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Master de recherche
Management des Entreprises Sociales et Territoires
[MESET]
Membres du Jury :
Pr. Asmae DIANI ; Professeur à la FSJES-USMBA-Fès
Pr. Bouchra DEBBAGH ; Professeur à la FSJES-USMBA-Fès
Pr. Laila ALAMI KASRI ; Professeur à la FSJES-USMBA-Fès
Conclusion générale
Annexes
Bibliographie
Table des matières
Introduction générale
1. Contexte de recherche
La lutte contre la pauvreté, présente depuis plusieurs années une priorité des pouvoirs publics.
La raison pour laquelle, plusieurs politiques ont été menées pour cette fin 1. Ainsi le souci de
relever d'urgence le défi que pose l’amélioration du bien-être des habitants les plus démunis
de la planète, a été et demeuré l’intérêt majeur des organismes internationaux, notamment la
Banque mondiale, qui a profondément orienté la recherche sur la pauvreté vers les questions
relatives à sa mesure, de façon à guider les politiques de réduction et à juger de leur efficacité.
De ce fait, devant la monté du chômage 2, la création d’entreprises individuelles, ne cesse de
se multiplier, or, l’entrepreneuriat demeure jouer un rôle pionnier dans la création de la
richesse, et implique un moyen de se réaliser soi même, et c’est dès le début des années 1980,
que l’auto-emploi fait l’objet de divers dispositifs, qui aboutissent à la construction d’un
secteur d’aide et d’accompagnement à la création d’entreprise, qui interpelle l’intervention de
tous les acteurs (ONG, institutions, pouvoirs publics…), pour la promouvoir et la consolider,
étant donné, que le plan d’assistanat et celui du salariat ne peuvent ni réduire l’extrême
pauvreté de la population, ni créer des emplois, autrement dit pour favoriser à cette partie
importante de l’humanité et principalement aux femmes qui sont dans le plupart des PVD,
victimes d’inégalités sociales3 les moyens pour réaliser leurs potentiels.
Alors, dans le cadre du contexte socio-économique qui est fondé actuellement dur une autre
manière de produire des richesses, plus respectueuses des personnes, des aspirations
citoyennes et des territoires aussi que dans cette nouvelle approche de l’économie, non
réductible au seul marché et porteuse d’une autre manière de faire la société, les acteurs
institutionnels se trouvant au sommet d’une position de prise de décision du fait de leur
1
Notamment le premier OMD fixé par les Nations Unies en septembre 2000 est de réduire la moitié de la
population vivant dans l’extrême pauvreté d’ici 2015.
2
Le nombre des sous-emplois en fin de l’année 2016 est de 200 millions dans le monde, et il est de 1,2 millions
au Maroc, or le taux de chômage a grimpé est atteint 10% selon le HCP.
3
Les femmes font généralement partie de la population la plus pauvre, et qui ne reçoivent que 10% du revenu
mondial, malgré qu’elles représentent 75% de la main d’œuvre dans le monde. (Selon la BM 2015).
proximité de la population. Face à cette situation, la microfinance apparait dans les années
1970, comme une innovation économique pour lutter contre la pauvreté, cette politique de
4
financement, fondée par Mohammed Yunus , caractérisée par, la mise en place d’un
programme d’octroyer des crédits aux femmes pauvres micro-entrepreneurs, a été exporté
partout dans le monde, énormément dans les pays en voie de développement, où la pauvreté
touchait un nombre important de leurs populations, y compris le Maroc.
En effet au Maroc, Un des remèdes contre la pauvreté demeure, est le fait d’encourager les
femmes à la créativité, c’est-à-dire, à orienter vers la promotion des activités génératrices des
revenus. Ceci voir que l’entrepreneuriat féminin, présente un poids considérable dans
l’économie des pays, est devenu en fait, l’un des principaux pourvoyeurs des emplois 5 et
assure la satisfaction d’un nombre croissant des besoins des populations. Les IMF
témoigneraient alors des meilleures pratiques bancaires, présentent un outil efficace de lutte
contre les inégalités sociales, et donc encourageraient ainsi cet entrepreneuriat, en visant la
multiplication des actions féminines afin de renforcer leur pouvoir socio-économique.
2. Objet de recherche
4
Mohammed Yunus, surnommé « le banquier des pauvres » est le père fondateur de Grameen Bank, 1 ère
institution de Microcrédit au Bangladesh et titulaire du prix Nobel pour la paix en 2006 ».
5
Selon le portail du HCP, qui représente la situation du marché de travail en 2016 le nombre d’emploi crée
grâce à l’entrepreneuriat, dont celle féminin représente plus de 50%, est de 35000 poste dans le secteur des
services et commerce et celui d’artisanat est de presque 15000 postes.
6
Réforme se résume dans le recul de l’Etat, suite à son incapacité à gérer les déficits socio-économiques, et les
effets défectueux des PAS en 1983 qui ont approfondi la crise, ont stimulé la mise en place des politiques
d’ajustement social en 1997 comme alternance pour résorber les déficits sociaux de base.
L’objectif que nous visons consiste, à mettre en lumière un ensemble d’analyses à
penser le rôle de la microfinance dans l’amélioration des conditions de vie des femmes
entrepreneurs via l’accompagnement qu’elle assure à coté des crédits accordés. Le
crédit n’étant pas le seul produit de la microfinance, d’où, le second objectif assigné à
notre recherche, qui est d’identifier les différents services d’accompagnement social,
que la microfinance met à la disposition de sa clientèle féminine, pour satisfaire ses
besoins et gérer à bien son activité.
3. Problématique de recherche
Durant les dernières années, il est vrai qu’au Maroc, la participation des femmes à la vie
économique, en général via la création d’entreprises a connu un développement remarquable.
Depuis les années d’indépendance faut-il le rappeler, que le gouvernement marocain apporte
son soutien à la promotion de l’entrepreneuriat féminin, ce dernier s’est renforcé par la
présence des organismes d’appui à la création et au développement d’entreprises, tel que la
microfinance. Toutefois, il apparait que le taux de mortalité des petites entreprises créées reste
élevé. Parmi les facteurs explicatifs de cet échec, il est souvent souligné les contraintes que
subissent les entreprises, mais surtout l’insuffisance de ressources et de compétences
indispensables pour rendre opérationnelles les entreprises, et assurer une gestion efficace. A
partir de cette vision, notre étude porte sur la réussite de l’activité entrepreneuriale de la
femme. Nous cherchons à savoir, en quoi la microfinance qui est basée sur les dispositifs
d’aide (appuis financiers et non financiers), peut favoriser la réussite et le développement de
l’activité entrepris, en agissant sur les attitudes, comportements et compétences des femmes.
Ceci nous amène à poser la problématique suivante :
Dans quelle mesure l’accompagnement des femmes dans le champ de la microfinance
assure le développement des entreprises féminines ?
Notre étude sur le soutien de l’entrepreneuriat féminin par la microfinance, part du constat
que la contrainte financière ne constitue pas à elle seule le principal obstacle à la réussite de la
micro-entreprise féminine, d’où l’intérêt de notre recherche, dont on va étudier l’impact des
services non financiers, notamment l’accompagnement comme outil de plus du microcrédit
qui permet la pérennisation et la réussite de l’activité entrepreneuriale.
4. Méthodologie de recherche
Dans la présente recherche nous allons posséder avec une démarche méthodologique
qualitative exploratoire qui fournit des données de contenu. Concernant la posture
épistémologique de la recherche, nous allons suivre un raisonnement abductif qui va nous
permettre de fournir des réflexions pertinentes à notre contexte de recherche tout en
construisant des liens solides avec le terrain via une analyse d’incidence.
Dans un premier chapitre, nous allons présenter une revue de littérature compréhensive sur la
microfinance et l’entrepreneuriat, les définitions appropriées à chaque concept selon certains
chercheurs et auteurs, présenter un état des lieux des principaux positionnements théoriques et
contextuels des auteurs ayant décrit les concepts liés à la microfinance, tout en citant ses
approches et son évolution, et ceux liés à l’entrepreneuriat tout en traitant son ses typologies
ainsi que l’esprit entrepreneurial pour la femme et finalement l’accompagnement comme un
service non financier en entrepreneuriat issu de la microfinance.
Dans le deuxième chapitre, nous essayerons de présenter la caractérisation de
l’accompagnement et des services non financiers en microfinance, et fournir ensuite, un état
des lieux de l’entrepreneuriat féminin au Maroc, tout en traitant par la suite du rôle de
l’accompagnement dans l’entrepreneuriat des femmes au Maroc comme levier qui encourage
les femmes pour développer leurs activités.
Compte tenu des considérables études, et de la complexité des modèles qui sont proposés pour
bien préciser l’impact de la microfinance sur la réussite des activités menées par les femmes,
nous avons souhaité, restituer une représentation suffisamment pertinente de la réalité. Nous
estimons une nécessité de travailler sur le terrain, pour arriver à répondre concrètement à
notre problématique. Le troisième chapitre fera l’objet de cette étude empirique.
Chapitre I : Revue de
littérature compréhensive sur
la microfinance et
l’entrepreneuriat
Introduction de chapitre
Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement pour les institutions de microfinance d’accorder des
crédits mais de s’assurer que leurs activités contribuent bien au développement économique et
social des territoires. Ainsi, pour améliorer leur performance totale, les institutions de
microfinance sollicitent des structures susceptibles de les accompagner dans le processus
d’identification et de formulation des besoins mais aussi, pour la mise en place d’actions
concrètes pour leur réalisation.
La microfinance est considérée aujourd’hui comme l’outil le plus prometteur dans la lutte
contre la pauvreté et l’exclusion bancaire. Par l’octroi de microcrédits, la collecte d’épargne,
l’offre de micro assurance, les institutions de microfinance (IMF) renouvellent l’activité
financière par des pratiques aussi innovatrices que les crédits solidaires. Cependant, ayant
pour domaine naturel le social, la microfinance ne peut se contenter de donner l’argent aux
demandeurs (clients) à travers le microcrédit mais se doit en plus et surtout de leur assurer un
appui et un accompagnement.
L’entrepreneuriat féminin à partir des années 80, dans un même temps où la microfinance
était en évolution, a pris une importance majeure dans l’économie des pays, et a connu un
regain d’intérêt, et de nos jours elle est devenue une priorité pour les programmes de
développement internationaux et nationaux, résultant d’une prise de conscience au niveau
mondial de l’importance du rôle des femmes dans la société et du potentiel humain qu’elles
représentent. Cet entrepreneuriat a suscité un éveil majeur, grâce à la microfinance qui a
marqué son avènement comme outil de développement et d’ancrage territorial depuis plus de
30 ans. Et donc pour bien comprendre ces deux notions clés, ils convient de présenter de
manière successive la signification et les fondements de l’entrepreneuriat féminin et de la
microfinance tout en les situant sur un plan théorique.
Le défi majeur des IMF consiste à mettre en place des systèmes qui permettent au plus grand
nombre de microentrepreneurs, exclus du système bancaire, un accès à des services financiers
et non financiers et ce de manière durable.
