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Présentée à
L’UNIVERSITE DE POITIERS
ECOLE SUPERIEURE D’INGENIEURS DE POITIERS
ECOLE DOCTORALE SCIENCES POUR L’ENVIRONNEMENT GAY LUSSAC
Par
Nicolas Cimetière
Maître ès sciences
Cette étude a été réalisée au Laboratoire de Chimie et de Microbiologie de l’Eau (LCME, CNRS
UMR 6008) de l’Ecole Supérieure d’Ingénieurs de Poitiers (Université de Poitiers).
Ce travail a été mené sous la direction de Monsieur le Professeur Joseph De Laat que je remercie
pour m’avoir fait partager ses compétences, son aide et ses conseils pendant ces trois ans, ainsi que
pour sa disponibilité à toutes heures du jour et de la nuit. Je remercie aussi Madame Florence
Dossier-Berne, Maître de conférences, co-directrice de cette étude. Qu’elle veuille trouver ici
l’expression de ma sincère gratitude pour sa gentillesse, ses précieux conseils et son dévouement. Je
vous remercie tous les deux pour l’aide que vous m’avez apportée pour la rédaction de ce rapport,
ainsi que pour les réunions et discussions que nous avons pu avoir et qui font que ce travail est ce
qu’il est aujourd’hui. J’espère pouvoir continuer à travailler avec vous dans un avenir proche et plus
lointain.
Je suis très honoré de la présence de Monsieur Urs von Gunten, Professeur au Department for
Water Resources and Drinking Water (EAWAG) de Dübendorf. Je le remercie d’avoir accepté de
juger ce travail et d’en être rapporteur.
Je tiens aussi à remercier le Professeur émérite Alain Laplanche du Laboratoire de Chimie des
Nuisances et Génie de l’Environnement de Rennes pour avoir accepté d’être rapporteur de cette
étude.
Je suis très reconnaissant envers Madame Sylvie Soreau, Ingénieur Chercheur au département
LNHE (Laboratoire National d'Hydraulique et Environnement) de Chatou, d’avoir accepté de
prendre part à la commission d’examen.
Je souhaite remercier l’ensemble des permanents et personnels du LCME pour l’aide et l’écoute
qu’ils ont pu m’accorder. Je remercie en particulier Jean-Philippe Croué et Bernard Parinet avec qui
j’ai fait mes premiers pas dans le domaine de la recherche scientifique. Je remercie aussi Hervé
Gallard pour l’intérêt qu’il a porté à mon travail, ses remarques et ses conseils avisés.
Je ne saurais terminer sans dire un grand merci à mes collègues que j’ai côtoyés au cours des quatre
années passées au laboratoire, pour les bons moments partagés ainsi que pour leur soutien dans les
moments difficiles. Merci à toi Paulo, Audrey, Seb, Justine, Babak, Julien, Emilie, Manu, Melissa,
Quynh, Leslie, Nasma, Sophie, Thomas, Nicolas, Diab, Clémence, Sahidou, Fabien, Cyril,
Bertrand, Cristina… Excusez moi de n’avoir pu tous vous citer ici.
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE ......................................................................................................1
I.4.3. Réactivité de la monochloramine avec les hydroxybenzènes, comparaison avec le chlore .28
I.4.3.1. Réaction avec le phénol, le crésol et leurs dérivés chlorés............................................28
I.4.3.2. Réaction avec le résorcinol, mécanisme et sous-produits .............................................29
I.4.3.3. Cinétique de chloration des hydroxybenzènes et de leurs dérivés chlorés ....................32
I.4.3.4. Formation de chloroforme, rendement et cinétique.......................................................34
I.4.3.5. Formation des acides haloacétiques (HAA) ..................................................................37
I.4.3.6. Formation d’AOX..........................................................................................................38
II.1. Introduction..............................................................................................................................41
III.6. Conclusion.............................................................................................................................109
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.....................................................................................153
INTRODUCTION
La chloration des eaux est la technique de désinfection la plus employée au monde afin de lutter
contre les maladies d’origine hydrique causées par des micro-organismes pathogènes. Cependant,
les réactions entre le chlore et les matières organiques naturelles (MON) présentes dans les eaux
conduisent à la formation de nombreux sous-produits de désinfection (SPD). Depuis la mise en
évidence de trihalométhanes (THM) dans les eaux de distribution chlorées au début des années
1970, plus de 600 SPD ont été identifiés dans les eaux de distribution. Compte tenu des risques pour
la santé humaine, les autorités sanitaires ont fixé des concentrations maximales à ne pas dépasser
pour certains SPD comme les trihalométhanes. L’évolution de cette réglementation a entraîné des
modifications au niveau des filières de traitements comme l’optimisation de l’élimination des MON
par coagulation-floculation, le couplage ozonation et filtration sur charbon actif en grains,
l’utilisation de procédés membranaires ou le remplacement du chlore par d’autres agents
désinfectants et oxydants comme le dioxyde de chlore ou l’ozone. Dans les pays anglo-saxons
(Etats-Unis, Canada, Australie…) de nombreuses unités de production d’eau potable ont ainsi
adopté une désinfection finale à la monochloramine (NH2Cl) afin de réduire la formation de SPD
dans les réseaux de distribution. En France, la monochloramine n’est pas autorisée pour la
désinfection des eaux de distribution mais elle est néanmoins utilisée pour ses propriétés biocides
pour d’autres applications comme le traitement des eaux des circuits de refroidissement afin de
lutter contre le développement des biofilms. EDF a choisi un traitement à la monochloramine afin
de désinfecter les circuits de refroidissement de nombreuses centrales nucléaires.
La monochloramine est formée par réaction du chlore libre et l’azote ammoniacal. La chloration de
l’azote ammoniacal conduit aussi à la formation de dichloramine (NHCl2) et de trichloramine ou
trichlorure d’azote (NCl3). La spéciation de ces espèces dépend principalement du pH et du rapport
des concentrations entre l’azote ammoniacal et le chlore (N/Cl). Les réactions entre la
monochloramine et la dichloramine conduisent notamment à la formation de diazote et d’ions
nitrate. La cinétique de formation de la monochloramine est maximale à pH légèrement basique et
la conversion du chlore libre en monochloramine est totale lorsque le rapport N/Cl est supérieur à 1
mole/mole. Dans les unités de traitement des eaux, la monochloramine est formée en utilisant un
léger excès d’azote ammoniacal (rapports N/Cl de 1,1 à 1,2 mole/mole) afin d’éviter la formation de
dichloramine. Dans l’eau pure, la monochloramine est relativement stable à pH voisin de la
neutralité. Elle se décompose néanmoins lentement par un mécanisme faisant intervenir l’acide
hypochloreux, présent à l’état de traces par hydrolyse de la monochloramine. En milieu acide, la
dismutation de la monochloramine en dichloramine et en ammoniac augmente les vitesses
d’autodécomposition de monochloramine. Cette décomposition peut aussi être catalysée par des
anions minéraux comme les ions carbonate et phosphate.
La réactivité de la monochloramine avec les matières organiques naturelles a fait l’objet d’un
nombre conséquent de travaux. Il est maintenant bien connu que la monochloramine est beaucoup
plus stable que le chlore dans les réseaux de distribution et qu’elle conduit à des productions
beaucoup moins importantes de SPD. Ces données montrent une faible réactivité de la
monochloramine sur les MON. Les données bibliographiques concernant la réactivité de la
monochloramine sur des composés organiques simples sont cependant quasi inexistantes alors que
les cinétiques et les mécanismes de chloration de composés organiques ont fait l’objet d’un nombre
considérable de publications. Dans le cas de la monochloramination, le chlore libre présent dans les
solutions de monochloramine pourrait conduire à la formation de SPD et à une diminution de la
stabilité de la monochloramine. Cette hypothèse a été évoquée par certains auteurs mais n’a jamais
été clairement démontrée.
1
Cette thèse a donc eu pour objectif principal d’étudier la cinétique de réaction de la
monochloramine sur des composés phénoliques simples et de préciser le rôle joué par l’équilibre
chlore libre / monochloramine sur la réactivité et la stabilité de la monochloramine. Les composés
phénoliques ont été choisis comme molécules modèles car les constantes cinétiques de réaction
avec le chlore libre sont maintenant assez bien connues et parce que certains composés phénoliques,
comme le résorcinol, représentent de très bons précurseurs de chloroforme lors de la chloration.
Ce mémoire comporte 4 chapitres. Le premier chapitre présente une synthèse bibliographique assez
succincte et essentiellement axée sur la chimie du chlore en milieu aqueux, les réactions de
formation et de décomposition des chloramines lors des réactions d’oxydation de l’azote
ammoniacal par le chlore. Les réactions entre le chlore et/ou la monochloramine avec les grandes
classes de composés organiques sont ensuite abordées.
L’étude cinétique de la consommation de NH2Cl par des composés organiques modèles nécessite de
bien maîtriser la vitesse d’autodécomposition de NH2Cl dans l’eau car celle-ci peut ne pas être
négligeable par rapport aux vitesses de consommation par les composés organiques. Dans le
deuxième chapitre, nous présenterons donc les résultats obtenus pour l’étude de l’influence de
certains paramètres (pH, concentration en ions phosphate, …) sur la vitesse de décomposition de la
monochloramine ainsi que sur la formation de quelques sous-produits de réaction. Les modèles
cinétiques proposés dans la littérature seront testés au cours de cette étude afin de vérifier leur
validité ou éventuellement de proposer un jeu de constantes cinétiques décrivant mieux les courbes
expérimentales. Ces résultats permettront aussi de définir les conditions expérimentales à mettre en
œuvre afin de limiter (ou de connaître avec précision) l’autodécomposition de la monochloramine
lors de l’étude de sa réactivité avec les composés organiques.
Dans le troisièmes chapitre, nous avons étudié la réactivité de la monochloramine vis-à-vis de six
composés hydroxybenzéniques (phénol, catéchol, résorcinol, hydroquinone, pyrogallol et
phloroglucinol) afin de déterminer à différents temps de réaction les demandes en monochloramine
et la formation de certains sous-produits organochlorés (chloroforme, acides chloroacétiques,
composés organohalogénés adsorbables sur charbon actif (AOX)). Nous nous intéresserons plus
particulièrement à l’influence du rapport N/Cl sur la monochloramination des composés
phénoliques afin de mettre en évidence la contribution du chlore libre dans les réactions
d’oxydation des composés organiques. Quelques expériences ont aussi été réalisées avec des
extraits de MON disponibles au Laboratoire de Chimie et Microbiologie de l’Eau et avec une eau
naturelle.
2
CHAPITRE I :
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I.4.3. Réactivité de la monochloramine avec les hydroxybenzènes, comparaison avec le chlore .28
I.4.3.1. Réaction avec le phénol, le crésol et leurs dérivés chlorés............................................28
I.4.3.2. Réaction avec le résorcinol, mécanisme et sous-produits .............................................29
I.4.3.3. Cinétique de chloration des hydroxybenzènes et de leurs dérivés chlorés ....................32
I.4.3.4. Formation de chloroforme, rendement et cinétique.......................................................34
I.4.3.5. Formation des acides haloacétiques (HAA) ..................................................................37
I.4.3.6. Formation d’AOX..........................................................................................................38
Chapitre I : Synthèse bibliographique
CHAPITRE I :
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
Dismutation du chlore :
Cl2 + H2O HOCl + H+ + Cl- K1.1 = 1,46.10-4 à 6,05.10-4 M2 de 0 à 45°C (1.1)
La constante d’hydrolyse varie de manière significative avec la température. Le tableau I.1 présente
quelques constantes K1 à différentes températures obtenues par Connick et Chia (1959). Le chlore
peut former l’ion trichlorure (Cl3-) par réaction avec les ions chlorure selon l’équilibre 1.2 (Sherrill
et Izard, 1931 ; Zimmerman et Strong, 1957).
L’acide hypochloreux est un acide faible en équilibre avec l’ion hypochlorite ClO- selon l’équilibre
1.3. Le tableau I.1 présente les constantes obtenues par Morris (1966) à différentes températures :
L’ensemble de ces espèces (Cl2, Cl3-, HOCl, ClO-) est communément appelé chlore libre par
opposition au chlore combiné, le chlore total est la somme du chlore libre et du chlore combiné.
On peut néanmoins citer les formes minoritaires du libre tel que l’hémioxyde de chlore (Cl2O)
formé à partir de l’acide hypochloreux, ainsi que les entités électrophiles Cl+ et H2ClO+,
intermédiaires réactionnels dans les réactions d’halogénations (Doré, 1989). La figure I.1 présente
le diagramme de spéciation simplifié du chlore en milieu aqueux et résume les différentes réactions
possibles dans l’eau pure.
3
100
-
Cl2 HOCl ClO
80
Cl3- H2ClO+ Cl2O + H2O
% HOCl
60 Cl- H+ HOCl
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
pH
Figure I.1. Les différentes formes du chlore dans l’eau pure
figure I.1.
Formation de la monochloramine :
NH3 + HOCl NH2Cl + H2O k1.5 (voir tableau I.2) (1.5)
L’oxydation de l’ammoniaque par le chlore est une réaction très rapide dans laquelle les espèces
actives sont les formes moléculaires NH3 et HOCl (Weil et Morris, 1949b ; Qiang et Adams, 2004).
En présence d’un excès de chlore, la monochloramine est attaquée par l’acide hypochloreux pour
4
Chapitre I : Synthèse bibliographique
former la dichloramine (NH2Cl) puis la trichloramine (NCl3). L’ensemble des chloramines (NH2Cl,
NHCl2, NCl3) est communément appelé chlore combiné.
Les concentrations en azote total et en chlore total sont des données importantes à prendre en
compte dans le calcul de spéciation des chloramines. Le paramètre N/Cl (équation 1.11) est défini
comme le rapport molaire entre les concentrations en espèces azotées et le chlore total :
Le tableau I.2 résume les constantes de formation et d’hydrolyse des chloramines à 25°C.
Le rapport N/Cl n’est pas le seul paramètre qui influe sur la répartition des différentes formes des
chloramines. En effet, les réactions de dismutation de la monochloramine et de la dichloramine sont
fonction du pH. La dichloramine peut être formée par chloration d’un excès d’ammoniaque à pH =
4,4-8,5 avec un maximum de formation vers pH = 4,5-5,0 (Chapin, 1929). Il en est de même pour la
trichloramine à des pH plus faibles. Les réactions 1.12 et 1.13 présentent les équilibres de
dismutation. Le travail de Soulard et al. (1984) s’est intéressé uniquement aux constantes
thermodynamiques de ces équilibres.
5
Il s’avère que la dismutation de la monochloramine est une réaction complexe catalysée en milieu
acide et que de nombreuses espèces inorganiques peuvent influencer la cinétique de cette réaction.
Cet aspect sera abordé en détail dans la partie consacrée à la stabilité des chloramines.
Figure I.2
Les différentes réactions et équilibres (1.12-1.13) permettent de représenter la distribution des
différentes espèces du chlore total en fonction du rapport molaire N/Cl (figure I.2). Il apparaît
nettement que, pour N/Cl > 1, la quasi totalité du chlore total est représentée par les chloramines
(chlore combiné). De plus la figure I.3, illustrant la spéciation des chloramines en fonction du pH,
montre que pour des pH > 7,2 la majorité des chloramines est sous la forme de monochloramine.
100
NH2Cl
75
Teneur (%)
-
ClO
50 HOCl
25
NHCl
NHCl
2
NCl3
0
2 1 0 -1 -2
log (N/Cl)
Figure I.2. Distribution des espèces du chlore total en fonction du
Rapport molaire N/Cl. (Soulard et al., 1984).
[Cl2] 0 = 1.10-4 M ; [Cl-] = 1.10-3 M ; pH = 7,5 ; 25°C
figure I.2.
100
NH2 Cl
75
Teneur (%)
NHCl2
50
NCl3
25
0
2 3 4 5 6 7 8
pH
Figure I.3. Distribution des chloramines en fonction du pH. D’après
les équilibres 1.12-1.13. [Cl2] tot = 1.10-3 M ; N/Cl = 1 ; 25°C
figure I.3.
6
Chapitre I : Synthèse bibliographique
Le tableau I.3 présente les potentiels standard d’oxydo-réduction impliquant le chlore, les
chloramines ainsi que certaines espèces ayant un intérêt analytique.
6
chlore total = chlore total =
Chlore total (mg Cl2.L-1 )
4 NH2Cl -
HOCl / ClO
NHCl2 NCl3
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Dose de chlore ajoutée (mg Cl2 .L-1)
Figure I.4. Courbe du point de rupture pour [NH4+] 0 = 1 mg N.L-1
figure I.4.
7
Chapin (1929) est le premier chercheur à étudier ces réactions ; il observe que le break-point est
obtenu à pH = 5 pour un rapport molaire N/Cl = 0,66 et propose la réaction globale suivante :
Plus tard, Palin (1950) propose plusieurs réactions conduisant à la diminution de la concentration en
chlore total. Trois réactions globales mettant en jeu la monochloramine et la dichloramine (réactions
1.15-1.17) sont ainsi suggérées. Ce même auteur observe aussi la formation de traces de
trichloramine.
Cependant ces réactions (1.15-1.17) ne permettent pas d’expliquer la formation d’ion nitrate. Ainsi,
Palin (1950) résume les réactions du breakpoint selon deux réactions globales, la réaction 1.18,
majoritaire, expliquant la diminution de la concentration en chlore total et la réaction 1.19, la
formation d’ions nitrate. La contribution de ces deux voies de dégradation du chlore dépend entre
autre du rapport N/Cl.
Une description plus détaillée apparaît avec les travaux de Wei (1972) qui propose un modèle
cinétique du break-point conduisant à la formation d’azote gazeux et de nitrate comme sous-
produits finaux. Ce modèle fait intervenir NOH (réaction 1.20) comme intermédiaire réactionnel
lors de la formation de N2 (réactions 1.21-1.22) et de NO3- (réaction 1.23). Le tableau I.4 présente
les différentes réactions intervenant dans ce modèle.
Ces travaux sont revus par Saunier (1976) et Saunier et Selleck (1979) à l’échelle pilote. Le modèle
ainsi proposé présente des constantes confirmées par de nouvelles expériences, quelques réactions
intermédiaires sont aussi rajoutées au modèle existant. Ces auteurs décomposent ainsi la réaction
1.23 proposée par Wei et Morris (1974) en deux étapes :
La réaction de formation de l’intermédiaire NOH est elle aussi revue par Saunier et Selleck (1979).
Ils proposent l’intervention de l’hydroxylamine comme premier intermédiaire. Cependant les
constantes introduites (1.20a-1.20c) ne peuvent être déterminées expérimentalement. La figure I.5
présente le schéma réactionnel proposé par ces auteurs.
8
Chapitre I : Synthèse bibliographique
k20c
ClO-
OH-
K3
HOCl k6 k20a
NH3 NH2Cl NHCl2 NH2OH NH3+OH
k5 HOCl
K4 H2O HOCl
k10 HOCl
k7
k20b
NH4+ NCl3
NO3- N2 N2
Figure I.5. Mécanisme de chloration de l’ammoniaque proposé par Saunier et Selleck (1979)
figure I.5.
9
I.1.5. Dismutation et autodécomposition
La monochloramine est un oxydant relativement instable dans les eaux. En effet, même en absence
de tout réactif, la monochloramine se décompose. Cette dégradation implique de nombreuses
réactions, et de nombreux paramètres influent sur cette décomposition (pH, force ionique,
température…). Cette décomposition peut en outre aboutir à la formation d'acide hypochloreux par
hydrolyse de la monochloramine (Morris et Isaac, 1981).
HOCl + NH3 NH2Cl + H2O k1.5 = 4,2.106 M-1.s-1 (25°C) Morris et Isaac, 1981 (1.5)
NH2Cl + H2O HOCl + NH3 k1.8 = 2,1.10-5 s-1 (25°C) Morris et Isaac, 1981 (1.8)
NH2Cl + HOCl NHCl2 + H2O k1.6 = 3,5.102 M-1.s-1 (25°C) Morris et Isaac, 1981 (1.6)
NHCl2 + H2O NH2Cl + HOCl k1.9 = 7,6.10-7 s-1 (25°C) Weil et Morris, 1949a (1.9)
Ce même auteur propose que la formation de diazote, d'acides nitreux et nitrique provienne des
réactions suivantes :
NHCl2 + H2O NH(OH)Cl + HCl k1.25 = 7,0.101 M-1.h-1 Diyamandoglu, 1994 (1.25)
NH(OH)Cl NOH + HCl k1.26 = 5,0.10-4 h-1 Diyamandoglu, 1994 (1.26)
NOH + NHCl2 N2 + HOCl + HCl k1.22 = 6,0.103 M-1.h-1 Diyamandoglu, 1994 (1.22)
NOH + HOCl HNO2 + HCl k1.23a = 1,0.1011 M-1.h-1 Diyamandoglu, 1994 (1.23a)
HNO2 + HOCl HNO3 + HCl k1.23b = 9,8.1012 M-1.h-1 Diyamandoglu, 1994 (1.23b)
Une autre voie de dégradation de la monochloramine est liée à son interconversion en dichloramine
(réaction 1.27). Les premières observations faites par Granstorm (1954) montrent que cette réaction
est catalysée à pH acide et par la présence de certains ions inorganiques. Par ailleurs cette réaction
globale résulterait de deux voies différentes, une voie directe et une voie faisant intervenir
l’hydrolyse de la monochloramine.
Plus tard, Gray et al. (1978) expliquent l’effet du pH sur la formation de la dichloramine en
proposant la formation de l’ion chloroammonium (réaction 1.28) et la réaction entre l’ion
chloroammonium et la monochloramine (réaction 1.29).
10
Chapitre I : Synthèse bibliographique
Gray et al. (1978) suggèrent que l’ion chloroammonium pourrait également être formé par la
réaction entre l’ion ammonium et la dichloramine (réaction 1.30) :
La dégradation de la monochloramine peut aussi résulter de réactions entre les différentes formes de
chloramines (réactions 1.31-1.33) ainsi qu’entre la dichloramine et l’acide hypochloreux (réaction
1.34) :
La réaction 1.34, proposée par Jafvert et Valentine, correspond à la combinaison des réactions 1.20
et 1.23 proposées par Wei et Morris (1974). La stœchiométrie globale de la dégradation des
chloramines peut être décrite par les réactions 1.35 et 1.36 :
Sur la base de ces réactions, Jafvert et Valentine (1992) proposent un schéma réactionnel global
rendant compte de la décomposition de la monochloramine (figure I.6).
H+ H+ + OH- I
+ +
+ NH2Cl produits
NH3 + HOCl NH2Cl + H2O
acide
+ NH2Cl NHCl2 + NH3
H+
+ + HOCl NHCl2 + H2O
ClO-
11
I.2. Réactivité avec les composés minéraux
La présence de composés minéraux peut augmenter significativement la réaction de décomposition
de la monochloramine au pH des eaux de distribution. Il est donc particulièrement important de
connaître l'influence de ces composés lorsque les expériences sont effectuées en milieu tamponné.
Dans un cadre plus général, cette partie montre l’importance des espèces inorganiques ayant un
effet « proton donneur » sur la catalyse acide de la décomposition de la monochloramine.
Pour des pH acides (3-4), la monochloramine réagit rapidement pour former la dichloramine, stable
dans ce domaine. De plus la réaction de la dichloramine avec l'ammoniaque est beaucoup plus lente
que la réaction d'interconversion catalysée à pH acide (Gray et al., 1978). Enfin, à pH acide la
concentration de NH3Cl+ est inférieure à 1% de la concentration en NH2Cl (Leao et Selleck, 1981).
Dans ces conditions, la décomposition de la monochloramine peut s'écrire sous la forme :
d[NH2Cl]/dt = -2kobs[NH2Cl]2 avec kobs = ∑ki[HAi] et HAi les espèces ayant un effet proton
donneur.
Pour des pH plus élevés (pH = 8), Valentine et Jafvert (1988) suggèrent que la réaction 1.31 est la
voie principale conduisant à la dégradation des chloramines. La réaction 1.31 est par ailleurs
beaucoup plus rapide que la réaction 1.27 qui constituerait l’étape cinétiquement limitante de la
décomposition de la monochloramine en milieu basique :
En tenant compte des réactions suivantes, Valentine et al. (1988) proposent une expression de la
décomposition de la monochloramine incluant l'interconversion et l'hydrolyse de la
monochloramine :
d[NH2Cl]/dt = -3kobs[NH2Cl]2
avec kobs = ∑ki[HAi] + k1.27Ke/[NH3]
Ainsi pour des conditions limitant l'influence de l'hydrolyse, il est possible, d'après la constante
apparente d'interconversion (kobs), de déterminer les constantes spécifiques des espèces pouvant
catalyser la réaction d'interconversion.
12
Chapitre I : Synthèse bibliographique
La constante de dégradation apparente proposée par Valentine et al. (1988) inclut les espèces H+,
H2PO4-, HPO42-, H 3PO4 et est donnée sous la forme :
k obs = k + [H + ] + k H 3PO 4 [H 3PO 4 ] + k [H 2 PO 4− ] + k [HPO 24 − ] (1.38)
H H 2 PO 4− HPO 24 −
L'expression de la constante cinétique apparente proposée par Vikesland et al. (2001) en présence
d’ions carbonate (équation 1.39) est similaire à celle obtenue en présence d’ions phosphate
(équation 1.38) (Valentine et Jafvert, 1988) :
k obs = k [H + ] + k H 2 CO 3 [H 2 CO 3 ] + k [HCO 3− ] (1.39)
H+ HCO 3−
Les constantes de chacune de ces espèces sont reportées dans le tableau I.5.
13
La décomposition de la dichloramine forme de l'ammoniaque, des ions chlorure, du diazote et sous
certaines conditions des ions nitrate (Vikesland et al., 2001). Les espèces capables de céder un
proton (HA) peuvent accélérer la décomposition de la monochloramine. Outre cet effet, les ions
nitrite exercent une réelle demande en chloramines (Valentine et Selleck, 1983 ; Hao et al., 1994 ;
Margerum et al., 1994). La première étape de l'oxydation des ions nitrite par la monochloramine,
catalysée en milieu acide est cinétiquement limitante et conduit à la formation de chlorure de nitrile
(NO2Cl) selon la réaction 1.40.
Cette première étape présente des analogies avec l’oxydation des ions nitrite par le chlore (Johnson
et Margerum, 1991). Sur la base des travaux de Margerum, Vikesland et al., (2001) proposent un
modèle cinétique expliquant la décomposition de la monochloramine en présence de nitrites
(réactions 1.40 – 1.45)
+ − −
d[ NH 2 Cl] k1.40a [H ][ NH 2 Cl][ NO 2 ](1 + (k1.40b / k1.44a )[ NO 2 ])
− = (1.46)
dt (k1.40b / k1.44a )[ NH 3 ] + (1 + (k1.42a / k1.44a )[ NO −2 ])
Pour des faibles concentrations en monochloramine et en ions nitrite, Vikesland et al. (2001)
montrent que ces réactions sont lentes et que les réactions d’auto-décomposition ne doivent pas être
négligées.
La bromochloramine peut également être formée par oxydation des ions bromure par l’acide
hypochloreux (1.49), pour former l’acide hypobromeux puis la monobromamine (réaction 1.50). La
14
Chapitre I : Synthèse bibliographique
chimie des bromamines présente de fortes analogies avec celle des chloramines. Comme dans le cas
des chloramines (réactions 1.5-1.10), les réactions de formation et d’hydrolyse de la mono, di et
tribromamine peuvent être écrites.
HOCl + Br- HOBr + Cl- k1.49 = 1,06.107 M-1.h-1 Farkas et al., 1949 (1.49)
k1.49 = 2,46.107 M-1.h-1 Bousher et al., 1986
Vikesland et al. (2001), sur la base des travaux de Galal-Gorchev et Morris (1965) et de Bousher et
al. (1989), proposent que la monochloramine et la bromochloramine réagissent pour former des
ions bromure et du diazote (réaction 1.51).
Cette réaction met en évidence le rôle catalytique des ions bromure dans la décomposition de la
monochloramine. En dessous de 0,1 mg.L-1, les ions bromure ne présentent pas d'effet significatif
pour des pH inférieurs à 8,3. Cependant à des concentrations plus élevées (0,5 - 3 mg.L-1), les ions
bromure accélèrent fortement la décomposition de NH2Cl (Vikesland et al., 2001).
15
réactions 1.20 à 1.22 conduisent à la perte de chlore total par formation d’un composé I. Cet
intermédiaire est interprété comme étant NOH dans la publication de Valentine et al. (1988). La
seconde voie de décomposition du chlore total passe par la réaction entre la monochloramine et la
dichloramine (réaction 1.31). Le modèle le plus complet (Jafvert et Valentine, 1992) propose une
troisième voie de décomposition (réactions 1.32-1.34). Ces dernières concernent les réactions entre
les différentes formes de chloramines et ne sont significatives que pour des conditions
expérimentales en dessous du break-point.
Le tableau I.6 présente les réactions du modèle de Jafvert et Valentine (1992), établi pour rendre
compte de l’évolution et de la spéciation des différentes espèces du chlore total pour des taux de
chloration au voisinage du break-point. Pour des conditions expérimentales en dessous du break-
point, un modèle simplifié est proposé par Vikesland et al. (2001). Celui-ci fait intervenir les
mêmes réactions que celles présentées dans le tableau I.6, à l’exception des réactions 1.32 à 1.34
qui deviennent négligeables en excès d’ammoniaque.
La constante apparente d’interconversion (k1.27) est calculée comme étant la somme des constantes
spécifiques de chaque ion multipliées par la concentration de l’ion considéré. De manière analogue,
la constante de réaction entre le chlore libre et la dichloramine s’exprime sous la forme
k1.7=∑k1.7i [Mi]. Le tableau I.7 présente les constantes spécifiques des ions carbonate et phosphate.
16
Chapitre I : Synthèse bibliographique
La constante kH+ est déterminée en tenant compte uniquement de la réaction d’interconversion, sans
perte de chlore total. Les cinétiques, effectuées à pH = 3 - 4 sur des durées inférieures à 1 minute,
en présence de concentrations variables en ions phosphate, permettent de déterminer kH+ par
interpolation de kobs à l’origine et kH3PO4, la pente de kobs= kH3PO4[H3PO4] + constante.
La constante spécifique de l’ion H2PO4- (Valentine et al., 1988) est déterminée en suivant
l’évolution de la concentration en monochloramine et en dichloramine en fonction du temps, pour
différentes concentrations en tampon phosphate :
[PO43-]tot : 10 et 25 mM
pH = 8,2 et 6,8.
[NH2Cl]0 = 1,5 mM ; N/Cl > 2
La constante spécifique à HPO42- est considérée comme négligeable.
Cette même démarche a été utilisée par Vikesland et al. (2001) pour déterminer les constantes
spécifiques des espèces carbonates (H2CO3 et HCO3-) :
[CO32-]tot : 4 et 10 mM
pH = 6,55 – 8,34
[NH2Cl]0 = 0,05 mM ; N/Cl = 1,4
Ce modèle prend en compte les réactions de formation et d’hydrolyse des chloramines (réactions
1.5-1.9). L’interconversion de la monochloramine (réaction 1.29) est réalisée par réaction entre
l’espèce neutre et l’espèce protonée, d’où l’importance de la constante de dissociation de la
monochloramine (réaction 1.28). Les réactions 1.22 à 1.26 présentent la formation et la
décomposition des intermédiaires réactionnels HNO et NH(OH)Cl proposées par Wei et Morris
(1974) et Saunier (1976).
17
Tableau I.8. Formulation du modèle de Diymandoglu
tableau I.8.
N° Réaction Constante (25°C) Réf
1.5 NH3 + HOCl NH2Cl + H2O k1.5 = 1,0.1010 M-1.h-1 Leao et Selleck, 1981
1.6 NH2Cl + HOCl NHCl2 + H2O k1.6 = 5,5.105 M-1.h-1 Leao et Selleck, 1981
1.8 NH2Cl + H2O NH3 + HOCl k1.8 = 0,2 h-1 Leao et Selleck, 1981
1.9 NHCl2 + H2O NH2Cl + HOCl k1.9 = 2,0.10-3 h-1 Leao et Selleck, 1981
1.28 NH3Cl+ H+ + NH2Cl K1.28 = 3,57.10-2 M Leao et Selleck, 1981
1.29 NH3Cl+ + NH2Cl NHCl2 + NH4+ k1.29 = 3,5.106 M-1.h-1 Gray et al., 1978
1.24 NH2Cl + NH2Cl + H2O HNO + NH3 + 2 HCl k1.24 = 6,0.10-1 M-1.h-1 Diyamandoglu, 1994
1.25 NHCl2 + H2O NH(OH)Cl + HCl k1.25 = 7,0.101 h-1 Diyamandoglu, 1994
1.26 NH(OH)Cl HNO + HCl k1.26 = 5,0.10-4 h-1 Diyamandoglu, 1994
1.23a HNO + HOCl HNO2 + HCl k1.23a = 1,0.1011 M-1.h-1 Diyamandoglu, 1994
1.23b HNO2 + HOCl HNO3 + HCl k1.23b = 9,8.1012 M-1.h-1 Diyamandoglu, 1994
1.22 NOH + NH2Cl N2 + H2O + HCl k1.22 = 6,0.103 M-1.h-1 Diyamandoglu, 1994
1.3 HOCl H+ + ClO- K1.3 = 3,44.10-7 M
1.4 NH4+ H+ + NH3 K1.4 = 4,07.10-10 M
1.56 HNO2 H+ + NO2- K1.56 = 3,15 M
- réactions d’oxydation,
- réactions d’addition,
- réactions de substitution électrophile.
