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LES DIALECTES
INDO-EUROPÉENS
NOll\'fOII (irage
GI'ec ulle inrroduc,;otl lIoll\'elle el des addiriolls
I~RN ?R~?03_n4 .5
AVANT-PROPOS DE LA REr~PREssrON j
de manière durable, une influence dominante sur les autres. occupent enll'e le type latin et germaniqu.e, d'une part, le
Dès lors , des lignes d'isoglosses ont dû se croiser en tous type grec et indo-iranien, de l'autre, une situation intermé-
sens à travers le domaine indo-europeen, et il n 'y a même diaire.
pas lieu de s'attendre à trouver des raisceaux de lignes non Faule d'avoir, pour la plus grande part du domaine indo-
exactement concordantes, mais voisines les unes des autres, européen, des données assez anciennes, on se représente
tels qu'on en observe, par exemple, enlre la France du Sud, lïndo-europépn com mun sous une rorme aussi voisine que
restée plus proche du .latin , et la France du Nord, très aber- possible du grec et de J'indo-iranien. Il y a là une part d'illu-
rante par rapport au latin ancien, sion , La découverte du " tokharien If a montré, par exemple,
..•
que les désinences verbales en -r n'étaient pas propres à
ritalo-celtique ; or, ces désinences trouvent mal leur place
d"lls~e système' tel qu'on se le représente d 'après le grec et
Il est malheureusement difficile de se former une idée juste
l'in do-iranien. Des nominatifs masculins sans désinence,
de tous les anciens dialectes indo-européens. Pour le groupe
comme v. lat. qutri, osq. pu-i, ombr. po-i, sont sûrement
tout à fait occidental, que représentent le germanique et
l'italo-celtique , on n'a pas de textes vraiment archaïques. Si
anciens; Les types de subjonctifs en -do, tels que v. irl. ma en
race de bt1laim ou v. lat. ad-llmal en race de ~n-io, ne peuvent
l'on avait, dans ce groupe, l'équivalent de ce que sont les
résuller de développements nouveaux en ilalo-celtique ;. le
Védas ou les g:1thàs de l'Avesta pour l'indo.iranien et Homère
procédé a un aspect profondément indo·-E'uropéen.
pour le grec, la dialectologie indo-européenne aurait une pré-
Pour se former une irtée juste de l'indo-européen commun,
cision qui lui manque, et la grammaire comparée des langues
il faudrait Slins doule cOrl'iger plus qu'on ne ra fait lïmage
indo-européennes prendrait une face nouvelle à bien des
que fournissent le grec et l'indo-iranien et recourir assez lar-
égards.
gement au germanique et à ritalo-celtique, abstraction faite
Par exemple, c'est un fait remarquable que des thèmes
des innovations de ces dialectes,
comme *dj}'ldl- ou 'dhl- (·dl»- ) rdm-, de racines athéma-
tiques de sens (1 perfectif », fournissent en italo-celtique et
en germanique, et sans doute en albanais, des présents, d'as-
..•
pect perfectif, tels que lat. dat, ualt (cf. l'aoriste véd, avrta ). Lfl.s parlers germaniques, celtiques et italiques offrent, en
v, b. a. tuat-, et en grec ou en indo-iranien des aoristes· tels que effet, certaines tendances communes à des illnovations par
skr . addt, dàhal, gr.lao~~, lllillol~ (v . Bull. Soc. UnI" vol. XXIII, rapport à l'indo-européen.
sous presse). Mais on ne fail que l'entrevoir . Il faut du moins Sans doute , la prononciation spéciale de l'initiale qu'on ren-
ajouter cette ligne d 'isoglosses 11. celhis qui sont déjà connues t contre en german,ique, en gaélique et en italique, ne se
et signaler. à cet égard, que le slave et sans doute l'arménien retrouve pas dans le groupe brittonique du cellique. Sans
..
4 A\'Al'i T-PROPQS DE W IItLYPRESSiON 5
doute aussi. la quanti té relativement long-ue que M. JUI'el curieusement à la stabilité des inter\'ocaliques qUI ca ractérise
attribue, probablement avec raison, à l'initiale latine el qu'il le grec, le baltique: (>t le slave .
faut attribuer à l'italique en g6néral , n'est paa de même nature Les voyelles, surtout les voyelles brèves, sont sujettes à
que la forle intensité initiale du gaélique ct du germanique. subir en germanique, en celtique el cn it.aliqu(>, l'innuence des
Mais il est frappant que l'initiale tende ai nsi Il se
singularish phonèmes voisins. Le phénomène com:!.u sous le nom d'UI/tlau/
dans le mol , à la fois en germanique, en celtique et en ita- domine la phonetique des voyelles en germanique occidtmtol,
lique . Cette situation singuliere ne l'initiale se traduit , en en nordique el en gaélique. Le latin oppose uoio, IWlull li ~1im,
lalin surtout , par la fermeture de~ voyelles brève!! in térieures, ruIlt ; et il suffit d'une gult ul'alt! pr<.!céden te pour empêcher le
en osco-ombrien par des syncopes. En lout cas l'initiale a une passage de e II. 0 dans gûu, gÛàre, par exemple. Celte dépen-
situation à part. Et il résulte de là flue les finales lenden t â dance du timbre d(>s voyelles s'oppose il. la fixité de timbre qui
s'altérer très fortement. outre trail commun au germanique, ca ractérise le grec, le baltique et le slave communs.
au cellique et à l'italique . En matière de morphologie , le germanique, le celtique etlïta-
Un second tI'a it frnppant est la tendance il. vocaliser, l'our liques'accordent à donner li l'e xpression du temps dans le verbe
ainsi dire, les consonn es intervocaliques. Le déta il de l'inno- une importance que n'avait pas cette notion en indo-européen.
vation varie d'une langue à l'autre. En celtique, elle se L'opposition du préi1ent et du passé était rendue en Îudo-euro-
manifeste avec u ne importance toute particulière: le bri t- péen , d 'un e manière peu clai re el peu constante, l'or les dési-
tonique - oia )' et w initinux aboutissent li des sonores - nences primaires et secondaires , et , dans un groupe dialectal
sonorise les sourdes intervocaliflues, tandis 'lue le gaélifJuf" - seulement, par un mot accessoire, l'augment (v. chap. XIV ).
oia Y el w aboutissent à des sourdes - en fait des spira ntes Or, par des procéd és différents, le germanique, le baltique et
sourdes. En germa nique, la sonorisation des intervocalique~ l' italique sont arrivés li exprimer le prétérit au moyen de
n 'atteint que les éliment! spirants; et celte action est entra- thèmes propres . .Et , chose inouïe en indo-européen, il y 0 cu
vée souvent par des ac tions spéciales: loi de 'Verner en ger- dans ces langues des prétérits du fI suhjonctif n , _ Du cou p,
manique commun (pour la spirante qui clol la premii!re syl- les déSinences seco nda ires peuvent servir au présent : lat.
labe du mot ), loi de \Yrede-Thurne.vsrfl (sflre pour le gotique, jllllI-r est un présent, alol'S que hom o y:ho est un prétérit (",
v. W . Streitherg, GotiulJu Eltmmtarbllcb. 5-6, § 1i7, p. 91 et BIIIl, Soc. tint·, XXIII , sous presse), En irlandais, -kir qui
suiv.; à supposer aussi "illeurs : le vieux saxon oppose répond à. véd. bbdral. berol qui répond à. véd . bharan, sont
/e!JtJ/ldo à Irio/ho ,. di!': ième ,, ). En itali<Jue co mmun , la si mon te des pré~ents aussi bien que les correspondants ~,.id, beri/
-1 - est seule sonorisée; la sonorisation des anciennes spirantes de skr . bharali, bWranli.
sourdes dans les types lat. mtdju1. allimflljbl/J, figtira, en face Il y a lieu de supposer 'lue le germanique, le baltique et
de osq. l'l efiai, luisal'Ï fs, fei h uss) est prupre au latin. l' italique ont subi des influences semblables. Après la période
:\1ais cette tenda nce it nlLùer les intervocaliques s'oppose jtnlo-celtique, l'i talique (\ cessé de subir ce type d 'influences
et en a subi de nouvelles. Au con traire, le gE'rmonique et le
6 AVANT-PRoPOe oe LA Rtl"PRESl'!IO~ ;
celtique , de meurés dans des régions voisines , se sont déve- (indo-iraniellne), llfllion " hellénique ". nation " itnlo-celtiqut' " ,
loppés en partie d 'une manière parallèle. Un accen t d'inten- etc. Dans chaque domaine , une aristocratie dominante , orga-
sit é net s'y est développé , et e n gaéliql,le il la même place nisatrice , a rait prév;.Joir une llmgue sCllsiblel'nent unc , cOlllnw
qu'en germanique: sur l'initiale . Leli occlusives ont pris un elle faisait pré valoir siln ty pe de structure socia le.
caractère semblable : les sourdes sont devenues des sourdes Ce qui caroctéri se chacun de ces. groupes, ce ne sont pas
aspirées , et les sonores ont tendu à s'assourdir en quelque seulemen t les inno\'u tions réa li sées dës J'é potlue cie cOlllmu-
mesure; e n celtique, les choses son l allées beaucoup moins nauté; ce sont aussi les nouvelles te ndances commulh'S l'l:'iul-
loin qu'en germanique. où il s 'est produit une mutation com- tant de l'unité initiale du gr'oupe. tendances qui ont continue
plète (Iautverschiebung) ; mais le point de départ est le même à agir après que cette un it~ !;'élnit brisl:e.
sur les deux domaines, Par exemple, Iïndo-iranit'Il avait conservé le typE' · "'Nmf
..
•
Les types de rapports qu'on peut obsen'er entre les langues
correspundanl il gr. riFt" , lal. ftr{j, v. ir!. -billr, got . /mim , il la
1r. personne du siut;u 1icr prima ire neti ve, Les gfitlHIs de 1'.-\ " t' Shl
sont demem'ée!l fidèles 1\ ce type , Mais -11/; a tendu Ï:ls'njoule r, el
indo-europée?nes sont donc divers. Il esl souvent malaisé de
l'ad tlition est déjitl'éolisée da us le vêdi!lue le plus ancien , daus
les ramener à leurs co nditions his toriques,
t'A vesta l'cceul el dans les inscriptions pel"st's ac hé mé nides, Si
11 importe, en toül cas, de distinguer les aires de système
les grothàs de l'Avestn n 'étaient , p;.lr bonheur, co nservées , on
phonétique et grammatical commun des aires de vocabulaire
croirait sans doule que le ty pe vêd , blxirifm, est indo-i rHuit'n ,
commun . Les communautés de vocabulaire indiquent surtout
Il est possible que le procéd é ait apparu ,!i's l'é pO<lue iudo-
des communautés de civilisation , Elles oITrent par suite un
iranienne, Mais il ne !J'es l {{c néralisé 'lu 'au cours tle .. licve lop-
int';rêt particulier pour l'histoire .
pe mellls propres de lï ndien el de lïran ien, e t beaucoup de
Les concordance~ des vocabulaires juridique et religie ux en
form es iranielilles se raient inintelligibles si l'on ll enti t
iodo-iranien et en itaJo-celtique, mises éD évidence par
odmetLre bhdrilmi comme ét ant If' type indo-i rtm ien CO nlllilll\
:\1. J . Vendryes, M . S, L " XX, · p . 265 eL suiv., s'expliquent
(v, M. S. L. , XXII, p , 220 et suiv , ), L'identité presque l'om-
par un trait de s tructure sociale commun aux peuples des deux
plèll! de structure morphologique lies deux dialect eslwai t p OUl'
groupes. Elles n'impliquent aucune parenté dialectale,
cOllspque nce nalurell e l'id entité des innovations.
..•
Ce qui rend possible la grammaire comparée des langues indo-
L'ac tion pe rsistante de nouvelles te ndances communes t:sl
une preuve de parentê dialeeLalc :ms!'i e t plus forle que la CI)II-
ticulation des consonnes qui les caractérise loules les trois jip/sun '1 écrire ", el le mot sogdien P/p,>,s ' ~'W Il qui écrit >l , qui
(v. M. S. L., XIV, p. iG3 et sui\·.). se lit dans le Slitra des .CaIlItS e.t de.s Efft.lS, 1. 5:.13, n'a'pas l'air
On ne peut non plus faire état dl" la force relative de d'un emprunt au perse; le. lprme est donc à la Coill perse et
l'articulation des siCflantf:s devant les occlusives en iranien. scythique. Or, on sail que, nu sens d' CI écrire l), cette racine
en arménien, en slave et en grec. par contraste ,wec la débi- se retrouve en slave: v. 51. piJp, pisati, el en vieux prussien.:
lilé relative des mêmes consonnes dans l'Inde, d'une part, en pt.istitoll Il éc rit ". ptisai II. il écrit n, popt.;safms Il beschrieben ".
italique (et surtout en celtique ), d'autre part (v. M. S. L., mais nulle part ailleu rs. Le cas est toul comparable à celui de
XXI, 211 et suiv. ), parce que le désaccord existant il cet sI. slow, qui l'épond pour la forme à skI'. (rdvalJ, gr. xi.i(, ):ç,
égard entre des paders aU5si étroitemt!nt unis que l'indien et mnis dont le sens se retrouve seulement dans zd sraro
l'iranien semble exclure une division dialectale de date indo- 1< parole II. Et c'est aussi un fail sémantique remarquèlb le que
Les noms baltiques du te lait » sont curieux : à côté de irl. riad , gaul. rida.
véd . p6)'a~, zd pay6 e t de "Id palma, pehl. ptm ; le lituanien a V. prus~ien gjrtwd « louer JI et lit. giriù, girli .. louer Il sont
plnas; et à côté de véd. dddhi, gén.-abl. dadhnâ~ , le vieux tout proches de véd. grtlAlj .. il chant e, il célèbre ", gtr Il chant
prussien a dadan (Voc.; nom neutre). Ces rapprochements (où l'on célèbrt: un dieu ) )J acc. glrlJ/II, "Id g?r?ntt (1 ils
célèbrent )J, gâth. garD (ace. plur . ) " chants de louange 'J.
18 A. \ ' ANT-PROP08 DE LA. IttIMPlt.SSIOI'l 19
Si même lal. grdtlls.gràtiQ et gr. "t'i?2.'Ô, id. grdd « amour 'J t es t thématique dans zd maltaiti, lit. snlga, gr. nif", v. lat.
et osq. bratûs l' gratiis " sont parents, le sens es t beaucoup n!"it (dans un vers de Pacuvius), v. h. 3. snlwÎt; il Y a aussi
plus lointain . un présent à nasale infixée : lit. sninga, lat . ning"it . On aper-
Plus on cherche à serrer les rapprochements de pre!i, plus çoit ici un lien entre le germanique et le slave.
apparaît l'étroite parenté des vocabulaires indo-iraniell, bal- Ce n'est sans doute pas un ha!lard que l' ,. homme.) soit dési-
tique et slnve .. Par exemple, la racine -dheg"'h- il brûler" se gné comme un " mortel " en sanskrit ( m a rta~ , mdrt)'aQ), en ira-
f('.trouve jusqu'en celtique, irl. dnig Il (eu ". el en latin , foUtV: nien lzd maJ)~. etc .), en arménien (Pl/ard) et en grec (.,I,O;i': ;';,
mais on n'ob~erve le~ co rrespondants exacts de skr. ddhati ~p~ ·d .. ), tandis que ridée de « terrestre >1 prévaut en litua-
que dans lit. deg,; eL v, ,,1. ~tgl' (avec une altérationsecon daire) ; nien ({mil). en germanique (gol. gl/ma, etc.), en celtique (id .
cf. alb. djek. De même, lat. palta e8't apparenté 1'1 skr. palilvalj; Juin e, v . Pede ..sen, Vergl. GramPl/. d. kt/t. Spr., 1, p. 89). Le
mais c'est seulement dans v. sI. pléva (p. r. po/ava), v. pruss . grec marche ici tlvec J es parlers orientaux, et le haltique avec
/Mlwo, lelte ptillS, etc. , qu'on retrouve ('élément -w- du mot leIJ parlers occidentaux (cf. chap . l , p. 22).
sanskrit . Ce n 'est sans doute p..'\s non Vlus pn hasard que le nom de
La racine · Iew - se retrouve peutA:Lre en germsni'lue et en la {{ citadelle )1 , attesté en sanskrit ( pâ~, ace . sg. p,jram), en
celtiqutl ( v. Lidén , 1. F., XIX, p. 33S et suiv, ). mais on n 'y lituanien (piUs ) et en grec C:d"t';, r.,Ô),I,,), ne se rencontre pas
aperçoit aucune cor respondance auss i complète que c~lle entre ailleurs . ·~fais la simple aLsence d'un mot prouve peu. Toute-
v .. prussien t/linOIl cc slill >1 el skr. II/wtm, zd tuin;J ; entre pol. Cois les limitations dl! vocabulaire de ce genre ne manquent
po-tJJ.S{Jé et zd taoJayâti; entre v. si. tUJtï et skr. ttI"hyâ~; eL il pas ; ainsi l'on ne t rou ve pas non plus la rAcine de skr. argh4~
n'est pas jusqu'à v. pruss. t1l11f1e-, d,e 'tIl1t - , qui ne soit la forme ct valeur, récompense Il, lit. algn, gr. àÀ'f-lj hors de l'in do-
attendue en face de "kr. IUlydti, comme l'a noté M. Trautmann . iranien, du baltique el du grec.
