: ANALYSE THEORIQUE
I- Fonctions de l’impôt
L’impôt, expression de la souveraineté de l’Etat, est un phénomène social lié à l’existence du pouvoir
politique. Il y a impôt car il y a l’Etat.
Le rapport de l’entreprise à l’impôt, dont la complexité n’est plus à démontrer, a constamment
préoccupé les économistes d’A. IBN KHALDOUN à A. LAFFER en passant par D. RICARDO et J.
SCHUMPETER. Ainsi que l’écrit J. SCHUMPETER, exprimant par là une opinion largement partagée, « une
seule chose nous importe, c’est que, au-delà d’une certaine limite, la pression fiscale ne peut aller sans
endommager puis annihiler l’assiette de l’imposition elle-même ».
Cela étant, force est d’admettre, qu’aujourd’hui, on peut décomposer l’intervention de l’impôt dans
l’activité publique à partir de quatre fonctions.
1- Le financement des dépenses publiques
Ce financement est toujours considéré comme la principale fonction des prélèvements obligatoires. Comme le
fait remarquer John Locke, la protection de la propriété est la principale fonction assignée à l’Etat. En
conséquence, l’impôt doit correspondre aux services rendus, c’est-à-dire au paiement de l’Etat pour la
protection des droits qu’il dispense.
Avec la multiplication des fonctions de l’Etat, les dépenses publiques se sont accrues, dépenses de santé,
d’éducation et d’infrastructure, exigeant l’appel parfois même abusif du rôle de l’impôt. En outre, avec la
suprématie de l’Etat-providence a vu se développer une nouvelle catégorie de prélèvements : les cotisations
sociales.
2- La redistribution
La redistribution se fixe comme objectif de corriger les biais de la répartition primaire de la richesse.
Classiquement, on distingue deux dimensions de la redistribution :
- la redistribution horizontale opère des transferts qui interviennent entre ménages situés dans la même
strate de revenus. La protection sociale répond le plus souvent à ce type de problématique puisqu’elle
vise à effectuer des transferts de ressources au profit des ménages exposés à un risque social : maladie,
maternité, ...
- la redistribution verticale considère la hiérarchie des revenus et cherche à en réduire les inégalités.
Dans ce cadre, l’objectif de la redistribution est le resserrement de l’éventail des revenus et son
instrument privilégié est l’impôt progressif sur le revenu. L’impôt est progressif si le taux moyen
d’imposition croît plus vite que le revenu.
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consommation est assuré grâce à l’épargne constituée les années passées, on aura :
Y = C0 + cY + I avec c : la propension marginale à consommer
Après simplification : Y = (1/1- c)(C0 + I)
On peut en déduire qu’une variation quelconque de I entraîne une variation de Y comme suit :
∆ Y = (1/1-c) ∆I
Le coefficient Kf = (1/1-c) mesure le multiplicateur keynésien en économie fermée.
Remarque : en économie ouverte, l’effet multiplicateur est plus faible. A chaque vague d’effet, une partie
du revenu supplémentaire alimente la demande de produits étrangers et ne stimule pas le produit intérieur.
Introduction du budget de l’Etat
L’équation d’équilibre sera : Y = dépenses privées + dépenses publiques G
Y = C0 + cY – cT (impôts) + cF (transferts versés par l’Etat) + I + G
La formule devient alors : Y = (1/1-c) (C0 – cT + cF + I + G)
Ou encore Y = Kf (C0 – cT + cF + I + G)
Donc on peut mesurer l’effet multiplicateur des dépenses publiques G, des transferts publics F et des impôts
T
Le multiplicateur des dépenses publiques
∆ Y = Kf. ∆ G
Les achats supplémentaires de l’Etat augmentent directement la production ; cette production est
transformée en revenu dont une partie est consommée, et le processus multiplicateur de l’effet initial ∆ G se
trouve alors enclenché.
Le multiplicateur des transferts publics
∆ Y = Kf. c. ∆ F
Le multiplicateur est plus faible que celui des dépenses publiques. En effet, même si ∆ F = ∆ G, l’effet
initial est plus faible (c ∆ F, au lieu de ∆ G, avec c < 1)
Le multiplicateur des impôts
∆ Y = Kf. (-c). ∆ T
Les impôts agissent exactement de la même façon que les transferts, mais en sens inverse. La valeur absolue
du multiplicateur est donc la même que pour les transferts, mais son signe est inversé. Ainsi, par exemple,
une diminution des impôts de 100 milliards a pour effet initial une augmentation de la dépense de 80
milliards si on prend c = 0,8.
On peut en déduire que l’effet stimulant d’une baisse des impôts sur le PIB est inférieur à celui d’une
augmentation équivalente des dépenses publiques.
- politiques centrées sur l’offre : les économistes de l’offre critiquent le keynésianisme par la mauvaise
allocation des capacités productives au sein de l’économie qu’engendreraient les distorsions des
prélèvements obligatoires et des dépenses publiques. C’est pour cette raison ces économistes
soutiennent que la baisse des charges fiscales est l’instrument de la réduction des dépenses publiques
dont il devrait résulter une relance de l’investissement et de l’activité permettant à terme de combler
les déficits publics.
