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Chapitre 3: Fonctions de plusieurs variables à

valeurs dans Rm

7 janvier 2021

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3.1 Limites et continuité de fonctions
3.1.1 Limites
Définition 3.1.
Soient A ⊂ Rn et f : A → Rm une fonction. Soient x0 ∈ A et
l ∈ Rm . On dit que f a pour limite l en x0 , et on note
lim f ( x ) = l ou f ( x ) → l, si
x → x0 x → x0

∀ε > 0, ∃δ > 0, ∀ x ∈ A\{ x0 } : || x − x0 || < δ ⇒ || f ( x ) − l || < ε.

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Remarque 3.1.
1. Lorsqu’ elle existe, la limite est unique.
2. On peut écrire

f : A → Rm
x 7→ f ( x ) = ( f 1 ( x ), ..., f m ( x )),

où les f i : A → R sont des fonctions numériques de


plusieurs variables, 1 ≤ i ≤ m. On note f = ( f 1 , ..., f m ).
3. f = ( f 1 , ..., f m ) a pour limite l = (l1 , ..., lm ) en x0 si et
seulement si f i a pour limite li en x0 pour tout 1 ≤ i ≤ m.
4. Si f , g : A → Rm admettent une limite en x0 , alors pour
tout λ ∈ R,

lim (λ f + g)( x ) = λ lim f ( x ) + lim g( x ).


x → x0 x → x0 x → x0

5. lim f ( x ) = l si et seulement si pour tout suite


x → x0
( a p ) ⊂ A\{ x0 } convergeant vers x0 , on a lim f ( a p ) = l.
p→+∞ 3 / 23
3.1.2 Continuité
Définition 3.2.
Soient A ⊂ Rn et f : A → Rm une fonction. Soit x0 ∈ A. On dit
que f est continue en x0 si lim f ( x ) = f ( x0 ), autrement dit
x → x0

∀ε > 0, ∃δ > 0, ∀ x ∈ A : || x − x0 || < δ ⇒ || f ( x ) − f ( x0 )|| < ε .


| {z }
f ( A∩ B( x0 ,δ))⊂ B( f ( x0 ),ε)

On dit que f est continue sur A si elle est continue en tout point
de A.

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Remarque 3.2.
Soit f : A ⊂ Rn → Rm .
1. f est continue en x0 si et seulement si pour tout suite
( a p ) ⊂ A convergeant vers x0 , on a lim f ( a p ) = f ( x0 ).
p→+∞
2. f = ( f 1 , ..., f m ) est continue en x0 si et seulement si pour
tout 1 ≤ i ≤ m, f i est continue en x0 .
3. f est continue sur A si et seulement si pour tout ouvert U
de Rm , on a f −1 (U ) = A ∩ O , où O est un ouvert de Rn .
4. Si f est continue sur un compact A de Rn , alors f ( A) est
un compact de Rm .

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Définition 3.3.
Soient A ⊂ Rn et f : A → Rm une fonction. On dit que f est
uniformément continue sur A si

∀ε > 0, ∃δ > 0, ∀ x, y ∈ A : || x − y|| < δ ⇒ || f ( x ) − f (y)|| < ε.

Remarque 3.3.
Si A est un compact de Rn et f est continue sur A, alors f est
uniformément continue sur A.

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3.2 Différentiabilité
Définition 3.4.
Soient U un ouvert de Rn , f : U → Rm une fonction et a ∈ U.
On dit que f est différentiable en a s’il existe une application
linéaire L : Rn → Rm telle que pour tout h ∈ Rn vérifiant
a + h ∈ U,

f ( a + h) = f ( a) + L(h) + ||h||ε(h),

où ε est une fonction de plusieurs variables à valeurs dans Rm


vérifiant lim ε(h) = 0.
h →0
L’application linéaire L, si elle existe est unique, appelée la
différentielle de f au point a et on la note d f a ou d f ( a) ou
encore f 0 ( a).

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Remarque 3.4.
1. Si f est différentiable en a, alors elle est continue en a.
2. Soient {e1 , ..., en } et {v1 , ..., vm } les bases canoniques de Rn
et Rm respectivement, alors f = ( f 1 , ..., f m ) est
différentiable en a si et seulement si pour tout
i = 1, ..., m, f i est différentiable en a, et on a
m
d f a (h) = ∑ d ( f i ) a ( h ) v i , ∀ h ∈ Rn .
i =1

En particulier,
m m
∂ fi
d f a (e j ) = ∑ d ( f i ) a ( e j ) vi = ∑ ∂x j (a)vi , ∀1 ≤ j ≤ n.
i =1 i =1

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Définition 3.5 (Matrice jacobienne).
Soient U un ouvert de Rn et f : U → Rm une fonction
différentiable en a ∈ U. On appelle matrice jacobienne de f en
a, la matrice notée J f ( a), associée à d f a dans les bases
canoniques de Rn et Rm , et donnée par
 ∂ f1 ∂ f1 
∂x ( a ) ··· ∂xn ( a )
 ∂ f21 ∂ f2
 ∂x1 ( a) ··· ∂xn ( a ) 

J f ( a) = 

.. .. 