Ailleurs, c'est l'indo-iranien, l'arménien et le grec qw
D'un e manière générale, il y aurait des conséquences 11 tirer concord ent, ainsi pour skr. jarati {{ il vieillit ", arm. ur
d 'un examen géographique du vocabulaire indo-européen. ({ vieux ), g r. "t(P{~Y. Pour le nom du (, nuage ", skr. mtgha~,
M. Kret.schmer, Einltitung in die Ge;,h. d. gr. Spr., a donné arro . mig et gr. ~1.u'l.H;, v . sI.. migla', lit. tl/igZn, on a quatre
des indications à cet égard . Le tr8\'ail mériterait d·t!t ..e repris groupes à la (ois , avec une répartition curieuse des Cormations .
systématiquement. Quelques exemples en font apercevoir Un type de répartition significatif est celui des noms de
l'intéret. l' &gneau Il. Il y en a deux. L'un ne se trouve qu'en indo-
{l
Ainsi, de la racine ·SIItigU'h- {{ neiger 'J. il J a un nom radi- iranien , arménien et grtlc: skr . urava~, per!J. barra, arm. garn,
cal athématique dans l'accusatif gr. Ylp (chez. Hésiode), avec gr . fŒPT,Y, L'autre, gr . àtl. . ,,:;, lat, tl/nus, va jusqu'au slave ':
plusieurs dérivp.s homériques, dans lal. nix, n;uwl et dans galL a/nid , ag"", en passant par le celtique et le germanique . La
nyf; et il y a une (orml;l thématique dans v. sI. snègû, lit. position moyenne du grec, où les éléments orientaux et occi-
mlgas, v. pruss. snaygis, got. ma;ws; le présent correspondant dentaux coexistent, est remarquable .
Ce petit oUlJrage est sorli d'un cours p,'ofessé au Col-
lège de France en 1906-1907, On s'est efforcé d'y
mettre au point le problème très discuté des dialectes
indo-européens, Pour traiter li fond chacun des sujets
que comporterait l'examen complet de la. question, il
aurait fallu passer en revue toute la grammaire com-
parée des langues indo-européennes .. on s'est borné a.
rappelertres brièvement les faits connus, sans même ren-
voyer la plupart du temps au.x ouvrages . où ils sont
ttudits.
La table des matières donne une idée suffisante des
sujets traités . Il a semblt inutile' d'y ajouter un index.
M. Grammont et M. Vendryes ont bien voulu tire
chacun une épreuve, et l'ouvrage a heaucoup profilé de
leurs a.vis.
LES IlIALEGTl\tl INO(l- EUROI'ÉEKS
H'ÎTROD UCTlO.\
"idus Vell\l~ d 'A. utres c ncll'o iLs et do nt le langage ~sL plus vent, et qui a eu el a encore tm e ffet seS ill cullvc nieut:o: .
o u moins différent, et 8l1l'loul des personn es d 'âges a tHé en r l!Alité hautem ent fAvorable au dl!v<,loppcmt:nt
diveN'; or. l'obse rvation monll'c (lue les générations suc- de la s.cie nce, lot'S de ses début!! .
ce~s ive~ apportent IHI langage cles changements plus o u Soit maintenan t IIne lan g ue se nsi bl eme nt une , pal'-
moins importants (v . cn de rnie r lielll 'a rticle de M. Gall- lee S lll ' lin domaine HC'ndu comprenan t Ull Ilomhre no-
chal !lUI' l'l'nife phollétique, dans les Mê{;mye., Morf) . taille de loca.1ités di\'Cl'Ses: :o:i l' o n fnil abslt'octi o n des
Abstraction fail e de loute~ les différ ences dues il des c han gement!' qui r ésultent d'cml)l'untfl de Ill Ots o u de
circon~tance!! spécial es ou il l'lige des slIjeLs. il y a do nc sn b!lo lilu tions .phoné tiqu es et ~I 'n llllllllt it'ille!lo pal' imitatio n ,
dans c haqu e loca lité un type linguistiqu e idéal don t \('s changements am enés pal' ln sl1cces!loion natul'elie des
toutes 1l'~ réali~mlior.s de faÎlll e sont que des approxima- ~él1él'aliom se réalise nt d ' un e manière indé pe ndante
tions . 01'. co mnw les fails 'particuliers n'o nt pas d'in - dan ~ chaque localit~. Comlllc ces c han ge ment s pl'O-
térêt , ce type idéal - vllI' iable suivant Ici' gt:.nérations viennent de cal1fles gl-n~rnles, il s ollllictl po m la plupart
- doit ê tre l'objet principal de l'étude des linguistes. Les dHns un nombre plus o u moin s grancJ de ce nll'es , c l, d'or-
déviation " n'out d'importance qU 'Aillant fJu 'e ll e!lo peuvcnl dinait'I' , de c('utres groupés cll s(' mhl e: cl, comme,
servil' A l'tllHh'e compte dn développemt!llt durant la d' ulltl'c part, le changement:-lc pl'odllit intlêpendnm-
pêriodc précédente el Il fnil'e p,'évoir el il explique,' les \ll('ui da us chaque localité , c ha('u ll e dep. li H ll c~ dï!<o-
changcments ulterieurs . gloflses divel'~es qui , SUl' une (':trle linguistique , maNILlelll
On a beauco up m édit du té moignAge dei> langues lilté- la limite des innovati o ns, l'st autonomc, el indépen-
I~dires. sans pOUL' cela ' cesser de l' utiliser. Ce témoi- dante de8 fl.utl'e :o:, .-\ Pl'e ndre les c hoses Il la )'igueur, il
gnage a, entre nutl'cs défauts , celui de dissimuler beau- Il'y a donc, da ns le t:a~' idé:ll considéré, (lue des lim iles
co up de partic ularités individu elles el celui de ne faire plulic lllièl'e!' tle flli,~ lin g-ui !<liques; il n 'y a pas rl e limites
apparaître la plupal' t des changements qu 'a pr~s le lll' de dilllecll.':': . (';1]' le:o: li l-\'lIc!' des di\'e l'S faiL~ :-If" ('l'oise nt,
accompli sse me nt , donc d 'en di!'simuler les débuts. ~lai8 cl Il{' co'I'lI c ide nL jamaÎ~ qu e par accicl('lIt. ~1. Oauzat
il a le mérite de meUre en évidence dè:< l'abOl'd , no n dcs rH....~:,; de lIu!t1lf1doloyie lin.'lll;sf;qfll:, :HH e l :-Iuiv. ) a
accidcllll:! individucls e l mOlllentancs, mais ull e norme , l'l\uni II ll cl'l'laÎn IHlIllIH'e dl' dl:c1al'alion!" de l'o m:wislc:-l
car la langue éCI'ile est fixée et reproduit en gênê- l'lIlinl' nl:o: Ill. Schu(. h<u'dl. (; . l'al·i:o:, M. P . .\le)'<'1'1 qui
l'al le Lype idéal auquel tou!" les sujets padanls vi sent Ollt fo\,tIlllh: ('p pl'ill Cipl' da liS Il':O: h.' I'lIl e:-l les plll~ clail':-\ et
à se conformer . Gràce au fait que la linguistique s'est h':o: pll1 .. pCl't'lIlploil'e!1, Pm'Ioll i. "ilil'1II'l' oÎl l'on a pu exa-
d'abord attaquée aux langue6 écrites, cHe a , comlllo il miner les chose!:' de lll't·s . ~ nl' II' tlOlIll\ilH' lituanie n , par
convient, con~idérti les tra'i ts essentiels des langues el pxemple , le principe s'c!)1 ta'O tl"l- "til'ilil:. ~I. Buck a
leltr Iypc gé néral. Celte cil'l'onslunéc, qn 'oll deplol'c 6011- 1110nll'(o rt:ceUlIllt'nl. pH1' lin g1'illld nombre de fait~ , que
I/lTIIODl:CTION
les parlers grecs présentent ainsi des lignes indépen- qui caractérise des dialectes naturels nettement sensibles
dantes d'isoglosses (The interrela.tions of the Greek dia- aux sujets parlants.
lects, ClassiclI.l Philology, n, p. 243 et suiv. ). L'exilltence de dialectes nlitureu ainsi définis n'enlève
Toutefois, le~ changements linguistiques se condi- rienàl'alltonomiedes parlers locaux . Avec le temps, chaque
tionnent les uns les autres. (Je plus, le groupe ete loca- parler diverge donc de plus en plus d'avec les autres , et
lilc!8 oil a lieu un même changement important esL un l'aboutissement naturel de ce développement serait la
groupe oil se manifeste l'action de causes communes. Il création d'autant de langues distinctes qu'il y a ~e loca-
y a donc chance pour que les lignes qui enserrent les lités sur le domaine d'abord occupé par une langue une.
groupes de localités Oll se produisent plusieurs innova- Les patois français, si profondément dilrérents les uns des
tions indépendantes viennent à coïncider entièrement, autres el souvent inintelligibles à quelques dizaines de
ou du moins se rapprochent el se suivenl souvent de kilomètnos de distance. donnent une idée du terme vers
très près. Un ensemble de localités où se produit ai.nsi, lequel tend cette évolution.
de manière indépendante, une série de changementa Mais l'évolution .n 'aboutit pas. Avant qu 'elle. réussisse fi
concordants, qui sont en conséquence enserr~es par un rendre le langage impropre fi son objet naJurel, qui est la
certain nombre de lignes d'isoglosses et s'opposent par communication enh'e le plus grand nombl'e possible
là aux parlers voisins, constitue un dia.lecte na.turel. d'hommes, elle est interro'mpue par l'extension de
La notion de dialecte naturel n'a donc pas la même quelque langue commune - parler local généralisé, tel
rigueur que celle des isoglosses qui limitent un groupe de le français, qui est essentiellement le parler parisien,
localités pour un l'uitdéterminé; le dialecte n'est pas limité ou mélange de parlers, tel l'anglais, où se rencontrent
par une ligne, mais par une série de lignes distinctes les des particularités empruntées à plusieurs parlers dis-
unes des autres. Mais. pour être un peu floUante, la tincts- qui se superpose d'abord aux langues locales, et
notion n'en est pas moins réelle. et les sujets parlants qui bientôt, offrant plus d'utilité et répondant mieux aux
de certaines régions ont le sentiment de parler un dialecte besoins, élimine entièrement celles-ci . Des circonstances
et par là de s'opposer à ceux de telle ou telle région voi- historiques: conquête, unification politique, etc., donnent
!>me. lieu d'abord à ces extensions. et l'avantage qu'ont" les
Les faita dont on vient d ' esquis.~t!r brièvement la théo- sujets parlants à employer une langue dont le rayon
rie se sont souvent realisés; le développement .des d'utilisation soit le plus grand possible, précipite le déve-
langues romanes en fournit d'illustres exemples; nulle loppement. Inversement, toute division politique; toute
part mieux que sur le sol français, par exemple, on ne interruption de relations économiques et sociales, donne
peut observer l'indépendance des lignes d'isoglosses lieu de nouveau à des différenciations linguistiques.
joiule au pUI'alielismc d'un ce l'lain nombre de ces lignes L'histoire des langues se compose ainlli d' une succession
li OlALF.CTt::l\ INDO-f:V"QPtF.N8 7
de grandes unificalions et de grandes différenciation!'! , moyen de communicatio n nati onal , et cette htnguc leml
auxquelles il faut ajoute r les unification s partielles qui se :1 élimillt'l' les pal'1ers loca u .. ou ]'égionnux : ce développe-
produisent constamment. !OlIr fies domaines plus ou moins Illent est déja lI'ès avancé en Fmn ce, oü la s ubsti tu tion
vastes, même dans les groupe!; de parlers le!! plus diffé- du fl'l\ll('ais génél'al aux patois e~l dans beaucoup de
rencié&. el les difftôrenC'Îati ons qui se produisent dans r égio ns 1111 fait accompli, ail moins P(HII' la plll~ gl'ande
les groupes de parlers les plus unifit>s . partie ,
Pareil événement 8'e8t produ it deux fois déjà dans Tels sont - som ma il'ement indiqué~ - les prin cipes
l'histoire des langues italiques. Une langue , qui à un générftlllt du développement de~ dialectes naturels, On
moment donné a été sensiblement une, s'est brisée l ai8~e ici de côté,;1 d e~sei n , les deux ty pes d 'unité dialec-
d'abord en deux groupes: le latin et l'osco-ombrien; lalc pal' gfnéralisation : 1" l'unité qui Pl'Ovient,de ce qu ' un
chacun des deux groupes s'est différencié, au point que même IYI)e de pal'Iel's est t'tendu , par clesconqtltHe~, ainsi
l'osque , l'ombrien el le latin en sont venus à (ormel' trois l e~ pal'Iel's dOl'iens en Grèce ; ce genl'e d 'uni té ne ré~lI ll e
idiom ~s distincts, dont , à l'époque historique, aucun pas d 'iIlHo\'alions uulonomcs ayant même!' limites appro-
n 'était intelligible à Ull sujet parlant l'un des deux autres, ximativemellt, mai~ d 'un e identité in itiale gti n é l'a l i~ée ;
Les parlers locaux elix-mêmes se sont difl'érencié~ à leur 2" 1 ' \Jni l~ qui J)I'ovit'lItdt! la re produ ction du padel' d 'un
tour ; on s'e ltprimait aux environ~ de Home tout autre- I-p'OlIpe dominanl. Ces deux ty pes cI' unit!! par généralisa-
ment qu'à Home même, ,e t, par exemple, ce qui était Lion Il e ~(> lai ssent bien sO Ll vent distinglier dl' l'unité des
à Rome liina. était lôma. à Préneste. Les cil'constances dial cc lc~ natlll'el!' qu e d'ull e manière théol'iqu e.
politiques, en créant la suprématie pol itique de Rome, H e~tc H appliquel' ces pl'incipes H J'indo-européen com-
ont déterminé l'extension du parl er romain qui , non sans mun . 11 y Il ici plu sictll'S moments il distinguer,
subir fortement l'influ ence de ces assimilations et en rete- ,-\U mome nt 0(' clic c~t IIlle~tëe pOUl' la pl'emÎt,l'e foi s
nir certaines particularités , a absorbé les autres parlers pal' des lextes lillél'aireto ou é pig'l'aphiqlles, c1l1\cunc
latins, et qui a éliminé non seulement les parlers osques des langues indo-e ul'opét.·ll nel' avait déjà passé pal'
el ombrien~, mais aussi les autres langues parlées en Ita- Ulle période })L'o pre d 'uni té, consécutive à la période
lie: étrusque, gaulois, vénète, messapicn, grec, etc , générale d 'u nité ind o-(HII'Oj)ée nn e, Les langues conse rvées
LA dislocation de l'empire romain a entrainé la disloca- ne pel'mcllent jamais de l'e monlel' directe ment à l'in do-
tion de l'unité linguis tique ainsi créée; de nouveau, il elll'Optiell ; entre l'atLique et r indo-eul'opée n, par exemple,
s'e:ot développé auta nt de parlers distincts qu 'il y avait il Y Il un e pél'iode hell énique commune , L'état lingllÎs·
de localités, ail, du moins, de petits groupements féo- tique d'aucune de ces pél'iodes communes n'est directe-
daux , jusqU 'à la conlilitulion des nationalités modernes; ment attesLé: on n'e n a jamais un e idét: que pal' les
alors chaque Ilationalilé a adopté une langue comme COl'I'cspondallces onll'e Je!'> langue~ co nnues pal' de~
8 J:<iT"ODUCT10N 9
te:\te8. Ainsi le grec commun est le système des corI"eS- l'arménien s, là où le grec a x, le latin c, le celtique k, le
pondanct!8 entre les parlers helléniques: ionien el attique, germanique $ (d'où h et fi, 't, suivant les cas). Étudier les
groupe éolien (lesbien, thessalien, béotien ), groupe aI'Ca- dialectes indo-européens, c'estexamÎner ces groupements
dien et cypriote, parlers doriens , etc. de correspondances lingui sti<Jues, en cherchant II. recon-
L'jndo-européen n'est de même rien autre que le sys- naître s'ils remontent ft des groupements dialectaux de
tème des correspondances entre les langues communes date iodo-eul'opéenne. Le principe de cette idée (d'abord
ainsi définies : grec commun, germanique commun, indiquée pour les langues romanes par M. Schuchardt )
slave commun, indo-iranien, elc. a été publié pour la première fois par Joh. Schmidt,
Ce n'esl donc pas à une langue qu'il s'agit d'appliquer dans ses Verwandtschaftsverhàltnisse der indogerma-
les principes posés sur le développement dialectal, c'est ni«chen Sprachen (\Yeimar, 4872) ; c'est la fameuse théo-
è. un système de correspondances linguistiques entre des rie des ondes. M. Brugmann a, en i884- , discuté le pro-
sy8t~mes de correspondances linguistique~. Le problème blème dans J'International . Zeitschrift de Techmer, I,
prend ainsi un aspect Lout particulier. 226 et sui"., et M. Krel!!chmer, dans son Einleitung,
La langue dont l'existence est supposée par le système p. 93 et suiv. ; la position actuelle de la questiçm et la
de correspondances connu sous le nom d'indo-européen, bibliographie sont résumées dans O. Schrader, Sprach-
devait être parlée sur une aire étendue, comprenant un vergleichung und Urgeschichte' , p. 53 et suiv.) et
certain nombre, et sans doute même un assez grand H. Hirt, Die lndogermanen , p. 89 et suiv. et p. 579 et
nombre, -de groupes di~ûncts d'habitants. Dès lors, il a suiv. ; cf. de plus E. Hermann, Ueber das Rekonstruieren,
pu se produire deI! changements qui atteignaient seule- K. Z., XLI, p. i et suiv.
ment une partie du domaine ; et, si l'on pouvait obser- Le départ entre les faits dialectaux indo-européens et
ver directement l'indo-europcen , on y trouverait des lignes les innovation s réalisces par chaque langue après sa
.d,'isoglosses. Ces lignes se traduisent dans les systèmes séparation d'avec le groupe central ne saurait être exé-
de correspondances par des groupements partiels : au cuté d'une manière sûre; car, dans les deux cas, il
lieu que chacun des groupes attestés suive sa voie s'agit, par dê1iottion, de phénomènes réalisés indépen-
propre, on constatera qu'un certain nombre de langues danunent, et presentant par Imite les mêmes caractères,
présentent un type donné par contraste avec les autres. dans des langues de structure pareille, telles qu'étaient
Par exemple, l'indo-iranien, le baltique et le slave, l'al- au moment de la séparation les diverse!il langues de la
bana~s et l'a rménien s'accordent il présenter de~ semi- famille; longtctrtps encore après la séparation, des inno-
occlusives, des chuintantes ou des sifflantes, là où les vations Poemblables les unes aux autres ont eu lieu dans
autres langues ont des gutturales : le sanskrit a ç, le des langues déjà très différenciées; l'e du lat. tepidum a
zend s, le slave s, le lituanien sz (c.-à-d. a), l 'albanais 8, passé il ie dans une partie des langues romanes : ital.
