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Licence de Mathématiques Année universitaire 2018-2019
U.E. 2M261 Séries de fonctions et intégrales à paramètre
Exercice 11. L’équation de Weber . Soit k un nombre réel arbitraire. Montrer que l’équation différentielle
y 00 (x) − xy 0 (x) + ky(x) = 0
possède une solution φ : R → R qui est développable en série entière à l’origine avec rayon de convergence
infini, et qui satisfait φ(0) = 1 et φ0 (0) = 0.
X
Correction. Soit φ(x) = an xn une série entière de rayon de convergence r > 0. Pour x ∈] − R, R[,
n≥0
on peut dériver φ terme à terme et on a :
+∞
X +∞
X
xφ0 (x) = nan xn = nan xn
n=1 n=0
et
+∞
X +∞
X
φ00 (x) = n(n − 1)an xn−2 = (m + 2)(m + 1)am+2 xm .
n=2 m=0
Ces calculs étant faits, on peut affirmer que φ est solution de l’équation différentielle si, et seulement si,
+∞
X
[(n + 2)(n + 1)an+2 − nan + kan ] xn = 0.
n=0
Par unicité du développement en série entière de la fonction nulle, ceci équivaut à
∀n ∈ N, (n + 2)(n + 1)an+2 − (n − k)an = 0. (1)
0
On suppose φ (0) = 0 donc a1 = 0. On montre alors par récurrence, grâce à la relation (1), que
∀n ∈ N, a2n+1 = 0.
Ainsi,la série entière s’écrit :
+∞
X
∀x ∈] − R, R[, φ(x) = a2n x2n .
n=0
Montrons que cette série entière a bien un rayon de convergence strictement positif.
— Premier cas : on suppose k 6∈ 2N. Alors, comme a0 = φ(0) = 1, grâce à la relation de récurrence
(1), on peut montrer que a2n 6= 0 pour tout n ∈ N. Pour déterminer le rayon de convergence de φ,
on ne peut pas appliquer directement la règle de d’Alembert pour les séries entières (puisque les
coefficients devant les puissances impaires de x sont nuls). On peut en revanche, à x 6= 0 X
fixé, tenter
d’appliquer la règle de d’Alembert pour étudier la convergence de la série numérique a2n x2n .
n≥0
D’après la relation (1),
a 2(n+1)
2(n+1) x 2 a2n+2
2
2n − k
= |x| = |x| −−−−−→ 0
a2n x2n a2n (2n + 2)(2n + 1) n→+∞
X
donc la série a2n x2n converge, pour tout x ∈ R. Le rayon de convergence de φ est donc +∞.
n≥0
1
— Second cas : k = 2` avec ` ∈ N. Dans ce cas, on montre par récurrence que a2n 6= 0 pour n ∈ J0, `K
et
2` − k
a2`+2 = a2` = 0
(2` + 2)(2` + 1)
puis, ∀n > `, a2n = 0. Ainsi, pour tout x ∈] − R, R[,
`
X
φ(x) = a2n x2n
n=0
donc φ est un polynôme de degré k = 2`, donc le rayon de convergence est égal à +∞.
Remarque : on peut, bien que ce ne soit pas demandé dans l’énoncé, exprimer explicitement an en
fonction de n. On utilise à plusieurs reprises la relation (1), pour n ∈ N,
2n − 2 − k
a2n = a2n−2
2n(2n − 1)
2n − 2 − k 2n − 4 − k
= × a2n−4
2n(2n − 1) (2n − 2)(2n − 3)
= ...
2n − 2 − k 2n − 4 − k 2−k
= × × ··· × a2
2n(2n − 1) (2n − 2)(2n − 3) 4×3
2n − 2 − k 2n − 4 − k 2−k −k
= × × ··· × × a0
2n(2n − 1) (2n − 2)(2n − 3) 4×3 2×1
n
1 Y
= (2i − 2 − k).
(2n)!
i=1
Ceci n’est pas totalement rigoureux et on devrait donc montrer par récurrence que a2n est bien égal à
l’expression trouvée.
Exercice 12. L’équation de Legendre. Soit λ ∈ C. On considère l’équation différentielle
2
(b) On suppose ` impair. Montrer que (2) possède une solution polynomiale ϕ telle que ϕ(0) = 0
et ϕ0 (0) = 1.
