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Master en Architecture et Développement Durable Cours de mise à niveau

Isolation acoustique

1. Rappel physique

Niveau de pression acoustique (L) :

p0 = 2 . 10-5 [Pa] = pression acoustique correspondant au seuil


d'audibilité

Figure 1.22 : Pression acoustique (en micro-pascal) et niveau sonore


(Source Brüel & Kjaer).

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Section 1 d) : Isolation acoustique © Jean-Bernard Gay, 2001
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2. Acoustique statistique

Les règles d'acoustique géométrique et d'acoustique ondulatoire,


vues en 1ère année, ne suffisent pas à elles seules à garantir la
qualité acoustique d'un espace. Il convient encore de se
préoccuper de la manière selon laquelle le son s'établit (à
l'enclenchement de la source sonore) et meurt (après l'arrêt de
l'émission).

Réflexion et absorption d'un son

Si l'on enclenche une source sonore dans un local fermé, le son


va se propager dans l'espace (son direct) pour atteindre très
rapidement (quelques ms) les parois du local. L'onde sonore y
sera en partie réfléchie, en partie absorbée ou transmise.

Iabs = Iinc . αs

L'absorption αs dépend du type de matériau, elle varie fortement


en fonction de la fréquence comme le montre la figure 1.23.

La puissance sonore absorbée est proportionnelle à l'intensité


sonore incidente normale au réflecteur ainsi qu'à son coefficient
d'absorption.

Pabsorbée = I⊥ . αs . S = I⊥ . A

avec A = αs . S = surface équivalente d'absorption du réflecteur


[m2].

On peut montrer que :

Iisotrope
I⊥ = = Istat
4 4

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a) Matelas poreux : bonne absorption des sons aigus, mais


faible absorption des graves.

b) Matelas poreux recouvert d'un panneau perforé : le panneau


perforé (perforations > 10% de la surface) améliore
l'absorption des basses mais atténue, en revanche, celle des
sons aigus.

c) Matelas poreux rainuré : absorption assez régulière


jusqu'aux basses fréquences.

d) Panneaux souple pouvant osciller : absorption sélective des


basses fréquences.

e) Résonateur : les résonateurs sont des absorbants très


sélectifs en fréquence.

Figure 1.23 : Caractéristiques d'absorption de divers types


d'absorbeurs.

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Etablissement d'un son

A l'onde directe, émise par la source, vont se superposer toutes


les ondes réfléchies. L'intensité sonore, dans la salle, va donc
augmenter jusqu'à atteindre une valeur stationnaire (Istat) pour
laquelle la puissance absorbée (à une fréquence donnée) est
égale à la puissance émise par la source (à la même fréquence).

Figure 1.24 : Variation de l'intensité après enclenchement de la


source.

On aura : P = I⊥ . A = 1 Istat . A
4

d'où : Istat = 4P
A

et : Lstat = 10 log = 10 log

A est la surface équivalente d'absorption de la salle.

Temps de réverbération

Lorsque le niveau sonore a atteint sa valeur stationnaire, le


volume de la salle est empli des ondes sonores directes et
réfléchies. Il contient de ce fait une énergie sonore W
proportionnelle au volume :

W = 1 . Istat . V [J]
c

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Après coupure de l'émission sonore, cette énergie va se dissiper,


par absorption. Cette absorption étant proportionnelle à l'intensité
sonore, celle-ci va décroître exponentiellement :

- Ac . t
4V
I(t) = Istat . e
( )

d'où L(t) = 10 log = Lstat - 10 log e A ⋅ C t


4V

Figure 1.25 : Après coupure du son, l'intensité décroît


exponentiellement et le niveau sonore linéairement.

On appelle temps de réverbération le temps nécessaire à une


décroissance de 60 dB du niveau sonore.

T = 0.163 V [s]
A

C'est la formule de Sabine.

La mesure de T peut se faire à l'aide d'un sonomètre branché sur


un enregistreur, par coupure d'un bruit continu intense ou en
utilisant le bruit d'une détonation. L'utilisation d'un filtre d'octave
permet de déterminer la variation de T en fonction de la
fréquence.