Ce chapitre tente de mettre la lumière sur le champ de la microfinance, ainsi que les
définitions et les typologies de l’entrepreneuriat. Pour ensuite aborder la notion
d’accompagnement, dont il nous semble important de définir la place et le rôle dans le secteur
de la microfinance.
Section 1 : La microfinance : Approches et évolution
7
ACCION International est l’une des premières organisations de microfinance dans le monde. Elle est fondée en
1961à Caracas (Venezuela) par un étudiant nommé Joseph Blatchford. L’organisation avait comme objectif
d’aider les pauvres des villes de l’Amérique Latine à s’aider eux-mêmes. En 1973, les dirigeants d’ACCION
dans Recife (brésil) ont décidé de lancer le programme UNO et à distribuer des petits crédits. Selon ACCION, ce
premier crédit et le commencement du microcrédit. (www.accion.org/Page.aspx?pid=506 consulté le 29.01.11).
Unis d’Amérique remonte à 1789 lorsque Benjamin Franklin 8 , très malade et vivant ses
derniers jours, a décidé d’amender son testament pour donner aux villes de Boston et
Philadelphie une partie de sa fortune, soit exactement 1 000 livres sterling chacune (Schwartz,
2001). Selon l’auteur, ce testament anticipe les programmes modernes de microcrédit des
Grameen Banks. En effet, Franklin désirait que l’argent donné soit octroyé sous forme de
prêts de petites sommes (non pas sous forme de dons) à des artisans pour les aider à démarrer
leur activité.9
8
Benjamin Franklin (1706 – 1790) est l’un des pères fondateurs des Etats-Unis d’Amérique. Il est corédacteur et
signataire de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis de 1776 et premier ambassadeur en France.
9
Franklin comptait sur les intérêts (5 %) pour faire augmenter la somme initiale. D’après ses calculs, au bout de
cent ans, la somme devait s’élever à 131 000 livres sterling. Il souhaite alors dans son testament qu’une partie de
cette somme (100 000 livres sterling) soit utilisée pour construire des hôpitaux, infrastructures, fortifications,
écoles... L’autre partie devant à nouveau être prêtée. Au bout de 200 ans la somme devant s’élever à 4 061 000 £
sera à la disposition du gouvernement de l’État. Pour Philadelphie, il prévoit le même mécanisme, au bout de
cent ans la somme devait servir à construire un aqueduc pour amener de l’eau potable en ville et à rendre,
comme il le souhaitait initialement, le Skuylkil navigable. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Benjamin_Franklin.
Consulté le 28.01.11).
10
Frédéric-Guillaume Raiffeisen (1818 – 1888) a travaillé comme journaliste à un âge très jeune. En 1845, il est
nommé bourgmestre (maire) du district de Weyerbusch. Après la famine de 1847-1848, il décida de créer en
1849, avec l’appui des notables, une société pour aider les agriculteurs nécessiteux à acquérir du bétail sans avoir
à recourir au commerce usurier du bétail. Rapidement, la société se transforme en une caisse de prêt qui accorde
des crédits à taux bas aux paysans pour acheter directement leur batail. En 1854, il créa à Heddesdorf une société
d’épargne et de crédit. En 1862, il créa quatre autres caisses d’épargne et de crédit. En 1872, il créa la première
fédération de crédit en Rhénanie, puis celle de Westphalie et de Hesse (1874). En 1876, il regroupa les
fédérations et créa un institut central de crédit qui deviendra la Deutsche Raiffeisenbank. Des Raiffeisenbanks
existent encore Aujourd’hui en Allemagne, en France, au Luxembourg, en Suisse et en Autriche (Draperi, 2006).
Un grand nombre de coopératives existantes en Afrique, en Amérique Latine et en Asie se
sont inspirées de ce modèle.
Au cours du même siècle, en Europe, au Japon et dans d’autres pays, les systèmes postaux et
les services financiers postaux sont devenus d’importants prestataires de services de
microcrédit notamment l’épargne et les services de paiement (Nations-Unies, 2006).
Toujours au XIXe siècle, exactement en 1895, l’Indonésie a vu la création de la plus ancienne
banque du pays, la banque Bank Rakyat Indonesia (BRI)11. Elle a été créée pour gérer les dons
des mosquées pour les donner comme crédits avec des facilités de remboursement. BRI est
devenu le système de microfinance le plus important en Indonésie avec près de 25 millions de
clients à travers le pays.
La période comprise entre les années 1950 et 1970 a vu la mise en place d’institutions
financières publiques de développement ou des coopératives agricoles, dans le cadre de plans
de développement sectoriels, dont l’objectif principal était d’offrir des crédits agricoles aux
petits paysans afin qu’ils puissent relever leur productivité et augmenter leur revenu : le crédit
est devenu un instrument au service d’autres objectifs comme l’introduction de nouvelles
pratiques agricoles. Les prêts accordés sont faits avec des taux subventionnés inférieurs à
ceux appliqués sur le marché. Cependant, comme c’est le cas pour de nombreuses opérations
économiques gouvernementales, l’efficacité de ces institutions s’est révélée variable selon les
pays et les périodes. Une bonne partie de ces institutions disparaîtrait à cause de l’érosion de
leur capital. Cet échec est dû à plusieurs raisons, parmi lesquelles nous pouvons citer (Helms,
2006 et Boyé et al., 2006) :
Le non remboursement des prêts par certains clients qui les considèrent comme des
cadeaux offerts par l’Etat ;
Les taux appliqués étant faibles ne permettaient pas aux banques de recouvrir leurs
coûts ;
La gestion qui répond à des considérations politiques et électoralistes ;
Dans certains cas, les prêts sont accordés aux agriculteurs les plus aisés au dépens de
ceux qui en ont le plus besoin.
11
BRI ou Bank Rakyat Indonesia a été créée en 1895 en Indonésie. Elle a été créée pour gérer les dons des
mosquées pour les donner comme crédits avec des facilités de remboursement. BRI est considérée comme la
plus ancienne banque du pays. Elle est devenu le système de microfinance le plus important en Indonésie avec
près de 25 millions de clients à travers le pays. (Source : http://www.ir-bri.com/ ; consulté le 06.03.2011).
A partir des années 70 le microcrédit va attirer plus d’attention et connaîtra un développement
très rapide.
Les pauvres ont un taux de remboursement de prêts plus élevé que celui des clients des
banques commerciales, et ce grâce aux mécanismes originaux développés par les IMF,
principalement la pression sociale ;
Les pauvres sont prêts à supporter les taux d’intérêt élevés appliqués par les IMF pour
pouvoir couvrir leurs charges. Pour cette clientèle l’accès au capital est plus important
que le coût du capital ;
Une institution peut être financièrement viable sans subventions même en accordant
des prêts de petit montant à une clientèle pauvre.
12
Ali JEBLI, ( 2 0 0 3 – 2 0 1 0 ), DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE
MICROCREDIT AU MAROC, u n e A n a l y s e p a r l e s d o n n é e s d e p a n e l, Thèse de doctorat en
Sciences économiques
Les années 1990 a vu l’utilisation du terme microfinance à la place du micro-crédit. La
microfinance englobe, en plus du microcrédit, des activités comme la micro-assurance, le
transfert d’argent et l’épargne.
Plusieurs IMF sont créées dans différents pays, notamment dans les zones urbaines et les
zones rurales à forte densité de population. La microfinance entre dans les politiques de lutte
contre la pauvreté sous l’impulsion des organismes de développement international. Afin
d’avoir une portée importante qui leur permettra d’atteindre plus de clients pauvres, certains
IMF se sont transformées en sociétés à but lucratif ce qui leur donnera plus d’accès aux
marchés des capitaux. Ainsi, l’année 1992 a vu le début de l’industrie de la microfinance avec
la création de la banque Banco Solidario SA (BancoSol) par l’ONG bolivienne PRODEM. Au
cours de la même décennie, la viabilité financière des IMF devient un enjeu majeur des
programmes de la microfinance. La rentabilité de certains IMF attire des organismes, privées
ou publiques, spécialisés dans le financement des IMF. La microfinance commence à intégrer
les différents programmes nationaux de lutte contre la pauvreté. (Helms, 2006 et Boyé et al.,
2006).
L’année 1996 sera l’année de la première faillite d’une IMF : Corposol Bolivienne. D’autres
IMF en Asie et en Afrique ont connu le même sort.
A partir de l’année 2000 : la microfinance finance tend vers des systèmes financiers
accessibles à tous
Après les années 90, considérées comme les années d’euphorie de la microfinance, les années
2000 ont fait apparaître les limites de la microfinance et sa remise en question. En effet :
La microfinance telle qu’elle est conçue jusqu’à cette date ne peut être la seule
solution aux problèmes de la pauvreté ;
La microfinance n’arrive pas à toucher toute sa clientèle cible, notamment les plus
pauvres des pauvres, les populations rurales et les habitants des zones isolées. Il faut
donc trouver des solutions pour augmenter l’offre et atteindre les différents segments
de la population pauvre ou la plus éloignée ;
Il faut trouver des solutions qui permettront de diminuer les coûts des services
offerts par les IMF.
La solution à ces problèmes réside dans la prise en considération de la population pauvre par
les acteurs du système financier et non pas seulement par les spécialistes de l’offre à la
population pauvre. La CGAP parle aujourd’hui de systèmes financiers accessibles à tous à la
place de la microfinance. Si une meilleure connaissance des services financiers désirés par la
clientèle pauvre a permis l’évolution du microcrédit à la microfinance, la même raison est
derrière le passage de la microfinance à des services accessibles à tous (Helms, 2006).
Au cours de cette décennie, on a donc assisté à l’intégration de la microfinance dans le
système financier. D’une part, on a assisté à des banques commerciales et à autres institutions
financières formelles qui commencent à élargir leur clientèle à des segments plus pauvres.
D’autre part, certaines IMF continuent à accroître leur champ d’action. Cependant, cette
tendance reste inégale selon les régions et les pays (Helms, 2006).
Donc, on entend par la microfinance, l’offre des services financiers et non financiers,
initialement le micro crédit et l’accompagnement social qui permettent de promouvoir le
développement économique, en rompant le cercle de la pauvreté à travers l’accès au crédit et
en stimulant l’entrepreneuriat, aux populations pauvres exclues du système bancaire, sans
ressource ni droit de propriété, c’est un concept destiné aux pays en voie de développement.
Elle se spécifie par l’importance de la proximité géographique, financière et sociale
permettant de prendre des décisions adaptées au contexte socio-économique des populations
ciblées et d’établir un lien privilégié de confiance.