Correction. 1. Pour x ∈] − R, R[, on peut dériver ϕ terme à terme et on a :
+∞
X +∞
X
xφ0 (x) = nan xn = nan xn ,
n=1 n=0
+∞
X +∞
X
φ00 (x) = n(n − 1)an xn−2 = (m + 2)(m + 1)am+2 xm
n=2 m=0
et
+∞
X +∞
X
x2 φ00 (x) = n(n − 1)an xn = n(n − 1)an xn .
n=2 n=0
Ces calculs étant faits, on peut affirmer que ϕ est solution de l’équation différentielle si, et seulement
si,
X+∞
[(n + 2)(n + 1)an+2 − n(n − 1)an − 2nan + λan ] xn = 0.
n=0
Par unicité du développement en série entière de la fonction nulle, ceci équivaut à
n(n + 1) − λ
∀n ∈ N, an+2 = an . (3)
(n + 2)(n + 1)
2. Comme a1 = ϕ0 (0) = 0, la relation (3) permet de montrer par récurrence que a2n+1 = 0 pour tout
n ∈ N. De plus, comme λ 6∈ N, on peut montrer par récurrence que a2n 6= 0 pour tout nX ∈ N. Pour
x 6= 0 fixé, on peut donc tenter d’appliquer la règle de d’Alembert à la série numérique a2n x2n .
n≥0
D’après la relation (3),
a 2(n+1)
2(n+1) x 2 a2n+2 2n(2n + 1) − λ
−−−−→ |x|2
= |x| a2n = (2n + 2)(2n + 1) −
a2n x2n
n→+∞
X
donc la série numérique a2n x2n converge pour |x| < 1 et diverge pour |x| > 1, c’est-à-dire que
n≥0
le rayon de convergence de ϕ est égal à 1.
3. (a) Comme a1 = 0, on a toujours a2n+1 = 0 pour tout n ∈ N. De plus, (3) s’écrit désormais
n(n + 1) − `(` + 1)
an+2 = an
(n + 2)(n + 1)
donc a`+2 = 0 et les termes pairs suivants (a`+4 , a`+6 , . . . ) sont tous nuls. On peut également
montrer par récurrence que a2n est non nul pour n ∈ J0, `/2K donc
`
X
ϕ(x) = an xn
n=0
3
(b) De même, comme a0 = 0, a2n = 0 pour tout n ∈ N. De plus, a`+2 = a`+4 = · · · = 0 et tous
les termes d’indice impair supérieur à ` + 2 sont nuls.
Exercice 13. L’équation hypergéométrique. Soient α, β, γ des nombres complexes. En supposant que γ
n’est pas un entier négatif, on introduit l’équation différentielle, dite hypergéométrique,
(n + α)(n + β)
an+1 = an .
(n + 1)(n + γ)
X
2. Montrer que l’équation (4) possède une solution S(z) = an z n de rayon de convergence ρ > 0 et
n≥0
satisfaisant S(0) = 1. Ensuite, déterminer précisément ρ. Cette solution est connue sous le nom de
série hypergéométrique et est notée F (α, β, γ, z).
3. Pour comprendre l’importance de la série hypergéométrique F (α, β, γ, z), montrer les identités
suivantes :
ν 1 1
(a) Soient ν ∈ R et |z| < 1. Montrer que (1 − z) = F −ν, , , z .
2 2
(b) Soit x ∈] − 1, 1[. Montrer que − ln(1 − x) = xF (1, 1, 2, x).
c 1
(c) Pour tout c ∈ C, on a e = lim F 1, , 1, λc .