Choix du temps de réverbération

Pour obtenir, à puissance de source constante, un haut niveau


sonore, il faut limiter la surface équivalente d'absorption.
puisque : Lstat = 10 log

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Mais à une faible valeur de A correspond une valeur élevée du


temps de réverbération

puisque : T = 0.163 V
A

Cela peut avoir un effet négatif sur l'intelligibilité, celle-ci


décroissant rapidement lorsque le temps de réverbération
dépasse 2 secondes.

Figure 1.26 :

Un temps de réverbération
de l'ordre de la seconde
conduit à une intelligibilité
optimale.

Les basses fréquences étant plus difficiles à amortir, le temps de


réverbération a tendance de croître lorsque la fréquence diminue.
Cette situation, fréquente dans des salles de sport ou
polyvalentes, conduit à un son caverneux et à mauvaise
intelligibilité.

Temps de réverbération de référence

La normalisation des niveaux de pression acoustique dans les


locaux nécessite la définition d'un temps de réverbération de
référence. La norme SIA 181 définit ce temps en fonction du
volume du local :

To = 0.5 [s] V < 100 [m3]


To = V [s] 100 < V < 2500 [m3]
400
To = 2.5 [s] V > 2500 [m3]

Ce temps de réverbération de référence ne répond


qu'occasionnellement aux critères d'intelligibilité.
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3. Isolation acoustique

L'isolation phonique des locaux entre eux, ou vis-à-vis des bruits


aériens extérieurs, est un des problèmes acoustiques les plus
importants et les plus complexes.

Types de bruits

Il conviendra de se protéger :

a) Des bruits aériens extérieurs

Figure 1.27 : Principaux cheminements des nuisances sonores


extérieures.

b) Des bruits aériens intérieurs

1. Mur mitoyen
2. Mur, plafond ou plancher
communs
3. Murs opposés (voies non
négligeables lorsqu'il s'agit
de très bien isoler)
4. Toutes canalisations
communes.

Figure 1.28 :

Principaux cheminements des


bruits aériens intérieurs.

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c) Des bruits de chocs intérieurs

1. Plancher
2. Murs
3. Murs et planches
intérieurs
4. Tout conduit ou
canalisation traversante

Figure 1.29 :

Principaux cheminements des


bruits de chocs intérieurs.

d) Des bruits dus aux installations techniques du bâtiment

Figure 1.30 : Sources de bruits pouvant résulter des installations


techniques du bâtiment.
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Isolation aux sons aériens

L'isolation acoustique d'un élément de construction, vis-à-vis des


sons aériens, dépend de sa masse et de la fréquence du son.
Elle obéit, en première approximation, à deux lois très simples.

i) Loi de masse (loi de Berger)

L'isolation acoustique, offerte par un élément de construction,


augmente de 6 dB pour chaque doublement de sa masse
surfacique.

Figure 1.31 : Variations par rapport à la loi de masse, selon le type


de matériau.
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ii) Loi de la fréquence

L'isolation acoustique, offerte par un élément de construction


augmente de 6 dB pour chaque doublement de la fréquence.

Le problème de l'isolation phonique n'est pas si compliqué, pour


autant qu'il soit étudié dès le stade du projet, c'est-à-dire dès le
plan masse. Rattraper des erreurs par la suite est parfois
possible mais toujours complexe et coûteux. Il faut donc :

a) Lors de la planification

• Déterminer la sensibilité au bruit des différents locaux


• Evaluer les nuisances sonores :
− extérieures (trafic, industrie, autre...)
− intérieures (niveau sonore attendu dans les locaux,
bruits de chocs, bruits dus aux installations...)
• En déduire les niveaux d'exigences.

b) Lors de l'étude de la réalisation

• Tenir compte des critères acoustiques lors du choix de


l'implantation et de l'orientation du bâtiment.

• Organiser le plan et la coupe en regroupant les zones


calmes et bruyantes :
− éloigner les chambres des circulations et ascenseurs,
− éviter les longues canalisations horizontales,
− grouper les descentes dans des gaines à l'écart des
zones de repos.

• Choisir convenablement les éléments constructifs :


− fenêtres, portes, caissons de stores...
− éléments de façades
− séparations intérieures

• Choisir avec soin les installations techniques en considérant :


− leur niveau sonore
− leur localisation
− leurs exigences et mode d'installation
− les gaines techniques qu'elles nécessitent.
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