Dans la littérature sur la microfinance, la mesure de la performance des IMF a opposé deux
courants de pensée. Le premier courant relève de ce qui est connu comme l’approche
welfariste ou l’approche du bien-être social (welfarist approach, en anglais). Le deuxième
courant est qualifié de l’approche institutionnaliste (institutionist approach, en anglais)
(Morduch, 2000 ; Brau et Woller, 2004 ; Ejigu, 2009 ; Gutiérrez-Nieto et al., 2009 13). Le
débat qui anime ces deux courants de pensée a pour origine les visions différentes sur ce que
devraient être les rôles et les priorités des IMF pour permettre aux populations à faible revenu
d’avoir accès aux services financiers dans les meilleures conditions. Woller, Dunford et
Warner (1999) notent que l'ironie est qu’il existe un fossé important entre les deux camps, qui
13 Morduch, 2000 ; Brau et Woller, 2004 ; Ejigu, 2009 ; Gutiérrez-Nieto et al., 2009, Performance Des
entreprises informelles en Côte d’Ivoire : Quelle contribution du microcrédit ?
rend la communication entre eux difficile, alors qu’en pratique on trouve de nombreuses IMF
qui apparaissent adopter les deux approches et que les deux visions ne sont pas vraiment
incompatibles ; toutes les deux partagent le même objectif qui consiste à réduire la pauvreté.
Nombreuses sont, ces deux approches théoriques qui ont été mobilisés pour traiter l’apport de
la microfinance comme stratégie et pratique innovant pour la lutte contre la pauvreté,
l’exlusion financier et social, tout en stimulant la création d’emploi.
Source : Ayayi A. et Noel C., (2007), « Défis et Perspectives de la Recherche en Microfinance ». Cahier de
recherche, Chaire Banque Populaire : Audencia Nantes - École de Management. 35 pages. (p. 19)
A. L’approche institutionnaliste
Cette approche14, se concentre principalement sur la création d’institution financière capable
de garantir l’accès aux services financiers à une clientèle pauvre.
La propriété dans cette approche est accordée à l’autosuffisance de l’institution et à
l’amplitude de ses programmes (le nombre de clients touchés), alors que la profondeur des
programmes (l’impact sur la clientèle) est reculée au deuxième rang.
La mise en place des systèmes de microfinance viables et qui touchent un grand nombre de
populations pauvres est conditionnée par la mise en place d’institutions rentables, répondant
aux lois de marchés financiers concurrentiels et ayant un mode de gouvernance efficace avec
une bonne qualité des services offerts, pour faire face aux risques.
Et donc dans le cadre de notre recherche, cette approche va être utile pour étudier la façon
avec laquelle les institutions de microfinance perçoivent l’activité entrepreneuriale en évitant
les risques détournements et sélectionnant les structures à financer afin de favoriser la réussite
et à éviter l’échec des projets entrepreneuriaux via l’accompagnement et le suirvi qu’elles
assurent.
Cette dernière vise la création d'institutions financières vouées à servir des clients qui ne sont
pas ou qui le sont insuffisamment par le système financier formelle (Woller et Al ; 1999).
La thèse Institutionnaliste repose sur l'idée selon laquelle la microfinance, aussi efficace soit-
elle, ne fera jamais de véritable différence sur le niveau général de pauvreté dans le monde si
les opérations dépendent du financement des bailleurs de fonds.
Dans ces conditions, les IMF se doivent d'aspirer au moins à l'autosuffisance opérationnelle
sous peine de ne jamais réaliser les promesses que porte le mouvement de microfinance à
savoir une réduction drastique du niveau de la pauvreté.
Pour les Institutionnalistes, leur centre d'intérêt se trouve être l'institution en tant que telle et
son efficacité se vérifie grâce à des indicateurs de performance financière ou de performance
sociale tel que le nombre de clients servis ou le taux de remboursement. L'approche
Institutionnelle considère également qu'un des objectifs primaires de la microfinance est
l'approfondissement financier, la création d'un système séparé et viable d'intermédiation
financière pour les pauvres. Leur approche de la microfinance en est un des systèmes
financiers dans laquelle le futur de la microfinance est dominé par de nombreuses institutions
14
Article Bouzeouich BOUDOUR et Sami BOUDABBOUS « la relation entre la performance financière et
sociale des institutions de microfinance », tubisie (2011), page 8-9.
œuvrant à grand échelle, à la recherche de profits, qui fournissent des services financiers de
grande qualité à un grand nombre de clients pauvres (Ghatak et Guinanne, 1999).15
15
Ghatak, M and TW Guinnane (1999). The Economics of Lending with Joint Liability: Theory and Practice.
Journal of Development Economics, 60(1): 195-228.
16
Même article page 10-11
17
Hulme D. (1997), Méthodologies d’évaluation d’impact de la microfinance : un avis, document préparé pour
la réunion virtuelle du groupe de travail du CGAP sur l’évaluation d’impact Méthodologies (Avril 17-19),
AIMS, mai.
18
CGAP, 2007. Au-delà des bonnes intentions : évaluation de la performance sociale des institutions de
microfinance, Note focus n°41, Mai 2007, page 16.
leurs missions sociales. En détournant la microfinance de ses fondements idéologiques, la
recherche de la performance financière constituerait un frein à l'innovation et à la réduction de
la pauvreté (Servet, 2007).
Les partisans de l’approche welfariste font des programmes de microfinance, des programmes
de vocation sociale, se basant principalement sur les subventions en provenance de l’Etat et
des bailleurs de fonds.
Cette approche dans le cadre de notre recherche nous servira pour étudier l’impact du crédit et
de l’accompagnement sur la réussite des femmes entrepreneurs et sur leur empowrement.
Au final, ces deux courants de pensée partagent le même objectif qui consiste à réduire la
pauvreté à travers la fourniture de services financiers, leur divergence se matérialise au niveau
de ce que devraient être les rôles et les priorités des IMF pour permettre aux populations à
faible revenu d’avoir accès aux services financiers dans les meilleures conditions.
1. Définitions de l’entrepreneuriat
L’entrepreneuriat existe depuis que l’être humain a existé et évolué avec son évolution, ce
phénomène a dépassé l’émergence et semble stagné à l’adolescence, il a pris son ampleur au
17 ème siècle et définit différemment dans les approches du contexte anglo-saxonnes et de
19
celui francophones, il semble être qualifié de préparadigmatique , il se base sur quatre
paradigmes à savoir l’opportunité d’affaire, le création de valeur, la création d’une
organisation et l’innovation, qui restent complémentaires selon le consensus de la majorité des
écoles malgré quelques divergences de quelques unes et de certains courants qui considèrent
l’un prioritaire que les autres.
L'entrepreneuriat fait l'objet d'un engouement médiatique et politique pouvant conduire à des
amalgames. Il est parfois utilisé dans des formes adjectives surprenants : création d'affaires,
activité, ... En effet, l'entrepreneuriat est étudié par des économistes, des sociologues, des
19
Thierry Verstraete et Alain Fayolle : « Paradigmes et entrepreneuriat », Editeur De Boeck Supérieur, diffusion
Cairn info, pages 33-52, (2005).
anthropologues, des historiens et des chercheurs d'autres disciplines . D'où l'entrepreneuriat
peut correspondre à une ou plusieurs terminologies selon la discipline du chercheur. Pour
nous, nous le considérons comme activité économique.
Il y a beaucoup de chemins différents où l'entrepreneuriat peut être défini. Une vue possible
de la nature d'un phénomène entrepreneurial est de le considérer comme un phénomène
d'organisation. Dans cette vision, l'analyse de l'entrepreneuriat revient à étudier la naissance
de nouvelles organisations ou les activités permettant à un individu de créer une nouvelle
entité.
21
Pinchot introduit le terme d' « intrapreneuriat » où « corporate entrepreneurship » pour
décrire les activités entrepreneuriales au sein même d'une grande organisation.
Selon Gasse22, l'entrepreneuriat s'entend comme l' « appropriation et la gestion des ressources
humaines et matérielles, dans le but de créer, de développer et d'implanter des solutions
permettant de répondre aux besoins des individus ». L'entrepreneur crée des activités pour
lutter contre la pauvreté, pour produire des biens et services,... utiles à la société.
20
HENAULT.G et R M'ROBERT, l'entrepreneuriat en Afrique francophone : culture, financement et
développement, AUPELF-UREF, Paris, 1990. P1
21
LARUE.D et CAILLOT A., Economie d'Entreprise coedit. Hachette-licet, Paris, 1984
22
LANCELIN. M, « Quelques éléments de réflexion sur les problèmes d'épargne et de crédit », in Technique
financière et développement dans l'esprit d'entreprise, ED AUPELF-UREF, Jhn Libbey , Paris,1993.
Pour BEN CHEIKH23, l'entrepreneuriat est sans doute la suite logique de l'empowerment.
L'entrepreneuriat consiste à mettre en relation avec d'autres afin de créer des échanges, des
projets et de la richesse.
Gatner cité par Kasereka Kombi24 s'est beaucoup intéressé à la question de définition de
l'entrepreneuriat. Il a interrogé des experts avec la méthode Delphi en essayant de répondre à
la question suivante « What are we talking about when we talk about entrepreneuship ? ». Il a
déterminé à la suite de cette étude, 8 thèmes relatifs à l'entrepreneuriat :
- Certains réservent l'entrepreneuriat au seul secteur privé, d'autres estiment qu'il peut
concerner le secteur public.
23
LELART.M, « les circuits parallèles de financement : étant de la question » in entrrepreneuriat en Afrique
francophone : culture, financement et développement, Ed John Libbey Eurotext, Paris, 1990.
24
MPANZU BALOMBA.P ., Microfinance en République Démocratique du Congo: Cas du site maraîcher de
N'djili/CECOMAF à Kinshasa, Mémoire présenté en vue de l'obtention du Diplôme d`Etudes Spécialisées en
Economie et Sociologie Rurales, Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux (FUSAGx) et
Université Catholique de Louvain (UCL), 2004-2005.
L’entrepreneuriat peut se définir comme une activité impliquant la découverte, l’évaluation et
l’exploitation d’opportunités, dans le but d’introduire de nouveaux biens et services, de
nouvelles structures d’organisation, de nouveaux marchés, processus, et matériaux, par des
moyens qui, éventuellement, n’existaient pas auparavant.
2. Typologies de l’entrepreneuriat
25
NSIMBA LUZOLO.P. , Entrepreneuriat, Petites et moyennes entreprises (PME), cours inédit, G3 Economie
UCG - Butembo, 2005-2006.
l'entrepreneuriat durable correspond aux activités et surtout les sociétés dont l'exploitation
dure longtemps.
1. définition
Le terme accompagnement désigne un processus qui vise à aider des personnes ayant une idée
de création d'activité afin qu'elles puissent :
concrétiser leur projet et devenir des chefs d'entreprise autonome dans l'hypothèse où
leur projet de création s'avère viable ;
Dans le cas contraire, mettre en évidence des qualités personnelles ou professionnelles
sur lesquelles ces personnes pourront « rebondir » si leur projet s'avère irréalisable.
Pour cela il est nécessaire que les projets et dossiers des emprunteurs potentiels soient
éligibles et l’étude de cette éligibilité constitue la première mission du service
d’accompagnement (les personnes ne pouvant bénéficié du Microcrédit Personnel seront
orientées vers de structures susceptibles de les aider).26
Lorsqu’un crédit sera accordé dans ce cadre, l’accompagnement social et budgétaire des
emprunteurs permettra d’assurer un suivi des remboursements des prêts dans les meilleures
conditions.
26
http://www.udaf24.fr/index.php/nos-services/service-d-accompagnement-au-microcredit-personnel
un environnement administratif et légal parfois complexe.
