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N°d’ordre :

République Algérienne Démocratique et Populaire


Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediene


Faculté de Génie Mécanique & Génie des Procédés

THESE
Présentée pour l’obtention du diplôme de

DOCTORAT D’ETAT
En GENIE MECANIQUE

Spécialité : METALLURGIE

Par : MIROUD DJAMEL

Thème :

Etude du frittage en phase liquide de mélanges


multi-constitués W/WC-Ni, par le procédé
d’infiltration du liant Cu-9Ni-6Sn-5Mn.

Soutenue le29/12/2007, devant le jury composé de :

Mme. K. BOUHADEF Professeur,USTHB Présidente


Mr. S. LEBAILI Professeur,USTHB Dir. de Thèse
Mr. M.BACCOUCHE Professeur,U. ANNABA Examinateur
Mr. M.AZZAZ Professeur,USTHB Examinateur
Mr. A. MAGNOUCHE Maître de Recherche-COMENA Examinateur
Mr. B. NECHAK Cadre-Ingénieur ALDIM-ENSP Invité.
ETUDE DU FRITTAGE EN PHASE LIQUIDE DE MELANGES
MULTI-CONSTITUES W/WC-Ni PAR LE PROCEDE

D’INFILTRATION DU LIANT METALLIQUE Cu-9Ni-6Sn-5Mn.


A la mémoire de ma MAMAN,
tu me manques beaucoup ;
A la mémoire de mon père,
je suis enfin arrivé au début.

A mon épouse Hassiba et mon fils Djawed


A mes frères et sœurs.
REMERCIEMENTS

En premier lieu, j’aimerais remercier vivement, mon Directeur de thèse ; que Monsieur
Soltane Lebaili, Président du conseil scientifique de la faculté de génie Mécanique et génie des
procédés, reçoive toute l'expression de ma reconnaissance pour m'avoir proposé ce sujet de
recherche, et, pour tout son dynamisme et ses compétences scientifiques qui m'ont permis de
mener à bien cette étude.

J’aimerais également remercier Madame Khedidja Bouhadef, Professeur à l’USTHB qui me


fait l'honneur de présider cette commission d'examen. Je l'en remercie sincèrement.

Mes remerciements s’adressent ensuite aux membres du jury :

J’exprime mes remerciements à Monsieur Mustefa Baccouche, Professeur à l’univesité


d’Annaba, à Monsieur Mohamed Azzaz, Professeur à l’USTHB, Directeur du laboratoire des
sciences et génie des matériaux, et à Monsieur Abdelhalim Magnouche, Maître de Recherche,
au COMENA qui ont bien voulu accepter d’être les examinateurs de ce travail.

Je suis très sensible à la présence dans ce jury de Monsieur Belaid Nechak, cadre-ingénieur
à ALDIM-ENSP. Je le remercie pour m’avoir aidé efficacement pendant ces années et de
m’avoir permis de mener à terme cette thèse

Sans oublier tous le personnel dirigeant de l’unité ‘ALDIM’ dont l’aide et le soutien m’ont
été précieux au cours de mon travail, et notamment, Monsieur Ait IDIR, Monsieur KEDDAR,
Monsieur Mounir TATA, pour leur disponibilité et leur participation active à ce projet, sans
oublier tout le personnel de production de l’unité.

Je suis reconnaissant envers mon frère et ami Monsieur Omar EL KEDIM, Maître de
Conférence à l’UTBM pour son aide, son soutien et son encouragement sur le plan personnel
et professionnel pendant mes séjours en France.

Je tiens à remercier Monsieur Taïbi pour toute son aide dans le domaine de la microscopie.

Je souhaite inclure dans mes remerciements le personnel de l’atelier de mécanique de la


faculté qui ont bien voulu me faire part de leur expérience pratique et au personnel
administratif

Je tiens à remercier tous mes collègues pour leur soutien moral.

J’adresse mes remerciements à tous mes amis pour leur soutien moral et sympathie ; je cite
particulièrement, mes compagnons de route et frères Rachid, Nazih, Malik, Lotfi, Salim, Hamid
et tout les autres que je n’ai pas cité …

Merci à mon épouse, à tous les membres de ma grande famille, frères et sœurs, à ma nièce
Ghania, à ma belle famille.
SOMMAIRE
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE I : Phénomènes de densification par infiltration – synthèse


bibliographiques

I. 1 Introduction 4
I.2. Frittage en phase liquide et infiltration 5
I.2.1. Définition du frittage en phase liquide 5
I.2.2. L’infiltration 6
I.3. Procedes conventionnels d’infiltration 6
I.3.1- Techniques conventionnelles d’infiltration (Goetzel 1996) 7
I.3.1.1 Infiltration spontanée 7
I.3.1.2.Infiltration sous pression 7
I.3.2. Mécanismes d’infiltration conventionnelle 9
I.4. Synthese sommaire sur le procede d’infiltration spontanee de poudres libres 12
I.4.1. Avantages du procédé 12
I.4.2. Processus 12
I.4.3. Condition et paramètre de l’infiltration spontanée de poudres libres 13
I.4.4. Possibilités d’amélioration de la mouillabilité 14
I.5. Approche theorique de l’infiltration spontanee de poudres libres 14
1Consolidation à l’état solide 14
2.Fusion du liquide 15
3.Infiltration spontanée 15
4.Solidification du composite 15
I.5.1. Phénomènes en phase solide avant l’arrivée du liquide 16
I.5.1.1. Effet du chauffage en phase solide sur le comportement en infiltration 16
I.5.1.2. Consolidation à l’état solide – Définition du frittage en phase solide 16
I.5.1.3. Les différents stades du frittage en phase solide 16
Stade I : Formation du squelette solide 17
Stade II : Elimination de la porosité ouverte 17
Stade III : Elimination de la porosité fermée 17
I.5.1.4. Force motrice globale 18
I.5.1.5. Effet de courbure 19
I.5.1.6. Effet du nickel sur l’activation du frittage de W en phase solide 19
I.5.1.6.1. Activation par dopage 19
I.5.1.6.2 Effet de teneurs élevées 20
I.5.1.6.3. Notion de « squelette » 21
I.5.2. Mécanismes de densification en phase liquide - Approche théorique par les 22
mécanismes de frittage en phase liquide
I.5.2.1. Modèles et théories 22
I.5.2.2. Le frittage classique (Liquid Phase Sintering –LPS) et variantes 23
I.5.2.3. Description classique des mécanismes de frittage en phase liquide 24
I.5.2.3.1 Description phénoménologique du frittage classique 24
I.5.2.4. Force motrice et mécanismes 26
I.5.2.5. Principes généraux du frittage avec phase liquide 28
I.5.2.4.1. Premier stade : réarrangement des particules 28
I.5.2.4.2. Second stade ou densification par dissolution-précipitation 32
I.5.2.4.3. Troisième stade : croissance des grains 37
I.5.2.4.4. Evolution de la porosité 38
I.5.3. Analyse des différents paramètres sur la densification par frittage en phase liquide 39
I.5.3.1. Propriétés physico-chimiques des poudres 39
I.5.3.1.1 Homogénéité du mélange 39
I.5.3.1.2. Effet de la taille 40
I.5.3.1.3. Influence de la porosité initiale 40
I.5.3.2. Propriétés du liquide 40
I.5.3.2.1. Quantité de phase liquide 40
I.5.3.2.2. Mouillabilité 41
I.5.3.2.3. Solubilité 44
I.5.3.3. Paramètres physiques du cycle de frittage 47
II. 7 Conclusion 47

Chapitre II : EXPERIMENTATION

II.1 Introduction 48
II.2 Choix des poudres et nomenclature 49
II.3 Caractérisation physico-chimique des poudres 50
II.3.1 Analyse chimique des poudres de base W, Ni et WC. 50
II. 3.2 Caractérisation des paramètres physiques des poudres de base et mélanges 51
II.3.2.1 Morphologie et identification des poudres 51
II.3.2.1.1 Poudres de base 52
II.3.2.2. Taille et répartition granulométrique des poudres de base 59
II.3.2.2.1. Tamisage à sec 60
II.3.2.2.2. Répartition granulométrique par analyse B.E.T (Brunauer, Emmett et Teller) 60
II.3.2.2.3. Réalisations des mélanges 62
II.3.2.2.4. Réalisation des classes 62
II.3.2.3. Détermination des densités apparente et après tassement 63
II.4. Caractérisation du liant métallique 64
II.4.1. Détermination de la température de liquidus par ATD 64
II.4.2. Température d’infiltration - Choix du cycle thermique 68
II.5. Elaboration des échantillons par frittage en phase solide et par infiltration 69
II.5.1. Fours d’élaboration 69
II.5.1.1. Four à hydrogène (à cloche) - consolidation en phase solide 69
II.5.1.2. Four électrique- Infiltration 70
II.5.2. Détermination du temps d’infiltration – Optimisation 71
II.5.3. Conception des moules d’élaboration 72
II.5.5. Utilisation du fondant (flux- Borax) 73
II.6. Caractérisation des échantillons 73
II.6.1. Caractérisation des échantillons issus du frittage en phase solide 74
II.6.4. Caractérisation mécanique 75
II.6.4.1. Essais de dureté HV30 75
II.6.4.2. Profils de microdurété HV0.1 76
II.6.4.3. Résilience non conventionnelle. 76
II.7. Conclusion 76
Annexe du chapitre II 77
Annexe II.1 FICHES I.C.D.D 77
Annexe II.2. Identification (probable) des phases WC et W2C par EDS. 78
Annexe II.3. PRINCIPE DU MEB-EDS 78
Annexe II.4. Détermination da la granulométrie (tamisage à sec) 80
Annexe II.5. MESURE DES SURFACES SPÉCIFIQUES 80
Annexe II. 6. Masse volumique apparente et Masse volumique après tassement 81
Annexe II.7 Analyse thermique différentielle (ATD) 83
Annexe II.8. 84
Annexe II.9 Diagrammes de phase Cu-Ni-Sn 85
Annexe II. 10 Four à hydrogène NEW BOREL: 89
Annexe II.11. Four électrique ELINO 91
Annexe II.12. Dispositif de détermination de la longueur d’infiltration 91
Annexe II.13. Caractéristique du graphite utilisé 91
Annexe II.14. Moule d’élaboration 92
Chapitre III: Effet du chauffage en phase solide sur la densification par infiltration

III.1 INTRODUCTION 93

III.2. Approche de la consolidation à l’état solide par l’analyse microstructurale 93

III.2.1 évolution des poudres de base en fonction de la température de maintien 94

III.2.1.1. Evolution de la poudre de W 94

III.2.1.2 Etapes de consolidation en phase solide de la poudre de nickel 94

III.2.1.3. Effet de la température de frittage sur la porosité des poudres de Ni 95

III.2.1.4. Grossissement entre 1080-1130°C 100

III.3. Evolution du mélange de référence PLA (W-15Ni) 102

III.3. 1 Effet du flux 102

III.3.2. Effet de la température Formation d’agglomérat 103

III.4. Description phénoménologique de l’étalement de Ni dans le frittage du mélange W-Ni 109


à l’état solide

III. 5 CONCLUSION 110

Chapitre IV :INFILTRATION, effet de la durée de maintien sur la densification

IV. 1 Introduction 113


IV.2. Evolution microstructurale des poudres de base avec le temps de maintien 114
IV.2. 1 Evolution de la microstructure de W 114
IV.2. 2 Evolution de la microstructure de Ni 115
IV.3. Effet du chauffage en phase solide sur la densification de la poudre de Ni par 116
infiltration.
IV.3.1. Effet de l’évolution à l’état solide sur l’infiltration de Ni 116
IV.3.2. Evolution de la dureté du Ni en fonction de la durée de maintien 119
IV.4. Consolidation du mélange de référence PLA-15 (W-15Ni) par infiltration à 1180°C. 120
IV.4.1. Analyse de la ségrégation de la microstructure dans le sens de l’infiltration 120
IV.4.2. Evolution des microstructures du mélange PLA en fonction du temps de maintien 122
IV.4.2.1. Evolution de la microstructure après 2 min de maintien 122
IV.4.2.2. Evolution de la microstructure après 4 min de maintien 123
IV.4.2.3. Evolution de la microstructure après 7 min de maintien 124
IV.4.2.4. Evolution de la microstructure après 15 min de maintien 124
IV.5. Mécanismes de densification par agglomérats 125
IV.5.1 Effet du chauffage sur la densification en phase liquide par infiltration 126
IV.6. Effet de la durée de maintien sur la dureté du mélange de poudres PLA 132
IV.7. Evolution de la porosité 136
IV.9. CONCLUSION 137

Chapitre V : Effet de la dissolution du nickel sur la densification et la formation des


intermétalliques pour une durée de maintien de 30 min.

V.1. Introduction 140


V.2. Infiltration des poudres de base 140
V.2.1 Densification de W 140
V.2.2. Densification de Ni 141
V.2.2.1. Evolution de la microstructure 141
V.2.2.2. Comparaison / 15’ Evolution de la microstructure 144
V.2.2.3. Evolution de la dureté 146
V.3. Infiltration du mélange PLA 147
V.3.1. Evolution microstructurale-Effet de la durée de maintien à 1180°C 147
V.3.2. Influence du temps de maintien et de la microstructure sur la dureté HV30 149
V.3.3. Evolution de la porosité 151
V.4. Effet du nickel sur la densification- Infiltration des nuances PLA 10 ET PLA 5 152
V. 5. Formation d’intermétalliques - Description de l’évolution de la microstructure dans le 155
sens de l’infiltration
V.6. Effet de la durée de maintien sur la dureté des mélanges PLA, PLA10 et PLA5 160
V. Conclusion 161
Annexe V 163

Chapitre VI : Étude des interfaces d’un matériau à gradient de concentration (multi-


couches)
VI.1. Introduction 165
VI.2 . Choix des nuances 166
VI.4. Choix du cycle et étude des interfaces 167
VI.4.1. Interface liant – PLA 168
VI.4.2. Interface PLA-ACIER 168
VI.4.3. Interface PLA-PLB 170
VI.4.4. Interface PLB-PLC-ACIER 172
VI.4.5. Interface PLB-PLC 174
VI.5. Evolution de la porosité 174
VI.6. Approche phénoménologique de l’infiltration de multi-couches 175
VI.7. Evolution de la dureté HV30 177
VI.8. Essais de résilience et faciès de rupture 178
V.9.Conclusion 179

CONCLUSIONGENERALE 180

Références Bibliographiques
INTRODUCTION
GENERALE
INTRODUCTION GENERALE

Le frittage en phase liquide par infiltration est devenu un procédé important dans la production
d’une large gamme de matériaux multi-constitués combinant les meilleures propriétés d’éléments
métalliques et non métalliques. Les techniques utilisées offrent d’énormes possibilités liées à la
rapidité de réalisation et l’obtention de formes très complexes en une seule étape, sans compromettre
les propriétés mécaniques et l’état de surface. Elles font intervenir le processus de fusion et
d’infiltration spontanée ou sous pression. Cependant, la technique d’infiltration spontanée est très
attractive et plus économique.

Les outils diamantés en PDC (Polycrystalline Diamond Compact) destinés au forage pétrolier et
minier, résistant à l’érosion et aux abrasions, sont souvent réalisés par ce procédé non conventionnel.
Sous l’effet des forces capillaires, le métal liquide (généralement un bronze ou un laiton) est introduit
pour remplir le système de pores interconnectés des mélanges de poudres libres de W-Ni et/ou WC-
Ni. Les structures des composites obtenues, pour le même alliage, sont semblables à celle consolidée
par frittage en phase liquide selon les trois stades décrits par les modèles de Kingery ou de Lee- Kang.
Peu de travaux ont été consacrés à l’infiltration de poudres libres, alors que, l’infiltration spontanée
de corps poreux (compactés ou pré-frittés) à fait l’objet de plusieurs études. Elles sont basées
essentiellement sur l’activité de la force capillaire (force motrice), de flux visqueux généré au niveau
du front d’infiltration induit par l’accentuation de la mouillabilité entre le métal en fusion et le corps
solide préformé et de l’effet mutuel des énergies interfaciales. Cette activité dépend fortement de la
forme et de la taille des pores interconnectés. Le réarrangement du système de pores des poudres libres
lors du chauffage en phase solide ou en contact de l’infiltrant au cours du premier stade de frittage en
phase liquide peut avoir des conséquences considérables sur la densification.

Plusieurs auteurs ont constaté qu’au cours de l'étape de chauffage une importante densification peut
avoir lieu. L’écoulement du liant par diffusion vers la surface des grains de W sous forme de
monocouches favorise la formation d'un réseau d’agglomérats. L’effet du nickel sur l’activation du
frittage en phase solide et la croissance de grains de W est mis en évidence. L’arrivée du métal liquide
peut accentuer la formation d’agglomérats durant le premier stade du frittage en phase liquide. La
croissance de ces agglomérats peut engendrer une ségrégation (sédimentation) significative. La
description des phénomènes devient compliquée par l’influence des phases dispersées dans le
consolidé et au nombre important d’interactions locales, comme la mouillabilité, l’inter-dissolution,
les réactions chimiques au niveau du contact des particules ou les différentes réactions avec
l’atmosphère.
Nous proposons à travers ce travail l’étude de l’infiltration de mélanges de poudres libres
essentiellement à base de W-Ni dans les conditions d’infiltration spontanée.

Trois grands axes seront privilégiés:

- l'étude du comportement des poudres (pures de base, W et Ni) et du mélange de référence W-


15Ni (PLA) au cours du chauffage en phase solide;
- le comportement des poudres avec l'arrivée du métal liquide: étude de l'état liquide; et,
- l'étude d'un matériau à structure graduelle en multi-couches.

Dans le premier chapitre nous présenterons les Phénomènes de densification par infiltration. Nous
mettons le point sur ce qui est proposé dans la bibliographie pour expliquer les phénomènes de
densification par frittage avec phase liquide par infiltration. Les modèles théoriques disponibles
décrivent essentiellement les mécanismes intervenant dans le frittage classique (de corps compactés)
en phase liquide. Ces modèles ne prennent pas en considération la réalité de l’infiltration, notamment
dans le cas où le passage à l’état liquide ne se fait pas in-situ (dans le compacté) mais arrive de
l’extérieur. Pour cette raison, nous avons essayé de rapprocher aux rappels bibliographiques classiques
les similitudes entre infiltration et frittage en phase liquide en mettant le point particulièrement, en
l’absence de contraintes dues à l’opération de compactage.

Pour des raisons pratiques, nous nous intéresserons dans le chapitre II au comportement de poudres
libres dans des conditions d’infiltration spontanées sous gravitation très proches des conditions
industrielles. Pour cela nos caractérisations correspondront exclusivement aux paramètres qui auront
un impact effectif sur le comportement du remplissage et du frittage par infiltration.

Le but du chapitre III est d’étudié, à travers l'évolution microstructurale, les modifications
effectivement subies par les poudres de base et le mélange de référence PLA (W-15Ni) au cours du
chauffage pour un temps de maintien de 15 min. Dans un premier temps nous étudions l’évolution de
W et Ni, pour des températures de chauffage allant de 980°C à 1130°C. Cette étape nous conduira à
analyser la notion de "squelette" qui dans la bibliographie est très vague et désigne tout ce oui peut
empêcher le réarrangement des particules. L'analyse de l'évolution des microstructures, nous conduira
à confirmer ou infirmer l’effet de Ni sur l’activation de la consolidation du mélange PLA au cours du
chauffage. Nous discuterons aussi, l’effet de l’addition du fondant (flux ou borax) qui peut nous
renseigner sur les modifications subies par les échantillons par rapport à l'état initial de poudres libres.

Le chapitre IV est consacré exclusivement à la caractérisation des poudres de base (W et Ni) et du


mélange PLA (W-15Ni) infiltrés à 1180°C pour des temps de maintiens variables (2, 4 ,7 et 15 minutes).
La présentation des résultats s'organise de manière à conduire l'analyse des phénomènes les plus
simples vers les phénomènes les plus complexes. Quantitativement, la densification sera étudiée dans
le sens de l’infiltration essentiellement par un seul paramètre, à savoir, la porosité apparente, ceci est
dû au fait que le nombre de phases résultants à l’issue des différentes consolidations, la ségrégation
résultant de l’effet de la gravité et la dissolution progressive du Ni dans le temps ne nous permettent
pas de quantifier la fraction volumique de la phase liante et la taille des particules.

Le chapitre V est consacré à l'étude de l’effet de la dissolution du nickel sur la densification et


la formation probable d'intermétalliques pour une durée de maintien de 30 min. Nous
essayerons de répondre à la question suivante: la densification serait-elle meilleure ou serait-elle
altérée par l’excès du liquide tel qu’il est mentionné dans la bibliographie pour les alliages lourds de
composition similaires ?

Nous traiterons dans le dernier chapitre l’évolution de la microstructure des matrices composées de
mélanges de poudres (WC-W2C-Ni, WC-W-Ni et W-Ni), déposées en multicouches et infiltrées par un
bonze allié au nickel, suivant le cycle 1180°C/7min. Ces conditions nous rapprochent des conditions
de l’infiltration spontanée considérées dans la fabrication des outils de forage pétrolier. Nous nous
intéressons particulièrement aux interfaces formées in-situ à partir d’interactions entre le liant et les
mélanges de poudres ainsi qu’à l’effet de certains éléments sur la cohésion du multi-matériau formé.
Des profils de dureté sont établis dans le sens de l’infiltration.
CHAPITRE I

Phénomènes de densification par infiltration


Synthèse bibliographique
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  4

 
CHAPITRE I 

Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques 
 

I. 1 INTRODUCTION 
 
Le  but  de  ce  chapitre  est  de  faire  le  point  sur  ce  qui  est  proposé  dans  la  bibliographie  pour 
expliquer  les  phénomènes  de  densification  par  frittage  avec  phase  liquide  par  infiltration.  Les 
modèles  théoriques  disponibles  décrivent  essentiellement  les  mécanismes  intervenant  dans  le 
frittage  classique  (de  corps  compactés)  en  phase  liquide.  Ces  modèles  ne  prennent  pas  en 
considération la réalité de l’infiltration, notamment dans le cas où le passage à l’état liquide ne se fait 
pas  in‐situ  (dans  le  compacté)  mais  arrive  de  l’extérieur.  Pour  cette  raison,  nous  avons  essayé  de 
rapprocher  aux  rappels  bibliographiques  classiques  les  similitudes  entre  infiltration  et  frittage  en 
phase liquide en mettant le point particulièrement, en l’absence de contraintes dues à l’opération de 
compactage, sur: 
 
ƒ L’étape de chauffage avant l’arrivée du métal liquide : souvent négligée, la consolidation en phase 
solide précédant l'apparition de la phase liquide est une étape incontournable; elle est essentielle 
car  elle  représente  la  "préhistoire"  de  l'échantillon.  En  effet,  l’échantillon  peut  subir  des 
modifications  importantes  et  qui  pourront  éventuellement  expliquer  son  comportement  au 
moment  de  l'apparition  du  liquide.  L’approche  théorique  sera  basée  essentiellement  sur  les 
mécanismes du frittage simple en phase solide, largement traités en bibliographie ;  
 
ƒ La  réactivité  de  la  matrice  solide  (à  base  de  W)    au  contact  du  métal  liquide  (liant  métallique): 
cette  étape  est  représentée  par  l’approche  théorique  du  frittage  en  phase  liquide  (FPL).  Nous 
nous  efforcerons  d’établir  le  lien  entre  les  paramètres  déterminants  du  frittage  et  ceux  de  
l’infiltration.  
 

A  chaque  étape,  nous  nous  intéresserons  particulièrement  au  système  binaire  W‐Ni  et  aux 
systèmes ternaires  W‐Ni‐Cu/Fe, très proches des systèmes de notre étude expérimentale.  
Certaines  données  (figures  et  tableaux)  seront  translatées  des  documents  d’origine  sans 
traduction pour garder le sens du vocabulaire et les notations spécifiques correspondantes.  
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  5

 
I.2. FRITTAGE EN PHASE LIQUIDE ET INFILTRATION 
 
Le  tableau  I.1  regroupe  d’une  façon  sommaire  les  différents  procédés  dans  l’industrie  de  la 
métallurgie  des  poudres.  L’infiltration,  telle  qu’elle  est  définie  dans  cet  organigramme,  correspond 
essentiellement à une étape post‐formage, nécessaire pour améliorer la densité d’un corps poreux 
(comprimé  ou  pré‐fritté).  Ce  schéma  général  est  très  représentatif  pour  l’essentiel  du  tonnage 
annuel  produit,  correspond  plutôt  aux  produits  réalisés  par  les  techniques  conventionnelles.  Il  ne 
met  par  en  évidence  la  place  des  procédés  non  conventionnels  comme  l’infiltration  spontanée  de 
poudres libres très utilisée dans les manufactures des outils de forage (pétrolier et minier). 
 
Pour comprendre les phénomènes intervenant dans le processus de densification par infiltration, 
nous  devons  les  situer  par  rapport  aux  phénomènes  intervenant  en  phase  liquide,  à  savoir,  ceux 
relatifs au frittage en phase liquide. Largement traitées dans la bibliographie,  les notions relatives au 
frittage en phase liquide constitueront un repère incontournable pour notre étude.  
 
Tableau I.1. Procédés de fabrication en métallurgie des poudres ( Eudier 1996) 
 
     
ETAPE   A FROID   A CHAUD 
   
FORMAGE  COMPACTAGE   COMPACTAGE 
ƒ isostatique   ƒ isostatique 
ƒ injection  ƒ extrusion 
   
MELANGE  ƒ Poudre élémentaire ou préalliée ;   
  ƒ Additifs (lubrifiants, graphite, etc.).    
 
 
FRITTAGE   Sous vide ou atmosphérique   Pas de frittage 
     
ETAPES  ƒ Re‐compression    
OPTIONNELLES   ƒ post‐frittage   
  ƒ forgeage   
  ƒ infiltration   
 
FINITION  ƒ traitement thermique   
  ƒ calibrage   
ƒ usinage    
 
I.2.1. Définition du frittage en phase liquide 
 
Le  frittage  avec  phase  liquide  (de  l’anglais  Liquid  Phase  Sintering  ou  LPS)  est  un  procédé 
d'élaboration  de  matériaux  à  partir  de  poudres  ayant  au  moins  deux  constituants  :  l'un  d'eux  doit 
être  susceptible  de  fondre  à  la  température  de  frittage,  permettant  ainsi  la  présence  d'une  phase 
liquide qui assure la densification du matériau. 
Ce procédé est utilisé depuis le début du XXème siècle pour élaborer les "alliages lourds" W‐Ni, 
W‐Ni‐Cu, W‐Ni‐Fe. En comparaison avec le frittage en phase solide, les mécanismes du frittage avec 
phase  liquide  paraissaient  relativement  simples,  l'écoulement  du  liquide  par  capillarité  assurant 
l'élimination de la porosité. 
Les  principes  du  frittage  en  phase  liquide  ont  été  formulés  en  1938  par  Price  et  al.  (Bernache 
1993)  dans  une  étude  du  frittage  des  pseudo‐alliages  W‐Ni‐Cu.  Des  études  ultérieures  furent 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  6

 
réalisées  pour  améliorer  la  compréhension  des  mécanismes  de  ce  mode  de  frittage  mais  ce  n'est 
qu'en 1959 que Kingery (Kingery 1959) présenta la première approche quantitative des mécanismes, 
ouvrant la voie à une orientation plus théorique des recherches. 
 
Identification des mécanismes   
Cependant, les mécanismes mis en jeu sont encore loin d'être parfaitement compris, les systèmes 
se révélant en fait très complexes : au moins deux phases et deux constituants, des phénomènes de 
fusion, de mise en solution, de diffusion, d'écoulement du liquide par capillarité, de réarrangement 
des  grains  solides  et  d'élimination  de  la  porosité  dans  un  milieu  triphasé  de  géométrie  aléatoire. 
Nous  verrons  que  les  phénomènes  sont  en  général  décrits  à  partir  de  trois  grandes  étapes, 
comportant chacune des mécanismes multiples. 
 
