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NOM 

: AMENGUELE NYIMI

PRENOM : HERVE MARIUS B.

NIVEAU : LIII Philosophie

UEPHI311 : EPISTEMOLOGIE

Sujet de réflexion : Les méthodologies inductivistes et falsificationnistes peuvent-elles


permettre aux chercheurs de révolutionner le savoir scientifique de son temps ?

La question de la connaissance scientifique fait l’objet d’un problème sempiternel au sein des
grandes matrices doctrinales, ainsi que la grande communauté des philosophes, physiciens,
épistémologues, penseurs et hommes de sciences des périodes Modernes et Contemporaine, qui se
sont investis à apporter des éclaircis sur le fondement de celle-ci. D’aucuns pensent que la science/la
connaissance scientifique procède du réel à l’esprit. Autrement dit, le savoir de type scientifique est
une expression du réel, en ce sens où c’est de ce réel que nous provient la pleine connaissance exacte
et certaine. D’autres par contre ne partagent pas totalement ce point de vue, dans la mesure où la
connaissance scientifique procède de l’esprit pour le réel. Mieux encore, le savoir de type
scientifique est une élaboration/construction spirituelle permanente. A ce titre, dire que Les
méthodologies inductivistes et falsificationnistes peuvent-elles permettre aux chercheurs de
révolutionner le savoir scientifique de son temps ? De cette interrogation qui précède, et qui laisse
sous-tendre un caractère ambigu, découle une difficulté fondamentale, celle du fondement ou de
l’origine du savoir de type scientifique. Dès lors, est-on en droit d’admettre que l’entreprise
scientifique se réduit à son seul  critère expérientiel? Autrement dit, peut-on affirmer sans ambages
que la science ne se développe nécessairement que sous le prisme de l’assise observationnelle et la
vérification ? Si oui, cette vision des choses ne regorgerait-elle pas en elle-même des limites, surtout
lorsque nous savons avec Gaston Bachelard que « La connaissance du réel est une lumière qui
projette toujours quelque part des ombres  » ? Face à cet état des choses, quel serait donc le véritable
fondement de la connaissance scientifique ?

La science/ la connaissance scientifique, s’effectue autour d’une observation. C’est dire que
la savant ne se contente que d’exprimer et de décrypter le réel tel qu’il se trouve fa ce à lui. Cette
vision de la science s’inscrit donc dans la logique de l’épistémologie fondationnaliste, pour qui le
savoir de type scientifique s’inscrit sur un critère déterminé et arrêté. Ceci est beaucoup plus
explicite dans nos expériences quotidiennes, où l’homme d’écrit les essences phénoménales par le
biais de la simple observation. Tel est le point de vue des thèses du Réalisme scientifique jadis

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inaugurée par Démocrite dans l’Antiquité grecque, où le savoir de type scientifique se réduit à la
réalité empirique. Dans la philosophie démocritéenne, la mécanique quantique, la physique
newtonienne, la science/la connaissance de type scientifique reposerait essentiellement sur l’assise
observationnelle, considérée comme la seule voie pouvant mener à la connaissance vraie. Pour les
atomistes réalistes tels que Démocrite et son maître Leucippe, le monde et la nature nous libère de
toute crainte et nous confère un savoir véritable. Ceci va donc conduire à l’exclusion de la théorie du
hasard dans le processus de la connaissance, car, comme le souligne d’ailleurs Leucippe : « Rien
n’arrive sans cause, tout a une base et obéit à une nécessité ». C’est dire donc que dans le processus
de la connaissance, le sujet de se contente que d’observer, de décrire et d’exprimer le réel tel qu’il se
présente à lui. Autrement dit, pour connaître, le sujet se base sur le réel palpable. Raison pour
laquelle nous pouvons comprendre ces propos de Ludwig Wittgenstein lors qu’il précise que « Ce
dont on ne peut parler il faut le taire », et lorsque qu’Isaac Newton écrit : « Je ne forge pas
d’hypothèses ». Face à cet état des choses, le savoir de type scientifique reposerait donc
essentiellement sur l’observable.