Pour notre sujet, une question paraît s’imposer : « Qu’est-ce que l’accompagnement ? ».
Selon Pluchart (2013), ce terme « recouvre un ensemble de relations et/ou médiations,
inscrites dans le temps et l’espace, visant à apporter les ressources matérielles et immatérielles
nécessaires au créateur ou repreneur ». Loin de proposer une délimitation sémantique et
conceptuelle clairement circonscrite, cette définition reflète la diversité des pratiques, des
dispositifs, des acteurs, des référentiels que recouvre la notion d’accompagnement.
27
http://www.lemonde.fr/
Depuis les années 2000, l’accompagnement entrepreneurial est devenu un axe de recherche à
part entière en entrepreneuriat qui fait l’objet d’une vaste littérature (Fabbri et Charrue-
Duboc, 2013).
L’accès au financement est identifié comme un obstacle important dans le développement des
entreprises dirigées par les femmes.
Conslucion de chapitre
28
Ecosystème entrepreneurial et logiques d’accompagnement, Pascal Philippart, 2016, Editions management
et société
29
Accompagnement des petites entreprises au Cameroun et au Sénégal : compétences des dirigeants et
performance, Raphael Nkakleu, 2018, Editions management et société
L’attribution d’un microcrédit est donc une condition nécessaire mais non suffisante pour le
succès d’une activité. Il est généralement indispensable de la compléter par un
accompagnement adapté, permettant de faire les bons choix au démarrage de l’activité et tout
au long du projet.
Chapitre II : Accompagnement
en microfinance et
développement de
l’entrepreneuriat féminin au
Maroc
Introduction de chapitre
A cours des dernières années, on assiste à une croissance du nombre des entreprises créées par
les femmes dans le monde. Vu que, toutes les initiatives publiques et privées, et notamment
celle de la microfinance, avaient comme but d’encourager toutes les femmes qui souhaitent se
lancer dans l’entrepreneuriat pour vivre leur envie et leur ambition, s’affirmer dans son
métier, créer son emploi et donc participer activement au renouveau de l’économie du pays,
tout en essayant d’éradiquer tout obstacle.
Il s’agit dans cette deuxième partie de faire le point sur l’état des lieux de l’accompagnement
en microfinance et de l’Entrepreneuriat des femmes au Maroc. Il s’agit également d’analyser
et de présenter le cadre empirique opté pour répondre à notre problématique de recherche.
Cette partie comprend deux chapitres, dans lesquelles on va analyser la situation de la femme
marocaine dans l’économie, et présenter, analyser et discuter les résultats obtenus dans le
terrain.
L’attribution d’un microcrédit est donc une condition nécessaire mais non suffisante pour le
succès d’une activité. Il est généralement indispensable de la compléter par un
accompagnement adapté, permettant de faire les bons choix au démarrage de l’activité et tout
au long du projet.
En fait, l’intérêt pour une IMF à intégrer un service d’accompagnement social parmi ses
objectifs est :
Pour une personne bien accompagnée, les enjeux sont donc vitaux. Si la consolidation réussit,
elle est en principe remise en selle durablement. Dans le cas contraire, elle connaîtra à
nouveau les difficultés voire l’exclusion. Au-delà de son but immédiat, l’accompagnement
social a donc pour finalité d’aider le bénéficiaire à construire une nouvelle dynamique de vie,
en devenant capable de s’assumer financièrement de manière autonome, y compris en cas de
nouvelle difficulté.
A l’issue d’un accompagnement réussi, la personne accompagnée est devenue plus consciente
de sa problématique et éventuellement de sa propre responsabilité dans ses difficultés, elle a
trouvé, au moins en partie, des solutions à ses difficultés, elle a acquis ou renforcé ses
compétences pour gérer ses affaires financières, elle sait demander de l’aide si elle en a
besoin, elle a acquis une plus grande autonomie dans la conduite de sa vie.
L’accompagnement social dans les IMF est au minimum une aide au remplissage de dossier
de demande, mais recouvre souvent plus de services dont principalement :
a. L’information
b. La formation
c. Le conseil
Il est question de proposer au client des choix dans différents domaines. Par exemple
lui proposer les secteurs d’activités qui sont les plus porteurs, ou encore le conseiller sur son
mode de gestion de ses stocks, etc.…
d. L’appui à la commercialisation
30
C.MINIALAI « femmes entrepreneurs au Maroc : une situation contrastée », ECONOMICA mieux comprendre
pour mieux décider, dernier rapport du GEM (Global Entrepreneurship Monitor) sur la région Moyen-Orient et
Afrique du Nord.
Le Maroc, en combinant les données individuelles et les données institutionnelles, selon une
étude de l’Index, se classe au 13ème rang31 des 17 pays32 avec un score global de 38% (à
comparer aux 76% des USA, aux 56% de la France ou aux 41% de la Chine). Mais au-delà de
ce classement, cette première étude met en évidence, certaines caractéristiques particulières de
l’entrepreneuriat féminin au Maroc. Ainsi, les femmes qui créent leurs entreprises, sont en
moyennes moins éduquées que l’ensemble de la population, et beaucoup d’entre elles restent
dans le secteur informel. De plus, lorsque la création d’entreprise, fait suite à une première
expérience professionnelle, les femmes marocaines sont en difficulté puisqu’elles ne sont que
13% à occuper des postes de management.
Contrairement à ce qu’on peut remarquer dans les pays de l’Afrique subsaharienne, les
femmes entrepreneures sont peu nombreuses au Maroc. Seulement 10%33des créateurs
d’entreprises sont des femmes, mais cette proportion masque la réalité de la dynamique
entrepreneuriale féminine, principalement à cause du poids de l'informel.
Cet encouragement commence à avoir ses fruits, puisqu’on constate une évolution
remarquable de l’entrepreneuriat des femmes qui apparaît au niveau de leur contribution au
développement économique.
31
Le Global Entrepreneurship Developement Index (GEDI) : résultats d’une étude axée sur le genre 2013.
32
Les 17 pays sélectionnés pour cette étude sont : Australie, Brésil, Chine, Egypte, France, Allemagne, Inde,
Japon, Malaysie, Maroc, Russie, Afrique du Sud, Turquie, Ouganda, Royaume-Uni et le Etats-unis.
33
Selon l'enquête réalisée par l'AFEM en 2006 avec l'assistance financière de la commission européenne et
l'appui de CGEM. Taille de l'échantillon: 579 femmes chefs d'entreprises (77 membres de l'AFEM et 502 non
membres).
Le stimulus primordial de cette évolution de l’état d’esprit est l’avènement de la nouvelle
Moudawana (code de la famille) qui a contribué à la vulgarisation d’une nouvelle culture
fondée sur les principes de l’égalité effective entre la femme et l’homme.
La grande majorité de cette catégorie exerce dans le secteur artisanal, suivi de l’industrie et de
l’agriculture.
35
Selon l’étude réalisée par l’AFEM plusieurs critères peuvent être pris en compte pour
caractériser le profil socio démographie des femmes chefs d’entreprises au Maroc: l’âge, la
formation, la situation familiale et l’expérience.
- Age
Au niveau du premier critère, l’âge moyen des femmes entrepreneures au Maroc se situe entre
35 et 44 ans. C’est l’âge de maturité en matière d’entreprendre qui suscite la décision
d’entreprendre étant donné que les capacités et les expériences sont accumulées par les
femmes.
C’est un âge de maturité qui est susceptible de permettre aux femmes de gérer efficacement
leurs affaires36.
- Formation
34
Ahmed CHERGAOUI (2008, p.6), l'entrepreneuriat féminin au Maroc, SlideShare
35
AFEM, 2005, "Etude sur l'entrepreneuriat féminin", Rapport
36
Mohammed BOUSSETTA (2011,p.17)Entrepreneuriat Féminin au Maroc: Environnement et contribution au
développement économique et social" rapport de Juillet, site www.trustafrica.org/icbe.
37
Quant à la formation , les études montrent que la femme entrepreneure, dispose
généralement d’un niveau d’instruction supérieure à celui de la moyenne nationale. Cette
variable est essentielle en matière d’acquisition d’outils de gestion et d’aide à la décision :
comptabilité, fiscalité, techniques de vente, marketing. Au Maroc, les femmes entrepreneures
ont dans leur grande majorité un niveau d’instruction élevé. Les deux tiers d’entre elles
disposent d’une formation universitaire, c'est-àdire d’au moins bac + 4. Celles qui ont même
un bac plus quatre et plus sont assez importantes. Ce niveau de formation est essentiel et
fortement utile pour les femmes dans leur vie professionnelle puisqu’il leur permet d’une part,
d’acquérir des bases solides dans le domaine des techniques de gestion des entreprises et
d’autre part, de combler leurs lacunes et insuffisances spécifiques tout en constituant une
certaine assurance pour investir dans le monde des affaires. Il faut souligner que les femmes
entrepreneures non ou peu instruites, ne gèrent que des micros et petites entreprises à domicile
essentiellement dans des activités comme le commerce et l’artisanat.
- La situation familiale38
Concernant la situation familiale, plusieurs auteurs estiment que le lien familial joue un rôle
important puisqu’un grand pourcentage de femmes entrepreneures descendent d’un père ou
d’un mari lui-même entrepreneur. Provenir d’une famille d’entrepreneurs renforce
certainement le désir et le goût d’entreprendre tout en assurant la continuité d’une tradition
qui est souvent ancestrale. Ainsi, un parent ou un mari entrepreneur exerce une certaine
influence sur le choix de création d’entreprise pour la fille et /ou la femme. Cette situation
familiale favorable et particulière, ne signifie pas pour autant l’inexistence de femmes qui
créent et/ou gèrent leurs entreprises et qui ne bénéficient pas d’un entourage entrepreneurial.
Le statut matrimonial et son influence sur l’activité entrepreneuriale de la femme, sont aussi
importants .Il est considéré tantôt comme un frein, tantôt comme un stimulateur. Dans
l’enquête d’Hernandez39 par exemple, les femmes mariées représentent 52% et les femmes
divorcées ou veuves 48%. Au Maroc, les femmes entrepreneures mariées sont encore
37
A.CORNET (2004,p48), Entreprendre au féminin : une réalité multiple et des attentes différenciées”, Revue
Française de Gestion N° 151, Juillet-Aout.
38
AFEM (20050), "Etude sur l'entrepreneuriat féminin", Rapport
39
D.BONET FERNANDEZ (2014, p. 4), Entreprendre en France? Les motivations des femmes,
http://www.ipag.fr/fr/accueil/la recherche/publications-WP.html
prédominantes avec 71%. Elles ont des enfants à charge majoritairement de bas âge pour 77%
d’entre elles. Des raisons socioculturelles sont à l’origine de cette caractéristique à savoir
notamment leur jeune âge, leur mariage précoce. Dans les traditions nationales, la femme doit
assurer d’abord ses obligations familiales.
- Expérience
Enfin, sur le plan de l’expérience, les femmes entrepreneures se caractérisent par certaines
spécificités telles que le caractère fondamentalement administratif de leur expérience, la
prédominance des aspects liés au service dans lesquelles elles exercent comme le secrétariat,
la formation, les services. Elles sont généralement peu nombreuses dans des domaines comme
l’industrie, la finance.