Choix des nuances  
Les applications industrielles du frittage avec phase liquide et de ses différentes variantes comme 
le frittage avec phase liquide transitoire sont nombreuses : alliages lourds, carbures "cémentés" et 
de nombreuses céramiques (Bernache 1999). La température de frittage peut être très inférieure à la 
température de fusion des composants les plus réfractaires  et constitue le premier intérêt de cette 
méthode d'élaboration, notamment pour élaborer des matériaux denses à base de tungstène 
 
I.2.2. L’infiltration 
 
      Ce  procédé  est  semblable  au  frittage  en  phase  liquide,  dans  lequel    l’un  des  constituants  de  la 
poudres fond et se disperse dans tout le compacté. Les pores sont remplis par le retrait volumique et 
le  réarrangement  des  grains.  Durant  l’infiltration,  le  liquide  (métal  en  fusion  de  composition 
différente du corps poreux) vient de l’extérieur  pour remplir sous l’effet forces capillaires, le système 
de pores interconnectés du corps poreux.  La réduction de l’énergie totale du système est pré requise 
pendant l'infiltration (German 1985, Domsa 1999). 
 
 
I.3. PROCEDES CONVENTIONNELS D’INFILTRATION   
 
Différents procédés de frittage en phase liquide de matériaux  multiphasés sont développés dans 
l’industrie pour réaliser des outils de coupe. Le  procédé d’infiltration occupe  une  place importante 
permettant  de  produire  des  éléments  avec  une  densité  élevée  et  un  minimum  de  changement 
dimensionnel.  Il  consiste  à  infiltrer  soit  un  corps  poreux  (opération  en  poste‐formage)  soit  un 
mélange de poudres libres (formage directe) avec un infiltrant liquide adéquat. Plusieurs techniques 
ont été développées ; on peut les regrouper  en deux principales catégories, à savoir :  

- l’infiltration  spontanée :  qui  s’effectue    par  immersion  (partielle  ou  totale)  du  corps  poreux 
dans le bain du liant liquide, par contact du liant en fusion ou sous gravité (Goetzel 1996, Yi 
Pan 2003, Park 2005, Sithebe 2007, Taguchi 2007) ;  
- l’infiltration  sous  pression :  quand  les  forces  capillaires  sont  insuffisantes  en  raison  d’une  
mauvaise  mouillabilité,  de  la  taille  et  de  la  distribution  peu  convenable  de  pores  ou  de  la 
grande viscosité du liquide (Goetzel 1996, Subramanian 1997, Varužan  1999, Abdel‐Elwahed 
1999). Le corps solide peut être infiltré par le métal en fusion uniquement à l'aide d'une force 
externe considérable.   
Ces techniques seront détaillées comme suit. 
 
 
 
 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  7

 
I.3.1‐ Techniques conventionnelles d’infiltration  (Goetzel 1996) 

     Plusieurs  techniques  d’infiltration  furent  utilisées  tout  au  long  des  processus  de  développement 
de  la  technologie  d'infiltration  cependant,  selon  le  système  concerné  et  les  caractéristiques  de 
qualité du produit, des outils, des dispositifs,  ou du type de moulages utilisés peut nous amener à 
choisir l’une ou l’autre. 
 
I.3.1.1 Infiltration spontanée  
 
 Infiltration  par  immersion  partielle :  le  corps  squelettique  est  en  partie  immergé  dans  un  bain  de  
métal en fusion contenu dans un creuset (fig. I.1A). Le liquide est aspiré et s’élève dans le matériau 
compacté sous l’action des forces capillaires. Cette montée de fluide expulse les  gaz contenus dans 
les pores. Le bain peut être dosé pour remplir exactement le  volume occupé par les pores dans le 
solide. 
Infiltration  par  immersion  totale :  le  squelette  est  complètement    immergé    dans  le  métal  liquide 
(fig. I.1B). La pénétration du liquide se produit de tous les côtés vers le cœur du matériau. 
Pour  éviter  l'emprisonnement  des  gaz  dans  le  corps  infiltré,  cette  immersion  doit  être  effectuée  
lentement ou par étapes. Cette infiltration peut être réalisée  sous vide pour faciliter le dégazage. 
 
Infiltration  par  contact :  l'infiltrant  est  initialement  placé  en  contact  avec  le  matériau  à  infiltrer. 
Après la fusion de l’infiltrant, un film de liquide se forme et  pénètre les pores. Si l'infiltrant est placé 
au dessus du corps squelettique (fig.I.1C), la tension superficielle peut répandre le film au‐dessus de 
toutes les faces du squelette avant que la pénétration vers l’intérieur ne se produise.  
L’évacuation des gaz contenus dans les pores est facilitée en mettant l'infiltrant sous le squelette ou 
sous  vide. La quantité exacte du métal infiltrant pour remplir les  pores peut être calculée, de ce fait 
on doit utiliser un réservoir contenant  le métal liquide. Cette méthode est une adaptation de frittage 
classique en phase liquide.  
 
Infiltration sous gravité : dans cette méthode, des forces capillaires sont augmentées par la pression 
externe  due  à  la  présence  d'un  réservoir  contenant  l’infiltrant  en  fusion  au‐dessus  du  matériau  à 
infiltrer qui à son tour est contenu dans un moule. 
 La  force  auxiliaire  est  une  fonction  de  la  quantité  du  liquide  contenue  dans  le  réservoir  ;  si  cette 
quantité est assez importante, plusieurs pièces peuvent être infiltrées en même temps. 
 
La séparation du produit infiltré de l'infiltrant est parfois nécessaire pour éviter la présence d’une 
quantité  de  flux  assez  importante.  Cette  séparation  peut  être  soit  en  graphite,  soit  une  couche  de 
poudres assez grossière, ou un feutre pour faciliter la canalisation et le passage du métal liquide.  
Si  cette  séparation  a  la  même  composition  chimique  que  le  matériau  à  infiltrer,  le  liquide  peut 
dissoudre  une  partie  de  celle‐ci  et  devenir  partiellement  saturé  en  élément  d'alliage,  de  ce  fait  il 
empêche  l'érosion  extérieure  du  produit  infiltré.  Ce  procédé  convient  à  la  production  de  pièce  de 
précision comme les lames de turbine (Lavendel 1959).

I.3.1.2.Infiltration  sous  pression :  quand  les  forces  capillaires  sont  insuffisantes  en  raison  d’une 
mauvaise  mouillabilité,  de  la  taille  et  de  la  distribution  peu  convenable  de  pores,  ou  de  la  grande 
viscosité du liquide, le corps solide peut être infiltré par le métal en fusion uniquement avec l'aide 
d'une force externe considérable. Cette force peut être assurée par un gaz ou un liquide pressurisé, 
ou un piston et doit exercer une pression sur le métal liquide.
L’infiltrant en fusion peut être injecté sur n’importe quel coté du matériau à infiltrer, bien que le 
dessus ou le bas soit habituellement les  surfaces de contact les plus utilisées. Le métal liquide doit 
être contenu dans un récipient à pression approprié avant et pendant l'imprégnation. 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  8

 
Cette  méthode  s'applique  aux  systèmes  dans  lesquels  l'infiltrant  en  fusion  se  solidifie  avant  que  la 
pénétration soit complète, en raison des changements de la composition causés par la diffusion. 
 
 

Figure I.1 : les différentes techniques d’infiltration par capillarité selon Kieffer (Goetzel 1996) 

 
 
 
Le tableau I.2 Regroupe quelques exemples de systèmes réalisés  par les différentes techniques 
d’infiltration. Nous l’avons établi à partir de quelques références bibliographiques. 
 
 
 
Les paramètres traités dans ces références  concernent essentiellement trois axes : 
 
¾ l’étude de l’évolution  de la microstructure ; 
 
¾ l’effet des paramètres physiques des poudres (répartition granulométrique, taille, densités, 
etc.) sur la densification ; 
 
¾ l’effet du cycle d’infiltration (température, temps et atmosphère) ; 
 
¾ l’étude des mécanismes de densification : mouillabilité, force capillaire, effet chimique du 
liant, etc. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  9

 
 
Tableau I.2.   Techniques et systèmes d’infiltration 
 
       
Technique   Etat physique de  Système  Références 
d’infiltration  départ  bibliographiques 
    Matrice   Liant    
         
1. spontanée         
         
Par immersion  Comprimé  Fe‐Cu  Pb‐Cu  (Semlak 1958) 
    BN, SiC, Al2O3  Au,Si,Al  (Asthan1998) 
    SiC  Fe‐Si  (Yipan 2003) 
    Al2O3  ZrO2‐Y2O3  (Park 2005) 
  Préfritté  Acier  (Uzunsoy 2005) 
Cu‐Mn, Cu‐Sn 
  Comprimé  Fe‐C‐P  (Thorsen1983) 
Fe 
    SiC, AlH,TiO2  (Kerotkijan 1999) 
    Al   
   
  Préfritté  Fe‐Ni‐Cu  (Banerjee1984) 
    Fe‐P‐Si   
   
       
     
(Goetzel 1964) 
Par contact   Comprimé  Al‐Ag 
  Préfritté  Cu  (Ashurst 1983) 
    Acier  Cu  (Kumar 2007) 
    Fe‐Ni‐Cu‐Fe3P  Bronze 
         
        (Patino 2005) 
Sous gravité    Compacté 
  Poudre L  SiC  Al‐Ni  (Orban 1999) 
    WC‐W‐Ni  Cu‐Zn‐Si 
WC‐Ni  Cu‐Sn‐Ni  (Domsa 1999) 
   
     
 
         
2. Sous pression    Comprimé  TiC  Fe‐Al  (Subramanian 1997) 
  Comprimé  WC  Fe‐Al/Ni3Al  Subramanian 1997) 
  Préfritté  Ni  Cu‐Sn  (Duck 2004) 
  Poudre L  Al2O3  Al  (Abdelwahed 1999) 
  Préfritté  BN/CBN  Al  (Sithebe 2007) 
  Compacté  Al2O3  Al  (Cook 1991) 
  Fe,acier  Cu 
(Limpkins 1985) 
    Cu‐Zn‐Sn 
(Pablo 2002) 
  Bronze‐Al  Ni 
  SiC, TiC  Sn‐Pb  (Yang 2005) 
  Composite  Renforcé  (Wannasin 2005) 
  Al2O3  Al  (Michaud 2007) 
    (M.A.Taha 1998) 
 

I.3.2.  Mécanismes d’infiltration conventionnelle  

     Les  principes  de  base  et  les    mécanismes    d’infiltration  conventionnelle  ont  été  établis  et 
discutés  dans  la  deuxième  moitié  du  XXème  siècle.  La  synthèse  de  l’infiltration  conventionnelle  est 
établie à partir des études de référence des auteurs suivants:  K. A. Semlak et al. (Semlak 1957), P. 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  10

 
Schwarzkopf (Schwarzkopf 1959), W.D. Jones (Jones 1960), A.J. Sheler (Sheler 1964) et C.G. Goetzel 
(Goetzel 1964 et 1996).  

      

La vitesse de l'infiltration est liée à la loi de Poiseuille qui définit le débit ou l'élévation d'un liquide 
dans  un  tube  en  verre  (Semlak  1957).  Cette  loi  a  été  confirmée  pour  les  premières  étapes  de 
l’infiltration pour un certain nombre de systèmes.  

     Cependant, les formes irrégulières des réseaux de pores (ce ne sont pas des tubes rectilignes) 
ont rendu la comparaison avec les tubes capillaires droits du modèle presque impossible. 

En  outre,  pour  un  certain  nombre  de  systèmes  métalliques,  la  pénétration  est  suivie  d'une 
deuxième étape, à savoir la réactivité avec le corps solide poreux. 

     L'infiltration  réussie  exige  que  l'énergie  libre  surfacique  du  système  après  infiltration  soit 
inférieure à celle d’avant.  Cette énergie doit inclure les énergies libres surfaciques des phases solides 
et  liquides  aussi  bien  que  l'énergie  interfaciale  solide/liquide.  Cette  relation  est  exprimée  par  (voir 
frittage en phase liquide): 

γ (sg) = γ (sl) + γ (lg) cos θ [I.1]

Avec  γ(sl)  énergie  de  surface  interfaciales    solide‐liquide,  γ(sl)  et  γ (lg)  sont  les  énergies  libres 
surfaciques respectives du solide et du liquide ; θ correspond à l’angle de contact ou de mouillage.  

Un  faible  angle  de  contact  est  essentiel  pour  l'infiltration.  La  vitesse  et  la  profondeur  de 
l’infiltration du corps infiltré, comme nous le verrons plus loin, peuvent être améliorées en abaissant 
l’angle de contact avec l'utilisation des détergents (Domsa 1999, ZHU2005). 

Avec  un  angle  de  contact  suffisamment  petit,  les  tensions  superficielles  vont  diminuer,  ce  qui 
favorise  l’étalement  (mouillabilité)  du  métal  liquide  sur  les  faces  extérieures  du  corps  poreux.  Les 
forces capillaires interviennent à ce stade pour tirer le métal liquide à l’intérieur. 

Une bonne infiltration implique l’optimisation de certains paramètres. Nous discuterons dans ce 
qui suit l’effet des plus importants (Lend 1980, Goetzel 1996).  

Le squelette : la matrice de poudre compactée (squelette) doit maintenir son réseau de particules 
ou de grains à l’état solide tout au long du processus d'infiltration. Il devrait fournir un système de 
pores interconnectés et des canaux d'une certaine taille afin de faciliter l’action de la  capillarité. Les 
pores fermés pouvant entraver le passage du liquide,  doivent être évités dans la plupart des cas.  

Infiltrant : il doit avoir une température de fusion plus basse que celle du squelette. Une fluidité 
élevée du liquide est souhaitable. Les caractéristiques de la dilatation thermique de l’infiltrant  peut 
affecter  éventuellement les propriétés mécaniques  du corps infiltré. Si la couche de l’infiltrant qui 
entoure  le  corps  solide  se  dilate  pendant  la  solidification  rapide,  la  résistance  du  produit  fini  peut 
être  réduite;  l’inverse  peut  être  observé  si  la  couche  de  l’infiltrant  se  contracte  durant  le 
refroidissement.  Ce  phénomène  a  été  observé  pour  le  fer  infiltré  avec  le  cuivre  et  le  bismuth, 
respectivement (Matsumura 1960). 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  11

 
Compatibilité  de  système :  l'infiltrant  liquide  idéal  devrait  avoir  un  angle  de  contact  proche  du 
zéro. Les  réactions  solide‐liquide doivent être minimisées. 

Quelques systèmes de métaux réfractaires remplissent cette condition. Si les produits de réaction 
formés  pendant  l'infiltration  (des  composés  intermétalliques,  eutectiques  ou  des  solutions  solides) 
occupent un certain volume qui est égal ou plus grand que le volume initial (squelette et infiltrant), la 
pénétration du liquide est arrêtée avant qu’elle ne soit accomplie (German 1985, Goetzel 1996). 

On observe le même phénomène, si les produits de réaction sont dissous dans la phase liquide ce 
qui    rend  l'infiltrant  moins  fluide  (plus  visqueux).  Dans  un  cas  ou  dans  l’autre,  l’infiltrant  reste  à 
l’extérieur du compacté et la densification n’est pas réalisée (les pores restent vides). 

Solubilité : dans le cas où la formation de solution solide entre les composants est minimale à de 
basses  températures  et  les  conditions  d'équilibre  à  la  température  d'infiltration  conduisent  à  une  
dissolution  minimale  du  squelette  solide;  les  effets  de  la  solubilité  sont  généralement  avantageux. 
Dans  ce  cas  une  température  plus  basse  suffit  largement  pour  assurer  une  bonne  infiltration.  Elle 
peut  être    légèrement  au‐dessus  du  liquidus  de  l'alliage  infiltrant.  Des  liens  intenses  aux  interfaces 
entre les deux phases sont formés et une bonne densification est obtenue. 

Si  l'infiltrant  dissout  beaucoup  plus  d’éléments  du  squelette,  la  vitesse  d'infiltration  peut  être 
abaissée et un temps plus long est nécessaire pour que la pénétration soit achevée. 

 En  outre,  au  contact,  l’infiltrant  liquide  peut  éroder  la  surface  extérieure  du  corps.  La 
présaturation de l'infiltrant avec les éléments métalliques du squelette peut remédier à ce problème. 
Le système cuivre‐fer est un exemple typique. 

Quand  la  solubilité  du  solide  dans  le  liquide  est  élevée,  elle  entraînera  une  détérioration  de  la 
stabilité  du  compacté.  Dans  ce  cas  un  réseau  de  pores  plus  grands  et  un  temps  d’infiltration  plus 
court sont préconisés.   

Microstructure : l'intégrité structurale du corps infiltré est intimement liée à la microstructure. Si 
l'angle de dièdre  à l'intersection entre deux grains et de la phase liquide est proche du  zéro, le métal 
liquide  tend  à  pénétrer  le  long  du  joint  de  grain.  C’est  l’exemple  du  système  d'alliage  W‐Ni‐Cu. 
Pendant l'étape de pénétration de l'infiltrant (alliage de nickel‐cuivre), les pores fermés peuvent se 
remplir. Ce mécanisme peut détruire les contacts entre les grains de tungstène et entraîne une perte 
de cohésion  du squelette. 

En conséquence, l'expansion de volume peut se produire pendant l'infiltration alors que certains 
des pores originaux restent non remplis. De nouveaux pores  peuvent également être produits par le 
réarrangement des particules ou  par les réactions entre les phases liquide‐solides (Kaysser 1981). 

Atmosphère sous Vide. l'infiltration capillaire peut être améliorée sous vide. Les impuretés volatiles 
sont plus aisément évacuées de l’infiltrant et de la surface libre du solide. En raison de sa pression de 
vapeur élevée pouvant provoquer une élévation de  température de solidus (donc une solidification 
prématurée dans le canal), l'aspiration de l’air doit être évitée. La pression doit être appliquée dans 
un conteneur scellé pendant la pénétration de l’infiltrant en fusion dans le squelette. 

 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  12

 
I.4.  SYNTHESE  SOMMAIRE  SUR  LE  PROCEDE  D’INFILTRATION  SPONTANEE  DE  POUDRES 
LIBRES 
 
I.4.1. Avantages du procédé 
 
Plusieurs auteurs ont étudié les mécanismes de densification intervenant au cours de l’infiltration 
conventionnelle  de  corps  poreux  dans  le  domaine  de  la  métallurgie  des  poudres  (Semlak  1958, 
Goetzel  1996,  German1985,  Asthana  1998,  Uzunsoy  2005)  ou    dans  la  technologie  des  composites 
(Mortensen  2001,  2007).  Ils  proposent  des  corrélations  microstructure‐propriétés  mécaniques  en 
mettant  en  évidence  l’effet  des  réactions  locales  (solubilité,  dissolution  solide‐liquide),  des 
paramètres physiques et de la cinétique  de l’infiltration sur la densification. Cependant, rares sont 
les auteurs qui ont étudié les mécanismes intervenant dans la consolidation de poudres libres multi‐
constituées (Orban 1999, Domsa 1999).  

Ce  procédé  non  conventionnel  offre  d’énormes  avantages  économiques  dans  la  fabrication 
d’outils  de  forage  en  PDC  (Polycrystalline  Diamond  Compact)    ayant  une  géométrie  complexe, 
résistant à l’érosion et aux abrasions, sans compromettre leurs propriétés mécaniques ni leur état de 
surface.  Sous  l’effet  des  forces  capillaires,  le  métal  liquide  (généralement  un  bronze  allié)  est 
introduit pour  remplir le système de pores interconnectés des mélanges poudres libres constituées 
généralement  de  W‐Ni,  WC‐Ni  ou  W‐WC‐Ni  (Caceras  2002,  Ashurt  1983,  Kumar  2007,  Orban  1999, 
Domsa  1999).  La  structure  des  composites  obtenues,  pour  le  même  alliage,  est  semblable  à  celle 
consolidée  par  frittage  en  phase  liquide ;  selon  les  trois  stades  décrits  par  les  modèles  de  Kingery 
(German 1985, Lassner 1999, Goetzel 1996) ou de Lee‐ Kang (Lee 1998, Kang 2005). 

L’effet de la force supplémentaire exercée par l’infiltrant liquide sous gravité, pouvant engendrer 
des  ségrégations  (Ekbom  1988,  Tewari  1999,  Olevsky  2000‐1,  Olevsky  2000‐2,  Peizhen  2001)  et  le 
nombre  important  d’interactions  locales,  comme  la  mouillabilité,  l’inter‐dissolution,  les  réactions 
chimiques  au  niveau  du  contact  des  particules  ou  les  différentes  réactions  avec  l’atmosphère 
(Sithebe 2007, Missiean 2007) compliquent davantage la description des phénomènes mis en jeu lors 
de la densification des matériaux à multi‐phases. L’influence des phases dispersées devient capitale.  

Par rapport à l’infiltration conventionnelle, les poudres ne forment pas initialement un squelette. 
Elles auront donc un comportement différent au contact de l’infiltrant liquide.  
En pratique, l’infiltration spontanée sous gravité est la plus adéquate à la réalisation des outils de 
forage. Chauffés en même temps, les granulés de l’infiltrant métallique sont séparés du mélange de 
poudres  par une cavité, généralement en graphite.  
 
I.4.2. Processus  
Les  pores  interconnectés  des  poudres  libres  (non  compactées)  sont    remplis  avec  un  métal  ou 
alliage  ayant  un  bas  point  de  fusion.  L’attraction  capillaire  devient  la  force  motrice  de  l’infiltration 
causant  la  réduction  de  l’énergie  surfacique  interfaciale.  Le  liquide  recouvre  la  phase  solide  des 
poudres de la matrice. Ce processus peut prendre place sans retrait substantiel (Domsa 1999, Orban 
1999).  Recommandée pour des matériaux ayant une très faible compressibilité et une résistance à 
vert  nulle.  La  quantité  de  l’infiltrant  introduite  dépend  étroitement  du  système  de  pores 
interconnectés ; elle est d’autant plus importante que le volume du système est important. Mais  une 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  13

 
porosité excessive peut freiner l’infiltration. Elle peut  créer des imperfections grossières et réduire 
l’angle de contact et la viscosité de l’infiltrant.  
Des différentes études disponibles sur le phénomène, il en ressort l’effet : 
ƒ De la prédominance du mécanisme de la capillarité dynamique de l’infiltration;               
ƒ Le  processus  d’infiltration  s’installe  exclusivement    par  le  phénomène  de  capillarité  si  les 
granulés d’infiltrant (liant) fusionnent doucement (Domsa 1999);  
ƒ Contrairement  à  des  taux  de  fusion  élevés,  les  granulés  de  l’infiltrant  deviennent    liquide 
rapidement,  ceci  est  traduit  par  un  écoulement    rapide  où  apparaissent  des  forces 
dynamiques pouvant déplacer les particules des  poudres entre elles.       
      La  prédominance  du  flux  hydrostatique  du  liquide  (gravitationnel)  est  usuellement  
défavorable  provoquent  une  distribution  hétérogène  des  particules  solides,  empêchant  ainsi,  la 
pénétration du liquide (spécialement si la poudre est fine). Cependant, en pratique, les granulés de 
l’infiltrant ayant des dimensions allant de 1 à 15mm passent  à l’état liquide à différents moments. 
Usuellement  les  taux  d’infiltration  sont  assez  faibles  pour  conduire  à  une  prédominance  du  flux 
capillaire.   
 
I.4.3.  Condition et paramètre de l’infiltration spontanée de poudres libres 
L‘assurance des conditions optimales  pour le flux capillaire imposent : 
ƒ une  porosité  du  mélange  de  poudre :  usuellement,  la  plus  faible  porosité  est  requise  
dans  ce  genre  de  procédé.  Elle  est  réalisée  avec  une  distribution  granulométrique 
adéquate nécessitant des vibrations lors du remplissage du moule.  
ƒ une durée d’infiltration courte: il est défini par la forme des particules ainsi que par leur 
surface spécifique. Dans le cas de particule sphérique b correspond à une valeur faible il 
est plus favorable d’utiliser des poudres de formes irrégulières, auxquelles correspondent  
des énergies surfacique élevées, pouvant  amorcer la fusion du liant dans le processus de 
frittage 
ƒ une  mouillabilité  la  plus  élevée  possible  du  solide  par  l’infiltrant  liquide:  la  mouillabilité 
d’un solide par un liquide prend place  quand la nouvelle interface qui se forme (solide‐
liquide et/ou liquide ‐vapeur) possède une énergie plus faible que celle d’origine (solide‐
vapeur). 

 γ +   γ ≤  γ
C'est‐à‐dire :   γ  ‐ γ ≤  γ
SL    LV    SV    ;                  SV LV    SL        

Où   γ γ γ correspondent respectivement aux  énergies surfaciques solide‐ liquide, liquide‐


SL, ,   LV   SV    
vapeur et solide‐vapeur. 
 
Dans ce procédé, la mouillabilité est affectée par les mêmes paramètres affectant le corps poreux 
dans le cas de l’infiltration conventionnelle. Elle est déterminée par la nature des particules solides 
du  mélange  des  poudres,  des  caractéristiques  physico‐chimiques  du  liant  et  de  l’atmosphère  du 
traitement.  Une  infiltration  réussie  implique  une  mouillabilité  complète.  Comme  dans  le  cas  de 
l’infiltration conventionnelle de corps poreux, elle est en générale  favorable si le solide et le liquide 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  14

 
sont chimiquement compatibles. Cette compactibilité existe lorsque le liquide est capable de fournir 
une solution avec le mélange solide ou des composés sont formés à l’interface (Orban 1999).  
I.4.4.  Possibilités d’amélioration de la mouillabilité  
     Dans plusieurs systèmes, une bonne mouillabilité est difficile à atteindre, à cause de la tension 
superficielle  élevée  du  métal  en  fusion.  Plusieurs  techniques  sont  utilisés  pour  améliorer  la 
mouillabilité  .Elles  sont  basées  sur  la  possibilité    d’augmenter  la  probabilité  à  satisfaire  la  relation 
[I.1] 

1. Augmenter l’énergie surfacique du solide  γ   SV

2. Diminuer l’énergie surfacique du solide/ liquide  γ SL  

3. Diminuer l’énergie surfacique du liquide  γ LV . 

 
1. Augmenter l’énergie de surface des particules solides de la poudre : 
Les  gaz    absorbés    spécialement  l’oxygène,  la  ségrégation  en  impuretés  et  les  couches  des 
composés (spécialement les oxydes) ont un effet prononcé sur la diminution de l’énergie  de surface. 
Par conséquent, le frittage doit être effectué dans des fours à atmosphère  inertes ou sous vide. Les 
surfaces  doivent  être  nettoyées  par  des  détergents  et  des  fondants  (flux  en  anglais :  comme    le 
composé  Na2B4O7+H3BO3+NaF  ou    Borax)  qui  peuvent  être  utilisés  pour    augmenter    SV    (Domsa  γ
 
1999, Orban 1999, Zhu 2005). Ce fondant peut être mélangé avec la poudre ou avec les granulés du 
liant.  
 γ
2.  Diminuer  l’énergie  surfacique  du  solide‐liquide SL :  sa  valeur  peut  être  diminuée  par  des 
additions dans le mélange de poudres ou dans la composition de l’infiltrant, d’éléments ayant une 
affinité élevée à l’oxygène (Ni, Cu, Mo, etc.). Ces éléments peuvent être ségrégués aux interfaces des 
particules solides du mélange et affaiblissent les couches d’oxydes (Eremenko 1970).  
3. Diminuer l’énergie surfacique du liquide  γ LV  en ajoutant à l’infiltrant des éléments réactifs (Li, Mg, 

Ca, Ti, Zr, P etc.) capables de former des composés  ou des réactions avec l’oxygène (Domsa 1999).     
            