Ces oxydants sont donc potentiellement réactifs avec les composés possédants des liaisons
insaturées comme les alcènes, les aldéhydes, les cétones et les composés aromatiques. A l’exception
de quelques hydroxybenzènes et organoazotés, aucune étude n’a été menée sur la réactivité de la
monochloramine avec des composés organiques modèles. Par conséquent, nous consacrerons une
partie de la bibliographie à l’étude de la chloration de composés organiques modèles dont certains
mécanismes peuvent présenter des analogies avec les réactions de chloramination.
18
Chapitre I : Synthèse bibliographique
H H H H H H
R1 C C R2 R1 C C R2 R1 C C R2
Cl+ OH Cl
Cl+ OH -
I.4.1.2. Réactivité avec les composés oxygénés (alcools, aldéhydes, cétones, acides)
La chloration de différentes familles de molécules (De Laat, 1981 ; De Laat et al., 1982 ; Doré,
1989) a permis d’établir, sur le critère de la demande en chlore, une grille de réactivité des
molécules vis-à-vis du chlore (tableau I.9).
19
Tableau I.9. Demande en chlore d’après De Laat et al., 1982
tableau I.9.
Demande Rendement de formation de CHCl3
Composé
(mol/mol) (% du rendement molaire)
Acides carboxyliques
Acétique <0,1 <0,1
Oxalique 0,3 <0,1
Malonique 1,8 <0,1
Succinique <0,1 <0,1
Malonique 0,75 <0,1
Maléique <0,1 <0,1
Fumarique <0,1 <0,1
Citrique 0,8 14,5
Glyoxalique 1,1 <0,1
Pyruvique 1 1,7
Alcools – cétones - esters
Ethanol <0,1 <0,1
Acétone <0,1 1,3
Acétylacétone 4 8,5
Propionaldéhyde 0,2 <0,1
n-butyraldéhyde 0,2 <0,1
Ethyl acétylacétate 2 0,2
-5 -5 3- -3
[Cl2]tot = 5.10 ou 4.10 M ; pH = 7 ; [PO4 ]tot = 5.10 M ; [Cl2]0 / [Organique] = 20 ; t = 15 h.
Le chlore n’est pas réactif vis-à-vis des acides organiques à l’exception des composés réducteurs
comme l’acide ascorbique. Folkes et al. (1995) montrent que l’acide ascorbique réagit avec le
chlore avec une constante cinétique apparente supérieure à 107 M-1.s-1 à pH = 5. Ces mêmes auteurs
notent une variation importante de la vitesse de décomposition de l’acide ascorbique en fonction du
pH (décomposition 10 fois plus lente à pH = 9 qu’à pH = 5). Ces résultats impliquent une différence
de réactivité élevée entre les formes protonées et déprotonées. Les alcools primaires et secondaires
peuvent être oxydés par le chlore pour donner respectivement des acides et des cétones.
L’oxydation d’alcools tertiaires est plus difficile et conduit à une rupture de la chaîne carbonée
(Roberts et Caserio, 1968).
La réaction entre les halogènes sous leurs formes XO- avec les méthyl-cétones pour former des
haloformes est une réaction classique de chimie organique connue depuis 1822 (Fuson et Bull,
1934). Cette réaction est à la base du test iodoforme utilisé pour l’identification des alcools et des
cétones en chimie organique. La réaction haloforme est responsable de la formation des
trihalométhanes (CHCl3 dans le cas du chlore) observés lors de la désinfection au chlore des eaux
destinées à la consommation humaine. Cette réaction peut être catalysée en milieu acide (formation
d’un sel d’oxonium) ou basique, cependant la catalyse basique est prédominante en milieu aqueux
pour des pH > 5. Le chemin réactionnel de la réaction haloforme conduit au remplacement successif
des atomes d’hydrogène, situés sur le carbone en α du groupement carbonyle par des atomes de
chlore ; ces substitutions, suivies d’une hydrolyse, conduisent à la formation de CHCl3 (Morris,
1978). L’étape cinétiquement limitante de la réaction haloforme est la déprotonation du carbone en
α afin de former un carbanion en équilibre avec sa forme énolate avant l’attaque de HOCl (figure
I.8).
20
Chapitre I : Synthèse bibliographique
OH- Cl OH
O H O- O O Cl
Etape cinétiquement Rapide
R1 C C R2 R1 C C R2 R1 C C R2 R1 C C R2
limitante
H H H H
-
OH
Lent
OH-
O Cl O Cl O Cl O- Cl
HOCl R1 C C R2 R1 C C R2
R1 C C + HOR2 R1 C C R2
rapide
Cl acide carboxylique si R2 = cétone Cl
alcool si R2 = alcane
OH-
O Cl O Cl O- Cl Cl
O
HOCl CHCl3
R1 C C- R1 C C Cl R1 C C Cl C Cl +
rapide C H
R1COO-
R1 O
Cl Cl OH Cl Cl
La présence d’un groupement méthyl non substitué entre deux groupements carbonyle (β-dicétone)
conduit à une réactivité élevée vis-à-vis du chlore (De Laat et al., 1982). Tachikawa et al. (2002)
comparent la réactivité d’une dicétone cyclique (1,1-diméthyl-4-chloro-cyclohexane-3,5-dione)
avec le chlore et la monochloramine et obtiennent les résultats suivants :
HOCl : kapp > 7,60 ± 0,67 x106 M-1.s-1
NH2Cl : kapp = 12,9 M-1.s-1 à température ambiante et kapp = 5,63 M-1.s-1 à T = 12°C.
NHCl2 : kapp = 0,52 M-1.s-1 à T = 12°C.
En présence de chloramines minérales, les aldéhydes peuvent conduire par une réaction réversible à
la formation du nitrile correspondant. La réaction est catalysée par une légère acidité du milieu
réactionnel (pH = 3,5 – 5) (Alouini et Seux, 1987). Pedersen III et al. (1999) montrent que la
monochloramine réagit rapidement avec le formaldéhyde (k = 2,8.104 M-1.s-1) pour former le N-
chloroaminométhanol puis la N-chlorométhanimine par une déshydratation cinétiquement limitante.
Ces molécules peuvent potentiellement conduire à la formation de chlorure de cyanogène (figure
I.9).
21
O OH H H
+ O
NH2Cl H Cl
R R C NHCl R C N
H H
H H
H+
R
H
O
H C N Cl
R C N Cl H
H R C N
H
Figure I.9. Mécanisme de chloramination des aldéhydes.
D’après Alouini et Seux (1987) et Pedersen III et al. (1999)
figure I.9.
D’un point de vue cinétique, les vitesses de dégradation peuvent s’écrire sous la forme :
-d[R2NH]/dt = k [R2NH] [Oxydant] (Margerum et al., 1978 ; Morris et Isaac, 1981)
dont la constante apparente dépend du pH. Dans le cas de la monochloramine, certains auteurs
suggèrent que c’est la forme NH3Cl+ qui attaque les amines sous leurs formes non protonées
(Snyder et Margerum, 1981) pour conduire à la formation des chloramines organiques
correspondantes :
Cependant, les réactions de transfert de chlore entre chloramines inorganiques et amines organiques
n’ont fait l’objet que de très peu d’études. Le tableau I.10 rapporte les quelques constantes de
vitesse entre les amines et le chlore ou la monochloramine. La cinétique de chloration des amines
simples a quant à elle fait l’objet de nombreuses études, et la figure I.10 en présente les principaux
résultats.
22
Chapitre I : Synthèse bibliographique
La figure I.10 présente la relation entre la constante de Taft (σ*) et la constante de vitesse des
réactions amines-chlore. D’une manière générale les amines tertiaires présentent une réactivité vis-
à-vis du chlore environ 100 fois moindre que les amines primaires et secondaires. Abia et al. (1998)
montrent que les amines primaires et secondaires suivent la même relation σ*-log(k) et présentent
une pente positive ce qui indique que les réactions sont accélérées lorsque les substituants
présentent des effets électro-attracteur (constante σ positive). L’effet inverse est observé pour les
amines tertiaires où la présence de groupements électro-donneurs augmente la vitesse des réactions.
La faible valeur de la pente enregistrée pour les amines primaires et secondaires indique que les
vitesses de chloration sont peu sensibles à la nature des substituants.
Figure I.10. Corrélation de Taft pour la chloration des amines (Deborde et von Gunten, 2008)
figure I.10.
Compte tenu des différences observées pour les amines primaires et secondaires d’une part et les
amines tertiaires d’autre part, Abia et al. (1998) proposent deux voies réactionnelles différentes
(figure I.11). La chloration des amines primaires et secondaires passerait par la formation d’un
complexe mettant en jeu plusieurs molécules d’eau favorisant ainsi l’attaque par HOCl. Dans le cas
des amines tertiaires, il y aurait formation d’un dérivé chloroamonium.
23
H
R1
Cl O H
R1 R2 N R1 Cl
H HOCl H
N O N
H
R2 O H R2
H O
H
H
Lors de la chloramination, Joo et Mitch (2007) montrent que la formation de chlorure de cyanogène
et de trichloronitrométhane (TCNM) à partir de monométhylamine (MMA) est négligeable pour des
rapports N/Cl > 1 alors que des rendements de 10 % pour CNCl, et de 0,1 % pour le TCNM sont
observés pour N/Cl = 0,1. La figure I.12 présente le schéma réactionnel proposé par Joo et Mitch
(2007) lors de la chloration (ou de la chloramination) de la MMA et de la n-propylamine (n-PA).
24
Chapitre I : Synthèse bibliographique
Figure I.12. Schémas réactionnels d’oxydation de la MMA et de la n-PA par le chlore et les
chloramines (Joo et Mitch, 2007)
figure I.12.
La chloration de la DMA conduit, dans des conditions expérimentales identiques, à des productions
de NDMA beaucoup plus faibles que celles observées lors de la chloramination (Mitch et Sedlack,
2002). Cependant, lors de la chloration d’eau usée contenant de l’azote ammoniacal, la formation de
NDMA semble favorisée en présence de chlore libre (Mitch et Sedlack, 2003 ; Schreiber et Mitch ;
2005). Ces auteurs montrent que la production de NDMA est favorisée pour un rapport N/Cl = 0,5
par rapport à un rapport N/Cl = 1, les réactions dites du break-point semblent ainsi jouer un rôle
important dans le mécanisme de formation de la NDMA.
25
Plus récemment, Schreiber et Mitch (2006) montrent que la concentration en oxygène dissous et la
concentration en dichloramine sont des paramètres importants à prendre en compte dans le
mécanisme de formation de la NDMA. En effet, la dichloramine réagit avec la DMA pour former la
1,2,2-chlorodimethylhydrazine (UDMH-Cl). L’oxydation de l’UDMH-Cl par l’oxygène entre
ensuite en compétition avec la réaction entre l’UDMH-Cl et les chloramines.
Une autre voie de formation de la NDMA passe par la nitrosation des amines. Les ions nitrite
formés lors de la décomposition de la monochloramine (réactions du break-point, voir I.1.4)
peuvent favoriser, par l’intermédiaire de l’ion N2O3, la production de NDMA. Néanmoins, en
absence de chlore libre, les ions nitrite réagissent très lentement avec la DMA (Choi et Valentine,
2003). Ces auteurs montrent que le chlore, malgré son effet d’oxydation des ions nitrite en ions
nitrate favorise la formation de N2O4 qui est un excellent agent de nitrosation.
H3C
H2O NH3
H3C H3C H H3C
NH2Cl
DMA NH + NH2Cl N N N N
H3C O O
N2O3 NO2Cl
N N Cl
H3C H Produits
N2O4
DMA
Figure I.13. Mécanisme de formation de la N-nitrosodiméthylamine (NDMA) lors de la
chloramination de la diméthylamine (DMA). D’après Choi et Valentine, 2002 ; Mitch et Sedlack,
2002 ; Choi et Valentine, 2003 ; Schreiber et Mitch, 2006
figure I.13.
26
Chapitre I : Synthèse bibliographique
Freuze et al., 2004) et N,N-dichlorés (réaction 1.60) (Conyers et Scully, 1997). Comme dans le cas
des chloramines minérales, la spéciation les acides N-chloro aminés dépend du pH et du rapport
N/Cl.
Les chloroaminoacides sont des composés relativement instables qui conduisent à la formation
d’imines par décarboxylation puis d’aldéhydes ou de nitriles par hydrolyse. Mehrsheihk et al. (2006)
montrent par substitution isotopique que le carbone en C1 de la glycine est quantitativement
convertit en CO2 alors que le carbone en C2 conduit à un mélange de CO2 et de méthanediol dont la
proportion relative dépend du pH. Stanbro et Smith (1979) observent par exemple la formation
d’acétaldéhyde et d’acide pyruvique lors de la chloration de la lysine en milieu basique. Conyers et
Scully (1997) notent la formation de nombreux sous produits de chloration pour la lysine et
montrent une attaque des groupements amines par le chlore. La figure I.14 présente le mécanisme
général de chloration des acides α-aminés
R R R
CH O CH O Cl CH- H
- CO2 - Cl- C H
H2N ClHN N
R N
O- O- H
HOCl
HOCl
R R R
R
C O CH O CH O
- CO2 H H2O
N C ClN C HN C C H CH H
- HCl
R N HN- O+
-HCl
Cl O- Cl O- Cl O
H H
- CO2 - CO2
-Cl- -Cl-
- HCl H
R C N C Cl
R N
R
CH
H2O
H2N O
H
OH H+ OH NH2Cl O
CH Cl CH Cl C
R N R N R H
H H2+
NH2Cl
Figure I.14. Mécanisme réactionnel de la chloration des acides α-aminés. D’après Stanbro
et Smith, 1979 ; Alouini et Seux, 1987 ; McCormick et al., 1993 ; Conyers et Scully, 1997
figure I.14.
Si les acides aminés possèdent dans leur chaîne latérale des groupements potentiellement réactifs
avec les oxydants (chlore ou chloramines), de nombreuses autres réactions sont envisageables. Pour
des chaînes alkyles, aucune attaque n’est observée dans le cas de la valine (McCormick et al., 1993)
ni de l’isoleucine (Nweke et Scully, 1989). Conyers et Scully (1997) n’observent pas non plus
d’attaque du noyau aromatique lors de la chloration de la phénylalanine. Cependant, Conyers et
Scully (1997) observent l’attaque du groupement amine porté par la chaîne latérale de la lysine.
Trehy et al. (1986) notent la formation d’hydrate de chloral, de dichloroacétonitrile et de
chloroforme lors de la chloration de la tyrosine et du tryptophane. Le chloroforme est formé par
attaque du noyau aromatique et ouverture de cycle suivie d’une hydrolyse, tandis que l’hydrate de
chloral et le dichloroacétonitrile se forment par attaque directe du groupement aminé.
27
Les vitesses de décomposition des acides aminés par le chlore et la monochloramine sont élevées
(tableau I.11). Cependant les constantes cinétiques mesurées par les différents auteurs sont
difficilement comparables. En effet certains auteurs considèrent la réaction entre la
monochloramine sous sa forme neutre alors que d’autres considèrent la forme protonée de la
monochloramine (figure I.15).
NH3Cl+ RNHCl
RNH2
+
H
RNH2
NH2Cl RNHCl
Figure I.15. Voies réactionnelles de la monochloramine avec les amines et les acides aminés
figure I.15.
Tableau I.11. Constantes cinétiques de chloration et de
chloramination de quelques composés azotés
tableau I.11.
kHOCl kNH3Cl+
Composé -1 -1 Ref. Ref.
(M .s ) (M-1.s-1)
ammoniaque 2,9.106 Margerum et al., 1978
8
méthylamine 1,9.10 Margerum et al., 1978
7 1,8.107 Snyder et Margerum, 1981
glycine 5,0.10 Margerum et al., 1978 8
9,36.10 Isaac et Morris, 1985
6 1,7.107 Snyder et Margerum, 1981
glycylglycine 5,3.10 Margerum et al., 1978
1,10.108 Isaac et Morris, 1985
α-alanine
7 8
5,4.10 Margerum et al., 1978 6,94.10 Snyder et Margerum, 1981
β-alanine
7 8
8,9.10 Margerum et al., 1978 1,3.10 Snyder et Margerum, 1981
glycine
6,71.106 Isaac et Morris, 1985 2,97.107 Isaac et Morris, 1985
éthylester
thréonine 1,8.106 Snyder et Margerum, 1981
8
sérine 4,18.10 Isaac et Morris, 1985
sarcosine 1,08.108 Armesto et al., 1993 7,40.108 Isaac et Morris, 1985
8
morpholine 2,30.10 Isaac et Morris, 1985
Ces auteurs notent aussi une forte différence entre la mono et la dichloramine sur la réaction avec
l’intermédiaire monochloré (2-chlorophénol). La monochloramine forme majoritairement le 2,4-
dichlorophénol (77%) alors que la dichloramine conduit à des productions de 2,4-dichlorophénol et
28
Chapitre I : Synthèse bibliographique
de 2,6-dichlorophénol dans des proportions similaires. Cet effet peut être attribuable au mécanisme
d’action des chloramines. La monochloramine étant un réactif électrophile, elle aura tendance à
attaquer le site présentant la densité en électron la plus élevée (position en para du groupement –
OH). Dans le cas de la dichloramine, l’existence d’un complexe entre le groupement hydroxyl et
NHCl2 augmenterait la proportion de 2,6-dichorophénol formé. Cet effet peut être attribuable au
groupement méthyl augmentant la densité électronique sur le cycle aromatique. De plus, la
formation de composés organo-azotés tels que l’indophenol et des benzoquinone-imine ont aussi été
observées.
En large excès de phénol ou de crésol (30:1), la substitution en ortho du groupement hydroxyl est
majoritaire (75%) par rapport à la substitution en para (25%). La forme des chloramines (mono ou
di) ne présente pas d’influence sur la répartition des sous-produits mais la réaction est plus lente
avec la dichloramine qu’avec la monochloramine.
Pour des pH élevés, il y a formation d’indophénol lors de la chloramination du phénol (pH = 13)
cette réaction n’est cependant pas observée pour des pH plus faibles (pH = 9).
29
OH OH OH O
OH Cl Cl
Cl Cl Cl
NH2Cl NH2Cl NH2Cl NH2Cl Cl Cl
OH OH OH O
OH Cl
Cl Cl Cl
1 2 3 4 5
H2O
O OH
6
6 (forme énol) Cl Cl Cl Cl
Cl Cl Cl Cl
Cl Cl -CO2 Cl O
Cl Cl O
NH2Cl OH B Cl Cl
- NH3 - NH2Cl
NH2Cl - NH3
8 7
Cl Cl Cl Cl Cl ClCl Cl Cl Cl Cl
Cl Cl + NH2Cl2+
Cl Cl Cl Cl
O O O
+ NH2Cl
NH4+ - NH3 NH3 - NH4
Cl Cl Cl Cl ClCl Cl Cl Cl
Cl H2O OH + CHCl3
Cl Cl Cl Cl
Cl
O O O
A
Figure I.16. Mécanisme de chloration-chloramination du résorcinol. D’après Heasley et al.
(1999). A: non observée en milieu anhydre ; B : chloramination uniquement
figure I.16.
La chloration du résorcinol suit un mécanisme similaire avec la formation successive des dérivés
monochloré (2), dichloré (3), trichloré (4) (Heasley et al., 1989). L’intermédiaire conduisant à
l’ouverture du cycle serait, soit le dérivé tétrachloré soit le dérivé pentachloré (Boyce et Horning,
1983), cependant divers auteurs suggèrent que l’ouverture du cycle a lieu à partir de l’intermédiaire
pentachloré et non du tétrachloré (Heasley et al., 1989 ; De Leer et al., 1985). Boyce et Horning
(1983) mettent en évidence que les sous-produits de chloration du résorcinol dépendent d’une part
du ratio chlore : résorcinol mais aussi du pH du milieu. Dès les faibles taux de chloration, le
chloroforme est observé. Pour des taux de chloration compris entre 3 et 5 mol de chlore par mol de
résorcinol (pH = 7 - 10), les principaux sous-produits sont le chloroforme et la 3,5,5-tricyclopent-3-
ene-1,2-dione.
Le tableau I.12 présente les sous-produits de chloration du résorcinol pour différents ratios chlore :
résorcinol en fonction du pH.
30
Chapitre I : Synthèse bibliographique
OH
OH
OH OH
Cl
Cl
OH Cl Cl
OH
OH
Cl
Cl OH
Cl OH
OH
OH OH OH OH
OH
Cl
Cl Cl Cl Cl
OH Cl Cl
OH
1 O
Cl
Cl OH OH
OH OH
O
Cl Cl
Cl Cl Cl
OH
OH
O
Cl Cl Cl
Cl Cl
O
Cl
OH
Cl CHCl3 Cl CHCl3
OH OH OH
OH Cl OH Cl Cl
OH
Cl Cl O
OH Cl Cl
OH OH Cl
O
3 OH
OH
Cl Cl OH
O
Cl
Cl
OH
Cl Cl Cl
Cl O Cl O Cl Cl
Cl
CHCl3
OH Cl
Cl Cl
Cl CHCl3
OH OH
Cl Cl Cl
OH
O
O
Cl Cl Cl
O Cl
OH OH O
O
Cl
Cl
5 Cl
Cl
O Cl Cl
Cl
O Cl
O
OH
Cl
Cl
Cl
Cl Cl Cl
Cl Cl CHCl3 CHCl3
Cl Cl
CHCl3
Cl O Cl Cl O Cl
Cl
Cl Cl
Cl Cl
Cl Cl
Cl O
Cl OH
Cl Cl O
Cl Cl
Cl Cl O
OH Cl
Cl Cl
OH
10 6 acides chlorocarboxyliques Cl
Cl
Cl Cl
dont : Cl OH
CHCl3
Cl O
Cl O
HOOC COOH
Cl CHCl3
Cl OH Cl OH
Cl O Cl O
Cl OH
Cl
31
I.4.3.3. Cinétique de chloration des hydroxybenzènes et de leurs dérivés chlorés
Compte tenu de l’absence de références bibliographiques traitant de la vitesse de chloramination de
composés hydroxybenzéniques, cette partie est essentiellement consacrée à l’aspect cinétique de la
chloration de ces composés.
Dans un cas général, les hydroxybenzènes (Ar(OH)n) réagissent avec le chlore selon une cinétique
d’ordre 1 par rapport à chacun des réactifs. La constante cinétique apparente d’ordre 2 est
néanmoins dépendante du pH et présente un maximum pour des pH entre 8 et 11 et un minimum
pour des pH compris entre 3 et 6 (Lee et Morris, 1962 ; Rebenne et al., 1996 ; Gallard et von
Gunten, 2002b). La variation de la constante cinétique apparente d’ordre 2 s’explique par la
différence de réactivité des formes protonées et déprotonées. De plus, un effet catalytique à pH
acide est observé (Rebenne et al., 1996 ; Gallard et von Gunten, 2002b). Les réactions entre les
formes anioniques des hydroxybenzènes et l’ion hypochlorite sont rarement évoquées, en effet la
forme ClO- est beaucoup moins réactive que la forme HOCl (Acero et al., 2005). La dégradation
apparente des hydroxybenzènes s’exprime par la loi cinétique d’ordre 2 (équation 1.61) :
Il est ainsi possible d’exprimer la constante cinétique comme une fonction des constantes
élémentaires et de l’activité des ions H+.
[H + ]
(k1.62 [ H + ]2 + k1.63K1.67 [H + ] + k1.64 K1.67 K1.68 + k1.65 [H + ]3 )( )
[H + ] + K1.3
k app = (1.69)
K1.67 [H + ] + [H + ]2 + K1.67 K1.68
Le tableau I.13 présente les constantes cinétiques de ces réactions pour différents hydroxybenzènes
et leurs dérivés chlorés. Soper et Smith (1926) et Rebenne et al. (1996) montrent que la réactivité de
l’ion hypochlorite est négligeable. Pour des pH compris entre 6 et 9, la réactivité des
hydroxybenzènes est principalement gouvernée par la réaction entre l’acide hypochloreux et les
formes ionisées des hydroxybenzènes.
32
Chapitre I : Synthèse bibliographique
Tableau I.13. Constantes cinétiques mises en jeu lors de la chloration des hydroxybenzènes
Composé k1.62 (±σ) k1.63 (±σ) k1.64 (±σ) k1.65 (±σ) Référence
(M-1.s-1) (M-1.s-1) (M-1.s-1) (M-1.s-1)
(-OH)n (-OH)n-1(–O-) (-OH)n-2(O-)2 catalyse H+
Résorcinol <330 1,36 (0,26).106 1,15 (0,10).108 8,5 (1,8).106 Rebenne et al., 1996
4-MCR* <65 1,43 (0,16).105 6,73 (0,53).107 1,19 (0,15).106 Rebenne et al., 1996
4,6-DCR* 47 (17) 3,21 (0,76).104 5,91 (0,81).107 2,6 (1,2).104 Rebenne et al., 1996
Orcinol 1250 (160) 5,18 (0,34).106 4,20 (0,04).108 9,8 (1,1).106 Rebenne et al., 1996
Phénol 0,36 (0,28) 2,19 (0,08).104 / 2,49 (0,98).102 Gallard et Von Gunten, 2002b
nd 3,52 (0,19).104 / nd Lee et Morris, 1962
p-crésol 0,09 (0,05) 2,71 (0,49).104 / 1,69 (0,49).104 Gallard et Von Gunten, 2002b
2-MCP* nd 2,42 (0,08).103 / nd Lee et Morris, 1962
4-MCP* 0,02 (0,005) 2,17 (0,49).103 / 1,6 (0,4).x101 Gallard et Von Gunten, 2002b
nd 3,16 (0,22).103 nd Lee et Morris, 1962
2,4-DCP* nd 3,03 (0,09).102
/ nd Lee et Morris, 1962
2,6-DCP* nd 1,94 (0,11).102
/ nd Lee et Morris, 1962
2,4,6-TCP* nd 12,84 (0,69)
/ nd Lee et Morris, 1962
tableau I.13.
* MCR : monochlororésorcinol ; DCR : dichlororésorcinol ; MCP : monochlorophénol ; DCP :
dichlorophénol ; TCP : trichlorophénol.
La figure I.17 montre l’évolution des constantes apparentes d’ordre 2 (modélisée d’après les
résultats de Rebenne et al., 1996) pour le résorcinol et ses premiers dérivés chlorés. Pour des pH
compris entre 8 et 10, il est intéressant de noter que, malgré une diminution de la vitesse des
réactions élémentaires en fonction du nombre d’atomes de chlore sur le cycle aromatique, on
observe une augmentation de la vitesse apparente de décomposition des hydroxybenzènes. Ce
décalage s’explique par un déplacement des pKa. De plus, le décalage des minima de la constante
cinétique apparente vers les plus fortes valeurs de pH lorsque le degré de substitution augmente est
cohérent avec l’augmentation des valeurs des pKa de ces mêmes composés.
4
log kapp (M-1 .s -1)
2 Résorcinol
4-MCR
1 4,6-DCR
0
0 5 10 15
pH
Figure I.17. Evolution de la constante apparente de chloration en fonction du pH
figure I.17.
Pour les pH rencontrés dans les eaux naturelles, la réaction entre les formes protonées des
hydroxybenzènes et l’acide hypochloreux est la plus importante. En prenant comme référence la
forme mono-ionisée des hydroxybenzènes, il est possible de comparer leur réactivité vis-à-vis du
chlore (constantes k1.63). Ainsi, le résorcinol et l’orcinol sont les composés les plus réactifs. La
réactivité des hydroxybenzènes diminue avec l’augmentation de la substitution d’atome de chlore
33
sur le cycle aromatique. La présence d’un groupement méthyl en méta des groupements –OH
n’affecte pas de manière significative la réactivité des hydroxybenzènes.
Les vitesses de bromation des composés phénoliques sont environ 1000 fois plus rapides que celles
observées lors de la chloration. Néanmoins, l’acide hypochloreux et l’acide hypobromeux semblent
attaquer le cycle aromatique sur les mêmes positions (Acero et al., 2005).
Dans de nombreux cas, les relations entre structure et réactivité sont interprétées en comparant, pour
une même famille de composés et un oxydant donné, les constantes cinétiques de second ordre et
les constantes de Hammett. Ces dernières reflètent l’effet activant/désactivant global d’un
substituant sur le cycle aromatique. Deborde et von Gunten (2008) sur la base de nombreux travaux
(Lee et Morris, 1962 ; Rebenne et al., 1996 ; Gallard et von Gunten, 2002 ; Pinkston et Sedlack,
2004 ; Acero et al., 2005), montrent que les constantes cinétiques d’ordre 2 des réactions entre le
chlore, les ions phénoxide et les formes anioniques des dihydroxybenzènes sont proportionnelles
aux constantes de Hammett. Ces composés présentent des pentes négatives, caractéristiques d’une
réaction de type substitution électrophile. Cependant les mono et dihydroxybenzènes présentent
deux corrélations différentes : pour une même valeur de Σσo,m,p, les dihydroxybenzènes sont
environ 100 fois plus réactifs que les monohydroxybenzènes (figure I.18). Néanmoins, en
recalculant les constantes de Hammett afin de tenir compte uniquement des sites d’attaque probable
(ortho et/ou para des fonctions phénoliques), Deborde et von Gunten (2008) montrent que ces deux
familles de composés présentent une corrélation commune, ce qui implique un mécanisme de
dégradation similaire.
12 1,3-dihydroxybenzene (anions)
phénolate
10 phénolate + 1,3 dihydroxybenzènes (anions)
8 Corrélation
classique
log k
2 Corrélation corrigée
Deborde et von Gunten (2008)
0
-2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1
Σσo,m,p
Figure I.18. Corrélation de Hammett pour la chloration de composés hydroxybenzèniques.
D’après Deborde et von Gunten, 2008
figure I.18.
34
Chapitre I : Synthèse bibliographique
désinfection au chlore, à l’ozone et à la monochloramine d’eaux contenant des ions iodure (Bichsel,
2000).
Des études ont montré que l’utilisation de la monochloramine, en remplacement du chlore, permet
de réduire de manière significative la formation de THM (Reckhow et Singer, 1985 ; Carlson et
Hardy, 1998 ; EPA, 1999 ; Hua et Reckhow, 2007 ; Lu et al., 2009). L’élimination des précurseurs
est une autre voie couramment envisagée pour réduire la formation de chloroforme. Une pré-
ozonation permet notamment la destruction efficace des structures responsables de la formation des
THM (Reckhow et Singer, 1985 ; Croué et al., 1989).
D’un point de vue plus fondamental, les composés possédant des structures de type β-dicétone et β-
diol conjugués sont particulièrement réactives (c.f. paragraphe I.4.1.2). Ces structures, aliphatiques
ou aromatiques représenteraient un type de précurseurs importants pour la formation de THM lors
de la chloration de MON (Reckhow et Singer, 1985). Les alcools aromatiques sont aussi de fort
précurseurs de chloroforme (Norwood et al., 1980). Le résorcinol et les composés possédant des
structures similaires (phloroglucinol, orcinol…) conduisent à des productions de chloroforme
proches de 0,9 mole de CHCl3 formé par mole de résorcinol (Norwood et al., 1980 ; De Laat et al.,
1982 ; Boyce et Hornig, 1983 ; Gallard et von Gunten, 2002b). Cette réactivité est liée à la double
activation du carbone situé entre les deux groupements –OH. L’atome de carbone du chloroforme
provient du carbone en position 2 sur le cycle aromatique (Boyce et al., 1983). D’après Norwood et
al. (1980 ), ce type de structure conduirait à une formation importante de chloroforme car le
carbone libre entre les deux groupements -OH induirait à une résonance cétone-énol pouvant
stabiliser l’intermédiaire carbanion.
Bien que les composés aromatiques de type β-dicétone et β-diol conduisent à des rendements de
formation de chloroforme importants, le chloroforme ne représente qu’un des nombreux sous-
produits formés lors de la chloration. De plus, la quantité de chlore incorporée dans le chloroforme
est faible (< 50 %) par rapport à la quantité de chlore consommée (De Laat et al., 1982 ; Reckhow
et Singer 1985 ; Dickenson et al., 2008)
La présence de fonctions alkyles sur les autres positions du cycle aromatique ne semble pas affecter
le rendement de formation de chloroforme. Il en est de même pour les composés dicycliques comme
le 1,3-dihydroxynaphtalène (Boyce et Horning 1980). La présence d’une fonction acide sur le cycle
aromatique conduit à des rendements de formation de chloroforme différents suivant sa position. Un
rendement de formation de 90 % est observé dans le cas de l’acide 2,4-dihydroxybenzoïque alors
que l’acide 3,5 dihydroxybenzoïque, dans les mêmes conditions, ne conduit qu’à des rendements
proches de 50 % (Boyce et Horning 1980 ; Norwood et al., 1980). A l’exception de l’acide citrique,
les acides carboxyliques, aliphatiques ne présentent que de faibles rendements de formation de
CHCl3 (Larson et Rockwell, 1979).