Dans ce domaine également, on peut noter que la littérature (Hisrich et Brush 1994) montre
que les femmes ont beaucoup moins d’expérience que les hommes dans l’activité choisie.
Au Maroc, les deux tiers des femmes entrepreneures ont exercé une activité professionnelle et
ont en déjà une certaine expérience dans un poste d’encadrement et de direction dans le
secteur privé.
On peut même dire qu’une grande continuité existe entre cette ancienne expérience et
l’entreprise créée ou gérée. Ainsi, souvent il ne s’agit pas d’une véritable rupture dans la
trajectoire professionnelle des femmes. Bien au contraire, cette continuité joue un rôle
important dans la réussite et la croissance de leur entreprise.
2. Les caractéristiques des entreprises créées et/ou dirigées par les femmes au
Maroc
- Taille
Les entreprises créées et ou gérées par les femmes au Maroc sont dans leur majorité de petite
taille, du type TPE (Très Petites Entreprises) ou des PME 40 (Salmane, 2011). Les deux tiers
d’entre elles emploient moins de 20 salariés, avec un peu moins de la moitié des effectifs
employés de sexe féminin. Ainsi on est majoritairement devant le cas de la TPE et PME, ce
qui correspond à la réalité économique marocaine touchée de plus de 90% de PME. La
plupart de ces entreprises sont relativement jeunes, la moitié de celle-ci a moins de 5 ans.
Juridiquement, la constitution de société est beaucoup plus rare chez les femmes ; elles
préfèrent demeurer propriétaire unique, contrairement aux hommes. Elles optent plus souvent
pour le statut indépendant (personne physique) que pour la constitution en société (personne
morale)41 . Au Maroc, les entreprises dirigées par des femmes sont le plus souvent des SARL
(57%) ou des entreprises individuelles (22%). Elles sont plus rarement des sociétés anonymes
(16%).
Cette forte proportion d’entreprises individuelles est justifiée par sa simplicité et son
adéquation aux PME ainsi que la souplesse de son statut et du capital social qui reste moins
élevé avec des facilités en termes de blocage à la création.
- Le secteur d’activité
La littérature considère aussi que les femmes créent et/ou gèrent souvent les entreprises liées
aux services tels que le commerce, les relations juridiques et les services éducatifs et le
conseil. Au Maroc, également les entreprises féminines sont concentrées dans le secteur des
services avec 37%, le commerce et la distribution avec 31% et l’industrie et notamment le
textile & l’agro-industrie avec 21%42. Ainsi l’entrepreneuriat féminin est de moins en moins
limité aux secteurs classiques comme le commerce ou l’artisanat même si le tiers des femmes
exercent toujours leur activité à domicile en milieu urbain contre presque les deux tiers en
40
N.SALMAN (2011), L'entrepreneuriat féminin au Maroc, Communication au 7èmes Rencontres
Internationales, Corte, France du 29 au 30 septembre.
41
A.CORNET et CONSTANTINDS (2004), Entreprendre au féminin: une réalité multiple et des attentes
différenciées", Revue française de Gestion N°151, Juillet-Aout.
42
AFEM, 2005, "Etude sur l'entrepreneuriat féminin", Rapport
milieu rural. Une grande partie des femmes soit à titre individuel ou collectif et ce dans le
secteur informel (cas des associations microcrédits).
- L’étendue de l’activité
En terme de l’interaction de leurs entreprises avec les marchés extérieurs, les femmes
prennent aussi le risque de rechercher de nouveaux consommateurs, et ce en se basant sur des
campagnes publicitaires, qui peuvent à leurs avis, apporter un succès réel mais aussi de
nouveaux investisseurs, sans pour autant demander des investissements en communication
très lourds que la structure ne peut pas supporter43.
Les entreprises féminines privilégient le marché local (31%) et national (44%) et seul 21%
font de l’export. L’essentiel de cette dernière catégorie d’entreprises est de grande taille. Cette
caractéristique n’est pas d’ailleurs spécifique aux entreprises créées et/ou dirigées par des
femmes.
L'entrepreneuriat féminin se base, sur la motivation qui alimente son esprit et qui lui permet
de réussir son projet.
Diverses raisons sont avancées pour expliquer l’engagement entrepreneurial des femmes. Il
s’agit entre autres du désir d’indépendance qui se manifeste particulièrement chez les femmes
qui étaient salariées auparavant. Parfois, certaines ont quitté de manière volontaire leur emploi
pour se lancer dans les affaires. Dans ce cas, l’entrepreneuriat est en quelque sorte une
deuxième carrière dans la trajectoire des femmes entrepreneures.
Le motif d’autonomie vis-à-vis du mari ou même de la famille, est également avancé comme
importante motivation dans la perspective d’entreprendre.
43
A. CHIRCOVA. (2001), Women as a Company Head, Problems of Economic Transition, Vol.43, N°9, January,
p.6 et p.19.
difficultés imprévues : veuvage, divorce. Cet entrepreneuriat de survie, est extrêmement
important dans les pays en développement dans lesquels la protection sociale n’existe pas
pour une grande partie de la population féminine.
Au Maroc, les motivations qui lancent dans la création de ces entreprises sont multiples et
assez diversifiées .Ainsi, le tiers des chefs d’entreprises enquêtées mettent en avant tout
d’abord leur volonté de réussir leur projet personnel (33,3%), ensuite, leur intérêt pour le
domaine d’activité qu’elles exercent (26,7%). Le troisième facteur par ordre d’importance est
le fait que l’opportunité de créer leur propre entreprise s’est présentée (20,0%) et enfin la
volonté d’acquérir une certaine autonomie (10%).
Dans un contexte de concurrence de plus en plus acharnée, le créateur doit être sûr de son
savoir-faire et devra préparer son projet avec le maximum d’atouts de son côté. Crée une
entreprise, c’est-à-dire investir, c’est prendre le goût du risque, pour répondre aux besoins
matériels. Le principal objectif de la motivation de la création de son propre projet reste
l’épanouissement personnel et le défi de réussir afin d’assurer son avenir et une bonne retraite.
Selon les études présentées par l'AFEM, le Maroc encourage l’entreprenariat féminin à
créer de nouvelles ressources pour participer au développement économique de notre pays.
L’association des femmes-chefs d’entreprises du Maroc (AFEM) a dévoilé que la
contribution de la femme au développement économique de notre pays, rencontre
plusieurs problèmes structurels qui bloquent l’avancement des femmes, chefs d’entreprise.
Cette réalité s'explique par les facteurs suivants:
Les contraintes socioculturelles à l'entrepreneuriat féminin: le rôle de la femme, selon
la culture, est limité à la cellule familiale souvent associé à la reproduction.
Le faible niveau de socialisation des filles qui limite le développement de
certaines aptitudes nécessaires à l'entrepreneuriat, tel le gout de l'innovation et le sens
de risque.
Au Maroc le choix pour la femme de développer une activité rémunératrice est souvent dicté
par la nécessité.
La conviction culturelles sur la capacité de la femme à gérer une entreprise sont souvent à
l'origine de croyances erronées qui peuvent conduire à des stéréotypes discriminatoire
de la femme.
Le nombre d’entreprises créées par les femmes a certes augmenté, mais continuent à
rencontrer des difficultés énormes qui, souvent précarisent leurs projets les plus
ambitieux ou tempèrent leurs initiatives les plus audacieuses.
- Obstacles sociaux et culturels : comme les attitudes négatives à l’égard des femmes dans
les affaires : le fait que les femmes sont censées assumer d’autres rôles non sociaux,
les restrictions concernant le choix du secteur d’activité, le manque de soutien de la part
de la famille et le manque de mobilité.
- Obstacles liés au niveau d’instruction : les femmes ont souvent un niveau d’instruction
relativement inférieur à celui des hommes, elles reçoivent une éducation tendancieuse et
leurs chances de suivre une formation supérieure ou professionnelle sont généralement
réduites.
- Obstacles professionnels : en général, les femmes ont moins d’occasions que les Hommes
pour améliorer leurs compétences dans le secteur structuré.
- Obstacles infrastructurels : par exemple, les femmes peuvent rencontrer de grandes
difficultés pour accéder au crédit, à la technologie, aux services d’appui, à la terre et à la
formation économique, commerciale, fiscale.
- Obstacles juridiques : Il existe des régions où il est encore difficile pour les femmes
d’engager une action en justice de manière indépendante.
- Obstacles psychologiques : Il arrive que les femmes soient peu sûres d’elles et aient une
image d’elles-mêmes négative.
Il y a autant d’obstacles qui ralentissent encore le long cheminement des femmes vers leur
prise d’initiative économique, passage obligé pour la création d’entreprises porteuses de
croissance, créatrices de richesse et d’emploi.
Différentes recherches se sont intéressées aux obstacles que les femmes rencontrent et
doivent dépasser pour mener à bien leurs entreprises. On cite particulièrement les
travaux de Thompson LOGHSTONE (1997)44. Parmi ces obstacles, nous pouvons citer
la discrimination systémique inhérente à leur condition de femme, un difficile accès au
financement et des conditions de crédits très peu avantageuses, la crédibilité de ces femmes,
qui est souvent mise à l’épreuve, à l’extérieur de leur entreprise lors des relations avec les
institutions ou certains partenaires45.
A- L’accès au Financement
L’accès au financement reste sans nul doute le plus grand obstacle pour les femmes
entrepreneures. Les divers aspects du financement qui sont déterminants pour les
44
Thompson LIGHSTONE and COMPAGNY LTD (1996 et 1997), Small and Medium Sized, Business in
Canada: an on going satisfaction with financial Institution des Banquiers canadien, P.143 et P.144.
45
J.ZOUITEN (2004), l’entrepreneuriat féminin en Tunisie, Xème colloque international du CEDIMES, Alexandrie,
Mars.
femmes entrepreneures sont : l’importance du capital lors du démarrage et pendant la
croissance, la provenance des fonds et les attentes des organismes emprunteurs, la qualité
du risque de crédit qu’elles représentent et les difficultés particulières rencontrées pour
l’obtention des fonds nécessaires.
De manière générale, les investissements de démarrage chez les femmes restent plus
faibles que celles des hommes même si la réputation des femmes entrepreneures est enviable,
en particulier en ce qui concerne le remboursement d’emprunts et de crédits.
À la lumière de plusieurs études réalisées sur l’entrepreneuriat féminin et en particulier
celles traitant le financement, on constate des disparités quant à l’accès au financement des
femmes entrepreneures par rapport à leurs homologues masculins.
On connaît l’importance du financement dans le développement des PME, que ce soit au stade
du démarrage, de la consolidation des activités de l’entreprise ou de la croissance de celle-ci.
46
Les femmes entrepreneures marocaines préfèrent financer leurs projets grâce à leurs
épargnes personnelles ou l’aide familiale. Ainsi, dans la culture de la PME marocaine,
l’essentiel du financement de l’entreprise féminine, est constitué par l’apport personnel et
familial et le recours au crédit bancaire reste très faible et demeure une exception.
Cette préférence pour les fonds propres s’explique par les difficultés rencontrées par les
femmes marocaines pour obtenir des crédits bancaires.