I.5. APPROCHE THEORIQUE DE L’INFILTRATION SPONTANEE DE POUDRES LIBRES   
 
Par  rapport  au  frittage  en  phase  liquide,  étape  incontournable  dans  le  processus  classique  de 
métallurgie  des  poudres,    l’infiltration  spontanée  de  poudres  libres  englobe  des  phénomènes  plus 
complexes.  De  la  synthèse  globale  précédemment  établie  nous  pouvons  résumer  le  processus    de 
consolidation en quatre étapes :   
 
1. Consolidation  à  l’état  solide :  selon  la  compatibilité  des  éléments  solides  constituant  le 
mélange, une diffusion ou interdiffusion  est très  probable. Le système de poudres libres se 
comportera  comme  un  consolidé  poreux  soumis  à  un  frittage  simple  à  l’état  solide.    Nous 
devons donc, connaître les mécanismes de base du frittage en phase solide. Elle fera l’objet 
d’une étude basée essentiellement sur les mécanismes de frittage en phase solide classique 
(§ I.5.1). nous nous limiterons dans cette partie à donner des exemples de systèmes proches 
de notre étude (les binaires W‐Ni, W‐Cu et particulièrement les ternaires W‐Ni‐Cu/Fe) ;    
 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  15

 
 
2. Fusion  du  liquide  (sans  contact  du  mélange  de  poudre) :  les  propriétés  de  l’infiltrant 
métallique  sont  très  importantes  dans  le  choix  du  cycle  thermique  d’infiltration.  Sa 
composition définie la température d’infiltration pratique, généralement prise à 100° jusqu'à 
140°C  de  sa  température  de  liquidus  (Domsa  1999).  De  ces  qualités  de  mouillabilité 
dépendra la durée de l’infiltration. Une attention particulière sera donnée au rôle de la phase 
liante dans l’exposé des mécanismes de base du frittage en phase liquide (§ I.5.3).   
 
3. Infiltration spontanée :   le liant liquide (infiltrant métallique) ne se forme pas  in‐situ au sein 
du mélange de poudres libres à la température du traitement mais, arrive de l’extérieur  et 
remplit le système de pores interconnecté. La question qui va s’imposer est la suivante : est‐ 
ce que les mécanismes  intervenant dans la densification sont les mêmes que ceux relatifs au 
frittage  en  phase  liquide  selon  les  trois  stades  des  deux  modèles    bien  connus  dans  la 
littérature (modèles et théories de Kingery (Kingery 1959) ou de Kang (Kang 1998). On peut 
imaginer plusieurs scénarios où l’interaction solide‐solide au cours du chauffage et solide –
liquide, avec l’arrivée du liquide  détermineront l’état final du composé multi‐constitué.  
 
ƒ Le temps de contact serait‐il le même que dans le cas du frittage en phase liquide ? 
ƒ Dans les systèmes traités W/WC‐Ni (très proches de ceux de notre étude) le  Ni fait 
partie du mélange solide. On peut se poser la question suivante : quel  est le degré 
de réactivité du nickel   au contact du métal liquide (généralement un bronze allié) ? 
ƒ Sa dissolution aura‐t‐elle une influence sur la cinétique de densification ? rappelons 
que  dans  le  cas  du  frittage  en  phase  liquide  les  systèmes  historiquement  traités 
correspondent  aux  alliages  lourds  magnétiques  (W‐Ni‐Fe)  ou  amagnétiques  (W‐Ni‐
Cu) ; le nickel fera partie de la phase liante liquide à la température du frittage.  
ƒ Cette  réactivité  de  Ni  avec  le  liant  liquide  aura‐t‐elle  une  influence  directe  sur  la 
solubilité probable de l’élément solide réfractaire (W et/ou WC) ?  
ƒ Quel sera le rôle de la durée de maintien sur le degré de dissolution de Ni ? 
ƒ En  fonction  de  la  température  du  cycle  thermique,  la  solubilité  peut  provoquer  la 
formation  de  phases  intermétalliques ;    toutes  ces  questions  feront  l’objet  d’une 
synthèse  globale  comparative  à  l’issue  de  la  partie  importante  sur  le  frittage  en 
phase liquide qui sera traitée en (§ I.5.2).   
 
 
4. Solidification  du  composite :  ce  stade  n’a  jamais  été  traité,  à  notre  connaissance,  dans  les 
différents travaux disponibles sur le frittage en phase liquide ou sur l’infiltration. Ce stade est 
conditionné par la cinétique de solidification imposée par la phase liante (liant liquide + Ni en 
dissolution). Quelles seront les conséquences de la formation de ces phases intermétalliques  
sur cette cinétique.    
 
La microstructure finale du composite obtenu est semblable à celle obtenue par frittage en phase 
liquide  pour  le  même  type  de  système  (  système  W‐Ni‐Cu  en  frittage  classique  et  W‐Ni/bronze  en 
infiltration (Goetzel 1996, German 1985, Orban 1999, Ashurst 1983, Dück 2004).  
 
 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  16

 
I.5.1. Phénomènes en phase solide avant l’arrivée du liquide   
 
I.5.1.1. Effet du chauffage en phase solide sur le comportement en infiltration 
 
L’étape de chauffage en phase solide précédent l’infiltration (l’arrivée du métal liquide)  a longtemps 
été négligée mais plusieurs auteurs (farooq 1988, Lee 1984, Marchionni 1987, Song 1984, Gupta 2007 
et  autres)  ont  constaté  qu'au  cours  de  cette  étape  le  matériau  pouvait  subir  de  très  importantes 
modifications.  Cette  étape    peut  être  considérée  semblable  aux  étapes  d’un  frittage  en  phase  solide 
simple. Les modifications subies par le mélange de poudres peuvent expliquer son comportement.  
Alors  que  W  seul  ne  se  fritte  pas,  les  systèmes  W‐Ni  et  W‐Ni‐Fe  présentent  d’importantes 
modifications entre  900  et  1500°C.  Ils  se  rapprochent  de  l’équilibre  par  interdiffusion  des  éléments 
entre eux (formation de ponts solides : Missiean 2007, J.S. Lee 1985). Le réarrangement peut débuter 
avant l’arrivée (apparition) de la phase liquide lors de l’infiltration. L’écoulement du liant par diffusion 
vers  la  surface  des  grains  de  W  sous  forme  de  monocouches  favorise  la  formation  de  réseau 
d’agglomérats.  Ce  mécanisme  est  qualifié  de  « mouillage  en  phase  solide »  (Moon  1993,  Lee  1984, 
Gupta,  2007).  Le  retrait  peut  atteindre  20%    pour  les  mélanges  W‐Ni  (German  1988)  et  W‐Ni‐Cu  (à 
1050°C pour une durée de 4 heures) (Lee1984).  
 
I.5.1.2. Consolidation à l’état solide – Définition du frittage en phase solide  
 
     Le  frittage  en  phase  liquide  suppose  généralement  la  formation  préalable  d’un  squelette 
(compactage et/ou pré frittage). Dans le cadre de l’infiltration on peut supposer qu’avec la montée 
en température, les différents phénomènes de diffusion, très actifs, peuvent favoriser la formation 
d’un squelette par diffusion à partir du mélange de poudres libres. Il est donc nécessaire de connaître 
les  stades du frittage en phase solide (F.P.S). 
 
     Nous différons le frittage, dans un sens restrictif, comme le développement des liaisons entre les 
grains  d’un  milieu  pulvérulent  ou  d’un  aggloméré,  par  la  diffusion  d’atomes  ou  de  molécules,  sous 
l’action de contraintes superficielles et de la température (Bernache 1993). Cette définition suppose 
qu’il n’y ait jamais fusion totale de l’échantillon. Suivant le mécanisme d’élaboration ou de croissance 
de  ces  liaisons,  le  frittage  conduira  à  une  simple  consolidation  du  milieu  ou  à  une  consolidation 
accompagnée d’une densification mise en évidence par un retrait volumique.  
     Le  frittage  s’effectue  par  une  redistribution  de  la  matière  qui  tend  à  minimiser  l’énergie  de  la 
surface du milieu de poudre divisé. 
 
I.5.1.3. Les différents stades du frittage en phase solide (Bernache 1993, Kang 2005) 
 
L’opération de frittage consiste à chauffer le matériau au‐dessous de sa température de fusion ou 
de  décomposition  afin  de  faire  croitre  des  liaisons  entre  les  grains,  ce  qui  se  traduit  par  une 
consolidation  et  souvent  une  diminution  du  volume  de  l’échantillon.  Le  taux  de  densification  sera 
défini par la densité relative et/ou par la porosité. 
     
     La  porosité  est  définie  comme  le  rapport  entre  le  volume  des  pores  Vp  et  le  volume  total  de 
l’échantillon P= Vp/V; c’est un nombre sans dimensions compris entre 0 et 1. La densité relative ou 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  17

 
taux  de  densification,  est  égale  au  rapport  du  volume  théorique  Vth  de  l’échantillon  (supposé 
totalement dense) au volume réel de l’échantillon V équation [1.6]. 
 
                            ρ=Vth/V                             [I.2] 
 
     Entre la densité relative et la porosité on a la relation suivante : 
 
                               p = 1‐ ρ                                 [I.3] 
 
     Durant l’étape de frittage, le taux de densification (densité relative) croit avec le temps de 0.5 à 1. 
Cette  augmentation  de  densité  correspond  en  fait  à  plusieurs  stades  que  l’on  peut,  de  manière 
simplifiée, résumer comme suit (Fig.I.2): 
 
Stade I : Formation du squelette solide : 
     Après  une  légère  réorganisation  par  glissement  des  grains  qui  se  produit  en  raison  des  défauts 
d’empilement du compact initial, des liaison s’édifient (joints de grains) entre les grains et entrainent 
la  formation  d’un  squelette  solide  traversé  de  pores  ouverts  sur  l’extérieur  (porosité  ouverte).  La 
densité relative à l’issue de cette étape est estimée à 0.65.  
 
Stade II : Elimination de la porosité ouverte : 
     Les  pores  de  ce  squelette  solide,  ouverts  sur  l’extérieur,  diminuent  peu  à  peu  de  volume.  Puis, 
pour  des  raisons  d’instabilité  morphologique  locale,  ils  se  scindent  en  de  nombreux  pores  fermés. 
Cette étape se termine pour une densité relative voisine de 0.92. 
 
Stade III : Elimination de la porosité fermée : 
     Les pores désormais isolés diminuent de volume jusqu'à disparaître. Le matériau atteint alors une 
densité relative très proche de 1. 
 

Fig.I.2.  Evolution de la densité relative au cours des étapes de densification (Kang 2005) 

 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  18

 
La première étape étant très importante dans le frittage en phase solide, nous détaillerons dans ce 
qui suit l’effet de la force motrice responsable de la consolidation. 
  
 
I.5.1.4. Force motrice globale  
 
     Un  solide  divisé  présente  un  excès  d’énergie  superficielle  par  rapport  au  monocristal  parfait  de 
même masse. Cette réserve  énergétique constitue la force motrice globale du frittage. 
Deux possibilités s’offrent au système pour réduire ses interfaces avec l’extérieur (Fig. I.4) : les grains 
peuvent se souder, ce qui conduit au frittage où les grains peuvent grossir, leur nombre diminuant.  
La compétition entre ces deux évolutions sera constamment présente lors du chauffage du matériau. 
Dans  le  premier  cas  le  surplus  énergétique  du  frittage  dû  aux  interfaces  solide‐vapeur  (réservoir 
énergétique  du  frittage)  n’est  pas  totalement  utilisable  puisque  la  soudure  des  grains  donne 
naissance à de nouvelles interfaces, les joints de grain dont la tension superficielle vaut  γss. Le bilan 
de l’enthalpie libre s’écrit : 
 
dG = γss dAss + γsv dAsv                                      [I.4] 
 
γsv  et  γss  représentent  respectivement  les  tensions  interfaciales  solide‐vapeur  et  et  soilde‐solide  du 
joint  de  grains,  dAss  (nombre  positif)  représentant  l’augmentation  de  la  surface  de  contact  entre 
grains (joints de grains). dAsv (nombre négatif) représente la diminution de la surface solide‐vapeur. 
Les énergies de joints de grains étant en général beaucoup plus faibles que celles des surfaces solide‐
vapeur (de l’ordre de la moitié), dG est globalement négatif. L’aptitude au frittage est donc d’autant 
plus  importante  que  la  valeur  de  la  tension  superficielle  γsv  est  grande  devant    γss  (Bernache  1993, 
Roure 1996). 
 
     Ces  énergies  dépendent  fortement  de  la  pureté  des  interfaces  considérée.  Des  corps  ajoutés  en 
très  faible  quantité  peuvent  modifier  sensiblement  les  énergies  interfaciales  (cas  des  détergents). 
Elles dépendent aussi du corps considéré et de la température (Bernache 1993). 

 
Fig.I.3.  Evolutions morphologiques possibles au cours de la réduction de surface d’un milieu 
granulaire (Kang 2005) 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  19

 
I.5.1.5. Effet de courbure 
 
     Considérons le système de la (Fig.I.4) constitué de deux phases séparées par une membrane sans 
épaisseur, la phase 1 condensée (liquide ou solide) et la phase 2 (liquide solide ou gaz), l’ensemble 
étant considéré comme un système fermé. 
 
 

 
 
 
Fig. I.4. Surface de séparation entre deux phases (Bernache) 
 
     La relation de la Laplace qui donne l’écart de pression entre les deux phases 1 et 2 séparées par 
une surface courbe est : 
 
                                                                 [I.5] 
 
     Dans  cette  expression  r’  et  r ‘’  ont  des  valeurs  algébriques,  ils  sont  positifs  si  les  centres  de 
courbure  correspondants  sont  dans  la  phase  1.  Si  la  surface  de  séparation  est  plane,  les  rayons  de 
courbure sont infinis, l’écart  P1 –  P2 est alors nul. La séparation de la phase gazeuse est alors égale à 
la  pression  d’équilibre  de  sublimation  ou  de  vaporisation  du  corps  pur  à  la  température  T,  on  la 
notera P∞. 
     Dans le cas d’une surface sphérique séparant une phase 1 d’une phase 2, la calotte sphérique est 
sollicitée par la tension superficielle γ tout le long du cercle de base et par les pressions normales  P1 
et P2 en chaque point de la surface. L’écart de pression est donné par la relation suivante : 
 
                                                                                   [I.6] 
                                                              
     Dans le cas d’une surface non sphérique, de rayons de courbure principaux r’ et r’’, on peut définir 
le rayon de moyenne courbure par la relation 2/r =1/r’ + 1/r’’, on retrouve ainsi la relation de Laplace 
[I.5]. 
 
I.5.1.6.  Effet du nickel sur l’activation du frittage de W en phase solide 
I.5.1.6.1. Activation par dopage 

Dans leurs investigations sur l’effet de Ni (dopage) sur l’activation du frittage en phase solide de 
W,  I.H.Moon  et  al.  (Moon  1982,  1987  et  1991)  établèrent  que  l’activation  dépend  fortement  de  la 
géométrie entre W et Ni et de l’état chimique de Ni. La croissance directionnelle et l’accommodation 
de forme correspondent au mécanisme d’activation de frittage similaire à celui mis en jeu dans le cas 
du  frittage  en  phase  liquide  (Hwang  2000,  Moon  1982).  Pour  J.‐M.  Messiaen  (Missiean,  2007),  le 
mécanisme  de  glissement  des  joints  de  grains  peut  être  activé  aussi  par  la  réduction  de  taille  des 
particules et l’adaptation des cycles de frittage. Les travaux récents de V.K. Gupta et al. (Gupta, 2007) 
sur  le  dopage  de  W  par  le  Ni  ont  montré  qu’en  fonction  de  la  température,  la  densité  de  W  peut 
atteindre 78 à 81% entre 1100° et 1150°C pour une addition de 1%Ni. Pour un système similaire (Mo‐
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  20

 
Ni) N.M. Hwang et al. (Hwang, 2001) ont établi qu’une addition de 1.5 pds%. au Mo peut améliorer la 
densité après frittage de 13.4% (de 82.1 à 95.5%).  

L’effet du nickel sur l’activation du frittage en phase solide et la croissance de grains de W sont 
mis  en  évidence.  Ajouté  au  W,  il  diminue  la  température  de  frittage  et  accentue  le  transport  de 
masse  dans  les  interfaces  désordonnées  des  particules  (Gupta,  2007).  La  progression  des  réactions 
en phase solide dépend du taux de Ni et de son état physique (Moon 1993, Hwang, 2000,  Hwang, 
2001).  

I.5.1.6.2 Effet de teneurs élevées 

Pour  des  teneurs  en  nickel  élevées,  l’effet  de  mouillabilité  à  l’état  solide  est  beaucoup  plus 
accentué. Les activateurs peuvent être : le volume de phase secondaire pénétrant à travers les joints 
de grains; la  ségrégation sans précipitation de  phases discrètes dans des nano régions interfaciales 
qui n’apparaissent pas dans le diagramme de phases (Gupta, 2007). 

Le système binaire W‐Ni n’est pas très utilisé  dans l’industrie à cause du grossissement du grain 
et la ségrégation de Ni (Hwang, 2001). Cependant, le frittage en phase liquide  peut être activé par 
l’addition  d’un  métal  de  transition  (Cu  ou  Fe).  La  phase  liquide  aura    un  rôle  similaire  à  celui  des 
activateurs en phase solide.   

Snowball  et  al.  (Snowball  1968)  montrent  qu'une  importante  densification  peut  avoir  lieu  en 
phase  solide  dans  le  cas  du  sytètne  WC‐Co  :  un  alliage  à  9  %  de  Co  (correspondant  à  25  vol%  de 
liquide à 1400°C) peut atteindre la même densité après frittage en phase solide et après frittage en 
phase  liquide  (température  de  l'eutectique‐1320°C)  mais  le  temps  de  frittage  nécessaire  est 
multiplié par 10 dans le cas de la phase solide. 
 
Système  W‐NI‐Fe 
 
Dans  une  étude  sur  le  frittage  des  alliages  W‐Ni‐Fe  (20  vol%  de  liant),    C.  Marchionni  
(Marchionni 1987) suit l'évolution du matériau au cours de la phase solide afin de connaître l'état 
du matériau avant l'apparition de la phase liquide. Il travaille sur des poudres de W de même taille 
moyenne  mais  de  distribution  granulométrique  différente  :  une  poudre  a  une  distribution 
unimodale  et  l'autre  a  une  distribution  bimodale.  Avant  900°C  l'évolution  est  nulle.  Par  contre  au 
delà, entre 900°C et 1400°C (avant la fusion du liant qui se situe dans l'intervalle 1450°C‐1460°C), il 
montre que les modifications peuvent être très importantes : 
ƒ Le  système  se  rapproche  de  'l'équilibre  chimique  par  interdiffusion  des  éléments 
entre eux ;  
ƒ La  moitié  de  la  porosité  peut  être  éliminée  (80%  de  la  densité  théorique  est 
atteinte) ; dans le cas de la poudre à distribution unimodale, la densification est la plus 
forte,  il  se  forme  des  ponts  solides  entre  les  particules  de  W  et  la  microstructure  reste 
homothétique à elle‐même ; par contre dans le cas da In poudre de W bimodale subissant 
une densification plus faible les petites particules disparaissent car elles sont absorbées 
sur la surface des grosses et la taille moyenne de la porosité augmente. 
ƒ Le  liant  diffuse  vers  la  surface  des  grains  de  W  ;  C.  Marchionni  considère  cette 
diffusion semblable à un « mouillage » mais en phase solide. 
Il  constate  que  les  échantillons  les  mieux  densifiés  en  phase  solide  se  densifient  moins  bien  en 
phase  liquide  et  que  ceux  qui  se  densifient  peu  en  phase  solide  (grosse  porosité  après  la  phase 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  21

 
solide)  se  densifient  mieux  en  phase  liquide.  Cela  lui  suggère  deux  questions  :  la  densification 
pendant le pré frittage serait‐elle néfaste au réarrangement? La densification en présence de phase 
liquide  serait‐elle  améliorée  pour  des  poudres  qui  favorisent  la  déformation  de  la  géométrie  de 
l'empilement? 
 
Système W‐NI‐CU 
 
Pour  le  système  W‐Ni‐Cu,  Lee  et  al.  (Lee  1984)    ont    constaté    un    retrait  significatif  des 
échantillons  au  cours  du  préfrittage  en  phase  solide  à  1050°C,  alors  que  le  W  seul  à  la  même 
température  ne  se  fritte  pas.    Le  retrait  en  volume,  constitué  d'un  mélange  de  poudres  de  W 
submicroniques (0.8 μm) et de poudre de liant de diamètre moyen 9.5 μm peut atteindre 20% après 
4  heures.  L'examen  des  microstructures  indique  la  formation  d'agglomérats,  déjà  visibles  après  1 
heure  à  1050  C.  Ces  agglomérats  sont  tous  interconnectés  après  16  heures.  Lee  et  al.  rejoignent 
l'idée  de  mouillage  en  phase    solide  de  Marchionni    (Marchionni  1987)  en    supposant    que  déjà  à  
cette  température  il  y  a  écoulement  du  cuivre  vers  la  surface  des  particules  de  W.  Un  premier 
écoulement rapide du Cu sous forme de monocouches sur les particules de W a lieu. Localement il se 
forme des zones plus densifiées. Quand   ces   agglomérats   se   touchent,   l'échantillon   se   densifie 
macroscopiquement.  Un  second  écoulement  massif,  plus  lent  se  produit  et  entraine  la  formation 
d'agrégats (agglomérats plus gros et plus denses) et de larges pores. Au cours du temps, leur taille et 
leur nombre augmentent jusqu'à former un réseau interconnecté.  
 
Ces expériences montrent que le réarrangement, tel qu'on le conçoit, avec écoulement du liquide 
et regroupement des particules peut débuter avant l'apparition de la phase liquide. 
En  proposant  un  modèle  expérimental  sur  le  frittage  en  phase  liquide,  Farooq  (Farooq  1988)  va 
plus loin : pour lui l'étude de cette étape ne sert pas seulement à expliquer les phénomènes de phase 
liquide, elle est très importante en soi et comme dans le cas du système WC‐Co (Snowball 1968) le 
chauffage  en  phase  solide  peut  mener  à  la  densification  totale  du  matériau.  Il  réalise  ses  essais 
dilatométriques  élaborés  à  partir  de  poudres  de  W  revêtues  sur  les  nuances  avec  des  %  de  Ni 
croissants.  Dans  le  cas  de  la  nuance  à  0%  de  Ni  (nuance  W‐Cu)  il  n'observe  que  de  faibles  retraits 
linéaires (de l'ordre du pourcent) ; par contre dans le cas des nuances contenant du Ni, les retraits 
linéaires sont meilleurs et atteignent 12% dans le cas de la nuance à 30% de Ni et 20% (le matériau 
est densifié à 97% de sa densité théorique) dans le cas de la nuance W‐Ni (sans Cu).  
 
 
I.5.1.6.3. Notion de « squelette »  
 
Nous avons vu à travers l’étude du frittage classique en phase solide qu’un  squelette se forme à 
l’issue du premier stade. Dans le cas des alliages W‐Ni, le squelette pourrait résulter d'après certains 
auteurs de la formation de ponts entre les particules de W pendant le chauffage en phase solide, et 
il serait détruit par le Ni capable de rompre les ponts de solide.  
Ce  squelette  pourrait  également  résulter  de  pressions  de  compaction  trop  fortes  qui 
bloqueraient  la  microstructure  des  échantillons.  Mais  alors  comment  expliquer  que  pour  des 
pressions faibles les alliages W‐Cu se densifient très mal? 
Ce squelette ne serait‐il pas d'un autre type? 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  22

 
Les résultats bibliographiques sur la densification des alliages W‐Ni‐Cu mettent tout d'abord en 
évidence  la  quantité  de  paramètres  mis  en  jeu  au  cours  de  cette  étape  et  la  complexité  qui  en 
résulte.  L'influence  de  ces  divers  paramètres  (homogénéité  et  densité  à  vert  par  exemple) 
semble parfois contradictoire. 
Les  travaux  de  F.  Sailland  (Sailland  1991)  sur  le  frittage  en  phase  liquide  de  différentes 
nuances W‐Ni‐Cu, rejoignent les travaux de Lee (Lee 1984) de  Marchionni (Marchionni 1987) et 
Farooq  (Farooq  1988).  L'observation  cinétique  d'un  réarrangement  en  deux  temps  coïncide 
parfaitement avec la notion de densification par réarrangement d'agglomérats: dans un premier 
temps, rapide, des agglomérats W/liant se forment; puis ces agglomérats se réarrangent entre 
eux avec une cinétique plus lente, à moins que le squelette formé en phase solide ne bloque ce 
second réarrangement. 
  
Avec ces idées de réarrangement en deux temps, de squelette et de solubilité peut‐on arriver 
à construire un  scénario cohérent de la densification lors du frittage avec phase liquide? 
 
 
 
I.5.2.  Mécanismes de densification en phase liquide ‐  Approche théorique par les mécanismes 
de frittage en phase liquide  
 
I.5.2.1. Modèles et théories  
 
Deux  modèles  et  théorie  ont  été  développés  dans  la  théorie  pour  expliquer    la  densification  en 
phase liquide. Le premier correspond au modèle classique à trois stades  (classical three-stage model
and theory) qui à été développé en 1959 par Kingery (Kingery 1959), le deuxième plus récent (1998) 
correspond au modèle de remplissage des pores (Pore Filling Model and theory) qui a été développé 
par S.‐M. Lee et S.‐J. L. Kang (Lee 1998) sur la base des travaux expérimentaux sur l’alliage lourd     W‐
Ni de O.‐J. Kwon et D.N.Yoon (Kwon 1981).

Le  tableau  I.3  donne  une  idée  sommaire  sur  les  étapes  de  frittage  proposées  pour  expliquer  le 
frittage en phase liquide. 
 
Nous  développerons  cependant,  dans  la  suite  de  ce  chapitre,  les  bases  du  modèle  classique  de 
Kingery, d’ailleurs, très utilisé. 

En comparant les deux modèles, ils convergent au mécanisme suivant : le frittage avec phase 
liquide débute par la fusion du constituant à plus bas point de fusion ou liant. Le liquide s'écoule 
dans la porosité. Les particules de solide se réarrangent sous l'action des forces capillaires, ce 
qui provoque le retrait par élimination de la porosité. La force motrice du réarrangement est la 
diminution  de  l'énergie  interfaciale  liée  à  la  diminution  des  aires  interfaciales  solide/gaz  et 
liquide/gaz . 
 
L’essentiel  de  cette  partie  est  une  synthèse  des  ouvrages  de  référence  de  R.  German  (German 
1985), de A. Bernache (Bernache 1993) et de S.‐J. L. Kang (Kang 2005).    
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  23

 
Tableau I.3. Stades de frittages en phase liquide selon les deux modèles de Kingery et Lee-Kang.

Modèle Classique de Kingery (German 1985) Lee-Kang (Kang 2005)

Désignation Three-stage model and theory Pore Filling Model and theory
originale

Stades 1. Réarrangement des particules (particle 1. Coagulation du liquide (liquid


(Stages) rearrangement by liquid flow), coagulation),
2. Pocessus de dissolution-précipitation
(contact flattening by a solution 2. Redistribution du liquide (liquid
/reprecipitation), et redistribution), et
3. Evolution microstructurale (solid state
sintering) 3. Remplissage des pores (liquid filling
of pores)

Illustrations Illustration schématique du modèle Illustration schématique du modèle


German page 6

a. coagulation du liquide
b. redistribution du liquide
c. remplissage des pores

P : pore
ρ : rayon du ménisque

I.5.2.2. Le frittage  classique  (Liquid Phase Sintering –LPS) et  variantes  
 
Le  cas  le  plus  fréquent  et  présentant  actuellement  le  plus  grand  intérêt  pratique,  est  celui 
dans lequel coexistent deux phases en équilibre thermodynamique à la température de frittage, 
l'une liquide, l'autre solide. Les différents constituants sous forme de poudres microniques sont 
mélangés et comprimés avant d'être chauffés dans un four jusqu'à la température choisie. A la 
température  de  frittage,  le  liquide  se  forme  et  reste  présent  jusqu'à  la  solidification  lors  du 
refroidissement.  La  solubilité  des  éléments  constitutifs  du  liquide  est  dans  ce  cas  relativement 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  24

 
faible  et  le  système  reste  hétérogène  d'un  bout  à  l'autre  du  procédé.  Les  microstructures 
typiques obtenues sont constituées de grains sphéroïdaux ou facettés (de W ou WC dans W‐Ni‐
Fe,  W‐Ni‐Cu  ou  WC‐Co)  exprimant  la  plus  grande  partie  du  matériau,  dans  une  phase  liante 
solide représentant typiquement 10 à 20% du volume du matériau. 
 