En plus, nous notons aussi l’omniprésence de l’expérimentation dans les théories


scientifiques. En effet, selon les réalistes déterministes tels que Louis de Broglie, Max Planck,
Einstein ; les membres du cercle de Vienne tels que Carnap, Moritz Schlick, Waismann ; les
empiristes logiques tels que John Locke et David Hume, la science n’est véritablement science que si
et seulement si elle émane du domaine de l’expérimentation. Pour les membres du cercle de Vienne,
qui n’est pas observable et vérifiable ne peut faire l’objet d’une connaissance. C’est ainsi que le
Positivisme de cercle de Vienne a pour base l’assise observationnelle, pour méthode l’induction et
pour dessein épistémologique l’élimination de la métaphysique. Cette élimination de la
métaphysique va s’accentuer à travers l’empirisme logique qui va développer la théorie du langage
qui doit être en adéquation avec la réalité : c’est le principe d’isomorphisme ou parallélisme logico-
physique. Raison pour laquelle dans son étude intitulée Essai sur l’entendement humain, John Locke
écrit à la page 7 : « Celui qui se sert d’un mot sans lui donner un sens clair et déterminé ne fait rien
d’autre que se tromper lui-même et induire les autres en erreur, et quiconque use des propos
délibérés doit être regardé comme un ennemi de la vérité ». Toutes ces illustrations démontrent à
suffisance que c’est par le réel empirique que le sujet parvient à la connaissance. Autrement dit la
science/la connaissance scientifique procède du réel pour l’esprit. Ainsi, l’induction (humien) et le
falsificationnisme (surtout « naïf » de Popper pour reprendre l’heureuse formule de Paul Karl
Feyerabend) ont eu à développer la science de leur temps. Mais alors, cette conception de la science
ne regorgerait elle pas aussi quelques insuffisances?

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La conception selon laquelle la science/le savoir de type scientifique ne se limite qu’à la seule
assise observationnelle semble ne pas être partagée par tous. L’enjeu ici c’est de montrer que la
connaissance scientifique est essentiellement rectificative et qu’elle ne repose pas sur une base
rocheuse, pour reprendre l’heureuse formule de Karl Raimund Popper : nous sommes donc au cœur
de l’épistémologie anti-fondationnaliste. A ce titre, la connaissance scientifique est le fruit d’une
construction permanente, c’est-à-dire que le sujet est actif dans le processus de la connaissance. Ceci
peut s’illustrer à travers l’allégorie des cygnes illustrée par Karl Popper (constructiviste cette fois) ,
où l’épistémologue d’origine autrichienne démontre les limites de l’induction. Nous notons aussi la
théorie einsteinienne de la relativité qui démontre que les mêmes causes réunies dans les mêmes
conditions ne produisent pas toujours les mêmes effets. C’est d’ailleurs dans cette logique que
Gaston Bachelard, dans La formation de l’esprit scientifique a écrit : « En science, il n’y a pas de
vérités premières il n’y a que des erreurs premières ». Ce qui constitue donc une critique acerbe vis-
à-vis du réalisme classique, dans la mesure où la science/la connaissance scientifique n’est pas figée,
mais plutôt dynamique et évolutive. Car, dans l’épistémologie contemporaine : « Rien ne va de soi.
Rien n’est donné. Tout est construit », pour reprendre la rédemptrice et salvatrice formule de Gaston
Bachelard.

Bien plus, l’omniprésence des instruments en science démontre le caractère complexe du réel.
Ce qui revient donc à dire que le réel est voilé et même invisible. D’où le mérite de Démocrite
d’avoir fondé la théorie de l’atomisme. C’est dire que la connaissance scientifique ne saurait reposer
essentiellement sur l’observation naïve, car, les atomes existent et déterminent l’activité scientifique.
La réalité moléculaire est donc si claire qu’on ne saurait fonder le réel sur le macroscopique. Si la
science procède de l’esprit pour le réel, cela revient à dire que l’invisible est ce qui caractérise
l’entreprise scientifique. Par conséquent, la conception de la science comme expression du réel
s’avère être limitée. C’est dans cette logique que s’inscrit Jean Perrin, dans Les atomes, soutient
l’idée selon laquelle la science consiste à expliquer « du visible compliqué par de l’invisible
simple ». Cette vision des choses peut aussi s’expliquer à travers le paradoxe EPR pour qui le réel est
voilé. Aussi, selon les partisans de la virtualité tels que Niels Bohr, Heisenberg sans oublier l’école
de Copenhague, le réel n’est pas pleinement accessible. Raison pour laquelle Bernard D’Espagnat a
pu parler du réel voilé et Edgar Morin, la complexité du réel. Nous pouvons donc dire, à la suite de
ce qui précède non seulement la science se présente comme une construction/rectification
permanente, mais aussi, selon Jean Perrin, l’épistémologie contemporaine et même les partisans de la
virtualité de l’école de Copenhague autour de Niels Bohr, Heisenberg pour qui le réel n’est pas
pleinement accessible, la science/la connaissance de type scientifique obéit à un processus unique :