Ces difficultés peuvent se résumer en deux points : le coût excessif du crédit (taux de
base, durée, etc.) imposé aux entrepreneurs de manière générale, qu’ils soient hommes
ou femmes ainsi que les garanties exigées. Dans ce sens, des études antérieures
confirment les exigences du système bancaire marocain en terme de garanties, y compris
dans le cas des programmes de financement proposés par l’Etat (Crédit Jeune Promoteur,
Moukawalati, etc).
46
H.BOUZEKRAOUI (2011, p.9), Les obstacles au développement de l’entrepreneuriat féminin au Maroc, thèse
de doctorat, effectué à l'Ecole Nationale de Commerce et de Gestion de Tanger Université Abdelmalek Essaâdi.
47
Selon l'étude menée par Salmane 2011c, op-cite
trouvent que les garanties exigées par les banques marocaines sont trop élevées et que
malheureusement les banques ne prennent pas en considération d’autres critères tels
que l’expérience professionnelle, les diplômes et les compétences.
B- Le problème de formation
48
Etude réalisée par l'AFEM 2005
.
de formation et de solidarité visant l’amélioration de l’environnement et de la qualité des
entreprises féminines.
Malheureusement, plusieurs femmes qui souhaitent entreprendre ignorent l’existence de
ces structures. Des campagnes d’information s’avèrent donc nécessaires pour faire rapprocher
ce genre d’organisme des femmes marocaines.
Ainsi, l’étude faite par Salmane en 2011, révèle que dans leurs rapports quotidiens,
l'harcèlement, le manque de crédibilité et la réticence des différents partenaires
(client, fournisseurs, etc.) sont les principales difficultés dont souffrent les femmes
marocaines au démarrage de leur projet. L’entourage familial semble également être un
obstacle quoique, également, la femme marocaine n’est plus obligée de demander
l’autorisation à son père ou à son mari, comme par exemple en cas de déplacements répétitifs
à l’étranger ou en cas des rencontres avec des clients.
Ces pratiques sociales sont justifiées par les traditions et coutumes caractérisant la société
Marocaine, qui imposent à la femme de respecter certaines règles de conduite vis-à-vis
de sa famille et de la société.
.
E- Conciliation Vie privée/vie professionnelle
Au Maroc, la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale ne semble pas poser
des problèmes aux entrepreneures féminines. La plupart de des femmes interrogées,
déclarent que quel que soit l’âge de leurs enfants, concilier le travail et la vie privée demeure
une question d’organisation. Ces femmes déclarent également disposer des moyens
financiers pour engager une aide-ménagère qui s’occuperait à la fois des tâches ménagères
ainsi que de leurs enfants. Ces femmes peuvent également compter sur leur entourage
familial (parents et beaux-parents) pour garder leurs enfants pendant qu’elles travaillent.
En dépit des tous ces obstacles, le mouvement des femmes dans le mouvement dominant de
l'entreprise et l'esprit d'entreprise, peut être consulté dans une lumière optimiste.
En microfinance, l’accompagnement social fait partie des services non financiers qui
désignent toutes les prestations pouvant être apportés par les IMF pour accompagner leurs
clients et renforcer leur capacité à tirer profit des services financiers. C’est apporter un
dispositif et des moyens techniques et /ou relationnels qui aident le bénéficiaire à progresser
par lui-même. Il s’agit ici des services assurés par un agent de crédit(en général) aux clients
afin de permettre à ces derniers de mieux s’impliquer dans la réalisation de leur projet et de
renforcer leur autonomie et leurs compétences .
Les AMC marocaines sont considérées parmi les leaders mondiaux de la microfinance. Dans
49
le classement Forbes de l’année 2007 des 50 meilleures IMF se trouve quatre AMC
marocaines. Trois AMC marocaines sont classées parmi les 15 premières IMF : FONDEP à la
cinquième position, AL AMANA à la huitième position et la fondation Banque Populaire à la
douzième position. La fondation ZAKOURA se classe 27e dans la liste qui compte 641
institutions de microfinance.
Par ailleurs, le microcrédit est bien perçu par ses bénéficiaires au Maroc. En effet, au cours
d’une enquête réalisée par JAÏDA (2011), la quasi-totalité des personnes interrogées
49
Le classement s’est fait parmi 641 IMF sur la base de quatre critères : la taille du portefeuille de crédit,
l’efficience, le risque et la rentabilité. (http://www.forbes.com/2007/12/20/microfinance-philanthropy-
creditbiz-cz_ms_1220microfinance_table.html (consulté le 03.09.11))
reconnaissent que les produits offerts par les AMC comptent beaucoup pour elles. Les crédits
contractés auprès des AMC sont utilisés en grande partie comme moyens de financement des
projets réalisés. En effet, l’enquête montre que la principale raison derrière la demande d’un
microcrédit est l’objectif de développer une activité génératrice de revenu (44 % des
répondants), la deuxième raison est le financement du fonds de roulement (27 %), suivi par la
réparation/acquisition de moyens de production (18 %) et enfin le financement d’opération de
consommation (10 %).
La loi 18 – 97 est la loi-cadre qui régit le microcrédit au Maroc 50. Cette loi a été promulguée
en février 1999. La loi stipule que le microcrédit est tout crédit dont l’objet est de permettre à
des personnes économiquement faibles de créer ou de développer leur propre activité de
production ou de service en vue d’assurer leur insertion économique.
Chiffres clés
50
La loi 18-97 est disponible sur le site de la FNAM à l’adresse : http://www.fnam.ma, (consulté le 30.09.11).
51
FNAM, « responsabilité sociale et protection des clients », Casablanca, 16 octobre (2016), pages 5 et 8.
52
Option déjà cité (CGAP), référence 29, page 15.
Source: FNAM-Responsabilité sociale et protection des clients Casablanca 16 Septembre 2015
A partir de ces graphiques, les femmes sont motivées par les secteurs de commerce, on peut
dire donc que les micros crédit accordés aux femmes sont utilisés pour des projets
commerciaux. Par contre que les micros crédit accordés aux hommes sont utilisés pour les
deux domaines ; services et agricultures.
Au Maroc, 45% des clients des IMF sont des hommes, les femmes représentant 55% des
bénéficiaires des micros crédits, 35% de ces femmes appartient aux régions urbaines, 19.80%
sont des femmes rurales. Donc on peut conclure que les femmes représentant la grande partie
des clients des IMF au Maroc.
L’analyse financière des IMF est un exercice particulier. Il ne s’agit pas d’entreprises
classiques ayant des exigences de profit auprès des actionnaires, puisqu’elles sont tenues
selon la loi marocaine, de réintroduire leurs avantages dans leurs capitaux propres. Les IMF
ont plutôt comme objectif d’agrandir le nombre de leur bénéficiaires, et d’en progresser leur
suivi, tout en veillant à avoir de très bons taux de remboursement de leurs clients, et
d’appliquer des taux d’intérêts les plus raisonnables possibles. Au Maroc, il existe plusieurs
institutions de microfinance parmi lesquelles :
AL AMANA : Association créée en 1997 dans le but de permettre aux individus visés
par cet initiative (homme et femme ayant une activité génératrice de revenus mais sans
accès au système bancaire) d’atteindre un certain niveau de rentabilité et de pérennité
et de promouvoir le développement économique et social des régions les plus
enclavées du payes. Depuis 2002 elle est devenue autonome. Avec plus de 465 points
de vente à travers le Maroc et plus de 2000 salaries, l’association s’est imposée
comme le leader de l’implication financière au Maroc.
ZAKOURA : Créée par Noureddine Ayouch en 1995, elle opère en milieu urbain,
préurbain et rural. Sur la base d’un crédit solidaire progressif, Zakoura accorde
nécessairement des prêts à la population féminine défavorisé. Cette fondation est
présentée à travers 600 points de vente dans tous le Maroc et emploie plus de 1700
salariés. A fin des dernières années, le nombre de clients actifs dépassent 326000
emprunteurs et l’encours de prêts atteint plus de 1330 Millions de Dirhams.
Fondation Banque Populaire pour le Micro Crédit : Son objectif principal est de
favoriser la bancarisation des petites entreprises informelles. Elle appartient au Groupe
de la Banque Populaire du Maroc reconnu par le premier ensemble bancaire de pays
gérant la plus grande partie des ressources des marocains non-résidents. Le nombre de
Clients actifs est de 177869 avec un encours de crédit de 134479803 réalisés
dernièrement.
AL KARAMA : Cette association opère sur le territoire du Maroc oriental. Elle a été
créée en 1999. Elle est soutenue par le PNUD, le fond Hassan II, des fonds suisses,
USAID…
AL BARAKA : Albaraka est un organisme de microcrédit dont l’activité est régie par
le Dahir du 15 novembre 1958 et la loi n° 18-97 relative à l’exercice de l’activité de
microcrédit. Elle a été créée en 1996 et a été autorisée à exercer les activités de
microcrédit par arrêté ministériel du 10 mars 2000.
Accompagner, c'est apprécier aussi les possibilités réelles, les limites à respecter pour ne pas
provoquer le renoncement ou l’échec. S’il survient pourtant, il appartient à l'accompagnateur
de l’utiliser pour en comprendre le mobile et proposer un nouveau départ.
L’accompagnement représente l’essentiel des services non financiers proposés par les
institutions et reste le meilleur moyen pour développer les entreprises et sortir de la pauvreté.
Pour ce faire, le rôle de l’accompagnement est primordial pour chercher à appréhender une
situation globale, parfois complexe et multi dimensionnelle. Le microcrédit est un des outils
dont l’accompagnant dispose et auquel il fera éventuellement appel s’il le juge opportun.
Conclusion de chapitre
Malgré les contraintes et les faibles initiatives qui restent insuffisantes aux profits des femmes
entrepreneures. Les femmes, font notablement preuve de savoirs pratiques et de capacités
entrepreneuriales remarquables singulièrement au Maroc. Par où, elles contribuent fortement
à assurer la survie de populations confrontées à la pauvreté et à de graves problèmes
économiques. Et donc de plus des initiatives de l’Etat et celles privées, l’accompagnement en
microfinance étant un acteur incontournable pour l’entrepreneuriat féminin via ses différentes
initiatives, a marqué un fort impact sur l’évolution des actions des femmes. Et pour se
rapprocher de la réalité de ce qui se passe sur terrain, et afin de répondre à notre
problématique, les femmes clientes de l’association AL AMANA Micro-finance, vont
constituer notre cas d’étude dans le prochain chapitre.
Chapitre III : Etude de cas :
Accompagnement et services
non financiers au sein
d’ « ALAMANA
MICROFINANCE »
Introduction de chapitre
L’objectif de ce chapitre en général est de s’interroger sur la situation de l’accompagnement
au sein de l’association AL AMANA, la manière dont il est évalué par les clients ; savoir leur
degré de satisfaction vis-à-vis ces actions, leurs attentes a ce niveau, savoir si ces pratiques
s’inscrivent au centre de la priorité de l’association, si ces pratiques couvre tous les
bénéficiaires. Et ainsi de suite vérifier si ces pratiques d’accompagnement visées par
l’association se traduisent dans les faits. Enfin mesurer les effets de ces services
d’accompagnement proposés par l’association sur la vie et les AGR des bénéficiaires. Cela à
travers une étude de cas, celle de l’institution marocaine AL AMANA microfinance.