λ→0 λ
Correction. 1. Pour |z| < ρ, on peut dériver S terme et termer et on a :
+∞
X +∞
X
S 0 (z) = nan z n−1 = (m + 1)am+1 z m ,
n=1 m=0
+∞
X +∞
X
0 n
zS (z) = nan z = nan z n ,
n=1 n=0
+∞
X +∞
X +∞
X
zS 00 (z) = n(n − 1)an z n−1 = (m + 1)mam+1 z m = (m + 1)mam+1 z m
n=2 m=1 m=0
et
+∞
X +∞
X
z 2 S 00 (z) = n(n − 1)an z n = n(n − 1)an z n .
n=2 n=0
Ces calculs étant faits, on peut affirmer que S est solution de l’équation (4) si, et seulement si,
+∞
X
[(n + 1)nan+1 − n(n − 1)an + γ(n + 1)an+1 − (α + β + 1)nan − αβan ] z n = 0.
n=0
4
Par unicité du développement en série entière de la fonction nulle, ceci équivaut à
n(n − 1) + (α + β + 1)n + αβ
∀n ∈ N, an+1 = an ,
n(n + 1) + γ(n + 1)
soit
(n + α)(n + β)
∀n ∈ N, an+1 = an . (5)
(n + 1)(n + γ)
2. Comme γ 6∈ Z− ,Xon peut définir une suite (an )n∈N par a0 = 1 et la relation (5). La série entière
associée S(z) = an z n vérifie alors S(0) et est solution de l’équation différentielle sur le domaine
n≥0
ouvert de convergence. Son rayon de convergence est donné par la règle de d’Alembert puisque
an+1
an −
−−−−→ 1,
n→+∞
ce qui implique ρ = 1.
3. (a) On écrit
+∞
1 1 X
F (−ν, , , z) = an z n .
2 2
n=0
5
Après simplification et comme a0 = 1, il reste
1
∀n ∈ N, an = .
n+1
Ainsi, pour tout |z| < 1,
+∞ n+1
X x
xF (z) = .
n+1
n=0
On en déduit que
+∞ +∞
X " n−1 # +∞ n n−1
" #
1 n
X 1 Y 1 n
X c Y
F 1, , 1, λc = an (λc) = k+ (λc) = (λk + 1) .
λ n! λ n!
n=0 n=0 k=0 n=0 k=0
X
On souhaite donc passer à la limite λ → 0 dans la somme G(λ) de la série de fonctions fn
n≥0
où
n−1
cn Y
∀n ∈ N, fn (λ) = (λk + 1).
n!
k=0
On a :
cn
∀n ∈ N, fn (λ) −−−→
.
λ→0 n!
6
X
requiert la convergence uniforme de la série fn dans un voisinage de 0. On choisit ici
n≥0
1 1
de montrer la convergence normale sur − , (ce choix d’intervalle permet que le
2|c| 2|c|
raisonnement qui suit aboutisse ; il n’est pas arbitraire). On observe que, pour n ∈ N,
1 1 |c| 1 n + 2|c|
∀λ ∈ − , , |fn+1 (λ)| = |λn + 1| × |fn (λ)| ≤ |fn (λ)|.
2|c| 2|c| n+1 2 n+1
1 n + 2|c|
∀n ≥ 1, kfn k∞,h− 1
, 1
i ≤ kfn−1 k∞,h− 1 , 1 i .
2|c| 2|c| 2 n+1 2|c| 2|c|
1 n + 2|c| 1
Or, comme −−−−−→ , il existe N ∈ N tel que
2 n + 1 n→+∞ 2
1 n + 2|c| 2
∀n ≥ N, ≤ .
2 n+1 3
(on a choisi l’intervalle de convergence normale dans l’unique but de pouvoir avoir une majo-
ration de ce type (avec un réel strictement plus petit que 1 à droite. . .))
Alors,
2
∀n > N, kfn k∞,h− 1 , 1 i ≤ kfn−1 k∞,h− 1 , 1 i .
2|c| 2|c| 3 2|c| 2|c|
On en déduit que
n−N
2
∀n ≥ N, kfn k∞, − 1 , 1 ≤
h i kfN k∞,h− 1 , 1 i
2|c| 2|c| 3 2|c| 2|c|
et donc
+∞ +∞ n
X X 2
kfn k∞, − 1 , 1 ≤ kfN k∞, − 1 , 1
h i h i < +∞
2|c| 2|c| 2|c| 2|c| 3
n=N n=N
X 1 1
ce qui veut dire que la série fn converge normalement sur − , . On peut donc
2|c| 2|c|
n≥0
écrire +∞ +∞ X +∞ n
1 X X c
lim F 1, , 1, λc = lim fn (λ) = lim fn (λ) = = ec .