La cinétique de formation de chloroforme a été étudiée pour divers composés modèles. La vitesse
de formation du chloroforme à partir de nombreux précurseurs est régie par une loi cinétique
d’ordre global 2 (ordre 1 par rapport à chacun des composés) (De Laat et al., 1982 ; Gallard et von
Gunten, 2002b ; Arnold et al., 2008). La vitesse de formation de chloroforme dépend aussi du pH.
Alors que le mécanisme de formation de CHCl3 fait intervenir de nombreuses étapes, il est
intéressant de noter que la loi cinétique s’exprime par un ordre entier. Ceci indiquerait qu’une
unique réaction régirait la vitesse de formation de chloroforme. Il est ainsi possible de modéliser la
formation de chloroforme par cette seule étape cinétiquement limitante.
Dans le cas de la chloration de cétones, l’étape cinétiquement limitante de la réaction haloforme est
la déprotonation du carbone en α afin de former un carbanion en équilibre avec sa forme énolate
avant l’attaque de HOCl (Bartlett, 1934 ; Bartlett et Vincent, 1935). Dans le cas de la chloration des
35
composés aromatiques, l’étape de chloration du dérivé trichloré pourrait constituer l’étape
cinétiquement limitante (Heasley et al., 1989). La vitesse de formation de chloroforme lors de
chloramination de composés modèles n’a fait l’objet d’aucune étude. Cependant, compte tenu du
mécanisme de formation proposé par Heasley et al. (1999), il semble peu probable de pouvoir
décrire la vitesse de formation de CHCl3 par une cinétique d’ordre global 2. En effet, en présence
d’ammoniaque, des réactions compétitives à la formation de CHCl3 ont été observées (figure I.19).
OH
Cl Cl
NH2Cl
H 2O
OH - CO
2
Cl
Cl Cl Cl Cl
Cl Cl
O
H2O NH2Cl
Cl Cl Cl Cl Cl
OH
Cl Cl Cl
+ CHCl3 O + NH+3 Cl
NH+ + O
2Cl
1.5
CHCl3 (µM)
lent HOCl
1
MON =
OH OH
0.5 rapide
+
HOCl
OH
0
0 100 200 300 400 500
Temps (heures)
Figure I.20. Modélisation de la formation de chloroforme lors de la chloration de
matières organiques naturelles (MON). D’après Gallard et von Gunten, 2002a
figure I.20.
36
Chapitre I : Synthèse bibliographique
Zhang et al. (2009), en étudiant la formation de SPD de la chloration de différentes MON, montrent
que la vitesse de formation des HAA est plus élevée que la vitesse de formation des THM. De plus,
la formation de HAA est favorisée à pH acide alors que les THM sont formés plus facilement à pH
basique. La fraction hydrophobe acide des MON (HPOA) et les MON d’origine algale sont
particulièrement réactives vis-à-vis du chlore et conduisent à des rendements de formation de THM
et de HAA importants (Chen et al., 2008). La figure I.21 propose un mécanisme de formation des
acides haloacétiques.
Précurseur modèle
OH
Cl Cl Précurseur modèle
O Cl
R R
HOCl R R
OH
R Cl O O O O
ouverture de cycle
HOCl
R' = Cl Cl
Cl O Cl O Cl O Cl
Cl Cl
Cl
HOCl
TCAA R Cl R Cl Cl R Cl
Cl Si
R=H
Cl OH rapide
OH- HOCl
Cl CHCl3
O HOCl O Cl
rapide
R = CH
Cl Cl Cl
DCAA
Cl R Cl
OH OH
Cl + Cl Cl
OH-
O O
Cl Cl R= Cl Cl
Cl Cl Cl Cl
OH OH
Cl Cl Cl
lent
O O OH O
Figure I.21. Mécanisme de formation des acides haloacétique. D’après Roberts et Caserio,
1968 ; Reckhow et Singer, 1985 ; Heasley et al., 1999
figure I.21.
37
Lors de la chloramination de MON, la production de HAA est 10 à 20 fois plus faible que celle
observée lors de la chloration (Cowman et Singer, 1996). De plus, le traitement à la
monochloramine favorise la formation du DCAA par rapport à celle du TCAA.
Qi et al. (2004) montrent que le mode de traitement (monochloramine préformée ou formée in situ)
présente une influence sur la formation des SPD tels que les HAA. Plus tard, Lu et al. (2009) et
Zhang et al. (2009) suggèrent que la formation de HAA lors de la chloramination des MON pourrait
provenir de la réaction du chlore libre (libéré par hydrolyse de la monochloramine) sur les sites
réactifs des MON. De plus la formation de HAA est moins sensible à une augmentation de la dose
de désinfectant dans le cas d’un traitement à la monochloramine que dans le cas d’un traitement au
chlore (Lu et al., 2009).
Ces différents travaux mettent en évidence que la formation d’AOX à partir de la chloration de
composés simples dépend de la structure de ces composés et des groupements fonctionnels présents.
Dickenson et al. (2008) observent une corrélation entre la demande en chlore et formation d’AOX.
Les composés phénoliques testés (résorcinol et phénol) se caractérisent par une forte demande en
chlore (8-10 mol/mol), et une forte formation d’AOX (3-5 mol éq Cl- /mol) respectivement pour le
résorcinol et le phénol. Les composés aliphatiques β-dicarbonylés présentent des demandes et des
rendements de formation d’AOX plus modérés. A l’exception de quelques composés, 40 à 50 % du
chlore consommé est incorporé dans les AOX. Lors de la chloration de MON, les AOX sont formés
préférentiellement à partir de structures aromatiques. Cependant, bien que les acides humiques
produisent plus d’AOX que les acides fulviques, aucune corrélation entre groupements phénoliques
et formation d’AOX n’est observée dans le cas des acides humiques alors qu’une bonne corrélation
est observée dans le cas des acides fulviques (Reckhow et al., 1990).
Il est intéressant de confronter les résultats obtenus pour les sous-produits simples (THM, HAA) à
une analyse globale telle que les AOX (tableau I.14). Ainsi les AOX formés lors de la chloration du
résorcinol sont principalement constitués de chloroforme. Il en est de même pour l’acétophénone,
bien que ce composé présente des rendements de formation de CHCl3 10 fois plus faibles que le
résorcinol. Les HAA formés sont majoritairement sous forme de TCAA. Dans certain cas, le TCAA
représente une part importante des AOX formés (phénol, benzaldéhyde, acide 4-hydroxy-3-
méthoxy-benzoïque). A quelques exceptions près, où le chloroforme et les HAA représentent la
majorité des AOX formés, une grande partie des composés organohalogénés n’est pas identifiée.
38
Chapitre I : Synthèse bibliographique
39
CHAPITRE II :
DECOMPOSITION DES CHLORAMINES
EN ABSENCE DE COMPOSES
ORGANIQUES
CHAPITRE II :
DECOMPOSITION DES CHLORAMINES
EN ABSENCE DE COMPOSES ORGANIQUES
II.1. Introduction..............................................................................................................................41
CHAPITRE II :
DECOMPOSITION DES CHLORAMINES EN ABSENCE DE
COMPOSES ORGANIQUES
II.1. Introduction
La complexité du mécanisme de décomposition des chloramines, présenté dans le chapitre I,
implique une étude préalable de leur stabilité en absence de composés organiques. En effet, dans le
cadre d’une étude sur la cinétique de consommation de NH2Cl par des composés organiques
modèles, il est nécessaire de connaître la vitesse d’autodécomposition de NH2Cl dans l’eau pure, car
elle n’est pas nécessairement négligeable par rapport aux vitesses de réaction avec certains
composés organiques.
En outre, une simple demande en monochloramine requiert aussi cette attention. Une soustraction
de la demande en NH2Cl d’un témoin sans composé organique n’est applicable que dans le cas où la
consommation en NH2Cl dans le témoin est faible devant la consommation en NH2Cl en présence
de composés organiques.
Cette étude a donc pour but d’examiner l’influence du pH, la nature du tampon (phosphate, ou
carbonate) et sa concentration sur la décomposition de la monochloramine. De nombreux suivis
cinétiques ont été effectués pour des teneurs initiales en chlore total comprises entre 1 et 2 mM en
excès d’azote ammoniacal (N/Cl ≈ 2) pour une température régulée à 25°C. Le suivi du chlore total
a été effectué par dosage iodométrique au thiosulfate de sodium et/ou par dosage
spectrophotométrique du I3- en présence d’ions iodure. L’évolution du spectre UV-Visible apporte
des informations notamment sur la spéciation des chloramines. Enfin la production d’ions nitrate a
été étudiée sur quelques expériences. Le suivi de la concentration résiduelle en chloramines a été
effectué sur des périodes variant de 100 à 1700 heures en fonction des conditions expérimentales.
Ce travail permet dans un premier temps de définir les conditions optimales de stabilité de la
monochloramine en absence de composés organiques. Ces conditions seront alors adoptées pour
l’étude des composés organiques. Le second objectif de ce travail est de vérifier les modèles
proposés dans la littérature avec nos conditions expérimentales. Outre l’intérêt fondamental que
cette étude présente, la modélisation cinétique de la décomposition des chloramines en absence de
composés organiques contribue à la compréhension de la réactivité des chloramines sur les
composés organiques. En effet, dans le cas de composés organiques faiblement réactifs, l’étude doit
tenir compte de l’ensemble des réactions conduisant à la décomposition de la monochloramine.
Pour cela nous avons envisagé d’appliquer certains modèles présentés dans le chapitre I. Les
simulations sont effectuées à l’aide du logiciel Copasi 4.5.
Après la description des matériels et méthodes utilisées dans cette étude, la première partie de ce
chapitre est consacrée à la présentation des résultats expérimentaux obtenus en eau ultra-pure puis
en milieu tamponné. La seconde partie aura pour but de tester et de valider un modèle cinétique
permettant de simuler la décomposition de la monochloramine. Les réactions et les équations
présentées dans ce chapitre font l’objet d’une numérotation indépendante du chapitre I.
41
II.2. Matériel et méthodes
II.2.1. Préparation des solutions
Toutes les solutions ont été préparées à partir de réactifs de qualité analytique et d’eau purifiée, de
résistivité 18,2 MΩ.cm, produite par un système Millipore (Milli RX75/Synergy 185). Les solutions
mères de chlorure d’ammonium (Fisher Scientific, > 99%) et de chlore libre (NaOCl, 13 %, Acros
Organics) sont stockées à 4°C à l’abri de la lumière.
Les solutions de monochloramine (1 − 2 mM) sont préparées au maximum quelques heures avant
utilisation, en ajoutant lentement et sous agitation rapide, le chlore libre dans une solution de
chlorure d’ammonium. Les solutions de monochloramine sont préparées en utilisant un rapport
molaire azote sur chlore (N/Cl = [Azote ammoniacal]0/[Chlore total]0) proche de 2. Un spectre UV
de la solution de monochloramine fraîchement préparée est réalisé afin de vérifier que le chlore
libre est intégralement converti en monochloramine.
Les concentrations en chlore et en monochloramine dans les solutions mères sont déterminées par
titrage iodométrique au thiosulfate de sodium 0,01 M (Prolabo, > 99,9 %) (Standard Methods,
4500-Cl). Le pH est mesuré avec un pH-mètre PHM 250 (Radiometer) équipé d’une électrode de
verre (Radiometer, CL114 JB).
Lors de l’étude de l’influence des ions phosphate (NaH2PO4 et Na2HPO4, Acros Organic) et
carbonate (NaHCO3, Acros Organic, 99,7 %) sur la décomposition de la monochloramine, les ajouts
de chlorure d’ammonium et d’hypochlorite de sodium sont réalisés directement dans la solution
tampon préalablement ajustée au pH souhaité par HCl ou NaOH. Toute la verrerie est nettoyée avec
une solution de chlore (≈ 1 mM) et laissée sous chlore avant les expériences.
42
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
pH mètre
régulateur
Réservoir
gradué Electrode
(NaOH ou HCl)
Pompe Bain thermostaté
Péristaltique (25°C)
Réacteur
Agitateur
magnétique
Figure II.1. Schéma du réacteur utilisé pour les expériences en absence de tampon
figure II.1.
500
NH2 Cl
400
NHCl2
ε (M .cm )
-1
300
-1
200
100
0
200 250 300 350
λ (nm)
Figure II.2. Spectres UV de la monochloramine et de la dichloramine
figure II.2.
43
L’évolution des spectres UV (200 - 400 nm) a été suivie en cours de réaction afin de pouvoir
calculer les concentration en NH2Cl et en NHCl2. En considérant que les concentrations en chlore
total et que les valeurs d’absorbance des solutions mesurées à diverses longueurs d’onde
correspondent uniquement à la présence de NH2Cl et de NHCl2, nous pouvons écrire les relations
suivantes :
où A254 nm et A294 nm représentent respectivement les absorbances mesurées aux longueurs d’onde de
254 nm et de 294 nm avec une cuve de trajet optique égal à l. Compte tenu de la possible formation
d’ions nitrate lors de la dégradation de la monochloramine, il est préférable, afin de minimiser les
interférences, de tenir compte de l’absorbance à 254 nm plutôt que de celle à 244 nm.
avec ε NH2Cl, 254 = 369 M-1 cm-1 ε NH2Cl, 294 = 15 M-1 cm-1
ε NHCl2, 254 = 136 M-1 cm-1 ε NHCl2, 294 = 289 M-1 cm-1
Pour des pH plus élevés (pH > 7,5), on note que les valeurs diffèrent significativement entre les
deux méthodes. Cet aspect, illustré sur la figure II.3.b sera discuté ultérieurement (paragraphe
II.3.4). Néanmoins, pour les pH supérieurs 7,5 le chlore total est essentiellement représenté par la
monochloramine.
44
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
(a) (b)
2
Dosage iodométrique 2 Dosage iodométrique
Calcul par spectrophotométrie Calcul par spectrophotométrie
1,5
1,5
[Cl2 ]tot (mM)
0 0
0 50 100 150 200 0 500 1000 1500 2000
Temps (h) Temps (h)
Figure II.3. Différence entre la mesure du chlore total par iodométrie et par spectrophotométrie
(a) pH = 6,0 ; expérience n° EUPR6.0. (b) pH = 8,2 ; expérience n° EUPR8.2
figure II.3.
Les ions nitrite et nitrate ont été analysés par chromatographie d’appariement d’ion. Les analyses
chromatographiques ont été réalisées sur une chaîne Waters (W600 controller ; W717plus
Autosampler) équipé d’une colonne C18 (Agilent Zorbax 300A) et d’un détecteur UV (Waters
W486) mesurant l’absorbance à λ = 215 nm. L’éluant est composé de dihydrogénophosphate de
potassium (1,36 g.L-1) et d’hydrogénosulfate de tétrabutylammonium (0,85 g.L-1), dont le pH est
ajusté à 6 par une solution d’acide chlorhydrique. Les ions nitrite et nitrate sont respectivement
élués à 7,4 et 11,5 min pour un débit de 1 mL.min-1.
II.2.4.1. pH acide
Pour des pH < 6, il est possible de suivre les concentrations en NH2Cl et NHCl2 en fonction du
temps pendant les premières heures en négligeant la perte de chlore total.
[Cl2]tot = [NH2Cl]tot + 2 [NHCl2] = constante (2.1)
La réaction 2.6 s’explique par l’existence d’un équilibre entre les formes neutres et protonées de la
monochloramine (réaction 2.7) puis par réaction de la forme protonée (NH3Cl+) sur la forme neutre
(NH2Cl) (réaction 2.8).
45
NH3Cl+ NH2Cl + H+ KNH3Cl+ = k+ / k- (2.7)
NH3Cl+ + NH2Cl NHCl2 + NH3+ H+ kNH3Cl+ (2.8)
Le paramètre expérimentalement mesuré est la concentration totale en NH2Cl notée [NH2Cl]tot avec
[NH2Cl]tot = [NH2Cl] + [NH3Cl+] (2.9)
− d[NH 2 Cl]
= − k + [NH 3Cl + ] + k − [NH 2 Cl][H+ ] + k NH Cl + [NH 3Cl + ][NH 2 Cl] (2.10b)
dt 3
Or l’équilibre (2.7) est considéré comme respecté sur l’intervalle de temps dt, soit
[NH 2 Cl][H+ ] + [NH 2Cl][H + ]
K NH Cl + = [NH Cl ] = (2.12)
[NH3Cl + ]
3
3
K NH Cl+
3
d’où
+
− d[NH 2 Cl]tot 2k NH3 Cl+ [H ]
= [NH 2 Cl]2 (2.13)
dt K NH Cl +
3
Ainsi pour un pH donné la décomposition de NH2Cl peut être décrite par une cinétique d’ordre 2
apparent (équation 2.14).
− d[NH 2 Cl]tot 2k NH Cl+ [H + ]
= k obs [NH 2 Cl]² avec k obs = 3
(2.14)
dt K NH Cl +
3
k obs K NH Cl+
soit k NH Cl + = 3
3
2[H + ]
Cependant l’expression de la dismutation des chloramines varie selon les auteurs. Valentine et
Jafvert (1988), entre autres, expriment la dismutation de la monochloramine sous sa forme
condensée :
2 NH2Cl + H+ NHCl2 + NH3 + H+ (2.15)
La cinétique de décomposition de la monochloramine est alors décrite par une cinétique d’ordre 3
(équation 2.16)
− d[NH 2 Cl]tot
= 2k H + [H + ][NH 2Cl]² (2.16)
dt
Il existe ainsi une relation simple reliant kH+ et kNH3Cl+ :
k NH Cl+
k H+ = 3
(2.17)
K NH Cl+
3
46
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
En plus des réactions citées précédemment, il est nécessaire d’inclure la réaction conduisant à la
perte de chlore total
NHCl2 + NH2Cl N2 + 3 Cl- + 3 H+ kdec (2.18)
Dans ces conditions, l’évolution de la concentration en chlore total peut s’écrire sous la forme
− d[Cl 2 ]tot − d[NH 2 Cl]tot 2d[NHCl 2 ]
= − (2.19)
dt dt dt
avec
+
− d[NH 2 Cl]tot 2k NH3Cl+ [H ]
= [NH 2 Cl]2 + k dec [NH 2 Cl][NH2Cl] (2.20)
dt K NH Cl+
3
et
− d[NHCl 2 ] k NH Cl + [H + ]
=− 3
[NH 2Cl]² + k dec [NHCl2 ][NH 2 Cl] (2.21)
dt K NH Cl +
3
En posant le principe de l’état stationnaire pour la concentration en NHCl2, nous pouvons écrire :
− d[NHCl2 ]
=0 (2.22)
dt
alors
k NH Cl+ [H + ]
3
[NH 2 Cl]2 = k dec [NHCl 2 ][NH 2Cl] (2.23)
K NH Cl +
3
et
+
− d[NH 2 Cl]tot 3k NH3 Cl+ [H ]
= [NH 2 Cl]2 = k obs [NH 2 Cl]2 (2.24)
dt K NH Cl+
3
Cette équation montre que la vitesse de disparition de la monochloramine suit une loi cinétique
apparente de second ordre par rapport à la concentration en NH2Cl et que la constante cinétique
apparente de disparition de la monochloramine est alors égale à 3 fois la constante de vitesse pour
l’étape initiale de dismutation de NH2Cl.
47
Par défaut les lois cinétiques s’appliquant à ces réactions sont définies par l’écriture de la réaction.
Ainsi la réaction précédente sera décrite par l’équation -d[NH3]/dt = -d[HOCl]/dt = d[NH2Cl]/dt =
k1 [NH3][NH2Cl]. Il est possible de définir de nombreuses autres lois cinétiques ; cependant, lors de
cette étude, aucune loi cinétique spécifique ne sera utilisée.
De nombreux composés intervenant dans les réactions présentent différentes formes acido-basiques.
Ces équilibres seront par la suite considérés comme toujours respectés en appliquant des constantes
cinétiques supérieures à la limite de diffusion dans l’eau.
Le rapport des constantes k1/k2 est choisi de manière à respecter le produit ionique de l’eau (Ke =
10-14). Ce type d’écriture a été utilisé pour décrire tous les équilibres acido-basiques du modèle.
Afin de simplifier les calculs, les concentrations de certaines espèces sont considérées comme
constantes au cours du temps. Dans toutes les simulations, la concentration en eau est fixée à 1 de
manière à respecter l’ordre 1 apparent des réactions d’hydrolyse. Lors de la simulation des courbes
à pH régulé, la concentration en ion H+ a été fixée à la valeur du pH de consigne.
48
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
Tableau II.1. Liste des expériences réalisées en eau ultra-pure pour des pH < 9
tableau II.1.
Durée [Cl2]tot 0 Libre (L) / [Cl2]tot f kobs
N/Cl pH0 [NH2Cl]f Code
(h) (mM) Régulé (R) (mM) (M-1.h-1)
7,5 2,1 1,75 5,5±0,1 R 1,73 0,57 154,11 EUPR5.5
56 1,93 2,07 5,7±0,1 R 0,70 0,7 91,92 EUPR5.7
159 1,67 1,80 6,0±0,1 R 0,37 0,16 39,97 EUPR6.0
166 1,61 1,86 6,2±0,1 R 0,59 0,15 37,36 EUPR6.2
5 2,11 1,89 6,2±0,1 R 1,98 1,43 39,47 EUPR6.4
142 1,66 1,81 6,5±0,1 R 0,52 0,48 10,51 EUPR6.5
110 1,69 1,78 7,1±0,1 R 0,81 0,81 5,30 EUPR7.1
210 1,61 1,86 7,5±0,2 R 0,27 0,27 3,50 EUPR7.5
233 1,59 1,89 8,0±0,1 R 0,90 0,90 2,28 EUPR8.0
1753 2,04 1,96 8,2±0,1 R 0,42 0,42 1,14 EUPR8.2
230 1,55 1,93 8,5±0,1 R 1,30 1,30 0,55 EUPR8.5
162 1,53 1,96 8,12 L (pHf = 5,2) 0,83 0,07 / EUPL8.1
456 1,50 8,93 L (pHf = 3,8) 0,30 0,18 / EUPL8.9
Pour les expériences réalisées sans régulation de pH, la dégradation de la monochloramine peut
conduire à une diminution rapide et importante du pH. La figure II.4 montre un exemple de suivi
des concentrations en monochloramine, dichloramine et du pH. Ces résultats mettent en évidence
différentes phases lors de la dégradation de la monochloramine. La première phase (I) consiste en
une zone de relative stabilité de la monochloramine accompagnée d’une diminution très lente du pH,
la dichloramine n’est pas détectée dans ce domaine. Lors de la seconde phase (II) la dégradation de
la monochloramine s’accélère et s’accompagne d’une augmentation de la concentration en
dichloramine et d’une nette diminution du pH et de la concentration en chlore total. La troisième
phase (III) est caractérisée par une faible valeur de pH et une concentration stable en chlore total ; la
dichloramine est l’espèce majoritaire dans cette zone. Il est intéressant de noter que la durée de la
phase de latence avant la phase de décomposition maximale est fortement dépendante du pH initial.
Plus celui-ci est élevé, plus la phase d’accélération de la décomposition de la monochloramine est
retardée.
(a) (b)
1,8 10 1,8 10
I II III Cl2 tot I II III
1,6 1,6
1,4 1,4 pH
Concentration (mM)
Concentration (mM)
8 8
Cl2 tot
1,2 1,2
1,0 1,0
pH
pH
6 6
0,8 0,8
NH2 Cl pH NH2 Cl
0,6 0,6
0,4 4 0,4 4
0,2 0,2
NHCl2 NHCl2
0,0 2 0,0 2
0,0 72,0 144,0 0 72 144 216 288 360
Temps (h) Temps (h)
49
Ces résultats montrent qu’il n’est pas possible de décrire l’évolution des concentrations en
monochloramine et en dichloramine par un modèle simple lorsque le pH varie. Aussi, afin de
simplifier l’interprétation des résultats, la plupart des expériences ont donc été réalisées à pH régulé.
La figure II.5 présente des exemples de courbes de disparition du chlore total obtenues à différents
pH (régulés). Les résultats montrent que la vitesse de disparition du chlore total augmente lorsque le
pH diminue.
1,0
0,6
0,4
pH = 8,5
pH = 7,1
0,2 pH = 6,5
pH = 6,0
0,0
0 24 48 72 96 120 144 168
Temps (h)
Figure II.5. Influence du pH sur la décomposition du chlore total, déterminé par iodométrie. Evolution
relative de la concentration en chlore total (sous forme de chloramines) en fonction du temps.
[Cl2] tot 0 ≈ 1,6 mM ; N/Cl ≈ 2. Expériences n°: EUPR6.0 ; EUPR6.5 ; EUPR 7.1 ; EUPR8.5
figure II.5.
La figure II.6 présente des exemples de courbes d’évolution des concentrations en monochloramine
et en dichloramine obtenues à pH 6,0, 6,5 et 7,1. Les résultats montrent clairement l’effet du pH sur
la décomposition de la monochloramine ainsi que sur la spéciation entre la mono et la dichloramine.
Il convient de noter qu’à pH > 7,5, plus de 99 % du chlore total est constitué de NH2Cl.
Concentration (mM)
Concentration (mM)
NH2Cl
NH2Cl
NH2 Cl
1,0 1,0 1,0
50
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
En considérant ces deux réactions, l’évolution de la concentration en NH2Cl peut être décrite par
l’équation 2.24. Le calcul détaillé est présenté dans le paragraphe II.2.4.
+
− d[NH 2 Cl]tot 3k NH3Cl + [H ]
= [NH 2Cl]² = k obs [NH 2Cl]² (2.24)
dt K NH Cl+
3
Cette équation montre que la vitesse de disparition de la monochloramine suit une loi cinétique
apparente de second ordre par rapport à la concentration en NH2Cl et que la constante cinétique
apparente de disparition de la monochloramine est alors égale à 3 fois la constante de vitesse pour
l’étape initiale de dismutation de NH2Cl.
La figure II.7 montre que pour toutes les expériences effectuées à pH ≤ 8,5 (pH régulé), la vitesse
de disparition de la monochloramine peut effectivement être parfaitement décrite par une loi
cinétique apparente d’ordre 2 par rapport à la concentration en monochloramine. Les constantes
cinétiques apparentes obtenues sont comprises entre 154 M-1.h-1 (à pH = 5,5) et 0,55 M-1.h-1 (à pH =
8,5). L’ensemble des résultats est présenté dans le tableau II.1.
3000 60
pH = 5,7 pH = 6,0
y = 1,60E+07x
[NH2Cl]-1 -[NH2Cl]0 -1
2500 50 2
kobs /3 (M-1 .h-1 )
R = 9,89E-01
2000 40
1500 30
pH = 6,5
1000 pH = 8,5 20
500 pH = 7,1 10
0 0
0 20 40 60 80 0E+00 1E-06 2E-06 3E-06 4E-06
+
Temps (h) [H ] (M)
Figure II.7. Détermination des constantes Figure II.8. Evolution de la constante
cinétiques apparentes d’ordre 2. pH = 5,7 apparente d’ordre 2 (kobs/3) en fonction de la
(EUPR5.7) ; pH = 6,0 (EUPR6.0); pH = 6,5 concentration en ions H+
(EUPR6.5) ; pH = 7,1 (EUPR7.1) ; pH = 8,5
(EUPR8.5)
figure II.7. figure II.8.
La figure II.8 montre que les valeurs des constantes cinétiques apparentes de dégradation de la
monochloramine (kobs) sont proportionnelles à la concentration en ions H+. Il est ainsi possible de
calculer la constante cinétique kH+.
kobs =3 kH+[H+] avec kH+ = 1,6.107 M-2.h-1 (2.26)
La valeur de kH+ obtenue au cours de cette étude (kH+ = 1,6.107 M-2.h-1) est du même ordre de
grandeur que les valeurs rencontrées dans la littérature (tableau II.2).
51
Tableau II.2. Constante kH+
tableau II.2.
kH+
Conditions expérimentales Références
(M-2.h-1)
Granstorm, 1954
2,6.107 I = 0,45 M ; 25°C cité par
Valentine et Jafvert,1988
9,9.106 I = 0,5 M ; 25°C Gray et al., 1978
pH = 3 - 4 acide phosphorique (50-200 mM) ;
2,3.107 Valentine et Jafvert,1988
[NH2Cl]0 =1,4 mM ; I = 0,2 M ; 25°C
1,6.107 Voir tableau II.1 Cette étude
Parmi les valeurs publiées, Valentine et al. (1988) ont obtenu une constante cinétique égale à
2,3.107 M-2.h-1 en étudiant la cinétique de dismutation de NH2Cl à pH acide (3 < pH < 4). Ces
expériences ont été effectuées en présence de concentrations variables en acide phosphorique et
avec des temps de réaction inférieurs à 1 min. Dans ces conditions, et en négligeant la perte de
chlore total, les auteurs ont montré que la vitesse de dismutation peut être catalysée par les ions H+
mais aussi par les différentes formes acido-basiques des ions phosphate. En considérant comme
négligeable la perte de chlore total lors des expériences, ces auteurs montrent que la constante
cinétique apparente d’ordre 2 peut s’exprimer selon l’équation 2.27 (selon un calcul similaire à
celui présenté dans le paragraphe II.2.4.1).
La valeur pour kH+ = 2,3.107 M-2.h-1 a alors été obtenue par interpolation à l’origine de la droite
2 kobs = f [H2PO4-] à pH = 3. Il n’est donc pas étonnant d’obtenir une valeur légèrement différente
de ces auteurs car le protocole expérimental ainsi que la méthode de calcul sont différents.
52
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
2,0
régulation du pH par NaOH
1,5
[Cl2]tot (mM)
1,0
0,5 régulation du
pH par HCl
0,0
0 24 48 72
Temps (h)
Figure II.9. Mode de régulation du pH utilisé en fonction de l’avancement de la réaction
à pH = 5,7 (EUPR5.7)
figure II.9.
2 NH2Cl + H+ NHCl2 + NH3 + H+ (2.28)
NH4+ NH3 + H+ (2.29)
La stœchiométrie de cette réaction implique donc la consommation d’une mole de H+ pour deux
moles de NH2Cl. Afin de vérifier la stoechiométrie de cette première étape, des expériences ont été
conduites de pH = 5,5 à 6,2 en suivant la quantité de H+ nécessaire à ajouter pour maintenir le pH
constant. La figure II.10 présente la l’évolution des concentrations en monochloramine et
dichloramine par spectrophotométrie UV. On soulignera que dans ces conditions, ce type de mesure
ne présente pas d’interférences. La figure II.10.b qui fait apparaître la présence de dichloramine à
t = 0 h, s’explique par un défaut de la régulation du pH. Lors de cette expérience, l’ajout initial de
HCl a provoqué une chute rapide du pH (pH<5 pendant quelques secondes) avant la stabilisation à
pH = 5,7.
Concentration (mM)
Concentration (mM)
H Ajouté (mmol)
H Ajouté (mmol)
H Ajouté (mmol)
NH2 Cl NH2 Cl
1,5 1,5 1,5
NH2 Cl
+
+
+
H
0,5 0,5 0,5
+
NHCl2 NHCl2 NHCl2 H
53
lors de ces expériences, l’azote ammoniacal est considéré comme étant essentiellement sous forme
NH4+. L’augmentation du pH lors des premières heures de réaction, et par conséquent la nécessité
d’ajouter des ions H+ pour maintenir le pH constant s’explique donc par la libération de NH3 dans le
milieu (réaction 2.8). Il est ainsi possible de calculer la stoechiométrie de cette étape. La figure II.11
représente quantité d’ions H+ ajoutée pour maintenir le pH constant lors de la dismutation de la
monochloramine.
1,5
Quantité d'ions H ajoutée (mmol)
y = 0,3801x
2
R = 0,9891
1,0
+
pH = 5,5
0,5
pH = 5,7
pH = 6,2
0,0
0 1 2 3 4
Quantité de NH2 Cl décomposée (mmol)
Figure II.11. Détermination du ratio molaire H+ ajouté / NH2Cl consommée à partir des
expériences effectuées à pH=5,5 (EUPR5.5), pH=5,7 (EUPR5.7) et pH=6,2 (EUPR6.2) dans les
premières heures de réaction
figure II.11.
Bien que la proportionnalité entre la consommation d’ions H+ du milieu et la dismutation de la
monochloramine existe, les résultats montrent une stœchiométrie apparente de 0,38 mol H+ / mol
NH2Cl consommée alors que le ratio attendu par l’examen de la seule réaction 2.28 est de 0,5 mol
H+ / mol NH2Cl (∆H+/∆NH2Cl).
Cette étape présente un effet antagoniste à celle d’interconversion sur la variation du pH. En effet
lorsque cette étape devient notable, on remarque une inversion sur la tendance de variation du pH.
Bien que la diminution du chlore total reste limité dans nos conditions, il semble nécessaire
d’introduire cette correction.
54
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
Compte tenu que la contribution de la perte de chlore total (100 x ∆[Cl2]tot/2∆[NHCl2]) lors des
premières heures de réaction représente environ 10 % de l’interconversion de la monochloramine
dans nos conditions (tableau II.1), il est possible de calculer la stœchiométrie apparente :
La stoechiométrie observée de 0,381 confirme la stœchiométrie décrite par l’examen des réactions
de dismutation et de destruction des chloramines.