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A- Les comportements des agents économiques et l’évitement fiscal
De tout temps, l’efficacité de l’impôt est altérée par les comportements des agents économiques. Ces derniers
disposent en effet de la possibilité de reporter sur d’autres agents la charge d’un impôt en manipulant les
variables économiques qu’ils contrôlent. En conséquence, pour qu’il y ait une fiscalité efficace, l’impôt ne
doit pas être translaté. La translation signifie que ce n’est pas le redevable légal qui supporte l’impôt. Bien
évidemment, la capacité des contribuables à reporter la charge fiscale est aussi un obstacle à une politique
fiscale visant à améliorer le système d’incitations au sein de l’économie.
L’évitement fiscal est également une entrave à la politique fiscale. Deux comportements sont à distinguer à ce
niveau :
- la fraude fiscale : violation directe et volontaire de la loi fiscale pour se soustraire au paiement total ou
partiel de l’impôt.
- Evasion fiscale : fait de soustraire une matière imposable à l’application de la loi fiscale en général ou
d’un tarif d’impôt particulier, sans transgresser la lettre de la loi, en mettant systématiquement à profit
toutes les possibilités de minorer l’impôt ouvertes soit par ses règles soit par ses lacunes. Au plan
international, elle peut consister par exemple, pour une entreprise, à localiser tout ou partie de ses
profits imposables dans des paradis fiscaux par la pratique des prix de transferts.
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Cette relation suppose un effet de substitution (préférer le loisir quand le travail rapporte moins) supérieur à
l’effet revenu (travailler plus pour compenser l’impôt).
A coté de sa simplicité, la flat tax permet également d’éliminer les phénomènes de double taxation, comme
l’imposition des revenus du travail puis de l’épargne issue de ces revenus. De même, le revenu des entreprises
est taxé une seule fois, à un seul taux. Au total, on considère que tant que l’épargne et les investissements sont
exclus, on élimine bien le phénomène de double taxation.
Comme un tel système est plus simple, il réduit les problèmes de déclarations, facilite les paiements et rend
moins répandu l’évasion fiscale.
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L’impôt réel est celui qui frappe l’élément économique sans prendre en considération la situation personnelle
du contribuable, c’est le cas de la TVA. Par contre, l’impôt personnel est celui qui prend en compte la
situation économique, financière et sociale du contribuable, c’est le cas de l’IR et de l’IS pour ce qui est des
entreprises de petite dimension.
1- Le champ d’application
A côté des règles de territorialité, le champ d’application vise les personnes et/ou les opérations imposables.
Les personnes imposables sont celles qui sont recherchées par la loi en tant qu’assujetti. C’est le cas, à titre
d’exemple, des sociétés en ce qui concerne l’IS.
Les opérations imposables sont les événements ou actes qui sont soumis à l’impôt.
Les règles de territorialité précisent les limites spatiales dans lesquelles s’applique une législation fiscale
nationale.
2- L’assiette de l’impôt
Asseoir un impôt consiste à cerner la matière imposable et à fixer les règles d’évaluation correspondantes. La
base imposable peut être évaluée de différentes manières :
- l’évaluation réelle ou directe : elle est fondée sur une évaluation réelle de la matière imposable par le
contribuable ou le redevable lui-même. En contrepartie de ce pouvoir, l’administration se réserve le
droit de contrôle.
- L’évaluation approchée : cette méthode cherche à approcher la réalité de la situation économique
difficilement atteinte. Elle consiste à proposer au contribuable une imposition déjà fixée par
l’administration fiscale. Ceci est bien le cas du bénéfice forfaitaire de l’IR.
- L’évaluation indiciaire : cette méthode permet à l’administration de déterminer l’impôt à partir
d’éléments extérieurs et incontestables. C’est le cas de l’évaluation de la valeur locative des bâtiments
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et équipements en matière de taxe professionnelle, taxe d’habitation et taxe des services communaux.
La valeur locative peut être déterminée suivant le coût de revient de ces éléments ou encore par
procédé comparatif.
3- La liquidation de l’impôt
La liquidation est l’opération qui consiste en la détermination de la base d’imposition et l’application du tarif
fiscal convenable.
Cette opération s’effectue par le contribuable ou le redevable en matière d’impôt déclaratif et par
l’administration fiscale en matière d’impôt par voie de rôle.
5- Le recouvrement de l’impôt
C’est la dernière phase du cycle de vie de la technique fiscale. Il s’agit de l’opération qui consiste à payer
l’impôt dû au trésor public. On distingue :
- le paiement ordonnée par voie de rôle : dans ce cas, l’administration envoie au contribuable un avis
d’imposition pour lui demander de venir honorer son engagement fiscal. Ce cas concerne surtout l’IR
et la fiscalité des collectivités locales.
- Le paiement spontané sans émission de rôle : c’est le contribuable qui prépare sa déclaration fiscale
sans demande de la part de l’administration. Cette procédure de paiement concerne surtout l’IS et la
TVA.
- Le paiement par voie de retenue à la source : elle consiste à prélever le montant de l’impôt au
contribuable au moment du paiement de celui-ci. C’est la personne amenée à payer le contribuable
(employeur pour salaire, banque pour les intérêts, société pour les dividendes, ...) qui est chargée
d’effectuer ce prélèvement au profit de l’administration fiscale.