Le bilan neuro
psychologique
Comment le lire ?
L
ire un bilan neuropsychologique performance normale ou pathologique, du
(BNP) aide à comprendre combien point de vue quantitatif.
fournir au neuropsychologue les
données cliniques lors de la demande du Correspondance
bilan va guider le choix des tests et com- Dr Catherine Thomas-Antérion
bien le recueil des détails de l’anamnèse et Résidence Plein Ciel
de l’entretien est un temps à part entière et 75, rue Bataille - 69008 Lyon
déterminant avant la réalisation des tests E-mail : c.thomas-anterion@orange.fr
et la rédaction du compte rendu. Connaître
même sommairement ce qu’explore un test ✖✖C. Thomas-Antérion déclare ne pas avoir de liens d'intérêts.
permet d’analyser plus finement les conclu-
sions des bilans au regard de la clinique Mots-clés
neurologique. Savoir qu’un test est une pro- Neuropsychologie, Test, Normes, Centile,
cédure expérimentale fait réaliser ce qu’est z score, Moyenne, Écart-type, Fonctions cogni-
une norme et ce que l’on doit attendre d’une tives, Entretien clinique, Psychologie
> 1/ L
es types de bilan et les différentes situations � � � � � � � � � � � � � � � � � � � P. 316
> 2/ L
a réalisation du bilan neuropsychologique � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � P. 317
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Neurologies • NOVEMbre 2015 • vol. 18 • numéro 1823
Le bilan neuropsychologique
2/ La réalisation du BNP
Nous développerons ici la lec-
ture des BNP réalisés dans le
cadre d’une approche diagnos-
L e bilan comprend plusieurs
temps : l’entretien, le choix
des épreuves, la réalisation des
• La latéralité.
• Le contexte familial.
• L’histoire de vie.
tique ou pour évaluer l’atteinte tests, la rédaction et la synthèse • Les éventuelles difficultés ren-
fonctionnelle. des données quantitatives et qua- contrées au quotidien.
Le bilan neuropsychologique litatives recueillies. Il peut égale- Il permet également d’apprécier
est réalisé en référence aux ment y avoir un dernier temps de l’état psychologique, ainsi qu’une
connaissances sur l’organisa- restitution dans les semaines qui évaluation rapide du niveau lan-
tion cérébrale des fonctions suivent. gagier, attentionnel et comporte-
et sur les modèles cognitifs. mental nécessaire à la passation
Il nécessite des conditions de des épreuves.
calme, de confidentialité, et de ENTRETIEN Il est donc idéal pour le neuropsy-
mise en confiance. chologue de disposer du maxi-
■■LES OBJECTIFS mum de ces données avec la lettre
La réalisation des tests est précé- d’adressage, précisant également
dée d’un entretien qui permet de les questions posées lors de la
recueillir et d’identifier la plainte, demande du bilan.
le niveau de conscience du trouble
et différentes informations sur : ■■LA RETRANSCRIPTION
• L’histoire clinique. Les données recueillies lors de cet
• Le passé scolaire, professionnel entretien, l’analyse du comporte-
(niveau culturel). ment du patient au cours du bilan et
les données médicales pertinentes de son état et a pu l’exprimer à la >>C’est une situation expéri-
seront retranscrites en introduction psychologue comme à lui-même. mentale
du compte rendu. Nous reprodui- Il n’est pas perçu de réaction dé- Il ne faut jamais perdre de vue que
sons, deux exemples (Exemples 1 et pressive ni pour l’un ni pour l’autre. le test est une situation expérimen-
2a) afin d’illustrer ce point. Dans l’exemple 3, le neurologue tale dont il faut connaître la métho-
qui voit la patiente après le bilan dologie fine.
■■IMPORTANCE neuropsychologique va reprendre Là où un biomarqueur est le résul-
DE L’ANAMNÈSE d’emblée le nouvel élément cli- tat d’un dosage biologique, de la
La réalisation de l’anamnèse est très nique qu’a soulevé l’entretien de mesure d’une atrophie, d’un niveau
importante, car elle permet parfois la psychologue : la modification de débit ou de la fixation d’un tra-
de faire émerger d’autres éléments du sommeil ce qui oriente dans ce ceur, un test est le résultat d’une
non évoqués pendant la consulta- contexte vers un diagnostic de pro- expérience. En cela, il n’a pas la
tion médicale. Concernant Mme G., bable DCL et conduire à prescrire même valeur et c’est d’ailleurs
nous reprenons dans l’exemple 2b une polysomnographie. pourquoi on ne peut pas définir une
la rubrique plainte cognitive d’un maladie par un résultat à un test.