 . . 
∂ fm ∂ fm
∂x1 ( a ) · · · ∂xn ( a )

Si n = m, le déterminant de la matrice J f ( a) s’appelle jacobien


de f en a et on écrit

∂( f 1 , ..., f m )
detJ f ( a) = ( a ).
∂( x1 , ..., xn )

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Exemple.

f : R3 → R2
( x, y, z) 7→ ( x2 + y2 + z2 , x + y − 2z).

On a

f = ( f 1 , f 2 ), où f 1 ( x, y, z) = x2 + y2 + z2 et f 2 ( x, y, z) = x + y − 2z,

donc  
2x 2y 2z
J f ( x, y, z) = .
1 1 −2

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Proposition 3.1 (Linéarité).
Soient U ⊂ Rn un ouvert et f , g : U → Rm deux fonctions
différentiables en a ∈ U. Alors, pour tout λ ∈ R, λ f + g est
différentiable en a et on a

d(λ f + g) a = λd f a + dga .

Proposition 3.2 (Composition).


Soient U ⊂ Rn , V ⊂ Rm deux ouverts, f : U → Rm et
g : V → R p deux fonctions. Si f est différentiable en a ∈ U et g
est différentiable en f ( a) ∈ V, alors go f est différentiable en a
et on a

d( go f ) a = d( g) f (a) od f a , Jgo f ( a) = Jg ( f ( a)).J f ( a).

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3.2.1 Théorèmes d’inversion locale et des fonctions implicites
Définition 3.6.
Soient U un ouvert de Rn et f = ( f 1 , ..., f m ) : U → Rm une
fonction. On dit que f est de classe C k (resp. C ∞ ) sur U si les
dérivées partielles d’ordre k (resp. de tout ordre) de f i existent
et sont continues sur U, pour tout 1 ≤ i ≤ m.

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Théorème d’inversion locale.
Soient W un ouvert de Rn , f : W → Rn une fonction de classe
C 1 et a ∈ W. Supposons que d f a est inversible (c-à-d,
detJ f ( a) 6= 0). Alors, il existe un ouvert U contenant a et un
ouvert V contenant f ( a) tels que
i) f : U → V est bijective ;
ii) La bijection réciproque f −1 : V → U est de classe C 1 (C k si
f l’est);
iii) Pour tout x ∈ U, d f x est inversible et on a
d ( f −1 ) f ( x ) = ( d f x ) −1 .

Remarque 3.5.
Une fonction f : U → V de classe C k , bijective et son inverse
f −1 est de classe C k , est dite C k -difféomorphisme.

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Théorème de la fonction implicite.
Soient W un ouvert de Rn × Rm et f : W → Rm une fonction de
classe C 1 et ( a, b) ∈ W. Supposons que

∂( f 1 , ..., f m )
f ( a, b) = 0 et ( a, b) 6= 0.
∂(y1 , ..., ym )

Alors, il existe un voisinage ouvert U de a dans Rn et un


voisinage ouvert V de b dans Rm vérifiant U × V ⊂ W, et une
fonction ϕ : U → V de classe C 1 telle que
i) ϕ( a) = b;
ii) Pour tout x ∈ U, f ( x, ϕ( x )) = 0 et ϕ( x ) est l’unique
solution de l’équation f ( x, y) = 0 appartenant à V.
De plus ϕ est de C k si f l’est.

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Cas particuliers.
1) n = m = 1. Soient f : W ⊂ R2 → R de classe C k et
( a, b) ∈ W. Supposons que

∂f
f ( a, b) = 0 et ( a, b) 6= 0.
∂y

Alors, il existe deux réels α, β > 0, vérifiant


] a − α, a + α[×]b − β, b + β[⊂ W, et une fonction
ϕ :] a − α, a + α[→]b − β, b + β[ de classe C k telle que
i) ϕ( a) = b;
ii) Pour tout x ∈] a − α, a + α[, f ( x, ϕ( x )) = 0 et ϕ( x ) est
l’unique solution de l’équation f ( x, y) = 0 appartenant à
]b − β, b + β[.

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Pour tout x ∈] a − α, a + α[, on a f ( x, ϕ( x )) = 0. En dérivant on
obtient
∂f ∂f
( x, ϕ( x )) + ( x, ϕ( x )) ϕ0 ( x ) = 0,
∂x ∂y
ainsi
∂f
( x, ϕ( x ))
ϕ0 ( x ) = − ∂∂xf ,
∂y ( x, ϕ ( x ))

sous reserve que α et β soient choisis tels que

∂f
( x, y) 6= 0, ∀( x, y) ∈] a − α, a + α[×]b − β, b + β[.
∂y

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Tangente T en ( a, b) à la courbe Γ d’équation f ( x, y) = 0.
Pour tout x ∈] a − α, a + α[, on a