10 Ii'liTRODI,;C1'IO:O; 11
{iepido, fr. liede, el de même l'e du 51. comm. "leplil semble pas avoir entrainé de dislocations : J'une des
dans une partie des langue~ slaves: pol. cieply (l'hypo- principales conclusinns de la présente étude sera que le
th~se de M. Goidanich. JJillong;l;iollt! rom:W=;l, ne domaine occupé par la famille a été élargi sans que la
change rien ail fait fondamental que la diphtongue est position respective des dialectes ait changé d'une manière
l'éceute, el c'eslle seul qui soit considéré ici ). essentielle.
En l'absi'nce d'un critère cléci8if, on ne peut que réu- Avant d'entrer dans l'énoncé détaillé de chacun des
nir tou" les faits ancicns qui répondent à certaines con- faits, il convient de discuter d'abord deu x questions:
ditions définie!', dont seul le groupement fail ressortir la i O Le parti à lirer des faits de vocabulaire:
portée. ~o L'existence de groupements de dialectes postérieurs
t 0 Les fnits considérés doivent ~c rencontrer déjà, non il la 'séparation.
~t'Lllemenl dans le'" plu!' an('i('nne~ latl gues nlleslêes , Par elles-mêmes, les coïn cidence~ de yocabulaire onL
mais dans les langl1e!t commune,,", Connues par des sys- une très grande importance, que M. Gilliéron fail re~sor
tèmes de rapprochements el1h'c langues atte5tée~ : on tir pour les parlers français dans les éludes fondées SUl'
Ile peut utiliser que deR raiL"! gE'CCS communs, slaYes son Atlas linguistique. Mais en ce qui concerne la dialec-
communs, germaniques commtlns, ctc. (ce qlle l'on tologie indo~e urop ée nne , il est malai!;é d'en tirer parti. En
appelle en alh'mand urgrÎt·chi.tch. urs!,w;sch, etc.). Et efTet, d'une part, le nombl'e des étym ol ogje~ indo-eul'o~
encol'e faut-il que ccs pal'ticulal'ités n' .. ppamissclll pa:-:, péennes est petit et ne sau rait être comparé à celui des
dans lefl langu es commun es , comme de~ i nnovaLion~ étymologies romanes; d'autre part, les mots rapprochés
récentes, reconnaissant fies camc!lo pfll'liculii'r('j'I à ces sont des mots de sens général, et, dans la meiure trèr-
hlngues. restreint e olt il s'agit de termes spéciaux ou quelque peu
2tl Les faits doivent avoir lin cnmctère de singularité techniques, on n'a pas le moyen de déterminer avec pré-
qui ~lIppOSC l'action de CHlI!Oe!lo identiques agis::;<lnL dans cision jusqu 'li quel point les coïncidences relèvent de
lIne région détel'minée , et 'lui l'ende pell probahle un faits de civilisation : -:li teltel'me manque dans un groupe
développement indépendant poslérie~lI' il la séparation. de dialectes, ce peut être parce qUI! les circonstances
1'0\IS les détails faciles à expliquer pnr des tendances un1- historiques, ou des chaogementl!. dans la technique en
\'t'l'selles du langage humain l'ont;\ écarter, ont entra1né la disparition; et si tel autre terme ne se
3" Les fail~ co mmuns doivent se trouver dans des rencontre que dans certains autres dialectes, on peut·
hwglles qui aient tHé voisinel!.; il ne doit donc pas y soupçonner un emprunt dû li une influence commerciale.
avoil' de chevauchements. La conslAtation des domaines On recherchera d'abord s'il est possible d'entrevoir au
dialectaux. continus de l'indo-européen est facilitée par moins des fails de ce genre.
ceci que la séparation des langue s indo-enropéennes ne Quant aux groupements de dialectes postérieurs à la
t2 I;\TRUUUI,.ÎIU;\ t3
séparation , il Y a unt) autre pO!lsibilité à. envisager. Les On reconnaît le passage pal' une période plus ou moins
élémenlB de population qui ont transporté J'indo-euro- longue de communauté ft des coïncidences de délail , il.
péen sur l'Europe et une partli1 de l'Asie et qui ont cons - des innovations singulières, à des formes qui ne repro-
titué chacune des familles de langues àtlesté~s Ile se sont duisent ni l'usage. ni même le type général de l'indo-
pas nécessairement sépares dès le début exactemtmt en européen , en un mot il toutes les parliculal'ités que deux
antant de groupes qu'on en constate au début de l'époque langues ne peuvent pas introduire d'une manière indé-
historique; cerl.üns groupes ont pu se scinder seulement pendante et qui supposent des rapports intimes prolongés
après une période de communauté in~ermédiaire enlre la durant un certain laps de temps; c.e sont précisément
période indo-européenne et la période où s'cst fixée la les rapports qu'on a le dl'oiL d 'imaginer entre les groupes
forme commune du groupe historiquement attesté. Divers de colons et de conqu~rants qui ont propagé chacune
faits amènent ainsi il supposer une période indo-ira- des familles de langues indo-européennes,
nienne antérieure il la période indienne et il. la période Il y aUl'a donc lieu d 'examiner sur quoi se fonde l'hy-
iranienne commune; une période italo-celtiquc, puis, pothèse des gl'oupes les mieux établis : indo-iranien,
une période italiqlle (antérieure à la période osco- italo-celti<Jue, ballo-slave. Et c'est seulem ent ap,'èR cette
ombrienne d'une pad, latine de l'autre; il va BanB dire étude des faits poslêl'icurs à la séparation qu'on pourra
que cette période Il italique Il peut être antérieure à l'en- passer en revue les faits dialectaux antêritmrs, c'est-it-
trée de tribus de langue indo-européenne en Italie el s'être dire ceux de date proprement indo-européenne.
écoulée ailleurs que sur sol italien) ; peul-être une période Les dé\'eloppemenl.:; dont on vient d 'esquissel' le
balto-slave, !;Chéllla g~lIcl'allle sont qu 'tlue partie des fails très com-
Les élém6:nts de population qui ont fourni ces groupes plexes qu 'a comportés J'exlensÎon des langues indo-
linguistiques divisés par la Buite ont dù se composel' dès européennes, Il n'est pas douteux pal' exemple que des
le débnt d'individus appartenant ft des localités diffé- territoit'es, d'abord co lonisés pou' une certaine tribu par-
rentes, et la communauté momentanée par laquelle ils lant un certain dialecte, onl pu l'être el, en fait, l'ont
ont passé n'emporte pas identification complète de la souvent été ensuite pal' une auu.'e parlant un dialecte dis-
langue, pas plus qu'elle n'emporte la suppression de tinct du précédent ; divers indices ptH'mettent d'entrevoir
toutes les distinctions de tribus, de phratries, ele. : il encore ces séries de substitutions dans quelques parties
peut donc subsister à l'intérieur de ces groupes la trace de la Grèce , ainsi que l'a montré surtout M, Solmsen
de distinctions dialectales indo-européennes i on sera (voir la série de ses articles dans les volumes LVIII-LXII
amené, dans la suite de ce travail, à supposer que cer- dullheinisches MU4eum ), Il serait sans doute malaisé de
laines lignes d'isoglosses passent entre l'iranien et le reconnaître les fails de ce genre dans le dévelopl)ement
sanskrit, entre le C'eltique et l'italique, pl'éhistol'iquc cles plus anciennes langues communes de
14 I~
la famille illdo-t'uropéenne, qui est runique objet de ce sont les innowltions Pl'olwc,,; till'elles Ollt inli'CJduite,.; ,
travaiL Si l'on doit jamais y parvenil', ce ne sera en lout Presque tous les manllels actuehl placcnt. .111 moin,.; t'Il
cas qu'après avoir posé d ' une manière préci se le~ dia- apparence, SlII' le mê me plan des fait8 qui sont de dale
lectes indo-européens. et d 'espèce dilfél'c nles; Cil g' I'ollpant ici des faib d in lec-
Quand on aUfa réussi à dé terminer en quelque mesure taux déjà connus pour la plupart, on essaiel'a de mon-
les faiLs dialectaux de date indo-européellne, on alll'a Il'cr lu possibilité de disl in guer des moments ~ ll ccc:;:-lifî'
constitué l' un des fondem enls les plus lI éce!'l~air('s Il dan s le développement des langues indo-clll'olléellllc::
l'é lude de chacune des langues communes: indo- iranÎpll . enh'e la pé riode d ' unilé ct celle des plu s anciens tellloÎ-
grec commun , slave commun, etc. D'abord, on aUl 'a ~"ll' g-nag('s éCl'its,
première esquisse de chronologie entre les pht!n o ml-nl'~ .
puisqu'on pourra distingu er les rails indo-eu l'opêcm: de
ceux: qui ont été réalisj>s par la suite. En second licu . 011
saura SUI' queUe forme parti culière d e )' indo-eul'o-
péen repose chaque langue, et comment le développl'.
ment ultérieur a été conditionné pal' là, EnHn, et c'est
peut-êlrece qui importe le plus, 011 pourra faire Ic <lépal'l
enlt'c les faits indo-europeens et ceux qui ':IOnt l'é~l1ité,.;
des conditions spéciales à chacun des groupes qui ont
lt'anspol'lé la langue SUl' lin sol nouveàu : unité plu!lo Olt
moins grande du groupe qui a transporté l'indo-elll'opécn,
nombre plus ou moins considérable des hommeS' C)ui le
composaient , réaction des populations parlant d 'Rutres
langues, éparpillement progressi f des éléments de langue
indo-européenne sur une aire de plus en plus "as te el
perte progres~ive de conlncl de ces éléments, etc,
Si dOIlC l'objet propre de la prè:ienle élude est de cher-
chel' des fuiLs de date indo-européenne , communs il telle
ou telle partie du domaine indo-européen, le résultat
principal eu est de meUre en évidence l'originalité pl'opre
du développement des grandes familles de langues, en
faisR'n t l'essol'lil', pal' une simple comparaison, quelle!'!
CHAP ITRE 1
LE VOCAllULAIHE DU ;';OHD-O!;EST
dence indiquerait un développement de la civilisation propl'e lette nbo/s, v. pl'USS. wob/e, V . h . a.Dpjll/, v. RngL œppt/, v. i,,1.
aux peuples qui ont répandu le!; dialectes dl,! nord et de l'oues t. aboli. m. gall. aual; le nom de ville malifrra Abd/a, en G.am-
Beaucoup de ces mots sont des tenues d 'agriculture : panie , fournit une tra ce de l'existence du mot en italique;
« semer ,1 : v. sI. si/i. lit. stti, gal. saian, lat. ser(1'( (stui) ; mais l"inlroduction d 'une sorte médile''ranéennc avec son nom
v. sL~" semence Il , lit. slmmys, v . h. a, sâ"w, lat. simm, et grecdor. ~iii,~'I, d 'où lat II/MI/If! (ou gr. comm. ~t,i,:v, d'olt ital.
v. irl. sil, gall. IJâd (cf. lat. satus ). Le rapprochement du grec: mt/o) a entrain ~ la dis pari t ion du vieux mol en Italie.
i1l~~ u j"envoie " est faux; on a vu depuis longtemps que t< porC>l : lat. porcus, ombr. jX'rea, purka ,t pOr<'as ~I. V. irl.
t'lI,lI, ~1.a:est Il. lat. iaci~, ilci, ce que ,:,(b1l:u, ~6.,,%2 est iljacid,fle,. ore, v. h, a. farah ,. v. angl. jCl1rh, lil. pa;r{ar, ,.. 51. prarr (r . ~
Le skr. strt« femme Il n'a rien à faire ici ; dire que la" femme li rosjâ, S. prdst, pol. prosi() . Le prétendu gl·. "lt ~p X ~;, donl parle
a été. nommée la 1< semeuse Il parce que, li. un certain stade Val'ron, ne se trouve dans aucun texte grec et n 'est sans
de civilisation, c'est la femme qui cultive la terre, est Ull douté qu'un emprunt (ait p.."lr des Gr{'cs dltalie ou de Sicile
simple jeu d 'esprit ; du reste , on attendrait· stÎ/rl ou, tout au il une langue italiq.ue. Le mot du nord-ouest· porklos ne
plus, • sitri. Seul, 'arm . hund" semence ", . qui serait fOl'rné désigne que le " porc " domestique , tandis que le mot indo-
comme serlmd " descendance" à côté de sertlll engendrer 1> européen commun· sù- (llIt. Slis, etc. ) s'a pplique '~galement flU
pourrait peut-être être l·appol·té it · st-des langues du nord-ouest; t. porc et fl U t< sanglier Il.
)J
mais la racine ne scrait pas représcntée par ailleua's en armé- " fève '1 : lat. faba , V . pruss. babo, v. sI. bobti; le rapport
nien , et l'on sa it que d 'ordinaire b, issu de Î.-e .• s, nt> se main- avec le mot gt-rmanique v . isl. baIlli, V . angl. htan, v. h. R.
tienl pas dans cette langue; le rapprochement est donc très bOnD n 'est pas d éterminé. L'alb . ha6~ est très éloigné pour la
sus pect; et l'ex is tence de· st-" semer '» n 'est cel'laine que dans forme .
le gl'oUfll" du lIunt-ouest . . ,t moisissure " : lat. m I/SCl/S, V . h. 8. IIIOS, lit. lil I/sai, v. s1.
" grain" : lal. grdlll/l/J , irl. I:rim. gall. gmum. (plur. ). Hat. mDxil.
kaurn , v. sI. {ri/lw (s . .zrnv): lit. {itnis " pois n. Le rapproche- « creuser 1> : lat. fodi~ , gall. hedd l' fosse ", lit. bedu H je
ment avec skI'. jfn.IMJ " ,·ieilli ", etc., est entièrement incel'- creuse '1 et badaii l' je pique .1, lette btJre l' fosse l', v.:-;1. bodtf
tain ; même si on l'udmel , il demeure que I{' sens dc " grai n " (1je pique II,· peut-dru gal. ba.di t' lit >1 (d 'a bord creusé dans la
est limité aux langues du nord-ouest, et une particularite de
sens aussi dMin Îc sumt il cu racténser un HI·oulX!.
20 2'
te rre·~. \'. ~'f eringer. /. F, XIX , .t.8N et suiv. J. u.! ~ initial t!carle Mol '! techniques :
gr. $!II;:~;, ~~eij.,,~ç. ,. frapper " (en particulier !lUI' une enclume pour forger)
Le 1< seigle Ut qu'on n 'a pas jusqu'Il présent rencontré dans Int. cM(} ct inc1Ïs (incMis), irl. CI/ad et ((}(IclJ ('v. \"h. Stokes, dnllR
les fonds d 'époque néolithique, u un nom qui ne s'étend Fick, El . m'irt., IP, !-lM ), v. h. a. !xJ//wart, lit. luff/jf/ , khI/li
pas au deli! du s lave, du baltique et du gerll1l1oique : v. sl. " baUre, frapper, combattre ", kI/gis " mart eRu ", kova " com-
rlitt, lit. rugis , v. pruss. rugis, v. isl. 'ygr, v. 8Ug1. ,ygt, v. h. a. b:!.t Il, ". sI. kI/if! ,< j e forge >l , kyjf 1< marteau ".
rokJro. El il Y a un n om de l' ~. avoine» dont l'original ne se Il oouper " : la t. srciJ. v. sI. ûkp,: lal. mllris , v. sI. s&yra.
laisse l)as restitu~r avec cCl,titude, mais qui est visible me nt .. hl'l.chc ,,; v. h . a. srb Il cout el'l.u ", Stta 1. scie " , sahs " cou-
commun au slave: ovIStl, au baltique: lit. ati~a, lette tluï.tJs, teau Il (sur le celtique, v. \V . Stokes , K. Z .• XI., 249 ).
v. pruss. Wj'Sf, et au latin : tl uina . " lI'esser " : Int. pltelc'l. l'. h. A. jltblml e l v. sI. plrlQ repré-
On peut ajouter quelques noms d'oiseaux et d'insectes: sentent une même fornH' ,' dont gr. û,b.w et le s ubstantif Rkr.
1< grive >1 : lat. tllrdui, v. j!;1. frpstr, lit. strd'{das, v. 51. drO{dli prlJf7la" u objet tressé" s'éloignent davantage. Le traitement
(avec uoc assimilation de Iïnitiale) el dnpv:,i. Le gr. cnp~~flc:; de t·kl· qu'on a da ns v . sI. plet{l , est le traitement regulier
ne peut êt re rapproché il. cause du C:J, et aussi ÙU a, qui ne sc devo nt voyelle postpn lnta lc (v. sI. noJti est un exemple cl811-
co ncilie ni avec germ. l, ni avec lat. d (on au rait b après r s'il sique du trAitement de ··kt- devant voye lle prépalatale).
<j'agissait d e tdh ). 0( roue,,: lat. rola, irl. rOlh, gal l. rblJd, v. h. A. rad, lit.
" guêpe " : lat. '/l'spa , v . bl'e t. fl/ohi, v. h. a. wafsa, lit. ralas ; le mot correspondant de l'indo·ira nien , skI'. rlllha", zd
vapsà, v. sI. osa; le beluèi gt'(1~ " abei lle, guêpe .. pst,;1 écarter raOd, signifie « char ".
è. cause de son isolement en indo-iranien; la sOIl(W'e bz fail du u timon " : lal. Il,,,..1, v . h. a. dihmln, v. angl. fixl , v. isl.
reste difficulté: le rapprochement avec la racine ttwbl,. « tisser " flsl, v . pruss . ItQ"ris.
Il'explique l'ien, car on ne voit palt comment le Sèns de cette " bouclier .. : la t. sC/1tl/"', irl. sclath, V. pruss. slaitan' (lire
nu.'ine s'applitjut>rttit il la " guêpe 'h s{QÎ/an?), v. sI. J/;/IÏ; si lit. skfdas et gr. Q;IT:\"(~ ( :i"T." i~ :~ ) sont
« frelon If : lat. critbrv, gall. creyryn, ~'. h . ,1. hornl/{. lit. purents, illi diffèrent du moins par le d en rnce du t des llutres
sZirs,fi (ace. s,irstmj) , v . sI. sriiJrtli (s. ûl/jln ). longuel!..