Une  variante  du  frittage  en  phase  liquide  est  le  frittage  avec  phase  liquide  transitoire 
(transient liquid phase sintering) qui diffère thermodynamiquement du cas classique par le fait 
que  la  solubilité  dans  le  solide  des  constituants  du  liquide  est  élevée  et  la  quantité  de  ces 
éléments  suffisamment  faible  pour  que  l'équilibre  thermodynamique  corresponde  à  un  solide 
monophasé : la phase liquide qui se forme à la température de frittage n'est alors que transitoire et 
le matériau devient progressivement homogène (à l'éventuelle porosité résiduelle près). Pendant la 
présence  de  la  phase  liquide,  les  processus  mis  en  jeu  s'apparentent  à  ceux  du  frittage  en  phase 
liquide  classique.  Pour  de  très  faibles  quantités  de  liquide,  on  rejoint  cependant  le  domaine  du 
frittage  activé  en  phase  solide.  Des  alliages  Cu‐Sn  et  Fe‐Cu  sont  élaborés  par  frittage  avec  phase 
liquide transitoire. 
 
Une  autre  variante  est  le  frittage  supersolidus,  dans  lequel  la  poudre  initiale  est  une  poudre 
préalliée  (alliage  de  composition  donnée,  mis  sous  forme  de  poudre)  et  la  température  de  frittage 
choisie  entre  le  liquidus  et  le  solidus,  c'est‐à‐dire  dans  un  domaine  où  la  phase  liquide  et  la  phase 
solide coexistent. 
 
 
I.5.2.3. Description classique des mécanismes de frittage en phase liquide     
 
I.5.2.3.1 Description  phénoménologique  du frittage  classique 
 
On analyse généralement le frittage en phase liquide à partir d'une description en trois étapes se 
produisant dès que la température de frittage est atteinte (German 1985). 
 
     La densification en présence d’une phase liquide est un phénomène généralement rapide. À titre 
indicatif,  l’échelle  de  temps  pour  l’intervention  de  chacune  des  trois  étapes  est  représentée  sur  la 
figure I.5 dans le cas d’un frittage réalisé en présence d’une phase liquide dont la fraction volumique 
est  environ  30  %.    Lorsque  la  formation  du  liquide  est  rapide  et  sa  viscosité  faible,  les  deux 
phénomènes  densifiant  (réarrangement  et  dissolution‐précipitation)  interviennent  généralement 
pendant les toutes premières minutes du traitement thermique. Quand la dissolution du solide dans 
le  liquide  est  faible,  la  densification  par  dissolution  ‐précipitation  peut  se  prolonger  pendant 
quelques dizaines de minutes. 
 

Fig.  I.5.  Les  trois  étapes  du  frittage  en  phase  liquide :  aspect  microstructural  et  relation  avec  la 
densification 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  25

 
Etape 1. Réarrangement  
 
Dès la fusion, un rapide retrait se produit, provoqué par le déplacement des particules de solide 
les  unes  sur  les  autres  et  par  l'effondrement  des  ponts  entre  particules  sous  l'action  des  forces 
capillaires. Cette étape, appelée retrait rapide ou réarrangement, conduit à un retrait important dans 
un  temps  court.  Ces  phénomènes  se  produisent  généralement  dans  un  temps  de  l'ordre  de  la 
minute. 
 
Etape 2. Dissolution‐précipitation (solution‐reprécipitation) 
 
A la fin de la première étape, les particules solides forment un empilement de grains en contact 
qui  ne  pourraient  plus  évoluer  par  simple  réarrangement.  Si  la  phase  solide  est  soluble  dans  le 
liquide, des phénomènes de dissolution et de précipitation permettent alors à la densification de se 
poursuivre si elle n'est pas encore totale (figure I.5 et Tableau I.3 modèle de Kingery). Cette seconde 
étape  est  appelée  écoulement  visqueux  dans  les  céramiques.  Aux  points  de  contact  entre  les 
particules, les forces capillaires mettent le solide en compression, de sorte que la solubilité du solide 
dans le liquide y est plus élevée que dans les parties éloignées des contacts. On observe donc une 
dissolution du solide aux contacts, une diffusion dans le liquide et enfin une "reprécipitation" sur les 
surfaces  libres.  Ceci  conduit  à  un  rapprochement  des  centres  des  particules  et  donc  à  une 
densification  du  matériau  associée  à  l'accommodation  de  la  forme  des  particules  (shape 
accommodation)  qui  permet  un  empilement  plus  compact.  Cette  étape  cinétiquement  limitée, 
conduit  à  une  vitesse  de  densification  beaucoup  plus  faible  que  le  réarrangement  (figure  I.5  et 
Tableau I.3 modèle de Kingery). A la fin de cette seconde étape, la porosité résiduelle est très faible. 
Ces phénomènes ont généralement une durée de l'ordre de quelques minutes. 
 
Etape 3. Evolution microstructurale (coalescence) 
 
On  regroupe  généralement  dans  une  troisième  étape  qu'on  peut  appeler  "évolution 
microstructurale", les processus supposés plus lents que ceux décrits dans les deux premières étapes 
et responsables d'une densification très faible : 
 
ƒ la formation de grains plus gros, voire d'un squelette rigide de grains par formation de joints 
de  grains  aux  contacts  (coalescence),  la  densification  du  squelette  éventuel  se  poursuivant 
lentement, comme dans le cas du frittage en phase solide ; 
 
ƒ l'élimination des pores résiduels par diffusion vers la surface ; 
ƒ la  croissance  des  grains  par  dissolution‐précipitation  (mûrissement  d'Ostwald,  Ostwald 
ripening) ; 
ƒ la croissance de la taille des pores par des mécanismes analogues. 
 
Les deux derniers phénomènes ne conduisent intrinsèquement à aucune densification. 
L'importance relative des différents mécanismes dépend des matériaux élaborés : c'est ainsi que 
le  mûrissement  d'Ostwald  est  négligeable  dans  les  carbures  cémentés  WC‐Co,  alors  qu'il  conduit  à 
une multiplication par 5 à 10 de la taille des grains dans l'élaboration des alliages lourds W‐Ni‐Fe en 
une heure de frittage (German 1985). 
Par ailleurs, cette description en  trois étapes n'est  qu'une représentation  commode  permettant 
d'analyser  le  frittage,  dans  la  pratique  les  différents  phénomènes  se  superposent  ou  même 
interagissent.  Certains  phénomènes  classés  comme  différents  ont  les  mêmes  forces  motrices 
(réarrangement  par  dissolution‐précipitation  et  mûrissement  d'Ostwald,  grossissement  et 
élimination des pores). 
La force motrice principale du frittage est la diminution de l'énergie interfaciale du système. Si des 
réactions chimiques sont mises en jeu (formation de solutions solides et de composés), la diminution 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  26

 
de  l'énergie  libre  correspondante,  supérieure  de  deux  ordres  de  grandeurs,  constitue  une  force 
motrice  additionnelle.  La  diminution  de  l'énergie  libre  comme  celle  de  l'énergie  mécanique  et  de 
forces  motrices  extérieures  comme  un  gradient  thermique,  sont  susceptibles  d'avoir  des  effets 
sensibles sur l'initiation et l'accélération des processus de transport de matière. 
 
En pratique, pour caractériser le frittage en phase liquide, on s'intéresse à la fois à la cinétique de 
densification  et  à  la  microstructure  du  matériau.  En  général,  les  deux  premiers  stades  sont  très 
rapides  (quelques  minutes)  et  l'étude  de  l'évolution  microstructurale  correspondante  est  très 
difficile: on se contente donc de vitesses macroscopiques de densification obtenues par dilatométrie. 
La  troisième  étape  qui  correspond  à  la  fin  du  frittage  peut  en  revanche  être  étudiée  par    analyse 
quantitative de la microstructure. 
 
La figure I.6 représente les courbes de densification d’un compacté  98W‐1Ni‐1Fe fritté en phase 
liquide  jusqu'à  1400°C.  Ces  courbes  mettent  en  évidence  la  rapidité  du  frittage  durant  les  deux 
premiers stades. 
 

 
Fig. I.6.   Courbes de densification de l’alliage 98W‐1Ni‐1Fe pendant le chauffage (jusqu'à 1400°C) et 
pendant le maintien isotherme à 1400°C d’après S.‐J. L. Kang (Kang2005). 
 
I.5.2.4. Force motrice et mécanismes : approche énergétique globale (Bernache 1993) 
 
Marchionni  (Marchionni  1987)  a  proposé  une  relation  [I.7]  permettant  de  décrire 
schématiquement  le  frittage  en  phase  liquide.  Bien  que  cette  relation  soit  basée  sur  des  notions 
énergétiques  descriptives,  elle  permet  néanmoins  d’avoir  une  réflexion  globale  sur  l'ensemble  du 
processus et une vision synthétique du frittage avec phase liquide. 
Comme  pour  tout  autre  système  en  évolution,  la  force  motrice  est  la  diminution  de  l'énergie 
libre totale du système. On peut exprimer cette dernière symboliquement sous la forme : 
 
 
          E = γSPASP + γLPALP + γSLASL + γSSASS + γLLALL + C + O + M                          [I.7] 
 
Les  termes  ysp,  7LP,  ySL,  Yss,  yLL  désignent  respectivement  les  énergies  interfaciales  Solide‐Porosité, 
Liant‐Porosité, Solide‐Liant, Solide‐Solide, et Liant‐Liant, le mot "liant" représentant successivement 
la  poudre  des  constituants  non  réfractaires  puis  le  liquide  au  cours  du  procédé,  le  mot  "solide" 
désignant le réfractaire. Les termes Aij désignent les aires d'interface correspondantes. Le terme C 
représente  symboliquement  l'énergie  chimique  volumique  du  système  et  principalement  l'écart  à 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  27

 
l'équilibre  solide‐liquide.  O  est  l'énergie  emmagasinée  sous  forme  d'oxydes  à  la  surface  des  grains 
solides  que  nous  séparons  arbitrairement  de  C.  M  est  un  terme  d'énergie  mécanique  qui  contient 
des contributions mal connues liées en particulier à la compression des poudres et à la géométrie de 
l'empilement.  
 
Le  rôle  du  terme  mécanique  M  est  prédominant  au  début  du  cycle  d'élaboration,  puisque  les 
opérations  de  mélange  et  de  compression  créent  un  empilement  de  particules  en  équilibre 
mécanique  (pesanteur)  induisent  des  frottements  (mouvements  relatifs  de  particules)  et  génèrent 
des contraintes mécaniques et des défauts cristallins. Le terme M détermine à la fois la géométrie du 
système,  à  l'échelle  des  particules,  au  début  du  cycle  thermique  et  l'énergie  mécanique 
emmagasinée. 
 
Au  cours  du  chauffage  entre  la  température  ambiante  et  la  température  de  frittage  en  phase 
liquide,  une  désoxydation  des  poudres  et  un  frittage  en  phase  solide  se  produisent.  Le  terme  O 
diminue, ainsi que la somme des énergies interfaciales (γSPASP  + γLPALP  + γSLASL  + γSSASS  + γLLALL) qui est 
la force motrice de cette étape. Ceci se traduit par une diminution du volume et de la répartition de 
la porosité (Asp, ALP), une nouvelle répartition du liant et du solide (Ass, ASL, ALL). L'empilement des 
particules  se  "réarrange"  (terme  M).  L'énergie  chimique  volumique  (C)  diminue  dans  le  même 
temps,  par  suite  de  l'interdiffusion  des  éléments  du  liant  et  du  solide.  La  composition  du  liant 
n'étant  pas  homogène,  des  fusions  locales,  éventuellement  transitoires,  peuvent  se  produire  et 
contribuer également à la diminution de C. 
 
Lorsque  la  température  de  frittage  en  phase  liquide  est  atteinte,  la  totalité  du  liant  fond 
(disparition de yLL) se met rapidement à l'équilibre chimique (C) en dissolvant une partie du solide, 
et s'écoule rapidement dans l'empilement de particules de solide (ySS, ySL). Le matériau se densifie 
rapidement  sous  l'action  des  forces  capillaires  (ySP,  ySL ,  yLP)  qui  provoquent  un  réarrangement  des 
particules de solide (M).  C’est l'étape de réarrangement, qui met donc en jeu un certain nombre de 
phénomènes et de formes d'énergie. Dans le même temps, si le liant a une solubilité non nulle dans 
le solide, une mise à l'équilibre de la phase solide se produit (C). 
 
La fin du premier réarrangement correspond à un blocage mécanique des particules (M) atteint 
dans  un  temps  de  l'ordre  de  la  minute.  Les  phénomènes  de  dissolution‐précipitation  qui  se 
produisaient  déjà  à  l'étape  précédente,  sont  alors  le  moyen  de  contourner  cette  forte  énergie 
mécanique.  Leurs  forces  motrices  sont  l'énergie  chimique  de  mise  à  l'équilibre  du  solide  (C) 
initialement élevée et les forces capillaires au contact (yss, ysL, ysP et yLP)' initialement beaucoup plus 
faibles  (énergie  mise  en  jeu  environ  100  fois  plus  faible  pour  des  particules  de  l'ordre  du  micron), 
mais qui finissent par devenir dominantes, d'autant plus rapidement que les particules solides sont 
plus  petites.  Ce  sont  ces  phénomènes  que  nous  avons  vu  sous  le  nom  de  densification  par 
dissolution‐précipitation. 
 
Dans  le  même  temps,  les  forces  motrices  capillaires  (yss,  ysL,  yLP)  activent  des  processus  qui 
conduisent : 
 
ƒ au grossissement des grains, au grossissement de la porosité et à son élimination au bord de 
l'échantillon (diminution de ASL, ALP, ASP) ; 
ƒ au collage (coalescence) des grains, voire à la formation d'un squelette (Ass). 
 
Lorsque  la  densification  est  très  avancée,  soit  typiquement  après  quelques  minutes  de  frittage, 
ces phénomènes déterminant l'évolution microstructurale du matériau restent les seuls dont l'effet 
demeure significatif et on parle de troisième étape, caractérisée par la disparition du rôle des forces 
motrices  mécanique (M)  et chimique  (C). Cette étape n'est interrompue que  par la fin du  cycle  de 
frittage qui dure typiquement une heure. 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  28

 
Le  frittage  avec  phase  liquide  est  donc  l'évolution  vers  son  équilibre  thermodynamique  d'un 
système mécanique et chimique qui voit se succéder différents mécanismes au gré des différentes 
forces motrices tour à tour dominantes (Bernache 1993).  
 
 
I.5.2.5. Principes généraux du frittage avec phase liquide  
 
I.5.2.4.1. Premier stade : réarrangement des particules 
 
Le réarrangement conduit à un retrait rapide dès que le liquide apparaît. Dans un premier temps, 
nous  allons  analyser  la  formation  du  liquide  à  partir  de  la  connaissance  thermodynamique  du 
système et les forces motrices qui conduisent au mouvement des grains solides les uns par rapport 
aux autres.  
 
ƒ Formation du liquide   
 
La température de fusion du liant et par conséquent la température de frittage dépendent 
de l'alliage étudié. 
La  formation  du  liquide  est  à  l'évidence  liée  aux  caractéristiques  thermodynamiques  du 
système.  Considérons  un  mélange  de  poudres  de  deux  composants  A  et  B,  B  ayant  la 
température  de  fusion  (Tf)  la  plus  basse.  Ces  composants  peuvent  en  pratique  être  des 
éléments (Fe,Cu,Co,W, etc.) ou des composés (TiC, WC, etc.). Lorsque le mélange de poudres a 
été  compacté  et  porté  à  la  température  de  frittage  Ts  (Sintering  temperature),  deux  cas  sont 
généralement rencontrés, selon la solubilité mutuelle des composants : 
 
ƒ Si  A  et  B  sont  insolubles  aussi  bien  à  l'état  solide  qu'à  l'état  liquide,  rien  ne  se  produit 
tant  que  la  température  T  n'atteint  pas  Tf(B).  Lorsque  T  est  supérieure  à  Tf  (B),  les 
particules  de  B  fondent  et  des  forces  capillaires  peuvent  se  développer  entre  les 
particules de A. 
ƒ Si A et B sont partiellement miscibles (cas d’un eutectique à la température TE, souvent 
rencontré en frittage en phase liquide), le phénomène est légèrement différent. Pendant 
la  montée  en  température,  pour  des  températures  inférieures  à  TE,  une  interdiffusion 
des  composants  se  produit  à  partir  des  points  de  contact  A‐B  et  des  zones 
d'interdiffusion se développent (fig. I.7). Ainsi, par des mécanismes de diffusion en phase 
solide, certaines zones peuvent‐elles atteindre la composition eutectique CE pendant le 
chauffage  du  matériau.  Ces  zones  vont  fondre  dès  que  la  température  T  atteint  la 
température eutectique TE. 
 
 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  29

 
 
 
Fig.  I.7. Formation de zones de contact entre les particules (a) et profils de concentration au 
moment de la fusion (b) 
 
Lorsque la température de frittage Ts est maintenue au‐dessus de TE, un liquide de composition CE 
est d'abord en contact avec les deux solutions solides <A> et <B>. Les transferts de matière en phase 
liquide étant rapides et les distances très courtes (souvent inférieures au micron), l'homogénéisation 
du  liquide  est  rapide,  la  dissolution  de  A  et  B  se  poursuivant  jusqu'à  ce  que  l'un  des  deux 
constituants soit épuisé. Dans l'exemple d'un échantillon de concentration C0, on obtient un système 
biphasé  constitué  de  particules  de  A  et  d'un  liquide  de  composition  CL.  Après  refroidissement, 
l'alliage  est  constitué  de  particules  du  constituant  à  haut  point  de  fusion  dans  une  matrice 
généralement ductile (cas de carbures cémentés ou cermets WC‐Co). 
 
Cette étape de formation du liquide dépend de la taille de la poudre (distances de diffusion) et de 
la  vitesse  de  chauffage  (temps  disponible  pour  la  diffusion  en  phase  solide)  mais  aussi  de 
l'homogénéité du comprimé initial.  
 
Le  système  W‐Ni‐Cu  est  assez  mal  connu.  Dans  le  cas  d'un  alliage  W‐Cu,  le  W  et  le  Cu 
présentant une intersolubilité quasi nulle, la température de fusion du liant est donc celle de Cu 
pur. Par contre, l’ajout de Ni dans l'alliage, augmentant la solubilité de W dans le liant, dans des 
proportions qui sont inconnues, augmente les températures de fusion dans des proportions qui 
restent également à définir (Sailland 1991).  
Ce processus de fusion est peu connu, on le suppose généralement très rapide. Huppmann 
et al. (Huppmann 1979) ont observé le réarrangement de particules sphériques de W (poudre 
versée dans des creusets et chauffés en une heure à 1100°C) en présence de 10 % Vol. de Cu 
liquide.  Dans  cette  expérience  il  faut  20  à  30  secondes  pour  fondre  le  Cu,  la  durée  du 
réarrangement étant de l'ordre de 30 secondes à 1 mn. 
 
 
ƒ Forces capillaires 
 
A  la  fusion  du  liquide,  les  "gouttes"  qui  se  forment  constituent  des  ponts  entre  les  grains.  La 
figure  I.8  montre  un  tel  pont  de  liquide  entre  deux  particules  sphériques.  Ces  ponts  créent  des 
forces  entre  les  particules  (Naidich  1964,  Eremenko  1968,  Heady  1970,  Hwang  1987)  qui  peuvent 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  30

 
être soit répulsives, soit attractives, selon la quantité de liquide  et la mouillabilité du solide par le 
liquide. 
ƒ S'il  y  a  attraction,  les  particules  se  rapprochent  jusqu'à  ce  que  la  force  capillaire  soit 
contrebalancée par la contrainte de compression des particules. La distance entre particules 
décroît,  entraînant  une  densification  par  rapprochement.  Au  cours  de  ce  processus,  des 
déplacements  relatifs  se  produisent  (cisaillement),  les  cous  liquides  peuvent  se  briser, 
entraînant  une  réorganisation  continue  des  cous  liquides  et  une  densification  par 
réarrangement. 
 
ƒ S'il y a répulsion, c'est au contraire un gonflement de l'échantillon qui est observé.. et il vaut 
mieux choisir un autre système pour une élaboration de matériaux par frittage avec phase 
liquide ! 
 

La force entre particules ne peut pas en général être calculée et dépend de différents facteurs 
géométriques, comme la quantité locale de liquide entre les particules, la taille et la morphologie de 
celles‐ci et la distance qui les sépare  ou physico‐chimiques, comme la mouillabilité ou la solubilité.  
 
 

 
 
 
Figure I.8. Deux sphères en contact par l'intermédiaire d'un liquide (Bernache 1993) 

Retenons  le  résultat  principal  qui  est  qu'une  bonne  mouillabilité  du  solide  par  le  liquide  est 
nécessaire.  Cela  peut  être  illustré  sur  l'exemple  simple  de  deux  particules  sphériques  de  même 
taille, constituées d'un solide isotrope, et inerte vis‐à‐vis du liquide et de la vapeur. La variation de 
pression due à la gravité est négligeable pour des échelles inférieures à 100  at. % et on ne tiendra 
pas compte d'éventuelles interactions électrostatiques. 
 
ƒ Cas de particules sphériques de même taille 
 
Lorsque deux sphères sont en contact par l’intermédiaire d’un pont liquide, un ménisque prend 
forme (fig. 1.8). les principales variables du système sont : 
 
ƒ Θ : l’angle de contact du système liquide solide vapeur ; 
ƒ V : le volume de liquide ; 
ƒ R : le rayon des sphères ; 
ƒ γLV,  γSV,  γSL :  respectivement,  énergies  libres  superficielles  liquide‐vapeur,  solide‐vapeur  et 
solide‐liquide. 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  31

 
La force  interparticules F (positive si attractive) entre les deux sphères s’écrit : 
 
                   F = 2π rc γLV cosΦ  ‐  π rc2 ΔP                      [I.8] 
 
Le premier terme représente la tension superficielle agissant sur le périmètre du ménisque ; 
Le deuxième représente la pression capillaire dans le liquide. 
rc et Φ sont des paramètres géométriques (fig.I.8) dépendant du volume de liquide V. D étant la 
distance entre particules. 
 
Plusieurs auteurs ont travaillé sur le calcul de F. Les travaux de V.N. Eremenko et al. (Eremenko 
1968)  ont  abouti  à  une  relation  type  F  =  f(D).  Le  calcul  complexe  numérique  est  réalisé  par  W.  J. 
Huppmann et al. (Huppmann 1979) en travaillant sur le système W‐Cu. Le W étant insoluble dans le 
Cu, le contrôle de la teneur de l’oxygène permet de faire varier l’angle de mouillage Θ entre 8° et 
85°.  
Pour  un  bon  mouillage  (Θ  =  8°),  la  force  F  est  intense  et  positive  quelle  que  soit  la  teneur  en 
liquide. F décroît lorsque D croît et l'on voit aussi que la façon dont F dépend de la teneur en liquide 
s'inverse  pour  de  grandes  distances  entre  particules.  La  force  positive  qui  agit  entre  deux  sphères 
adjacentes de tungstène connectées par un pont de liquide provoque le rapprochement des sphères 
jusqu'au contact, comme on le voit sur la figure I.9. 
 
Pour  Θ  =  85°,  la  figure  I.9  montre  que  F  est  négative  (c'est‐à‐dire  répulsive)  pour  les  faibles 
valeurs  de  D,  s'annule  pour  devenir  attractive  pour  les  grandes  valeurs  de  D.  La  figure  I.9  montre 
clairement que dans ce cas les sphères de tungstène ne se touchent pas. 
 
 
 

 
Fig.I.9. Distribution de Cu liquide entre les sphères de W (≈200µm) pour des angles de mouillage de 
8° (a) et 85° (b), ( Kang 2005). 
 
 
Dans  un  empilement  de  grains,  chaque  particule,  possédant  plusieurs  voisins,  est  soumise  à 
plusieurs  forces  capillaires.  En  l’absence  de  forces  de  frottement,  un  mouvement  doit  donc  se 
produire  afin  d’annuler  la  résultante  des  forces  appliquées  sur  chacun  des  grains.  Il  conduit  à  un 
empilement symétrique de grains du type de ceux représentés sur la fig.I.10. 
 

Dans  le  cas  de  l’empilement  compact  régulier  aucun  réarrangement  n’est  envisgeable  (la 
résultante de force sur chaque sphère est nulle). Par contre dans le cas de l’empilement aléatoire, la 
résultante des forces n’est plus nulle, le déplacement des particules est possible, et le réarrangement 
devient effectif.   
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  32

Fig.  I.10.  Représentation  schématique  de  microstructures  envisageables  après  réarrangement  des 
grains sous l’effet des forces capillaires. (a) empilement compact régulier ; (b) empilement aléatoire  
(Pastor 1984). 

 
La réalité plus complexe  comparée à l’infiltration  
 
Dans la pratique, le calcul est plus complexe. 
 
ƒ Les  particules  sont  rarement  des  sphères  :  les  forces  n'ont  pas  d'axe  de  symétrie  et  des 
couples  de  rotation  apparaissent  donc,  qui  peuvent  d'ailleurs  être  favorables  au 
réarrangement.  Le  calcul  existe  pour  des  particules  facettées  comportant  des  arêtes  vives, 
les contacts les plus probables étant alors des contacts pointe‐plan, arête‐plan, et plan‐plan. 
 
ƒ Les  ponts  de  liant  ne  se  limitent  pas  à  deux  particules  et  un  même  "pont"  peut  englober 
plusieurs  particules,  induisant  des  forces  entre  particules  qui  n'ont  pas  d'axe  de  symétrie. 
Bien  entendu,  cette  situation  est  de  plus  en  plus  fréquente  lorsque  la  densification 
progresse. 
ƒ Le liquide n'est pas uniformément réparti dans les différents ponts entre des particules qui 
n'ont ni la même forme, ni la même taille. 
 
On  comprendra  donc  aisément  pourquoi  il  n'existe  pas  encore  de  prédiction  quantitative  de  la 
phase  de  réarrangement  basée  sur  le  calcul  des  forces  entre  particules.  Les  connaissances 
disponibles  permettent  cependant  de  préciser  les  forces  prépondérantes  et  les  tendances  pour  le 
frittage. 
 
I.5.2.4.2. Second stade  ou densification par dissolution‐précipitation 
 
Le  réarrangement  apporte  une  densification  par  modification  de  l'empilement  des  grains  sous 
l'action des forces capillaires, sans qu'il y ait nécessairement modification de la forme ou de la taille 
des grains. 
Par contre, dans l'étape suivante du frittage la densification est intimement liée aux modifications 
de  forme  et  de  taille  des  grains.  Cette  accommodation  de  forme  se  fait  par  le  mécanisme  de 
dissolution‐précipitation qui nécessite la solubilité partielle du solide dans le liquide. Dans le système 
W‐Ni,    elle  n'interviendra  donc  qu'en  présence  de  Ni  dans  l'alliage  (German  1985,  Kang  2005, 
Bernache 1993).  
 
 
 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  33

 
ƒ Forces motrices et chemins de réaction 
 
Considérons le diagramme d'équilibre de phases de la figure I.11, classique des systèmes utilisés 
pour  le  frittage  en  phase  liquide  (WC‐Co  et  W‐Ni  par  exemple),  le  point  de  fonctionnement  du 
frittage correspondant à C0. 
La force motrice attendue de la densification est la diminution de l'énergie interfaciale qui est de 
l'ordre de 1 à 10 J/mole pour une taille de particules de 10 µm et de 10 à 100 J/mole pour une taille 
de particules de 1 µm (Bernache 1993). 
La diminution de l'énergie libre ΔG du système, associée à la réaction <A>+<B> → <α>+(L) qui est 
de  l'ordre  de  100  à  1  000  J/mole  :  elle  est  donc  nettement  plus  élevée  que  la  force  motrice  de 
frittage et il faut s'attendre à ce que la réaction chimique influence profondément la densification. 
 