Pour des temps de contact plus élevés, la réaction de destruction des chloramines contrôle
l’évolution du pH et conduit à augmentation de la concentration en ions H+. La figure II.12
représente la quantité d’OH- introduite nécessaire pour maintenir le pH constant en fonction de la
quantité de chloramines décomposée. La stœchiométrie apparente diffère significativement de la
stœchiométrie théorique calculée à partir de la seule réaction de destruction des chloramines (2.30).
Cependant, de nombreuses réactions font intervenir H+ et OH- notamment celles conduisant à la
formation des ions nitrates. Il n’est donc pas possible de déterminer une stœchiométrie exacte par le
seul examen des réactions.
4,5
Quantité d'ions OH ajoutée (mmol)
2,0
pH = 5,5
1,5
pH = 5,7
1,0 pH = 6,5
0,5
0,0
0 1 2 3 4
Quantité de chlore total décomposé (mmol)
Figure II.12. Détermination du ratio molaire H+ formé / chlore total décomposé
pH=5,5 (EUPR5.5), pH=5,7 (EUPR5.7) et pH=6,2 (EUPR6.2)
figure II.12.
55
Tableau II.3. Liste des expériences réalisées en eau ultra-pure pour des pH > 8,5
tableau II.3.
Durée [Cl2]tot 0 N/Cl pH0 ou [Cl2]tot f kobs Remarque Code
(h) (mM) [OH-] (M) (mM) (h-1)
233 1,55 1,93 pH = 8,5±0,1 1,30 7,40.10-4 Air EUPR8.5
-3
628 1,99 pH = 10,2 1,07 1,01.10 Air EUPR10.2
121 1,98 pH = 11,0 0,95 1,22.10-3 Air EUPR11.0
-3
335 1,61 pH = 12,2 1,00 1,48.10 Air EUPR12.2
119 2,22 [OH-] = 0,05 M 1,09 5,50.10-3 N2 NaOH0.05
47 2,12 [OH-] = 0,1 M 1,44 9,30.10-3 N2 NaOH0.1
- -2
47 2,12 [OH ] = 0,25 M 0,81 2,14.10 N2 NaOH0.25
32 2,12 [OH-] = 0,5 M 0,44 4,88.10-2 N2 NaOH0.5N
8 2,1 [OH-] = 1 M 1,00 9,82.10-2 N2 NaOH1N
29 2,14 [OH-] = 0,5 M 0,37 5,98.10-2 Air NaOH0.5A
9 1,96 [OH-] = 1 M 0,42 1,70.10-1 Air NaOH1A
27 2,3 [OH-] = 0,5 M 0,35 6,73.10-2 O2 NaOH0.5O
3 2,09 [OH-] = 1 M 0,85 2,90.10-1 O2 NaOH1O
Pour des pH basiques, on note que décomposition de la monochloramine peut être décrite soit par
une loi cinétique apparente d’ordre 1 soit par une cinétique apparente d’ordre 2. Cependant, pour les
expériences conduisant à une décomposition rapide de la monochloramine, on observe que
l’application de l’ordre 2 conduit à une déviation significative de la linéarité (figure II.13). Sur la
base de ces résultats, la décomposition en milieu basique sera envisagée comme présentant un ordre
1 apparent par rapport à la monochloramine. De plus, il est observé que, pour des concentrations en
ions OH- supérieures à 0,5 M, la présence d’oxygène dissous favorise la dégradation de la
monochloramine.
(a) (b)
2000
NaOH = 1 M (N2) 2
R = 0,994 NaOH = 1 M (N2)
ln ([NH2 Cl]0/[NH2Cl])
2
NaOH = 1 M (O2) R = 0,881
1500 NaOH = 1 M (O2)
2
R = 0,998
1
1000 2
R = 0,959
0,5 500
2
R = 0,996
2
R = 0,956
0 0
0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10
Temps (h) Temps (h)
Figure II.13. Détermination de l’ordre apparent à pH basique pour les expériences réalisées avec
une concentration en ions OH- = 1M. Expériences réalisées sous bullage d’azote (N2)(NaOH1N) ;
sans bullage d’azote (Air)(NaOH1A) et sous bullage d’oxygène (O2)(NaOH1O). (a) Linéarisation des
résultats selon une cinétique d’ordre 1. (b) Linéarisation des résultats selon une cinétique d’ordre 2
figure II.13.
La figure II.14 présente la détermination des constantes cinétiques apparentes d’ordre 1 pour des pH
compris entre 8,5 à 12,2. A ces pH, la présence d’oxygène dissous ne conduit à une modification
sensible de la vitesse de dégradation de la monochloramine. Ces résultats montrent que la vitesse de
dégradation augmente avec le pH de la solution. Une relation linéaire est observée entre la constante
56
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
0,8 0,3
pH = 8,5
ln ( [NH2Cl]0 / [NH2Cl] )
pH = 10,2 Sous O2
0,6 pH = 11,0 Sous Air
pH = 12,2 0,2
kobs (h-1)
Sous N2
0,4
0,1
0,2
y = 0,0973x
2
R = 0,9985
0 0
0 200 400 600 800 0 0,5 1
-
Temps (h) [OH ] (M)
Figure II.14. Détermination des constantes de Figure II.15. Détermination de kOH-
cinétique apparente d’ordre 1. Expériences n°
EUPR8.5, EUPR10.2, EUPR11.0 et EUPR12.2
figure II.14. figure II.15.
Le fait que la constante cinétique apparente soit proportionnelle à la concentration en ions OH-, peut
s’expliquer par la réaction 2.31, conduisant à la formation d’hydroxylamine, proposée par McCoy
(1954).
NH2Cl + OH- NH2OH + Cl- (2.31)
L’examen des spectres UV en cours de réaction pour les expériences à pH ≥ 13 montre la présence
d’un composé présentant un maximum d’absorption à 302 nm (figure II.16). Lors d’expériences
similaires, Anbar et Yagil (1962) interprètent ce composé comme étant l’ion peroxonitrite (OONO-)
formé en présence d’oxygène. L’ion peroxonitrite conduit à une interférence sur la mesure de la
monochloramine par spectrophotométrie, il est donc nécessaire de procéder à une correction de
l’absorbance mesurée afin de quantifier la monochloramine à 250 nm (équation 2.33) :
A250 nm corrigée = A250 nm – 0,33 x A302 nn. (Anbar et Yagil, 1962) (2.33)
Cette relation a été vérifiée et utilisée afin de déterminer la concentration en monochloramine lors
des expériences réalisées à pH ≥ 13 et en présence d’oxygène dissous. A partir de cette méthode,
Anbar et Yagil (1962) déterminent la constante d’hydrolyse en milieu basique de la
monochloramine (kOH- = 0,22 M-1.h-1). Néanmoins, cette constante cinétique est déterminée en
présence d’une quantité non contrôlée d’oxygène et ne peut pas par conséquent décrire la vitesse de
la seule réaction 2.31.
57
1
2
0,0 h avec O2
0,3 h 1h
0,8 (0 - 4 h)
0,8 h
1,7 h 1,5
3,0 h 14
A (cm-1 )
0,6
18,6 h min
A (cm-1 )
1
0,4
0,5
0,2 sans O2
(0 - 1h)
0 0
220 270 320 370 220 270 320 370 420
λ (nm) λ (nm)
Figure II.16. Evolution du spectre UV lors de Figure II.17. Influence de l’oxygène dissous sur
la dégradation de la monochloramine pour une la formation de l’ion peroxynitrite par
-
concentration en ions OH = 1 M sous bullage oxydation de l’hydroxylamine en milieu
d’oxygène ; Expérience n° NaOH1O basique. [NH2OH] 0 = 1,6 mM ; [OH-] = 1 M
figure II.16. figure II.17.
Les expériences menées sous bullage d’oxygène, sous air et sous bullage d’azote (figure II.15)
montrent un effet notable de la concentration en oxygène dissous sur la cinétique de décomposition
de la monochloramine pour pH ≥ 13. Cependant il n’est pas possible d’identifier laquelle des deux
réactions (2.34 et/ou 2.35) est responsable de l’accélération de la vitesse de décomposition :
Les vitesses de formation de l’ion peroxynitrite peuvent être décrite par une loi cinétique apparente
d’ordre 1. De plus, la vitesse de formation des ions peroxynitrite à partir d’une solution
d’hydroxylamine de concentration 1,6 mM, saturée en oxygène (20 – 22 mg O2.L-1), passe de 1,19
h-1 à 2,15 h-1 lorsque la concentration en ions OH- passe de 0,5 à 1 M. Ces résultats sont cohérents
avec la réaction 2.36.
Robinson et al. (2006) montrent que, pour des pH inférieurs à 8, la cinétique de cette réaction
s’exprime selon la relation 2.38.
58
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
La réaction entre l’hydroxylamine et la monochloramine n’est pas, selon cette étude, cinétiquement
limitante lors de la décomposition en milieu basique. Néanmoins, l’étude menée par Robinson et al.
(2006) pour des pH inférieurs à 8 peut ne pas s’appliquer aux fortes valeurs de pH. Ainsi, quelques
expériences complémentaires ont été effectuées à des pH plus élevés afin de vérifier si la réaction
entre la monochloramine et l’hydroxylamine peut être considérée comme instantanée.
La figure II.18 présente les tests de réduction de la monochloramine par l’hydroxylamine pour des
pH allant de 10 à 14. Si ces résultats confirment que la réaction entre la monochloramine et
l’hydroxylamine peut être considérée comme instantanée et totale pour des pH ≤ 11, il en est
autrement pour les plus fortes valeurs de pH. Des expériences complémentaires devront être menées
afin de mieux comprendre les mécanismes mis en jeu pour des pH > 11.
A (cm-1)
A (cm-1)
t = 1 min t = 1 min t = 1 min
0,5 t = 20 min 0,5 t = 20 min 0,5 t = 20 min
t = 20 h t = 20 h t = 20 h
0 0 0
220 270 320 220 270 320 220 270 320
λ (nm) λ (nm) λ (nm)
Le tableau II.4 présente les conditions expérimentales mises en œuvre lors de l’étude de la
dégradation de la monochloramine en présence d’ions phosphate. Compte tenu des valeurs de pH,
les concentrations en chlore total sont égales aux concentrations en monochloramine. La
concentration totale en ions phosphate, notée [PO4]tot correspond à la somme des différentes espèces
acido-basiques des ions phosphate.
59
Tableau II.4. Liste des expériences en tampon phosphate
tableau II.4.
Durée [Cl2]tot 0 [Cl2]tot f RCl/N pH0 pHf kobs Libre (L) / [PO4]tot Code
(h) (mM) (mM) (M-1.h-1) Régulé (R) (mM)
152 1,60 0,22 1,88 7,58 7,48 26,79 L 49,9 PO4.50L7.6
152 1,59 0,41 1,89 8,08 7,88 12,24 L 49,9 PO4.50L8.1
166 1,59 0,50 1,89 8,27 8,07 8,27 L 50,0 PO4.50L8.3
166 1,60 0,83 1,88 8,15 7,87 3,35 L 9,9 PO4.10L8.1
166 1,63 0,67 1,84 8,14 7,95 5,24 L 19,9 PO4.20L8.1
166 1,49 0,57 2,01 8,15 7,99 6,55 L 29,9 PO4.30L8.1
671 1,67 0,75 1,80 9,52 1,09 R 50,0 PO4.50R9.5
671 1,63 0,63 1,84 9,5 1,42 R 75,0 PO4.75R9.5
671 1,69 0,63 1,78 9,53 1,57 R 100,0 PO4.100R9.5
335 1,58 0,85 1,90 12,17 11,87 1,75 L 50,0 PO4.50L12.2
1753 1,32 0,16 3,03 8,2 7,87 L 25,0 PO4.25L8.2
1753 1,32 0,18 3,03 8,2 2,78 R 25,0 PO4.25R8.2a
1416 2,01 0,02 1,99 6,5 81,34 R 25,0 PO4.25R6.5
1416 2,01 0,05 1,99 7 39,69 R 25,0 PO4.25R7.0
1416 2,01 0,06 1,99 7,2 25,09 R 25,0 PO4.25R7.2
1416 2,01 0,15 1,99 7,8 8,93 R 25,0 PO4.25R7.8
1416 2,01 0,24 1,99 8,2 4,36 R 25,0 PO4.25R8.2b
(a) (b)
1,0 1,0
[Cl2 ]tot /[Cl2]tot 0 (mM)
0,8 0,8
0,6 0,6
EUP
EUP pH = 9,5
0,4 0,4
EUP pH = 8,0 [PO
Phosphate
4 ]tot = 30
30mM
mM
[PO4 ]tot = 10
Phosphate mM
10mM [PO
Phosphate
4 ]tot = 75
50mM
mM
0,2 [PO4 ]tot = 20
Phosphate mM
20mM 0,2
Phosphate 75mM
[PO4 ]tot = 100 mM
[PO ]
Phosphate
4 tot = 30 mM
30mM
0,0 0,0
0 48 96 144 192 0 48 96 144 192 240 288
Temps (h) Temps (h)
Figure II.19. Influence de la concentration en ions phosphate sur la décomposition du chlore total.
(a) pH = 8,0 expériences n° EUPR8.0 ; PO4.10L8.1 ; PO4.20L8.1 ; PO4.30L8.1.
(b) pH = 9,5 expériences n° EUPR9.5 ; PO4.30L9.5 ; PO4.75L9.5 ; PO4.100L9.5
figure II.19.
II.3.2.2. Influence du pH
Le pH est un paramètre très important dans la décomposition des chloramines. En présence de
tampon phosphate, son rôle est double puisqu’il gouverne d’une part la vitesse d’interconversion et
intervient d’autre part sur la répartition des différentes formes acido-basiques des ions phosphate,
60
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
dont la réactivité est très différente. La figure II.20 présente l’influence du pH la décomposition du
chlore total en présence de phosphates (25 et 50 mM).
(a) (b)
1,0 1,0
[Cl2]tot/[Cl2 ]tot 0 (mM)
pH = 8,2
Afin de souligner l’effet de la présence des ions phosphate aux différents pH, les expériences
menées à pH = 6,5 ; 7,0 et 8,2 en présence de tampon phosphate (25 mM) sont comparées aux
expériences réalisées dans les mêmes conditions en absence de tampon phosphate (figure II.21)
EUP
EUPpHpH == 6,5
6,5 EUP
EUP pH
pH == 7,1
7,0
[Cl2]tot/[Cl2]tot 0 (mM)
Figure II.21. Evolution de la concentration en chlore total en présence de tampon phosphate (25
mM) ; comparaison avec les expériences réalisées en eau ultra-pure. (a) pH = 6,5 ; expériences n°
EUPR6.5 et PO4.25R6.5. (b) pH = 7,0 ; expériences n° EUPR7.0 et PO4.25R7.0.
(c) pH = 8,2 ; expériences n° EUPR8.2 et PO4.25R8.2
figure II.21.
Comme lors des expériences réalisées en eau ultra-pure, la décomposition de la monochloramine
suit une cinétique apparente de second ordre. Les constantes cinétiques apparentes peuvent donc
être calculées selon les équations 2.25 et 2.27. La figure II.22 présente quelques exemples de
détermination des constantes cinétiques apparentes d’ordre 2 en présence d’ions phosphate. Pour
61
toutes les expériences réalisées en tampon phosphate, le chlore total a été déterminé par dosage
iodométrique, les spectres UV réalisés à chaque mesure ne mettent en évidence aucune trace de
dichloramine pour des pH supérieurs 7,5.
(a) (b)
4000
1000 pH = 8,1 2
R = 0,9993 [PO4 ]tot = 50 mM R2 = 0,9936
PO4.10L8.1
[PO4 ]tot = 10 mM 3500 pH = 7,6
PO4.50L7.6
[Cl2]tot-1 -[Cl2]tot 0-1
-1
PO4.20L8.1
[PO4 ]tot = 20 mM 3000 pH = 8,1
PO4.50L8.1
[Cl2]tot -[Cl2]tot 0
[PO4 ]tot = 30 mM
PO4.30L8.1 PO4.50L8.3
pH = 8,3
2500
2 2
R = 0,9985 R = 0,9994
2000
-1
500
1500
2
R = 0,9939 1000
500 2
R = 0,9987
0 0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 0 20 40 60 80 100 120 140 160
Temps (h) Temps (h)
Figure II.22. Détermination des constantes apparentes de décomposition du chlore total en
présence d’ions phosphate. (a) Expériences n° PO4.10L8.1 ; PO4.20L8.1 ; PO4.20L8.1.
(b) Expériences n° PO4.50L7.6 ; PO4.50L8.1 ; PO4.50L8.3
figure II.22.
Cependant afin de déterminer les constantes spécifiques aux ions HPO42- et H2PO4-, il est
nécessaire d’une part, de prendre en compte la constante kH+ déterminée précédemment et d’autre
part, de calculer la spéciation des ions phosphate. La généralisation de l’expression 2.6 aux espèces
capables de céder un ou plusieurs protons, conduit à l’équation 2.42 (Valentine et Jafvert, 1988)
Ainsi, il est possible d’exprimer les constantes cinétiques absolues pour les ions phosphate
(équation 2.43a).
62
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
0.8
(M .h )
-1
0.4
-1
4
+
2 0.2
0 0
0 5 10 15 0 50 100
- 2-
[H2PO4 ] (mM) [HPO4 ] (mM)
La concentration en ions nitrate et nitrite a été mesurée par HPLC à différents temps de contact en
eau ultra-pure à pH = 8,2 ainsi qu’en présence de tampon phosphate (25 mM) pour différents pH
(6,5 - 8,2). La figure II.25 présente un exemple d’évolution des concentrations en ions nitrate et en
chlore total (essentiellement sous forme NH2Cl) en fonction du temps à pH = 8,2. Ces résultats
montrent que la formation d’ions nitrate augmente conjointement à la décomposition de la
monochloramine.
63
70
2 -
NO3 ([PO4 ]tot = 25 mM)
60
1,5 -
50
NO3 (EUP)
[NO3 ] (µM)
[Cl2]tot (mM)
40
1
-
30
NH2 Cl (EUP) 20
0,5
NH2Cl ([PO4]tot = 25 mM) 10
0 0
0 200 400 600 800
Temps (h)
Figure II.25. Evolution de la concentration en chlore total (égale à la concentration en
monochloramine) et en ions nitrate. Expériences n° EUPR8.2 et PO4.25R8.2b
figure II.25.
Afin de faire apparaître une stoechiométrie empirique de formation des ions nitrate, la figure II.26
représente la quantité d’ions nitrate formée en fonction de la quantité de chlore total (sous forme
NH2Cl) décomposée. Ces résultats confirment d’une part la proportionnalité entre la formation
d’ions nitrate et la décomposition de la monochloramine. Ils mettent d’autre part en évidence que la
présence d’ions phosphate ne favorise pas (ou peu) la formation d’ions nitrate dans le sens où, pour
un avancement de la réaction identique entre les expériences réalisées en eau ultra-pure et en
présence de tampon phosphate, la formation d’ions nitrate est comparable. D’autre part, ces
résultats montrent une dérive importante par rapport à la linéarité lorsque l’avancement de la
réaction de dégradation de la monochloramine augmente. Ce point sera abordé plus en détail dans le
paragraphe II.4.3.
60
[NO3-] (µM)
40
20
0
0 0,5 1 1,5 2
[Cl2]tot - [Cl2]tot initial (mM)
Figure II.26. Détermination de la stoechiométrie apparente de formation des ions nitrate.
Expériences n° EUPR8.2 et PO425R8.2b
figure II.26.
64
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
La figure II.27 présente le pourcentage de conversion moyen du chlore total (sous forme NH2Cl) en
ions nitrate pour différentes conditions expérimentales. Ces résultats montrent que la formation
d’ions nitrate est favorisée par une augmentation du pH. Elle est néanmoins faible puisqu’elle
n’excède pas 3,5 % du chlore total décomposé.
3%
2%
1%
0%
pH = pH = pH = pH = pH = pH =
6,5 7,0 7,2 7,8 8,2 8,2
Figure II.27. Pourcentage de conversion du chlore total (NH2Cl) en ions nitrate. [PO4] tot =
25mM. Moyenne des valeurs (100 x ∆[NO3-] / ∆[Cl2] tot ), expériences n° PO4.25R6.5 ;
PO4.25R7.0 ; PO4.25R7.2 ; PO4.25R7.8 ; PO4.25R8.2b et EUPR8.2
figure II.27.
Lors des expériences à pH basique, on note un fort écart entre la concentration de NH2Cl (dans ces
conditions égale au chlore total) déterminée par dosage iodométrique et par spectrophotométrie
directe (figure II.3). Cet effet est lié à la présence d’un composé absorbant aux mêmes longueurs
d’onde que la monochloramine et n’oxydant pas les ions I-. Quelques injections HPLC ont permis
de montrer la présence d’un composé absorbant fortement jusqu’à 300 nm et élué entre 75 et 80
minutes dans les conditions d’analyse des ions nitrate.
Etant donné que la concentration de ce composé est inconnue, il n’est pas possible lui attribuer un
coefficient d’extinction molaire. Cependant, l’acquisition des spectres UV de solutions de
monochloramine (à différents stades de décomposition) permet, en connaissant la concentration de
NH2Cl déterminée par iodométrie et celle des ions nitrate par analyse HPLC, de proposer un spectre
UV moyen relatif du composé U (figure II.28). Ce spectre est confirmé par ceux obtenus lors des
analyses HPLC avec détection à barrette de diodes.
65
La spectre moyen présenté figure II.28 est calculé pour chaque longueur d’onde à partir de 34
spectres selon la relation 2.44.
1,0 0,6
744 h
Composé U 1760 h
0,8
336 h
0,4
AU (cm-1 )
A/A244 nm
0,6 Temps
168 h
0,4 77 h
0,2
0,2 NH2Cl
0,0 0
200 250 300 200 250 300 350
λ (nm) λ (nm)
Figure II.28. Spectres UV normalisés de la Figure II.29. Evolution de l’absorbance du
monochloramine et du composé U obtenus par composé U. Expérience n° PO4.25R8.2a
la relation 2.44. Moyenne de 34 spectres
mesurés lors de la dégradation de solutions de
monochloramine
figure II.28. figure II.29.
Le spectre du composé U présente une grande similitude avec celui de la monochloramine. La
longueur d’onde d’absorption maximale est de 244 nm pour ces deux composés. Cependant le
composé U présente une absorbance relative plus forte que la monochloramine entre 244 et 300 nm.
La figure II.29 présente l’évolution du spectre du composé U calculé selon la relation 2.44 en
fonction temps lors de la dégradation d’une solution de monochloramine. Ces résultats montrent
une augmentation continue de l’absorbance du composé U, il y a donc accumulation de ce produit
dans le milieu. Cette observation tend à montrer que ce composé est relativement inerte vis-à-vis
des autres espèces présentes dans le milieu. Par ailleurs, pour des temps de contact élevés,
l’absorbance de la solution à 244 nm est essentiellement liée à la présence de ce composé.
Etant donné que les ions nitrate présentent un coefficient d’absorption molaire nul à 254 nm, seule
la concentration en chlore total (assimilé à la concentration en monochloramine), déterminée par
iodométrie, est nécessaire pour calculer AU, 254. La relation 2.45 est alors utilisée pour calculer
l’absorbance du composé U à 254 nm pour les expériences durant lesquelles la concentration en
ions nitrate n’a pas été mesurée.
66
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
0,7
2 NH2 Cl ([PO4]tot = 25 mM) pH = 8,15
0,6 0,3 [PO4 ]tot = 10 mM
AU (EUP)
1,5 0,5 [PO4]tot = 30 mM
AU (cm-1)
[Cl2]tot (mM)
AU (cm )
-1
0,4 0,2
1 AU 0,3
([PO4]tot = 25 mM)
0,2 0,1 EUP pH = 8,2
0,5
0,1
NH2Cl (EUP)
0 0 0
0 200 400 600 800 0 0,5 1 1,5 2
Temps (h) Chlore total décomposé (mM)
Figure II.30. Evolution de la concentration en Figure II.31. Evolution de l’absorbance du
NH2Cl et absorbance du composé U en eau composé U en eau ultra-pure et en tampon
ultra-pure et en tampon phosphate (25mM) à phosphate (25mM) en fonction de la
pH = 8,2 (EUPR8.2 et PO4.25R8.2) concentration de chlore total décomposé
figure II.30. figure II.31.
Les travaux menés par Leung et Valentine (1994a) ont montré que l’ajout d’ions nitrite dans des
solutions de monochloramine favorise la formation du composé U. De plus, ces auteurs observent
une relation linéaire entre la formation de l’ion nitrate et du composé U. La figure II.32 présente
l’absorbance du composé U, calculée par la relation 2.45 en fonction de la quantité de nitrate formés.
Les résultats obtenus en présence d’ions phosphate sont cohérents avec les observations obtenues
par Leung et Valentine (1994a). Néanmoins, les résultats obtenus en eau ultra-pure montrent une
baisse significative de la formation du composé U pour une même quantité de nitrate formée. Le
mécanisme de formation du composé U en une seule étape à partir d’un intermédiaire I comme le
suggère Leung et Valentine (1994b) ne permet pas d’expliquer ce phénomène.
67
0,6 2
[PO4]tot = 25 mM R = 0,9281
0,5 pH = 8,2
pH = 7,8
0,4
AU (cm-1 )
pH = 7,2
0,3 pH = 7,0
0,2 pH = 6,5
68
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
(a) (b)
Concentration (mM) ,
1,5 1,5 Modèle de Valentine modifié
NH2Cl (points expérimentaux)
[NH2Cl] (mM) ,
0 0
0 24 48 72 96 120 144 168 0 24 48 72 96 120 144 168
Temps (h) Temps (h)
Figure II.33. Modélisation de la décomposition de la monochloramine en eau ultra-pure
à pH = 6,2 (expérience n° EUPR6.2) (a) Application des modèles de Valentine, Valentine modifié et
Diyamondoglu. (b) Simulation de l’évolution de la spéciation des chloramines par les modèles de
Valentine et Valentine modifié
figure II.33.
[NH2Cl] (mM) ,
Modèle de Valentine
modifié
1 1,00
Modèle de Valentine
0,5 0,50
Modèle de Diyamandoglu
0 0,00
0 24 48 72 96 120 0 48 96 144 192 240
Temps (h) Temps (h)
Figure II.34. Modélisation de la décomposition de la monochloramine en eau-ultra-pure.
(a) pH = 7,1 expérience n° EUPR7.1.(b) pH = 8,5 expérience n° EUPR8.5
figure II.34.
Ces résultats montrent que la décomposition de la monochloramine est légèrement surestimée par le
modèle de Valentine. Cependant, en modifiant la constante kH+ proposée dans le modèle par celle
déterminée précédemment, ce modèle présente une bonne concordance avec les résultats
expérimentaux à pH neutre et acide. Pour des pH plus basiques, on note une légère sous-estimation
de la décomposition par le modèle de Valentine modifié ou non. Notons par ailleurs que la
réévaluation de kH+ ne modifie que peu les résultats de la modélisation pour des pH > 8,5. La
spéciation monochloramine/dichloramine simulée par le modèle de Valentine est comparable aux
valeurs mesurées expérimentalement. Néanmoins la simulation de l’évolution de la concentration en
dichloramine présente un décalage dans le temps par rapport aux valeurs expérimentales.
69
2,0
pH = 10,2 1,5 pH = 12,2
Modèle de Valentine Modèle de Valentine
[NH2Cl] (mM) ,
[NH2Cl] (mM) ,
1,5
1,0
Points expérimentaux Points expérimentaux
1,0
0,0 0,0
0 96 192 288 384 480 576 0 48 96 144 192 240 288 336
Temps (h) Temps (h)
Figure II.35. Modélisations de la décomposition de la monochloramine en eau ultra-pure.
(a) pH = 10,2 expérience n° EUPR10.2. (b) pH = 12,2 expérience n° EUPR12.2
figure II.35.
La figure II.35 compare les courbes de décompositions observées et simulées en eau ultra-pure pour
des pH compris entre 10,2 et 12,2. Ces résultats mettent clairement en évidence l’incapacité des
modèles actuels à expliquer la décomposition de la monochloramine pour des fortes valeurs de pH.
A pH = 12,2, le modèle de Diyamandoglu semble conduire à une simulation cohérente, néanmoins
cela ne signifie pas que le modèle décrit de manière correcte les réactions ayant lieu. Cet exemple
illustre l’aspect critique de la modélisation cinétique. Dans ce domaine, il convient d’examiner la
formulation du modèle autant que les résultats qui en découle afin de juger la fiabilité de celui-ci.
Ce constat nous pousse donc à proposer une extension des modèles existants afin de décrire plus
justement les réactions mises en jeu et l’évolution de la concentration en monochloramine. Sur la
base des observations faites précédemment (paragraphe II.3.1) nous proposons un modèle unifié,
largement basé sur celui de Jafvert et Valentine et dont les modifications portent sur :
Ce modèle sera par la suite désigné sous le terme de modèle unifié. La figure II.36 présente les
résultats des simulations ainsi que les valeurs expérimentales. Ce nouveau modèle ne modifie pas
significativement les résultats obtenus pour les pH acides et neutres par rapport au modèle original.
Il permet néanmoins une meilleure simulation des courbes de décomposition en milieu fortement
basique (pH = 12 – 14). Pour les expériences à pH = 10,2 et 11,0 (non présentée ici), les courbes
simulées s’écartent significativement des valeurs observées. Cet effet peut provenir de l’existence
d’une réaction supplémentaire devenant négligeable pour des valeurs de pH > 12.
70
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
(a) (b)
2 2
Concentration (mM) pH = 6,2 Modèle unifié pH = 8,5
1,5 1,5
Points expérimentaux
0,5 0,5
NH2Cl
NHCl2
0 0
0 24 48 72 96 120 144 168 0 48 96 144 192 240
Temps (h) Temps (h)
(c) (d)
2 2
pH = 12,2
Modèle unifié Modèle unifié
pH = 10,2
1,5 1,5
[NH2 Cl] (mM)
1 1
Points expérimentaux
Points expérimentaux
0,5 0,5
0 0
0 96 192 288 384 480 576 0 48 96 144 192 240 288 336
Temps (h) Temps (h)
(e) (f)
pH = 13,0 pH = 14,0
2 2
Modèle unifié
[NH2 Cl] (mM)
1,5 1,5
Modèle unifié
1 1
Points expérimentaux
0,5 Points expérimentaux 0,5
0 0
0 24 48 72 96 120 144 168 0 12 24 36
Temps (h) Temps (h)
Figure II.36. Modélisations de la décomposition de la monochloramine en eau ultra-pure.
(a) pH = 6,2 expérience n° EUPR6.2. (b) pH = 8,5 expérience n° EUPR8.5.
(c) pH = 10,2 expérience n° EUPR10.2. (d) pH = 12,2 expérience n° EUPR12.2.
(e) pH =13 expérience n° NaOH0.1. (f) pH = 14,0 expérience n°NaOH1N
figure II.36.
71
II.4.2. Modélisation en tampon phosphate
La figure II.37 présente la modélisation de la décomposition de NH2Cl en présence de tampon
phosphate selon les modèles de Valentine, de Diyamandoglu et le modèle unifié.
1,5 pH = 7,2 ; [PO4 ]tot = 25 mM 1,5 pH = 8,2 ; [PO4]tot = 25 mM 1,5 pH = 8,2 ; [PO4]tot = 50 mM
[NH2Cl] (mM)
[NH2Cl] (mM)
[NH2Cl] (mM)
1,0 1,0 1,0
Modèle de Diyamandoglu
Modèle unifié
0,5 0,5 0,5
Modèle de Valentine
Seuls les deux modèles publiés seront testé car les modifications apportées au modèle de Valentine
ne portent pas sur les réactions conduisant à la formation de l’ion nitrate. Afin de mieux comparer
ces deux modèles aux observations, la formation de nitrate est représentée en fonction de la quantité
de monochloramine décomposée. Ce type de comparaison est effectué pour deux raisons majeures :
- limiter les différences entre les modèles liées à la vitesse de décomposition en NH2Cl ;
aspect déjà discuté ultérieurement.
- s’affranchir du manque de données expérimentales sur la cinétique de formation des ions
nitrate aux faibles temps de contact.
La figure II.38 présente les résultats de cette étude pour trois pH différents (6,5 – 7,2 et 8,2) en
tampon phosphate 25 mM. De grandes différences sont observées entre l’expérience et la simulation.
Le modèle de Valentine sous-estime largement la conversion de NH2Cl en ions nitrate puisqu’il
prédit la formation de 0,08 µM de nitrate pour 1 mM de NH2Cl décomposée à pH = 8,2 alors que
l’on observe expérimentalement 30 µM de nitrate formé pour 1mM de NH2Cl décomposée. De plus,
l’évolution du pourcentage de conversion en fonction du pH est contraire à celle observée
expérimentalement. En effet, le modèle de Valentine prévoit une diminution du rendement de
formation des ions nitrates lorsque le pH augmente. De plus, ce modèle prédit une diminution du
72
Chapitre II : Décomposition des chloramines en absence de composés organiques
-
pH = 7,2 pH = 7,2
100
0,2 25
pH = 8,2
50 pH = 6,5
pH = 6,5
0 0 0
0 0,5 1 1,5 2 0 0,5 1 1,5 2 0 0,5 1 1,5 2
[NH2Cl]consommé (mM) [NH2Cl]consommé (mM) [NH2Cl]consommé (mM)
1,6 9
Données
Concentration (mM)
expérimentales
8
1,2 NH2 Cl
Modèle unifié
7
pH
0,8
6
0,4
5
NHCl2
0 4
0 24 48 72 96 120 144 168 0 24 48 72 96 120 144 168
Temps (h) Temps (h)
Figure II.39. Evolution d’une solution de monochloramine à pH non régulé (expérience n°
EUPL8.1). (a) Evolution des concentrations en monochloramine et dichloramine déterminée par
spectrophotométrie. (b) Evolution du pH.
figure II.39.