Le mol t n;:;.d~ spécialise au sens de " nid " dans: lat. ,lEdflS, " anse " : lal. mua , lit. (Un. E' t v. isl. œs H trou (pour passer
v . id . IItl, Y. h . n. nal, et. avec des altémtions, lit. li{das 'et un lacet ) u.
V. sI. glll'{do; au contr.lire al·m. 11isl ne signifie que" siège" :\fol'l relatifs aux relat ions sociales:
et sert de nom vel·bal au ,'erbe primaire nst;m "je suis assis .. If peuple ,. : osq . IQuIO, ombr. 'viam (nec, ), v . irl. tfial",
(aor . nS/dy), ct skI'. nî{iâfJ a gardé le sens de« siège, lieu où got. piuda, lit. tau/a.
l'on est étahli ", à côté de c<'hü de " nid '!. 0( étronger. hôte " : Io.t. bos/is, got . gas/s, v. si. tOSll; si le
Noms d 'arbres : gr. ;i~I=~ est parent, il a une forme entièreme nt différente.
« aune " : lal. a/nI/s, v. h. a. tlira, lit. l'llsnir, v . s I. jr/ixa. " dette " : v. sI. dMgjj (8. dtlg), gal. dulgs, v. Îrl. d/igrd
Il orme " : lat. II/mus, ir!. lem, v. isl. Mmr, 5 1. • ji/illlli et (dligim « je d9is Il) ; la diphtongue radicale du slave étant
jilil/In . intonée douce, 1c mot slave n'est sans doute pas emprunté au
.. if u : ir!. œ, gall.yw. v. isl. Yr, v . angl. fw et row, v. h. a. germanique; et il n'y 1\ pas de raison posit ive de croire que le
lwa , lit. N.'à, v. s I. j it'a . mot germanique soit emprunté nu celtiquQ, comme J'a sup-
posé M . d'Arbois de Jubainville.
23
11It. fias (lladis) j. gllge )J , got. watli, v. isl. vtd, v. h. a . wtlli; Aemblc que le sanskrit en ait trace dans le mot obscur mary/ldil.
lit. vad,iti l' dégnger , dlôli vl'er ... . 1Il~ers~m e nl, la nllgation prohibiti ve ·"Il
n'pst att<'!'I tée qu' ('11
" dominer » : v: sI. vla4, lit. valdati t"l-'t~/dIlJ got. waldan; IIldo-lrn lll e~l (moi), grec (y.+, ). arménien (mi), et manque totale.
cf. id . flailh ,. souven~int"té " (ct"I'lainl's rOl'mf's s<'nncti navl's ment pal' ai lleurs. Une disparition indépendante en slove en
IIlIl également 1), et aussi lat. ltalfll. b8.1~ique, eu germanique, en celtique et en italique est 'peu
Mnts divers : vraIsemblable ; car, dans le"langues où ·m~ a exist é, ses repré-
tt homme li. désigné p:lr rexprt'ssioll de " terrestre H : lat. lIentanb sonl encore aujourd'hui en usage, et le grec moderne
ImmJ , gal. guma. lit. ~m~ ({nu),lIs ) ; en indo-irnnien, en SI'rné· l'arménien moderne, le persan ne di ITèrent pas àcet égard d~
nien etengrec , on renconh'c pluMt J'ex pression de" Illlwtel " : grec ancien , de l'arménien ancien et du vieux persf'. Le fait
hom , ~FC)-:~" :mn. mard, zn marlla el maJyt1, v. perse mar/jya , est du resLe trop isolé pour prouver beaucoup.
skI'. lIUJrl)'oQ, martah. Telle ou teUe de ces coincidences peul être fDrtuite et l'on
" barbe" : lat. barbn. \'. h. n. barl, lit. bar'{da. v . sI. bratla: ne saurait rien affirmer d'aucune en particulier; m~i8 l'en-
de la l'adjectir : lat . barbd/IIs, lit. bar,ddtas, v. s I. brada/Ii . semble ne !laurait J'être, surtout si l'on lient compte des grou.
"poli, glabre,, : lat. t/aber. " , ong !. .fkud, v . h , a .g/a/.lit. pernents de sens. II y a donc une certai ne communauté de
ghlil,is , Y. sI. g/ndMtfi . vocabulaire entre les langues du nord e t de l'ouest, et cette
Il I;lac(>, froidure» : lat.gtlt4 etg/acits, v. h , n. kalI clklloh. communauté para it provenir d 'un développement de civilisa-
lit. Kilmrnis !< froid vif ", v. sI. g%li l' g lace n et tledira ,. \'CI'· , tion commun,
g las. givre H. On lit ·:I).ŒV~p~'I '·}Il'l.P~" chez I-I esychius, mais
cette gloM! Clll 'it rnpprocher du IIicilien '(lh , qui doit i-Ire
UII emprunt il l'i talique. Les parlers siciliens flCmbr~nl Ilvoir
été un peu moins l'ehelles aux empl'unts tlue les autres p..'l..-Iers
grecs; on a vu plus haut :dpx:l; ; M . W . Schulze, K. Z" XXXIII,
22:1 et suiv .. a reconnu dons i..Î";P l un autre emprunt sicili ~ n ,
On a de même lat. ca/Ire en fnce dE' lit . s{J/li Il dev('nirchaud .. .
Il parole Il : lat. utrbum. got. wQurd, v. pruss. wirds, lit.
vard"s (la racine esl indo-européenne commune: v. le diction-
naire de M. Walde, SOUl'l 1urbtnn ).
« pousser >1 : lat. Initia, got . triufall , \' . sI. tru,hl.
Il vent du nord " : Illl. munIS, gol. sklira-, v. h. a. skllr, lit.
s'{itiurt " nord " et « vent du nord " , v. 81. sèvtt'ù " nord ".
"vl'n i ": lal. 14&I/S , , •. irl . fir, v. h . a. tmr; v. 51. vira
., foi )J.
" mer >1 : la t. mare, irl. muir, gauf. (are-)morica, got. mart;
f't mari-{saiws ), lit. mtirts, v, sI. tIIorje: ce nom de la Il mer"
n'e"t USUE' l que dans les langues du nord·oueH t : toutefoÎl'l il
1 ,' I~nO-1 "" ~ IE~ 25
c'est un mot de la Camill e de gr. r.lPI, ~p ~ , etc" de lAt. prfmus,
ri e,: le • 1fr)'O- sur lequel repose irl , aire!K' trouve aU!4.'1i dall!4 gaul,
Al'io-{lIIamu ), composé dollt le premi er terme n 'a pAr suite l'ien
ft Caire avee le nom propre · Ar)'a- du peuple q"i parlaitlïndo-
irttnÎen.
CHAPITHE Il • Arya- est un nom propr(', dont il n 'y a pas licu de recher-
cher le sens, mttÎs dont l'existence atteste runil~ d 'une popu-
btion dlndo-Irrmien.'!, qui s'est divisée pnr la ~;uite,
On peut donc déterminer sur ce cas bien ét.'\bli il quel t~' pf'
1. T', DO - lI1A 1'1 1)-:.1( de faits se reconnaît une communauté de ce genre postérieure
a la séparation d'avec l'ensemble indo-européen : l'indo-ira-
nI' Inus les groupes dialect., ux qui rt'posenl sur une pl-riodt' nipn présente toute une série de particularité!! de dét.'\i1 qui ne
dt' co mmuMutf. po~h~l"ieure il ln période indo-t'uropéenne, le se retrouvent nulle part ai1leur!l, et qui proviennent de la
seul dont ln reaJill\ .'IOit nUe!!lée par un témoiglltlge direct e~t pél'iode de vie commune particulière au groupe , En voici
1ïl\tlo-ira nie n. quelques-unes l{ui ne sauraient être fortuites:
Ce témoignage estJe nom, identique, par lequel se dé!.Îgnent t o Les voyelles de timbre ( et 0, demeurées disti nctes dMs
lèl'l peuples qui on t appo" té lïndif! n d'une part, lïranien de toutes les Autres langues sans exception , se sont Condues dans
l'autrc. On (1 en elfet : le timbre unique a ; en entraînant la perte des alternances
l.d airya- (opposé à I/lirya- et il anairya- ), .... perse ari)'a- morphologiques de t et de 0, cette confusion a modifié grave.
dnnl! Ddra)'at'dIlJ nriyotiflra " Darius de famill e aryenne n; ment tout le système des fOl'mes, eUe a eu pour cOnHéquence
(:e nom est connu des Grecs rAr'-'~) et des Arméniens (Arikh), un développement imporl3.nt des alternances quantitatives
et il subsiste encol'e ; Eriln (prononcé maintenant frdn), le nom qui se présentent sous la Corme if.' il. Cet ensemble de faits
que porte aujourd'hui le pays des Aryos occidentaux , repré- ca ractérise eminemmentl'indo-iranien par rapport am ~utres
sente un génitir pluricl 'arydrulm. langues de la C~mil1e .
skr. 11r(I)'49 désigne le peuple dont la langue est le ~ Le ' 1 indo-européen , au lieudeseconrondre avec 'a comme
v~d ique; peut-être I\-t-on aussi or)'4-; le mot hr{ i))i4f, est iden- partout ailleurs (s..'\uf p~rtie llement en grec où il ne donne
tique nu mot ironien, à la vfddhi près. du reste jamail'l 1). nboutit à i. Apre.'! et avant y. le même ' 1
L'étymologie du nom n'est pas connue: on peut,si l'on veut , donne cependant n, même en indo-intnien.
rapprocher skr. dr)'a~J cc favorable H; rien ne prouve d 'ailleurs :l0 Les groupes de la rorme : sonore aspirée + sourde,
qu'on doive le raire ; et le rapprochement est dénue d'intérêt nboutissent il : sonore + sonore aspirée (loi de Bartholomae):
(cr. Bartholomae, 1. F . XIX, &i11ef l, p. 108 et suiv, ). On nOn -bh + 1- donne -bdh- o -bh + J- donne -b{h- , ele. Les autres
aucun droit de rapprocher arm . ari " brave l', qui ne doit ~a ns Inngues ont toutes d 'une manière normale un traitement con-
doute pas être isole de aru cc mâle •• t't de a)'r" homme (uir) u. forme :'I OX règles ordinaires de !'indo-européen : la sonore
Quant au rnpprochementavec id . airt (gén. airrch ) gl. primaJ, nspi rée s'ussourdit devant sourde, comme toute autre sonore.
il est évidemment faux ; ir!. air~ ne peut être séparé de ir!. ar Les traces - très rares - d'un traitement pnreil il celui que
CI devant u, cf. irl. airchinnlc/J " princeps ", "'"<111 . arbtnnig: délinit la loi de Rartholomae et qu'on a essa~'é ,le retrouver dans
26 1.'INI)O- IMA:>Ilt: \ 27
lesautreslangue!lsont toute!! ou (ausses ou incertaines . Il est vrai Phll"il"l
que -On.- donne ~.(- en grec ('J:<ÎG'ZIoi de *';;"(10",.,..). mais c'elll un
CRS lout spécial. el qui n'au torise pas il pose., une loi géné-
l'nie ; on explique gr. i"'I. J~~; p::lr • rgbs-qo;, ; mais rien Ile p.'(lUVe
Nom.
Acc.-gén.-dal. al.
.\ cc. ton .
...
tlaynm
n.smnn
t'Dt'III(l. wyim ) t!/J)'Dm
1/(1
ahma
que '; repose sur· echs : la forllle Iocr. iZfH; (>t les .formes G~n. ton . asmhkam ahma/cI'" amhxam
analogues représentent le traitement phonétique -1°- de *·lut- etc.
en grec, et h-;~,. doit son -; à l'analogie de b -:6; ; si laZa-:c; est li. Aucune langue indo-eurOpéen ne ne présente , à beaucoup
tirer de i; - ce qui n 'est pas évident - , il suOlt de poser près, l'éq';1ivalent de coïncidences aussi complètes, et poursui-
*eks-Ito- oonnant • coo/.c-. Quant il I2tOTI.~<; en fa ce de got. aiwislti. vies dans un si menu détail, avec l'une des langues du groupl"
IIi le rapprochement est eXllet, on l'Il l'endra compte soit par indo-iranien .
• aiiWhskt)J donna.nt. OIla-zc; (t.n>€! de ;:cZ!I'Zw), soit tout simplement. S'il existe de pareilles coïncidences de déta il , il Vil de soi
par·aiJtJU'kos donnant o:llT'l.~; (typ(' de h·znc;). Le gl'eC n'olTre que les sytèmes des deux groupes doivent être tout semblables
donc aucune trace de la loi de nartholomae; les autres langues dans leur ensemble; et en elTeton Il construit , .f>ur les fragment-.
n 'en présentent pas davantage . de textes subsistants, la grammaire de lïranien llRcien ~ l'aide
\" Tous les thèmes terminés par une voyelle: -a, -d , -i, -/l, de celle du §8nskrit. Et, comme on r a souvent répété, la simple
ont le génitiC pluriel en -n-dlII. Pareille introduction dl" -n- ne application de quelques r~gles de correspondances phonétiques
se rencontre par ailleurs que dans certains diall"ctes germa- ou morphologiques permet de transformer lei passage dl'
niques, et là même pour certains types de thèmes seplement. l'Avesta en un morceau védique presque correct, ou inverse-
l'S0 Les thèmes en -11- ont, ~ cOté des Connes en -d-, des ment. Les vocabulaires des deux groupes se recouvrent à peu
formes du type degén.-Rbl. skr, -i1yà{', v. perse -d)'d, zd -aye!; près entièrement. Ainsi , en regard de • k l initial de toutes
on retrouve, au moins en arménien et en celtique, trace de les autres langues pour le nom du 1< cœur Il (arm. sirt , v. s I.
-(i )y-, ~ certains CAS des thèmes en -12-, mais nulle part le type srrufla, lit. S'{irdis, gr. upUi et 1I.~F , lat. ('{)f, v. ir1. cride, go~.
-4J4-, hnir/(I), le sanskrit et l' iranien ont les représentants d'une
6- Les 3-- personnes de l'impératif ont un -u final ainsi AQnore aspirée: skr. htd- et PtdtJ)'am, zd '{Jf'{/- el WAlm ,
!!okr. bhdratrl = zd Mratll = v , perse baratU'fJ. pers. di/.
7- Le parallélisme de certaines formations est absolu; le Ceci n 'empêche pas que J"indipn et lïranien proviennent
pronotn personnel de 1" personne en donne URe idée : sans doute de parll".rs indo-européens dilTérenls , et dont la
période de développement commun n 'a pas suffi à déterminer
skr. ,d Y. perse
la fusion totale . Les isoglosses de la chute de·/ intérieur (v.
Singulie.r
chap. "III) et du traitement de - ury (v. chap. IX) passent entre
Nom. ahàm .w.m
""'" ,na", l'indien et l'iranien ; et l'on constate certaines coïncidences
Ace. ton .
Ace. atone
Gén. dat. alone
""'"
""
",
mli m
m4
nu maiy
de vocabulaire entre tiranien et le slave, qui ne 's'étendent
pas au sanskrit. Les deux groupes, tout en se développant
p..rallèlement, sont donc demeurés légèrement distincts.
Gén. toniqul" mama ma.. ,"aM
• Dai. ton . mMrya(m) maibya (g"h. ) Il n 'opparait FU qu'il y ail de rapports particuliel's entre
Ab\. mat ... r .na
28 OIAu:cn:l'o Ixnn · ~: I · nI)Plh: xs
.