Lorsqu'un  mélange  de  poudres  des  composants  A  et  B  est  porté  à  la  température  de  frittage, 
l'interdiffusion des composants se produit : B dissout A en solution solide, tendant à former la phase 
β, tandis que B se dissout dans A, tendant à former la phase α. De nombreux travaux (German 1987, 
Farooq 1988,              ) montrent que ces phénomènes diffusionnels sont associés à un frittage en 
phase solide et à une redistribution géométrique des phases pendant la montée en température. La 
première fusion locale se produit lorsque la composition de la zone d'interdiffusion atteint la ligne 
de  solidus.  Lorsque  la  phase  liquide  est  formée,  pendant  que  se  produit  le  premier  stade  de 
réarrangement,  elle  dissout  le  solide  A  pour  atteindre  rapidement  la  composition  d'équilibre  CL, 
alors que le solide est encore presque A et peut être loin de a. L'équilibre solide‐liquide n'est donc 
encore pas atteint et il reste une force motrice d'origine chimique. 
 
On devrait donc a priori considérer trois étapes de densification : 
 
1. l'étape de dissolution : jusqu'à ce que le liquide ait dissout juste assez de solide pour être saturé. 
Cette  étape  durerait  de  quelques  secondes  à  quelques  minutes  :  un  réarrangement  massif  des 
particules se produit accentué par la dissolution des particules (en surface pour les plus grosses, 
complète pour les plus fines) et l'action du liquide.  
 
2. l'étape  intermédiaire  pendant  laquelle  le  liquide  a  une  composition  proche  de  deux  raisons 
principales font que cette étape n'est en général pas prise en compte : d'une part, l'écart entre 
<A>  et  <α>  est  souvent  faible  et  donc  la  force  motrice  correspondante  est  également  faible, 
d'autre part les phénomènes peuvent être rapidement bloqués par la formation rapide d'une fine 
couche de  <α> à la surface des grains de <A>.  
 
3. l'étape finale, qui commence  lorsque l'équilibre  chimique entre  <α> et le liquide  (L) est atteint 
"en  moyenne",  c'est‐à‐dire  aux  effets  capillaires  près.  C'est  cette  seule  étape  qui  est 
communément  utilisée  pour  décrire  le  second  stade  ou  densification  par  dissolution‐
précipitation. 
 

 
 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  34

   
 
Fig.  I.  11.  Diagramme  de  phase  (a)  montrant  les  limites  de  solubilité  XA  et  XB  à  température  T1 ;        
(b) représentation schématique de la variation de l’énergie libre en fonction de la composition à T1 
(Kang 2005).   
 
 
 
ƒ Accommodation déforme 
 
Dans  l'étape  finale  de  densifïcation,  le  phénomène  d'aplatissement  des  contacts  (contact 
flattening),  dit  encore  d'accommodation  de  forme  (shape  accommodation)  est  généralement 
considéré comme le phénomène principal de la densification (German 1985, Kang 2005,       ). 
 
 
 
 

 
 
Fig. I.12. Aplatissement des contacts et retrait par dissolution‐précipitation 
 
 
Lorsque, après le réarrangement, deux particules sont en contact, reliées par un pont de liquide 
(fig.  I.12),  ce  pont  crée  une  force  de  compression  entre  les  particules  :  les  parties  des  grains  en 
contact sont soumises à cette compression et l'énergie libre dans le solide y est donc localement plus 
élevée  qu'aux  autres  points  de  la  surface  des  grains.  Ceci  se  traduit  par  l'équation  de  Gibbs‐
Thomson, dite encore de Thomson‐Freundlich (Bernache) et dérivée de l'équation de Laplace : 
 
 
                        µ-µ0 = RT Ln (a/a0) ≈ RT Ln(C/C0) = δP ΩS               [I.9] 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  35

 
Où ΩS est le volume molaire de la phase solide, µ0,  a0 et C0 respectivement le potentiel chimique, 
l'activité,  et  la  solubilité  dans  le  liquide  sur  une  interface  non  contrainte,  µ,  a  et  C  les  mêmes 
grandeurs au contact. 
 
Ceci conduit à une dissolution des grains aux contacts, à une diffusion de soluté dans le liquide et 
à une précipitation sur les surfaces "libres" des grains. Les contacts s'aplatissent et on observe donc 
un rapprochement des centres des grains, donc un retrait macroscopique. 
 
 
ƒ Quelques mécanismes  
 
Les mécanismes des étapes de la densification par dissolution‐précipitation sont multiples.  Nous 
proposons,  à  titre  d’exemple,  deux  mécanismes  proposés  par  W.  J.  Huppmann  et  al.  (Huppmann 
1979) et D. N. Yoon et al. (Yoon 1979).  
 
Exemple 1. Attaque des joints de grains par la phase liquide et désintégration des particules  
 
La figure I.13 montre schématiquement l'attaque  d'un joint de grains en tant  que processus  de 
dissolution‐précipitation.   
Au bout du liquide qui avance, le composant A se dissout ; il est transporté à travers le liquide par 
diffusion et précipite à la surface de la particule (grain 3) située au voisinage du joint attaqué, sous 
forme de solution solide <α>. Lorsque l'attaque du joint de grains est achevée, les grains 1 et 2 sont 
séparés : la particule (1+2) a été désintégrée. Ce mécanisme de dissolution‐précipitation participe en 
fait aussi à l'étape de réarrangement. La figure I.14 montre schématiquement comment le retrait et 
le réarrangement se produisent avec l'aide de ces mécanismes et illustre l'imbrication des étapes du 
frittage artificiellement séparées dans la présentation classique du frittage avec phase liquide. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Fig I.13. Représentation schématique de l’attaque d’un joint de grain,   
selon  W. J. Huppmann et al. (Huppman 1979). 
 
 
 
 
 
 
 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  36

 
Fig.  I.14.  Modèle  de  retrait  et  réarrangement  (d'après  Huppmann  et  al.) :  (A)  grosses  et  petites 
particules  séparées  :  dissolution  des  petites  et  précipitation  préférentielle  au  cou  entre  les  deux 
grosses  particules  accolées,  avec  réarrangement  des  deux  grosses  particules  de  droite,  (B)  attaque 
des joints d'une particule polycristalline suivie du mécanisme décrit en A 
 
Exemple 2.  Grossissement de grains directionnel    
 
Le  grossissement  directionnel  de  grains  a  été  observé  sur  de  très  grosses  particules  (100  µm) 
dans les systèmes W‐Ni et Fe‐Cu. Lorsque des sphères de tungstène de taille uniforme sont frittées 
en  présence  de  Ni  liquide,  une  sphère  peut  grossir  aux  dépens  de  ses  voisines  immédiates.  Le 
processus  est  décrit  comme  un  mécanisme  de  dissolution‐précipitation  piloté  par  la  différence  de 
composition  entre  le  tungstène  pur  (<A>)  qui  se  dissout  dans  le  liquide  et  la  solution  solide  W‐Ni 
(<α>) qui précipite. 
 
La  figure  I.15  montre  le  résultat  d'études  à  la  microsonde  qui  montre  la  différence  de 
concentration  des  deux  côtés  de  la  couche  liquide  située  entre  le  grain  qui  se  dissout  et  celui  qui 
grossit.  Le  grain  qui  rétrécit  titre  100%  W  tandis  que  dans  la  solution  solide  titre  99.15%W  et 
0.15%Ni. 
 
Lorsque les réactions de dissolution et précipitation aux interfaces solide‐liquide sont rapides, le 
tungstène en solution dans le liquide aux limites a le même potentiel chimique que dans les solides à 
ces interfaces. Il existe un gradient de potentiel chimique qui constitue la force motrice du transfert 
de matière, force motrice ayant pour origine le déséquilibre  chimique entre  <A> et <α>, et non la 
classique force capillaire (Bernache 1993 
 
En général, l'évolution observée du rayon moyen des particules correspond à la loi prévue par 
le  modèle  LSW  dans  le  cas  de  la  diffusion  limitante  :  ainsi  Crowson  [CR085]  montre  que  le 
grossissement des particules pour des alliages W‐Ni‐Cu est contrôlé par la diffusion des atomes à 
travers  la  matrice, en  accord  avec  la  théorie LSW.  Les  coefficients  de  diffusion  dans  le  liquide, 
que  calcule  Crowson  (Tableau  A‐2‐2‐1),  sont  en  bon  accord  avec  ceux  trouvés  par  Kothari 
[KOT68]  sur  des  nuances  de  composition  équivalentes  et  pour  des  températures  à  peu  près 
identiques. Ces coefficients de diffusion augmentent avec la température et la teneur en Ni dans 
l'alliage. 

 
                        40            80         120 
                  DISTANCE   [µmI 
 
Fig. I.15. Analyse chimique à la microsonde d'une paire de grains de tungstène séparés par un 
film de liquide à base nickel (d'après D. N. Yoon et al. (Yoon 1979).  
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  37

 
I.5.2.4.3. Troisième stade : croissance des grains   
 
ƒ Force motrice et mécanismes 
 
Le frittage en phase liquide s’accompagne d’un grossissement des grains dû à la dissolution des 
petites particules et à leur précipitation sur les plus grosses. Cette croissance est souvent présentée 
comme  le  phénomène  principal  de  la  phase  d'évolution  microstructurale.  Cela  peut  paraître 
paradoxal,  puisque  cette  croissance  est  un  phénomène  en  général  indésirable,  nuisible  aux 
propriétés du matériau et que s'il était le seul à se produire — s'il n'y avait pas d'autres phénomènes 
plus  discrets  mais  positifs  —  la  durée  du  frittage  serait  en  pratique  écourtée.  Il  est  néanmoins 
nécessaire de connaître ce phénomène qui ne peut être évité. 
 
La  force  motrice  de  cette  étape  est  l'énergie  interfaciale  solide‐liquide:  celle‐ci  est 
proportionnelle à l'aire interfaciale totale et sa diminution est donc assurée par une croissance de la 
taille  des  grains.  Les  principaux  mécanismes  proposés  dans  la  littérature  sont  le  mûrissement 
d’Ostwald et la coalescence.  
 
ƒ Mécanismes de murissement d’Ostwald 
 
Le  mûrissement  d’Ostwald  est  le  grossissement  moyen  des  particules  par  un  mécanisme  de 
dissolution  des  plus  petites  particules,  diffusion  et  précipitation  sur  les  plus  grosses.  La  description 
habituelle de cette croissance des grains est donnée par la  théorie LSW de Lifshitz‐Slyosov‐Wagner 
(Kang  1985,  Kang  2005,  Lee  1988,  Han  1993,  Ardell  1972).  Cette  théorie  décrit  l’évolution  d’une 
population de particules sphériques en situation de mûrissement d’Ostwald. 

La  force  motrice  et  l’énergie  interfaciale  solide‐liquide  se  traduisent  par  l’augmentation  de  la 
solubilité  du  solide  dans  le  liquide.    L’évolution  met  en  jeu  une  étape  interfaciale  de  dissolution‐
précipitation et une étape de diffusion dans le liquide entre particules.  
 
On  notera  que  les  mécanismes  de  mûrissement  d'Ostwald,  cas  particulier  des  mécanismes  de 
dissolution‐précipitation peuvent également contribuer à l'élimination de la porosité résiduelle par 
le phénomène d'accommodation de forme, comme cela est illustré sur la figure 12.19. 
 
 
ƒ Coalescence 
 
C'est  la  fusion  de  deux  particules  en  contact  en  une  particule  plus  grosse.  Elle  peut  donner 
naissance en fin de frittage à la formation d'un squelette rigide. Ce processus nécessite le contact 
entre les deux particules, leur collage par formation d'un joint de grains, la migration du joint et la 
croissance du pont entre les deux particules par diffusion dans le liquide et dans le solide. 
 
Les  cinétiques  de  croissance  des  particules  au  cours  de  la  coalescence  contrôlées  sont  par  la 
diffusion,  semblables  à    celles  prévues  par  le  grossissement  des  particules  par  mûrissement 
d'Ostwald avec diffusion limitante. 
 
Les mécanismes de grossissement par mûrissement d'Ostwald et par coalescence sont difficiles à 
dissocier  car  ce  sont  des  processus  parallèles.  Mais  en  général  les  études  suggèrent  que  la 
coalescence ne joue pas un rôle déterminant dans le grossissement des grains (sailland 1991). 
 
 
 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  38

 
I.5.2.4.4. Evolution de la porosité    
 
En  général,  la  porosité  diminue  au  cours  du  frittage  avec  phase  liquide,  même  pendant  la 
dernière étape d'évolution microstructurale. Cependant, une augmentation de la porosité en taille 
et en teneur peut parfois être observée, comme dans le système W‐Ni‐Fe fritte sous hydrogène. 
L'augmentation  de  la  taille  moyenne  des  pores  s'explique  aisément  par  un  mécanisme  de 
mûrissement d'Ostwald des pores : les pores remplis de gaz ont une évolution analogue à celle des 
particules, la solubilité du gaz étant régie par la même relation de Laplace que celle des particules. 
Différentes  interprétations  ont  été  proposées  pour  l'augmentation  de  la  teneur  en  pores  (la 
porosité).  La  plus  simple  et  l'une  des  plus  convaincantes  est  la  variation  de  pression  capillaire  à 
l'intérieur des pores lors du grossissement par mûrissement d'Ostwald (German 1984).  
Selon German  (German 1985), pendant la première étape les pores sont irréguliers, leur taille 
a tendance à croître ; puis, tout en grossissant ils forment un réseau   tubulaire ouvert, puis ils se 
ferment et tendent vers une forme sphérique. 
 
ƒ Au cours du réarrangement 
 
Le  liquide  mouillant  s'écoule,  comme  il  a  déjà  été  précisé,  vers  les  plus  petits  pores  car  cela 
correspond à une réduction de l'énergie interfaciale. Ce phénomène peut entraîner la formation de 
grosses porosités dans les sites occupés précédemment par de grosses particules de liant (Bernache 
1993). 
Au cours de cette étape, un grossissement de la porosité peut avoir lieu : en effet divers auteurs 
W.J.  Huppmann  et  al.  (Huppmann  1979)  ont  observé  que  la  formation  de  ponts  liquides  entre 
particules  conduit  à  un  réarrangement  rapide,  à  la  densification  de  petites  régions  et  au 
grossissement  de  la  porosité  entre  ces  régions  denses.  Le  retrait  à  l'échelle  de  l'échantillon  est 
modeste.  Si  les  forces  exercées  par  la  porosité  sont  faibles  par  rapport  aux  forces  exercées  par  les 
ponts  liquides  entre  les  particules,  cette  microstructure  formée  d'un  réseau  poreux  et  de  petites 
régions très denses se stabilise et le matériau ne se densifie plus.  
 
 
ƒ Pendant l'étape de dissolution‐précipitation 
 
Le grossissement des pores se produit par un mécanisme de mûrissement d'Ostwald comparable 
à  celui  qui  produit  le  grossissement  des  grains.  Le  gaz  contenu  dans  les  petits  pores  a  une  plus 
grande  solubilité  dans  la  matrice  que  celui  contenu  dans  les  larges  pores.  Cette  variation  de 
solubilité entraine un grossissement des gros pores au détriment des petits et une diminution de la 
pression dans la porosité. Ceci peut entraîner l'élimination de la porosité en bordure de l'échantillon. 
 
ƒ Fin de frittage 
 
A  ce  stade,  la  porosité  qui  était  tubulaire  et  ouverte,  devient  sphérique  et  isolée.  A  un  taux 
moyen de 8%, la porosité se ferme (German 1985). Après la fermeture de la porosité, les éventuels 
gros pores formés au cours du réarrangement par l'écoulement du liquide peuvent être remplis au 
cours de l'étape de grossissement de grains.  
 
La diffusion de la porosité vers la surface de l'échantillon n'aura lieu que si le gaz contenu dans la 
porosité est soluble dans le liquide. S'il ne l'est pas, la densité théorique ne sera jamais atteinte. 
 
R. J. Nelson et al. (Nelson 1971, 1972) ont pu constater, quand la densification est suffisante pour 
que la porosité soit fermée, que la couche périphérique de l'échantillon est mieux densifiée que son 
centre: ils conclurent  que le gaz  (hydrogène)  contenu dans les  pores fermés les plus proches de la 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  39

 
surface arrive à être évacués par diffusion ; alors ces pores se rétrécissent et le gradient de porosité 
entre la surface et le centre provoque le déplacement de Co des régions centrales vers la périphérie. 
 
C.  Marchionni  (Marchionni  1987)  dans  ses  travaux  sur  les  W‐Ni‐Fe,  a  constaté  une 
augmentation  du  volume  de  la  porosité  au  cours  du  frittage.  Ce  phénomène  a  pu  être           
expliqué par : 
 
ƒ la formation de vapeur d'eau consécutive à la réduction des oxydes résiduels ; 
ƒ la coalescence des pores. 
 
 
I.5.3.  Analyse des différents paramètres sur la densification par frittage en phase liquide 
 
La  force  capillaire  et  la  densification  dépendent  de  nombreux  paramètres  et  l'on  peut 
distinguer : 
 
ƒ propriétés  physico‐chimiques  des  poudres :  homogénéité  du  mélange,  taille  des  particules, 
porosité initiale ; 
ƒ propriété du liquide : fraction volumique, mouillabilité, viscosité, solubilité; 
ƒ les paramètres physiques du cycle de frittage : température et pression ; 
 
I.5.3.1. Propriétés physico‐chimiques des poudres 
 
I.5.3.1.1 Homogénéité du mélange   
 
Si l'on parle d'homogénéité des particules, indépendamment de leur nature, on peut dire que si 
la répartition des particules est hétérogène, il y a des régions où la compacité est plus grande que 
dans d'autres (2ème stade de frittage). En présence de liquide, les régions les plus compactes ne se 
densifieront  que  peu.  Par  contre,  entre  ces  régions,  il  y  aura  un  important  réarrangement 
conduisant à des porosités hétérogènes. Cela est illustré sur la figure I.16. 
 
Si  on  analyse  l'hétérogénéité  des  phases,  si  par  exemple  des  amas  de  particules  de  liant  et  des 
amas  de  réfractaire  existent,  le  liquide,  lorsqu'il  se  formera,  migrera  par  capillarité  vers  les  zones 
contenant  du  solide,  laissant  derrière  lui  des  porosités  de  grande  taille  correspondant  aux  anciens 
amas de liant (Huppmann 1979). 
 
 
 

 
 
 
Fig.  I.16.  Simulation  bidimensionnelle  du  réarrangement :  (a)  empilement  initial  présentant  une 
hétérogénéité de particules ; (b) géométrie après réarrangement  (Huppmann 1979). 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  40

 
Le mélange non homogène conduit à la formation d'une certaine quantité d'agglomérats qui ne se 
densifient pas entre eux, alors que le mélange homogène conduit à la formation d'un petit nombre 
d'agglomérats qui grandissent jusqu'à regrouper toutes les particules de l'échantillon (Sailland 1991). 
 
 
I.5.3.1.2.  Effet de la taille 
 
On  trouve  assez  peu  d'études  dans  la  littérature  concernant  l'influence  de  la  taille  des  particules 
sur  la  densification  des  systèmes  W‐Ni‐Cu.  Une  étude  expérimentale  sur  le  système  Fe‐Cu,  W.  D. 
Kingery (Kingery 1959) a montré que la vitesse de densification est inversement proportionnelle à la 
taille des particules.  
 
Dans  son  travail  sur  la  densification  d'alliages  W‐Ni‐Cu,  S.  Farooq  (Farooq  1988)  s'est  intéressé  à 
l'influence  de  la  variation  de  la  taille  moyenne  du  Ni  sur  l'homogénéité.  Il  réalise  trois  types  de 
mélange : une poudre de W revêtue de Ni et deux mélanges contenant des particules de Ni de tailles 
moyennes respectives 1 et 36 µm.  Il constate que l'homogénéité  du  mélange  décroit  donc  quand  
la  taille  des particules de Ni augmente. 
 
V.  Srikanth  et  al.  (Srikanth  1983)  ont  comparé,  en  faisant  varier  le  rapport  Cu :Ni  et  la  taille  des 
particules,  l'évolution de la densification et de la microstructure de nuances W‐Cu  (formées d'une 
poudre de W submicronique 0.7 µm). Le retrait est plutôt meilleur quand la poudre de Cu est fine (3 
µm) surtout pour la nuance W‐Cu pur. Ils attribuent cela à une distribution plus uniforme du liant 
dans  l'échantillon  quand  les  particules  de  cuivre  sont  petites.  Dans  le  cas  des  nuances  riches  en 
nickel, la densification semble indépendante des tailles des particules de Cu. 
 
I.5.3.1.3. Influence de la porosité initiale 
 
Bien que ce paramètre n’a pas d’intérêt pratique dans notre (nos poudres sont consolidées sans 
compression préalable) mais,  il est  intéressant de voir son effet sur la consolidation, notamment, au 
cours du premier stade de frittage.    
 
Eremenko  et  al.  (Eremenko  1970)  ont  obtenu,  sur  le  système  W‐Cu,  des  retraits  linéaires 
décroissants  avec  la  densité  à  vert  initiale.  Ils  suggèrent  qu'une  trop  grande  compression  peut 
favoriser la formation de pores fermés dans lesquels le gaz enfermé va exercer une contrepression 
qui va s'opposer à la pression capillaire et donc au réarrangement.  
 
Huppmann  et  al.  (Huppmann  1979)  ont  effectué  une  série  d'expériences  sur  des  mélanges  de 
poudres  revêtues  mais  non  compactées,  juste  versées  dans  des  creusets,  leur  densité  à  vert  étant 
mesurée après un préfrittage de 30 mn entre 800 et 1000°C ; après le frittage ils ont constaté une 
augmentation du retrait en volume avec la densité à vert. Leur interprétation est que les échantillons 
les  moins  densifiés  sont  aussi  ceux  qui  ont  la  plus  grande  distribution  de  densités,  le  frittage  a 
tendance à accentuer l’hétérogénéité. Les échantillons dont la densité à vert relative est supérieure à 
0.66 ont une uniformité d’empilements plus grande, d'où une meilleure densification. 
 
 
I.5.3.2. Propriétés du liquide 
 
I.5.3.2.1. Quantité de phase liquide  
 
La  fraction  volumique  de  liquide  est  définie  comme  le  rapport  du  volume  de  phase  liquide  au 
volume  total  de  matière  (liquide  +  solide).  Si  le  volume  de  liquide  est  suffisant,  il  pourra  remplir 
toute la porosité et on atteindra la densification totale. 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  41

 
On  peut  évaluer  la  quantité  nécessaire  de  liquide  en  considérant  que  le  réarrangement 
conduit à un empilement aléatoire de particules solides. Un tel empilement correspond, pour 
des sphères de distribution granulométrique unimodale, à une porosité de l'ordre de 35%. 
 
« Si la fraction de liquide est supérieure à cette valeur, le liquide pourra donc remplir totalement la 
porosité  et  la  densification  totale  pourra  être  atteinte  par  simple  réarrangement  de  l'empilement 
initial (solide + liquide + porosité). Si la fraction de liquide est inférieure à cette valeur, une porosité 
résiduelle  subsistera  après  le  réarrangement  et  d'autres  mécanismes  de  densification  devront 
intervenir  pour  l'éliminer ».  Ce  raisonnement  a  été  tenu  pour  la  première  fois  en  1959  par 
W.D.Kingery  (Kingery  1959).  Il  suppose  que  l'on  peut  densifier  totalement  par  réarrangement  un 
matériau si le liquide formé représente au moins 35% du volume.  
 
Dans  la  pratique  ce  n'est  pas  souvent  le  cas ;  en  partant  de  poudres  submicroniques  W‐Cu 
coréduites,  V.V.  Panichkina  (Pannichkina  1982)  atteint  presque  la  densité  théorique    contenant 
seulement 22% en volume de Cu.  En travaillant sur le même système, d’autres auteurs (Eremenko 
1977,  Sébastian  1979,    Huppmann  1979)  n’ont  jamais  atteint  la  densité  théorique.  Ils  supposent 
l'existence d'un phénomène d'accommodation de forme. 
 
I.5.3.2.2. Mouillabilité  
 
La figure I.17 rappelle les deux angles qui caractérisent le mouillage d'un solide par un liquide : 
 
ƒ l'angle de mouillage Θ qui caractérise l'équilibre d'une ligne triphasée solide‐liquide‐vapeur, est 
défini par l'équation d'Young‐Dupré (bilan des forces interfaciales en projection sur la surface du 
solide‐ Bernache 1993) : 
                                
 
 
γSV = γSL + γLV cos θ                                    [I.10] 
 
γSV et γSL  et  γLV sont respectivement les tensions interfaciales solide‐vapeur, solide‐liquide et liquide‐
vapeur. 
 
Si γSV est supérieur à (γSL+γLV), le mouillage est dit parfait et une goutte de liquide tend à s'étaler pour 
recouvrir complètement la surface du solide ; 
 
ƒ l'angle dièdre ψ qui caractérise l'équilibre d'une ligne triphasée solide‐solide‐liquide, est défini 
de la même façon par la relation :  
 
                           γSS =2γSL + cos (ψ/2)                               [I.11] 
 
La distribution du liquide pendant le frittage et la microstructure finale du composite dépendent 
très  fortement  de  la  valeur  de  cet  angle  dièdre.  Les  schémas  de  la  figure  I.  18  illustrent  cette 
influence. 
 
L'analyse de l’équation [I.11] montre que : 
 
¾ Si  2 YSL > YSS alors, 0<ψ <180° 
¾ Si  YSL = YSS alors, ψ = 120°  
 
Lorsque ψ est supérieur à 90°, le liquide se présente sous forme d’inclusions isolées à même de 
générer une densification localisée (fig. I.18 a et b). C’est seulement quand ψ est inférieur à 90° que 
le liquide constitue le réseau percolant nécessaire à un frittage homogène (figI.18 c). 
 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  42

 
¾ Si  2  YSL  <  YSS  :  aucun  angle  dièdre  n’est  compatible  avec  l'équation  [I.11],  le  système 
comportant deux interfaces liquide‐solide est plus stable que le système comportant une 
interface solide‐liquide et le liquide a tendance à pénétrer le long du joint de grain entre 
les  deux  grains  solides ;    Ils  se  comportent  alors  comme  des  inclusions  solides  isolées 
dans la phase liquide (fig. I.18 d).   
 
Cette  situation,  favorisée  par  une  faible  tension  superficielle  solide/liquide,  est  souvent 
considérée comme la plus favorable pour le frittage en présence d’une phase liquide, même si elle 
peut être dommageable pour les propriétés, notamment mécaniques, du produit final. 
 
L'angle dièdre deviendra important au cours de la deuxième étape du frittage, lorsque les joints 
de grains se forment (German 1985).  
 

Au cours de la première étape, le rôle de Θ est prépondérant. 
Si Θ est nul ou très faible (mouillage parfait), le liquide s'étale sur la surface des particules pour 
les séparer par un film de liquide. Les forces capillaires vues précédemment sont très fortes pendant 
une phase de réarrangement qui se termine par un système ne comportant plus d'interfaces solide‐
vapeur, le liquide recouvrant toute la surface des particules. 
 

 
 

 
 
 
Fig. I.17. Angle dièdre et angle de mouillage 
 
 
 
Si  0<Θ<90°,  le  mouillage  n'est  pas  aussi  bon:  la  force  capillaire  sera  moindre  et  des  interfaces 
solide‐vapeur pourront subsister. 
Si  Θ>90°,  il  n'y  a  pas  de  mouillage,  pas  de  force  attractive,  donc  pas  de  frittage  avec  phase 
liquide ; un gonflement des échantillons peut même être observé (Bernache 1993). 
 
 
 
 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  43

Fig.  I.18.    Influence  de  l’angle  de  contact  solide/liquide  (angle  dièdre)  sur  la  localisation  du  liquide 
dans une matrice (Grman 1985). 

 
Quelques valeurs de l’angle de mouillage Θ en fonction de la température et de la teneur en Ni du 
liant sont données dans le tableau I.4. 
  
Les valeurs montrent clairement que l'addition de Ni dans le liant améliore considérablement son 
mouillage ; sous vide, l’angle Θ est presque nul (2°) pour une température de 1150°C. 
Tableau  I.4.  Valeurs  de  l’angle  de  mouillage  en  fonction  de  la  température  et  la  teneur  de  Ni 
(Naidich 1977) 
 
       
Rapport  Angle de  Température  Atmosphère 
Ni*100/(Ni+Cu)  mouillage  (°C) 
  en degré 
       
0  0  1350  Sous H2 
  10  1250  Sous H2 
  28  1150  Sous H2 
  40  1150  Sous vide 
       
1  0  1350  Sous vide 
  12  1250  Sous vide 
  18  1150  Sous vide 
       
3  0  1350  Sous vide 
  9  1250  Sous vide 
  13  1150  Sous vide 
       
5  0  1350  Sous vide 
  3  1250  Sous vide 
  8  1150  Sous vide 
       
10  0  1350  Sous vide 
  0  1250  Sous vide 
2  1150  Sous vide 
 
 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  44

 
I.5.3.2.3.  Solubilité  
 
C'est un facteur jouant un rôle essentiel dans tous les mécanismes de frittage en phase liquide. 
Quand  le  solide  W  est  soluble  dans  le  liant  liquide,  cela  facilite  en  particulier  la  destruction  des 
contacts entre les grains, et donc le réarrangement des grains entre eux (German 1985). 
 