La figure II.39 présente la courbe de décomposition de la monochloramine en eau ultra-pure pour
un pH initial de 8,1. Le modèle permet de décrire avec une grande justesse les 3 phases du
processus de décomposition de la monochloramine observées sans régulation de pH. Cette dernière
étape permet de valider le modèle cinétique dans les conditions les plus délicates. En effet il a été
démontré précédemment qu’une faible variation du pH initial conduit à une variation importante de
73
la phase de latence. L’évolution des concentrations en monochloramine et en dichloramine
observées est cohérente avec les valeurs simulées, de plus la spéciation est respectée. Malgré une
légère sous-estimation du pH de la solution pour les temps de contact élevés, le modèle permet une
prédiction relativement fiable du pH.
II.5. Conclusion
Cette étude a eu pour objectif d’examiner l’influence du pH et de la concentration en ions phosphate
sur la vitesse de décomposition de la monochloramine (NH2Cl) et de tester la validité de modèles
cinétiques publiés dans la littérature pour la simulation des résultats expérimentaux.
Les résultats obtenus ont montré que les vitesses de décomposition de NH2Cl à un pH donné
peuvent être décrites par une loi cinétique apparente d’ordre 2 par rapport à la concentration en
NH2Cl et que les réactions de décomposition sont catalysées par les ions H+ (kH+ = 1,60.107 M-2.h-1),
par les ions H2PO4- (kH2PO4- = 581 M-2.h-1) et dans une moindre mesure par les ions HPO42-. Ce
travail a montré que la voie de dégradation de la monochloramine à pH basique, rarement évoquée
dans la littérature est décrite par une loi cinétique d’ordre 1 par rapport à chacun des constituants
(kOH- = 0,22 M-1.h-1).
La décomposition de NH2Cl est accompagnée de la formation d’ions nitrate (0,007 à 0,033 mole de
NO3- / mole de NH2Cl décomposée). Le rendement de formation de l’ion nitrate augmente avec le
pH et ne semble pas modifié par la présence d’ions phosphate. La dégradation à pH basique de la
monochloramine conduit à la formation d’hydroxylamine qui, en présence d’oxygène peut former
l’ion peroxynitrite (ONOO-) et conduire à une augmentation significative de la vitesse de
dégradation de la monochloramine. Pour des pH proches de la neutralité, la formation d’un
composé stable présentant un spectre d’absorption UV assez similaire à celui de NH2Cl a été
observée.
74
CHAPITRE III :
CHLORAMINATION DE COMPOSÉS
ORGANIQUES MODÈLES :
DEMANDE ET SOUS-PRODUITS
CHAPITRE III :
CHLORAMINATION DE COMPOSES ORGANIQUES
MODELES : DEMANDE ET SOUS-PRODUITS
III.6. Conclusion.............................................................................................................................109
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
CHAPITRE III
CHLORAMINATION DE COMPOSÉS ORGANIQUES MODÈLES :
DEMANDE ET SOUS-PRODUITS
III.1. Introduction
La monochloramine (NH2Cl) est un oxydant couramment utilisé pour la désinfection des eaux
potables dans les pays anglo-saxons, ainsi que pour le maintien des qualités microbiologiques des
eaux de circuits de refroidissement. La désinfection des eaux destinées à la consommation humaine
par la monochloramine est généralement utilisée lorsqu’un traitement au chlore conduit à une
formation trop importante de sous-produits halogénés. Malgré quelques études portant sur la
réactivité de NH2Cl sur les matières organiques naturelles (MON), les vitesses de réaction, les
mécanismes d'action et la formation de sous-produits avec des composés organiques simples sont
encore très mal connus.
La monochloramine peut conduire, par hydrolyse, à la formation de chlore libre. En présence d'un
excès d'azote ammoniacal, l'équilibre est très largement déplacé vers la formation de la
monochloramine (Soulard et al., 1984). Cependant, compte tenu de la forte réactivité de l’acide
hypochloreux vis-à-vis des composés hydroxybenzéniques (Rebenne et al., 1996 ; Gallard et von
Gunten, 2002b), la contribution du chlore libre, libéré par hydrolyse de la monochloramine, peut
conduire à une dégradation importante des précurseurs, notamment pour les rapports N/Cl proches
de 1.
Cette étude a donc pour but d’examiner la réactivité de la monochloramine vis-à-vis de 6 composés
phénoliques simples (phénol, catéchol, résorcinol, hydroquinone, pyrogallol et phloroglucinol). La
première partie de ce chapitre est consacrée à l’évolution des concentrations en monochloramine et
aux demandes en monochloramine. Dans un second temps, l’influence du rapport N/Cl sur les
productions de chloroforme, d’acides haloacétiques (HAA) et de composés organohalogénés totaux
(AOX) sera abordée. L’étude de la chloramination de quelques matières organiques naturelles sera
présentée à la fin de ce chapitre.
75
à 30. Un spectre UV de la solution de monochloramine fraîchement préparée est réalisé afin de
vérifier que le chlore libre est intégralement converti en monochloramine.
Les concentrations en chlore libre et en monochloramine dans les solutions mères sont déterminées
par titrage iodométrique au thiosulfate de sodium 0,01 M (Prolabo, > 99,9%). Le pH est mesuré
avec un pH-mètre PHM 250 (Radiometer) équipé d’une électrode de verre (Radiometer, CL114 JB).
Compte tenu du faible effet catalytique des ions carbonate sur la dismutation de la monochloramine,
(Jafvert et Valentine, 1992), un tampon carbonate a parfois été utilisé pour maintenir le pH constant
([CO32-]tot = 20 mM). Le pH initial des solutions a été ajusté par ajout de soude ou d’acide
chlorhydrique. Toute la verrerie est nettoyée avec une solution de chlore (≈ 1 mM) et laissée sous
chlore avant les expériences.
SigmaUltra,
Phénol
≥ 99,5 % (GC) 100 mM 94,1
(P)
(Sigma-Aldrich)
OH
Catéchol OH ≥ 99 %
100 mM 110,1
(C) (Sigma-Aldrich)
OH
ACS reagent,
Résorcinol
≥ 99 % 100 mM 110,1
(R)
OH
(Sigma-Aldrich)
OH
4-chlororésorcinol 98 %
100 mM 145,6
(4-MCR) OH
(Aldrich)
Cl
OH
Cl
4,6-dichlororésorcinol 97 %
100 mM 181,1
(4,6-DCR) OH
(Aldrich)
Cl
OH
ReagentPlus
Hydroquinone ≥ 99%
100 mM 110,1
(H) (Sigma-Aldrich)
OH
OH
ACS reagent
Pyrogallol OH
99% 100 mM 126,1
(Py)
(Sigma-Aldrich)
OH
OH
Phloroglucinol ≥ 99 %
10 mM 126,1
(Ph) (Aldrich)
HO OH
76
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
Les concentrations initiales en composés organiques varient entre 1 et 100 µM. La réaction est
initiée par l’ajout, sous agitation rapide, du composé organique dans une solution de
monochloramine ou de chlore libre. Après ajout du précurseur dans la solution de chlore ou de
monochloramine, un volume de 10 mL de solution est immédiatement réparti dans une série de
flacon head-space de 20 mL (Chrompack). Les flacons sont hermétiquement fermés par une capsule
métallique contenant un septum en silicone recouvert de PTFE. 250 mL de solution sont conservés
dans une bouteille en verre ambré afin de mesurer la concentration résiduelle en monochloramine et
le pH de la solution à différents temps de réaction. Dans certains cas, les concentrations en carbone
organique total (COT) sont mesurées en début et fin d’expérience par un COT-mètre à combustion
catalytique SHIMADZU (TOC-VCSH).
Quelques expériences de chloramination ont été effectuées sur des matières organiques naturelles
(MON). Les trois types de MON étudiées proviennent des fractions hydrophobe (HPO) et
transphilique (TPH) extraites du lac du Cébron (France) et de l’eau de la Loire prélevée à
Dampierre en Burly (France). Les fractions HPO et TPH ont été solubilisées dans de l’eau ultra-
pure afin d’obtenir une concentration en carbone organique dissous (COD) proche de 2 mg.L-1.
Quelques expériences supplémentaires ont été conduites en défaut d’oxydant ([NH2Cl]0 / [Composé
organique]0 = 0,1 – 4 mol/mol) par rapport à la demande en monochloramine (mole de Cl2 tot
consommé par mole de précurseur initial). Norwood et al. (1980) donnent une demande en chlore
pour de fortes concentrations en résorcinol de 6,6 mol/mol. Cette valeur a été confirmée par De Laat
et al. (1982) en milieu plus dilué. Pour ce type d’expérience, les réactions sont initiées par l’ajout
d’un volume variable (10 – 400 µL) de chlore ou de monochloramine (2 mM) dans un flacon de 4,5
mL contenant 4 mL d’une solution de résorcinol à pH = 8,6. Après 1 et 5 heures de réaction
respectivement pour le chlore et la monochloramine, tout l’oxydant a été consommé par le
résorcinol. Afin de déterminer la concentration en chloroforme, 100 µL de cette solution sont
ensuite transférés dans un flacon head-space de 20 mL contenant 10 mL d’eau ultra-pure.
77
VT (A 351nm, ech − A 351nm, blanc )
[NH 2 Cl] (mol.L−1 ) =
VE ε 351nm
où A351,ech et A351,blanc représentent respectivement les absorbances mesurées à 351 nm pour
l’échantillon (VE = 4 mL) et le blanc (VEUP = 4 mL). La valeur du coefficient d’extinction molaire
de l’ion I3- (ε351 nm = 26 900 M-1.cm-1), déterminée à partir de différentes solutions de chlore et de
monochloramine de concentration connues, est cohérente avec les valeurs rapportées dans la
littérature (Bichsel et von Gunten, 1999 ; Awtrey et Connick, 1951).
L’analyse comporte une étape d’extraction des HAA par 4 mL de MTBE (Fluka Analytical for GC ;
> 99%) sur 10 mL d’échantillon dans lequel a préalablement été ajouté 20 µL d’étalon de
substitution (acide 2-bromopropanoïque à 20 mg.L-1 dans du MTBE), 0,8 mL d’acide sulfurique
concentré (Fisher Scientific ; > 99 %) et 3 g de Na2SO4 (Fluka ; > 99,9 %). Après extraction, 2 mL
de la phase organique sont prélevés, l’estérification des HAA est réalisée en ajoutant 1 mL d’un
mélange (CH3OH – H2SO4 ; 90:10 ; v:v) puis chauffé à 50°C pendant 2 heures. Après
refroidissement, le mélange est neutralisé par 4 mL d’une solution saturée en NaHCO3 (Acros
Organics ; > 99,7 %). Après agitation, un volume de 0,5 mL de la phase organique est prélevé et
ajouté dans 5 mL de MTBE, et 10 µL d’étalon interne (1,2 dibromopropane 25 mg.L-1 dans du
MTBE) sont ajoutés avant analyse.
78
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
Tableau III.2. Conditions chromatographiques pour l’analyse des HAA et des THM
tableau III.2.
CHCl3 HAA
Colonne J&B DB-624 J&B DB-1701
220°C
40°C
5 min
Programme de température
30 min 35°C 8 °C / min
8 min
Température du détecteur 300°C 300°C
Température de l’injecteur 250°C A froid
Pression N2 (gaz vecteur) 100 kPa
Les analyses d’AOX ont été réalisées après 72 heures de réaction. 10 mL d’échantillon sont ajoutés
dans une solution contenant 85 mL d’eau ultra-pure, 20 µL de sulfite de sodium (2 M), quelques
gouttes de HNO3 concentré et 5 mL de NaNO3 (0,2 M acidifié à pH = 1,5 par HNO3). Le mélange
est ensuite filtré sur deux cartouches de CAP en série (type Euroglass, CPI International) à un débit
de 1 mL.min-1 par un système DOHRMANN. Après filtration, les cartouches de CAP sont rincées
par une solution de nitrate de sodium (NaNO3 0,01 M ; pH = 3) afin d’éliminer les ions chlorure et
autres halogénures de la porosité des charbons. Les charbons sont ensuite pyrolysés à 1000°C sous
courant d’oxygène par un système DOHRMANN DX 20 afin de former les halogénures d’acide
(HCl dans les conditions expérimentales utilisées). Les halogénures d’acide sont ensuite dosés dans
une cellule microcoulométrique MC-3.
79
[NH2 Cl] (mM) 2 2
1 1
N/Cl = 1,1
N/Cl = 2
0,5 0,5 P H
N/Cl = 10
C Py
R Ph
0 0
0 24 48 72 96 120 144 168 0 24 48 72 96 120 144 168
Temps (h) Temps (h)
Figure III.1. Evolution de la concentration en Figure III.2. Evolution de la concentration en
monochloramine en absence de composé monochloramine en présence de composé
organique. [CO32-] tot = 20 mM ; pH = 8,5 organique (100 µM environ).
[CO32-] tot = 20 mM ; pH = 8,5
Ces premiers résultats montrent que pour certains composés phénoliques peu réactifs vis-à-vis de la
monochloramine, la quantité de monochloramine décomposée en absence de composé organique
80
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
Aucune de ces deux méthodes de calcul ne permet d’obtenir la valeur réelle de la demande en
monochloramine :
- l’équation 3.1 conduit à une surestimation de la demande en monochloramine par le
composé organique car elle ne prend pas en compte l’autodécomposition,
- l’équation 3.2 conduit à une sous-estimation de la demande en monochloramine car
l’autodécomposition est surestimée.
Cependant, il est possible d’encadrer la valeur réelle par ces deux méthodes de calcul simple. En
outre, il est important de souligner que, dans des conditions conduisant à de faibles décompositions
de la monochloramine dans le témoin, le calcul ne tenant pas compte de l’auto décomposition
(équation 3.1) conduira à des résultats plus proches de la valeur réelle que celui tenant compte de
l’autodécomposition (équation 3.2). Dans le cas inverse (forte autodécomposition dans le témoin), il
est préférable de prendre en compte l’autodécomposition de la monochloramine dans le calcul de la
demande.
1
∆ autodécomposition, t = [NH 2Cl]t - (3.3)
1
k obs (∆t ) +
[NH 2Cl]t
En sommant la quantité de monochloramine dégradée par autodécomposition, il devient possible de
calculer la demande en monochloramine d’un composé organique :
t
[NH 2Cl]0, éch − [NH 2Cl]t, éch − ∑ ∆ autodécomposition, i
Demande = i =0 (3.4)
[Composé organique]0
81
Malgré une légère sous-estimation de la demande réelle, cette méthode s’avère la plus fiable pour
estimer la demande en monochloramine (figure III.3). Compte tenu de la forte diminution de la
concentration en monochloramine dès les premières heures de réaction, il est important de réaliser
des mesures pour des temps de contact entre 1 et 3 heures afin de limiter la surestimation de
l’autodécomposition.
2,0
∆1
∆A
1,8
[NH2Cl] (mM)
1,4
NH2Cl +
1,2 ∆3
Résorcinol
1,0
0 24 48
Temps (heures)
∆A >> ∆1 + ∆2 + ∆3
82
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
6
Sans prise en compte de 4 Demande estimée par
,
4 l'autodécomposition (Eq. 3.1) modélisation de
Avec modélisation de l'autodécomposition du
l'autodécomposition (Eq. 3.4) 2 témoin
2
Avec soustraction de
l'autotodécomposition (Eq. 3.2)
0 0
0 24 48 72 96 120 144 168 0 24 48 72 96 120 144 168
Temps (heures) Temps (heures)
Figure III.4. Influence de la méthode de calcul Figure III.5. Comparaison entre demande
sur la détermination de la demande en calculée et demande théorique lors de la
monochloramine. Exemple du résorcinol, chloramination d’un composé fictif présentant
[NH2Cl] = 2 mM ; [R] 0 = 100 µM ; une demande ultime en monochloramine de 7,0
2-
[CO3 ] tot = 20 mM ; pH = 8,5 ± 0,1 ; N/Cl = 10 mol/mol
Seule une modélisation complète des réactions permettrait d’avoir accès à la demande réelle en
monochloramine. Cependant, compte tenu du nombre de réactions à prendre en compte, il n’est pas
possible d’écrire un tel modèle. En considérant par exemple un composé organique présentant une
demande en monochloramine de 7 mol/mol et dont la vitesse de réaction des différents sous-
produits avec la monochloramine est régi par une loi cinétique d’ordre global 2, il est possible de
simuler une courbe de demande semblable aux courbes expérimentales.
83
Demande en NH2Cl (mol/mol)
14
12
10
4
Ph R
2 Py C
H P
0
0 24 48 72 96 120 144 168
Temps (heures)
Figure III.6. Evolution de la demande en monochloramine en fonction du temps (équation 3.4)
[NH2Cl] 0 = 2 mM ; [Composé organique] 0 = 100 µM ;
[CO32-] tot = 20 mM ; pH = 8,5 ± 0,1 ; N/Cl = 2
Ces résultats mettent en évidence que le phénol est très peu réactif vis-à-vis de la monochloramine.
Le catéchol, l’hydroquinone et le pyrogallol ont des cinétiques de consommation de la
monochloramine similaires. Les composés les plus réactifs sont le résorcinol et le phlorogulcinol.
Le phénol présente une demande beaucoup plus faible que les autres composés. L’allure des
courbes diffère significativement entre les différents composés étudiés. Les composés les plus
réactifs (R, Ph) présentent deux phases différentes : une phase initiale de consommation très rapide
de la monochloramine suivie d’une phase lente de consommation. Cette « cassure » peut
s’expliquer par le fait que les premières réactions entre le composé organique et la monochloramine
sont beaucoup plus rapides que les réactions entre la monochloramine et les sous-produits
d’oxydation intermédiaires. Les courbes de demande en monochloramine en fonction du temps
révèlent aussi que les réactions ne sont pas terminées après 7 jours. Ces résultats suggèrent que la
demande en monochloramine ultime n’est pas atteinte et que les sous-produits de dégradation des
composés organiques consommeraient lentement de la monochloramine.
84
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
Comme l’a montré la figure III.5, l’équation 3.4 permet d’obtenir de très faibles écarts entre les
demandes calculées et les demandes réelles (écarts inférieurs à 3 %). La répétabilité sur la mesure
du chlore total montre que l’erreur expérimentale est inférieure à inférieure 2 %, soit une erreur
globale inférieure à 5 %. Une marge de sécurité est prise en considérant que seul un écart de
supérieur à 10 % entre les demandes est réellement significatif.
Augmentation de la demande (%) entre les,
15 150
Demande en NH2Cl (mol/mol)
N/Cl = 1,1
N/Cl = 2 125
N/Cl = 10
rapport N/Cl = 10 et 1,1
100
10
75
50
5
25
0 -25
P C R H Ph Py P C R H Ph Py
Figure III.7. Influence du rapport N/Cl sur la Figure III.8. Augmentation de la demande en
demande en monochloramine à t = 168 h. monochloramine lors du passage d’un rapport
[NH2Cl] 0 = 2 mM ; pH = 8,5 ± 0,1 ; N/Cl = 10 à un rapport N/Cl = 1,1.
[Composé organique] 0 = 100 µM ; [NH2Cl] 0 = 2 mM ; pH = 8,5 ± 0,1 ;
[Composé organique] 0 = 100 µM ;
85
Le rapport N/Cl étant le paramètre principal gouvernant la concentration en chlore libre pour un pH
donné, une diminution de ce rapport conduit à une augmentation de la concentration en chlore libre
dans le milieu. Il est donc particulièrement intéressant de comparer les valeurs obtenues lors de la
chloramination de ces composés à celles obtenues lors de la chloration. Le tableau III.5 présente
quelques demandes en chlore obtenues pour différentes conditions expérimentales. Malgré de nettes
différences de conditions expérimentales, les valeurs obtenues par De Laat (1982) et par Reckhow
et Singer (1985) sont très proches indiquant ainsi que les demandes publiées par ces auteurs
correspondent à des demandes ultimes en chlore. Concernant les demandes en monochloramine,
seules les valeurs à 72 et 168 heures sont présentées.
Alors que le phénol présente la plus forte demande en chlore (9,8 mol/mol), la demande en
monochloramine est quant à elle relativement faible (3,3 mol/mol après 72 heures de réaction).
Cette différence de réactivité permettrait d’expliquer la forte sensibilité au rapport N/Cl de la
demande en monochloramine du phénol. En effet, pour les faibles rapports N/Cl, la contribution du
chlore libre pourrait conduire à une augmentation notable de la demande en monochloramine.
Concernant l’hydroquinone et le pyrogallol, la forte augmentation de la demande en
monochloramine pour les faibles rapports N/Cl ne peut pas s’expliquer par la contribution du chlore
libre dans le mécanisme de dégradation de ces composés. En effet, les demandes en
monochloramine à 72 h sont plus importantes que les demandes en chlore. Dans un cas général, et à
l’exception du phénol, les demandes sont 1,14 à 2,36 fois plus importantes dans le cas d’un
traitement à la monochloramine que pour un traitement au chlore. Cette constatation est étonnante
étant donné que la monochloramine est communément admise comme un oxydant beaucoup moins
réactif que le chlore.
Les travaux effectués par Valentine et Jafvert (1988) ont montré que les espèces inorganiques
capables de céder un proton (HCO32-, H2PO4-…) peuvent catalyser la vitesse de dismutation de la
monochloramine (chapitre I.2). Les fortes demandes en monochloramine observées pour les
différents composés phénoliques étudiés pourraient s’expliquer par un effet catalytique des sous-
produits de chloramination. Heasley et al. (1999) ont montré que la formation de chloro-cétones et
86
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
OH Pr'
HOCl
NHCl2
H2O NH3 NH2Cl
OH NH2Cl
NH2Cl
Pr N2, NO3-, Cl-...
Figure III.9. Mécanisme expliquant la demande en monochloramine
La figure III.10 présente l’influence du rapport N/Cl à différentes concentrations sur la demande en
monochloramine. Ces résultats montrent qu’en excès d’azote ammoniacal, le rapport N/Cl ne
modifie pas significativement la demande en monochloramine à 24 h. La concentration initiale en
monochloramine est en revanche un paramètre influence fortement la demande en monochloramine
à 24 h (figure III.11). Il n’est pas surprenant que la demande en monochloramine augmente
conjointement avec la dose de monochloramine appliquée pour un temps donné. Cette
augmentation témoigne d’un avancement réactionnel d’autant plus élevé que la dose d’oxydant est
importante.
6 10
demande en NH2 Cl (mol/mol)
[NH2Cl]0 = 0,1 mM ;
6
[R]0 = 5 µM
3
4
2
2
1
0 0
0.1 0.5 1.25 2 0 100 200 300 400 500
[NH2Cl]0 (mM) Temps (h)
Figure III.10. Influence du rapport N/Cl et de Figure III.11. Influence de la concentration
la concentration sur la demande en initiale en monochloramine sur la demande pour
monochloramine à t = 24 h [NH2Cl] 0 / [R] 0 = 20 ; pH = 8,5 ; N/Cl = 5
8
24 h
48 h
6
(mol / mol)
5
20
4
3
10
2
1
0 0
R 4-MCR 4,6-DCR R 4-MCR 4,6-DCR
La figure III.13 montre que l’abattement de la concentration en carbone organique dissous (COD)
après 48 heures de réaction est assez élevé et compris entre 20 et 30 %. L’abattement du COD peut
provenir d’une production de CO2 (minéralisation du carbone organique) ou/et d’une perte de
composés volatils (comme le chloroforme) lors de l’analyse. Dans le schéma réactionnel résorcinol-
chloramine, Heasley et al. (1999) montrent que l’ouverture de cycle aromatique s’accompagne de la
perte d’une molécule de CO2 équivalent à une perte de COD de 17 %. Ces résultats tendent à
monter que la totalité du résorcinol conduit à la formation de sous-produits acycliques.
Lors de l’étude de la chloramination des 6 composés phénoliques, les abattements de COD sont
généralement compris entre 5 et 10 %. Les pertes en COD peuvent atteindre des valeurs importantes
(jusqu’à 30 %) pour certains composés tels que le résorcinol et le phloroglucinol. Néanmoins, une
étude complémentaire doit être menée afin de confirmer les résultats et d’expliquer plus
précisément l’effet du rapport N/Cl et de la structure des composés phénoliques sur l’abattement de
COD.
88
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
cas du résorcinol et du phloroglucinol, 3 sites disponibles sont activés en ortho des groupements –
OH. En ce qui concerne le pyrogallol, toutes les positions du noyau aromatique sont activées.
OH
3,3 (t = 72 h) 7,1 (t = 72 h) 10,0 (t = 72 h)
6,0 (t = 168 h) 9,5 (t = 168 h) 11,2 (t = 168 h)
OH
OH
6,1 (t = 72 h) 11,2 (t = 72 h) 7,5 (t = 72 h)
8,4 (t = 168 h) 12,1 (t = 168 h) 9,4 (t = 168 h)
HO OH
OH
OH
Figure III.14. Orientation des réactions de substitution électrophile pour les différents
hydroxybenzènes et demandes en monochloramine (mol/mol) après 72 et 168 de réaction
La nature et l’orientation des groupements fonctionnels du noyau aromatique influent surtout sur les
vitesses initiales de réaction plus que sur les demandes à long terme des oxydants. Il est néanmoins
observé que l’activation spécifique des atomes de carbone en positions 2, 4, et 6, dans le cas du
résorcinol et du phloroglucinol s’accompagne de fortes demandes en oxydant.
89
Tableau III.6. Formation de sous-produits organohalogénés lors de la chloramination de composés hydroxybenzéniques
tableau III.6.
Chloramination de composés hydroxybenzéniques avec un temps de contact de 48 h
[NH2Cl]0 = 2 mM ; [CO32-]tot = 20 mM ; pH = 8,5
Acide
Demande en Rendement de formation Acide dichloroacétique Acide trichloroacétique
Concentration initiale monochloroacétique
monochloramine de chloroforme DCAA TCAA
(µM) MCAA
Composé (mol/mol) (mmol/mol) (mmol/mol) (mmol/mol)
(mmol/mol)
N/Cl N/Cl N/Cl N/Cl N/Cl N/Cl
1,1 2 10 1,1 2 10 1,1 2 10 1,1 2 10 1,1 2 10 1,1 2 10
Phénol 119 114 114 5,5 2,7 3,8 5,3 0,7 0,5 0,00 0,00 0,00 6,52 1,51 1,29 0,085 0,024 0,048
Catéchol 122 108 122 7,0 6,1 5,2 4,6 3,8 1,5 0,00 0,00 0,00 5,08 5,85 7,37 0,077 0,057 0,045
Résorcinol 119 106 119 7,2 9,4 6,4 20,7 12,9 6,5 1,56 1,35 0,94 31,42 19,60 23,86 0,571 0,240 0,077
Hydroquinone 115 115 115 4,8 5,1 5,1 9,7 5,0 1,4 0,00 0,23 0,00 3,59 5,43 5,11 0,191 0,047 0,035
Phloroglucinol 129 108 108 5,8 10,9 10,2 6,6 5,3 4,2 0,87 0,32 0,16 33,32 19,60 6,52 0,915 0,138 0,000
Pyrogallol 108 106 106 8,8 6,7 4,3 3,9 1,5 1,0 0,00 0,00 0,00 3,96 4,08 3,51 0,172 0,033 0,033
90
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
(a) (b)
rendement de formation de CHCl 3
25 14
15 8
10 6
4
5
2
0 0
P C R H Ph Py P C R H Ph Py
Figure III.15. Influence du rapport N/Cl sur la production de chloroforme. (a) Rendement de
formation de chloroforme (mol CHCl3 formé / mol de précurseur) à t = 48 h. (b) Augmentation de
la concentration en chloroforme lorsque le rapport N/Cl passe de 10 à 1,1 à t = 48 h.
[NH2Cl] 0 ≈ 2 mM ; pH = 8,5 ; [CO32-] tot = 20 mM
Pour tous les précurseurs, une diminution du rapport N/Cl conduit à une augmentation de la
production de chloroforme. La formation de chloroforme lors de la chloramination du résorcinol
s’avère particulièrement importante et conduit à des rendements de formation allant de 2,07 à 0,65
% après 48 h pour des rapports respectifs de 1,1 et 10. Le phénol est le composé étudié conduisant à
la formation la plus faible de chloroforme avec des rendements respectifs de 0,53 et 0,05 % pour
N/Cl = 1,1 et 10.
L’effet du rapport N/Cl sur la production de CHCl3 à 48 h est évalué en calculant l’augmentation du
rendement de formation de CHCl3 lors du passage d’un rapport N/Cl = 10 à un rapport N/Cl = 1,1
(figure III.15.b). Cette approche permet d’évaluer la sensibilité, des différents précurseurs, à une
augmentation de la concentration en chlore libre. Bien que le phénol ne conduise qu’à un très faible
rendement de formation en chloroforme (en comparaison avec les autres composés étudiés), cette
molécule présente une sensibilité très importante au rapport N/Cl. En effet, la production de CHCl3
est plus de 10 fois plus importante pour N/Cl = 1,1 que pour N/Cl = 10. Avec des augmentations de
production de chloroforme moyennes d’un facteur 3 environ, le catéchol, le résorcinol et le
pyrogallol sont beaucoup moins sensibles à la diminution du rapport N/Cl.
91
pour des rapports N/Cl plus élevés. Des profils similaires sont observés pour les autres composés
hydroxybenzéniques.
Des résultats surprenants sont observés pour le catéchol, l’hydroquinone et le pyrogallol. En effet,
les rendements de formation de chloroforme obtenus lors de la chloramination sont jusqu’à 4 fois
plus importants que ceux observés lors d’une chloration. Il convient toutefois de souligner que ces
composés sont de mauvais précurseurs de chloroforme lors de la chloration. Par ailleurs, les erreurs
analytiques pourraient expliquer ces résultats.
92
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
Pour la majorité des composés étudiés, le taux d’incorporation augmente lorsque le rapport N/Cl
diminue (figure III.17). Le rendement de formation de chloroforme augmente donc plus rapidement
que la demande en monochloramine lorsque que la concentration en chlore libre, libérée par
hydrolyse de la monochloramine, augmente. Les réactions impliquées dans le mécanisme de
formation du chloroforme sont donc favorisées par rapport à celles conduisant à la formation
d’autres sous-produits.
Les taux d’incorporation sont très faibles (< 0,01 mol/mol), les atomes de chlore provenant de la
monochloramine se retrouvent à moins d’1 % dans le chloroforme. Le résorcinol est le composé qui
présente le taux d’incorporation le plus élevé (0,003 à 0,009 mol/mol). Cependant ces valeurs sont
très inférieures à celles observées lors de la chloration (0,387 à 0,476 mol/mol) (De Laat et al.,
1982 ; Reckhow et Singer, 1985). Des observations similaires sont faites en comparant les taux
d’incorporation obtenus par chloration et par chloramination (N/Cl = 2), le phénol et le
phloroglucinol présentent des taux d’incorporation respectivement 8 et 400 fois plus élevés lors de
la chloration. Néanmoins, pour d’autres composés, les taux d’incorporation observés lors de la
chloration sont du même ordre de grandeur que ceux mesurés pour la chloramination. Pour des
rapport N/Cl = 1,1 l’hydroquinone présente des taux d’incorporations similaires à ceux observés
lors de la chloration. Ceci pourrait s’expliquer si une forte proportion de chlore libre, libéré lors de
l’hydrolyse de la monochloramine, intervenait spécifiquement dans les réactions conduisant à la
formation de CHCl3.
Taux incorporation dans CHCl 3
0,7 10
Rendement de formation de CHCl 3
N/Cl
N/Cl==10
10 N/Cl = 1,1
0,6
N/Cl = 1,1
N/Cl = 1,1 8 N/Cl = 2
0,5
N/Cl = 10
(mmol / mol)
0,4 6
0,3 4
0,2
2
0,1
0 0
0 24 48 72 P C R H Ph Py
Temps (heures)
Figure III.16. Cinétique de formation de Figure III.17. Influence du rapport N/Cl sur le
chloroforme lors de la chloramination du taux d’incorporation de chlore dans le
catéchol. [NH2Cl] 0 ≈ 2 mM ; pH = 8,5 ; [CO32-] chloroforme à 48 h
= 20 mM ; [C] 0 = 122 µM
Les résultats montrent que la formation de chloroforme est possible dès les très faibles taux de
chloration du résorcinol. Par exemple, pour les conditions expérimentales utilisées au cours de cette
étude, la production de CHCl3 est de l’ordre de 0,005 à 0,001 mole CHCl3/mole de résorcinol pour
un taux de chloration appliqué de l’ordre de 0,5 à 1 mole de chlore par mole de résorcinol. Ces
résultats indiquent que des voies réactionnelles très rapides conduisent à la formation de
chloroforme dès qu’une molécule de résorcinol a été attaquée par une molécule de chlore.