1. I:'I LH,J-IIt.\:'Il t::'I
tel dialecte iranien et tel dialecte de l'Inde. Au premier abord térieur d a la linale ; on li ainsi , il la tin d 'un premier terme
on pourrait attacher Il cel égard quelque importance il la de composé, c'est-à-dire dans une position ·oÙ sunt appliquées
coïncidence du tr-aitement ..., de '-a s final en sanskrit et dans les les règles de la tin de mot, skr . oirHIlJ?J Il qui dODDe la force » ,
prlikrits occidentaux. d 'une part, el dans l'Avesta. qui est de mais ,zd ooga{-doSlJma- .\ qui donne le plus la force ". Le
l'iranien oriental, de l'autre. Mais il suflit d 'examiner les (ails Lraitemenllinal skr. -tI de indo-iran. ·-O{ est dODC parall~le su
de près pour reconnaître que le traitement zend et le traite- traitement de -o,-d- inMrieur donnant skr.-td- , et l'on conçoit
ment ~anskrit sont indépendant<; l'un de l'autre. que dans les prâkl'its orientaux (Mâgon"i ), -e se trouve il la
En f':fTet, le traitement -(l (c.-à-d. -d) du sanskrit est propre linale aussi bien qu 'à l ' int~l'ieur du mol.
aux C8to1 Oll -[ se lrouve devant une sonore suivante. Or, ln loi L'-c) final avestique s'est réalisé dans de lout autres con-
générale du traitement des finales il. l'intérieur de ln phrase ditions el par un tout autre prO<'~s . Ce n'est pas un traitement
indo-iranienne elit : sourde devant !Wuroe, sonore devant particulier; c'est le traitement de tout ·-as final, il la vnuse
taule sonore (occlusive, fionenle ou voyelle proprement dite) ; comme à l'intérieur de la phrase. Le zend n'a pas , cOlllme le
ce traitement de" finales se distingue de celui de l'intérieur du sanskrit, des règles de sandhi compliquées; saur les mots
mot par ceci que, à lïntérieur du mot, les sourdes deviennent étroitement liés dans la prononciation, il n'a qu'un traitement
"onores devant occlul'Iive sonore, mais demeurent sourdes pour tous le~ cas; or, ce traitement n'est pas le traitement
dev:'!nt son:'!nte (voy('ll(' ou coul'ionne) ou voyelle, !\Oil donc sonore; dans les cas où s u passé à!, on a partout -U, -tU, -x! ,
-Pt etc, ; de même que ·-ts est représenté par -s : ~s , slowS,
intérieur fhwl pouru/as, cO~tljS, · cLc. Ce n'est donc PliS ·-a{ (traitement H~cien
devant sonores) qui a donné -do En réalité ·-os linai a passé il
-ns/a- -ns 10-
-ah, -b étanlle traitement universel de s en iranien parlout où
-n,-oa- -O{ do-
une consonne ne suit pas imn,édiatement (cas de -as èn, -as
-nInO- -n; tln-
te) ; el en etret le vieux perse a -a, c'est-à-dire -ab, comme
-os)'n- -n, yo-
représentant de illdo-i~an . · -as. La. rermeture de li devant h
-nso- -n,- 0-
terminant la syllal>è se produit dans les giithiis m~me à l'inté-
ou, dans les cas oû J devient s en intlo-iranien rieur du mot: • asmi donnant giith , lhmi, • ",aSll/adj dClnnanL
grtth. ",;hll/aidi; cette même voyelle 1 est celle qui , Jans le"
-iUn- -il 10- g ï,thfls, reprcsente ·-ah final issu de ·-as t constamment dans
-iton - -iZ do- les monosyllabes (hi, yI, "1. etc . ), et partiellement dans les
-;!na- -it no- polysyllal>t>s : vaèJ par exemple. Un fi a été pa'"8l1èlement
-ij)'n- -it )'0 altéré en ~ (résolution de la ligature qu'on transcrit pal'
-iJn- -it 0- d) .devant -h final, de sorte que zd -d (c.-it-d . -M) répond i,
skr, -dQ final ; ici le traitement -âliha- de -tua- est exocte-
C'est ·-O{ fin:'!1 devant un élément cfm!Wnantique (consonne ment conrorme au traitement de ·-(1h final (ancien· -dI ) ; et,
proprement dite ou SOMnte consonne) qui donne RU SlInskrit comme ·-dsi-, ·-âsu- aboutissent à-dm-, -ilhu-, on voit que c' est
-0 final; h l'intérieur du mot, indo.iran. ·o{oa aboutit il skr. ln nasale développée après a qui a provoqué ln fermeture de
ton; d~'vRnt consonne, -n{ ~ubsi"le toujours en irAnien /1. l'in- ccl a ; ceci concorde avec \Ill rait connu de phonétiqu,e géné-
30
raie: les voyelles nasalisées tendent souven t it sc rermer ; en ,
zend même. '-am donne -'1/11. On est amené ainsi à supposer
que '-as a pus" lt '-ah, ' -orth, d'où ·~l'Ih) . Le développement de
ceLte nasale tient il ce que a se prononce généralement avec le
voile du palais peu ou pas relevé; à l'intérieur du moL, le relè-
vement n 'est pas maintenu devant un j ou un Il suiva nt , si CHAPITRE III
bieu que 'asti donne O1tha, mais ' "si el • as" deviennent respecti-
vement ahi el ahu ; en lin de mot , aucune influence n'entra-
vuit le d~vc l oppement J e la nasale, de sorte <fue le passage à
-1J(nh) a cu lieu dons tous les cas. La seuledirlicullé que pré-
L'ITALO-CELTIQUE
sente celte explication , ("est que, li Iïntêl'ieur du mot ,la "Gee-
liiSR tion du texte ne porte pas t race de (Ejrmelure ùe l'a devant
la nasale de -anha-; mais on sail <fue la vocalisation de Les deux groupes de l'italique, à savoir le latin el l 'osco-
l'Avesta. est bien posœl'ieure à la composition et 11. la fixation on~b,'i~n ~"t passé par une période de (!ommunauté postérieure
11. 1 umté Italo-celtique, Ccci est prou\'é par une série de con-
du texte par écrit ; d'ailleurs on conçoit que la nasale ait
exercé une tout autre ac tion là oû elle est restée distincte de cordances de délail donl le caractère, de singularité esl frop-
panl :
ln voyelle que lù où, en lin de mot, elle s'est fondue avec la
voyelle en en faisant une voyelle naSAle et en la fermant : on L'interrogatif-indéfini a fourni le relatif: le norninoti( du
a d'une part -atlha- et de l'auh'e ·-Qh, aboutissant à ·-9h, rela,~if est v: lal. quoi (lal. qui) = osq, p oi, ombr. poi, en regard
puil -d, de lmdéfim lat. quis = osq. pis, ombr, pi 5- i ; de même lot.
Le traitement . -(l de -os final devant consonne sonore en quid, osq. pid d' une part ; 10.1 . quod el 05q . pod de l'autre se
sanskri t et le traitement -d de toul •-lJj tinal dans l'A vesta sont correspondent à la fois pour la forme et pour le sens ,
donc deux phénomènes radicalement indépendanL'I L'un de Le pronom personnel osco-ombrien est mal connu ; mais on
l'autre, a les datifs, et le parallélisme y est complet :
La 1'" personllè du singulier du \,p.l'be " ètre " esl lut. SU /I/,
oS<J. sùm ,
Les formations d'adverbes sont toute" pareilles:
grammaire sanskrite, c'es t à l'a id e du latin <fu 'on a réussi il arm, hint, lit . ptnld , etc.
déchiffrer les textes oseo-ombriens , tous épigra phiques, etdonl lat. coqUIJ, gallo pobi, en regard de skr. pluati, v, s1. PtIt4, gr.
aucune traduction ne donnait I:J clé. Les coïncidences des "K"i"K"w'I, r;iaaw ,
deux groupes sont multiples : les YO,ve lles longues sont fel'- lat. qutrcus, qUtrquiJum, en regard de v. h, a . forha, v, angl.
mees; les ancie nnes sonores aspiré('s son 1 rep n~ sl' lIl é e s pal' des fl4rh. Le nom propre 'Ep"'~'1Ia, qui est celtique, n'est pas néces-
spil'anles sourdl's, puis la spil'antll .,p est remplacée pal' f sairement en eontradiction avec la loi ; le passage de *kwu à -ku
(toutefois ce fail11'est pas italique commun , cO llulle le montre peut être antérieur à l'assimilation de p initial à kw inlerieur;
la dentale de lat. IIIfdia en face de Il de osq . me fiù : il ~' a eu de là le maintien de p qui a disparu ensuite comme tout p cel-
développemt! nt parallèle) ; s inlel"Yocalique devient sonore : tique commun. Au surplus, l'étymologie d'un nom propre
la nasale fin ale est -/II et non - II comme en g rec, en celtique n 'est jamais sare ,
el en germanique ; les yoyelles brèyes en sy llabe finale La loi est invérifiable en osco-ombrien : on n'a pas le
tendent à tomber: la syntaxe est pareille. moyen de déterminer si lep deosq . pum peria is (j quinturiis Il ,
Né.mmoins , à la date où ils so nl attestés, les purh.ll·s osco- l1o ....:t"·m:;, Puntiis Il Quintius Il et de l'ombr. pumpei-ias et
omill'iens, déji' très distincts ('ntre t~ U X , difTere nt du latin pun tes Il pentade Il repose immédiatement sur p ou sur Jt4u ;
beaucoup plus q ue les anciennes langues il'a niennes. ne d ir- la seconde hypothèse semble certaine a priori. La même obser-
fèl'e nl du sanskrit : ja mais en transcrivan t purement et l-oim- v.ation s'applique au mot popfna (= lat. ~I/ina), que le latin
plement de l'osque ou de l'ombrien en latin , on n'obtiendrait a emprunté à l'osque.
du latin correct ou même intelligible ; il resulte de Ht, pour le
dil'c en passant , (IUt' le l'emplacement de ces Inngu('s p1l1' le
2- Le traitement ar, al de .i.-e, "'r, .al, alors que i.-e et
donnent ital. or, ol et celt. ri, li, c'est-à-dire autre chose;
*, *'
••
DlA..LtCTt:8 INOO-EUROptENS L'ITALO-<:ELTIQt:E 33
toules les laug-ues voisines ont un même timbre vocalique part des cas {seul l'irlandais ft itl en certaines positions), et
dans les deux cas (gr . '%i' et pa [ou 2p ], germ. ur, lil. ir ou tir, que, d 'autre part, le. traitement n'est pas constant en latin : 'Olli
etc. ) : aboutit it lat. illi :
ir!. scoraim Il je ~pare ", gall. ysgar u séparation » , ombr. sil/t, cf. id . saiu " sépal'ément n, et skr. sa"l/lar, gol. sml-
kartu u distribuito », karu " part, chair ", lal. card, cf. dro.
v. h. a.seoran, Iil. (at~ )siirai; c'est la racinedev. h. a. Keron, ÔI/is, cf. gr. ~~~~.;.
gr. u !pw, arm. ibtrem. 3- Génitif en -Î des thèm e~ en ,,' : lat. lIir' = v. irl. fir;
lal. uarus = lit. tJiras. irl. ogam. maqi; gaul. Stgolllari , génitif de Stgomaros. Les dia-
britton. goran (1 grue ", gaul. (tri.)goramlS " (.mx lroi~ ) lectes brittoniques n'ont pas conservé le génitif. L'osco-om-
grue(,) JI; cL serhe tdrdJ et tdriio de ·tiravlÏ; gr. ';lP%'/:;, lit. Lrien a remplace la forme en -j par une fo.·me en -eis emprun.
gbtlt, V. sI. teravi, etc. tée aux thèmes en -j-; mais c'est sans doute It -i que ce -nJ a
ga11. ma/a! CI je mouds ", ombr. (ku-)maltu" collllllolilo >', été substitué, - Le génitif en -i est extrêmC'ollent caractéris-
cLarm. lIIakm, et, avec vocalisme e, irl. me/im, V. sI. meljr;; tique de l'italo-celtique , parce qu'il ne se relroU\'e d)une
avec vocalisme 0, got. mala, lit. ",aM , ct , avec vocalismet ou 0, manière sûre nulle part ailleurs (l'h.\·pothèse sur le thessalien
lat. rooU1. proposée par J. Schmidt, K. Z" XXXVIII , 29 cl sui". a cepen-
lal. salix, irl. sail (gén. sai/ah) n'est un cxemple probant dant été repoussée récemment par M. Kretschmer lGlotta, l,
qu'autant qu'on rapproC'he gr. iH~'I); si, avec M. Solmsen, l'on 58 ct suiv. ] qui maintient son rapprochement avec cert.,ines
séparc le mot grec, rien ne prouve que ra de sali"" sail et dc formes mess.."1picnnes) et parce que, ne présentant pas la voyelle
v, h, a. sa/obit ne soit pas un ancien ·a. thématique t/o qui se trouve dans tout le reste de la flexion,
Oc même"'n donne ail en celtique et en italique dans divers il est entièrement isolé dans la déclinaison de ces thèmes .
exemples (déjà indiqués pour la plupart dans Meillet, IX. ,,"0 Passif en -r ; sur Ic déhtÎl dcs forme s. \'. G. DoUill, La
radice ·men-, p. 7, et depuis, par ~I. Hirt, 1. F., XXI, 167 et diJ"'untu vtrbalu t1l -r- ; le prétérit est obtenu au moycn d 'une
suiv. ), not.'\mment dans : même fOl'me nominale , radjectir en -111--: lat. cantlltus ut, v. ir!.
lat. 'MI/Id, en regard de gr. ;U'IIW, ",,!;.\bT,x.2; irl. anaim. bret. (ro)ctl Il il a été chantê Il, osq, teremnalust " termillota estu.
(eb-)ilnDff sont assez énigmatiques. Les verbes il. dêsinences ordinairement moyennes ont N..."(,,'U
lat. manus,ombr. manuv-e " dans la main JI , osq, mallim; l'r du passir, ce qui a constitué le dé.ponen t; celle rorme, qui
cr, v. is!' mill/d, est une combinaison des désinences moyennes et de la carac-
irl. tana, bret. tallal/, cf. gr. :1:'11:"'- , :1:~Q::"; le lat. ImllÎS a un téristique or, est une innovation slI'iclemcnl propre il l'it .. '',-
e radical, comme lit . tem'os. celtiquc. - Fait très remarquable: les l '" personnes telles que
lat callô, ombr. kan e lu, id. canim, gall. caltaf; on n'a pas lal. loquor et \', ir!. lahmr se ressemhlcnt de pres. _ Le type
le degré t de cette racine; mais on en a le degr~ Il dans gr. lal. loqllilllr et le type v, irl. fabrithir, -Iaf"at/)ar ont aussi
lC.;'I2t~; (el gal. /Jana ('( coq ", lit. ktlnklts, sode d'instrument a même structure; nulle part, ni cn ital ique, ni en irlandais, il
cordes , v, Leskien, Bi1dlmg d~r Nomina, p. '-98), cl le degl'~ ô n'y a au pré~ent trace des dési nences primaires en O-tai, du
dans 1011, ci-cônia, p~nestin Mua, v. h. a. !Jl/Ol/. lype skr. sacale, gr, t-;:!-:-l\ (et gal. baimda ) ; le latin 0, il est
Touterois cc traitement an de. o Ou prouve peu, parce que, "rai, la 1 ro personne du singulier Cil o_a.i aU perfectum indicatir :.
d'une part, an est le traitemcnt de of! en celtique dans la plu- tl/tl/di = skr, tl//llde, mais c'est une désinence de parfait ; on a
36 DIAU:CTES I~DO-EL'ROPlh.;"5 L '[TALO-<:I'.:I.TlQUt: 37
constaté que le parfait a généralisé en quelqup.s cas des dési- de même v. ir!. -giS, en face deguidim u je prie ,). - C'est un
nenceFi moyennes, qui peuvent n'être pas conservées par ail- subjonctif en -s- qui Cournit le Cutur osque, type Fust. On
leurs; le slave, qui n'a rien gardé de toutes les désinences peut être tenté de rapprocher le futur du type fax6 du futm'
personnelles moyennes au présent, a -~ dans l'uni(lue forme grec, par exemple dix\J de ~!C;W; mais il ya là sans doute une
personnelle de parfait qu'il présente: tJidè le je sais li ; et, coïncidence fortuite , car tout l'ensemble du futur latin se
comme les autres langues ont, pour ce parfait, la foryne active compose d'anciens subjonctifs , ct d 'autre part les fails latins
(skr. vida, gr. F=i~a. got. wail), le v. s1. vèdè indique une sont visiblement inséparabl es des faits irlandais. D'ailleurs le
généralisation de la forme moyenne dans tout le padait slave à futur indo-européen n 'apparaît que dans les langues où il y
une époque préhistorique; le vieil irlandais ne connaît de même a un participe futur, à savoir l'indo-iranien ,le baltique (et un
que les désinences du déponent aux t no et 3' J>.ersonnes du plu- peu le slave), le grec; à en juger par le védique, le participe
riel de certains ,de ses prétérits. - La t roi personne du pluriel, était la principale form e du Cutur indo-européen.
Jat. loquil1mr, v. irl. labrimmir, -labrallllllar, n'a rien à Caire avec Le fulur latin de~ verbes dérivés tels que amâOO, lIIontbo,
la désinence moyenne skr. -mahi, gflth. -maidi, gr. -iJ.dh, et esl alldîw , fal. carifrJ, pipafo a son correspondant exact dans le
faile sur la 1'" personne active; et la ~ personne du pluriel, futur irlandais en -h, -f-; le rapprochement a été contesté , mais
qui est en latin empruntée à une forme nominale (loql/imilli ), pour des raisons qui ne semblent pas entièrement valables,
ne se distingue pas de la rorme active en irlandais : v. ir!. ainsi que l'a reconnu M. Vendryes qui se réserve d'examiner
labritlx, -labraid. La coïncidence de l'italique et de l'irlandais la question en détail.
pour le déponent va dono jusque dans le dernier délail. Il y 6° Formation du superlatif; lat. maxill/lfs ; osq. nes simas
a ici une ihnovation commune décisive (cr. Pedersen , K. Z., ~~ proximae n, ombr. ntJ illlei, v. irl. ntJsam, gall, ntJaj; et type
XL, 170). lat. facillil~f/s, gau!. O~;\a;zf.ll'J, v . id. dl/cm. Les autres langues
5° L'irlandais el le latin ont en commun deux rormes de ont une autre formation: skr. roItdilth(/~, gr. f.~t:l'';Cç , V. h. a.
subjonctir qui leur sont propres; la concordance de rune de Slltn"iS10.
ces rormes serait déjà carncléristique ; la concordance des deux 7° Le suffixe· -tei- est élargi par un suffixe nasal; lat. niilj~,
a une valeur comparable à celle de l'innovation du dt\ponenl: ombr. na1itu (~'l.blati f), v. ir!. 10i/ll1;1I (gén . foi/lllm) ~( pensée >!.
a, Forml!-tion en -d- : lat. ft.ral1l, v, ir!. btra (et Cormes cor- L'arménien a de même une forme -lithium (géD. -lithean ), il est
respondantes en _o sco-ombrien), Sur l 'irlandais, v. J. Vendryes, vrai; mais il y a ici un suffixe complexe, proprement armé-
Gramm. du v. irJ. , § 331, p. 173. nien , tandis que les faits italiques et celtiques sont exacte-
~. Subjonctir en -s- : v. ir!. Ham, uis (v. J. Vendrye", ment pareils t'es uns- aux autres.