examen réalisé 3 ans plus tard, au Les tests mesurent un niveau de
motif cette fois de : « Examen de CHOIX ET RÉALISATION performance pas un processus
contrôle chez une patiente de 82 ans DES TESTS pathologique.
qui présente une plainte mnésique
qui évolue depuis quelques années. ■■QU’EST-CE QU’UN TEST ? >>L’interprétation
Un 1er examen a été réalisé le… qui La corrélation anatomoclinique
concluait à un MCI à surveiller. » >>Définition de Pichot (1949) entre "score” et “territoire impli-
Nous soulignons que cette dame n’a « On appelle un test mental une si- qué” et le diagnostic retenu repose
pas revu son médecin traitant ni le tuation expérimentale standardisée sur les caractéristiques propres
neurologue et qu’elle consulte direc- servant de stimulus pour mesurer de la personne, les données de
tement la neuropsychologue. un comportement. Ce comportement l’entretien, la symptomatologie, les
est évalué par une comparaison sta- scores aux tests (dont le choix et la
On peut souligner à partir de ces tistique avec celui d’autres indivi- connaissance restent cruciaux) et
exemples qu’en quelques phrases, dus placés dans la même situation bien entendu l’ensemble du bilan
la situation est brossée. Dans permettant ainsi de classer le sujet paraclinique.
l’exemple 1, le médecin voit que le examiné, soit quantitativement, soit Le médecin qui lit le compte rendu
patient est légitimement inquiet typologiquement ». s’il connaît l’outil est certainement
EXEMPLE 1
Motif de la demande apparues selon lui depuis environ 1 an, avec d’abord
M. F., 50 ans, est hospitalisé dans le service du Pr X. des fourmillements puis une aggravation importante
et vu ce jour pour le bilan de difficultés cognitives ap- en 1 semaine à la fin novembre (marche avec canne
parues depuis environ 2 semaines dans un contexte puis déambulateur puis impossible).
de sclérose combinée de la moelle en rapport avec Interrogé sur sa mémoire, il précise que sa femme
une carence en vitamine B12. lui aurait fait remarquer des petits oublis au quoti-
Situation personnelle dien.
Ébéniste en arrêt de travail depuis 1 mois (niveau Interrogé sur son moral, il se dit inquiet.
BEP), le patient est marié et a un enfant. Il était très Comportement pendant l’évaluation
actif avant l’apparition de ses troubles de la marche M. F. est apparu très inquiet et affecté par ses diffi-
et pratiquait notamment le VTT et la chasse en apnée. cultés. Malgré cela, il s’est investi pleinement et de
Plaintes façon adaptée dans les différentes épreuves qui lui
Elles concernent ses difficultés motrices qui seraient ont été proposées.
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Neurologies • NOVEMbre 2015 • vol. 18 • numéro 1823
Le bilan neuropsychologique
EXEMPLE 2a
EXEMPLE 2b
Le RL-RI 16 (Van der Linden et al., 2004) est le gold standard de l’évaluation de la mémoire et pourtant il est sous-
tendu par d’autres fonctions cognitives (langage, fonctions exécutives…). Ceci justifie une analyse au cas par cas,
et surtout de ne pas utiliser une valeur définitive universelle, qui si elle est proposée à juste titre, l’est dans un
groupe précis d’individus répondant à un certain nombre de critères. Loin d’amoindrir la valeur du test, ceci permet
d’expliquer pourquoi cette épreuve permet tout autant de repérer un dysfonctionnement de l’hippocampe qu’une
amnésie frontale, avec des profils différents. Enfin, ce test est à tort (ou de façon raccourcie) souvent présenté
comme le parangon des tests évaluant la mémoire épisodique, alors que l’on ne contrôle aucun des éléments qui en
font la définition : source, contexte temporel, spatial, émotionnel, etc. Il est largement sous-tendu par la mémoire
sémantique ce qui rappelle que dans la démence sémantique, il est très souvent altéré alors même que les malades
gardent la capacité d’enregistrer de nouvelles informations en mémoire épisodique. Il ne faut donc pas s’en étonner.
Précisément, le RL-RI 16 est une épreuve d’apprentissage et de consolidation en mémoire verbale avec contrôle de
l’encodage.