93
(a) (b)
3 0,2
2,5 Chlore
[CHCl3] ( µM )
[CHCl3 ] ( µM )
0,15
2
1,5 0,1
1 LQ
LD
0,05
0,5 LD
LQ
Monochloramine
0 0
0 0,5 1 1,5 2 0 0,5 1 1,5 2
[Oxydant]0 / [R]0 [NH2 Cl]0 / [R]0
Figure III.18. Formation de chloroforme à partir de résorcinol (100 µM) en fonction du rapport
molaire [oxydant] 0/[R] 0 pour le chlore et la monochloramine à pH = 8,6 ; N/Cl = 2
De plus, le profil des courbes de rendement de chloroforme est modifié par le rapport N/Cl, les
courbes obtenues pour les faibles valeurs de N/Cl (1,0 – 1,1) présentent un profil logarithmique
indiquant que le chloroforme est produit dès les premiers temps de contact. Ces résultats sont
cohérents avec ceux observés pour la chloration du résorcinol où aucune phase de latence n’est
observée lors de la chloration du résorcinol. Pour des rapports N/Cl plus élevés (1,5 – 152) la phase
de formation de CHCl3 est d’autant plus retardée que le rapport N/Cl est élevé. Ces résultats sont
comparables à ceux observés lors de la chloramination des 6 composés phénoliques (figure III.16).
Aucune différence significative n’est observée sur la formation de chloroforme entre les rapports
N/Cl = 100 et 500 (non représenté sur la figure III.19) avec des rendements de formation de
chloroforme respectifs de 0,21 et de 0,28 %. Le chlore libre, libéré par hydrolyse de la
monochloramine, semble donc être le principal agent responsable de la formation de chloroforme
lors de la chloramination du résorcinol. Le fait qu’il soit nécessaire de travailler avec des rapports
94
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
N/Cl > 100 pour ne plus observer de différences significatives sur le rendement de formation de
chloroforme appuie cette hypothèse. De plus, les expériences ont montré que la monochloramine
(en tant que molécule) ne conduit qu’à de très faibles rendements de formation de chloroforme (0,2
- 0,3 % après 48 h de temps de contact).
5 125
N/Cl = 1,00
N/Cl = 1,05
4 N/Cl = 1,1 100
N/Cl = 10
CHCl3 (%)
CHCl3 (%)
N/Cl = 100
3 N/Cl = 152 75
2 50
1 25
0 0
0 24 48 72 96 0 6 12 18 24
Temps de contact (h) Temps (h)
Figure III.19. Influence du rapport N/Cl sur le Figure III.20. Rendement de formation de
rendement de formation de chloroforme. chloroforme lors de la chloration du résorcinol.
CHCl3 (%) = 100 [CHCl3] / [R] 0 [Cl2] tot = 100 µM ; [R] 0 = 1 µM ; pH = 8,5
[NH2Cl] 0 = 1 mM ; pH = 8,5 ± 0,2 ;
[R] 0 = 50 µM
L’influence du pH sur la formation de CHCl3 a été étudiée pour des concentrations en NH2Cl de
0,65 mM et un rapport molaire N/Cl = 10 en présence d’une concentration initiale en résorcinol de
10 µM. La figure III.21 montre le rendement de formation de chloroforme en fonction du pH pour
un temps de contact de 48 heures. Il apparaît que la production de chloroforme augmente
sensiblement pour les pH acides. Pour des pH < 7, le rendement est supérieur à 7 %. Il a aussi été
établi que les premières réactions mises en jeu lors de la chloramination du résorcinol sont
favorisées pour des pH légèrement alcalins (chapitre IV.5.2). Le fait que le rendement de formation
augmente lorsque que le pH diminue montre que les réactions initiales (formation des dérivés
chlorés du résorcinol) n’influent pas de manière significative sur la formation de chloroforme.
6
CHCl3 (%)
0
6 8 10 12
pH
Figure III.21. Evolution du rendement de formation de chloroforme à 48 h en fonction du pH.
[NH2Cl] 0 = 0,65 mM ; [R] 0 = 10 µM ; N/Cl = 10
95
Lors de la chloration du résorcinol ([R]0 = 0,01 µM ; [Cl2]tot = 1 µM), le rendement de formation de
CHCl3 est maximum pour des pH proches de 8 et diminue rapidement pour des conditions plus
acides ou basiques (figure III.22.a). Il est communément admis que la forme HOCl est responsable
de la réactivité du chlore avec les composés organiques. Pour des pH supérieurs à 7,5 la forme ClO-
est majoritaire dans le milieu ce qui peut, pour un temps de contact donné, expliquer la différence
de rendement de formation de CHCl3 observée. von Gunten et al. (2001) montrent que la formation
de chloroforme lors de la chloration d’eaux naturelles augmente avec le C.t. Il n’est donc pas
étonnant d’observer une diminution du rendement de formation de chloroforme pour un temps de
contact donné lorsque le pH augmente. Néanmoins, la seule spéciation du chlore ne permet pas
d’expliquer totalement ce phénomène. En effet, des rendements de formation de CHCl3 analogues
devraient être alors observés avec des solutions traitées avec des valeurs de C.t identiques.
[Chlore total]
C.t = [HOCl] × Temps = × Temps (3.6)
Ka
1 + -pH
10
(a) (b)
100 100
2h
4h
75 27 h 75
CHCl 3 (%)
CHCl 3 (%)
49 h
50
50 50
25
pH = 6,5
25 25 pH = 7,80
0 pH = 10,3
0 0,5 1 1,5 2 pH = 11,05
0 0
6 8 10 12 0 200 400 600 800
pH Ct ( µM.h )
Figure III.22. Influence du pH sur le rendement de formation de chloroforme lors de la chloration
du résorcinol. (a) en fonction du temps de contact. (b) en fonction du Ct.
[R] 0 = 0,01 µM ; [Cl2] tot = 1 µM
Ces résultats vont cependant à l’encontre de ceux observés entre le chlore et le résorcinol. En effet
des travaux antérieurs (Rook, 1977 ; Boyce et Hornig, 1980) ont montré que la formation de
chloroforme est plus importante à pH basique qu’à pH acide et neutre. Boyce et Horning (1980)
observent un rendement de formation de CHCl3 de 95 % à pH = 10. Cependant ces observations ont
été effectuées à de plus fortes concentrations ([R]0 = 10 µM ; [Cl2]tot = 100 µM) que celles utilisées
dans notre étude. Il est possible que de telles concentrations permettent de dépasser le blocage
cinétique observé dans nos conditions. De Laat et al. (1982) observent quant à eux un profil
96
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
similaire à celui présenté sur la figure III.22.a lors de la chloration du résorcinol en milieu plus dilué
([R]0 = 1 µM ; [Cl2]tot = 20 µM).
Boyce et Horning (1983) suggèrent que les étapes cinétiquement limitantes sont la décarboxylation
(sur la fonction acide) des produits d’ouverture de cycle. Cette étape est catalysée en milieu
légèrement basique. En milieu très basique (pH = 12), les résultats sont cohérents avec les
observations faites par Boyce et Horning (1980). Selon De Laat et al. (1982), la baisse de
rendement de formation de chloroforme en milieu basique s’expliquerait par le fait que la cinétique
de chloration des intermédiaires, et notamment le 2,4,6-trichlororésorcinol est fortement ralentie en
milieu basique au point de constituer l’étape cinétiquement limitante.
Heasley et al. (1999) suggèrent que, lors de la chloramination du résorcinol, les faibles rendements
de production de chloroforme proviennent de la compétition entre l’hydrolyse (lente) et de l’attaque
par la monochloramine de la 1,1,1,3,5,5-hexachloro-3-penten-2-one (figure III.23). Bien que cet
auteur ne discute pas de l’effet du rapport N/Cl, et par conséquent des compétitions entre les
mécanismes de chloration et chloramination, il semblerait que les conditions expérimentales
utilisées par Heasley et al. (1999) permettent de négliger l’existence de chlore libre dans le milieu.
Cependant, les observations conduisant à ces conclusions ne concernent pas toujours des
expériences réalisées en phase aqueuse.
OH
Cl Cl
NH2Cl
H2O
OH - CO
2
Cl
Cl Cl Cl Cl
Cl Cl
O
H2O NH2Cl
Cl Cl Cl Cl Cl
OH
Cl Cl Cl
+ CHCl3 O + NH2Cl2+ O
Figure III.23. Mécanisme de formation de CHCl3 à partir du 2,4,6-trichlororésorcinol
(d’après Heasley et al., 1999)
Compte tenu des résultats observés, plusieurs hypothèses peuvent être émises :
- la réaction conduisant à la formation de CHCl3 à partir du 1,1,1,3,5,5-hexachloro-3-penten-2-one
est favorisée à pH acide et/ou la réaction conduisant à la formation du carbanion et de NH2Cl2+ est
défavorisée pour des pH acides.
- les réactions conduisant à la formation de la 1,1,1,3,5,5-hexachloro-3-penten-2-one sont favorisées
à pH acide.
Dans le cas du chlore, Bartlett (1934), Morris (1978), et Doré (1989) suggèrent que le mécanisme
de la réaction haloforme est catalysé à pH basique. L’étape cinétiquement limitante de la réaction
97
haloforme est la formation de l’anion énolate par arrachement d’un proton en position α du
groupement carbonyle. Cependant une catalyse acide peut aussi être envisagée (Doré, 1989).
La concentration en chlore libre (HOCl et ClO-) dépend ainsi du rapport N/Cl, de la concentration
en chlore total et du pH. Il est possible de calculer pour un couple (pH ; N/Cl) donné la
concentration des espèces ClO- et HOCl en absence de composé organique (détail du calcul chapitre
IV.4.1.).
− β + β 2 − 4α[Chlore total]
[Chlore libre]eq = (3.7)
2α
K a2 [H + ]
avec α = + +
et β = 1 + α ([Azote total] - [Chlore total])
K1 (K a1 + [H ])(K a2 + [H ])
8 -8 8
-
HOCl + ClO
-9 pH variable
6 6
.
log[chlore libre]
(N/Cl = 10 ; 48 h)
CHCl 3 (%)
CHCl3 (%)
(pH = 8,5 ; 24 h)
0 -13 0
6 8 10 12 -13 -11 -9 -7
pH log ([HOCl])
Figure III.24. Rendement de formation de Figure III.25. Rendement de formation de
CHCl3 à 48 h en fonction du pH pour N/Cl = chloroforme en fonction de la concentration en
98
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
Contrairement aux observations faites sur la cinétique de formation de CHCl3, le rapport N/Cl ne
modifie pas sensiblement le profil des courbes de formation des THAA.
Pour la plupart des composés, les acides haloacétiques sont observés dès les premières heures de
réaction et la concentration en THAA atteint un palier après 100 heures environ. Le résorcinol
présente un profil atypique puisque la totalité des HAA est formée dès 24 heures. Il est
particulièrement intéressant de comparer les profils des courbes obtenues pour la formation de
THAA et du chloroforme. Dans le cas du résorcinol, il y a formation rapide des HAA et production
lente de chloroforme. Compte tenu de ces résultats, il semble peu probable que l’attaque du
trichlororésorcinol par la monochloramine constitue l’étape cinétiquement limitante du mécanisme
de formation de chloroforme. En effet, si la dégradation du trichlororésorcinol constituait l’étape
cinétiquement limitante, le profil des courbes de formation de CHCl3 et de THAA devraient être
comparable. De plus, il semble peu probable que les acides haloacétiques et le chloroforme soient
formés au cours d’un même et unique mécanisme.
99
(a) (b)
2 5
[THAA] (µM)
3 N/Cl = 10
1
N/Cl = 2 2
1 N/Cl = 2
N/Cl = 10
0 0
0 24 48 72 96 120 144 168 0 24 48 72 96 120 144 168
Temps (heures) Temps (heures)
Figure III.26. Evolution des concentrations en THAA lors de la chloramination du résorcinol (R)
et du phénol (P). [NH2Cl]0 = 2,0 mM ; [Composé organique] 0 ≈ 100 µM ; pH = 8,5 ± 0,1.
(a) phénol ; (b) résorcinol
La figure III.27 présente l’influence du rapport N/Cl sur la formation en acides haloacétiques totaux
(THAA) observée lors de la chloramination des 6 précurseurs organiques après 48 heures de
réaction.
Le résorcinol et le phloroglucinol sont les composés conduisant aux productions de THAA les plus
importantes. Les rendements de formation apparents de ces composés sont proches de 0,02 mole de
THAA formés par mole de composé de départ. Les rendements de formation de THAA sont du
même ordre de grandeur que ceux observés pour le rendement de formation de chloroforme dans les
mêmes conditions. Cependant, le phloroglucinol conduit à des productions de THAA beaucoup plus
importantes que de CHCl3.
100
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
40 10
20 4
15
2
10
0
5
1,1
2
10
1,1
2
10
1,1
2
10
1,1
2
10
1,1
2
10
1,1
2
10
0
N/Cl N/Cl N/Cl N/Cl N/Cl N/Cl
P C R H Ph Py
P C R H Ph Py
Figure III.27. Influence du rapport N/Cl sur le Figure III.28. Influence du rapport N/Cl sur la
rendement de formation de THAA (mol/mol) à t spéciation des HAA (%) à t = 48h. [NH2Cl] 0 =
= 48 h. [NH2Cl] 0 = 2,0 mM ; pH = 8,5 ± 0,1; 2,0 mM ; pH = 8,5 ± 0,1 ;
[Composé organique] 0 = 100 µM . [Composé organique] 0 = 100 µM .
Quel que soit le composé organique étudié, l’acide dichloroacétique représente le HAA majoritaire
(88 - 99 % des THAA) (figure III.28). Lors de la chloration de composés hydroxybenzéniques,
Reckhow et Singer (1985) ont montré que l’acide trichloroacétique est le HAA majoritairement
formé.
La formation d’acide monochloroacétique n’est observée que pour certains composés (résorcinol,
hydroquinone et phloroglucinol). Aucune tendance n’a pu être dégagée concernant l’effet du
rapport N/Cl sur la formation du MCAA.
14
Taux incorporation (mmol/mol),
N/Cl = 1,1
12 N/Cl = 2
N/Cl = 10
10
0
P C R H Ph Py
Figure III.29. Influence du rapport N/Cl sur le taux d’incorporation de chlore dans les HAA à
t = 48 h. [NH2Cl] 0 = 2,0 mM ; [Composé organique] 0 = 100 µM ; pH = 8,5 ± 0,1.
Le taux d’incorporation du chlore dans les HAA varie entre 1 et 12 mmol/mol (0,1 à 1,2 %) suivant
le précurseur étudié et les conditions utilisées (figure III.29). De fortes variations du taux
101
d’incorporation sont observées entre les différents rapports N/Cl étudiés pour un composé donné.
Cependant, des effets contraires sont observés entre les différents composés étudiés.
Le taux d’incorporation de chlore dans les HAA lors de la chloramination du phénol est beaucoup
plus faible que le taux d’incorporation observé lors chloration (112 mmol/mol) (Reckhow et Singer,
1985). Lors de la chloration du catéchol, du résorcinol et de l’hydroquinone Reckhow et Singer
(1985) mesurent des taux d’incorporation de chlore dans les HAA, respectifs de 1,3, 22,9 et 8,5
mmol/mol. Ces valeurs sont comparables à celles obtenues lors de la chloramination (figure III.29).
Les rendements de formation d’AOX varient entre 0,2 et 1,1 mmol/mol et dépendent des conditions
expérimentales et du précurseur considéré. Pour un même rapport N/Cl, le résorcinol, le
phloroglucinol et, dans une moindre mesure, le phénol, conduisent à des productions d’AOX plus
importantes que les autres composés étudiés. Pour un même composé, de fortes variations sont
observées entre les différents rapports N/Cl étudiés. Cependant, aucune tendance générale n’a été
observée. Lors de la chloration, le phénol et le résorcinol conduisent à des productions d’AOX
environ 3 fois plus importantes que celles observées lors de la chloramination. Néanmoins pour des
composés moins réactifs vis-à-vis du chlore (catéchol et hydroquinone), les rendements de
formation d’AOX mesurés lors de la chloramination sont supérieurs à ceux observés lors de la
chloration.
Rendement de formation d'AOX
5000 1,2
N/Cl = 1,1
N/Cl = 1,1 1 N/Cl =2
AOX (µg eq Cl -.L-1 )
4000
N/Cl = 2
N/Cl = 10
N/Cl = 10 0,8
(mol/mol)
3000
0,6
2000
0,4
1000 0,2
0 0
P C R H Ph Py P C R H Ph Py
Figure III.30. Influence du rapport N/Cl sur la formation d’AOX à t = 48 h. [NH2Cl] 0 = 2,0 mM ;
[Composé organique] 0 ≈ 100 µM ; pH = 8,5+/- 0,1. (a) Concentration en AOX en µg eq Cl- ; (b)
Rendement de formation d’AOX en mole Cl-/mole composé organique
Malgré des rendements de formation d’AOX relativement élevés, les taux d’incorporation de chlore
sont assez faibles. Ainsi pour le résorcinol et le phloroglucinol, qui présentent les taux
102
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
0,3 30%
Pourcentage des AOX
Figure III.31. Influence du rapport N/Cl sur le Figure III.32. Influence du rapport N/Cl sur la
taux d’incorporation de chlore dans les AOX à spéciation des AOX à t = 72 h.
t = 48 h. [NH2Cl] 0 = 2,0 mM ; pH = 8,5 ± 0,1 ; [NH2Cl] 0 = 2,0 mM ; pH = 8,5 ± 0,1 ;
[Composé organique] 0 = 100 µM [Composé organique] 0 = 100 µM
Lors de la chloration du résorcinol, Reckhow et Singer (1985) montrent que le chloroforme et les
THAA représentent respectivement 73,1 et 5,4 % des AOX. Conformément au mécanisme
réactionnel de la chloramination du résorcinol (Heasley et al., 1999), une part importante des AOX
non identifiés pourrait provenir de composés de type halo-cétones ou halo-acides. La
chloramination favoriserait ainsi la proportion d’AOX de structure complexe contenant plusieurs
atomes de carbone. Une conclusion similaire est formulée par Kristiana et al. (2009) qui suggèrent
que la chloramination de matières organiques naturelles conduit à proportion plus importante de
composés halogénés de plus fortes masses moléculaires que dans le cas du chlore.
103
III.5. Chloramination de matières organiques naturelles
III.5.1. Demande en monochloramine
Le suivi de la concentration résiduelle en monochloramine a été effectué dans le cas de la
chloramination de différentes Matières Organiques Naturelles (MON). Il existe de nombreuses
manières de fractionner les MON. Une d’entre elle consiste à séparer sur des résines de type non
ionique les différentes fractions des MON selon un critère de polarité (Croué et al., 1998). Les
MON étudiées proviennent des fractions hydrophobe (HPO) et transphilique (TPH) de l’eau du
barrage du Cébron. L’eau de la Loire, prélevée à Dampierre en Burly a aussi été étudiée. Le tableau
III.8 présente quelques caractéristiques des solutions de MON et de l’eau naturelle étudiées.
(a) (b)
1,0 1,0
0,8 0,8
[NH2 Cl]0 (mM)
0,6 0,6
N/Cl = 5
0,4 0,4 N/Cl = 4,2
N/Cl = 1,5 (Témoin) N/Cl = 2,5
N/Cl = 1,11 (Témoin) N/Cl = 1,5
0,2 N/Cl = 1,07 (Témoin) 0,2
(Témoin N/Cl = 3)
N/Cl = 1,01 (Témoin)
0,0 0,0
0 24 48 72 96 120 144 168 0 24 48 72 96 120 144 168
104
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
1,0 1,0
0,8 0,8
[NH2 Cl]0 (mM)
0,4 0,4
N/Cl = 1,5 (Témoin) N/Cl = 1,5 (Témoin)
N/Cl = 1,11 (Témoin) N/Cl = 1,11 (Témoin)
0,2 N/Cl = 1,07 (Témoin) 0,2 N/Cl = 1,07 (Témoin)
N/Cl = 1,01 (Témoin) N/Cl = 1,01 (Témoin)
0,0 0,0
0 24 48 72 96 120 144 168 0 24 48 72 96 120 144 168
Pour des rapports supérieurs à 1,5, les concentrations en monochloramine mesurées en présence de
MON ne sont pas significativement différentes des témoins. De plus, aucune différence n’est
observée entre les rapports N/Cl = 1,5 et N/Cl = 5. Ces résultats montrent que lors de la
chloramination de MON, la voie conduisant à la diminution de chlore total passe vraisemblablement
par une hydrolyse de la monochloramine et par une attaque du chlore libre sur les MON.
Aux faibles rapports N/Cl, les demandes en monochloramine des fractions HPO et TPH à 72 heures
sont de l’ordre de 10 mg Cl2 tot / mg C, et de 7 mg Cl2 tot / mg C pour l’eau de la Loire (figure III.36).
Comme pour les composés organiques modèles, les demandes en monochloramine sont importantes
par rapport aux valeurs classiquement observées lors de la chloration des MON qui sont
généralement comprises entre 1 et 2 mg Cl2 / mg C (Legube et al., 1990). Par ailleurs ces valeurs
sont beaucoup plus fortes que celles observées par Blangis (2004) lors de la chloramination d’eaux
naturelles en milieu dilué (Demande ≈ 0,1 mg Cl2 / mg C ; [NH2Cl]0 = 0,8 mg Cl2.L-1 ; t = 24 h).
105
Comme dans le cas des composés modèles, la demande en monochloramine pourrait en partie être
due à une catalyse de l’autodécomposition de la monochloramine. Cette hypothèse est renforcée par
les demandes nulles en monochloramine pour des rapports N/Cl supérieurs à 1,5. En effet, si les
deux voies conduisant à la formation des sous-produits (Pr et Pr’ sur la figure III.9) sont bloquées
(ou très faibles), de par i) une très faible réactivité directe de la monochloramine sur les MON ii)
une inhibition de l’hydrolyse de la monochloramine, alors la demande en monochloramine est nulle.
15
HPO
Demande en NH2Cl
TPH
(mg Cl2 tot / mg C)
10 LR
Non
significaif
0
N/Cl = N/Cl = N/Cl = N/Cl =
1,01 1,07 1,11 1,5
Figure III.36. Influence du rapport N/Cl sur la demande en monochloramine à 72 h de différentes
matières organiques naturelles. Valeurs moyennes et extrêmes. [NH2Cl] 0 = 1,02 mM = 71 mg
Cl2.L-1 ; pH = 8,5 ; [CO32-] tot = 24 mM ; COTHPO et TPH = 1,9 mg C.L-1; COTLoire = 2,6 mg C.L-1
La formation de chloroforme lors de la chloramination de MON a été étudiée pour des teneurs en
COT proche de 2 mg C.L-1 et pour des concentrations en monochloramine initiales de 1 mM.
Compte tenu des faibles concentrations de chloroforme formées lors de la chloramination des MON,
les conditions d’analyse ont été optimisées afin d’obtenir des limites de quantification et de
détection respectives de 0,03 µM (3,6 µg.L-1) et de 0,01 µM (1,7 µg.L-1), par ailleurs les analyses
sont réalisées en triplicata. Afin d’étudier l’effet du chlore libéré par hydrolyse de la
monochloramine sur la formation de chloroforme, les expériences ont été effectuées avec des
rapports N/Cl compris entre 1,01 et 42. Le tableau III.9 présente les rendements de formation de
chloroforme obtenus après 48 heures de réaction ainsi que quelques valeurs issues de la littérature.
106
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
Les résultats obtenus pour la cinétique de formation de chloroforme montrent une forte
augmentation de la concentration en chloroforme dans les premières 24 heures de réaction pour les
rapports N/Cl proches de 1 (figure III.37). Pour la fraction HPO, la quantité de chloroforme formée
après 24 heures de réaction n’est pas significativement différente de celle mesurée après 144 heures
(non représentée sur la figure III.37) et ce pour tous les rapports N/Cl étudiés.
Cependant, pour l’eau de Loire ainsi que pour la fraction TPH, la concentration en chloroforme
mesurée après 144 heures est 20 à 50 % plus importante que celle mesurée après 96 de temps de
contact. Notons que les valeurs de concentrations en CHCl3 inférieures à la limite de quantification
sont données à titre indicatif.
Malgré un SUVA important, la fraction HPO extraite du Cébron ne conduit pas à des rendements de
formation de chloroforme significativement plus importants que ceux obtenus pour la fraction TPH.
Il convient de rappeler que ces résultats concernent trois MON particulières. Par ailleurs les
rendements de formation de chloroforme sont relativement faibles, et dans de nombreux cas,
inférieurs à la limite de quantification (LQ).
107
Ainsi, seule l’influence du rapport N/Cl sera discutée en détail. Il est néanmoins intéressant de noter
que la diminution du rendement de formation de chloroforme observée entre la chloration et la
chloramination est comparable entre le résorcinol (-400 %) et les différentes MON étudiées (-250 à
-300 %).
14 10
N/Cl = 1,0
12 N/Cl = 1,0 8
[CHCl3](µg/L)
10
[CHCl3 ](µg/L)
8 6 N/Cl = 1,05
N/Cl = 1,1 N/Cl = 1,1
6 4 LQ
4 LQ
2 N/Cl = 4,2
2 N/Cl = 5
LD
LD
0 0
0 24 48 72 96 0 24 48 72 96
Temps (h) Temps (h)
Comme dans le cas de la chloramination de composés phénoliques modèles, on observe une forte
augmentation de la production de chloroforme lorsque N/Cl diminue (figure III.38.a). De plus, la
quantité de chloroforme formée est corrélée avec la concentration en chlore libre dans le milieu.
Le rendement de chloroforme formé pour un temps de contact donné peut être estimé par la relation
suivante :
Rendement = k log([HOCl] (mol.L-1))
où la concentration en acide hypochloreux est estimée par l’équation 3.7 et k représente la pente de
la droite (figure III.38.b). Il convient de rappeler que les concentrations théoriques en HOCl,
calculées en absence de composé organique, sont extrêmement faibles et seraient en réalité plus
faibles en présence de carbone organique. Néanmoins cette relation peut être utilisée pour estimer la
variation de la concentration en HOCl en fonction du rapport N/Cl pour des conditions
expérimentales comparables.
Pour des concentrations théoriques en HOCl supérieures à 1.10-10 M, les trois types de matière
organique présentent une augmentation comparable du rendement de formation de chloroforme en
fonction de la concentration théorique en HOCl. Ces résultats pourraient s’expliquer par une même
nature des sites précurseurs de la formation de chloroforme. Lors de la chloramination du résorcinol
la pente est plus importante (k = 10,3) mais reste du même ordre de grandeur que celle observée
pour les MON (k = 2,35 – 3,6). Ces résultats sont donc cohérents avec ceux obtenus lors de la
chloramination de composés hydroxybenzéniques modèles.
Compte tenu des conditions mises en œuvre lors de la chloramination des eaux destinées à la
consommation humaine (N/Cl proche de 1), cette étude montre que la majorité des THM formés
provient de l’attaque du chlore libéré par l’hydrolyse de la monochloramine sur les précurseurs de
chloroforme et non de la monochloramine elle-même.
108
Chapitre III : Chloramination de composés organiques modèles : Demande et sous-produits
(a) (b)
5 5
Formation de chloroforme
Formation de chloroforme
(µg CHCl 3 / mg C)
(µg CHCl 3 / mg C)
CEBRON HPO
LOIRE
3 3
LQ
2 2
1 1
LD
0 0
0 10 20 30 40 -13 -12 -11 -10 -9 -8
N/Cl log ([HOCl]eq)
Figure III.38. Rendement de formation de chloroforme (µg CHCl3 / mg C) lors de la
chloramination de MON (a) Exprimé en fonction du rapport N/Cl (b) Exprimé en fonction de la
concentration théorique en HOCl calculée par l’équation 3.7
III.6. Conclusion
Les fortes demandes en monochloramine observées pour les différents précurseurs étudiés
pourraient s’expliquer par un effet catalytique des sous produits de chloramination. La formation de
chloro-cétones et d’acides chloro-carboxyliques, capable de céder un ou plusieurs protons pourrait
catalyser l’autodécomposition de la monochloramine et conduire ainsi à de fortes demandes en
monochloramine.
109
CHAPITRE IV :
CHLORAMINATION DU RESORCINOL :
MECANISME ET MODELISATION
CINETIQUE
CHAPITRE IV :
CHLORAMINATION DU RESORCINOL :
MECANISME ET MODELISATION CINETIQUE
IV.1. Introduction...........................................................................................................................111
CHAPITRE IV
CHLORAMINATION DU RESORCINOL :
MECANISME ET MODELISATION CINETIQUE
IV.1. Introduction
La chloration est la technique de désinfection des eaux destinées à la consommation humaine la
plus employée au monde. Cette technique a démontré son efficacité dans la lutte contre les maladies
d’origine hydrique causées par des microorganismes pathogènes (virus, bactéries, protozoaires).
Cependant les réactions entre le chlore et les matières organiques naturelles (MON) conduisent à la
formation de sous-produits de désinfection (SPD) pouvant avoir des effets délétères sur la santé
humaine. Depuis les premiers travaux de Bellar et al. (1974) et de Rook (1974), qui ont démontré la
présence de trihalométhanes (THM), plus de 600 SPD ont été jusqu’à présent identifiés dans les
eaux potables traitées par le chlore (Richardson, 2003). De nombreuses usines de production d’eau
potable, principalement dans les pays anglo-saxons, ont adopté la chloramination comme procédé
de désinfection finale afin de respecter les exigences actuelles et futures de la réglementation sur les
SPD et d’assurer le maintien d’une concentration résiduelle d’oxydant nécessaire à la préservation
de la qualité de l’eau dans le réseau d’eau potable (EPA, 1999 ; EPA, 2007).
La monochloramine est produite par la réaction entre l’acide hypochloreux et l’ammoniaque et est
formée quantitativement pour des rapports molaires ammoniaque/chlore supérieurs à 1 à pH ≈ 8.
Lors des procédés de chloramination, la monochloramine est préparée avec un léger excès
d’ammoniaque (rapport molaire N/Cl = 1,1 – 1,2) afin de minimiser la formation de dichloramine et
de trichloramine et de prévenir ainsi les réactions dites du « breakpoint » (Jafvert et Valentine,
1992). Comparativement au chlore, la monochloramine est un désinfectant moins puissant mais
génère moins de SPD (Hua et Reckhow, 2007). La monochloramine est aussi utilisée comme
désinfectant final afin d’obtenir une teneur résiduelle d’oxydant stable dans les réseaux de
distribution car la monochloramine est moins réactive que le chlore vis-à-vis des MON (Duirk et
al., 2002). La diminution de la concentration en monochloramine dans les eaux destinées à la
consommation humaine peut être attribuée aux réactions d’autodécomposition (Valentine et al.,
1988 ; Vikesland et al., 2001), aux réactions directes entre la monochloramine et les MON et aux
réactions indirectes avec les MON impliquant le chlore libre formé par hydrolyse des chloramines
(Duirk et al., 2005).
La réactivité de la monochloramine avec les composés organiques modèles a été peu étudiée. Seules
quelques constantes de second ordre ont été publiées (Topudurti et Haas, 1991 ; Pedersen III et al.,
1999 ; Greyshock et Vikesland, 2006). L’objectif de cette étude est de déterminer les vitesses de
réaction entre la monochloramine et le résorcinol ainsi que ses premiers sous-produits. Il est avéré
que la chloration du résorcinol conduit à la formation de chloroforme avec des rendements proches
de 95 % (De Laat et al., 1982) et que les groupements polyhydroxybenzéniques des MON
contribuent à la formation des THM (Rook, 1977 ; De Leer et al., 1985 ; Arnold et al., 2008).
L’aspect cinétique et mécanistique de la chloration de composés hydroxybenzéniques a fait l’objet
de nombreuses études (Rebenne et al., 1996 ; Gallard et von Gunten, 2002b). Dans une étude
cinétique détaillée de la chloration de composés dihydroxybenzéniques (résorcinol, 4-
chlororésorcinol et 4,6-dichlororésorcinol), Rebenne et al. (1996) montrent l’influence du pH sur la
constante de vitesse apparente d’ordre 2. Cette dépendance au pH pourrait s’expliquer par des
réactions catalysées en milieu acide ainsi que par les réactions impliquant les différentes formes
acido-basiques du chlore et des composés dihydroxybenzéniques. Le mécanisme de chloramination
du résorcinol et de ses dérivés chlorés en milieu aqueux a précédemment été décrit par Heasley et
al. (1999). Cependant, l’aspect cinétique n’y est pas abordé. Par conséquent, ce travail s’attache à
111
déterminer les vitesses réactionnelles de la chloramination du résorcinol, du 4-chlororésorcinol et
du 4,6-dichlororésorcinol.
Les solutions de monochloramine (0,1 à 4 mM) sont préparées au maximum quelques heures avant
utilisation, en ajoutant lentement et sous agitation rapide, le chlore libre dans une solution de
chlorure d’ammonium. Les solutions de monochloramine sont préparées en utilisant un rapport
molaire azote sur chlore (N/Cl = [Azote ammoniacal]0/[Chlore total]0) variant de 1,1 à 30. Un
spectre UV de la solution de monochloramine fraîchement préparée est réalisé afin de vérifier que
le chlore libre est intégralement converti en monochloramine.