λ→0 λ λ→0 λ→0 n!
n=0 n=0 n=0
Exercice 14. Séries de Bessel . On souhaite étudier les solutions des équations différentielles ordinaires,
dites de Bessel,
x2 y 00 (x) + xy 0 (x) + (x2 − α2 )y(x) = 0. (Bα )
1. Montrer que l’équation différentielle B0 possède une solution J : R → R qui est développable en
série entière à l’origine avec rayon de convergence infini, et qui satisfait J(0) = 1 et J 0 (0) = 0.
d d2 d
Indication : Vous pouvez utiliser que si D = x , alors x2 2 + x = D2 .
dx dx dx
2. On souhaite maintenant généraliser la question précédente. Soit α un réel qui n’est pas un entier
négatif. Montrer que l’équation différentielle Bα possède une solution de la forme xα φ(x), où φ est
développable en série entière à l’origine avec rayon de convergence infini et satisfait φ(0) = 1 et
φ0 (0) = 0.
Indication : Déterminer d’abord l’équation différentielle que φ doit satisfaire.
7
Correction. 1. On n’utilisera pas l’indication, qui n’est qu’une manière un peu
X plus abstraite de
procéder aux petits calculs ci-dessous. On cherche une série entière J(x) = an xn solution de
n≥0
l’équation
x2 y 00 (x) + xy 0 (x) + x2 y(x) = 0. (B0 )
On suppose que le rayon de convergence R de J est strictement positif. Alors, pour tout x ∈]−R, R[,
+∞
X +∞
X
2 n+2
x J(x) = an x = am−2 xm ,
n=0 m=2
∞
X
0
xJ (x) = nan xn
n=1
et
+∞
X
2 00
x J (x) = n(n − 1)an xn
n=2
donc
xy 0 (x) = αxα φ(x) + xα+1 φ0 (x)
et
y 00 (x) = α(α − 1)xα−2 φ(x) + 2αxα−1 φ0 (x) + xα φ00 (x)
8
d’où
x2 y 00 (x) = α(α − 1)xα φ(x) + 2αxα+1 φ0 (x) + xα+2 φ00 (x).
L’équation (Bα ) s’écrit alors
xα x2 φ00 (x) + (2α + 1)xφ0 (x) + x2 φ(x) = 0.
Ceci équivaut à
x2 φ00 (x) + (2α + 1)xφ0 (x) + x2 φ(x) = 0. (6)
X
Écrivons φ(x) = an xn de sorte qu’en supposant le rayon de convergence R de φ strictement
n≥0
positif, on ait, pour x ∈] − R, R[,
+∞
X +∞
X
x2 φ(x) = an xn+2 = am−2 xm ,
n=0 m=2
+∞
X
0
xφ (x) = nan xn
n=1
et
+∞
X
2 00
x φ (x) = n(n − 1)an xn .
n=2
Alors, φ est solution de (6) si, et seulement si,
+∞
X
(2α + 1)a1 x + [n(n − 1)an + (2α + 1)nan + an−2 ] = 0.
n=2
X
donc la série numérique a2n x2n converge pour tout x ∈ R, ce qui veut dire que le rayon de
n≥0
convergence de φ est infini.
9
Exercice 15. Échec de la méthode des coefficients à déterminer . On considère le système différentiel :
2 00
x y (x) + (3x − 1)y 0 (x) + y(x) = 0
y(0) = 1
0
y (0) = 1
Est-il possible de trouver une solution développable en série entière φ ayant un rayon de convergence
strictement positif ?
X
Correction. Soit φ(x) = an xn une solution du problème différentiel considéré. On suppose par
n≥0
l’absurde que φ a un rayon de convergence R > 0. Alors, pour tout x ∈] − R, R[, on peut dériver φ terme
à terme et obtenir, comme dans les exercices précédents, que φ est solution du problème différentiel si,
et seulement si, a0 = 1, a1 = 1 et
+∞
X
[n(n − 1)an + 3nan − (n + 1)an+1 + an ] = 0.
n=0
Par unicité du développement en série entière, cette dernière égalité est équivalente à
∀n ∈ N, an+1 = (n + 1)an .
10