Grallllll. du v. irl. , § 332, p. 173; et § 336, p. 176 et suiv. ) ; 8° Le vocabulaire est en partie identique; il Y a coïncidence
lat. dixim, faxjm (et dfxà, fa.\·~). Le type fa.\'i//l n'a évidem- pour quelques mots très importants, notamment pour des pré-
ment rien à faire ni pour la forme ni pour le sens, avec le positions ct préverbes :
système du perfectum, où l'on tente souvent à lort de le fuire
lat. dt = ir!. dl, britt. di
fib"Urer; el drxltJl est tout autre chose que di.\'t.rim. Ces subjonc-
CllIIJ = COIII (et co- = co)
tifs en -s- ne prlosentent pas les carac~éristiques des pl·t!scnts
ou encore:
correspondants et constituent des th èmes autonomes, ainsi
lat. faxi1ll, fa.\'6, en race de (arù); allsillt, en fac e de audw, et imus, cC. irl. is ~' en bas" et isel, gallo ist.l;
38 DIALECTES INDO-EUROptEN!I L ·lTALO-CE:L TlQVE 39
et certains substantifs: lignes d'isoglosses entre le S<'l.nskrit et l'iranien , l'unité Halo-
lat. ptctllS, ir!. ucht (gén. ochta). celtique n'exclut le passage de lignes dïsoglosses entre l'italique
lUTa, irl. tir (thème en -u-; v. Vendryes. M. S. L. , Xltr, et le celtiqUf~: ainsi plusieurs p.'l.rticularités communes au
38'). grec et il lït..'l.lique ne se retrouvent pas en celtique, comme
lat. mm, ombr. berus (ahl. plur. ), v. irl. hir, britt. be,. (les on le verra par la suite .
mots des autres langues qu'on a rapprochés [v. en dernier lieu Il ya une ressemblance p.'l.rticulière entre l'osco-ombrien et
Lidén, 1. F., XIX, 325] n'onl enctement ni le même sens· ni le celtique, dans le traitemt'nt des labio-vi!laires : "1:',. donne
la même (orme). également b en osco-ombrien et en celtique. Mais, ~i le fait se
L'adjectif lat. crispus. gal!. crych (même sens), gaut. Crixos présente identique dans les deux groupes, c'est presque évi-
(nom propre) est propre à l'italo-celtique. demment par suite d ·un développement indépendant; car le
.Les anciens noms du " fils et de la u fille » ont disparu
)1 kw e~t d'ahord d(>meuré q (aUest i! dans les inscriptions oga-
et ont été remplacés par de nouveaux mob : lat.fîlitlS etft/io, miques), puis est devenu l' en gat:lique, D·ailleurs It" traitement
irl. ,uate igén . ogam. maqqi et moqi). britl . mop fils Il et ir!.
(C labial des lnbio-\"élaires est un phénomène tout naturel, qui se
ingtn (ogam. inigtna) " fille ),. Lat. fi/ius el fi/ia sont lirés de l"e·trouve d 'une manière indépendante t'Il grec, et que d'autres
l'idée de « nourrir >', et le mot cell. ·",a!tw/t"'a- a l'Air d'un langues présentent il diverses dates : on Je eonst.'l.te par
mot du langage enfantin, ainsi 'lue lïndique sa consonne exemple en roumain, parmi les langues néolatines,
géminée,
Le démonstratir de l'objet éloigné est caractérisé par 1- en ita-
lique pt en p.'l.rtie en celtique seulement (v. Brugmann, /Jemqns-
trnliv-pronomina , p. 83, dans les Abhandl"'f[W de l 'ACfldémie
Sflxonne, vol. XXII ).
Touterois, il ne raudrait pas exagérer l'importance de ces
concordances de vocabulaire. Par exemple, la liste de" verbell
rorl.. de l'irlandaill (v. Vendryes, Gr. dl! 11. irl., ~ tOO, p. 210
et sui" .) ne colncide que pour une très petite p.'l.rlie avec ln
liste des verbes Corts latins.
La ressemblance générale de la grammaire italique et de la
grammaire celtique est encore assez sensible. bien qu'elle l!Oit
dissimulée par les altérations très Cortes el très nombreuses
que chacun des deux groupes a subies de son coté. Ln gram-
maire irlandaise il laquelle on en est réduit à comparer ln
grammaire latine est du reste cell,e d·une langue attestée un
grand nombre dé siècles après le latin et parvenue il un df'grp
plus avancé de développement, ce qui rend la co mparaison
malai~e et peu précise.
Pas plus que l'unité indo-iranienne n'exclut le pfl..'Isnge de
I.E BAI,TQ-lII.AVI:: tl
génitif, datif). L'accent initial a bouleversé la phonétique latine .
Riendesemblable en slave ni en baltique; aucun rait n'aulorise
il supposer qu'i l y ait eu li aucun moment une dislocation gr'.lVe
d'aucune partie du système linguistique. La structure phoné-
tique a gardé son aspect d'ensemble; même les consonnes inter-
CHAPITRE IV vocaliques qui , presque partout ailleurs, ont été plus ou moins
altérées sont restées 11. peu près intactes li la rois en baltique
et en slave; el par suite le baltique et le slave' sont les seules
langues dont certaines formes actuelles présentent des mols qui
LE RALTO-SLAVE ressemblent Il ceux qu'on est amené .Il 1< restituer Il quand on
pose l'indo-europëen commun : lit. gjws « vivant " ou lsti
L'unité balto-slave est rune de celles que personne ne con- Il il est ", russe pekû If je cuis >l, strntn4 Il les semences ", novâ
teste, et en etTet la ressemblance générale du baltique et du « nouvelle Il ont encore en gros l'aspect des mots indo-euro-
slave est évidente. Pourtant, .Il regarder de près, les innova- péens qu'ils représentent.
tions et les particularités singulières communl"S aux deux Partis d'un point de départ identique et n'ayant subi par
groupes sont moins probantes qu'elles ne paraissent tout d 'a- la suite aucune déviation systématique, s'étant d 'ailleurs déve-
boro. loppés dans des régions voisines et -dam; des conditions· pa-
Pour apprécier exactement les faits, il convient de noter reilles de civilisation, le baltique et le slave ne peuvent man-
tout d 'abord deux faits généraux: quer d'avoir une très grande ressemblance d'aspect généraI:
i· Le baltique et le slave sont les représentants de parlers Cette ressemblance est encore soulignée par le rait que la
indo-européens sensiblement identiques: aucune ligne d'iso- plupart des emprunts de mots Caits par le baltique l'ont été au
glosses notable ne passe entre le baltique et le slave, c'est- slave; la similitude des vocabulaires , et même des procédés
à-dire que le baltique et le slave ne se trouvent jamais de de dérintion, grande dès le début, s'est trouvée r.insi accrue
part et d'autre des lignes qui marquent la limite des particu- dans une large mesure.
larités par lesquelles se distinguent les dialectes de lïndo- Ceci posé, on peut passer en revue les principaux argu-
européen commun ; une identité aussi totale ne se retrouve, on ments invoqués en raveur de l'existence d'une unité ballo-
l'a vu, à l'origine indo-européenne ni de l'indo-iranien, ni de slave, en recherchant s'ils suffisent à établir une période de
l'ita lo--eel tique. communauté balto-slave postérieure à l'unité indo:-européenne.
2° Le baltique et le slave présentent ce trait commun de Dans sa KUf{t fltrgleichende Grammatik, § H (p. i8 de la tra-
n'avoir subi, au cours de leur développement, aucune frac- duction française ), M. Brugmann invoque les faits suivants :
ture brusque du système, L'indo-iranien a confondu les timbres i o Les liquides et nasales voyelles· r, ·1, • u, • Il' ont donné
de e et de 0, et brouillé ainsi loute une partie des alternances en baltique ir, il, in, im (ou aussi ur, ul, un, /lm ) ; le slave
vocaliques employées en morphologie, Le grec a éliminé s et y commun a en N'-garo ·'r, ·11, ~ (ou ·ur, ·' 1, ri), La coïncidence
intervocaliques, et a simplifié d'une manière radicale la décli- est réelle; mais il n'en résulte sans doute pas que le baltique
naison , notamment, en en éliminant les casà sensrk l, el ne gar- et le slave aient eu un développement commun après l'époque
dant que les cas gramm4ticaux (nominatif, vocatif, accusatif, ind~uropéenne. Car il semble que le timbre de la voyelle
DIALECTES lNDO-EURortENs LE IIALTO·SLA VE
accessoire qui se joint à la sonnnte voyclle niL été fixé dès son, mais quelque peu défini cependant; ce timbre, on ra
lïndo-européen, et qu'il y ait là un faiL dialect.."\1 de date indo- vu , tendait à. différer suivant les régions: Le parallélisme de
européenne. Sans doute la plupart des langues di\'erg~ nt ù cet balt. ir et 51. 'Ir, balt. Jlr et sI. ' ftr, etc. remonte donc à
égard; toutefois le grec et l'arménien s'accordent il présenter l'époque indo-européenne commune .
le timbre a de la voyelle accessoire; et, en ce qui concerne 2' Le baltique et. le slave s'accordent il ne pas admettre les
les nasales, ce même timbre se retrouve en indo-iranien : '0 consonnes géminées. Mais c'cst le résultat d 'une tendance
est représenté par indo-irnn . a, gr. !x, arm , ait , et • 'Il par indo-européenne commune i en baltique et en slave, celte teu-
indo-iran. a, gr. ::1:, arm, am, Des voyelles fermée!! , i et Il, dance a continué d 'agir el a complètement ~bouti; il en a été
apparaissent au contraire ' en celtique (pour 'r et 'l donnant sans doute de même en arménien, où, avant la chute de i f' t
rrel li), en germanique (ur, ul, un , um ), en b."\ltillue et en Il et l'emprunt de certains mots étrangers, il ne semble y avoir
sillve. On aperçoit denc ici les grandes lignes d'un groupe- eu aucune consonne géminée; les autres langues n'ont pa,
ment dililectai indo-européen , difficile à préciser dans le d étail. conservé la tendance indo-européenne. En ee qui concerne
- Et surtout, en ce qui concerne le traitement balt. ,ir, ,jl, lïndo·européen ,on sait que les consonnes géminées y tiennent
sI. ',ir, 'ul, le point de départ du timbre u est sûrement indo- peu de place: la plupart de celles qu'on rencontre appar-
européen, comme on l'a déjil remarqué; car le timbre" se tiennent aux hypocoristiques et aux mols_du langage enrantin,
retrouve même dans des langues qui ont ordinairement déve- soit par exemple le type de gr. '(:jYYIIi (v. W. Schulze. Lnl.
loppA d'autres timbres pour la voyelle accessoire: Eig~ltnam~n, p. 520, et une obscr"tltion de M. Brugmann,.1. F.,
v. sI. knima (r. kortl/a ) l' poupe Il, cf. gr. T.?~II-Y'I); · XXIl, 191, parue durant l'impressit;>n de ce't ounoge), ou de
Iii. surbili, cf. le~b, ~IJTtw, v. h. a. {lx:cbIJn (v. Traulmann, Gcrlllanischt. La"tg~I{~, p. 62
v. sI. gnjlo (r, gor/o, s. gNo), lit. gurkljs (ace. gurklO, cr. lat. et suiv. ), ou le type de gr. à-:-:IX 1< pnpn ", lat. alta, skr. atM,
gurges; de même '0/ est représenté par u/ dans les mots de got. alla, v. h. a. altr) v. id . aitt (avec t et non th, donc ancien
même famille : lat. gula, arm. e-kul « il a avalé 1> (l'u de arm. Il ). En dehors de ces ens tout particuliers, lïndo-européen ten-
Urul a peu de chances de reposer sur un ancien ' D). (lait à éliminer les consonnes géminées: on verra ci-dessous,
Les e.xemples de ce genre sont peu nombreux , et l'on n'en dons un chapitre spécial, comment le groupe '-11-, souvenl
sa'uait déterminer la valeur exacte; mais ils suCllsent du tlmené par la morpbologic, a eu {tes traitements dinleetaux
moins à. établir que la fixation du timbre de la voyelle acces- divers en indo-européen ; et "·ss· a été éliminé dès lïndo-euro-
soire a commencé dès J'indo-européen. Celte voyelle étnit péen dans l'exemple connu : skr. asi, zd ahi, gr. c~, en regltrd
assurément très brève; CM, encore en sanskrit, i.-e. ' [ et '1 de homo (aal, v. lat. us (reconnaissable grice il. la métrique ),
sont représentés par T, qui est une brève , el '0 , "Il sont arm. es; l'indo-iranien a ausl>i un locatir pluriel des thèmes en
représentés en indo.iranien par la brève d, en grec par ln -es- : skr. -IlSll, zd -ahu, au lieu de la forme attendue -as-sil .
brève ;Z; i.-e. 'r devait être quelque chose d'::m alogue il ce L'élimination des consonnes gémin~s a donc son origine en
que décrivent certains grammairiens hindous comme étant la indo-européen même ,
prononciation de skr. T: 1/! de voyelle + r + 1/ 4 de voyelle; :)0 L'ndjectif déterminé lit. Kt:ras-is est tout à rait comparable ù
il y a là des éléments vocaliques extrêmement brefs dont le v. 51. dohni-j; (dobryji ), Toutefois les deux types ne sont pasexac-
timbre avait déjà, dans les parlers indo-européens, un timbre lement pAreils dans le détAil , et lïmportance n'en est pos la
médiocrement nel snns doute, en raison . du peu de durée du Olé me da nI> les deux langues. Et surtout, l'emploi du thème ')'0-
DIAUx:rES I;\:DO-f:rROPf!;:XS LE IlAI.TO-~LAVt.:
sur lequel reposent ces adjectifs, qui sont de véritables juxta- commune li normaliser que presentent le baltique et le slave.
posés, se relrouve dans l'Avesta, à la place des mots près: Le vieux saxon a de même thl, tbia , Je vieux haut allemand
Y. XXXV • .t. tiliJJ)"a06anbiJ )"iiiJ fJabiJtifiJ « par ces aelions excel- dtr, diu.
lentes .. représente un type zend normal; le fait essentiel est 7' Les datifs lit. monti, II/tin, v. pruss. IIItnnti ne répondent
l'accord en cas de ·10- avec le substantif et l"adjectif; cel à v. sI. mini ni pour le vocalisme de la première syllabe ni
accord a lieu en iranientoul comme en baltique et en slave. pour celui de la fina.e; les formes slaves et baltiques four-
4· Les participes actifs masculins ont passé li b lIexion en nissent ici un bel exemple des innQvalions parallèles, mais
._~. ainsi : gén. sing. lit. tita"q:io =v. 51. ~(JJta. Le p.,ss..'ge indépendantes, qui caractérisent les deux groupes,
résulte de lïnnuence des Céminins en ·-)"17-, qui sont indo-euro- g. Le génitif-ablatif singulier vi1ka recouvre exactement le
péens; il était très naturel, et ron en retrouve l'équivalent v.s1. v/lka, et Lous deux répondent à l"ablatif skr. fJr~II, Cette
exact en germanique occidental: v. angl. Nrlndt, v. s..u. confusion du génitir el de l"ablatif résulte de ce que, dans tous
btrandi. v. h. a. btrantj. Ce changement n'est d'ailleurs qu'une les types autres que le type thématique, le génitif et "ablatif
conséquence d'une innovation générale: les adjectifs lendent singuliers ont une seule et même forme; le grec s'est servi du
~ prendre les fonnes du type vocalique plus tôt que les subs- génitif des thèmes en ~ pour l'ablatiC; le baltique et le slave
tantifs : le lituanien n'a comme adjectifs que des thèmes en ont fait Iïnverse; il n'est pas évident qu'il y ait là un déve-
-a- et des thèmes en -u- ; le slave, plus avancé encore, n'a IOI)pement remontant à une période de communauté, car le
que des thèmes en -0-, avec le féminin correspondant. On vieux prussien, avec son génitif dâtMS, n'y participe pas; les
pourrait alléguer la conservation des anciens nominatifs sin- démonstratifs divergent beaucoup : le lituanien a l'ancien
guliers masculins: lit, w:tas, v, sI. t't\.Y; mais le gotique où, ablatif tii pour génitif, mais le vieux prussien a sttJu (ancien
sous l'influence du comparatif, leparlicipe a passé aux thèmes génitir, cf. skr. tâs)'a, hom, -r:!o) et le .slave la fonne nouvelle
en -n- a aussi conservé le nominatif singulier du type bairands logo. Tandis que la forme itaJo-celtique li -i, loul li fait isolée
(à c6té de bairanda ), et singulière, est très probante, la généralisation de l'ablatif,
5° L'intercalation de -i- dans les formes telles que lit. facile il expliquer par un développement indépendant, ne
akmtn-j-mls, et v. 51. kamm-I-""i n'a rien de caractéristique; prouve rien.
car on retrouve des intercalations p.ueilles d.,ns lat. ptd-j-bus Les fails invoqués établissent donc seulement que le baltique
(dont l'-i- est, il est vrai, ambigu , et peut représenter une el le slave ont eu des développements parallèles; ce parnllé-
voyelle brève quelconque), arm. ot-i-wkh, elc. Et, en baltique lisme a eu pour conséquence naturelle la creation de quelques
comme en slave, l'identité des accusatifs singuliers et plu- fonnes identiques, mais ces innovations semblables n'attestent
riels dans les thèmes en -i-elles thèmes consonantiques s'est pas une période de développemenl commun. Un bel exemple
réalisée phonétiquement, facilitant ainsi le rapprochement des des innovations parallèles et jndépendantes qui caractérisent
deux séries, qui aurait pu du reste a voir lieu même sans cette ces langues est fourni par le déplacement d'accent d'une
circonstance. tranche douce sur une tranche rude suivante, qu'a décou-
S· Les thèmes de démonstratifs .f(}- et ·td- ont remplacé par vert M. F. de Saussure en lituanien, et qui se retrouve
les rormes analogiquesJit. las et ta, 1'. sI. tù et t4!es anciennes en vieux prussien et dans les dialectes slaves. Ce déplace-
Connes du type: skr. sa et sl1, gr. 6 et "J, got. sa et 10. Mais ment a eu lieu de manière indépendante en lituanien, en
c'est une innovation très simple, et qui résulte de la tendance vieux prussien el en slave. A l'égard du lituanien et du
LE OA.LTO-SLA.VE
"ieux ' prussien, l'independance résulte du fait signlllé p..1.r citer: v. sI. bi/ha = lit. bll/sn - lipa (r. lipa, S. lipa, tch . lipa )
M. Bezzenberger (K. Z., XLI, 74etsuiv. ), queledéplacement = lit.lipa -d{Vt{da (pol. gwia{da ), cC lit. tvaig,dl, v. pruss.
prussien· se produit d'une longue douce sur une rude suivante , swdigslan - y/ava (anciennement oxyton au nominatif; cette
mais non d'une brève sur une rude suivante: v. pro anlrâ, oxytonaisona entraîné un changement de lïntonation radicale),
illlll1 , piencktll , mois maddla, tikra (en face de lit. tikra ), wissa (en cf. liL galva (gttlV{t ), v. pruss. galhl-r(!.ka = ranka, v. pruss.
face de lit. visa ). Quant au slave, la valeur du fait invoqué dans raI/co (cf. lit. rC/lkiù )- rogll = rifgas, V. pruss. rags - altïkati
M. S. L., XI , 350 et suiv., a été contestée par M. Pcdersen , (/al'o/i), cf. lit. il/kli, v. pruss. alkins - IIU/(I, cL lit. tl/clti et
K. Z., XXXVIII , :J35 , mais l'objection ne semble pas con vain- II/rlali, mt/aû, cf. leUe mllàl-Iad;ji (r.IMja, pol.lvd,Ja, s./dda ),
("nnte (cC Arch. f. slov. Phil. , XXV , 4.2G). M. Vondrak (Vcrgl. cf. lit. tldiia (v. Leskien, !3i/dung, p. 3t7; Juskeviè accentue
slov. Gramm.! l, p. 206, n. i ) admctque le type sedJe kùpam ildija, cc qui est surpl'enan!; les mots sont parents, mais non
résulte d'un retour secondaire de l'accent sur llnitinle , et identiques: on nolera l'absence du mot indo*européen commun
c'est sur ce recul d'accent, admis par M. Saxmatov (l'{J.'lsJija de *miw* dans les deux groupes slave et haltique). _ La con-
la section de langue et littérature russes de l'Académie , VI , l, cordtmce d 'un nom tel que le nom du " fer », v. sI. ttll:::.o (r.