Les concentrations en chlore et en monochloramine dans les solutions mères sont déterminées par
titrage iodométrique au thiosulfate de sodium 0,01 M (Prolabo, > 99,9%). Le pH est mesuré avec un
pH-mètre PHM 250 (Radiometer) équipé d’une électrode de verre (Radiometer, CL114 JB).
Etant donné que les ions carbonate et phosphate sont des catalyseurs de la décomposition de la
monochloramine dans l’eau (Jafvert et Valentine, 1992), toutes les expériences sont réalisées en
absence de tampon pH. Le pH est éventuellement régulé pendant l’expérience par l’ajout d’acide
chlorhydrique ou de soude. Toute la verrerie est nettoyée avec une solution de chlore (≈ 1 mM) et
laissée sous chlore avant les expériences.
112
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
40
ε (x 10 M .cm )
-1
30
-3 -1
20
10
0
250 300 350 400
λ (nm)
Figure IV.1. Spectre UV de l’ion triiodure. Spectre moyen obtenu à partir de 16 solutions à
différentes concentrations en I3- (0 – 8 . 10-5 M)
Il est à noter que la réaction entre les ions iodure et la monochloramine peut être considérée comme
totale en quelques secondes. De plus l’absorbance mesurée à 351 nm est stable pendant au moins 10
minutes en présence d’un large excès de résorcinol, ce qui indique que les composés organiques ne
réagissent pas de manière significative avec les ions triiodure pendant la durée de l’analyse.
113
Afin de déterminer les constantes de vitesses élémentaires, les données ont été traitées avec un
programme de régression non linéaire (Sigma plot 2000). La modélisation cinétique a été réalisée
sous Copasi version 4.6.
142 µM
[NH2 Cl]0 97 µM
50 µM
25 µM
10 µM
0 µM
3 8 13 15 20 25 30
tr (min)
Figure IV.2. Profils chromatographiques obtenus lors de la chloramination du résorcinol.
[R] 0 = 100 µM ; [NH2Cl]0 = 0 – 200 µM ; pH = 8,6 ; N/Cl = 2,0. Injection en HPLC lorsque
[NH2Cl] = 0. Pas de neutralisation par Na2SO3
114
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
50 6 50 3
R 4-MCR
40 40
4-MCR 4,6-DCR
[4,6-DCR] ( µM )
[4-MCR] ( µM )
[4-MCR] ( µM )
4 2
[R] ( µM )
30 30
20 20
2 1
10 10
0 0 0 0
0 1 2 0 1 2 3
Temps (h) Temps (h)
Figure IV.3. Evolution des concentrations en Figure IV.4. Evolution des concentrations en 4-
résorcinol (R) et en 4-chlororésorcinol (4-MCR) MCR et en 4,6-dichlororésorcinol (4,6-DCR)
lors de la chloramination du résorcinol. [R] 0 = lors de la chloramination du 4-MCR.
50 µM ; [NH2Cl] 0 = 4,11 mM ; pH = 8,6 ; N/Cl [4-MCR] 0 = 50 µM ; [NH2Cl] 0 = 1,04 mM ; pH
= 2,0 ; [4,6-DCR] mesurée mais non = 8,6 ; N/Cl = 2,0.
représentée
Des résultats similaires sont observés lors de la chloramination du 4-MCR (figure IV.4). La
dégradation du 4-MCR s’accompagne de la formation de 4,6-DCR. Comme dans le cas de la
chloramination du résorcinol, la faible concentration de 4,6-DCR mesurée à partir du 4-MCR peut
s’expliquer par un faible coefficient stœchiométrique S’ et/ou par une forte réactivité relative du
4,6-MCR vis-à-vis de NH2Cl.
Des expériences en défaut d’oxydant (par rapport à la demande) ont été réalisées afin de comparer
l’action du chlore et de la monochloramine sur le résorcinol. Les analyses en HPLC ont été réalisées
après consommation totale de l’oxydant (après 1 heure de réaction pour le chlore, plusieurs heures
pour la monochloramine). Des tests de coloration au KI ont été effectués sur quelques échantillons
afin de vérifier l’absence d’oxydant.
La figure IV.6 présente la demande en oxydant (oxydant en défaut) du résorcinol pour différentes
doses de chlore et de monochloramine. Cette figure montre clairement que la demande initiale en
oxydant du résorcinol est d’environ 2 moles/mole et que la nature de l’oxydant (chlore ou
monochloramine) ne semble pas avoir d’influence sur ce paramètre. Pour des taux de traitement
plus élevés en oxydant, il est plus difficile d’interpréter cette valeur. En effet, la demande est
calculée sur la simple décomposition du résorcinol et ne prend pas en compte les sous-produits,
eux-mêmes réactifs vis-à-vis de ces deux oxydants.
-20 2
y = -0,3172x - 3,0651
1,5
-40 1
chlore
y = -0,4009x - 1,6265 0,5
monochloramine
-60
0
chlore
0 50 100 150 200
monochloramine
-80 [Oxydant appliqué] ( µM )
Figure IV.5. Stœchiométrie apparente de la Figure IV.6. Demande en oxydant en fonction
réaction entre le chlore, la monochloramine et de la concentration initiale en oxydant.
le résorcinol. [R] 0 = 100 µM ; pH = 8,6 ; [R] 0 = 100 µM ; pH = 8,6 ;
mesure en HPLC lorsque [Oxydant] = 0. Pas de Demande = [Oxydant appliqué] / [Résorcinol
neutralisation par Na2SO3 consommé]
Les concentrations des dérivés monochloré (4-MCR) et dichloré (4,6-DCR), mesurées lors de
l’oxydation du résorcinol par le chlore et par la monochloramine à différents taux de traitement,
sont assez différentes (figure IV.7 et figure IV.8). La production de 4-MCR est plus élevée dans le
cas de la monochloramine que dans le cas du chlore. On observe un effet inverse pour le 4,6-DCR.
Les concentrations du dérivé dichloré sont très faibles et les analyses HPLC ont mis en évidence la
formation d’un composé qui est élué juste après le 4,6-DCR et dont le spectre UV/Visible est
presque identique à celui du 4,6-DCR. Ce composé pourrait être le dérivé trichloré (2,4,6-
trichlororésorcinol). En effet, lors de la détermination des cinétiques de décomposition du 4,6-DCR,
ce composé apparaît comme étant le premier sous-produit d’oxydation du 4,6-DCR.
116
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
8
14
monochloramine
12
[4,6-DCR] ( µM )
6 chlore
[4-MCR] ( µM )
10
8 monochloramine
4
chlore
6
4 2
2
0 0
0 50 100 150 200 0 50 100 150 200
[Oxydant] ( µM ) [Oxydant] ( µM )
Figure IV.7. Formation du 4-MCR. Figure IV.8. Formation du 4,6-DCR.
[R] 0 = 100 µM ; pH = 8,6 ; mesure en HPLC [R] 0 = 100 µM ; pH = 8,6 ; mesure en HPLC
lorsque [Oxydant] = 0. Pas de neutralisation lorsque [Oxydant] = 0. Pas de neutralisation
par Na2SO3 par Na2SO3
Il est ainsi possible d’estimer que le 2,4-DCR et le 2,4,6-TCR présentent des réponses similaires en
HLPC-UV.
117
1
R
0,8 4-MCR
Abs (normalisée)
4,6-DCR
TCR
0,6
0,4
0,2
0
230 240 250 260 270 280 290 300 310 320
λ (nm)
Figure IV.9. Spectres UV des différents dérivés chlorés du résorcinol normalisés par rapport au
maximum d’absorption entre 270 en 300 nm. Ces spectres sont mesurés lors des analyses en
HPLC-PDA sur les étalons (R ; 4-MCR et 4,6-DCR) et sur le pic élué après le 4,6-DCR (TCR)
50
Aire chromatographique du ,
3 chlore
4 40
Aire TCR (x10 ua)
[4,6-DCR] ( µM )
monochloramine
TCR (x10 ua)
4
30
4
2 20
1
10
4,6-DCR
TCR
0 0 0
0,0 0,5 1,0 1,5 0 50 100 150 200
Temps (h) [Oxydant] ( µM )
Figure IV.10. Evolution de la concentration en Figure IV.11. Evolution de la concentration en
4,6-DCR et de l’aire chromatographique du TCR lors de la chloration et de la
TCR en fonction du temps. chloramination du résorcinol (100 µM) en
[4,6-DCR] 0 = 4,75 µM ; [NH2Cl] 0 = 0,5 mM ; fonction de la dose d’oxydant appliquée. Mesure
N/Cl = 2,0 ; pH = 7,9 effectuée pour un résiduel d’oxydant nul
Des conclusions similaires peuvent êtres tirées lors des expériences en défaut de monochloramine.
En effet le bilan matière n’est pas complet même pour des faibles taux d’oxydant (figure IV.13).
Les figure IV.12 et figure IV.13 montrent que le bilan matière n’est pas clos et la quantité de
matière non analysée augmente proportionnellement avec le taux de traitement et le temps de
contact. Le bilan matière présente une différence significative entre le chlore et la monochloramine.
118
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
Cette différence peut s’expliquer par le fait que le sous-produit interprété comme étant le TCR est
formé en plus forte proportion (pour un même rapport oxydant/composé organique) dans le cas du
chlore que dans le cas de la monochloramine. Dans le cas de la monochloramine, on note la
présence d’un sous-produit, qui sera par la suite noté composé A (figure IV.14) ayant une aire
chromatographique importante, une partie du bilan matière manquant peut ainsi s’expliquer par la
présence de ce composé. Dans le cas du chlore, sa concentration est beaucoup plus faible et le bilan
matière ne pourra vraisemblablement pas être résolu par la simple prise en compte de ce composé.
100
100 [R]0 = 100 et 250 µM
[NH2 Cl]0 = 2 mM
75
50 50
chlore
25
monochloramine
[R]0 = 50 µM ; [NH2Cl]0 = 5 mM
0 0
0 1 2 0 50 100 150 200
Temps (h) [Oxydant] ( µM )
Figure IV.12. Bilan matière (B.M.) en excès de Figure IV.13. Bilan matière. Comparaison
monochloramine à pH = 8,6. chlore/monochloramine. [R] 0 = 100 µM ; pH =
B.M. = [R] + [4-MCR] + [4,6-DCR] 8,6 ; mesure en HPLC lorsque [Oxydant] = 0.
Pas de neutralisation par Na2SO3.
Le composé A, présente une bande d’absorption dans l’UV avec un maximum à 280 nm et absorbe
notablement dans le visible entre 420 et 620 nm (figure IV.15). Ce composé peut par conséquent
être en parti responsable de la coloration observée (jaune orangé à rose violet) lors de la
chloramination du résorcinol. Les expériences réalisées sous diverses doses d’oxydant appliquées
montrent que ce produit s’accumule dans le milieu. Par ailleurs, pour un taux d’oxydant donné, ce
composé est formé en plus grandes proportions avec la monochloramine qu’avec le chlore (figure
IV.14). Nous avons aussi observé que la coloration de la solution disparaît après l’addition de
sulfite de sodium.
Il convient aussi de rappeler que des études précédentes ont montré que la 3,5,5-trichlorocyclopent-
3-ène-1,2-dione est un intermédiaire abondant lors de la chloration du résorcinol (Norwood et al.,
1980). Heasley et al. (1999) note que le résorcinol et ses dérivés mono, di et trichlorés forment le
2,2,4,4,6-pentachloro-5-hexen-1,3-dione.
119
80 1
Aire chromatographique 70 chlore
du composé A (x10 ua) 0,8
60 monochloramine
Abs (normalisée)
4
50 0,6
40
30 0,4
20
0,2
10
0 0
0 50 100 150 200 220 320 420 520 620
[Oxydant] ( µM ) λ (nm)
Figure IV.14. Formation d’un sous-produit non Figure IV.15. Spectre UV-Vis du composé A
identifié (composé A). [R]0 = 100 µM ; pH = mesuré par HPLC-PDA et normalisé par rapport
8,6 ; mesure en HPLC lorsque [Oxydant] = 0. au maximum d’absorbance à 280 nm.
Pas de neutralisation par Na2SO3.
Deux voies d’attaque peuvent alors être envisagées afin d’expliquer l’oxydation des composés
organiques comme le résorcinol lors d’une monochloramination. La première voie est l’attaque
directe de la monochloramine sur le résorcinol, la seconde, indirecte consiste en une attaque du
chlore libre libéré par la monochloramine (figure IV.16).
NH3
HOCl NH2Cl
V irec
in
r e ie
e
oi te
d
d i Vo
ct
e
OH OH
OH OH
OH
Cl
OH
Figure IV.16. Voies d’attaque du résorcinol
Afin que la réaction du chlore libre sur les composés organiques joue un rôle négligeable dans la
cinétique de décomposition du résorcinol par la monochloramine, il convient de se placer dans des
conditions expérimentales (pH et rapport N/Cl) qui minimisent la concentration en chlore libre dans
le milieu réactionnel.
120
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
De nombreuses valeurs de constantes d’équilibre sont données dans la littérature (tableau IV.1). La
constante d’équilibre donnée par Morris et Isaac (1983) (K4.7 = 5,0.10-12 M à 25 °C et µ = 0,5 M) a
été choisie dans ce présent travail car i) les modèles cinétiques proposés par Valentine et al. (1988)
et Jafvert et Valentine (1992) se basent sur cette valeur, et ii) les constantes associées (k4.9 et k4.8)
ont aussi été étudiées dans ce travail.
[NH 3 ][H + ]
NH4+ NH3 + H+ K4.11 = pK4.11 = 9,25 (Thurston et al., 1981) (4.11)
[NH 4 + ]
La concentration totale des espèces azotées ([Azote total]) est donnée par :
[H + ]
[Azote total] = [NH4+] + [NH3] + [NH2Cl] = [NH3 ]1 + + [NH 2Cl] (4.12)
K
4.11
121
[Chlore libre] = [HOCl] + [ClO-] = [Chlore total] - [NH2Cl] (4.14)
Alors,
1 [Chlore libre][H+ ]
[Chlore total] - [Chlore libre] =
K 4.7 K 4.10 + [H + ]
(4.18)
([Azote total] - [Chlore total] + [Chlore libre])K
4.11
[H + ] + K 4.11
K 4.11[H + ]
[Chlore total] - [Chlore libre] =
K (K + [H +
])(K + [H +
])
4.7 4.10 4.11
2
([Azote total][Chlore libre] − [Chlore libre][Chlore total] + [Chlore libre] )
(4.19)
En posant :
K 4.11[H + ]
α=
K (K + [H +
])(K + [H + on a alors
]) (4.20)
4.7 4.10 4.11
α[Chlore libre] 2 + α [Azote total][ Chlore libre] - α [Chlore libre] [Chlore total] – [Chlore total] +
[Chlore libre] = 0 (4.21)
soit,
122
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
α[Chlore libre]2 + [Chlore libre] (α [Azote total] - α[ Chlore total] + 1) – [Chlore total] = 0
(4.22)
Si on pose
β = 1 + α ([Azote total] - [Chlore total]), la résolution de l’équation du second degré donne :
− β + β 2 − 4α[Chlore total]
[Chlore libre]eq = (4.23)
2α
NH2Cl + H2O NH3 + HOCl v = k4.8 [NH2Cl] k4.8 = 7,6.10-2 h-1 (4.8)
NH3 + HOCl NH2Cl + H2O v = k4.9 [HOCl][NH3] k4.9 = 1,5.1010 M-1.h-1 (4.9)
R + HOCl P v = k4.24 [R][HOCl]tot k4.24 = 6,11.107 M-1.h-1 (4.24)
k4.24 calculé pour pH = 8,6 d’après Rebenne et al. 1996
HOCl ClO- + H+ pK4.10 = 7,54 (Morris, 1966) (4.10)
NH4+ NH3 + H+ pK4.11 = 9,25 (4.11)
En considérant que seul HOCl réagit sur le résorcinol lors de la chloramination de solutions de
résorcinol, la modélisation cinétique permet de tracer des courbes théoriques de disparition du
résorcinol (figure IV.17.b). Cette première approche cinétique permet de définir les conditions
expérimentales applicables pour la détermination des constantes cinétiques de réaction de NH2Cl
sur le résorcinol. Pour des valeurs de N/Cl comprises entre 2 et 5, la contribution du chlore libre
dans la cinétique de décomposition du résorcinol sera négligeable. Pour des rapports N/Cl inférieurs
à 2, le chlore libéré lors de l’hydrolyse de la monochloramine peut augmenter d’une manière
significative la vitesse de dégradation du résorcinol.
123
(a) (b)
-5 N/Cl = 10 5 2 1,5
N/Cl =
100
1,00
-6
log([Chlore libre)]
80 1,25
résorcinol (%)
-7 1,01
1,10
60
-8 1,10
1,05
-9 1,50 40
(a) (b)
6
N/Cl = 31,25 ; [NH2Cl] = 3,99 mM N/Cl : 31,25
5 N/Cl = 1,95 ; [NH2Cl] = 4,11 mM -0,5 14,63
N/Cl = 1,12 ; [NH2Cl] = 4,24 mM 1,95
650 1,12
ln ([R]/ [R]0)
4
1,09
[R] ( µM )
-1,5 550
kapp (M -1.h -1)
3
450
2
-2,5 350
1 250
0 5 10 15 20 25 30
N/Cl
0 -3,5
0 0,5 1 1,5 2 0 0,5 1 1,5 2
Temps (h) Temps (h)
Figure IV.18. Influence du rapport N/Cl sur la décomposition du résorcinol. [R] 0 = 50 µM ;
pH = 8,6. (a) Dégradation du résorcinol. (b) Application de la loi cinétique d’ordre 1.
nécessaire de prendre en compte les espèces HOCl et ClO- dans un modèle incluant les réactions du
chlore libre et du chlore combiné avec le résorcinol et ses sous-produits. Cette simulation sera
effectuée après avoir déterminé les constantes cinétiques des réactions entre la monochloramine et
le résorcinol et ses dérivés chlorés.
Pour chaque expérience réalisée, les tableau IV.2 et tableau IV.3 donnent les conditions utilisées
pour la détermination des constantes cinétiques de réaction de NH2Cl sur le résorcinol, le 4-MCR et
le 4,6-DCR.
En présence d’un large excès de monochloramine, les suivis cinétiques ont été effectués en
prélevant des prises d’essais de 4 mL à différents temps de réaction. Ces échantillons ont été
introduits dans des flacons contenant du sulfite de sodium en quantité suffisante pour neutraliser la
monochloramine (30 % d’excès).
Les figures IV.19a, IV.20a et IV.21a, montrent respectivement des exemples de courbes de
décomposition du résorcinol, du 4-MCR et du 4,6-DCR en présence de monochloramine. Ces
résultats montrent que l’évolution des concentrations en composé organique en fonction du temps
peuvent être décrites par une loi cinétique d’ordre 1 apparent par rapport à la concentration en
composé organique. Les différentes expériences réalisées avec le résorcinol avec [NH2Cl]0 = 2 mM
montrent une bonne répétabilité. Les principaux résultats concernant ces expériences sont reportées
dans le tableau IV.2.
Les figures IV.19b, IV.20b et IV.21b, mettent en évidence qu’à un pH donné, les valeurs des
constantes cinétiques apparentes d’ordre 1 de disparition des composés organiques sont
proportionnelles à la concentration en monochloramine. La pente des droites correspond alors aux
125
valeurs des constantes cinétiques apparentes d’ordre 2 de réaction de NH2Cl sur les composés
étudiés. Les valeurs obtenues sont égales à :
- kNH2Cl-R = 320 M-1.h-1 pour le résorcinol à pH 8,6
- kNH2Cl-MCR = 1480 M-1.h-1 pour le 4-chlororésorcinol à pH 8,6
- kNH2Cl-DCR = 2520 M-1.h-1 pour le 4,6-dichlororésorcinol à pH 7,6
(a) (b)
0 1.5
-1
kobs (h ) = 320 [NH2Cl]
2
R = 0,986
ln ( [R] / [R] 0 )
NH2Cl = 0,97 mM 1
-1
kobs (h )
-1
NH2Cl =
1,93 mM
0.5
-2
NH2 Cl = 3,91 mM
0
-3 0 1 2 3 4 5
0 2 4 6 [NH2Cl] (mM)
Temps (h)
Figure IV.19. Chloramination du résorcinol à pH = 8,6
(a) ln(C/Co) = f(t) ; (b) kobs = f([NH2Cl])
(a) (b)
0 7
ln ( [4-MCR] / [4-MCR]0 )
-1
NH2 Cl = 0,96 mM 6 kobs (h ) = 1480 [NH2Cl]
2
R = 0,9998
-1 5
kobs (h )
-1
4
-2 3
2
-3 1
NH2Cl = NH2Cl =
4,78 mM 1,93 mM 0
-4 0 1 2 3 4 5
0 1 2 [NH2Cl] (mM)
Temps (h)
Figure IV.20. Chloramination du 4-chlororésorcinol à pH = 8,6
(a) ln(C/Co) = f(t) ; (b)kobs = f([NH2Cl])
126
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
(a) (b)
0 2,5
kobs (h-1)
1,5
-1
1
[NH2Cl] = 501 µM
0,5
[NH2 Cl] = 0,95 mM
-2 0
0 2 4 6 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Temps (h) [NH2Cl] (mM)
Figure IV.21. Chloramination du 4,6-dichlororésorcinol à pH = 7,6
(a) ln(C/Co) = f(t) ; (b) kobs = f([NH2Cl])
La réactivité du 4-MCR vis-à-vis de la monochloramine (1480 M-1.h-1) à pH = 8,6 est plus élevée
que celle du résorcinol (320 M-1.h-1). Cette constatation va dans le sens des observations
précédentes faites en défaut d’oxydant et explique la faible concentration de 4-MCR lors des
expériences de chloramination du résorcinol. La vitesse de réaction du 4,6-DCR avec la
monochloramine est très élevée (2520 M-1.h-1 à pH = 7,6), les expériences menées jusqu’à présent
ne permettent que d’estimer l’ordre de grandeur de la constante de cinétique de cette réaction.
127
Tableau IV.2. Etude cinétique de la décomposition du résorcinol et de ses premiers sous-produits
en présence d’un large excès de monochloramine. Conditions expérimentales et constante cinétique
d’ordre 1 (kobs.)
tableau IV.2.
[NH2Cl]0 [NH2Cl]final [NH2Cl]moy [Ar(OH)2]tot, 0 kobs
N/Cl pH
(mM) (mM) (mM) (µM) (h-1)
Résorcinol (R)
1,97 1,87 1,93 2,0 8,6 ± 0,1 25 0,619
1,97 1,87 1,93 2,0 8,6 ± 0,1 25 0,592
2,03 1,68 1,84 2,0 8,6 ± 0,1 100 0,528
0,97 0,94 0,97 2,1 8,6 ± 0,1 10 0,359
4,06 3,97 3,99 1,08 8,6 ± 0,1 50 2,445
4,24 3,93 4,09 1,12 8,6 ± 0,1 50 1,680
4,11 3,72 3,91 1,95 8,6 ± 0,1 50 1,270
3,77 3,70 3,74 14,63 8,6 ± 0,1 50 1,070
3,99 3,76 3,88. 31,25 8,6 ± 0,1 50 1,130
1,21 1,19 1,21 5,0 7,0 ± 0,1 200 0,425
1,18 nd nd 5,0 10,55 ± 0,1 200 1,640
4-chlororésorcinol (4-MCR)
2,03 1,84 1,93 2,0 8,6 ± 0,1 50 2,65
1,04 0,87 0,96 1,9 8,6 ± 0,1 50 1,13
4,81 4,75 4,78 1,7 8,6 ± 0,1 50 6,80
4,6-dichlororésorcinol (4,6-DCR)
0,960 0,94 0,95 2,0 7,6 ± 0,1 5 2,210
0,501 nd nd 2,0 7,6 ± 0,1 5 1,166
0,417 nd nd 2,0 7,6 ± 0,1 5 0,890
0,420 nd nd 2,0 7,6 ± 0,1 5 0,780
0,463 nd nd 2,0 7,6 ± 0,1 5 0,630
0,232 nd nd 2,0 7,6 ± 0,1 5 0,344
0,095 nd nd 2,0 7,6 ± 0,1 4,75 0,095
128
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
K Ar
Ar(OH)2 ←a1→ Ar(OH)(O-) + H+
K Ar
Ar(OH)(O-) ←a2→ Ar(O-)2 + H+
k
Ar(OH)2 + NH2Cl →
1
ArCl(OH)2
k
Ar(OH)(O-) + NH2Cl
2
→ ArCl(OH)(O-)
k
Ar(O-)2 + NH2Cl →
3
ArCl(O-)2
L’étude de l’influence du pH sur la cinétique de réaction de NH2Cl avec les composés organiques a
principalement été réalisée en présence d’un large excès de composé organique ([Ar(OH)2]tot >>
[NH2Cl]). Dans ces conditions, l’évolution des concentrations en NH2Cl a été mesurée par
iodométrie-UV à différents temps de réaction. Les résultats ont permis de montrer que la vitesse de
consommation de NH2Cl obéit à une loi cinétique d’ordre 1 par rapport à la concentration en NH2Cl
(figure IV.22). Le tableau IV.2 récapitule pour chaque expérience réalisée, les conditions
expérimentales et la valeur de la constante d’ordre 1 obtenue en excès de composé
hydroxybenzénique.
0,0
ln ([NH2Cl] / [NH2Cl] 0)
R
4-MCR
-0,5 4,6-DCR
-1,0
-1,5
0,0 0,5 1,0
Temps (h)
Figure IV.22. Cinétique de consommation de la monochloramine par le résorcinol, le 4-
chlororésorcinol et le 4,6-dichlororésorcinol.
[NH2Cl] 0 = 100 µM, [Ar(OH)2] 0 = 5 mM ; pH = 8,6 ; T = 23 ± 2 °C
La figure IV.23 présente l’évolution des constantes apparentes d’ordre 2 en fonction du pH pour
[Ar(OH)2]tot >> [NH2Cl]. Ces résultats montrent que la vitesse de réaction est constante pour des
pH inférieurs à 8. Contrairement à ce qui est observé avec le chlore, aucune catalyse acide n’a été
observée dans cette gamme de pH. De plus, l’application du modèle, proposé par Jafvert et
Valentine (1992) et modifié pour inclure les réactions entre les chloramines et les composés
hydroxybenzéniques, montre que, si la dichloramine présente une réactivité proche de celle de la
monochloramine, alors la contribution de la dichloramine dans le mécanisme de dégradation des
composés hydroxybenzéniques peut être négligée.
129
Une augmentation notable de la vitesse de réaction est observée pour des pH supérieurs à 8. Cette
accélération de la vitesse de réaction est due à une réactivité accrue de la forme Ar(OH)(O-).
kapp (M .h )
kapp (M .h )
kapp (M .h )
1200
-1
-1
-1
600
-1
-1
-1
800 2000
400
Ar
pK a1 + pK a2
Ar
400 1000
200
2 Ar
pK a1 + pK a2
Ar
2
0 0 0
5 7 9 11 13 5 7 9 11 13 5 7 9 11 13
pH pH pH
La diminution observée pour des pH alcalins peut s’expliquer soit par la réactivité moindre de la
forme Ar(O-)2, soit par l’existence d’une forme NHCl- (Yagil et Anbar, 1962) Cependant, aucune
preuve de l’existence de cet anion n’a été établie. Les spectres UV de la monochloramine restent
inchangés jusqu’à pH = 14. Par ailleurs, le titrage par la soude d’une solution concentrée de
monochloramine ne présente pas un profil permettant d’affirmer l’existence de NHCl-. La constante
cinétique apparente peut donc être modélisée en ne considérant que les réactions entre les
différentes formes acido-basiques du composé organique et la monochloramine.
[H + ][Ar(OH)(O- )] K Ar [Ar(OH)(O- )]
- a2
[Ar(OH)2]tot = + [Ar(OH)(O )] +
K Ar [H + ]
a1
[H + ] K Ar
[Ar(OH)2]tot = [Ar(OH)(O- )] 1 + Ar + a2+
K a1 [H ]
130
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
K Ar [H + ] + [H + ]2 + K Ar K Ar
[Ar(OH)2]tot = [Ar(OH)(O- )] a1 a1 a2
Ar +
K [H ]
a1
[Ar(OH)(O- )] K Ar .[H + ]
α2 = = a1
[Ar(OH) 2 ] tot K Ar [H ] + [H + ]2 + K Ar K Ar
+
a1 a1 a2
+
[Ar(OH) 2 ] [H ]
α1 = = α2
[Ar(OH) 2 ] tot K Ar
a1
K Ar .[Ar(OH)(O- )] K Ar .
a2
-
[Ar(O )2] = = α2. a2 [Ar(OH)]tot
+
[H + ] [H ]
K Ar
[Ar(O - ) 2 ]
α3 = = α2. a2
[Ar(OH) 2 ] tot +
[H ]
La figure IV.24 présente, pour le résorcinol, l’évolution des fractions molaires α1, α2 et α3 en
fonction du pH.
1
α2
α1 -
R(OH)(O )
0,8 R(OH)2
Fraction molaire
α3
0,6 -
R(O )2
0,4
0,2
0
5 7 9 11 13
pH
Figure IV.24. Courbe de spéciation du résorcinol
131
En considérant que la monochloramine réagit avec les trois formes des composés
dihydroxybenzéniques, la vitesse de dégradation apparente de la monochloramine peut être décrite
par la relation suivante :
d[NH 2 Cl]
- = k 1[NH 2 Cl][Ar(OH)2 ] + k 2 [NH 2 Cl][Ar(OH)(O - )] + k 3 [NH 2 Cl][Ar(O- ) 2 ]
dt
d[NH 2 Cl]
- = (α1k1+ α2k2+ α3k3) [Ar(OH)2]tot [NH2Cl] = kapp [Ar(OH)2]tot [NH2Cl]
dt
d[NH 2Cl] k1.[H + ] k 3.K Ar
- = α2. + α 2 .k 2 + α 2 . a2
[Ar(OH) 2 ]tot [NH 2Cl] = kapp [Ar(OH)2]tot [NH2Cl]
dt +
K Ar [H ]
a1
k [H + ] k K Ar
soit, k app = α 2 . 1 + α 2 .k 2 + α 2 . 3 a2
Ar
K a1 [H + ]
K Ar .[H + ]
comme α2 = a1
, kapp devient :
K Ar [H ] + [H + ] 2 + K Ar K Ar
+
a1 a1 a2
k [H + ]2 + k 2 K a1
Ar + Ar Ar
[H ] + k 3K a1 K a2
k app = 1 (4.28)
Ar + + 2 Ar Ar
K a1 [H ] + [H ] + K a1 K a2
L’équation (4.28) est utilisée pour déterminer les constantes cinétiques des réactions élémentaires
par régression non linéaire des données expérimentales (SigmaPlot 2000). Pour des pH > 5
(catalyse par H+ négligeable), une équation similaire est obtenue pour la chloration des composés
hydroxybenzéniques. La figure IV.25 présente les constantes expérimentales et la courbe théorique
pour le résorcinol (a), le 4-MCR (b) et le 4,6-DCR (c). Pour le résorcinol et le 4-MCR, les valeurs
des constantes de dissociation (Ka) précédemment publiées et présentées dans le tableau IV.4,
permettent une bonne modélisation de la constante apparente en fonction du pH. Cependant les
valeurs de Ka2DCR publiées pour le 4,6-DCR conduisent à un décalage important entre la courbe
expérimentale et la courbe simulée. Un titrage acido-basique a été réalisé pour calculer le pKa2 du
4,6-DCR. Les données obtenues mettent en évidence que la valeur du pKa2 du 4,6-DCR est proche
de 9,78 ± 0,05 alors que Rebenne et al. (1996) proposent une valeur de pKa2 égale à 10,35. Cette
nouvelle valeur du pKa2 permet une meilleure modélisation de la constante cinétique apparente. Le
tableau IV.4 présente les constantes cinétiques d’ordre 2 associées à chacune des réactions pour les
composés étudiés.