EXEMPLE 3
Le bilan de M.F. est exhaustif, mais nous ne repro- ➡ Mémoire verbale antérograde
duisons que la rubrique bilan de mémoire afin de Les capacités de mémoire antérograde verbale sont
souligner que le bilan d’une fonction doit être aussi déficitaires dans des épreuves d’apprentissage de
complet que possible, évidemment selon ce que la matériel non structuré (liste de mots). En revanche,
situation exige. dans cette épreuve, le patient semble pouvoir rap-
peler le contexte d’apprentissage. De plus, ses per-
➡ Mémoire à long terme formances sont dans les normes dans des épreuves
➡M émoire autobiographique mettant en jeu du matériel structuré (apprentissage
La mémoire autobiographique apparaît préservée d’histoires).
aussi bien dans ses composantes épisodiques que
sémantiques. Nous notons toutefois des difficultés • RL/RI 16
pour accéder aux noms propres. RIM : 14/16 centile 5-25
➡M émoire des événements publics et des per-
RL1 : 4/16 z-score : -2 RT1 : 11/16 centile 1-5
sonnes célèbres
RL2 : 3/16 z-score : -3.07 RT2 : 9/16 centile 1
Évocation préservée concernant aussi bien les évè-
nements les plus anciens que les plus récents, mais RL3 : 5/16 z-score : -2.87 RT3 : 11/16 < centile 1
le patient présente des difficultés pour situer ces Nombre intrusion RT (1 + 2 + 3) : 4
évènements dans le temps. Reconnaissance : 47/48 (patho si ≤ 44)
Nous notons à nouveau des difficultés pour accéder Nombre de reconnaissances correctes : 15/16
aux noms propres (le patient est aidé par la recon- RLD : 0/16 z-score : -5.19 RTD : 7/16 < centile 1
naissance).
• Connaissance des personnes célèbres à partir de
• Mémoire logique
dix photos de visages (batterie TOP 10) :
- Évocation : 10/20 (z-score = -4) Rappel immédiat : 35/75 NS = 10
- Reconnaissance : 9.5/10 (z-score = -0.29) Rappel différé : 14/50 NS = 8
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Le bilan neuropsychologique
Par exemple, la WAIS IV est composée de 15 subtests : dix obligatoires et cinq optionnels pour chacun desquels
nous pouvons calculer une note standard.
L’association des différents subtests permet également de calculer quatre indices :
• Indice de compréhension verbale (ICV)
• Indice de raisonnement perceptif (IRP)
• Indice de Mémoire de Travail (IMT)
• Indice de Vitesse de traitement (IVT).
On calcule également une valeur totale de QI. Cependant le calcul du QI est réalisé lorsque les indices sont
homogènes, le QI n’ayant pas de valeur lorsqu’il est calculé avec des indices hétérogènes.
À noter : l’Indice d’Activité Générale (IAG) : note synthétique qui est moins sensible à l’influence de la mémoire de
travail et la rapidité de traitement.
EXEMPLE 4
Le bilan de M.G. est exhaustif mais nous ne reprodui- • Trail making test (Tab. 1) : épreuve qui permet de
sons que l’évaluation des fonctions exécutives. mesurer la flexibilité mentale
Le TMT A est réalisé lentement. Le TMTB est correct,
➡ Évaluation des fonctions exécutives on relève 1 erreur d’alternance. Il n’est pas retenu de
difficulté de flexibilité mentale (shifting).
• Fluences lexicales
Fluences catégorielles Fluences formelles • Stroop test (Tab. 2) : épreuve qui permet de tester
la résistance à l’interférence
Noms d’animaux Mots commençant
en 2 mn par P en 2 mn Les scores de rapidité sont corrects dans la modalité
de dénomination et de lecture. L’épreuve est inter-
39 25
rompue car la patiente distingue difficilement les
mx : 38,46 cut off : 22 mx : 25,39 cut off : 16
couleurs, aussi il est impossible d’interpréter les
nombreuses erreurs.
plus à l’aise pour comprendre son tests par les fonctions qu’ils me- ainsi interpréter le score en termes
choix et ce qu’on attend de la situa- surent (par exemple : mémoire, de “normal” ou “pathologique”.
tion expérimentale mesurée avec fonctions exécutives, fonctions Les seuils pathologiques corres-
lui. De plus les tests sont souvent instrumentales). Il peut être utile pondent sur la courbe de Gauss un
classés par fonction étudiée afin pour améliorer la lecture d’un p ≤ 0,05 c’est-à-dire que seulement
d’aider à la synthèse des résultats. compte rendu d’en identifier un 5 % de la population a des perfor-
Toutefois, attention car beaucoup certain nombre : les tests d’éva- mances aussi faibles.