229 ct suiv. ), que reposent aussi les objections de M. Kul'bakin ~t!l:::.o, s. ~eJj(:::.o, pol. ztlazo), lit. gtlt~is, v. pruss. gdso (v. Les-
h;:uistija, XI, IV, 269 et suiv). D'après M. Kul'b..1.kin, on devr-... it kien, Eildlll/g, p. 23.\.) montre que la communaute de civilisa-
avoir*ùd je{jkd, 'Zapi/dl, parce que l'accent ne se maintient pas tion dnit être- pour beaucoup dans ces cuïncidences, car il
SUl' une svllabe intérieuredïntonation douce; il est impossible s'agit ici d'un objet qui n'avait pas de nom indo-eul'OJ>';!cn.
d'examin~r ici en délaill'emploi de l'accenldans les groupes de Les mots qui ont des parents dans les autres langues, mais
préposition plus nom et de préverbe plus verbe; mais il n'est dont la forme b;:tltique et slave ne se retrouve pilS ex,\clement
pas démontré, tant s'en faut, que cet emploi reconnaisse des identiqueailleUl's, sont llolllhreux . En voici quelques exemples:
causes phonétiques (d. J. F. , XXI, 34t etsuiv. ); au surplus, v. sI. aba, lit. aM, v. pruss. abbai (cn reg-drcl de gl'. Œ;J.fw, lat.
le serbe pObvdlU, où·il n'y a eu aucune contraction, se compOrte a/llb.J- skr. I/thO/l, gàth. 11h11 - got. bai) - ovlnÏl, avint/s, awins
exactement comme Z/lpytiH, où il y en a eu une, et rien ne per* - noglil1, ,mgMis, 1Jaguls - Zt'lldja, ~l/J/t, Stlll/llt - \.'Lof";, ~t'frls,
met de contester l'antiquité de l'accentuation de s. JJt'tÎ/iJ. - swirius (ace. pl ur .) - vra!lI, variai, lmr!o - plI/lIa (slov. pljnea ),
Quant au 1, de jt{Jkd, qui n'est pas correct phonétiquement , il b/micziai, plal/fi - ratnjl, arlojis, artoys - slIIriid;/i. slI/irdÎli -
s'explique évidemment par l'inl1uence de tous les autres cas nagli, m~gas - l/Iilt1, mllas - v;si (de *viSli ), t'isas, wüsas -
où il y a e bref: gén. sing. jèt.ika, etc. - On ne voit donc pas , i/J/a , {ima -sladlikli, sa/dùs (cf. arm. J.:hat~r<! doux ,, ) - sivii
qu'aucune objection décisive ait été produite qui détruise la szjvas, SÎWOlI - iis et ji" (pol. s, Z), iSZ - v).Jra, Mra (les deux
preuve alléguée en faveur du caractère dialectal du déplace- mots avec li) - 't't'lIïxif, vC:lus:::.as - wterif, vâkaras - :;,itd{l,
ment de l'accent. ~idïu. Cette liste, déjà significative, pourrait facilement être
Même en dehors des emprunts, le vocabulaire sla.vc et le allongée.
vocabulaire baltique présentent beaucoup de concordances: l\tais, souvent aussi, on a les mêmes mols , avec des
mots qui ne se retrouvent nuUe part ailleurs, ou mots qui ont en variantes légères, et qui remontent à répoque indo-euro-
baltique et en slave une forme différente de celle qu'ils alrectent péell ne : le slave a di,,1 et.le liluaniendënà -le slave advlri et le
dans les autres langues. lituanien dlirys - etc. Et , si le slave el le lituanien s'accordent
Comme mots qui ne se retrouvent pas ailleurs, on peut pour OSIll" = iis1,./llas il huitième n, le parallélisme de v. 51.
DlAu:cn:s lNDQ-I,:UROpt..::sS
nèmes précédents ou suivnnts, on voit que la tendance il l'irlandais a c pour représenter l'ancien kw, et la sonore
conformer le point d"articulation des gutturales a celui des pho- aspirée gt"h est représentée par g en celtique commun , comme
nèmes voisins est ancienne dans le groupe oriental. Et il est ra vu M. OsthofT ; le germanique enfin n'a la lahiale que dans
('Il effet très remarquable que des traces plus ou moins notables certaines conditions particulières , et conserve normalement
de la prononciation prépnlat..'lle des gutturales devant voyelle les labio-vélaires. Le traitement labial ries labio· vélaires n 'a
prép.~lat...'\le se rencontrent dans tous les groupes orientaux, donc pas le caractère d 'un (ait dialectal occidental ; la rréquence
comme on vicnt de le voir. de ce traitement indique seulement que la prononciation occÎ ·
Il y a une coïncidence curieuse de l'arménien avec le gr(!(: denl.'lle des labio-vélaires était de nature a rendre aisé ce type
(et peut-éli'e d'autres dialeotes occidentaux). Après u, le de changement. Au sUl'plus , les lobio · vélaires paraissent
grec n'admet pas les labio- vélaires , sauf intervention de avoi r été un élément phonétique lissez instable; les dialectes
l'analogie; M. F . de Saussure Il expliqué ainsi le contraste de orientaux les ont éliminées dès' J'épotjue indo.europcenn<, : et,
.J~-,::~).~;, c::-d).:;, O:lAr{-,:::).:; et de ~~:J-'1.:i,c;; le grec 11 aussi floit pal' passl1ge it la prononciation vélaire, soil par réduction
,1jZ:).I.Xt, en regard de Int. 1101100; omhr. vufetes " consecrali" " il de simples gutturales (ainsi en latin vulgaire . d 'où fr. qI/j, it.
et de gnth. aorJd(J ~c il:. dit Il , ne mème , après u , l'arménien chi. etc., en regard de lat. qui ), les dialectes occidentaux les
n'a que les représentants des anciennes prépal~tales, ainsi ont, li. leur tour, éliminées au coursd'une pél'iode plus ou moins
arm. Iisani", " j'apprends ot, en regard de v. sI. vykn~tj, uli/j. avancée de leur développement ; seuls quelques dialectes
Si rrdppanle qu'elle soit, la concordance est p·eut.-être fortuite. germa niques ont encore aujourd'hui qu, issu de i.·e . or.
D'une part, en efTct le h'Uitement grec est contesté (v . OsthofT,
1. F., IV, 281 ); et, s'il est autl:aentique, il semble s'être réalisé
au cours de l'histoire propre du grec: car on a x:.iÙ:1i en face
de skr .mkrtim, lit. kàklas, v. :mg!. bwtogol, bwt:ohhol, c 'est-à-dire
qu'u.n loi, créé en grec mème, a e:<ercé cette action su run J,:w
suiyant. D'nutre part, l 'arménien a nwcanrtll ~t j'oins Il en regard
de skr. annkt; et de lat. lmguu, et aw;" serpent .. en regard
de lit. nt/gls, lat. angllÎs, donc les représentrmts des ancif'lmes
}lI'épalatnleli après une diphtongue cn u, où ru est issu _ dans
des co nd itions obscures - d'une nasale indo-européenne.
Si nt1ll nmoins on admet le rapprochement du fail armênien
avec le rait grec supposé, il en résultel'ait une ligne seconda ire
d'i soglosses qui croiserait la grande ligne du traitement de!'
gutturales,
U:f; ""\'EI.U :S (1 ":1' Il
défin ies p..'\t' la loi de M. Barlholomae , on a aussi Zd, ainsi, de dbehi (Je dh de dhehl, qui n 'est pas phonétique, est dù li. l'in·
de la racine *hhe,uih· avec le suffixe *-ter- au féminin. zd bao{dri lIuence des autres formes de la racine dha-, et s'est généralisé
" fem elle qui apprend il, connaître le mâle Il; le gre<: répond par parce qu'il permettait de dilTérencier dhthl u pose • de dthl
~- naturellement: :::J~t;. u donne ))) .
Un mol enfantin garde ft (ou le simplilie en t) dans les bodbi« fais attention )J, {orme athématique isolée dans la
deux groupes dialectaux: occidental, lal. at/a, irl. ailt (1 IUp- racine skr. budb- ; cf. toutefois les 3'" plur. àbudhram, âbudhran.
posanllt, puisque 1 aurait donné ici th), got. fllta, Y. h. 8. alto yodhi ft combats )J, t fois dans le Rgveda ; cf. le participe
-"oriental, gr. Ih~Œ, 81b. al, ossète Ma, v. sI. atid. Le mot yodhd"ab, aussi athématique.
fail dimculté ; dire que ce traitement particulier est dû à ce Ces quatre impératifs sont II. peu près seuls à représenter
que le mol appartiendrait au langage enfantin ne reMut rien le traitement phonétique ·-{dh- en sanskrit : les autres
paree que le langage enfunlin fOst propagé par les personnes exemples invoqués sont au moins douteux. Mais partout où
qui ont atteint leur développement linguistique complet : En l'on trouve skr, --ddh-, c'est·à--dire dans li peu près tous les
réalité , les règles relatives au traitement de *u (l'esp. ·ddh) cas; c'est l'analogie qui en doit rendre compte. Si l'on
ont le cOractère de règles d'alternances morphologiques; ces admet que la 2- pers. plur, impér. at/à est phonétique, on con·
règles reposent sans doute sur une lt'ansformation phonétique çoit très bien comment addhl a pu être refail, et de même vid·
très llnciE'nne en indo.européen ; mais Jo règle n 'alternance en dhl, cIlriddhi, 'IUlmaddhl; et si le type suttal; est phonétique
qUE'stion ne s'appliquait pas (lUX géminées du langage enfan- (en regard de zd hasfIJ), la rMection de tout le type bud·
tin, qui pouvaient du reste avoir une autre prononciation que dhlb, huddhâb s'explique aisément.
celles amenéell por des rencontres morphologiques. Le skr. çraddhri!( foi )', en face de ld ,ra{dà· fail au premier
Il peut dès lors paraitre surprenant que le sanskrit présente abord difficulté : mais en védique, le premier terme de ce
regulierement Il dans les conditions où les autres langues ont, juxtaposé avait encore une existence i~olée : çral le dadhdmi;
les unes st, les autres ss: satt"~ , tJitta~,atti , vtttha, etc" ou avec ceci suffit il. justifier la forme avec ddh. Le lat. crldJ et le Y.
ddh: viddhl, buddhl~, boddhar-, etc. Mais, à regarder de près , on ir!. crtlim (Où. le 1 est la graphie d'un d occlusif) sont des mots
s'aperçoit què le sanskrit a éliminé lE's traces d'une altération uns au point de vue latin et au point de vue irlandais; mais
d,., -tt et -ddh parallèle à celle de... autres dialectes orientaux. on n 'en saurait cependant déduire le traitement de --ddh- dans
La chose E'sttres neUe en ce qui concerne le groupe sono~ : ces langues, puisque, au moment où s'est établi le traitement
à côté du trait.ement aUelOté parskr, viddhl, buddhlb, onen trouve de la dentale géminée, les deux é.lémenls pouvaient être en-
en elTet un autre qui repose sur --{dh- , dans les quatre impé- core - et étaient même san~ doule - auLonomeA. Le mot
ratifs ... uivanls en ·dhi : lat. crtM ne prouve pas plus pour le traitement de ·-ddh- en
sont 1eR suivantes: chute de· ' a été assez ancienne pour que la loi de M. Bar-
1° L'élément·'I ne subsiste jama~s devant voy t'Ile, et dis- tholomae se soit appliquée en indo-iranien; le persan a cepen-
paraît. alors sans laisser de trace: skr. jan-a~, gr. ll",-or;, lat. dant dl/xl, du.\'lar; mais la sourde peut s'expliquer par une
gtn-I/J en regard d~ skr. jani-t6, gr. l'",I-'t'IjP. lat. genj·tor. Une influen ce du 1 de -,mitar-, ·pitar- , - b,iitar- sur l'original vieux
forme telle que al~bllt:G'1 est une innovation proprement hell.a- perse de pers, ol/xl et dm'/ar.
nique, et c'est le type véd. d-Ij~ {' ils ont donn.a ". dtid-ati " ils En slave el en haltique, - J tombe dans la syllabe intérieure
donnent 1> qui représente l'état indo-européen. du mot sans luisst'r aucune trace apparente apres occlusive;
~ L'elément -, se combine avec une sonante précédente non de là sI. m~s/j " troublel' ", cu face de véd. mlmth;lawû; lit.
précédée eUe-même de voyelle, et il en résulte les sonaotes Spltc'{li, spllsli cl splinlu, sp/h/i, ou plan/li, pUIS/i, et v. sI. plrS/la
dites longues: -ù et -f d'une part, -(i, -;p, -f. -1.de l'autre : " plante de pieds" (de ·plc/hJsnii ). e n face de skr, pralhi-mim-,
skr. pu-ta~. lat, pil-rus, v. irl. a-nad ,( purification ", en Pllhi-d, gr, ~i,%l'%-fu~" Il;,%-;:z,t%(, ~)'i~:z-vo;, gaul. Lila-1';a, \'.
regard de skr, pavl-tram {( moyen de purification ". ir!. le/ha-n " large " ,
skr, i4-ta~, lat. (g )n4tus. gaul. -gnil/os, en regard de skr. Après sonant.:! , M, F. de Saussure a reçonnu pOlir le litua-
jalfit4, etc. nien . et l'on a montré pm' la suite pour le slave, que la chute
61 TIIAtTt:.\IE;>'T IJ~: J ti5
ùe • J déterminait lïnlonation rude de la diphtongue nou- v. h. a. birihha, il cOté dp. v. angi. !Jwrc; cf. lit. bir~as, serbe
velle ainsi produite , I~r ~pposition à l'intonation douce des brt{a, l'Usse beri{a.
anciennes diphtongues: i.-e .• trI donne lit. d t, russt: 11'4'1, Dans ces exemples, ra de ha/am , l'j de birihha ne repré-
serbe djtt, mais "'( nt donne lit. trI, russe ( ri t, serbe rit. Pal' sentent pas directement .J, mais une sOI'te de résonance
e:<emple, en rf'gard de Jat. lIIoli-IUS, on a lit. mtHti "moudre ". pro venant de la prononciation particulière de la diphtongue
russe lIIo{61 ', serbe III/Pli , De mème les sonantes longues .~ . déterminée pal' la chute dc -, .
• iji, .'i. ·l~ {JUi se composent de ·/1 , "'/1/. ·r, "'/ plus . J, donnent En dehors de dm/r, l'arménien n'offre pas d 'exemple déci-
3U baltique el au slaye des diphtongues rudes, par con- sif; peut-être pourrait-on encore citer ctlmll Il toison " , qui
tt-aste nvec les souanles hl't:\'es ·{l, "" li , "'r . ·1; 011 a ainsi lit. appartient à la famille de skr. linlil , serbe v{ma, lit. vl lna ,
pi {MS, serbe ptin en face de skI'. pürt/âb , v,, id. la" , mais lit. lat. [atm, et suppose par suite -Wel1-; le lat. udlm a subi l'in-
toi/kas , serbe Vtik, en race de skI'. 't'flm/;. La chute de·' sc tra- fluence du vel·be uello, l\.1ais il n'y il pas d 'exemple contrail'f',
duil donc en balLique el en slave par des efrels définis. cal' ra de ara·wr 4' cbarrue » peut répondre â rd de lat.
Rn gel'mallique, on ne voit pas (l\le - J inté"ieur soit jamais ani/mm, ani-re aussi hien qu ' au· ~ de gr, a.po-:p:;~ , lit. arklas,
conservé, et il y a des exempl.es où la chute de -, est certaine: serbe rli/o. Et l'on notera arm, anllukn « coude .), ('n face de skr.
par exemple v . sax. kintl de -gtn~fJ... ; en face de gr. ~Ed-vV~I'U , Irmatl et de serbe rame; on n 'a pas le moye n de détermioer si
-::lu-À:v, on a v. h. tI.jedd(-gold) ct v. angl. (goM- )fell " feuille arm. al'- repose ici SUI' -i- ou sur *ao- ; mais dans un cas comme
d'or J) (soit -fipla- ct -jmM- ) Pot v, angl. jardm , v, sax. jallJllws dans l 'autre, - J n'est pas représenté: arm. ar estle traitement de
l' les deux bras t!tendus n . Vne forme telle que Y. isl. Jarum .! bl'ef, et les traitements de .. f et de -j Ile se confondent que
" nO\18 avons semé Il s'explique donc par l'influence de sarU'1 dans les langues qui , comme le ~rmanique . ont perdu .,
où 'tm représente ·'1,!I, et ne repose pas directement sur · JesJmv. intérieur: gol. julls « plein " , de 'jlllna{, suppose' - p/(' )1WS,
cOllune' on l'a parfois supposé . En del'nière syllabe, il semble avec chute de -, . De même. on ignore si , dans arm,
que", ait donné u: l'II de y, h, a, anut en face de lat. anas (dr· )and-kh 4' montants de porte ". ml repose sur -aIlJ, cf. l~t.
