Partie I 

: UNE LONGUE HISTOIRE DE LA MATIERE

Les éléments chimiques 1. Les nucléosynthèses

2. Les abondances relatives
3. Les transformations nucléaires
4. La radioactivité

1. Les nucléosynthèses

D’après le modèle standard de la cosmologie, l’Univers a connu il y a Big Bang

13,7 milliards d’années un moment où sa densité et sa température t=0
étaient excessivement élevées : c’est le Big Bang. Il n’y avait alors
aucune particule de matière.

Comme l’Univers est alors en expansion rapide, il se refroidit et, au bout

de quelques fractions de seconde, les premières particules élémentaires Particules
se forment (E = mc²) à partir des grains d’énergie emplissant l’Univers élémentaires
(les photons). t  1 µs

D’environ 1 seconde à 3 minutes après le Big Bang, l’Univers s’est

suffisamment refroidi pour permettre à ces particules de s’agglomérer de
manière stable et de former les premiers noyaux d’atomes légers :
l’hydrogène 1 (1H), l’hélium 3 (3He), l’hélium 4 (4He) et le lithium 7 (7Li).
C’est la nucléosynthèse primordiale. Premiers
noyaux
Mais l’Univers est encore trop chaud pour permettre à ces noyaux de t1s
disposer de leurs propres électrons. Cette soupe de noyaux baignant
dans un bain d’électrons se nomme plasma.
380 000 ans après le Big Bang, les noyaux commencent à pouvoir
Formation
capturer les électrons et forment des atomes. Les photons
d’atomes
n’interagissant plus guère avec les électrons, peuvent enfin voyager
librement dans l’Univers. Ce dernier devient transparent. t  380 000 ans

Plus tard se forment ensuite les étoiles de première génération, dites

de population III, à partir des nuages d’atomes présents dans l’Univers (instabilité de Jeans).

Exercice 1 :
Pour quelle raison les atomes présents dans l’Univers se rassemblent-il pour former les étoiles ?
Quels sont les éléments chimiques qui composent ces étoiles de première génération ? Pourquoi ?
Pour quelles raisons la pression et la chaleur au cœur d’une étoile sont-elles très élevées ?

Lorsque suffisamment de matière s’est agglomérée sur la protoétoile, la température

et la pression au cœur de cette dernière sont suffisantes pour amorcer les premières
réactions de fusion thermonucléaire : l’étoile s’allume.
Les noyaux légers sont écrasés les uns contre les autres et finissent par lentement
fusionner pour former de nouveaux noyaux plus lourds en dégageant à chaque fois
de l’énergie sous forme de photons. C’est la nucléosynthèse stellaire.

Exemples de fusion :
2
1 H  H 
3
1
4
2 He  1
n
0
2
1 H  2
1 H  3
2 He  1
0 n
Les étoiles de masse comparable à celle du Soleil ne peuvent faire fusionner l’hélium
et s’éteignent lorsque leur réserve d’hydrogène vient à manquer.
Mais les étoiles plus massives poursuivent la nucléosynthèse en fusionnant les
éléments plus lourds déjà formés. De nouveaux éléments chimiques apparaissent au
fur et à mesure que l’étoile vieillit.
12
6 C  1
1 H  13
N
7
14
7 N  1
H
1  ......
8 O

Exercice 2 :
Retrouver le nombre de masse de l’atome d’oxygène dans l’équation de
fusion ci-dessus.
Sur Terre, l’atome d’oxygène le plus fréquent est l’oxygène 16. Donner
l’écriture conventionnelle de cet atome.
Ces deux atomes d’oxygène sont-ils identiques ? Comment les qualifie-t-
on ?

Vers la fin de sa vie, l’étoile massive adopte une structure en pelure d’oignon.
Son cœur est alors le siège d’une ultime fusion fabriquant du fer.

1 / 4 - PREMIERE Ens. Scientifique Partie I

Lorsque l’étoile massive ne dispose plus de combustible, la pression de radiation en son
sein cesse et la gravité l’a fait imploser violemment. Toutes les couches viennent alors
rebondir sur le noyau en fer de l’étoile qui finit par exploser en supernova. Lors de cette
explosion extrêmement violente, les éléments plus lourds que le fer sont alors formés :
c’est la nucléosynthèse explosive.