de tests sont sous-tendus par des luation “globale” (MMS, Moca),
fonctions différentes et peuvent les batteries composites (DRS, >>Les échelles de normalisa-
mesurer différents aspects : nor- MATTIS Dementia Rating Scale), tion
malement le compte rendu aide à les batteries “spécialisées” Ces normes vont permettre de
cette analyse. Par exemple, un ré- (BCCOG-SEP), les tests unidi- classer des performances (mais
sultat en fluence catégorielle peut mensionnels qui mesurent avant pas des sujets !) selon des échelles
être bas du fait d’une atteinte du tout une fonction mais qui au fi- de normalisation différentes.
langage, des fonctions exécutives nal sont multidimensionnels. • Présentation en MOYENNE ET
ou d’une perte en mémoire sé- ÉCART-TYPE si la distribution est
mantique. C’est pourquoi il ne faut ■■LES NORMES normale, dans ce cas, un score est
pas prendre en compte le résultat considéré comme pathologique
d’un seul test de manière isolée, >>L’étalonnage lorsque le z-score est inférieur à
mais bien interpréter les résultats Tous les tests sont standardisés, -1,65 écart-type.
dans leur ensemble. cela revient à transformer un test • Présentation en CENTILES si la
en une procédure systématique, distribution est non gaussienne :
■■COMMENT CLASSERLES visant à contrôler la situation dans dans ce cas, un score est consi-
TESTS ? laquelle un individu va passer le déré comme pathologique lorsque
Une méthode habituelle de clas- test. Un étalonnage est réalisé le score est inférieur ou égal au
sement consiste à regrouper les pour pouvoir créer des normes, et centile 5.
Pourcentage de cas
Score Z -4 -3 -2 -1 0 +1 +2 +3 +4
(M = 0, ET = 1)
Score T 10 20 30 40 50 60 70 80 90
(M = 50, ET = 10)
Quotient intellectuel (QI) 55 70 85 100 115 130 145
(M = 100, ET = 15)
Score standardisé 1 4 7 10 13 16 19
(M = 10, ET = 3)
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Le bilan neuropsychologique
EXEMPLE 5
Toujours pour Mme G, nous reproduisons les résultats la copie de la figure de Rey (dont la perception n’est pas
de la figure de Rey. parfaite). Il semble donc bien y avoir un ralentissement
Nous soulignons que la psychologue a réalisé la figure global, et non pas une difficulté particulière dans un
de Rey et que ce test figure dans la rubrique praxie seul test ou en lien avec une fatigabilité transitoire.
constructive ce qui souligne l’importance de connaître
les tests pour en apprécier les différentes compo- ➡ Praxies (extrait)
santes : dans cet exemple cette épreuve permet d’éva- • Praxies constructives
luer les praxies constructives mais aussi des aspects
des fonctions exécutives. Il est important ici de repérer Copie de la figure de Rey (Tab. 3)
dans les données précédentes que les performances La figure n’est pas perçue dans sa globalité dans un 1er
exécutives sont normales mais que la vitesse de traite- temps. Le résultat est très bon.
ment est diminuée dans le TMA et de plus ralentie dans Le temps de réalisation est moyen inférieur.
EXEMPLE 6
Nous reproduisons à titre de comparaison le bilan on relève 1 erreur d’alternance. Il n’est pas retenu de
des fonctions exécutives et la copie de la figure de difficulté de flexibilité mentale (shifting).
Rey de madame G lors du bilan réalisé 3 ans plus
tard. • Stroop test : épreuve qui permet de tester la
résistance à l’interférence (Tab. 6)
➡ Évaluation des fonctions exécutives Les scores de rapidité sont dans la moyenne dans
• Fluences lexicales (Tab. 4) toutes les modalités de lecture (dénomination, lec-
Les fluences sémantiques et littérales sont signi- ture et interférence). La patiente parvient à réaliser
ficativement diminuées par rapport au précédent l’épreuve d’interférence, ce qui n’avait pas été pos-
examen. On relève de nombreuses persévérations. A sible la première fois.
noter que lors du recrutement sémantique, Mme G
a fait une interprétation restrictive de la consigne et ➡ Praxies (extrait)
s’est contrainte à ne rechercher que des oiseaux. On • Praxies constructives
observe ce jour une petite difficulté d’accès lexical. Copie de la figure de Rey (Tab. 7)
La figure est perçue dans sa globalité, ce qui n’avait
• Trail making test : épreuve qui permet de mesu- pas été le cas lors du 1er examen. Le résultat est très
rer la flexibilité mentale (Tab. 5) bon. Le temps de réalisation est beaucoup plus ra-
Le TMT A est réalisé lentement. Le TMTB est correct, pide cette fois.
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Le bilan neuropsychologique
EXEMPLE 7
Les résultats obtenus par M.F. mettent en évidence : des capacités attentionnelles.
