur la contrariété à
l'ordre public international français de cette décision, lorsque celle-ci comporte des dispositions qui heurtent
des principes essentiels du droit français »
Si concrètement l’app de la loi étrangère mène à une contrariété avec l’OPI ou les pp essentiels alors la loi
étrangère est écartée.
1. Caractériser l’existence d’un lien avec la France : nationalité, domicile, siège social…
Exemple : filiation : des arrêts ont considéré que l’interdiction énoncée par une loi étrangère de faire établir sa
filiation était contraire à l’OPI dès lors que l’enfant est FR ou réside en FR : Civ 1, 10 février 1993, Latouz : «
les lois étrangères qui prohibent l’établissement de la filiation naturelle ne sont, en principe, pas contraires à la
conception française de l’ordre public international ». Puis, « il en est autrement lorsque ces lois ont pour effet de
priver un enfant français ou résidant habituellement en France, du droit d’établir sa filiation ; que dans ce cas, cet
ordre public s’oppose à l’application de la loi étrangère normalement compétente ».
Cass.civ.1re, 10 mai 2006 : « la filiation est régie par la loi personnelle de la mère au jour de la naissance de
l’enfant ; une loi étrangère qui ne permet pas l’établissement d’une filiation naturelle n’est pas contraire à [l’OPIF],
dès lors qu’elle n’a pas pour effet de priver un enfant de nationalité française ou résidant habituellement en
France du droit d’établir sa filiation ».
Les éléments relatifs à la proximité ne sont pas toujours pris en compte : Civ 1, 27 septembre 2017 « mais
attendu qu'après avoir relevé qu'aux termes de la loi camerounaise, l'action en recherche de paternité est
irrecevable lorsque, pendant la période légale de conception, la mère a été d'une inconduite notoire ou si elle a
eu commerce avec un autre homme, la cour d'appel a exactement retenu que ces dispositions, qui privaient
l'enfant de son droit d'établir sa filiation paternelle, étaient contraires à l'ordre public international français ; que le
moyen n'est pas fondé ; »
2. Une fois ce lien caractérisé, écarter la disposition étrangère si elle contrevient à l’OPI
> Exemple : absence de fraude à la loi, exigeant un élément matériel : modification du critère de
rattachement, un élément moral : intention frauduleuse, élément légal : existence d’une loi prohibitive à
laquelle on veut échapper : cass.civ. 1878, Princesse de Bauffremont c/ Prince de Bauffremont (modification de
catégorie)
Cass.civ.1re, 1985, Caron (modification de rattachement) : fraude à la loi lorsque la règle de conflit est
volontairement utilisée, en modifiant un élément de rattachement, à seule fin d’éluder l’application d’une loi
compétente.
Cass.civ. 2005, Aubin (droit indisponible : force probante d’un acte notarié) + Itraco (droit disponible : exécution
d’un connaissement -contrat maritime) : il appartient à la partie désireuse de bénéficier des dispositions de la loi
étrangère d’apporter la teneur de ce droit : « Il incombe au juge français qui reconnaît applicable un droit étranger
d’en rechercher soit d’office, soit à la demande d’une partie qui l’invoque, la teneur, avec le concours des parties
et personnellement s’il y a lieu, et de donner à la question litigieuse une solution conforme au droit positif
étranger ».
Teneur établie très souvent par des certificats de coutume, qui doivent être étayées par des éléments de droit :
cass.civ.1re, 17 mai 2017.
Ou connaissances du juge + article 10 CC : expertise.
2. Application de la loi étrangère comme l’aurait fait le juge lege causae (sans réel contrôle pour autant
de la part de la c.cass -> pouvoir souverain des jdf ; mais un contrôle de la dénaturation de la loi
étrangère-> Montelfiore, 1961).
3. Application de la loi du for en cas d’échec :
Civ 1, 21 novembre 2006. « Si le juge français qui reconnaît applicable la loi étrangère se heurte à
l'impossibilité d'obtenir la preuve de son contenu, il peut, même en matière de droits indisponibles, faire
application de la loi française à titre subsidiaire ».
Droit européen : RB1B interdit la procédure de reconnaissance lorsque la décision émane d’un juge de l’UE =
confiance mutuelle, article 53. Il existe tout de même des contrôles principal à fins de reconnaissance et
incident à fin de non reconnaissance.
Conformité du jugement étranger à l’ordre public international français (atténué, car on aura
vérifié la compétence indirecte du juge étranger) :
Op de fond : annulation pour OP de fond s’il y a proximité avec le for français :
Cass.civ.1re 17 février 2004 (répudiation)
Op procédural : toujours plein : droits fondamentaux de la procédure en vigueur en
France (article 6 CESDH).
Absence de fraude :
Fraude à la compétence judiciaire : cass.civ.17 décembre 2014
Fraude aux droits de la défense, ou au jugement : obtention d’un jugement étranger
dans le seul but de paralyser la procédure en cours devant le tribunal français, ou le
fait d’obtenir un jugement à l’étranger afin qu’il puisse être exécuté en France, alors
que le résultat obtenu par le jugement étranger n’aurait pu être obtenu en France,
pour des raisons différentes.
En droit international privé européen : si le jugement est obtenu conformément aux dispositions
du RB1B, les raisons de refus de reconnaissance et exequatur sont les mêmes.
Art. 45 :
Contrariété à l'ordre public de l’Etat requis (contrariété manifeste à l’OP substantiel et
procédural) :
CJCE, 28 mars 2000, aff. Krombach : « S’il n’appartient pas à la Cour de
définir le contenu de l’ordre public d’un Etat contractant, il lui incombe
néanmoins de contrôler les limites dans le cadre desquelles le juge d’un Etat
contractant peut avoir recours à cette notion pour ne pas reconnaître une
décision émanant d’une juridiction d’un autre Etat contractant »
Violation du principe du contradictoire (violation du pp du contradictoire du défendeur
défaillant ; cas où la décision a été rendue dans l’Etat d’origine par défaut et qu’on
relève une absence de signification / notification au défendeur de l’assignation)
Contrariété de la décision étrangère avec une autre décision (la décision étrangère est
inconciliable soit avec une décision qui a été rendue dans l’EM requis soit avec une
décision qui aura été rendue dans un Etat tiers)
Le défaut de compétence de la juridiction d’origine si violation des règles de
compétence exclusives (visées par le règlement Bruxelles I bis) et des règles
protectrices des parties faibles (consommateur, salarié, assureur).