f ( x, y) = 0 ⇔ y = ϕ( x ),

donc Γ a pour équation dans ] a − α, a + α[: y = ϕ( x ). Par


conséquent, l’équation de T est donné par
∂f
( a, ϕ( a))
y − ϕ( a) = ( x − a) ϕ0 ( a) = −( x − a) ∂∂xf
∂y ( a, ϕ( a))

ou encore
∂f ∂f
( x − a) ( a, b) + (y − b) ( a, b) = 0,
∂x ∂y

c’est à dire
−−−→ −→
M ( x, y) ∈ T ⇔ M0 M. ∇ f ( a, b) = 0,

où M0 ( a, b).
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Exemple.
W = R2 , f ( x, y) = 1 + xey − y et ( a, b) = (−1, 0). On a f de
classe C ∞ et
∂f ∂f
f (−1, 0) = 0, ( x, y) = xey − 1, (−1, 0) = −2 6= 0,
∂y ∂y
donc il existe α, β > 0 et ϕ :] − 1 − α, −1 + α[→] − β, β[ de
classe C ∞ telle que
ϕ(−1) = 0, 1 + xe ϕ(x) − ϕ( x ) = 0 ∀ x ∈] − 1 − α, −1 + α[.
∂f
D’autre part on a ∂x ( x, y ) = ey , par conséquent
− e ϕ( x ) 1
ϕ0 ( x ) = , ϕ0 (−1) = .
xe ϕ(x) − 1 2
   
ϕ0 ( x )e ϕ(x) 1 − xe ϕ(x) + e ϕ(x) + xϕ0 ( x )e ϕ(x) e ϕ(x)
On a ϕ00 ( x ) = 2 ,
xe ϕ(x) − 1
ϕ00 (−1) = 3
8 > 0, donc ϕ est convexe au voisinage de −1.
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Le développement limité de ϕ au vosinage de −1 à l’ordre 2 est

1 3
( x + 1) + ( x + 1)2 + o ( x + 1)2 .

ϕ( x ) =
2 16
L’équation de la tangente T en (−1, 0) à la courbe Γ d’équation
f ( x, y) = 0 est donnée par

1
y= ( x + 1).
2

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2) n = 2, m = 1. Soient f : W ⊂ R2 × R → R de classe C k et
( a, b, c) ∈ W. Supposons que

∂f
f ( a, b, c) = 0 et ( a, b, c) 6= 0.
∂z
Alors, il existe deux réels α, β > 0,
U =] a − α, a + α[×]b − α, b + α[ V =]c − β, c + β[, vérifiant
U × V ⊂ W, et une fonction ϕ : U → V de classe C k telle que
i) ϕ( a, b) = c;
ii) Pour tout ( x, y) ∈ U, f ( x, y, ϕ( x, y)) = 0 et ϕ( x, y) est
l’unique solution de l’équation f ( x, y, z) = 0 appartenant à
V.

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Pour tout ( x, y) ∈ U, on a f ( x, y, ϕ( x, y)) = 0. En dérivant, il
vient que

f x0 ( x, y, ϕ( x )) + f z0 ( x, y, ϕ( x, y)) ϕ0x ( x, y) = 0,

f y0 ( x, y, ϕ( x )) + f z0 ( x, y, ϕ( x, y)) ϕ0y ( x, y) = 0,
donc

− f x0 ( x, y, ϕ( x, y)) − f y0 ( x, y, ϕ( x, y))
ϕ0x ( x, y) = 0 0
et ϕy ( x, y) = 0 .
f z ( x, y, ϕ( x, y)) f z ( x, y, ϕ( x, y))

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Plan tangent P en ( a, b, c) à la surface S d’équation
f ( x, y, z) = 0.
Pour tout ( x, y) ∈ U, on a
f ( x, y, z) = 0 ⇔ z = ϕ( x, y),
donc S a pour équation dans U : z = ϕ( x, y). Par conséquent,
l’équation de P est donnée par
z − c = ( x − a) ϕ0x ( a, b) + (y − b) ϕ0y ( a, b),
ou encore
f x0 ( a, b, c) f y0 ( a, b, c)
z − c = −( x − a) − ( y − b ) ,
f z0 ( a, b, c) f z0 ( a, b, c)
c’est à dire
( x − a) f x0 ( a, b, c) + (y − b) f y0 ( a, b, c) + (z − c) f z0 ( a, b, c) = 0,
−−−→ −→
M ( x, y, z) ∈ P ⇔ M0 M. ∇ f ( a, b, c) = 0,
où M0 ( a, b, c).
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Exemple.
W = R3 , f ( x, y, z) = x2 + 2y2 − z2 et ( a, b, c) = (1, 0, 1). On a f
de classe C ∞ et

f (1, 0, 1) = 0, f z0 ( x, y, z) = −2z et f z0 (1, 0, 1) = −2 6= 0.

Soit S la surface d’équation f ( x, y, z) = 0. On a

f x0 (1, 0, 1) = 2 et f y0 (1, 0, 1) = 0,

donc l’équation du plan tangent P en (1, 0, 1) :

2( x − 1) − 2(z − 1) = 0 ⇔ x = z.

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