La densification par frittage en phase liquide est plus rapide et plus complète dans les systèmes 
où  la  phase  solide  a  une  certaine  solubilité  dans  le  liquide  que  dans  ceux  présentant  une 
intersolubilité faible (German 1985, Kang 2005).  
 
Pour mettre en évidence ce paramètre dans l’étude de densification d’alliages à base de W, Ni et 
Cu nous devons considérer l’interaction des éléments entre eux en fonction de la température et des 
proportions  respectives.  L’analyse  de  quelques  systèmes  thermodynamiques  s’impose.  Nous 
traiterons donc les binaires W‐Ni, W‐Cu et le ternaire W‐Cu‐Ni.  
 
Pour des raisons pratiques, les systèmes Ni‐Cu et  Cu‐Ni‐Sn seront traités au chapitre II. 
 
 
BINAIRES  
 
W‐Ni 
 
Le diagramme (fig.I.19) présente un eutectique à 1500°C. Le liquide eutectique à 21% atomique 
de tungstène est en équilibre avec un solide cubique centré de W presque pur (la solubilité Ni dans le 
W est très faible elle ne dépasse pas 1% entre 1100°C et 1900°C et une solution solide à base de Ni 
de structure cubique face centrés à 17.5% atomique de W. 
     La solubilité maximale de W dans le Ni est de 17.5% at. de W (39.9% en poids de W) à 1500°C 
et  elle  diminue  en  dessous  de  1000°C  jusqu'à  la  température  ambiante.  Vers  1000°C  des  phases 
intermétallique telles Ni4W, NiW2 et NiW se forment par réaction péritectoїde. 
 
 

      Fig.I. 19.  Diagramme binaire W‐NI (M.H.Book 1973)  
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  45

 
W‐Cu 
 
Il n’existe presque pas de données sur ce binaire à cause de la solubilité quasi nulle de W dans 
Cu, et la non‐miscibilité des éléments à l'état solide. Les diagrammes calculés (fig.I.20) convergent 
vers un  péritectique (1084°C) entre le liquide, Le W et la phase C.F.C. à base Cu.  
 
 
 

 
 
Fig. I.20. Diagramme binaire Cu‐W (Qiu 1988) 
 
 
 
TERNAIRES  
 
 
W‐Cu‐Ni 
 
Il  correspond  à  un  système  de  type  eutectique  (Figure  I.21),  la  courbe  eutectique  débute  au 
point "e" du système W‐Ni et s'étend à travers le diagramme jusqu'au cuivre. Cette vallée divise le 
diagramme en deux surfaces de liquidus, une pour le tungstène C.C. et une autre pour les solutions 
solides ternaires ç,f.c. (Ni.Cu.W).  
A 1100°C le domaine (W + liquide) est très étroit ; à 1500°C il s'étend du cuivre au nickel. 
Par rapport au Cu, la solubilité de W dans le liant est quasi nulle à l'état solide et liquide au 
dessous de 40at% de Ni,. Au‐dessus de cette valeur, la solubilité de W croît avec la proportion 
de Ni.  Les différentes lignes isothermes donnent une idée de l'augmentation de la solubilité de W 
dans  la  phase  C.F.C.  en  fonction  du  pourcentage  en  poids  de  Ni  croissant,  et  de  l'élévation  de  la 
température. 
La  figure  I.22  donne  le  pseudo‐binaire  (section  verticale)  pour  différents  rapports  Ni/Cu.  Tant 
qu'il n'y a pas de phases intermétalliques, et que le système reste biphasé, le système W‐Ni‐Cu se 
comporte comme un système pseudo‐binaire. A l'état solide le liant C.F.C. (Ni,Cu,W) est en équilibre 
soit  avec  le  tungstène,  soit  avec  une  phase  intermétallique  Ni4W.  A  l'état  liquide,  le  liant  est  en 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  46

 
équilibre  avec  le  W.  La  température  de  solidification  du  liant,  ainsi  que  son  domaine  d'existence 
dépendent du rapport Ni/Cu. 
 

 
 
Fig. I.21. Limites de solubilité isotherme de W dans la phase liante C.F.C de 20) à 1500°C  (Berak 1976) 
 

 
 
Fig. I.22. Pseudo‐binaire (Berak 1976) 
CHAPITRE I   Phénomènes de densification par infiltration – synthèse bibliographiques  47

 
ƒ Viscosité 
 
La viscosité du liquide n'a d'influence que sur la cinétique de réarrangement. Vraisemblablement 
elle ne diminue pas sensiblement les forces de cisaillement qui induisent le réarrangement (German 
1985, Bernache 1993,  Kang 2005). 
 
I.5.3.3. Paramètres physiques du cycle de frittage 
  
L’atmosphère  de  frittage  peut  avoir  un  rôle  déterminant  à  plus  d’un  titre.  Elle  peut  agir  sur  la 
température  de  formation  du  liquide;  de  nombreuses  températures  de  solidus  dépendent  des 
pressions partielles des constituants de la phase gazeuse.  
Elle  peut  avoir  de  l’influence  sur  les  tensions  interfaciales  en  modifiant  la  composition  des 
interfaces, comme dans le cas du tungstène qui, en présence d’argon, est recouvert d’une pellicule 
d’oxyde qui n’existe pas sous hydrogène. Le mouillage du tungstène par le cuivre liquide est mauvais 
dans le premier cas (θ = 85°)  et très bon dans le second (θ = 8°). C’est donc sous hydrogène que le 
tungstène doit être fritté en présence de Cu  (Bernache 1993). 
 
ƒ Température 
 
La densification augmente avec la température qu'il y ait ou non solubilité. Ceci résulte, selon 
le système mis en jeu, d'une augmentation du mouillage, d'un accroissement de la solubilité, d'un 
changement de viscosité, etc. 
 
ƒ Atmosphère de frittage 
 
Les  oxydes  peuvent,  pour  la  plupart  être  frittes  à  l'air,  mais  les  métaux,  les  céramiques  non 
oxydes, et les cermets doivent être frittes sous atmosphère protectrice. 
L'atmosphère  sert  de  protection  contre  l'influence  de  l'oxygène  et  la  vapeur  d'eau  qui  sont 
responsables  de  la  formation  d'un  film  superficiel  d'oxyde  sur  les  particules,  film  qui  change 
complètement  par  exemple  la  mouillabilité  du  solide.  La  protection  peut  être  obtenue  par  un  gaz 
inerte  purifié  qui  réduit  la  pression  partielle  d'oxygène  et  de  vapeur  d'eau,  empêchant  ainsi 
l'oxydation ; mais un tel gaz ne peut briser les films d'oxyde préexistants. 
L'hydrogène réduit de nombreux films d'oxyde, améliorant et accélérant ainsi le frittage puisque 
la surface des particules est propre. Par exemple, l'angle de mouillage de Cu sur W dans l'hydrogène 
est de 8°, tandis que dans l'argon (qui ne brise ni réduit les films d'oxyde), il est de 85° (Huppmann 
1977).  Le  vide  est  une  protection  passive  puisqu'il  ne  réduit  pas  le  film  d'oxyde  et  favorise 
l'évaporation du film et des gaz adsorbés.  
 
 
II. 7  CONCLUSION  
 
Au  cours  de  ce  chapitre  nous  avons  tenté  de  mieux  définir  la  notion  d’infiltration.  Nous  avons 
essayé d’identifier ces mécanismes et  les paramètres déterminant pour atteindre une densification 
optimum. Nous avons établit la relation entre l’effet de la consolidation en phase solide (au cours du 
chauffage) et le comportement des poudres au contact du liquide.  L’infiltration des poudres libres 
constitue un procédé incontournable dans la technologie des outils de coupe et il reste beaucoup à 
faire pour élucider les mécanismes prépondérant et la maitrisé différents paramètres d’optimisation.  
 
 
Chapitre II

EXPERIMENTATION
Chapitre II EXPERIMENTATION 48

Chapitre II

EXPERIMENTATION

II.1 Introduction

La synthèse bibliographique du chapitre I nous a permis de mettre en évidence l'influence de


certains paramètres sur la densification ainsi que les limites des connaissances dans le domaine du
frittage en phase liquide. Les multiples représentations disponibles des relations entre les paramètres
physiques des poudres (répartition granulométrique, morphologie, taille, densités, etc.), les conditions
de frittage ou d’infiltration (température, temps, atmosphère, etc.) et les propriétés mécaniques
usuelles (dureté, microdurté, résilience, résistance à la flexion, etc.) concernent des système binaires
(W-Ni, W-Cu, WC-Co) ou des systèmes ternaires (W-Ni-Cu/Fe) dont les paramètres physiques des
poudres se rapprochent des limites des modèles théoriques sur la densification en phase solide ou
liquide.

La réalité de l’infiltration des systèmes plus complexes dans des conditions industrielles sévères est
très loin des conditions optimales du frittage classique en phase liquide. Nos expérimentations seront
choisies dans le but d'accéder à un nombre de paramètres nécessaires à la description qualitative et
quantitative de l’infiltration.

Pour des raisons pratiques, nous nous intéresserons au comportement de poudres libres dans des
conditions d’infiltration spontanées sous gravitation très proches des conditions industrielles.

Pour cela nos caractérisations correspondront exclusivement aux paramètres qui auront un impact
effectif sur le comportement du remplissage et du frittage par infiltration. En respectant la
reproductibilité des résultats et les normes d’essais relatives aux produits frittés, nous traiterons dans
ce chapitre les points suivants:

ƒ La caractérisation physico-chimique des poudres de base;


ƒ La caractérisation de l’infiltrant métallique utilisé ;
ƒ L’optimisation des cycles d’infiltration ;
ƒ L’étude du comportement du chauffage avant l’arrivée du métal liquide
ƒ L’infiltration proprement dite ;
ƒ La caractérisation physico-chimique des consolidés.

Il nous à semblé nécessaire de discuter dans ce chapitre, d’une façon sommaire, quelques résultats
afin de s’intéresser dans les autres chapitres en détail au rapprochement des phénomènes observés
dans nos infiltrations aux mécanismes de base du frittage en phase liquide.

Un mot sur le vocabulaire spécifique dans cette étude:

Souvent, le sens du vocabulaire utilisé dans l’industrie et celui donné par la bibliographie de
référence sont différents. Nous adapterons dans ce travail le vocabulaire purement scientifique relaté
par les références bibliographiques de base. Nous définissons ci-dessous le sens des mots clés utilisés
dans notre étude.
Chapitre II EXPERIMENTATION 49

Matrice: dans l’industrie de production d’outils de forage, ce mot indique le mélange de poudres
utilisé pour fabriquer la tête de l’outil par le procédé d’infiltration (Document interne ALDIM
Christensen, Zulzer-Woka). Dans les différentes références bibliographiques relatives aux alliages
lourds ou cermet à base de W, elle indique la phase liante issue de l’interaction à l’état liquide de deux
ou trois éléments (généralement de transition : Ni-Fe, Ni-Cu, Ni-Co) lors de la densification par
frittage en phase liquide (Y.B. Zhu 2006, Upadhyaya 2007, Bolina 2004).

Liant brut ou infiltrant : dans le procédé d’infiltration le liant correspond au métal (généralement un
alliage à base de cuivre) qui infiltre, à l’état liquide, le mélange de poudres (matrice).

Matériau Multi-phasé (polyconstitué): Le matériau issu de la consolidation en phase liquide peut


être constitué de deux ou trois principales phases ; des particules solides (W, WC ou W-WC), une
phase liante (matrice) et des précipités (intermétalliques).

II.2 Choix des poudres et nomenclature:

L'étude bibliographique a mis en évidence l'importance sur la densification de la morphologie et de


la répartition respectives des poudres de base (W, WC, Ni) et de l’homogénéité des mélanges (W/WC-
Ni). Nous avons donc choisi de caractériser en premier lieu les poudres pures de références.

Les poudres utilisées dans notre étude sont livrées pat l’unité de production d’outils de forage
pétrolier et minier ALDIM (ENSP-Algérie). Elles proviennent de deux fournisseurs principaux, à
savoir ; CRISTENSEN-HUGUES (USA) et SULZER Metco-Woka (Allemagne).

Les poudres à base de tungstène, et de nickel seront représentées respectivement, par leurs
symboles chimiques W, et Ni. Le carbure de tungstène sera noté par WC. Les mélanges de poudres
libres (nuances) seront représentés par une désignation alphanumérique. La nomenclature adoptée est
donnée par le tableau II.1.

Tableau II.1 : Nomenclature des mélanges de poudres utilisées.

Poudres Désignation Proportions Fournisseurs

W Ni WC
de base W 100 - - Sulzer Metco WOKA
Ni - 100 - CRISTENSEN
WC - - 100 Sulzer Metco WOKA

Mélanges PLA15 85 15 - Sulzer Metco WOKA ou


Mélange LABO
PLA-10 90 10 - Mélange LABO
PLA-5 95 5 - Mélange LABO
PLB - 15 85 Sulzer Metco WOKA
PLC 5 5 90 Sulzer Metco WOKA
LP : Poudres Libres, mélange LABO : mélange obtenu à partir des poudres de base.

On notera cependant, que le mélange PLA-15 industriel servira de base à la majorité de nos
expériences. Le composé issu de l’infiltration de ce mélange par le liant métallique utilisé peut être
considérer comme un alliage lourd de W multiconstitué (W-Cu-Ni-Sn-Mn).
Chapitre II EXPERIMENTATION 50

II.3 Caractérisation physico-chimique des poudres


La caractérisation des poudres dans notre étude est basée sur des facteurs statistiques, donc nous ne
sommes pas à l’abri de facteurs susceptibles de causer des dispersions non négligeables entre les
différentes mesures. La comparaison des résultats par rapport à ceux établis par les différents
fournisseurs est assez satisfaisante.

Le comportement d’une poudre au remplissage dans le moule d’infiltration et au frittage est lié à
ses propriétés physico-chimiques. Au point de vue chimique la pureté de la poudre donc, les teneurs en
éléments d’impuretés sont d’importance primordiale. Parmi les propriétés physiques les plus
intéressantes dans notre étude, nous examinerons principalement à l’aide de différentes techniques, la
morphologie des particules, la finesse et la composition (répartition) granulométrique ainsi que les
densités apparentes et après tassement.

Echantillonnage

Les poudres utilisées sont prélevées, pesées, soigneusement conservées dans des flacons étiquetés
et stockées dans une chambre étuvée à 60°C. Pour s’assurer de la reproductibilité de nos expériences,
nous avons effectué des prélèvements élémentaires à partir des lots représentatifs en respectant le plus
possible les normes en vigueur. L’échantillonnage est effectué suivant la norme NF A95-101 (ISO
3954–1977).
Afin d’éviter la modification des propriétés des poudres, nous avons utilisé une canne d’une
longueur suffisante pour permettre de recueillir la poudre à tous les niveaux du récipient.

II.3.1 Analyse chimique des poudres de base W, Ni et WC.

L’analyse chimique des poudres de base livrées par les fournisseurs révèle la présence de quelques
impuretés. La pureté de Ni (ex-carbonyle) est de 99.7%, les principales impuretés sont le Fe, Co et Si. Sa
forme est pratiquement sphérique présentant deux aspects de surface. La fraction dominante
correspond à des grains ayant un aspect en ‘choux-fleurs’. Une proportion non négligeable de grains
présente un aspect plus au moins lisse. La poudre de W à une forme polygonale, le nombre de facettes
tend à diminuer lorsque la taille des grains augmente. Sa pureté est de l’ordre de 99.5 % avec des
impuretés de Ni, Cr, Fe et Zn.

ƒ Analyse du carbone : L’analyse du carbone des poudres de base est réalisée à l’aide d’un
analyseur automatique de carbone LEYBOLD type CSA 2003.
Un échantillon de poudre d’environ 5 g est placé dans un creuset en céramique et brûlé avec un
produit d’addition dans un four à haute fréquence (HF). Pendant la combustion (complète à une
température pouvant atteindre 1850C°) le carbone s’oxyde en dioxyde de carbone CO2, ce gaz est
entraîné dans un analyseur à infrarouge (IR) où la teneur en carbone est affichée directement sur un
écran. Les teneurs en carbone des poudres de base sont données dans le tableau II.2.

ƒ Analyse des autres éléments par Spectrométrie de Fluorescence X

La nature et proportion des éléments présents dans les différentes poudres de base sont déterminés
par spectrométrie de fluorescence X. L’échantillon de poudre à analyser est irradié dans un
spectromètre de fluorescence X de marque PHILIPS, par un faisceau de rayon X primaire qui
provoque l’émission d’un rayonnement X secondaire (fluorescence X) caractéristique. Grâce à un
traitement automatique des spectres particuliers des éléments, ce dernier nous renseigne sur la
composition élémentaire (Espujols 1991).

L’analyse élémentaire des poudres de base est donnée dans le tableau II.2.
Chapitre II EXPERIMENTATION 51

La pureté de la poudre de Ni est de l’ordre 99.7%. Elle présente des teneurs remarquablement faibles
en cobalt, fer et silicium. Ces impuretés sont naturellement présentes dans le minerai de Ni et après
décomposition carbonyle (procédé Sherrit).

La présence d’impuretés tels que Fe, Ni, Cr et Co dans la poudre de W est probablement due aux
sources de contamination du four de réduction (Lassner 1999).

La pureté de la poudre de WC correspond à 98.2%. Moins pure que les autres poudres à cause de la
contamination au cours de la production. Cette poudre est généralement élaborée par carburation de W
en présence du graphite dans un four à haute fréquence sous hydrogène. Les impuretés proviennent
principalement du carbone utilisé dans la fabrication (Lassner 1999). La concentration des éléments
volatiles comme Ca, Si et Ga dépend essentiellement de la température de carburation.

Tableau II.2 Analyse élémentaire des poudres de base

Poudre Elément (pds%)


W Ni Ca Cr Fe Ga Zn Mo Co Si S C
W 99.5 0.172 0.103 0.098 0.085 0.029 0.026 - - - - 0.055
WC 95.2 0.069 0.126 - 0.332 0.037 - 0.17 - - - 3.5
Ni - 99.7 0.027 - 0.013 - - - 0.017 0.080 0.037 0.063

II. 3.2 Caractérisation des paramètres physiques des poudres de base et mélanges

Les propriétés physiques des poudres de base sont d’une importance capitale pour établir les
classes de granulométrie des trois mélanges PLA, PLB et PLC. Elles nous servirons également à
comprendre les phénomènes qui peuvent se produire lors de l’infiltration, notamment les
réarrangements probables dans le sens de l’infiltration.
Les différents moyens que nous disposons nous permettrons de caractériser la morphologie (MEB-
EDS), identifier les phases des mélanges (DRX), déterminer la répartition granulométrique (tamisage,
BET) et la surface spécifique, et enfin déterminer les densités apparentes et après tassement.

II.3.2.1 Morphologie et identification des poudres

La forme des grains des poudres de base (aspect extérieur) est caractéristique du mode de
l’élaboration (préparation). La détermination de la morphologie des différentes poudres de base par
microscope électronique à balayage de marque JEOL JSM 6830 (Annexe II.3), permet de mieux
comprendre les phénomènes qui peuvent se produire lors de la densification des poudres en présence
d’une phase liquide. Des échantillons représentatifs des principales poudres sont ainsi disposés sur un
porte échantillon et fixés à la surface par l’intermédiaire d’une laque conductrice (argent).
Les observations au MEB seront consolidées par des analyses ponctuelles à l’EDS (Energy
Dispersive Spectroscopy – de marque EDAX). L’identification et réalisée par DRX (Diffraction de
Rayons X) à l’aide d’un diffractomètre de marque Siemens D5000 DRX-a.

Le principe des différentes techniques et fonctionnement des appareils utilisés sont disponibles dans la
bibliographie. Nous donnerons cependant quelques spécificités dans la partie annexe de ce chapitre.

Les spectres de diffraction de rayons X des poudres est faite par identification aux fiches ICDD
(annexe II.1 en fin de chapitre)
Chapitre II EXPERIMENTATION 52

II.3.2.1.1 Poudres de base

ƒ Poudre de tungstène (W)

La micrographie de la figure II.1 (en électrons secondaires) fait apparaître une forme polygonale
facettée avec une répartition granulométrique variée. Une faible fraction de la poudre de W est
regroupée en agglomérats (amas) formées probablement dans les conditions de réduction à haute
température (Lassner 1999). Le nombre de facettes à tendance à diminuer pour les particules de tailles
importante (signe de grossissement lors de la réduction sous hydrogène). Cette répartition
granulométrique combinée à la forme particulière confère à la poudre de tungstène la propriété de
‘poudre spongieuse’. Elle peut avoir un effet considérable sur les densités apparentes et après
tassement (§ II.3.2.3),

Fig. II.1. Aspect de la poudre de W. Forme polygonale et répartition en agglomérats.

Au spectre de diffraction DRX de la poudre de W (fig. II.2) correspond quatre raies. Après
identification aux spectres de référence ICDD (annexe II.1), ils correspondent bien aux spectres
caractéristiques de W. La raie la plus intense correspond au plan (110), les trois autres correspondent
aux plans (211), (220) et (200). La structure de W est cubique centrée (a = 3.1648 Å - annexe II.1).
Chapitre II EXPERIMENTATION 53

Fig. II.2. Raies caractéristiques du spectre de diffraction de RX de la poudre de W

ƒ Poudre de nickel (Ni)

La figure II.3 correspond à la poudre de base Ni obtenue par MEB. Elle montre l’aspect sphero –
granulaire en forme de ‘choux fleurs’. Certains grains présentent une porosité interne très nette. Cette
morphologie est caractéristique du procédé d’élaboration de décomposition carbonyle «sherrit »
(Keiffer 1949). Nous avons cependant observé la présence de grains sphériques plus compacts à
surface lisse.

Fig. II.3 Aspect en ‘choux-fleurs’ de la poudre de Ni. Certains grains présentent clairement une
porosité interne.
Chapitre II EXPERIMENTATION 54

La figure II.4 correspond au spectre de diffraction de RX de la poudre de Ni utilisée; les quatre


raies correspondent bien aux diffractions des plans (100), (200), (220) et (311), caractéristiques du
nickel de structure cubique faces centrée avec un paramètre de maille a = 3.5238 Å (annexe II.1).

Fig. II.4. Spectre de diffraction de RX de la poudre de base de Ni

ƒ Poudre de carbure de tungstène (WC)

Identifié par les fiches ICDD (annexe II.1), le spectre de diffraction des RX de la poudre de WC
montre la présence de raies caractéristiques de l’eutectique W2C (de structures hexagonale). Les raies
les plus intenses de WC correspondent aux plans (100), (001) et (001). Celles correspondant au W2C
correspondent aux plans (111), (002), (110) et (112).

Bien que le nombre de spectres de W2C soient important l’observation au MEB ne peut être
identifiée malgré l’examen de plusieurs lots de poudres. La figure II.6 montre des grains de forme
irrégulière aux angles vifs pratiquement identiques présentant des surfaces rugueuses accidentées.

L’écart de stœchiométries est dû aux conditions d‘élaboration du carbure de tungstène. Cette phase,
dure est fragile se forme au cours de la carburation de W sous hydrogène (Lassner 1999).

Nous avons tenté d’identifier la phase W2C par des analyses à l’EDS (annexe II.2) ; il semble que
les angles des grains de WC sont plus réguliers avec des surfaces lisses, alors que possèdent des
surfaces irrégulières rainurées.
Chapitre II EXPERIMENTATION 55

Fig. II.5. Spectre de diffraction de RX de la poudre de base de WC

Fig. II.6. Aspect de la poudre de WC de morphologie irrégulière. L’aspect

ƒ Poudres industrielles de référence

Les mélanges de poudres industrielles PLA, PLB et PLC utilisées par ALDIM sont livrées sous
forme de mélanges composés de granulométries sommaire allant de 38µm à >212µm. Ces poudres
sont utilisées dans nos investigations sans que leur compositions ou répartition granulométrique soient
affectées (poudres de référence).
Chapitre II EXPERIMENTATION 56

ƒ Mélange de référence PLA (W-15Ni)

La poudre industrielle PLA est un mélange constitué de W et de 15%pds de Ni. Sur le spectre DRX
de cette poudre (fig.II.8) nous avons identifié les pics des éléments W et Ni. Le pic de très faible
intensité de WC correspond probablement à une contamination par la poudre de WC lors de l’analyse.

Fig. II.7. Spectre de diffraction de RX de la poudre de base Du mélange industriel PLA (W-15Ni)

L’observation du mélange PLA au MEB nous à permis d’identifier les grains respectifs de W et de
Ni (fig.II.9). Au forts grossissement (fig.II.9-a), les grains de W et Ni apparaissent respectivement
avec des morphologies polygonales et sphériques. Nous avons cependant pu identifier des particules
sphériques de fer (fig.II.9-b). Ces particules peuvent provenir de la poudre de W ou de Ni (Keiffer
1949, Lassner 1999).
Chapitre II EXPERIMENTATION 57

Fig. II.8. Micrographies au MEB montrant l’aspect des poudres constituant le mélange W –15Ni
utilisées dans cette étude. Les morphologies sphériques et polygonales correspondent respectivement
aux particules de Ni et W. Aux forts grossissements la micrographie (b) révèle la présence de
Fe(analysé par EDS).

ƒ Mélange de référence PLB (WC-15Ni)

La morphologie des particules de WC (W2C) et de Ni (fig.II.9) est idendifié aisément au


microscope électronique à balayage. Au fort grossissement, les proportions du mélange ne sont pas
respectées (ségrégation lors de la manipulation).

Fig. II.9. Aspect du mélange de poudres PLB. On distingue bien les formes caractéristiques du Ni en
‘choux-fleurs’ et la poudre irrégulière de WC.
Chapitre II EXPERIMENTATION 58

L’intensité des raies relatives à la phase W2C rappelle celle de la poudre de base WC (fig.II.10). Le
spectre de diffraction de RX nous a permis en outre d’identifier le Ni représenté par les plans diffractés
(200), (220), (311).

Fig. II.10. Spectre de diffraction de RX de la poudre de base du mélange industriel PLB (WC-15Ni)

ƒ Mélange de référence PLC (WC-W-Ni)

Les figures II.11 et II.12 correspondent à la microstructure au MEB et au spectre DRX du mélange
industriel PLC. On remarque l’écart de granulométrie de W et la présence d’amas ou d’agglomérats.

L’identification des pics de DRX révèle l’écart de stœchiométrie des phases WC et W2C. Cette
dernière est en proportions non négligeables.
Chapitre II EXPERIMENTATION 59

Fig. II.11. Microstructure en électrons secondaire montrant l’aspect morphologique du mélange de


poudres PLC (WC-5W-5Ni). Un écart de granulométrie important est enregistré pour la poudre de W
présente.

Fig. II.12. Spectre de diffraction de RX de la poudre de base Du mélange industriel PLC (WC-W-Ni)

II.3.2.2. Taille et répartition granulométrique des poudres de base

Pour préparer les mélanges PLA (15, 10 et %Pds) et surtout les classes Ci (i = 1à 4). Nous allons
procéder à l’analyse granulométrique des poudres de base (W, WC, N) par deux techniques, à savoir,
le tamisage à sec et l’analyse par BET.
Chapitre II EXPERIMENTATION 60

La poudre de W est préalablement disposée dans un TARBULA pour effectuer un malaxage de


2 heures. Cette opération vise à réduire l’état aggloméré de livraison.

II.3.2.2.1. Tamisage à sec

Selon les fiches d’identification des fournisseurs, la granulométrie des poudres utilisées par
ALDIM varie sommairement entre -32 µm et +212 µm. Dans cette tranche de granulométrie la
composition granulométrique peut être déterminée par simple tamisage (Annexe II.4). Elle sera
consolidée par l’analyse BET pour une meilleure précision (Annexe II.5).