Exercice 3 :
Citer deux atomes formés pour chaque type de nucléosynthèse.
Lors de la séquence principale, chaque réaction de fusion produit de l’énergie.
Qu’advient-il de cette énergie ?
L’astrophysicien Hubert Reeves définit la Terre et ses habitants comme des
« Poussières d’étoiles ». Expliquer cette affirmation.
Quelle est l’interaction fondamentale responsable de la naissance des étoiles ?
Quelle est celle responsable de leur mort ?

2. Les abondances relatives

380 000 ans après le Big Bang, la nucléosynthèse primordiale n’a créé que trois éléments dont principalement de l’hydrogène ( 92%).
De 380 000 ans à 400 millions d’années après le Big Bang, l’Univers traverse un âge % en nombre d’atomes
100
sombre. En perpétuelle dilatation, il continue à se refroidir. Il ne contient pas encore
d’étoile et sa composition chimique ne varie donc pas. 80

Vers 400 millions d’années après le Big Bang commence l’ère de la reionisation. Les 60
premières étoiles dites de population III apparaissent. Ces étoiles très chaudes
40
(100 000°C en surface), très massives (typiquement 100 M mais pouvant atteindre 92 8 Traces
1000 M) et de durée de vie relativement courte (quelques centaines de millions 20
d’années) commencent à modifier la composition chimique de l’Univers en créant de
nouveaux éléments chimiques par le processus de la fusion thermonucléaire. 0
H He Li
Ces étoiles de population III connaissent toutes une mort apocalyptique en explosant en hypernovae. Des cendres disséminées
naissent ensuite les étoiles de population II, moins massives et composées d’une très faible proportion de métaux. Ces étoiles
continuent à enrichir l’Univers en éléments chimiques lourds.
Finalement apparaissent dès 4 milliards d’années après le Big Bang et encore aujourd’hui, les étoiles de population I. Elles
représentent la quasi-totalité des étoiles observées aujourd’hui. Ces étoiles, relativement plus petites et moins chaudes, poursuivent les
nucléosynthèses stellaire et explosive modifiant encore légèrement la composition chimique de l’Univers.
% en nombre d’atomes
0,25
90 9
0,2

0,15

0,1
0,10 0,06 0,02 0,01 0,01 0,01 0,01 0,004
0,05

0
H He O C S Ne N Mg Si Fe

Exercice 4 :
Pourquoi la période s’étalant de 380 000 ans à 400 millions d’années après le BB a-t-elle été qualifiée d’âge sombre ?
Pourquoi, lors de l’âge sombre, la composition chimique de l’Univers reste-t-elle stable ?
Pourquoi les étoiles de population II contiennent-elles des traces de métaux ?
Quel est approximativement l’âge du Soleil ? A quelle population d’étoiles appartient-il ?
Déterminer la masse moyenne en kg d’une étoile de population III sachant qu’une masse solaire vaut 2  1030 kg.
A combien se chiffre la baisse de l’abondance relative de l’hydrogène entre aujourd’hui et après la nucléosynthèse
primordiale ? Expliquer cette baisse.
Expliquer la hausse de l’abondance relative de l’hélium entre ces deux dates.
Sur 1000 atomes pris au hasard dans l’Univers actuel, combien ne sont ni de l’hydrogène ni de l’hélium ?

Composition chimique de la géosphère : % en nombre d’atomes

60

50

40

30
48,8 16,5 14,3 13,8 3,7 1,6 0,6 0,2 0,5
20

10

0
O Mg Fe Si S Al Ni H Autres

2 / 4 - PREMIERE Ens. Scientifique Partie I

 Composition chimique dans le monde du vivant :

Exercice 5 : Autres
Donner le symbole chimique des 4 éléments principalement Azote
présents chez les êtres vivants sur Terre. Oxygène
Citer au moins trois autres éléments chimiques présents chez
les êtres vivants. 2
Où trouve-t-on l’élément oxygène dans la géosphère ?
Donner des exemples de substances contenant cet 25
élément.
Quel est l’élément chimique le plus abondant dans une
étoile ? Est-ce aussi le cas pour la Terre ?
On considère la molécule de saccharose de formule 10
60
C12H22O11. Déterminer l’abondance relative en nombre Hydrogène Carbone
d’atomes de chaque élément présent.