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elle passe par l’esprit du sujet épistémique pour pouvoir construire le réel. Autrement dit, il n’y a de
science et de connaissance scientifique que par le biais de l’esprit du chercheur. Cependant, bien au-
delà de tout ce qui précède, quel serait donc le véritable fondement du savoir de type scientifique ?

Rendu à un tel niveau de notre réflexion, nous avons, dans une première analyse, montré la
validité et la pertinence épistémologique des méthodologies inductivistes et falsificationnistes, pour
qui la science repose essentiellement sur l’observation, la vérification et l’expérimentation. Ensuite,
il a été démontré que ce point de vue semble ne pas être partagé par tous, dans la mesure où selon les
partisans des virtualités, les constructivistes, la connaissance scientifique est le produit d’une
rectification/élaboration permanente. Si tant est dit, nous pensons néanmoins avec l’épistémologue
anglais d’origine autrichienne Karl Raimund Popper, que la véritable connaissance émane du
falsificationnisme : réfutabilité et falsifiabilité définissent la scientificité d’une théorie. Ce qui revient
donc à préciser qu’il ne faut pas assigner des frontières aux mécanismes qui nous permettent de
parvenir à la connaissance (la science), et qu’il faut dire non à l’autoritarisme épistémologique, car :
« Nous ne savons pas, nous ne pouvons que conjecturer 1 ». En fin de compte, non seulement la
science se doit d’évoluer par conjectures et réfutations, mais aussi et surtout, le savant est toujours
celui-là qui doit se dire « demain je saurai », pour reprendre l’heureuse formule de Gaston
Bachelard. Ainsi, nul ne détient le monopole de la connaissance. Et comme le précise si bien Karl
Popper : «  Méfiez-vous des faux prophètes », et non aux Protagoras contemporains. Dans la même
logique Paul Karl Feyerabend, dans Contre la méthode souligne à juste titre que « Toutes les
méthodologies ont leurs limites, et la seule « règle » qui survit, c’est : « Tout est bon ». Il renchérit
en disant : « L’idée que la science peut, et doit être organisée selon les lois fixes et universelles est à
la fois utopique et pernicieuse ». A partir de là se dessine un refus inconditionnel de toute forme
d’autoritarisme épistémologique et le déterminisme. Seul le dialogue et l’ouverture permettront de
corriger nos erreurs. D’où la nécessité de procéder à une démarcation de ce qui est science et de ce
qui est non-science. La métaphysique n’est pas une science, mais certaines idées métaphysiques
peuvent être utiles pour le progrès de la science, comme les êtres mathématiques.

Au demeurant, il a été question pour nous de tabler sur le problème du fondement ou de


l’origine du savoir de type scientifique. Pour y parvenir, nous avons débuté notre analyse en
soutenant l’idée selon laquelle les méthodologies inductivistes et falsificationnistes ont permis
l’éclosion de la science classique, en fondant la connaissance scientifique sous le seul critère
expérientiel. Ensuite, nous avons montré les limites de cette conception scientifique, à travers
l’épistémologie anti-fondationnaliste et constructiviste, où le savoir scientifique se présente comme
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Karl Popper, Logique de la découverte scientifique

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une rectification permanente. Suite à toutes ces considérations épistémologiques, nous sommes
aboutis à la conclusion selon laquelle, la connaissance scientifique, se doit d’être faillibiliste. Aussi,
seul le dialogue permet de corriger nos erreurs.

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