1. Présentation de l’association
a. Identité
L’Association AlAmana est une association de droit marocain, créée le 13 février 1997. Elle a
pour objet de promouvoir les micros entreprises, notamment par l’octroi de petits prêts à des
opérateurs de micro entreprises commerciales, artisanales et de petits métiers. AlAmana est
engagée à contribuer à la rentabilité et la durabilité des activités ainsi soutenues. AlAmana est
une association à but non lucratif. Elle ne cherche pas, à travers son activité, la réalisation de
bénéfices que ses membres se partageraient de quelque manière que ce soit. Ce choix est
conforme aux obligations des lois sur les associations en général, et sur les associations de
micro crédit en particulier. Toutefois, et afin de garantir la pérennité et l’extension de ses
services et de conforter son indépendance, l’Association facture ses prestations à leur juste
prix. AlAmana est engagée à servir des clients sérieux, travailleurs et engagés, qui ont besoin
de ses prêts pour investir dans le développement de leurs micros entreprises.53
53
Site interne d’AlAmana + Rapport sur Alamana établi par Micro-Credit Ratings International Limited
Al Amana Microfinance est une Organisation régie par le dahir du 15/11/1958 et les lois
18/97 et 58/03 relatives à l’exercice de l’activité du micro-crédit. Elle a été créée le 13 février
1997 et agréée en tant qu’association de microcrédit par le Ministère des Finances le 31 mars
2000. Al Amana Microfinance déploie ses services à travers un réseau de distribution qui
couvre à fin 2016, 237 villes et 283 localités rurales avec 606 agences dont 86 agences
mobiles desservant les zones rurales enclavées.54
b. Caractéristiques de l’activité
c. Appui
Pendant une phase de démarrage, 1996-2001, la supervision et l’assistance technique ont été
assurées par une ONG américaine, Volunteers in Technical Assistance –VITA-. La
responsabilité a passé progressivement au Conseil d’Administration, composé de personnes
renommées surtout des secteurs privé, associatif et universitaire, et à l’équipe de direction
d’AlAmana. Le démarrage des activités de l’Association a été financé par l’Agence
Américaine pour le Développement International –USAID-. La pérennité des activités de
l’Association est tributaire du développement de son autofinancement, à travers les
rémunérations reçues pour les prestations. A titre d’illustration, une point de vente (PDV) peut
et doit couvrir l’intégralité de ses charges après douze mois d’activité. AlAmana bénéficie
aussi de l’appui des Départements Ministériels du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat.
54
Rapport d’activité 2016, www.alamana.org.ma
d. Positionnement et valeurs fondatrices
Elle se veut en même temps une institution financière de grande envergure, pérenne et
constituant une référence internationale dans son domaine. Elle est disposée à investir
durablement et à prendre tous les risques maîtrisables pour l’innovation au service de sa
clientèle, en cohérence avec son leadership dans la performance économique.
e. Historique
Depuis sa création, plusieurs dates phares marquent l’évolution de l’institution :
f. Chiffres clés
55
Rapport d’activité 2017, www.alamana.org.ma
Figure n°6 : Présence d’alAmana
Présence d'alAmana
46%
54%
Urbain
Rural
En 2019, alAmana appartient aux régions rurales d’un pourcentage de 54%, contre 46% aux
régions urbaines.
Figure n° 7 : Le nombre des clients actifs d’alAmana du premier trimestre de l’année 2019
Sexe
47%
53% Hommes
Femmes
On remarque que les hommes sont les principales bénéficiaires des microcrédits (53%)
octroyés par l’association ALAMANA microfinance.
Figure n° 8 : L’encours par secteur d’activité d’alAmana du premier trimestre de l’année 2019
Encours par secteur d'activité
2% 2%
16%
17%
Agriculture
14% Artisanat
Commerce Services Privé
Public
49%
En 2019, 49% des clients actifs d’alAmana exercent l’activité commerciale, ce qui reflète
une préférence des bénéficiaires de l’activité commerciale qui reste « l’activité dominante »
avant et après l’octroi du crédit.
47%
53% Urbain
Rural
En 2019, l’encours en milieu urbain, représente 53% contre 47% en milieu rural.
Figure n° 10 : L’encours par type de produit d’alAmana du premier trimestre de l’année 2019
L'encours par type de produit
19%
13% PS
PL PE
68%
En 2019, les prêts individuels à l’entreprise représentent 68% du nombre total des prêts actifs
et s’inscrivent toujours dans une tendance haussière par rapport aux exercices précédents.
Différents produits
ACCOMPAGNEMENT ET FORMATION
56
Rapport d’activité 2017, www.alamana.org.ma
Al Amana Microfinance propose également des formations destinées à améliorer
les compétences managériales des micro-entrepreneurs. Cette offre couvre une panoplie de
thèmes portant sur l’éducation financière et des formations métiers. Ces formations
programmées par des établissements partenaires sont dispensées dans toutes les villes du
Royaume.
APPUI À LA COMMERCIALISATION
Les clients bénéficient ainsi d'une ouverture sur des marchés plus larges, d’une opportunité
d'échange d'expériences et de bonnes pratiques et de réseautage professionnel.
Al Amana Microfinance rend hommage aux femmes et aux hommes ayant réussi, grâce au
microcrédit à améliorer leurs revenus et leurs conditions de vie.57
Ils valorisent leurs clients en présentant leurs candidatures aux divers concours nationaux et
internationaux récompensant les meilleurs projets.58
-La recherche documentaire : On a procédé dans cette étude à une recherche documentaire,
cette phase est la première étape dans la réalisation de notre travail, Elle consiste pour un
chercheur à lire et à exploiter plus ou moins l'ensemble des documents relatifs à son sujet
d'étude, et lui permet en même temps de constituer sa bibliographie. Grâce à cette recherche
documentaire nous avons regroupé des informations concernant la revue de littérature en
57
Rapport d’activité 2017, www.alamana.org.ma
58
Rapport d’activité 2016, al amana microfinance
relation avec le secteur de la microfinance et l’entrepreneuriat féminin. Les sources utilisées
sont essentiellement des mémoires, des articles et des ouvrages.
-la recherche sur le web : Autre que la recherche documentaire, on a utilisé le site internet de
l’institutions de microfinance, de l’association des femmes chef d’entreprise du Maroc, et
d’autres sites pour regrouper des informations, des statistiques et des chiffres clés nécessaires
à la réalisation de notre étude, ainsi pour être au courant des nouvelles actualités concernant
notre thème.
-Guide d’entretien : Dans cette optique et dans le but d'obtenir des informations sur l’impact
l’accompagnement dans le cadre de la microfinance sur la réussite des entreprises féminines,
ainsi comprendre les réalités locales de ce secteur dans notre terrain, nous avons effectué
cette étude au sein de la ville de FES, elle se caractérise par une économie très importante,
principalement dans le secteur agriculture et le tourisme. Les femmes de notre ville ont des
expériences de types administratifs, et souvent dans les domaines liés au niveau des services
tels que : la formation, le secrétariat ou la vente de détail dans les domaines d’industrie,
l’artisanat… etc. c’est à dire que les femmes de FES sont acquittées de son rôle dans la
société. Dans notre terrain, il existe beaucoup des IMF tel que : AL BARAKA, AL AMANA,
ATTAWFIQ, AL KARAMA, ces associations ont pour but principal de soutenir
financièrement et non financièrement les activités génératrices de revenus des femmes. On va
analyser particulièrement l’institution AL AMANA MICROFINANCE.
Ce dernier a été administré auprès de 20 femmes qui ont bénéficiés des services financiers de
l’institution AL AMANA microfinance et d’autres qui n’ont pas bénéficiés de ce dernier,
cependant, nous avons pu récupérer toutes les réponses. Ce guide d’entretien comprend des
questions totalement fermées.
Le premier axe concerne la caractérisation des femmes ayant recours aux services de
l’institution.
Le deuxième axe porte sur l’accompagnement chez les femmes.
Nous avons choisi aléatoirement l’échantillon étudié. C’est un échantillon qui contient des
femmes appartenant à des couches sociales démunies et qui exercent des activités différentes,
la plupart des cas dans le domaine de commerce.
Pour avoir des réponses à notre guide d’entretien, on a interviewé les femmes qui se
présentaient à l’agence dans les journées financières (les journées de remboursement des
clients).
Nous adoptons une méthodologie qualitative, au regard de notre objectif de compréhension de
la situation des femmes entrepreneures marocaines, et afin de pouvoir proposer des
recommandations qui pourront contribuer à l’amélioration de leurs situations. La recherche
qualitative vise à comprendre les processus sociaux en s’intéressant à la façon, dont les
personnes et groupes sociaux les vivent (Deslauriers, 1991).
Sexe
Sexe
Femmes 100%
On remarque que les bénéficiaires des microcrédits octroyés par l’association ALAMANA
microfinance enquêtés sont des femmes, ce qui confirme l’orientation historique de cette
dernière qui a été initialement élaboré pour répondre aux besoins d’une population
essentiellement féminine dans les pays en voie de développement.
2. Niveau d’instruction des clients de l’association
Situation familiale
Situation familiale
Divorcée 5%
Veuve 35%
Célibataire 15%
Mariée 45%
Ce pourcentage montre que la grande majorité des enquêtées ont à charge une famille. Les
dépenses sont donc plus importantes, notamment en ce qui concerne les frais de santé ou
de scolarisation. Les personnes divorcées ou pour celles ayant perdu leur conjoint, peuvent
en revanche être dans une situation bien plus précaire puisqu’elles se retrouvent seules à
assumer leur subsistance et celle de leur famille. Ce résultat est à mettre en corrélation avec
le nombre d’enfants par famille.
25% 15%
0
1à3
30%
4à6
30% 7 et plus
Activités
Activités
CommerceEsthétiqueArtisanatProduction Autres
D’après l’échantillon 30% des bénéficiaires exercent une activité commerciale, ce qui reflète
une préférence des bénéficiaires de l’activité commerciale qui reste « l’activité dominante »
avant et après l’octroi du crédit.
5. Nature du prêt
Nature du prêt
30%
Solidaire
70% Individuel
Nous remarquons que la majorité des prêts octroyés par l’association sont des prêts solidaires
(70 %).
L’association essaie de réduire le nombre des crédits individuels au profit des prêts solidaires
afin d’inciter à la solidarité qui est une des missions principales de l’association, mais aussi
pour réduire le risque de non solvabilité, en distribuant la responsabilité du remboursement
sur plusieurs personnes.
Activité
Formelle 35%
Activité
Informelle 65%
Selon cet histogramme la plupart des femmes exerçaient une activité informelle (65 %) avant
l’octroi du crédit, ce qui confirme la tendance générale dans le secteur du microcrédit qui est
surtout sollicité par des personnes exerçantes des activités informelles.