% en nombre d’atomes

3. transformations nucléaires
Neutron
3.1 La fission
La fission est une réaction nucléaire provoquée au cours de laquelle un noyau lourd, Noyau
percuté par un neutron de faible énergie, se scinde généralement en deux noyaux cible
plus légers avec production de 2 ou 3 neutrons.
De tels noyaux lourds sont dits fissiles
FISSION
A noter :
 L’uranium 235 est le seul atome naturel fissile, c'est pour cette raison qu'on
l'utilise comme seul combustible dans les centrales nucléaires
conventionnelles. Produit de
Produit de
 La fission nucléaire est une réaction nucléaire très exoénergétique. fission
fission
 L'énergie des bombes atomiques provient de fissions en chaîne Neutron
volontairement non contrôlées. Neutron
Neutron

3.2 La fusion
Tritium
La fusion nucléaire est obtenue en obligeant deux noyaux (nucléides) légers à Neutron
fusionner pour former un nucléide plus lourd. Ce processus s’accompagne d’un
fort dégagement d’énergie à l’origine de la lumière produite par les étoiles.
Produire cette énergie de manière contrôlée et rentable sur Terre est encore Deutérium Hélium
impossible car pour amorcer la fusion, il faut des températures et des pressions FUSION
colossales très difficiles à atteindre et à entretenir.

A noter :
 L'énergie des bombes à hydrogène provient de la fusion nucléaire.
 A masse engagée équivalente la fusion dégage 5 à 10 fois plus d'énergie
que la fission.
 Chaque seconde une étoile comme le Soleil convertie environ 4 milliards
de kg de sa matière en énergie de rayonnement.

Exercice 6 :
Choisir parmi les réactions nucléaires suivantes celles qui représentent une fusion et celles qui représentent une fission.

Pour finir, compléter les équations.

4. La radioactivité

3 / 4 - PREMIERE Ens. Scientifique Partie I

Chaque élément chimique possède un ou plusieurs isotopes stables jusqu'au N
plomb 208 (Z = 82). Les autres isotopes de l’élément sont instables et finissent
par se transformer par transmutation.
A partir du Bismuth (Z = 83) il n'existe plus de nucléide stable.

nucléide
instable

nucléide
stable

Lors d'une désintégration radioactive (transmutation), un noyau instable émet spontanément une particule (, - ou +) et un
rayonnement  (gamma) et se transforme alors (transmute) en un autre noyau d’atome.
Exemples : Emission « alpha »  Emission « béta moins » - Emission « béta plus » +

 +
-

238
U
92  Th  
234
90
6
2 He  6
3Li    8
5 B  8
4Be   
A retenir :
 L’instant de désintégration d’un noyau radioactif est aléatoire.
 Lorsqu’un atome radioactif se désintègre, il émet une particule et se transforme en un autre atome.
 L’Activité notée A d’une substance radioactive est le nombre de désintégrations que l’on observe en une seconde. Elle se
compte en becquerel (Bq)
 Le nombre d’atomes radioactifs contenus dans un échantillon est appelé population et est noté N.
Ainsi, à chaque fois qu’un noyau radioactif se désintègre, la population N de ce nucléide diminue de 1.
 Chaque élément radioactif est caractérisé par sa période de demi-vie T1/2. C’est la durée au bout de laquelle la population
de départ a été divisée par 2. Cette période est une constante.
Exemple : La période de demi-vie de l’isotope radioactif bismuth 207 ( 207Bi) est de 32 ans. Donc, une population de N = 6000
atomes de 207Bi tombera à environ 3000 atomes au bout de 32 ans, et à environ 1500 atomes au bout de 64 ans, etc.

Décroissance radioactive
Exercice 7 : Datation au carbone 14 Population N de l’isotope quelconque
Le rayonnement cosmique entretient le niveau de l’isotope carbone 14 à 12 000
une valeur constante dans l’atmosphère de la Terre. Tout organisme vivant
possède donc la même concentration en 14C que l’atmosphère du fait de son
métabolisme actif. 10 000
Lorsque l’organisme meurt, ces échanges cessent et sa population en 14C
subit la décroissance radioactive et diminue de moitié tous les 5 750 ans. 8 000
14
Déterminer la période de demi-vie du C.
L’analyse d’un morceau de bois retrouvé dans une grotte montre que la 6 000
concentration en 14C a été divisée par un facteur 8 par rapport à la
concentration normale de l’atmosphère. En déduire approximativement
4 000
l’âge de ce bout de bois.
Soit une population de N = 12 000 noyaux d’un isotope radioactif 2 000
quelconque. Sachant que l’activité A de cet échantillon est de 7 Bq,
déterminer la population N de cet isotope au bout de 3 s, puis 5 min. 0
Sur le graphe ci-contre, déterminer la période T1/2 de l’isotope radioactif. 0 10 20 30 40 50 t (min)

4 / 4 - PREMIERE Ens. Scientifique Partie I