La détermination de la granulométrie par tamisage a pour but de déterminer la répartition


granulométrique et de sélectionner les classes de poudres, les plus représentatives nécessaires à la
réalisation des échantillons dans l’optique adoptée. Les quantités de poudres nécessaires à la
réalisation de nos échantillons sont obtenues par répétition de l’essai pour des prises de 1000g au lieu
des 100g normalisé.

Le tamisage à sec a été effectué suivant la norme NFA-95-152 (ISO 4497). Le principe consiste à
séparer la poudre métallique en fractions granulométriques, par agitation dans un vibreur composé
d’un jeu de tamis (caractérisés par l’ouverture de maille) superposés, à fond de toile métallique non
magnétique de différentes ouvertures nominales; ces derniers sont complétés par un couvercle au
sommet et un réceptacle sous le tamis du bas.

Pour chaque poudre de base on procède au tamisage d’une prise d’essai normalisé de 100g à 0,1 g
prés. Nous avons fixé la durée du tamisage à 15 ± 1min. Après tamisage, on pèse la fraction retenue
dans chaque tamis et dans le réceptacle pour une prise d’essai de 100g en commençant par la fraction
la plus grossière pour finir avec la fraction contenue dans le réceptacle.
La somme des masses cumulées de toutes les fractions pour chaque essai est en moyenne supérieur
à 98% de la somme de la prise d’essai (ceci étant conforme à la norme considérée) par sa
reproductibilité cette mesure nous à permis de sélectionner les classes de poudres nécessaire à notre
étude en quantités nécessaires et suffisantes.

La représentation graphique des résultats du tamisage relatif aux trois poudres de base Ni, W, WC
est donnée respectivement par les figures II. 13, II.14, II.15.

II.3.2.2.2. Répartition granulométrique par analyse B.E.T (Brunauer, Emmett et Teller)

Pour comparer les résultats de la répartition granulométrique par tamisage nous avons effectué des
analyses en BET (Brunauer, Emmett et Teller) sur un appareil type Microméritic ASAP2010, qui
permet aussi la mesure de la surface spécifique (Annexe II.5).

L’analyse comparative des résultats de tamisage à sec et BET fait ressortir que pour les poudres W
et Ni ils sont en bon accord. Sachant que l’analyse BET est plus fine et vu le nombre de tamis limité
utilisé, le décalage observé sur les histogrammes est normal. La forme des poudres étant un paramètre
important, la convergence des deux techniques n’est cependant pas enregistrée pour la poudre de WC.
Ceci est probablement dû à la forme irrégulière de cette poudre, qui même avec le niveau de vibrations
utilisé, en enregistre un volume de poudres cumulé considérable (23.46%) dans le tamis ‘69µm’.
Chapitre II EXPERIMENTATION 61

Tamisage
B.E.T
30
28
26
24
22

volume cummulé (%)


20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
50 100 150 200 250 300

Taille des particules (µm)

Fig. II.13. Répartition granulométrique de la poudre de Ni effectuée par tamisage et BET.

Le cumul enregistré pour la poudre Ni (sphérique) au niveau du tamis le plus fin ‘134µm’ (28.5%
de volume) utilisé dans l’essai ; il représente la somme des volumes cumulés BET à partir de la taille
104.713µm ce qui est normal.

F
G
26
24
22
20
18
16
Y Axis Title

14
12
10
8
6
4
2
0
50 100 150 200 250 300

Taille des particules (µm)

Fig. II.14. Répartition granulométrique de la poudre de W effectuée par tamisage et BET.

Même constat pour la poudre de W (polygonale) ; la convergence des deux techniques est plus
rapprochée avec un cumul important au niveau des tamis ‘134µm’ (25.72% de volume) et ‘197µm’
(8%).
Chapitre II EXPERIMENTATION 62

Tamisage
B.E.T
24
22
20
18

volume cummulé (%)


16
14
12
10
8
6
4
2
0
50 100 150 200 250 300
Taille des particules (µm)

Fig. II.15. Répartition granulométrique de la poudre de WC effectuée par tamisage et BET.

ƒ Surface spécifique par analyse B.E.T (Brunauer, Emmett et Teller)

La surface spécifique est une grandeur importante qui peut avoir une influence notable sur le
processus de frittage (Annexe II.5). Elle représente un critère déterminant dans l’activité en phase
solide, dans le processus de dissolution en phase liquide et sur l’adsorption des gaz (azote, oxygène et
hydrogène); comme le Ni ex-carbonyle ou réduit (Kieffer 1964, Lassner 1999).
Elle se définit comme la surface totale des particules contenues dans l’unité de masse.
La surface spécifique mesurée sur la poudre de W utilisée correspond à 0.033m2/g. Elle correspond
bien à celle élaborée par réduction à haute température, variant entre 0.01m2/g et 12 m2/g
respectivement pour les poudres grosses et fines (Lassner 1999).

Les surfaces spécifiques mesurées sur les poudre de Ni et WC utilisées correspondent


respectivement à 0.0291 et 0.0397m2/g.

II.3.2.2.3. Réalisations des mélanges

Les poudres sont stockées dans des flacons en verre. Avant chaque prélèvement, les flacons sont
placés dans des flacons en verre de 250 ml dont ils occupent environ 1/4 du volume, et sont agités a
sec pendant 1 heure dans le TURBULA à une vitesse de 50 tours/mn.
Les mélanges PLA-5, PLA-10 et PLA-15 (Référence) sont réalisés à partir de poudres de base Ni et
W. Sa densité après tassement correspond à 7.33 g/cm3. Ces résultats vont nous servir de base de
comparaison à l’étude de l’évolution microstructurale au cours des cycles de frittage.

II.3.2.2.4. Réalisation des classes

A partir des analyses granulométriques par tamisage nous avons sélectionné trois classes de
poudres; C1 (taille moyenne<75 µm), C2 (taille moyenne ≈75 – 106 µm) et C3 (taille moyenne>106
µm). Nous supposons que ces classes sont représentatives (mélanges labo) pour réaliser avec la classe
C4 (PLA, PLB et PLC industrielles) des échantillons à multi-couches (bi- et tri-couches). Cette
démarche à pour but de comparer, d’une façon sommaire, le comportement mutuel des mélanges, de
nature et composition différentes au cours de l’infiltration. Elle a pour but de comparer
expérimentalement l'effet de la taille des poudres sur la dureté et la résilience.
Chapitre II EXPERIMENTATION 63

II.3.2.3. Détermination des densités apparente et après tassement

ƒ Densité apparente

La mesure de la densité apparente (volume spécifique apparent) est exécutée conformément à la


norme NF-A95 –111 (ISO 3923). En respectant la forme et les tolérances, nous avons confectionné le
dispositif de mesure en graphite (voir annexe II.6).
On mesure la masse d’une certaine quantité de poudre qui, lorsqu’elle est en vrac, remplie
exactement un récipient de volume connu. On détermine la masse de la poudre à 0,05 g prés, contenue
dans un récipient cylindrique d’une capacité de 25 ± 0,05 cm3 et de diamètre intérieur 30 ± 1mm. Le
rapport de la masse au volume représente la masse volumique apparente.

ƒ Densité après tassement

La détermination de la densité après tassement est effectuée suivant la norme ISO 3953 – 1985.
Elle correspond au volume occupé par une masse de 100g de poudre dans un cylindre gradué (annexe
II.6).

Tableau II.3. Densité apparentes, après tassement et surface spécifique des poudres.

Densité apparente Densité après Surface spécifique (m2/g)


tassement

Poudres de base W 6.6 7.8 0.0330


WC 7.6 9 0.0397
Ni 4.5 5.6 0.0291

Les densités des poudres apparentes et après tassement sont données par le tableau II.4

Tableau II.4. Densité apparentes et après tassement des différentes poudres.

Densité apparente Densité après tassement


C1 C2 C3 C4 C1 C2 C3 C4
Ni 7.06 7.38 8.38 - 8.52 8.90 9.58 -
W 6.66 6.5 6.61 - 8.05 7.48 7.84 -
WC 4.67 4.72 4.22 - 5.33 5.30 4.64 -
PLA 5.75 5.78 5.91 7.83-7.91 7.45 8.28 7.27 8.33-8.86
PLB 6.53 6.84 7.07 7.62-8.03 7.90 7.69 8.15 8.77-9.94
PLC 6.86 7.18 7.81 8.43-8.63 8.09 7.19 8.8 10.13

II.4. Caractérisation du liant métallique

La figure II.16 donne la forme en gouttelette caractéristique du liant métallique utilisé dans notre
étude. La composition chimique donnée par le fournisseur (SULZER WOKA-METCO) est conforme
à celle que nous avons effectué par fluorescence X (tableau II.5) ; il correspond à un bronze au nickel.
Chapitre II EXPERIMENTATION 64

Le liant métallique utilisé, appartenant donc à la classe des bronzes alliés peut être désigné par :
Cu9Ni6Sn5Mn. Pour des raisons pratiques, nous utiliserons cette désignation tout au long de notre
étude.

Fig. II.16. Forme en ‘gouttelettes’ des granulés du liant industriel utilisé (bronze allié au nickel).

L’état de surface à la réception ne présentait pas de traces d’oxydation superficielle visibles.


Malgré l’utilisation de détergent au cours de l’infiltration, nous avons tenu à le conditionner, comme
pour les poudres utilisées, dans une chambre étuvée à 60°C.

Tableau II.5. Composition chimique du liant métallique utilisé dans l’infiltration

Elément Cu Ni Sn Mn Fe Mo Si
% pds balance 9.75 6.26 5.15 1.30 1.19 0.60

II.4.1. Détermination de la température de liquidus par ATD

Le cycle d’infiltration que nous imposerons à nos mélanges de poudres dépendra, d’abords de la
température de maintien qui sera fixée par la température de liquidus de l’infiltrant métallique utilisé.
Pour cette raison, nous avons procédé à l’analyse thermique différentielle du liant considéré.
Trois essais ont été effectués dans un appareil d’ATD NETZEN 404S (Tmax = 1600°C/ref. eau).
Le four à induction moyenne fréquence (10 kHz) travaille sous atmosphère d'argon (Annexe II.7).
Les vitesses de montée et descente en température sont de l'ordre de 10°C par minute. Les cycles
enregistrés déterminent les températures des effets thermiques.
Chapitre II EXPERIMENTATION 65

Fig. II.17 Thermographe de l’analyse thermique différentielle (ATD) du liant industriel utilisé.

Plusieurs ATD ont été effectués au refroidissement (fig. II.17), elles présentent toutes :

¾ un pic endothermique correspondant à une température moyenne de 1045°C avec un large


intervalle de solidification, elle représente la température de liquidus de l’alliage.

¾ Un pic exothermique de très faible déflection à une température moyenne de 807°C.

Les trois tests d’ATD réalisés présentent des températures de liquidus variant de 1038° à 1052°C.
Cet intervalle est dû à l’utilisation de granulés différents dans les trois tests. L’aspect des granulés de
la figure II.16 correspond à des gouttelettes obtenues par fragmentation du liquide (probablement sous
gravitation) avec des vitesses de refroidissement élevées. Ce procédé provoque des hétérogénéités
chimiques importantes d’un granulé à un autre. Cet état semble expliquer l’écart enregistré par les
différentes ATD. Pour cette raison nous considérerons la température moyenne de 1045°C.

Le deuxième pic à 807°C correspond probablement à une transformation à l’état solide.

ƒ Structure métallurgique du liant utilisé

La micrographie de la fig. II.18 montre l’aspect spécifique de la structure dendritique du bronze


issue de la solidification dans les conditions de refroidissement de l’ATD. Cette structure est similaire
à celle observée dans le cas du liant brut. Cependant, très visible, la taille des dendrites est fonction de
la cinétique de refroidissement. Comparée à la taille des dendrites du liant brut (très fine), celle-ci est
la plus importante dans le cas des structures de l’ATD.

L’analyse des différentes plages de l’échantillon révèle une hétérogénéité importante (forte
ségrégation), particulièrement dans l’espace interdendritique où d’importantes variations des teneurs
Chapitre II EXPERIMENTATION 66

en Mn sont enregistrées. La répartition des éléments dans les dendrites et dans l’espace interendritique
(les trois contrastes électroniques) a été effectuée par EDS (tableau II.6).

Les espaces interdendritiques contiennent des proportions de nickel et d’étain plus importants que
dans les axes. Ces ségrégations sont cohérentes avec la largeur de l’intervalle de température de fusion
mis en évidence par ATD (fig. II.17).

L’identification des pics les plus intenses du spectre de diffraction des RX du liant montre quatre
raies intenses correspondantes à la diffraction des plans (111), (200), (220) et (311) de la Cu3.8Ni ou
Cu0.81Ni0.19 (selon les références, voir Annexe II.8). En se référant aux diagrammes binaires et
ternaires disponibles dans la bibliographie du système Cu-Ni-Sn (Annexe II.9) nous avons établit le
tableau II.7, qui regroupe, entre autre, les températures et l’existence des phases de deux alliages
industriels, de composition proche de notre liant, utilisés dans les connecteurs électriques.

Il apparaît clairement que dans la structure de ces deux alliages coexistent deux phases distinctes :

¾ une solution solide cubique α (Cu, Ni) : de substitution de Ni dans Cu


¾ un composé intermétallique orthorhombique γ(Cu,Ni)3Sn.
L’analyse à l’EDS montre que la phase grise dominante (A) de forme dendritique, correspond à la
solution solide à base de Cu et contient des solubilités en Ni, Sn et Mn. Les zones claires (B)
correspondent à une solution de Cu plus riche en Sn que (A) et enfin, la zone (C) très riche en Ni est
surtout en Sn. En confrontant les phases révélées par la DRX, l’analyse à l’EDS et la probabilité de
formation de phases dans les conditions d’équilibre, nous pensons que la structure du liant est
biphasée. Elle est formée d’une solution solide de substitution (Cu,Ni = Cu3.8Ni ou Cu0.81Ni0.19) et d’un
composé intermétallique Cu,Ni)3Sn qui se localisent au sein des espaces interdendritiques (phase riche
en Sn qui se solidifié en dernier, provoquant la formation de micro retassures (pores P).

Fig.18. Microstructure dendritique en MEB du liant solidifié suivant une vitesse de refroidissement de 10°C/min.
La composition EDS des zones A, B et C est donnée sur le tableau II.6. (P) pores (micro retassures) dues au
retrait de solidification.
Chapitre II EXPERIMENTATION 67

Tableau II.6. Analyse EDS des différentes zones du liant métallique utilisé.

Cu Ni Sn Mn
%Pds %Atm. %Pds %Atm. %Pds %Atm. %Pds %Atm.

A 80.37 79.71 12.13 13.03 2.75 1.46 4.74 5.80


B 75.24 77.62 8.26 9.22 11.16 66.79 5.34 6.37
C 29.52 33.87 23.55 29.24 36.98 22.71 9.95 14.19

Tableau II.7. Phases binaires et ternaires du système Cu-Ni-Sn.

Eléme Températures
Système Phases Structures Références
nt (°C)
(alliage)
Sn Ni TL TS
Binaire

¾ Cu-Sn 6 0 - - (Cu, Ni) + Cubique Adamski 1968


Cu3Sn Orthorhombique Gupta 1988
Sanders 1990
Miettinen
2003

Ternaire

¾ Cu15Ni8S 7.75 14.5 1115 950 α(Cu, Ni) + Cubique De Vanssay


n γ(Cu,Ni)3Sn Orthorhombique 1987

6.03 9.58 1110 953 α(Cu, Ni) + - Deyong 1990


¾ Cu10Ni6S -
γ(Cu,Ni)3Sn
n
Gupta 1988
Cu9NiSn3 C.F.C
(800°-850)

TL et TS correspondent aux températures respectivement du liquidus et solidus.


Chapitre II EXPERIMENTATION 68

Fig.II.19. Spectre de diffraction de RX du liant métallique.

II.4.2. Température d’infiltration - Choix du cycle thermique

Nous avons déterminé la température de liquidus du liant métallique utilisé (1045°C), cependant les
conditions d’infiltration nécessitent une homogénéisation du liquide dans tout le volume contenant les
mélanges de poudres. La configuration du liant sous forme de granulés, laisse supposer que les
derniers passerons à l’état liquide progressivement, la température d’infiltration correspondra donc,
soit, à une limite de température pratique proche du liquidus, mais un temps de maintien plus
important ; soit à une température plus élevée et un temps de maintien plus court. Nous avons pu
constater dans le chapitre I (§ I.5.2.3.1) que l’essentiel de la densification par frittage en phase liquide
s’opère dans les 2 à 3 premières minutes et qu’une durée plus importante peut engendrer une
ségrégation des particules réfractaires et même une distorsion du comprimé.
En pratique, la température moyenne d’infiltration est prise égale à 100 ou 140°C au dessus de la
température de début de fusion de l’infiltrant métallique considéré (Goetzel 1964, Domsa 1999, Orban
1999). Nous choisirons dans nos différentes expérimentations sur l’infiltration, une température
moyenne de 1180° ± 5°C correspondant à la température du liquidus (établit par Analyse Thermique
Différentielle -ATD) plus l’intervalle de pénétration du métal dans le mélange des poudres libres et
d’homogénéisation du liant liquide (140°C).

En comparant la température de fusion du liant utilisé avec celles correspondantes aux alliages de
connecteurs du tableau II.7, nous pouvons conclure que la présence de Mn dans la composition a
pour rôle supplémentaire d’abaisser la température de transformation liquide-solide.
Chapitre II EXPERIMENTATION 69

II.5. Elaboration des échantillons par frittage en phase solide et par infiltration
Les paramètres physiques du cycle d’infiltration sont fixés par les propriétés physico-chimiques
du liant utilisé, des caractéristiques dimensionnelles des moules utilisés et de l’atmosphère du four
d’élaboration. Nous avons déjà fixé la température de l’infiltration et nous avons choisi deux fours qui
vont nous servir à élaborer nos échantillons d’infiltration ou ceux relatifs à la consolidation en phase
solide.
Une partie de la consolidation en phase solide sera exécutée dans le four à hydrogène (à cloche)
NEW BOREL, l’essentiel des infiltrations sera effectué dans le four électrique (atmosphère oxydante).

II.5.1. Fours d’élaboration

II.5.1.1. Four à hydrogène (à cloche) - consolidation en phase solide

Deux consolidations en phase solide seront réalisées dans le four à hydrogène (à 980° et 1030°C).
Ce choix est dicté par les limites du four à hydrogène (Température maximum de 1050°C- voir
fonctionnement en annexe II. ).

ƒ Etalonnage pour un cycle prédéfinit Cycles de frittage en phase solide

Afin de déterminer dans l’enceinte du four les zones de température homogène pour effectuer les
deux élaborations à des températures de 980° et 1030°C, nous avons effectué à vide et en charge le
profil du four dans différentes zones par rapport à la température de consigne considérée. Les
fluctuations de température sont prélevées dans quatre niveaux différents du four à l’aide de
thermocouples (fig.II.20). La position de ces thermocouples va nous permettre de choisir les zones de
température homogènes afin d’effectuer nos consolidations en phase solide.

Fig.II.20. Dispositif d’élaboration au four à hydrogène NEW BOREL.

Nous avons adapté nos élaborations en fonction des cycles d’infiltration industriels prédéfinis.
(Pour des raisons techniques : vitesse de montée en température, mesures de sécurité pour l’injection
d’hydrogène, stabilité de la pression d’H2, etc. voir Annexe II.10). Le tableau II.8 donne les
températures de consignes et temps de maintien correspondant à un cycle prédéfinit pour une
température de maintien de 980°C.
Notons que le moule d’élaboration contenant les mélanges de poudres libres est introduit à une
température ordinaire, avant le lancement de l’opération de frittage. Une élaboration dure 8 h en
Chapitre II EXPERIMENTATION 70

moyenne. Elle peut être réduite en récupérant le moule à une température inférieure à toute
transformation à l’état solide du liant (à 450°C généralement).

Tableau.II.8. Températures de consigne et temps de maintien des trois paliers du cycle de


consolidation à l’état solide prédéfinit.

Température du palier Durée de maintien du


(°C) palier (mn)
1ere palier 500 15
2eme palier 820 15
3eme palier 980 15

Le choix des zones homogènes pour effectuer les consolidations à 980° et 1030°C, est imposé par
les conditions et modes de chauffage ; En effet pour une température de consigne de 980°C, les
températures enregistrées par les thermocouples TC2 et TC4 indiquent des températures supérieures
(fig. II.20 et fig. II.21). La zone de TC4 correspond bien à une zone exploitable pour un maintien à
1030°C.

Fig.II.21. Thermographes du cycle d’élaboration au four à hydrogène.

II.5.1.2. Four électrique- Infiltration

Le four électrique ELINO est disposé sur quatre pieds métalliques à environ 1.5 m du sol,
l’acheminement des pièces à fritter vers l’enceinte du four s’effectue verticalement par sa partie
inférieure à l’aide d’une plate-forme en brique réfractaire. Le soulèvement de cette dernière se fait par
un moteur électrique. Le réglage des paramètres de frittage, à savoir : la température, le temps
s’effectue par un système de régulation électrique (Annexe II.11).
Chapitre II EXPERIMENTATION 71

Contrairement au four à hydrogène, on peut introduire nos moules dans le four électrique à tout
moment. Cependant, deux inconvénients sont à noter ; l’ouverture du four permet d’introduire et de
renouveler l’air, donc risque d’oxydation supplémentaire, cet échange engendre une chute importante
de la température dans le four ce qui donne un séjour plus long aux mélange dans cette atmosphère
jusqu’à rétablissement de la température de consigne. Le thermographe de la figure II.22 donne
un aperçu sur la chute de température enregistrée entre l’introduction du moule et l’établissement de la
température de maintien relative à l’infiltration. L’écart pour une température de consigne de 1180°C
est estimé à 30 minutes en moyenne.

Fig.II.22. Thermographe relatif à la chute de température enregistrée entre le chargement du moule et


la température de maintien (1180°C). Four électrique.

II.5.2. Détermination du temps d’infiltration - Optimisation

Détermination du temps d’infiltration – spirale de CURY : Long = f(temps)

Afin de déterminer le temps nécessaire pour introduire quantité suffisante de métal liquide dans la
cavité du moule remplie de poudres libres, nous avons effectué des tests dans un dispositif similaire à
celui utilisé dans les procèdes de fonderie pour déterminer la coulabilité et la température optimale de
coulée des alliages ; ce dispositif (Annexe II. 12), appelé ‘spirale de Cury’ (Portalier 1982), est
composé d’un moule en graphite (voir caractéristiques du graphite utilisé en Annexe II. 13) dans
lequel est usinée une rainure circulaire de section carrée (7 mm de côté). Le métal est acheminé dans
cette rainure d’un réservoir (du liant métallique) à travers une attaque de section circulaire (de 3 mm
de diamètre).

Le principe est de calculer pour chaque temps de maintien à 1180°C, l’avancement horizontal du
liant à travers les différentes poudres disposées dans la rainure, il est mesuré par la longueur linéaire
en poudre infiltrée (test effectué pour chaque poudre séparément). Nous avons effectué trois tests pour
Chapitre II EXPERIMENTATION 72

des durées de 2, 4 et 7 minutes. La figure II.24 donne un aperçu de la dépendance de cette longueur de
la durée de maintien pour les mélanges industriels utilisés. La longueur d’infiltration est
proportionnelle (pratiquement linéairement) au temps de maintien.

Le mélange PLA s’infiltre mieux que les mélanges PLB et PLC. Ceci est probablement dû à la
forme polygonale du W et à un degré moindre à la fraction de Ni dans le mélange. La longueur
linéaire minimale infiltrée à 1180°C pour un temps de 7 mm correspond au mélange PLAC (17 cm).
Ce temps de maintien nous semble approprié pour assurer l’infiltration optimale de nos différentes
poudres. Le volume de poudre infiltré est largement supérieur à celui prévu pour réaliser les différents
échantillons.

24
PLA 15
22
PLB
20 PLC
Temps de maintien (min)

18

16

14

12

10

2 4 6 8
Longueur lineaire (mm)

Fig. II.24. Longueur linéaire d’infiltration en fonction du temps de maintien à 1180°C.

II.5.3. Conception des moules d’élaboration

En s’inspirant de la technologie de fonderie pour minimiser l’effet de la solidification, nous avons


conçu plusieurs types de moule. Le dimensionnement des longueurs d’attaques et du réservoir du liant
(constituant les masselottes lors du refroidissement) sont optimisés. Nous exposons dans ce qui suit la
configuration du moule utilisé dans l’infiltration pour une durée de maintien de 30min. le détail des
moules utilisés pour les infiltrations à différents temps de maintien et ceux destinés aux
caractérisations mécaniques (résilience) sont donnés en Annexe II.14. la profondeur de l’empreinte
pour tous les moules est constante, elle est égale à 10 mm.

Pour la consolidation en phase solide (maintien à 980° et 1030°C), les poudres libres sont tassées
dans des empreintes cubiques de dimensions 10x10x10 mm3 d’un moule en graphite de 30mm
d’épaisseur (fig.II.23 A). Pour l’infiltration (à 1180°C), un moule approprié en graphite (fig.II.23 B)
servant de réservoir aux granules du liant (de taille variant entre 3 et 7 mm) alimentera les poudres
libres en métal liquide au moment de sa fusion par le biais de canaux verticaux ou attaques ((fig.II.23
C) reliant les empreintes avec des quantités suffisantes de liquide. Les différents cycles thermiques
sont réalisés avec un temps de maintien de 20 minutes.
Chapitre II EXPERIMENTATION 73

Fig.II.23. Dispositif d’infiltration. (A) moule, (B) réservoir des granulés du liant (a) empreinte
contenant le mélange de poudre (b) cavité contenant les granulés du liant et le flux (c) canal servant à
acheminer le métal liquide vers les poudres (attaque).

II.5.5. Utilisation du fondant (flux- Borax)

Afin d’améliorer la mouillabilité, la solubilité solide/liquide et réduire la tension surfacique de


l’interface S/L/V (Zhu 2005, Orban1999), nous avons ajouté pour toutes les élaborations une quantité
suffisante de flux (Sodium Tetraborate Decahydrate). Cet agent réducteur peut minimiser les réactions
chimiques qui peuvent se produire entre le liquide et les poudres solides qui peuvent engendrer la
formation d’un composé solide pouvant bloquer la pénétration du liquide avant que l’infiltration ne
soit complète. Le contrôle de l’atmosphère du four électrique est capital notamment pour la durée de
maintien de 30min.

II.6. Caractérisation des échantillons


Les propriétés déterminées à partir d’un lot d’échantillons ne sont significatives que si elles sont
frittés simultanément dans les mêmes conditions et dans le même four. Les recommandations
concernant les éprouvettes sont données dans la norme NF A59-402 (ISO4884). Nous avons tenu à ce
que les dimensions des éprouvettes répondent aux exigences des normes correspondantes.

II.6.1. Caractérisation des échantillons issus du frittage en phase solide

Aspect qualitatif

L’étude préliminaire de l'évolution des microstructures issues du chauffage en phase solide, ne


nécessite aucune préparation; les échantillons sont observés directement au MEB et analysés à l’EDS.
Afin d’éviter toute perturbation de la microstructure au polissage, l’enrobage par résine de ces
échantillons permet de remplir tous les pores ouverts (notamment des échantillons W-Ni). Cette
préparation est destinée particulièrement à l’étude quantitative.
Chapitre II EXPERIMENTATION 74

Etude métallographique

La préparation métallographique est effectuée conformément à la norme NFA95-442.

Après démoulage, les échantillons relatifs aux observations métallographiques sont préparés
soigneusement tout en respectant les conditions stipulées par la norme, nous avons effectué cette
préparation soigneusement avec les moyens classiques, mais non adéquats aux métaux durs.

Nous avons effectué en premier lieu un meulage soigné de manière à enlever l’excès du liant et
obtenir un état de surface avec une rugosité suffisante pour les étapes de polissage ultérieur. Ce dernier
est effectué mécaniquement à l’aide d’une polisseuse, avec des papiers abrasifs de granulométries
décroissantes (60, 80, 120, 220, 400, 600, 800, 1000, 1200) sous une aspersion d’eau afin d’éviter tout
échauffement de l’échantillon. L’opération de finition est réalisée avec un feutre imbibé de lubrifiant
et de pâte diamantée (1 et 3µm).