• Une préservation des connaissances en mé- • Une préservation des fonctions exécutives et
moire rétrograde (autobiographique et sémantique). instrumentales.
Nous notons toutefois des difficultés d’accès aux Au total, le profil des déficits cognitifs de M. F se ca-
noms propres. ractérise par une atteinte relativement isolée des ca-
• Une atteinte de la mémoire antérograde pacités de mémorisation de matériel non structuré.
visuelle et verbale caractérisée par des déficits
de mémorisation de matériel non structuré, sans On souligne que la neuropsychologue ne pose pas de
contexte contrastant avec la préservation des perfor- diagnostic. Le médecin avec la clinique, les résultats
mances dans des épreuves mettant en jeu du maté- de cet examen et d’autres portera le diagnostic : ici
riel plus structuré, associé à un contexte. une atteinte cognitive due à la maladie de Biermer
• Une préservation de la mémoire de travail et probable.
EXEMPLE 8
Chez Mme G., cet examen est considéré comme assez libre est limite, l’indiçage et la reconnaissance
stable depuis le précédent examen, il y a 3 ans : aident modérément la patiente et l’on retient
• Les aptitudes intellectuelles globales sont des difficultés de consolidation.
stables et toujours dans la moyenne très supérieure. - La mémoire de travail est un peu émoussée, le
• Concernant les fonctions instrumentales, il n’est stockage à court terme est satisfaisant.
pas retenu d’anomie significative mais la dénomination
sur images a été un peu plus difficile. Il n’y a pas de • Sur le plan exécutif :
difficulté sémantique. Quant aux praxies gestuelles et - La rapidité de traitement de l’information est
constructives, elles sont préservées. La vitesse de trai- bonne.
tement de l’information est tout à fait satisfaisante. - On retient ce jour un affaiblissement des capa-
• Il n’y a pas de désorientation temporo-spatiale cités de flexibilité cognitive : les capacités de
significative. génération d’information sont diminuées, les
• Sur le plan mnésique : on retrouve un déficit capacités de shifting également.
mnésique, le profil est quasiment identique au précé- - Les capacités d’inhibition sont préservées, la
dent examen. sensibilité à l’interférence également.
- Les scores sont au seuil pathologique. Que ce • Sur le plan psychologique et comportemental, la
soit en modalité verbale ou visuelle, l’évocation patiente exprime à nouveau un ressenti de solitude.
Quiz
Quiz 1 : Quel est le score normal du QI ?
tionnement global de la personne ne peut répondre de façon univer- été abordé dans ce dossier, les ca-
(cognitif, psychologique, comporte- selle à toutes les questions concer- pacités préservées sont tout aussi
mental). nant un domaine de la cognition ou importantes que les capacités sup-
pire, concernant une maladie. Les posées perdues, à évaluer soigneu-
données quantitatives et qualitatives sement. n
CONCLUSION fournies par le BNP sont aussi inté-
Le résultat quantitatif à un test ne ressantes les unes que les autres.
Pour en savoir plus
suffit pas pour conclure, chaque bi- Rappelons que sans entretien ou
lan doit être adapté à une personne données cliniques, un résultat neu- • Lezak MD, Howieson DB, Bigler ED, Tranel D. Neuropsychological assess-
ment, 5e édition. Oxford : Oxford University Press, 2012.
et une problématique. Ce qui ex- ropsychologique ne vaut rien. • Thomas-Antérion C, Barbeau E et les membres du GRETHIC. Neuropsycho-
plique qu’aucun test-minute unique Enfin, et même si ce point n’a pas logie en pratique(s). Marseille : Solal, 2011.
réponses au Quiz
Réponse 1 : Le QI est généralement mesuré avec la Réponse 3 : Non ! Et c’est bien toute la difficulté de l’in-
Wechsler Adult Intelligence scale (WAIS) ou la Wechsler terprétation des épreuves. L’entretien permet souvent
intelligence score for children (WISC-IV). Le score est de repérer des points d’achoppement : une dyslexie
standardisé sur 100 et l’écart type est de 15. La norme bien compensée et une difficulté persistante en mé-
est égale à la moyenne plus ou moins 1,5 ET, ainsi le QI moire de travail verbale ; une surdité et une mémoire
est dans la norme de 78 à 122. de récit faible. De même un sujet malade peut avoir des
scores normaux soit parce qu’on n’a pas choisi les bons
Réponse 2 : Au minimum deux tests, car un sujet peut outils, soit parce qu’il a de bonnes capacités de com-
avoir une difficulté particulière dans une épreuve par- pensation : les données qualitatives recueillies pendant
ticulière. la passation des tests sont alors primordiales.
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