132
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
133
Tableau IV.3. Suite
4-chlororésorcinol (4-MCR)
100 5,0 5,00 ± 0,05 5 1,872 374
100 5,0 6,00 ± 0,05 5 2,109 422
100 5,0 7,50 ± 0,05 5 3,547 709
100 5,0 8,20 ± 0,05 5 4,860 972
100 5,0 8,55 ± 0,05 5 7,003 1401
100 5,0 9,10 ± 0,05 5 7,774 1555
100 5,0 9,44 ± 0,05 5 7,565 1513
100 5,0 10,00 ± 0,05 5 7,682 1536
100 5,0 10,50 ± 0,05 5 6,406 1281
100 5,0 10,80 ± 0,05 5 4,406 881
100 5,0 11,50 ± 0,05 5 2,165 433
100 5,0 12,00 ± 0,05 5 0,884 177
4,6-dichlororésorcinol (4,6-DCR)
100 5,0 5,50 ± 0,05 5 1,267 253
100 5,0 6,00 ± 0,05 5 1,927 385
100 5,0 6,50 ± 0,05 5 2,817 563
100 5,0 7,01 ± 0,05 5 6,115 1223
100 5,0 7,50 ± 0,05 5 12,465 2493
100 5,0 8,00 ± 0,05 5 16,312 3262
100 5,0 8,50 ± 0,05 5 19,074 3815
100 5,0 9,00 ± 0,05 5 18,045 3609
100 5,0 9,50 ± 0,05 5 14,943 2989
100 5,0 9,53 ± 0,05 5 14,308 2862
100 5,0 10,00 ± 0,05 5 8,704 1741
100 5,0 10,50 ± 0,05 5 4,310 862
100 5,0 11,00 ± 0,05 5 1,783 357
100 5,0 11,50 ± 0,05 5 0,887 177
kapp (M .h )
1200
-1
-1
-1
600
3000
-1
-1
-1
400 800
2000
200 400
1000
kFrom kapp calculé à partir de k'obs
app calculé à partir
iodometric des valeurs de k'obs
determination
kFrom HPLCàdetermination kapp calculé à partir de kobs
app calculé partir des valeurs de kobs
0 0 0
5 7 9 11 13 5 7 9 11 13 5 7 9 11 13
pH pH pH
134
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
Tableau IV.4. Constantes cinétiques des réactions élémentaires d’ordre 2 pour les réactions entre
la monochloramine (ce travail), ou le chlore (Rebenne et al., 1996) avec le résorcinol, le 4-
chlororésorcinol et le 4,6-dichlororésorcinol.
tableau IV.4.
k1 (±σ) k2 (±σ) k3 (±σ)
Composé organique Oxydant pK aAr1 pK aAr2 -1 -1 -1 -1
(M .h ) (M .h ) (M-1.h-1)
Résorcinol NH2Cl 9,43b 11,21b 207 (13)a 927 (20)a 526 (27)a
HOCl 9,43b 11,21b < 1,19.106 b 4,90.109 b 4,14.1011 b
chloration monochloramination
k /k > 5,7.103 5,3.106 7,9.108
4-chlororésorcinol NH2Cl 8,09b 10,75b 383 (50)a 1716 (45)a 171 (60)a
HOCl 8,09b 10,75b < 2,34.105 b 5,15.108 b 2,42.1011 b
chloration monochloramination
k /k > 6,0.102 3,0.105 1,4.109
La forme Ar(OH)(O-) est la plus réactive (k2 = 930 M-1.h-1 pour le résorcinol). Cependant, pour des
pH typiques rencontrés en traitement des eaux, c’est la forme Ar(OH)2 (k3 = 210 M-1.h-1) qui
gouverne la réactivité du résorcinol vis-à-vis de la monochloramine. Malgré les réactions
interférentes à pH basique, nous pouvons estimer la valeur de la constante cinétique d’ordre 2 entre
la forme R(O-)2 et NH2Cl (k3 = 530 M-1.h-1). Des résultats similaires sont observés pour les dérivés
mono- et dichlorés.
En conclusion, cette étude cinétique a permis de déterminer les valeurs de constantes cinétiques de
réaction de la monochloramine sur le résorcinol et ses dérivés chlorés et de mettre en évidence que
la monochloramine présente une réactivité sur le résorcinol très différente de celle du chlore
(Rebenne et al., 1996).
Le résorcinol est beaucoup moins réactif vis-à-vis de la monochloramine que du chlore (k1R-HOCl/
k1R-NH2Cl = 5,7.107 ; k2R-HOCl/ k2R-NH2Cl = 5,3.106). Dans le cas du chlore, étant donné que seule la
forme HOCl est prise en compte dans le calcul, la valeur des constantes cinétiques augmente avec le
degré de dissociation du résorcinol (k1R-HOCl < k2R-HOCl < k3R-HOCl ). Dans le cas de la
monochloramine, nous trouvons que la forme Ar(OH)(O-) est plus réactive que les formes Ar(OH)2
et Ar(O-)2, et ce pour les trois composés organiques étudiés. Par ailleurs, dans le cas du résorcinol,
nous observons que k1R-NH2Cl < k3 R-NH2Cl, alors que pour les dérivés mono- et dichloré nous
trouvons que k3 MCR-NH2Cl < k1 MCR-NH2Cl et k3 DCR-NH2Cl < k1 DCR-NH2Cl. Une autre différence entre le
chlore et la monochloramine est observée en considérant le ratio k2/k1. L’amplitude de réactivité est
plus grande dans le cas du chlore (k2R-HOCl/ k1R-HOCl > 4000) que dans le cas de la monochloramine
(k2R-NH2Cl/ k1R-NH2Cl = 4,5). Ceci explique que la réactivité du résorcinol pour des pH proches de la
neutralité est gouvernée par la forme R(OH)2 dans le cas de la monochloramine, et par la forme
R(OH)(O-) dans le cas du chlore. Les constantes apparentes d’ordre 2 pour la chloration et la
chloramination du résorcinol, du 4-chlorésorcinol et du 4,6-dichlororésorcinol calculées à partir de
l’équation 4.28 sont présentées sur la figure IV.26. Les données montrent que la constante
135
apparente d’ordre 2 pour la chloration est 103 à 104 fois plus grande que celle mesurée pour la
monochloramine et ce, quel que soit le pH et le composé considérés.
6
HOCl
R
2 4-MCR
4,6-DCR
NH2 Cl
0
-2
5 7 9 11 13
pH
Figure IV.26. Constante de vitesse apparente d’ordre 2 pour la chloration et la
chloramination du résorcinol, du 4-chlororésorcinol et du 4,6-dichlororésorcinol. Les
valeurs de kapp ont été calculées à partir des données du tableau IV.3 et de l’équation 4.28
136
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
Temps (h) 8
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 ln(k) = -4815/T + 22,2
2
0 R = 0,9929
ln(kapp) (M .h )
-1
7
ln([NH2Cl]/[NH2Cl]0 )
-1
-0,5
6
-1
T = 15°C
T = 20°C
-1,5 5
T = 25°C
T = 45°C 3 3,2 3,4 3,6
T = 55°C
-2 1000/T
Figure IV.27. Influence de la température sur Figure IV.28. Détermination de l’énergie
la cinétique de consommation de d’activation de la réaction de
monochloramine par le résorcinol à pH = 9,0. monochloramination du résorcinol à pH = 9,0.
137
Tableau IV.6. Formulation du modèle (comme écrit dans Copasi)
tableau IV.6.
Réaction Constante (25°C) Réf.
Résorcinol (R)
R(OH)2 + NH2Cl 0,66 4-MCR(OH)(OH) + NH3 207 M-1.h-1 a
R(OH)(O-) + NH2Cl 0,66 4-MCR(OH)(O-) + NH3 927 M-1.h-1 a
R(O-)2 + NH2Cl 0,66 4-MCR(O-)2 + NH3 526 M-1.h-1 a
R(OH)2 + HOCl 0,66 4-MCR(OH)(OH) 1,19.106 M-1.h-1 b
R(OH)(O-) + HOCl 0,66 4-MCR(OH)(O-) 4,90.109 M-1.h-1 b
R(O-)2 + HOCl 0,66 4-MCR(O-)2 4,14.1011 M-1.h-1 b
4-chlororésorcinol (4-MCR)
4-MCR(OH)2 + NH2Cl 0,25 4,6-DCR(OH)(OH) + NH3 383 M-1.h-1 a
4-MCR(OH)(O-) + NH2Cl 0,25 4,6-DCR(OH)(O-) + NH3 1716 M-1.h-1 a
4-MCR(O-)2 + NH2Cl 0,25 4,6-DCR(O-)2 + NH3 170 M-1.h-1 a
4-MCR(OH)2 + HOCl 0,25 4,6-DCR(OH)(OH) 2,34.105 M-1.h-1 b
4-MCR(OH)(O-) + HOCl 0,25 4,6-DCR(OH)(O-) 5,15.108 M-1.h-1 b
4-MCR(O-)2 + HOCl 0,25 4,6-DCR(O-)2 2,42.1011 M-1.h-1 b
4,6-dichlororésorcinol (4,6-DCR)
4,6-DCR (OH)2 + NH2Cl P 244 M-1.h-1 a
4,6-DCR(OH)(O-) + NH2Cl P 4305 M-1.h-1 a
4,6-DCR (O-)2 + NH2Cl P 88 M-1.h-1 a
4,6-DCR (OH)2 + HOCl P 1,69.105 M-1.h-1 b
4,6-DCR (OH)(O-) + HOCl P 1,16.108 M-1.h-1 b
4,6-DCR (O-)2 + HOCl P 2,13.1011 M-1.h-1 b
Equilibres
HOCl ClO- + H+ 2,88.10-8 M c
+ +
NH4 NH3 + H 5,62.10-10 M d
HOCl + NH3 NH2Cl + H2O 1,5. 1010 M-1.h-1 e
NH2Cl + H2O HOCl + NH3 7,6.10-2 h-1 e
- + -10
R(OH)2 R(OH)(O ) + H 3,72.10 M b
R(OH)(O-) R(O-)2 + H+ 6,17.10-12 M b
4-MCR(OH)2 4-MCR (OH)(O-) + H+ 8,13.10-09 M b
4-MCR(OH)(O-) 4-MCR(O-)2 + H+ 1,78.10-11 M b
4,6-DCR(OH)2 4,6-DCR(OH)(O-) + H+ 2,95.10-08 M b
4,6-DCR(OH)(O-) 4,6-DCR(O-)2 + H+ 1,66.10-10 M a
a b c d e
Réf. Ce travail ; Rebenne et al., 1996 ; Morris, 1966 ; Thurston et al., 1981 ; Morris et Isaac, 1983
138
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
30 30
y = 0,4295x + 0,6258 y = 0,5691x - 3,7671
25 2 2
R = 0,9313 R = 0,9714
[4,6-DCR] ( µM )
[4-MCR] ( µM )
20 20
15
10 10
0 0
0 20 40 60 0 10 20 30 40 50
[R]0 -[R] ( µM ) [4-MCR]0-[4-MCR] ( µM )
Figure IV.29. Stœchiométrie apparente de la Figure IV.30. Stœchiométrie apparente de la
réaction R + NH2Cl 4-MCR en défaut de réaction MCR + NH2Cl 4,6-DCR
monochloramine. (compilation de diverses (compilation de diverses données
données expérimentales) expérimentales)
Compte tenu de la forte réactivité du 4-MCR par rapport à R et du 4,6-DCR par rapport au 4-MCR,
les coefficients stœchiométriques ainsi calculés ne correspondent qu’à des coefficients apparents.
Ceux si seront inférieurs aux coefficients stœchiométriques réels car ils ne tiennent pas compte de la
disparition du 4-MCR et du 4,6-DCR.
Les coefficients stœchiométriques réels peuvent être estimés par modélisation cinétique. Cette
méthode permet de ne pas limiter la détermination des coefficients stœchiométriques à l’examen
des taux de conversion observés pour des faibles temps de contact. Les coefficients
stœchiométriques ont été déterminés empiriquement en faisant varier les coefficients
stœchiométriques dans le modèle cinétique jusqu’à obtenir une bonne superposition des courbes
expérimentales et simulées des concentrations en sous-produits. Cette simulation a été effectuée en
considérant que les stœchiométries de formation de sous-produits à partir des différentes formes du
composé parent (Ar(OH)2, Ar(OH)(O-), Ar(O-)2) sont identiques. Comme l’illustrent les courbes
présentées sur les figures IV.31 et IV.32, les meilleures simulations on été obtenues en prenant les
stœchiométries suivantes :
Par ailleurs, la modélisation cinétique montre qu’il n’est pas possible de déterminer avec précision
le coefficient stœchiométrique par examen des pentes à l’origine (figure IV.31 et figure IV.32). En
effet, celle-ci n’est pas significativement différente entre les différentes valeurs des coefficients
stœchiométriques testés. La détermination du coefficient stœchiométrique par examen du pic de 4-
MCR s’avère une méthode beaucoup plus précise puisqu’une faible variation du coefficient S1
conduit à une modification sensible de la concentration maximale en 4-MCR.
50 4-MCR 3
S1 = 0,66 ± 0,05 R S2 = 0,30
4-MCR 30
[4-MCR] et [4,6-DCR] ( µM )
250 a = 0.66 ± 0.05 4,6-DCR
4,6-DCR 40
S1 = 0,70 25
[4,6-DCR] ( µM )
200
[4-MCR] (µM)
S2 = 0,25 ± 0,02 2
[R] ( µM )
20 30
150
15
20
100 S1 = 0,50 1
10
10
50 5 S2 = 0,20
0 0 0 0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 0,0 0,2 0,4 0,6
Temps (h) Temps (h)
Cette même étude est effectuée sur la réaction entre le 4-MCR et la monochloramine conduisant à
la formation de 4,6-DCR. Il apparaît dans ce cas que la conversion du 4-MCR en 4,6-DCR, calculée
à partir des pentes à l’origine est de 20 % environ (tableau IV.7). Les résultats issus de la
modélisation cinétique estiment une conversion proche de 25%. Comme dans le cas précédent, la
méthode de détermination par modélisation cinétique s’avère plus fiable pour la détermination du
coefficient stœchiométrique S2.
Afin d’étendre cette étude à la stœchiométrie apparente de la formation du dérivé trichloré, il serait
nécessaire d’une part de confirmer son existence et d’autre part de disposer d’un échantillon de
concentration connue afin de quantifier ce composé.
140
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
négligeable. Aux plus faibles rapports N/Cl (N/Cl < 1,08), le chlore est l’espèce majoritaire qui
conduit à la dégradation du résorcinol. Ces résultats confirment donc que les constantes cinétiques
obtenues avec un rapport N/Cl = 5 correspondent au seul effet de la monochloramine.
50
N/Cl = 31,3
50 N/Cl = 5
(degradé par HOCl = 0 % ) N/Cl = 1,4
N/Cl = 1,12 40 N/Cl = 1,2
40 (degradé par HOCl = 12 % ) N/Cl = 1,1
[R] ( µM )
N/Cl = 1,05
[R] ( µM )
10 10
0 0
0 0,5 1 1,5 2 0 0,5 1 1,5 2
Temps (h) Temps (h)
Figure IV.33. Influence de N/Cl sur la Figure IV.34. Modélisation de l’influence du
décomposition du résorcinol à pH = 8,6. (N/Cl rapport N/Cl sur la décomposition du
= 31,3 : [NH2Cl] 0 = 3,99 mM ; N/Cl = 1,12 et résorcinol. [NH2Cl] 0 = 4 mM ; pH = 8,6
1,08 : [NH2Cl] 0 = 4,24 mM). Données
expérimentales (symboles) et courbes simulées
(lignes)
Les résultats présentés dans ce travail démontrent que le chlore formé lors de l’hydrolyse de la
monochloramine peut contribuer à l’oxydation du résorcinol. La concentration en chlore libre
présente lors de la chloramination du résorcinol dépendent principalement du rapport N/Cl et du
pH.
Le pourcentage de résorcinol décomposé par la voie du chlore peut être calculé à l’aide du modèle
présenté dans le tableau tableau IV.6. Dans les conditions expérimentales présentées sur la figure
IV.33 et pour un rapport N/Cl = 1,08, 52 % de l’avancement global de la réaction peut être attribué
aux réactions faisant intervenir le chlore libre. Cette contribution chute à 12 % lorsque le rapport
N/Cl passe de 1,08 à 1,12. Ces résultats montrent que les réactions de chloramination du résorcinol
sont très sensibles au rapport N/Cl lorsque celui-ci est proche de 1.
141
100
90
Pourcentage de R
par HOCl
70
60
Degrada
50
40
dégradé
30
20
10
0 6
7 8 1.0
1.2
pH 9 10
1.4
11 1.6
12 1.8
l 2.0
N/C
Figure IV.35. Effet du rapport N/Cl et du pH sur la contribution du chlore libre dans les
réactions de dégradation du résorcinol. Simulation pour [R] 0 = 50 µM ; [NH2Cl] 0 = 4 mM
Lors de la chloramination des eaux de distribution, des rapports N/Cl proches de 1,1 sont souvent
utilisés (EPA, 1999). EDF utilise par exemple un traitement à la monochloramine préparée avec un
rapport N/Cl = 1,05 pour désinfecter ses circuits de refroidissement. Certains sites réactifs des
substances humiques peuvent êtres apparentées à des structures proches de celle du résorcinol
(Rook, 1977). Une part non négligeable des sous-produits de chloramination des MON pourrait
donc être due au chlore libéré par hydrolyse de la monochloramine.
Les expériences ont montré que le bilan carbone n’est pas complet par le simple suivi des dérivés
mono et dichlorés. Il n’est pas étonnant que le simple suivi des deux premiers intermédiaires
chlorés n’explique pas à eux seuls les sous-produits issus du résorcinol car les coefficients
stœchiométriques ne sont pas égaux à 1. De plus, les sous-produits réagissent aussi avec la
monochloramine et ce avec des vitesses plus élevées que les composés de départ. Néanmoins le
modèle permet de décrire l’évolution du bilan matière avec une justesse satisfaisante.
142
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
(a) (b)
25 10
250 100
[4-MCR] et [4,6-DCR] ( µM )
[4-MCR] et [4,6-DCR] ( µM )
R
20 4-MCR 8
200 80 4,6-DCR
[R] ( µM )
[R] ( µM )
150 15 60 6
100 10 40 4
R
4-MCR
50 5 20 2
4,6-DCR
0 0 0 0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 0 1 2 3
Temps (h) Temps (h)
(c) (d)
50 3 3
50
4-MCR 4-MCR
40 4,6-DCR 40 4,6-DCR
[4,6-DCR] ( µM )
[4,6-DCR] ( µM )
[4-MCR] ( µM )
[4-MCR] ( µM )
2 2
30 30
20 20
1 1
10 10
0 0 0 0
0 1 2 3 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
Temps (h) Temps (h)
Figure IV.36. Evolution de la concentration en résorcinol et ses dérivés chlorés en fonction du
temps. L’échelle de gauche représente la concentration en composé mère et l’échelle de droite, les
concentrations en composés fils. Les points et les lignes se réfèrent respectivement aux données
expérimentales et courbes simulées. (a) [R] 0 = 250 µM ; [NH2Cl] 0 = 2 mM ; pH = 8,6. (b) [R] 0 =
100 µM ; [NH2Cl] 0 = 2 mM ; pH = 8,6. (c) [4-MCR] 0 = 50 µM ; [NH2Cl]0 = 1 mM ; pH = 8,6.
(d) [R] 0 = 50 µM ; [NH2Cl] 0 = 5 mM ; pH = 8.6.
Comme le montre la figure IV.37 qui représente l’évolution de la concentration en résorcinol après
20 heures en fonction de la concentration initiale en monochloramine, le modèle proposé est
également capable de décrire la décomposition du résorcinol pour des taux de monochloramine
inférieurs à la demande. Concernant les premiers sous-produits, le modèle conduit à une légère
sous-estimation des concentrations en 4-MCR et 4,6-DCR (figure IV.38). Les bilans matière
expérimentaux et simulés sont néanmoins comparables (figure IV.39).
143
100 15 100
[4-MCR] et [4,6-DCR] ( µM )
Bilan matière ( µM )
80 80
10
[R] (µM)
60 60
40 MCR 40
5
DCR
20 20
0 0 0
0 50 100 0 50 100 150 200 0 50 100 150 200
[NH2 Cl]0 (µM) [NH2Cl]0 ( µM ) [NH2Cl]0 (µM)
Figure IV.37. Evolution de la Figure IV.38. Evolution des Figure IV.39. Evolution du
concentration expérimentale concentrations expérimentales bilan matière expérimental
(points) et simulée (ligne) en (points) et simulées (ligne) en (points) et simulé (ligne) lors de
résorcinol lors de la mono et dichlororésorcinol lors la chloramination du résorcinol
chloramination du résorcinol de la chloramination du (100 µM) en fonction de la dose
(100 µM) en fonction de la dose résorcinol (100 µM) en fonction d’oxydant appliquée.
d’oxydant appliquée. de la dose d’oxydant appliquée. B.M. = [R] + [4-MCR] + [4,6-
DCR]
Les corrélations de Hammett sont couramment utilisées pour prédire l’effet des substituants sur la
vitesse de réaction entre un oxydant et un composé organique (Rebenne et al., 1996 ; Warner et al.,
2000 ; Gallard et von Gunten 2002b ; Gallard et al., 2003 ; Deborde et von Gunten 2008). Les
constantes de Hammett reflètent l’effet des substituants sur la densité électronique du cycle
aromatique par les effets inductifs et de résonance. L’augmentation de la constante de Hammett
correspond à une augmentation de l’effet désactivant de la part des substituants. A l’inverse, les
propriétés électro-donneur des substituants augmentent la densité électronique globale sur le cycle
aromatique. La corrélation entre constante de Hammett et constante cinétique permet, pour une
famille de composés, d’obtenir des informations sur le ou les mécanismes mis en jeu. Les tables
compilées par Hansch et al. (1991), présentant les constantes élémentaires en fonction de la nature
et de la position du substituant considéré, ont été utilisées pour calculer la constante globale
(Σσo,m,p). Dans le cas évoqué dans cette étude (transfert d’une entité Cl+, sur le cycle aromatique),
144
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
seule l’attaque sur les atomes de carbone en position 2, 4 est envisagée. La constante de Hammett
(Σσo,m,p) est calculée d’après la méthode proposée par Deborde et von Gunten (2008) où les auteurs
considèrent que σortho ≈ σpara. La figure IV.40 présente un exemple de calcul pour un
dihydroxybenzène substitué et montre que lorsque σortho ≈ σpara alors les constantes de Hammett
pour les sites d’attaque les plus probables (A et B) sont équivalentes.
B
OH
-
B ΣΣσ o,m,p
o,m,p σp=(Oσ-p) (O
(B)
(B)=σ + σo (OH)
+ σ)o(OH) + σm+ σm (Cl)
(Cl)
Les relations entre la constante de Hammett et la constante cinétique de la réaction associée, ont été
étudiées pour chacune des formes acido-basiques du résorcinol et de ces dérives chlorés. Le tableau
IV.8 présente les valeurs des constantes cinétiques (ki) et des constantes de Hammett (Σσo,m,p), les
relations entre ces deux paramètres sont explicitées par la figure IV.41. Il apparaît qu’il n’existe pas
de relation linéaire globale entre log(ki) et Σσo,m,p. Cependant des relations linéaires sont observées
si l’on considère séparément les différentes formes acido-basiques du résorcinol et de ses dérivés
chlorés. Ainsi, à l’inverse du mécanisme de substitution électrophile classiquement évoqué lors de
la chloration, d’autres mécanismes doivent être mis en jeu lors de la chloramination des 1,3-
dihydroxybenzènes.
145
4 -
DCR(OH)(O )
-
3,5 MCR(OH)(O )
Les constantes cinétiques des formes totalement protonées (Ar(OH)2) apparaissent comme
relativement indépendantes de la constante de Hammett, ce qui implique que la réactivité n’est que
peu affectée par la charge globale présente sur le cycle aromatique. La pente (ρ) positive obtenue
pour les formes Ar(OH)(O-) met en évidence que la diminution de la charge globale du cycle
aromatique favorise la réaction entre le composé organique et la monochloramine. Ce constat
implique qu’une réaction de type substitution électrophile est peu probable entre la
monochloramine et la forme Ar(OH)(O-). La pente négative observée dans le cas des formes
totalement déprotonées (R(O-)2) est typique d’une réaction de type substitution électrophile. Dans le
cas du chlore, Deborde et von Gunten (2008) observent une forte influence de la constante de
Hammett sur log(k) pour différents anions 1,3-dihydroxybenzènes et anions phénoxides (ρ = -3,87).
Pour la monochloramine, cet effet est plus faible (ρ = -1,03). Ceci indique que l’attaque de la
monochloramine sur les dianions 1,3-dihydroxybenzènes est moins sensible à la charge portée par
le cycle aromatique que dans le cas du chlore. Ces tendances doivent cependant être confirmées par
l’étude la réactivité d’autres composés.
IV.7. Conclusion
146
Chapitre IV : Chloramination du résorcinol : Mécanisme et modélisation cinétique
constantes apparentes d’ordre 2. Les données montrent que la forme mono-anionique des composés
dihydroxybenzéniques (Ar(OH)O-) est la plus réactive vis-à-vis de la monochloramine. Les
coefficients stœchiométriques de la formation du 4-chlororésorcinol par chloramination du
résorcinol et du 4,6-dichlororésorcinol ont été déterminés, et sont respectivement égaux à 0,66 ±
0,05 et 0,25 ± 0,02 mol/mol.
Un modèle cinétique tenant compte des réactions entre le chlore et la monochloramine avec les
différentes formes acido-basiques des composés dihydroxybenzéniques a été développé. Ce modèle
permet de simuler les premières étapes de la dégradation du résorcinol et a été utilisé afin d’évaluer
la contribution du chlore libre lors de la dégradation du résorcinol aux faibles rapports N/Cl.
147
CONCLUSION
GENERALE
Conclusion
CONCLUSION GENERALE
Les résultats obtenus dans la première partie de notre étude expérimentale ont montré que les
vitesses de décomposition de NH2Cl à un pH donné (5 < pH <9) peuvent être décrites par une loi
cinétique apparente d’ordre 2 par rapport à la concentration en NH2Cl et que les réactions de
décomposition sont catalysées par les ions H+ (kH = 1,6 107 M-2.h-1), H2PO4- (kH2PO4 = 581 M-2.h-1)
et dans une moindre mesure par les ions HPO42-. Ce travail a aussi montré que la vitesse de
dégradation de la monochloramine à pH basique (pH > 9), rarement évoquée dans la littérature,
résulte de la réaction entre les ions OH- et NH2Cl et est décrite par une loi cinétique d’ordre 1 par
rapport à chacun des constituants (kOH = 9,73.10-2 M-1.h-1).
La décomposition de NH2Cl est accompagnée de la formation d’ions nitrate (0,007 à 0,033 mole de
NO3-/mole de NH2Cl décomposée). Le rendement de formation de l’ion nitrate augmente avec le
pH et ne semble pas être modifié par la présence d’ions phosphate. D’autres sous-produits de
dégradation tels que l’ion peroxynitrite et un composé stable présentant un spectre d’absorption UV
assez similaire à celui de NH2Cl ont été observés.
149
La monochloramination des composés phénoliques conduit à des productions totales en acides
mono, di et trichloraoacétiques (THAA) variant entre 4,7 et 42,3 mmol équivalent Cl-/mole de
composé phénolique (N/Cl égal à 2,0 moles/mole et un temps de réaction de 48 h). L’acide
dichloroacétique (DCAA) représente l’acide chloroacétique qui est formé d’une manière très
majoritaire avec plus de 90 % de la production totale des acides chloracétiques. L'influence du
rapport N/Cl sur le rendement de formation de THAA diffère selon les composés. Tous les
précurseurs présentent une augmentation du rendement de formation de l'acide trichloroacétique
lorsque le rapport N/Cl diminue.
Dans les conditions permettant de minimiser les réactions dues au chlore libre (N/Cl > 2
moles/mole), les constantes de vitesse apparentes de dégradation du résorcinol et de ses dérivés
chlorés par la monochloramine présentent un maximum pour des pH compris entre 8,6 et 12. Les
constantes de vitesses absolues d’ordre 2 pour les réactions entre la monochloramine et les
différentes formes acido-basiques des composés dihydroxybenzéniques (Ar(OH)2, Ar(OH)O- et
Ar(O-)2) peuvent être calculées à partir des constantes apparentes d’ordre 2. Les données montrent
que la forme mono-anionique des composés dihydroxybenzéniques (Ar(OH)O-) est la plus réactive
vis-à-vis de la monochloramine. Les constantes cinétiques associées à la forme Ar(OH)(O-) pour le
résorcinol, le 4-chlororésorcinol et le 4,6-dichlororésorcinol sont respectivement de 927, 1716, 4305
M-1.h-1. Les coefficients stœchiométriques de la formation du 4-chlororésorcinol (par
chloramination du résorcinol) et du 4,6-dichlororésorcinol ont été déterminés, et sont
respectivement égaux à 0,66 ± 0,05 et 0,25 ± 0,02 mol/mol. D’autres sous-produits ont été identifiés
et doivent être pris en compte dans le bilan matière afin d’expliquer la quantité de résorcinol
dégradé.
Un modèle cinétique tenant compte des réactions de la monochloramine et du chlore libre (en
équilibre avec la monochloramine) avec les différentes formes acido-basiques des composés
diphénoliques a été développé. Ce modèle a permis de simuler les premières étapes de la
150
Conclusion
dégradation du résorcinol et a été utilisé afin d’évaluer la contribution du chlore libre lors de la
dégradation du résorcinol aux faibles rapports N/Cl. Il a ainsi été calculé que près de 50 % du
résorcinol est dégradé par l’acide hypochloreux lorsque la chloramination du résorcinol est
pratiquée pour un rapport N/Cl = 1,08 mole/mole. Cette contribution chute à 12 % pour N/Cl = 1,12
et est négligeable pour N/Cl > 2 moles/mole. Comme le résorcinol est un très bon précurseur de
chloroforme, cette contribution importante du chlore libre aux faibles rapports N/Cl explique ainsi
en partie l’influence du rapport N/Cl sur les fortes productions de chloroforme.
L’étude cinétique réalisée avec le résorcinol mérite d’être étendue à d’autres composés organiques
car les données bibliographiques concernant les constantes cinétiques de réaction de la
monochloramine sur des composés phénoliques simples sont encore trop peu nombreuses. Des
études similaires avec la dichloramine seraient aussi intéressantes afin de comparer les réactivités
de la monochloramine et de la dichloramine sur des composés organiques simples. Enfin,
l’identification de sous-produits d’oxydation de composés phénoliques par la monochloramine et la
dichloramine permettrait de préciser les mécanismes réactionnels.
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163
LISTE DES ABREVIATIONS
Liste des Abréviations
165
NOTE DE L’AUTEUR
En date du 3 novembre 2009, ce travail a fait l’objet des publications et
communication suivantes :
Cimetiere, N., Morin, N., Berne, F., et De Laat, J. Chloramination de composés organiques
modèles. Influence du rapport N/Cl sur la formation de sous-produits halogénés. 8ème Congrès
International GRUTTEE, Nancy 2009.
Cimetiere, N., Dossier-Berne, F., and De Laat, J. A critical review of chloramine chemistry:
Mechanism and Kinetic Modelling. A venir (pour 2010)
RESUME
Cette étude a eu pour but d’étudier la réactivité de la monochloramine sur des composés phénoliques simples
en solution aqueuse. Les expériences ont été réalisées à température ambiante, à pH compris entre 5 et 14, et
en utilisant des rapports de concentrations Chlorure d’ammonium/Chlore (N/Cl) compris entre 1,08 et 31,2
mol/mol pour la préparation des solutions de monochloramine.
Une étude préliminaire effectuée en absence de composés organiques a permis de proposer un modèle
cinétique capable de décrire les cinétiques de décomposition de la monochloramine, dans l’eau ultrapure non
tamponnée et tamponnée (tampon phosphates) et de modéliser les évolutions des concentrations en
monochloramine, dichloramine et en chlore libre dans une large gamme de valeurs de pH et de rapport N/Cl.
L’étude de la réactivité de la monochloramine sur six composés phénoliques (phénol, catéchol, résorcinol,
hydroquinone, pyrogallol et phloroglucinol) et de quelques matières organiques extraites d’eaux naturelles, a
permis de déterminer des demandes en monochloramine et de montrer l’influence du rapport N/Cl sur les
rendements de formation de chloroforme, d’acides chloroacétiques, de composés organochlorés totaux
(AOX) ainsi que sur l'évolution du Carbone Organique Total (COT).
Une étude cinétique détaillée a permis de déterminer les constantes cinétiques absolues de réaction de la
monochloramine sur les trois formes acido-basique du résorcinol et de ses premiers sous-produits de
réaction. La modélisation cinétique a permis de démontrer que le chlore libre, issu de l’hydrolyse de la
monochloramine, contribue d’une manière importante à l’oxydation du résorcinol aux faibles valeurs de
rapport N/Cl.
Mots Clé : Monochloramine, demande en oxydant, chlore, résorcinol, modélisation cinétique, sous-produits
de désinfection, acides haloacétiques, chloroforme, AOX
ABSTRACT
The reactivity of monochloramine with model phenolic coumpounds in aqueous solution has been
investigated. Experiments were carried out at ambient temperature, at pH within 5 to 14, and by using
ammonia-to-chlorine ratios (N/Cl) ranging from 1.08 to 31.2 mol/mol for the preparation of monochloramine
solutions.
A preliminary study of the autodecomposition of monochloramine in organic-free solutions showed that the
rate of decomposition of monochloramine in non-buffered and in phosphate-buffered ultra-pure water could
be accurately simulated by a kinetic model. This model could also simulate the concentration-time profiles of
monochloramine, dichloramine and free chlorine under a wide range of pH values and N/Cl molar ratios.
The monochloramine demands of six phenolic compounds (phenol, catechol, resorcinol, hydroquinone,
pyrogallol and phloroglucinol) and of Natural Organic Matter have been determined at neutral pH. The
effects of N/Cl on the yields of formation of chloroform, chloroacetic acids and Total Organochlorinated by-
products and on the decay of Total Organic Carbon have been examined.
The absolute second-order rate constants for the reaction of monochloramine with the three protonated forms
of resorcinol and chlororesorcinols were determined. Kinetic modeling of the
resorcinol/chlorine/chloramines system evolution underlined the key role played by free chlorine (liberated
from monochloramine hydrolysis) in the mechanisms of resorcinol degradation at low N/Cl molar ratios.
Key words : Monochloramine, oxidant demand, chlorine, resorcinol, kinetic modeling, disinfection by-
products, haloacetic acids, chloroform, AOX.