Les microstructures sont examinées à l’aide d’un microscope métallographique NIKON EPIPHOT
300 et d’une microscopie électronique à balayage JEOL JSM 6830. L’analyse ponctuelle ainsi que les
cartographies des particules non dissoutes et les phases issues de la solidification sont établies par
spectroscopie à énergie dispersive (EDS). L’identification des phases est effectuée par diffraction X
sur un diffractomètre Siemens D5000. Les différents réactifs chimiques pour l’étude métallographique
sont donnés dans le tableau II.9.

Tableau II.9. Composition chimique des réactifs d’attaque.

Structure à attaquer Réactif d’attaque Composition

Carbure de tungstène Murakami à 10% ƒ 10 g de ferrocyanure de potassium


ƒ 10 g d’hydroxyde de sodium
ƒ 100 ml d’eau

Liant Chlorure ferrique acide ƒ 5 g de chlorure ferrique


ƒ 10 ml d’acide chlorhydrique à 10%
ƒ 50 ml d’eau
Acide Citrique nitrique

Acier Nital à 5%

Aspect quantitatif

Dans le but de caractériser de façon quantitative la densification, nous avons utilisé l'analyse
d'images sur les différents consolidés (issus du frittage à l’état solide ou de l’infiltration) pour
déterminer le seul paramètre de cette étude, à savoir ; la porosité. De nombreux problèmes d'obtention
des images se sont présentés et l'exploitation des résultats d'analyse d'images est restée très limitée.
Les mesures par analyse d’images sont réalisées à l’aide du logiciel d’analyse MATROX 4.0 à
partir d’images numériques, de microstructures non attaquées acquises sur le microscope
métallographique. Pour effectuer les analyses quantitatives, il faut définir une image binaire pour
chaque phase : on affecte la valeur 1 (noir) aux points images inclus dans la phase, la valeur 0 (blanc)
aux autres. Cela est réalisé par seuillage des niveaux de gris, d’autant plus facile que l’image est bien
Chapitre II EXPERIMENTATION 75

contrastée. L’histogramme des niveaux de gris présente 2 maxima bien séparés correspondant aux
pores (noir) et au reste des phases (Ni, liant+Ni, W) en sélectionnant les niveaux de gris les plus
claires, seuillant les niveaux de gris intermédiaires.
L'observation aux microscopes de ces microstructures pose de nombreux problèmes. En effet, si
après infiltration la cohésion du consolidé est suffisante pour effectuer des mesures de densité,
l'obtention des sections polies pour les échantillons du frittage solide reste délicate : une proportion
importante de W ou de Ni disparaît des sections par arrachements (malgré l'imprégnation par une
résine sans retrait).

On note les difficultés rencontrées lors de la préparation des surfaces à observer, difficultés qui
rendent l'exploitation quantitative des images de ces surfaces par analyse d'images extrêmement
délicate.

II.6.4. Caractérisation mécanique

Nous avons tenu à respecter les normes relatives à l’exécution des essais mécaniques. Cependant,
certains essais mécaniques normalisés utilisés dans notre étude, ne sont pas significatifs pour les
métaux durs. Les caractéristiques obtenues serviront à comparer les différentes nuances de poudres
(industrielles et laboratoire).
La caractérisation mécanique des échantillons élaborés est basée essentiellement sur la filiation de
dureté, consolidée par des mesures ponctuelles et des profils de microdureté ainsi que des essais de
résilience. Cependant, les essais de résiliences, non spécifiques à ce type de matériaux reste à titre
comparatif.

II.6.4.1. Essais de dureté HV30

L’essai de dureté vickers est effectué suivant la norme NFA95-422 en concordance totale avec la
norme ISO/DIS3878. Le principe de l’essai est similaire à celui utilisé pour les aciers. L’essai de
dureté effectué est HV30 utilisant une charge de 294.2 N (charge conseillée par la norme). Le temps
d’application de la charge depuis le début jusqu'à ce qu’on atteigne la charge d’essai est de 15
secondes.
Pour déterminer la variation de la dureté le long des différentes couches de poudres, nous avons
procédé par filiation en faisant plusieurs essais distants d’environ 500 µm. Pour la reproductibilité,
nous avons effectué plusieurs mesures et adopté à la fin des valeurs moyennes.
L’essai est effectué sur une surface exempte de particules étrangères, et en particulier absolument
exempte de lubrifiant.
La préparation à été effectué dans les meilleures conditions, permettant d’éviter toute altération de
la mesure (par exemple par chauffage ou écrouissage).

II.6.4.2. Profils de microdurété HV0.1

La microdureté HV0.1 est effectuée à l’aide d’un microduromètre PERSI DM2A en utilisant une
charge de 100g et un temps d’application de 15s. À travers les différentes couches de poudres
consolidées, elle permet l’étude très localisée des phases issues de la solidification du liant, notamment
au voisinage des particules de WC, W et Ni.
Chapitre II EXPERIMENTATION 76

II.6.4.3. Résilience non conventionnelle.

L’essai de résilience est effectué suivant la norme A95-326 (ISO 5754-1978) relative aux
matériaux métalliques frittés à l’exclusion des métaux durs.
Cet essai non significatif pour les métaux durs (objet de notre étude), est effectué dans le but de
comparer la ténacité des poudres entre elles par rapport à l’effet de la taille (classes).
L’essai est effectué sur des éprouvettes normalisées 55x10x10 mm3 à l’aide d’une machine d’essai
de résilience CHARPY conformément à la norme A03-156 ou A03-161.
Après rupture, les éprouvettes feront l’objet d’une étude sommaire du faciès de rupture.

II.7. Conclusion

En respectant la reproductibilité des résultats et les normes d’essais relatives aux produits frittés,
nous avons traité successivement dans ce chapitre les points suivants:

ƒ La caractérisation physico-chimique des poudres de base;


ƒ La caractérisation de l’infiltrant métallique utilisé : détermination de la température de début de
fusion et caractérisation microstructurale;
ƒ L’optimisation des cycles d’infiltration ; choix de la température d’infiltration
ƒ Optimisation des conditions d’infiltration : étalonnage, amélioration dans la conception du
moule, recherche du temps optimum d’infiltration ;
ƒ L’infiltration proprement dite ;
ƒ La caractérisation physico-chimique des consolidés.

Nous avons discuté dans ce chapitre, d’une façon sommaire, quelques résultats nécessaires à la
compréhension de certains phénomènes qui peuvent être déterminant dans le processus de
densification par infiltration.
Chapitre II EXPERIMENTATION 77

Annexes du chapitre II
Annexe II.1 FICHES I.C.D.D
Composé Paramètres microstructuraux Système Référence Année Fiche ICDD
d(A) Int h k l cristallin
W 2.238 100 1 1 0 Cubique Swanson. 1953 04 - 0806
1.582 15 2 0 0 a=3.1648 Tatge.Natl.Bur.Stand
1.292 23 2 1 1
1.1188 8 2 2 0
1.0008 11 3 1 0
0.9137 4 2 2 2
0.8459 18 3 2 1
0.7912 2 4 0 0
Ni 2.034 100 1 1 1 Cubique Swanson. 1953 04 - 0850
1.762 42 2 0 0 a=3.5238 Tatge.Natl.Bur.Stand
1.246 21 2 2 0
1.0624 20 3 1 1
1.0172 7 2 2 2
0.88 4 4 0 0
0.8084 14 3 3 1
0.78 15 4 2 0
Ni 2.04 100 1 1 1 Cubique The Structure of crystals 01 - 1258
1.77 50 2 0 0 a=3.540
1.25 40 2 2 0
1.07 60 3 1 1
1.02 10 2 2 2
0.88 2 4 0 0
0.81 20 3 3 1
0.79 16 4 2 0
0.72 10 4 2 2
0.68 10 5 1 1
0.63 2
0.60 8 5 3 1
0.59 4 6 0 0
WC 2.84 45 0 0 1 Hexagonal Ibid 25 - 1047
2.518 100 1 0 0 a=2.9062
1.884 100 1 0 1 C
1.454 20 1 1 0
1.420 6 0 0 2
1.294 25 1 1 1
1.259 14 2 0 0
1.236 30 1 0 2
1.151 20 2 0 1
1.015 14 1 1 2
0.951 10 2 1 0
0.946 1 0 0 3
0.942 10 2 0 2
0.902 20 2 1 1
WC 2.8369 444 Hexagonal Ibid 73 - 0471
2.5170 999 a=2.9064(2
1.8827 841 )
1.4532 156
1.4184 47
1.2933 156
1.2585 73
1.2357 135
1.1503 108

W2C 4.724 1 0 0 1 Hexagonal Ibid 79 - 0743


4.4946 1 1 0 0 a=5.19(4)
3.2562 1 1 0 1
2.5950 219 1 1 0
Chapitre II EXPERIMENTATION 78

2.3620 236 0 0 2
2.2744 999 1 1 1
2.0908 1 1 0 2
2.0294 1 2 0 1
1.7467 150 1 1 2
1.6281 1 2 0 2
1.5986 1 2 1 1
1.4982 162 3 0 0
1.4281 1 3 0 1
1.3462 152 1 1 3
1.2975 20 2 2 0
1.2651 152 3 0 2
1.2511 115 2 2 1
1.2053 1 3 1 1
1.1810 21 0 0 4
1.1548 1 2 1 3
1.1372 28 2 2 2
1.1024 1 3 1 2
1.0931 1 4 0 1

Annexe II.2. Identification (probable) des phases WC et W2C par EDS.

Annexe II.3. PRINCIPE DU MEB-EDS

Le microscope électronique à balayage (MEB) de marque JEOL JSM 6830 est un appareil d’analyses
pouvant fournir rapidement des informations sur la morphologie et la composition chimique d’un objet solide.
Son principe est basé sur l’émission d’électrons produits par une cathode et la détection de signaux provenant de
l’interaction de ces électrons avec l’échantillon. Ces électrons qui irradient la surface de l’échantillon pénètrent
profondément dans le matériau et affectent un volume appelé « poire d’interaction ». Le volume de cette poire
dépend du numéro atomique moyen de l’échantillon et de l’énergie des électrons incidents. Dans ce volume
d’interaction, les électrons du faisceau vont perdre leur énergie par collisions multiples avec les atomes du
matériau générant ainsi de nombreux phénomènes secondaires.
Chapitre II EXPERIMENTATION 79

Microscope électronique à balayage JEOL JSM 6830 (photo LSGM).

Le MEB possède 3 détecteurs : un d’électron secondaire, un d’électrons rétrodiffusés et un autre de photons


X. Les émissions non détectées se dissipent en chaleur dans les parois de la chambre de l’échantillon ou sont
mises à la terre.

ƒ Les électrons secondaires : Les électrons secondaires sont crés par le passage d’un électron
incident près d’un atome. L’électron incident peut transmettre une partie de son énergie à un électron
peu lié de la bande de conduction provocant ainsi une ionisation par éjection de ce dernier électron.
L’énergie cinétique de ce dernier ne peut excéder 50eV. Chaque électron incident peut créer plusieurs
électrons secondaires.
De part leurs faibles énergies, seuls les électrons secondaires émis prés de la surface (<10nm) peuvent
s’échapper de l’échantillon et être recueillis par le détecteur. La moindre variation topographique va modifier la
quantité d’électrons secondaires collectés. Ainsi on obtient la morphologie de la surface de l’échantillon.

ƒ Les électrons rétrodiffusés : Les électrons rétrodiffusés sont causés par la collision entre un électron
incident et un atome de l’échantillon. Ce sont des électrons primaires qui ont réagi de façon élastique
avec des noyaux d’atomes de l’échantillon. Ils sont dispersés dans toutes les directions avec une faible
perte d’énergie.
Du fait de leur forte énergie, les électrons rétrodiffusés récupérés peuvent provenir d’une plus grande
profondeur que celle des électrons secondaires. Ils ont une sensibilité topographique nettement inférieure.
Du fait de leur origine, la quantité d’électrons rétrodiffusés croit avec le numéro atomique des atomes
constitutifs de la cible. Ainsi on obtient des nuances de gris suivant la densité, plus la densité relative est
importante, plus la zone apparaît foncée, ce qui nous permet de connaître les phases lourdes et légères.

ƒ Les photons X : L’émission d’un photon X permet à un atome ionisé sous l’impact du faisceau
d’électrons, de revenir à l’état fondamental. Quand un électron d’une couche interne d’un atome a été
éjecté, un électron d’une couche plus externe va combler la lacune. La différence d’énergie entre ces
deux couches va provoquer l’émission d’un photon X. Les photons X possèdent une énergie
caractéristique propre à chaque élément qui les a émis.

L’EDS (energy dispersive spectroscopy) c’est un détecteur en énergie, il s’agit d’une diode en silicium dopée au
lithium pour analyser l’émission des rayons X, le détecteur convertit l’énergie du photon X en paire électron-trou
qui provoque à la sortie de la diode une impulsion de tension proportionnelle à l’énergie de ce photon.

Les photons X sont émis par des atomes ionisés par l’impact du faisceau d’électrons en revenant à l’état
fondamental. Chaque photon possède une énergie caractéristique propre à l’élément qui les a émis, ce qui nous
permet d’identifier les éléments et de connaître la composition chimique des échantillons. Ces photons sont
recueillis et classés suivant leur énergie par l’EDS et on obtient un spectre X qui est un histogramme du nombre
d’impulsions en fonction de leur énergie.
Chapitre II EXPERIMENTATION 80

L’EDS permet de détecter simultanément les photons X dans une large bande d’énergie, il est donc
particulièrement bien adapté à l’analyse d’échantillon de nature inconnue.

Annexe II.4. Détermination da la granulométrie (tamisage à sec)

On procède au tamisage d’une prise d’essais normalisée (tableau.2.2) à 0.1g près, nous avons fixé la durée du
tamisage à 15 ± 1 mn.
Après tamisage, on pèse la fraction retenue dans chaque tamis et dans le réceptacle à 0.1g près pour une prise
d’essai de 100g (0.05 pour une prise d’essai de 50g), en commençant par la fraction la plus grossière pour finir
avec la fraction contenue dans le réceptacle.

Tableau.2.2 : quantité de poudres relative aux prises d’essai.

Masse volumique apparente (g/cm3) Masse de la prise d’essai (g)

>1.5 100

<1.5 50

NB : La masse des masses cumulées de toutes les fractions pour chaque essai est en moyenne supérieure à 98%
de la somme de la prise d’essai (ceci étant conforme à la norme considérée).

Annexe II.5. MESURE DES SURFACES SPÉCIFIQUES

La mesure de la surface spécifique de même que la dimension des pores, volume et diamètre est basée sur
l'adsorption et la désorption d'un gaz (azote, argon ou krypton) à la surface et dans les pores de l'échantillon à
basse température. Ce phénomène est appelé physisorption. Les gaz en dessous de leur température critique (les
gaz au-dessus de leur température critique ne peuvent se condenser par des variations de la pression (fig. A1) ont
tendance à être adsorbés sur un solide résultant des forces de Van deer Walls et/ou l'interaction dipolaire.
L'enthalpie de la physisorption est typiquement plus petite que 20 à 25 KJ/mol. .

L'adsorption est l'augmentation de la concentration des molécules de gaz à la surface du solide par rapport à
la quantité totale de gaz. Les molécules de gaz sont fortement immobilisées à la surface du solide (FIG.B). La
désorption est le mouvement des molécules de gaz s'éloignant de la surface du solide, donc la diminution de la
concentration des molécules de gaz à la surface par rapport à la concentration totale du gaz. Ce phénomène est
similaire à la condensation d'une vapeur d'eau sur une fenêtre froide et est réversible.
Chapitre II EXPERIMENTATION 81

Représentation de l'adsorption des molécules de gaz à la surface du solide

L'adsorption est représentée par: V (STP. cc/g) = ƒ(P,T) pour une température constante, l'isotherme
d'adsorption est définie par: V = ƒ(P). Le type d'isotherme le plus simple a été défini par Langmuir. La surface
du solide est représentée par un nombre de sites définis. Les sites sont occupés au fur et à mesure de
l'augmentation de la quantité de gaz présent dans la chambre d'analyse jusqu'à la formation d'une monocouche de
gaz occupant tous les sites.

TYPE MULTICOUCHE : Les isothermes de type II prévalent dans les cas d'adsorption physique de poudres
avec des énergies de surface élevées. Brunauer, Emmett et Teller ont formulé l'approche mathématique
expliquant le cas de multicouche. Dans ces cas, l'énergie d'adsorption où la chaleur d'adsorption est différente
pour la première couche de gaz adsorbée par rapport aux autres couches successives. L'application expérimentale
de l'équation de Langmuir peut être placée sous la forme graphique suivant la formule:

P/V = 1/b.vm + P/Vm [1]

Les valeurs de b et Vm sont calculées pour le système à partir de la meilleure droite passant par les points
mesurés. La valeur Vm étant le volume cc STP/g de gaz adsorbé quand tous les sites sont occupés (monocouche)
et b le rapport des vitesses d'adsorption et de désorption du gaz dans le système étudié. P est la pression et V le
volume total de gaz.

b = intersection sur l'axe des Y (P/V )


Vm = la pente de la droite.
Pour ce faire on transforme la formule [1]
P/V = (1/Vm ).P + 1/b.vm
Formule d'une droite Y = m X + b
À partir de cette formule la surface spécifique est obtenue par l'équation

(Sspe) = vm(cm3)X 6.023X1023 (at/mole) X16.2(A°)X10-20 (m2/A°)/22,400 (cc/mole)

Où (Sspe) = la surface spécifique


N°= nbre d'avogadro 6,023 X 1023 atomes/mole
v°= volume STP 22,400 cc/mole
ß°= 16.2 A°2 par site d'azote.

Annexe II. 6. Masse volumique apparente et Masse volumique après tassement

ƒ Masse volumique apparente (méthode de l’entonnoir)


On détermine la masse de la poudre à 0.05 g prés, contenue dans un récipient cylindrique d’une capacité de 25 ±
0.05 cm3 et de diamètre intérieur 30 ± 1 mm.
Le rapport de la masse au volume représente la masse volumique apparente qui est donné par la formule :
Pa = M / V= M / 25
Pa : Masse volumique apparente (g/cm3)
M : masse de la poudre (g)
V : volume du récipient (25 cm3).
Chapitre II EXPERIMENTATION 82

Le dispositif de mesure a été confectionné en graphite dans l’atelier d’ALDIM. Nous avons tenu à respecter la
forme et les tolérances relatives à la norme citée ci-dessus.

Dispositif permettant de déterminer la masse volumique apparente.

ƒ Masse volumique après tassement

Dispositif de densité apparente : dans l’atelier d’ALDIM

Le principe consiste à tasser au moyen d’un appareil ou bien par un moyen manuel (plaque de caoutchouc 1 x
1005 mm) une masse de prise d’essai, pesée sur une balance à 0.01g prés, contenue dans un récipient cylindrique
gradué jusqu’à ce qu’on n’observe plus de diminution du volume, la masse volumique après tassement est
donnée par la formule :
ρt = M / V
ρt : masse volumique après tassement (g/cm3)
M : masse de la poudre tassée (g)
V : volume de la poudre tassée (cm3)

Annexe II.7 Analyse thermique différentielle (ATD)

L'ATD permet d'enregistrer la courbe ∆T=ƒ(T), représentant les anomalies thermiques de l'échantillon par
rapport à un témoin inerte au cours d'un échauffement ou d'un refroidissement. La valeur ∆T est mesurée
directement au moyen de thermocouples différentiels. Cette méthode mise au point par Le Chatelier existe
depuis 1887.

INTERPRÉTATION QUALITATIVE
Elle peut se faire de deux manières: soit l'identification d'un composé chimique, soit la signification physico-
chimique d'un accident thermique.
L'identification par comparaison avec des courbes standards est la plus répandue ainsi que la plus ancienne
pour l'interprétation des argiles (voir les tables sur les standards d'argiles).
La deuxième interprétation possible est la signification à donner aux régions caractéristiques de la courbe :
Soit les sommets des pics, soit les pieds de leur base.
Elle est complexe et demande souvent des études par d'autres méthodes analytiques.
Le sommet des pics généralement correspond à la vitesse maximum de l'échange calorifique. Cet échange
peut-être aussi bien d'origine chimique que physique. Le pied qui se trouve à la température la plus basse
correspond à peu près au début de la réaction calorifique. L'autre pied correspond à un retour à l'équilibre
thermique. C'est surtout à cause de la température du sommet des pics que l'interprétation physico-chimique va
se faire, puisque cette température correspond à celle d'un phénomène donné, avec une précision d'autant plus
grande que le phénomène est plus rapide.
Chapitre II EXPERIMENTATION 83

INTERPRÉTATION QUANTITATIVE
Le principe de l’ATD consiste à chauffer dans une enceinte de température programmée un échantillon actif
et un échantillon inerte (étalon n’ayant pas de point de transformation dans un large domaine de température)
disposés symétriquement. Un dispositif à thermocouples mesure la différence de température entre les deux
échantillons. En l’absence de réaction ou de transformation, l’écart de température est faible et régulier: c’est la
ligne de base. Lorsqu’une transformation de l’échantillon actif intervient, elle met en jeu une quantité d’énergie
et sa température s’écarte alors de celle de l’étalon. La température différentielle ∆T est enregistrée sous forme
d’un pic ou d’une succession de pics en fonction du temps t. La température de l’échantillon θ est enregistrée
simultanément. Ainsi l’ATD nous permet de connaître les différentes températures des points de transformation
de l’alliage telle que la température de fusion.
La quantité de chaleur (surface sous le pic), d'un point de vue thermodynamique, correspond à la variation
d'enthalpie (∆H) de la réaction. L'étalonnage du graphique ATD est fait en effectuant les courbes ATD sur des
réactions dont l'enthalpie est connue. Il est possible ainsi de déterminer la valeur en cal/g de la surface sous le pic
(voir ATD cuivre ci-dessous).
Les changements de structure physico-chimique s’accompagnent de réactions exothermiques ou
endothermiques que l’on peut caractériser.

La figure ci-dessous montre le dispositif classique utilisé pendant le chauffage et le refroidissement d’un
échantillon d’acier (Pokorny 2003).

Dispositif d’ATD (Pokorny 2003).

ATD du cuivre pur


Chapitre II EXPERIMENTATION 84

Annexe II.8.

Composé Paramètres microstructuraux Système Référence Année Fiche ICDD


d(A) Int h k l cristallin
Cu3.8Ni 2.08 100 1 1 1 Cubique Long.Frazer.Ott.J 1934 09 - 0205
1.797 80 2 0 0 a=3.595
1.269 80 2 2 0
1.084 100 3 1 1
1.037 50 2 2 2
0.89 30 4 0 0
0.82 80 3 3 1
Cu0.81Ni0.19 2.074 100 1 1 1 Cubique Samvel'yan.R et al. 1991 47 - 1406
1.796 50 2 0 0 a=3.5934(1
1.27 47 2 2 0 )
1.0834 30 3 1 1
1.0373 11 2 2 2
Cu9NiSn3 3.676 4 4 2 2 Cubique Booth et al. 1977 30 - 0496
3.466 9 5 1 1 a=18.010
3.002 7 6 0 0
2.600 4 4 4 4
2.522 2 5 5 1
2.407 4 6 4 2
2.122 100 6 6 0
1.919 3 6 6 4
1.838 2 8 4 4
1.810 2 9 3 3
1.500 7 12 0 0
1.299 2 8 8 8
1.225 10 14 4 2
1.108 3 14 8 2
1.102 2 11 11 5

Annexe II.9 Diagrammes de phase Cu-Ni-Sn

Binaire Cu-Ni :

Le cuivre et le nickel sont solubles en toutes proportions et ils ne forment donc qu’une solution solide dont les
propriétés varient régulièrement avec la composition. Cependant en dessous de la température 354.5 °C, il
apparaît un secteur où cohabitent deux phases (α1, α2), la première solution solide saturé du nickel dans le cuivre,
la deuxième inversement du cuivre dans le nickel.

Les principales nuances industrielles ont des teneurs nominales en nickel de 5, 10, 20, 30, 40 et 45 %. Elles
comportent souvent de petites additions d’autres éléments, notamment du fer (0.5 à 6 %) et du manganèse (0.3 à
1.2 %) qui améliorent les caractéristiques mécaniques et la tenue à certaines formes de corrosion (corrosion-
érosion notamment) (Barbery 2003).
Chapitre II EXPERIMENTATION 85

Diagramme Binaire Cu-Ni d’après (Chakrabarti 1992).

Binaire Cu-Sn (bronze)

Le diagramme d’équilibre présente une grande complexité dans les diverses phases en présence, avec leur
solubilité respective à l’état solide jusqu’à la température ambiante. En raison des différences entre les structures
cristallines et les dimensions atomiques de Cu et de Sn, la solubilité à l’état solide de l’étain dans le cuivre est
limitée et présente un maximum de 15.8 % Sn à la température de 520°C et elle chute fortement à l’équilibre
quand on descend à la température ambiante.
La transformation eutectoїde, δ → α + ε à 350°C n’est pas rencontrée industriellement, car elle nécessite un
refroidissement extrêmement lent. Ainsi la phase ε (Cu3Sn) n’est pas observée dans les structures des bronzes
(Higins 1993).
Du point de vue de la pratique industrielle, le système binaire Cu-Sn ne présente guère d’intérêt au-delà de 25
% Sn, car le bronze devient trop fragile. En effet au-delà de 10 % d’étain, les bronzes sont en pratique constitués
de deux phases α et δ (Barbery 2003), la phase α riche en cuivre est malléable à chaud et à froid, par contre la
phase intermétallique δ (Cu31Sn8) est dure et fragile (Higins 1993).
Chapitre II EXPERIMENTATION 86

Cu Sn

Diagramme binaire Cu-Sn (Barbery 2003)

Diagramme industriel Cu-Sn d’après [DEL 03].

Binaire Ni-Sn

Le diagramme nous montre l’existence d’un eutectique à 1132°C, le liquide à 32.5% en poids de Sn est en
équilibre avec un composé intermétallique β à 38% en pds de Sn, une solution solide à base de nickel (Ni) à 19%
en pds de Sn et une transformation eutectoїde à 922°C ; la phase β à 38% en pds Sn est en équilibre avec la
phase intermétallique β’ (Ni3Sn) à 39% en pds de Sn et la solution solide à base de nickel (Ni) à 17% en pds de
Chapitre II EXPERIMENTATION 87

Sn. Pour des teneures élevées de Sn, il y a apparition des phases intermétalliques γ et δ, la phase γ (Ni3Sn2) issue
d’une transformation congruente et δ (Ni3Sn4) issue d’une réaction péritectoїde.
La solubilité maximale de l’étain dans le nickel est de 19% en poids à 1132°C.

Diagramme binaire Ni-Sn d’après (Pastor 1987)

Binaire Cu-Mn Le diagramme présente un point de fusion congruent à 873°C et 34.6% en poids de

Mn.

Diagramme binaire Cu-Mn (Gupta 1990).

Ternaire Cu-Ni-Sn :
Si l’on considère sur le diagramme Cu-Ni-Sn un alliage (Cu-Sn) à 6% d’étain, l’ajout de 15% de Ni fait
passer le point de fusion congruent de l’alliage de 1150°C à 1100°C, inversement le point de fusion du nickel
Chapitre II EXPERIMENTATION 88

aura subit une baisse d’environ 350°C. Les deux figures A et B indiquent les plans formés suivant une section
isotherme à 550°C et 300°C respectivement du diagramme ternaire Cu-Ni-Sn.

Projection des lignes de liquidus du diagramme ternaire Cu-Sn-Ni (Gupta 1990).

A. Section isotherme à 550°C du ternaire Cu-Ni-Sn d’après (Gupta 1988).


Chapitre II EXPERIMENTATION 89

B. Section isotherme à 300°C du ternaire Cu-Ni-Sn d’après Pastor (Pastor 1987).

Annexe II. 10 Four à hydrogène NEW BOREL:

Le four à hydrogène de marque NEW BOREL est utilisé par ALDIM pour la fabricatio