7. Type d’activité des femmes après l’octroi du crédit
Activité
40%
Informelle
60% Formelle
Nous remarquons une évolution positive de 25 % des bénéficiaires exerçant une activité
formelle, ce qui explique l’augmentation du pourcentage global des femmes exerçant dans le
secteur formel (de 35 % à 60 %). Ceci confirme que le prêt octroyé aide certains bénéficiaires
à formaliser leurs activités et réaliser l’un des objectifs de l’association qui est le passage de
l’informel au formel.
Nous soulignons que cette évolution de 25 % reste faible et au dessous des espérances de
l’association, qui souhaite par ses prêts, formaliser les activités de ses bénéficiaires.
Non 5%
35% Le passage au secteur formel
Oui
35 % des bénéficiaires exerçant une activité informelle expriment leur désir de passer au
secteur formel.
D’après eux l’obstacle principale à la transition de l’informel au formel est l’incapacité
financière à couvrir les charges qui seront crées par ces transitions (impôts, charge de
location …). Ainsi certains se plaignent aussi de l’insuffisance du prêt octroyé par
l’association.
9. Difficultés de remboursement
Difficultés de remboursement
25%
Jamais
75% Parfois
1. L’objectif du prêt
Objectif du prêt
100%
2. Vérification de l’association
Vérification de l'association
100%
100% des bénéficiaires sondés ont affirmé que l’objectif du prêt a été réalisé, et ont aussi
confirmé que l’association a mené des actions pour vérifier cet objectif, à travers une visite
terrain par un agent de développement qui renseigne une fiche de suivi.
3. Services hors remboursement (comparaison entre les femmes qui ont bénéficié de
Non 20%
L'accompagnement des femmes
Oui 80%
20 % des personnes interrogées affirment n’avoir jamais rencontré les agents de l’association
pour une autre raison que le remboursement (disponibilité, manque d’information chez le
client en matière des services offerts par l’institution). Parmi ces 20 % qui n’ont reçu aucun
appui ou accompagnement, ces derniers disent ne pas savoir qu’elles pouvaient en bénéficier,
cela preuve d’une faible communication en matière de possibilité d’accompagnement.
Les bénéficiaires ayant reçu la visite des agents de l’association regroupent les raisons de ces
visites en 3 catégories :
Satisfaction
100%
85% Satisfaction
50%
15% 0%
0%
Satisfaite Peu satisfaite Non satisfaite
L’institution déclare qu’elle mène toujours des actions pour vérifier s’il y a une
compatibilité entre l’objectif du prêt demandé par le client et l’activité qu’il exerce,
cependant directement après la demande du prêt, l’association donne l’ordre à l’agent
de terrain d’effectuer une première visite de terrain pour vérifier la fiabilité des
informations fournies par ce dernier. Toutefois ceci a été affirmé par la totalité des
femmes sondées (100%).
La plupart entre les 20 % des femmes interrogées affirment n’avoir jamais rencontré
les agents de l’institution pour une autre raison que le remboursement, à savoir la
disponibilité des femmes, et ceci peut impacter négativement le processus de
renouvellement ou de remboursement.
Et pour l’institution car ça améliore la qualité du portefeuille clientèle qui est qualifié
et accompagnée ;
Cet accompagnement non financier, permet d’aider les bénéficiaires à surmonter les
difficultés liées au financement du projet et bien évidemment à protéger leur capacité
de remboursement.
Du côté des clients qui ont bénéficié d’un service d’accompagnement social de la part
de l’institution :
Certains confirment que ces services proposés par l’institution leur permettent de
démarrer leur activité dans de bonnes conditions ;
Les 80 % enquêtées qui ont confirmé avoir bénéficié d’un accompagnement social de
la part de l’institution, estiment que sans cet appui, ils n’auraient pas pu survivre leur
activité.
A partir de cela, on peut dire que l’accompagnement social représente l’essentiel des services
non financiers proposés par l’institution. Son but est d’une part, de favoriser la réalisation et le
succès du projet ainsi que l’insertion des femmes et d’autre part, d’améliorer la capacité de
remboursement de l’emprunteur.
Du côté des clients qui n’ont pas bénéficié d’un service d’accompagnement social de
la part de l’institution, et qui ont exprimé leur satisfaction :
D’autres disent qu’elles n’ont jamais avoir rencontré les agents de terrain pour une
autre raison que le remboursement, à savoir : leur disponibilité, manque
d’informations chez les clients en matière des services offerts par l’institution.
Suggestions et Recommandations
Lorsque l’institution réussie à autonomiser une partie de sa clientèle et à leur donner les
moyens de créer et/ou de développer des activités productrices de revenus, il serait intéressant
qu’elle réfléchisse aux stratégies d’accompagnement afin de pérenniser les activités financées
et de permettre un développement économique.
Toutefois, une fois le microcrédit est accordé, l’institution doit accompagner ses clients dans
la gestion de leurs projets en leur proposant des conseils, des services et des formations
adaptés à leurs besoins afin de les aider à s’insérer durablement et à démarrer ou développer
leur activités,.
Afin de pouvoir réussir ce développement et d’entamer une vraie lutte contre la pauvreté, il
est nécessaire de renforcer les capacités et compétences des structures d’accompagnement,
ainsi, des institutions peuvent être pérennes tout en proposant à la fois des services financiers
et non financiers dans des environnements très concurrentiels.
Conclusion générale
La performance des institutions de microfinance a deux composantes : une composante
financière et une composante sociale.
Dans la majorité des Pays moins avancés, les femmes souffrent de l’inégalité sociale ; elles
font partie de la population pauvre, elles exercent des activités dans le secteur informel, et ne
gagnent qu’un tiers du revenu mondial. Très souvent, les femmes sont confrontées à des
obstacles financiers pour l’évolution et l’enrichissement de leurs activités. Il est généralement
admis que la microfinance est un outil de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale et
économique des femmes, dans la mesure où l’accès au microcrédit permet d’encourager les
activités génératrices de revenu des femmes entrepreneures. Le financement par les
microcrédits accordés par les institutions de microfinance aura un effet positif important sur le
bien être des femmes.
Les femmes sont intéressées par créer des activités dans les domaines d’artisanat,
commerce, et principalement la création des coopératives.
Les coopératives financées par la microfinance suivent une évolution jugée par
l’accompagnement de l’institution.
Cet accompagnement représente l’essentiel des services non financiers proposés par les IMF
du secteur qui permettent d’impacter positivement la performance sociale de l’IMF, et donc
de contribuer à améliorer sa performance financière par la réduction des coûts de transaction,
et le taux de remboursement.
15. Une fois le prêt est accordé, rencontrez vous régulièrement les agents de terrain ?
19. Est-ce que ce service d’accompagnement social proposé a un effet sur votre vie et
votre activité ?
Ouvrages et Thèses
-Ahmed CHERGAOUI, 2008, l'entrepreneuriat féminin au Maroc, SlideShare, (, p.6).
-CGAP, Mai 2007, Au-delà des bonnes intentions : évaluation de la performance sociale des
institutions de microfinance, Note focus n°41, page 16.
-Ghatak, M and TW Guinnane (1999). The Economics of Lending with Joint Liability:
Theory and Practice. Journal of Development Economics, 60(1): 195-228.
-Le Global Entrepreneurship Developement, 2013Index (GEDI) : résultats d’une étude axée
sur le genre.
- Morduch, 2000 ; Brau et Woller, 2004 ; Ejigu, 2009 ; Gutiérrez-Nieto et al., 2009,
Performance Des entreprises informelles en Côte d’Ivoire : Quelle contribution du microcrédit
?
-Thompson LIGHSTONE and COMPAGNY LTD (1996 et 1997), Small and Medium
Sized, Business in Canada: an on going satisfaction with financial Institution des Banquiers
canadiens, P.143 et P.144.
Webographie
http://www.lemonde.fr/
Extrait du discours du Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, le 10 décembre 2006, Oslo.
Disponible sur http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/peace/laureates/2006/yunus-lecture-
en.html.
http://www.fnam.ma
Table des matières
Introduction générale.............................................................................................................................4
Chapitre I : Revue de littérature compréhensive sur la microfinance et l’entrepreneuriat..................12
Section 1 : La microfinance : Approches et évolution...................................................................15
1. Evolution de la microfinance dans le monde......................................................15
2. Approches institutionnaliste et welfariste..........................................................21
A. L’approche institutionnaliste..........................................................................22
B. L’approche welfariste ou du bien être............................................................24
Section 2 : L’entrepreneuriat : Définitions et typologies..............................................................25
1. Définitions de l’entrepreneuriat.........................................................................25
2. Typologies de l’entrepreneuriat.........................................................................28
Section 3 : L’accompagnement comme service non financier en entrepreneuriat issu de la
microfinance..................................................................................................................................29
1. définition.............................................................................................................29
3. L'accompagnement, élément important du microcrédit..................................30
Chapitre II : Accompagnement en microfinance et développement de l’entrepreneuriat féminin au
Maroc....................................................................................................................................................34
Section 1 : La caractérisation de l’accompagnement et des services non financiers
en microfinance............................................................................................................................35
a. L’information...................................................................................................37
b. La formation....................................................................................................37
c. Le conseil.........................................................................................................37
d. L’appui à la commercialisation........................................................................37
Section 2 : L’entrepreneuriat féminin au Maroc..........................................................38
1. Le profil socio-économique des femmes entrepreneures..................................40
2. Les caractéristiques des entreprises créées et/ou dirigées par les femmes au
Maroc42
3. Les obstacles au développement de l’entrepreneuriat féminin au Maroc........45
A- L’accès au Financement...................................................................................47
B- Le problème de formation..............................................................................49
C- L’accès aux réseaux de soutien.......................................................................49
D- Les pratiques socioculturelles.........................................................................50
E- Conciliation Vie privée/vie professionnelle....................................................50
Section 3 : Le rôle de l’accompagnement dans l’entrepreneuriat des femmes au Maroc
...................................................................................................................................... 51
Chiffres clés.........................................................................................................52
Les institutions de microfinance au Maroc.........................................................54
Importance et intérêt de l’accompagnement social au niveau des
programmes des IMF......................................................................................................55
L’accompagnement représente l’essentiel des services non financiers proposés par les
institutions et reste le meilleur moyen pour développer les entreprises et sortir de la
pauvreté.........................................................................................................................56
Chapitre III : Etude de cas : Accompagnement et services non financiers au sein d’ « ALAMANA
MICROFINANCE »...................................................................................................................................58
Section 1 : Présentation de l’objet d’étude..................................................................................59
1. Présentation de l’association..............................................................................59
a. Identité 59
b. Caractéristiques de l’activité...........................................................................60
c. Appui........................................................................................................60
d. Positionnement et valeurs fondatrices...........................................................61
e. Historique 61
f. Chiffres clés 62
2. Les activités de l’institution................................................................................65
Section 2 : Méthodologie de recherche et contexte de l’étude empirique..................................69
Section 3 : Analyse et discussion des résultats de l’étude...........................................79
Suggestions et Recommandations................................................................................83
Conclusion générale.........................................................................................................................84
Annexes................................................................................................................................................86
Bibliographie........................................................................................................................................87
Table des matières...............................................................................................................................90