(alli/is ) et de lit. tÎnliJ provient du nominatif singulier ; c 'est de alltiU (de" onJ/à- , avec syncope de a intérieur), ou sur 1i,
même d 'après le nominatif singuli.er que , en regard d~ lit. cr. skI', IUilQ; même dans ledel'niercas, ' 1 est tombé, car arm.
mH{1I " je trais n de ·IIIÛJg- , on a gol. milub " lait " , v. h. a, ail est le traitement de ·u bref.
mi/I/b, v. angI. saxon meoille, y, isl. miçlk: la forme des autres En ce qui concerne l'iranien, on a contesté la const..1.ncc de
cas est conservée dans v. angl. angle mile (sur les formes de la chute de - , inLéri t>ur (v. Hübschmann , J. F. , An,., X, 4:j ct
ce mot, v, en dernier lieu Osthoff, J. F., XX, 177, avec les suiv ,), Les t!xemples de chute de ., sont clairs et indiscutables;
renvois biblographiques), Pour les exemples' de chute de - J en
skr , bra11jJ j 7.(1 .//Irae;/i
germanique, cr, Hirt, Ablal/t, § H6, La chute de J a sans
drtiviyob draollo
doute eu pour conséquence une forme des diphtongues, d'a-
bord différente de, l'ancienne forme, comme Cil baltique et en la misra· llJ9ra- (pl'I'S, fâr),
etc .
slave ; ~ais la plup~rt des dialectes germaniques ont éliminé
celte particularité ; touterois le vieux baut allemand en u sans Les exemples contraires , t'Il revanche, sont sans valeur. 11
doute encore quelques traces; ainsi: y a des aoristes en -il -; mais l'j s'y explique par un ancien -i-
v. b, a, h.a/am , Z' côté de v. isl. hallllr ; cf. serbe sM//Ia, comme rj de lat. -/rql/-ù - /i. Dans v. IJCrse hadj! et 7.d '){Idii, l'i
russe soMma et gr . x:,ti,<lrc; ,
"
66 67
représentant·) (ou plutôt i) est cn syllal>e finale . Les exemples la diphtongue skI'. f IF. de Saussure , M bllo;,.l. p . -'.\.2) : Uil n
de zd airime" tranquillem ent " en regard du premier terme de donc:
composés annal- sont tau!! dans de!'! textes en prose, el l'on ne s kI'. bibl"!;" il cl'o int ", cr. lit. Mi/llt, el ~kt-. bhua!" lette
saurait affirmer que Je mol ail trois syllabes en aucun passage. bltis, dont l'f ind ique le carocwre dissyUabique de la racine.
II est vrai que *J tombe parfois, même en première syllabe: skt-. kreJ)'afi If il al· hètera n, cr. gr. (·"It"pta.-i-l"ljY ct skr. k,.uli!,
gf,th. plà, ptaolli. jèrlJi, en regard de zd pila; mais la chute peut (avec f),
ici s'explique.' par l'ex istence ancienne de ju'lttaposés tels <fue skr. aditkt " il a hrille »; cf. hom. ~ia-l";, cL skI". didlhi,-dflib
vêd. fl)'1J/1i pifA, cf. lat. ;"ppilrr . .II est vrai aussi que parfois (avec n.
. , iutérieul' n'est pas repl"ésenlé en sanskrit, ainsi: dndmasi, skI'. riJa" "courant ,,; il côté de ril}l~fj, rltitJ; qu 'on l'ap-
dadmaJJt; mais l'analogie de la 3- personne du pluriel ddd oli. 4
proche de Jal. ril/os ou de lil. ft'Ii el l!lfi, on p.ut de i.·-e. *t')'J.
où·; manquait cOrl'cclemenl devant voy~lle, s uflit à expliquer skI'. nifar- et ntltir- " conduct~ur n, subj. aor. lIt$ati, en
ces formes. El j ne manque pa s en sanskrit 111 où quelque fait regard de nildt,.
analogique de ce genre n'en expliquel·;'IÎt pas l'élimination. skI'. -killob" de détruire Il, à côté de }qitJa- el cie }q;,.uiti.
La présence ou l 'ab.'lence du ton . n·est jamais pOl\l' rien dans skI'. ·mttDl} " d 'en dommager ", 'IUIra, à c6tê de mita· et de
la chute de • ,. lIIinJti.
Il Y a dOllc une chule de .} intérieur co mmune il l'iranien, skr. pretdr- prmuill" en face de pri/dt, el prj,.litt;, cf, v. sI. pri-
au slavl':, au haltique, il l'm'ménien et au germanique. Il en jat; et gol. Jrijon.
resulte de curieux conlras tes , comme celuide r. terit', tch. tN/i, skI'. apïpet, plru~, en face de pilla" et Pi'Ayate; cf. aussi lit.
el de gr. ,:i?!'':fl~~' lat. flrl·bra, irL lara'lbnr \de ·tOr1. ), g:.J1. ptt/as (1 lait 1).
faradr; ou de v. 1Sl. l'nd Il soufRe >l, anda (1 soufller u, mais ski'. skr. adidhtt I( il a !)ense ", cf, dhj/a~ et dhyiili.
dnitj li il souine ", d"j·/a" ({ vent n, gr. ŒH-!'-O;, lat. allj·lIIa, skI'. 'lXt; « il poursuit )j; cf. gr. Ft'!,-'lII, lit. wjù, vyt; el skI',
irl. QIIQ·l, galL alla·dl. tJitf~, v, sI. (vü{- )vitl C< gain ".
Lu contraction en ~ f de ln sona nle·y avec un ., suivant est skI'. jihreli ,( il a honte 1), cr. hr1t~.
sans doute un fait indo--curopéen commun, antérieur à la chute Le sanskrit a donc e là où l'on attendrait nya; si le traitement
dialecl..'l.le Ile .} intéricUl'; car la forme 11. dcgro zero · ·1- du de *, après y était i, on pounait croire qu'il ~'3git d'une con-
sutnxe de 1'0pL'l.lif athématique l'st attestée en iranien: gall!. traction de *a)'i : mais la i '" personne -)'a de l'uptatif moyen
vairflllaidi. en slave ,'. sI. dadilllli, dadite, et en germanique: en regard de la désinence ordinaire -j de la 1'" personne
goL gtbtillltl, v. h. a. wlfrf1miS, elc.; il n'est pas lH"ohable que moyen np secondaire montre que ., est l'eprése nle en sans krit
n de ces optatifs soit -analogitlue de formcs oil la voyclh: par fl apres y CO illllH' devant y. Là (Il! le sanskt-it prese nte, â
.~e rait en syllabe linale, cal' à date indo·européenne, la 2" per- lïnlérieUl' du mot, fl)'i, c'esl une form e secomlail'c , créée
SlH\nesg. nct. est *-yts, et la 3~ ··)if, au degrél. par analogie: ainsi le vé<l ique a jbar· dissyllabique R. V. l , il ,
POUl' apprécier ce que signifie la coïncidence de ces langues, 2 = V, 25 , :; - 1,66,3 - IV , 20, 5 - VIII, 99 , 7 - IX,
il faut notel' que r Oll obsct've des chutes de·J dans d 'au tres 90, 3: plus tard on trouve jayjtnr-; mais l'ndjectif verb,d jilift"
dialectes illdo·e\ll'opéens, mais cn des condition1'o dilTérentes. avec son " suffit il dénonce r le caractère secondaire de
En sanskrit, r·, intérieur (mois non pas .-J linal ) est tou- jayitllr-, qui du reste n'est ilttcsté que postérieurement il jÜar ..
jours tombé apres y pl'ée~dé de voyelle , ct il en est résulté LI tra ce de 1;1 ('hute cie .J en sanskrit se voit eept'ndant
68 69
encore parfois dans la valeur diss:o,nahique de I~ diphtongue e généralement dissy Ilabiques en grec: cf. du l'este skI'. blxtrltram
l-eprf5sentant -tp; on a ainsi nt/Jr- et pre/J/"- lrisyllabiques" et lat. (prae-)feriw/llm, skr. bharfnlan-, lal. {of-)fenunenl a, russe
comme le notedt!jtt)1. \Vackernagel, Altind. Gramm., 1, ~ 48 b, berimja, serbe brime, tch. brlml. Toutefois la rllcÎne a aussi des
p. 53; loutefois if ne Caut pas restituer *na),jtar- , ·prayitar-, qui formes monosyllabiques, notamment gr. 9€PJJ.'.f; on a noté que
sont des formes puremf'nt imaginaires (v. les exemples chez fip-:p:'j est déjà chez Homère, et l'attique a '(tp~-/;, en face de
Arnold, Vulic melre, P" 91 ). - On voit, pour le dire en pas- lesb. r!p!y;J; il est vrai que ~~P~-/; pourrtlit ê lre tenu pour une
sant, que si , à [a fin du mot, iodo-iran. li Il valeur parfois contamination de' '(~p~i et de rcp~'ji. Il demeUl'e curieux qu' il
dissyllabique (par exemple dans le génitif pluriel en -dm ) n'y ait aucUl~e forme dissyllabique après voc:llisme 0, mais
répond à une longue intouée douce du lituanien. la diphtongue toujours f~P~O'; et l'0PI-'-~;.
skI'. t (iodo-iran. ai ) à valeur parfois dissyllahique de J'inté- p.~Pr+' peut être rapproché de lit. mlzrga!, avec M, Solmsen,
rieur du mol répondrait, le cas échéant, il. une diphtongue K. Z., XXXIV, 23; la glose tiJJ.tprk a!a"lP6~. Hes. aurait subi
rude du lituanien: il n'y a là rien de surprenant: le dévelop- lïnn~ence de I-'-OPr-/;, influence inévitable à cause de ln suite
pement des intonations a eu lieu indépendammént dans chaque de brèves qu'aurait entraînée la forme '2JJ.!P::lrl;.
langue, comme l'a reconnu M. F. de Saussure, et les conditions Donc ~:>:iaaa~o doit son cl il. l'inlluence de ~l,J,'I'~, et a-:o~(lZT,
varient d'uni.' langue à l'autre; les intonations baltiques el est d 'après a-:I~::izw,
slaves traduisent des Caits indo-européens d'espèces diverses, L', du g-r. i!o),tZ~; est inëxpliqué : r, de [.;~û.cz+.; répond il
et le groupement est purement baltique et slavf';. l'i.-e. JO) attendu;cc. avec un vocalisme radical différent, skr.
En grec, ainsi que l'a brièvement indiqué M. F. de Saus- dfrgha~, zcl darJ-,-a, v. sI. dligü (s. dl/g ), lit. ilga!, et d"autl"e
sure, Mil. Nicole, p. 51 t, n. 2, i. - e. ''1 toml>e après une part véd. drli;hman- et "d driJio" longueur n; si obscur que
syllabe à vocalisme 0: soit l', de ~~),tZ;;, il est du moins frappant que cette forme
-:0PJJ.~; " trou!) : -:!P'-:P:>~, à vocalisme 0 n'ait pns l'un des représt"ntants normaux de i.-
:i,I-'-~;" mortiel' " (de" o/:il-smos'!) : ii.iw (1\1. Bartholomae :t e. "J , comme haü,t;:+. .. il en effet un !, comparable il celui de
rapprochê skI'. JlJrmt, Cf'; qui, tout en chilllgeant l'étymologie. -:ŒIJJ.lY IIR forme 'ai'1I;:6 que suppose l't de -~!Î,tZ'l'j; n'est pas
laiss(lI':ût subsister l'exemple; on partil'ait alors de " sol1-lIIos attestée).
ou " sO/:il-smos ; cr. Prellwitz, Et, wèrt, \ sous ce mot). La m~OIe chute d(' ' J après vocalisme 0 a san .. doute eu lieu
;:;P~1] " meretrix " : idpŒO'O'Œ, ;:tr.p~a'1..w. rlUssi en latin, comme l'altesltmt les exemples suivants:
,::5-:JJ.~; " SOl'1 »: ';;EO'O':i;.t.at (de "'It',u·~ :J.Œt) , 'It'€T.-:WlC.Œ. lat. (I/IIIIUS , cf. russe soMma , serhe sUl/na, tch. slama: et,
'l'Ohl-'-::I : tth\1,..w~, ,hi·, ",%)..\1-. avec vocalisme à degré zéro, gr. '1,:i)..2 :J.~; (de "k,o/nJ/os ).
~pO~t+, : -~p!p.injç, lat. collis, cf. lit. Millas " montagne o.
lt::Pa'll : lt!POl" (el de même dnlls les llull-es cas ail l'on a CI'U lat. spI/ma (cL v. h. a. fe;,n, v. angl. fiim), cf. lit. splûnt.,
l'econnaÎtreun traitement I;p de i,-e. "r en grec; cf. Brugmann , serbe pjhla, rUS.'1e pt na , tch. pina.
Grundr., P, p. in, § 52ï, et Gr. Cr.:!, p. 88). lat. farda; cf. avecdegré e, russe beritaja, serbe brUa (exemple
'lt'OpOJJ.6; (cf. v, h. a.farm ) : '/C!pliw, 'lt'ipŒ;. douteux , il. cause de la double form€' de la racine: 'bher- et
010'0'; : Fiti\1, cf. lit. vytj, lat. uÎlre. 'bherJ-).
f;P'I'O'; " fardeau ", '?~PJJ.;; il corbeille" : ,?tFttPO'j ct ip2pltpii, Il semble difficile de trouver un exemple celtique probant
lesb. f!pi~~, -fP+,::hI . Les formes nominales de la l'acine sont en un S('IlS qucleonque ; .. kr. badhirét& " sourd ,, €'t v. ir!.
hIAu:cn:!' 11"I>(I-EI R'W':':S!'
hotI"r, "ail. h)'ddtlr sont ambigus, cnr skr. -ira- e t celt. -{lrv-
lK'uve nt rf'présenter o.0ro- et 0-7ro_; et. si v. id. larann .. ton-
Ilt' rl'e n . I(all. larn/In sont à rappro<,hf' l' dl' lit. larli " dil'e "
(nn ci('1.111ement " faire du hruil ", changeml'nt de sens fn'-
CIue nt l, l'intonation lituaniennf' montre que le <,eH. ·n7l- repré-
Sl'nte ici o_"n_, rt non 0-;1,,-. CHAPITRE IX
Sur le san!'kl·;t, qui a confondu les timbrt>!' ( et 0 dan!'
rUllil.{ue n, on IIr peut rien dire : il est c urieux qu'on ail un
voca tif "etL fII/I(iJn~ à cMé de nvilh." protecteur 01 , plut. lilllif~,.
:\tRi!l ce n'est pa!! sur un exemplf' isohl de ce genre qu'on LE GROUPE O_Wy_
"
famille de 1Il0ts Il· ét ant pas rep,·ésentée en SlI nskrit, le -tb n ·est irl. JUJ,/Hl;,n 1< j"endonunuKe >1 . On nntera que le th n' est pus
attesté qu'en iranien; ailleurs, on ne peut avoir tlue t: lat. directement "IHesté pu iS(IU ~ 10 sourde ne se ~lI conlre tlut'
patœ, lil. ptlys «épaule " , v. ang!. /atdm ri extension des deux dans le group<' occidental.
bras ", etc. Enfin il faut écarter Il:!s tltymologies (ausses, comme I('r.
~:i-:Otï M chemin >1 et dr.o; " mer _ ont élé rapprochés de :.d&~; CI tumulte de combat H en regard de skr. tlliIl/mAti, "ufn-
sJ..r, pllIIthiJ~J patM{J, patllibbib , zd Jxlntdo, pt/BU« c h~ min Il, v. sI. thalj, v. 51. t11{/~, lit. /Utnlùr~, v. isl. mplldull; la racine attestée
Nti, Y. pruss. pin/is, lat. pons (ponfis ), <l,1·nL hlili (avec chute de I>ur l'indo-il·unien , le slave el le baltique a le s~ns technitlue
la dentale). de" brouiller. remuer un liquide ,,; mais elll~ Il·arrive pltS ,
-u-:p-::;, cf. skr. ralurtlNf~ Il quatrième .. ; mais ici le suffixe dans ces langues, au sellS de 1\ tumulte de combat .. ; d 'aull-c
JXlurrait être --10- en grec j de même, on n'u pas le moyen de part, le grec a un +, sans nasale; or la nasale ~st un élément
déterminer dans quelle mesure le suffixe grec I.l"abstraits tcls constitutir dl' la racinl'; J'hypothèse , proposée par M . Rhr-
que &:iUTO; repond au surtixe skr. -Ibo- = zd -6a-, ou aU suf- lich, K . Z., XLI, 28b , d 'une contamination entre * tle"e~; l't
fixe skr. -Ia- = zd -Ia-. -;Jo:!'}:; est en I"Hir, car les noms thématiques n'ont pas d·alter-
.ni- (dans ta-t"ljtl\, !arlj'" eLc, ), cf. skr. sthii-; le t des <lutres IUmces vocaliques p rêsuflixules au (,:ours de la fl exion ; des
langues est ambigu: zd s/4-, lal. jtà-, germ. slj}., lit. slo-, v. autrcs mols citt,s par M. Ehrlich , 1. (. , un seul ser:.tit tlmbar-
sl. sta-. On pourrait se demander si le -: grec ne tient pas au a l'al'\sftllt pOUl' la thê.-;e soulcnut\ ici : l/oe,,61,1;,dlt'l· "(:'I/o~j.,:j"e'IT.:r. tQ.F~~
precédent; mais le a n·exerce pas pareille action ; un ar- tU~ , Phrynichu~ ; mais ce Dlot i~ol é, dont la formation est peu
répond 11 skr. sph- , arm.sph- dans Grctp."(iw, cf. skr. sph/Jrjatj et clail'e, n ·a .rien dl' dëcisif ; le 9 peul d'ailleurs reposer sur -db
Jal. spartJ, et dans CfUP:'" Grr!tp2, cf. skI'. splJurati et arm. spbrtm. altel'Oalll uvec */b; aueuli exemple de 0 gree n'est probant
.nirw et -:iT~Ç , cf. skr. stMtati, cL lit. stâgas, laI. ttzd el toga, dans ces conditions. (Jwtnt ÎI la (ortn~ man/or de l·italique (".
v. isl. fak. \Valde, Et. wOrt. sous mamphur), / suffit à avertir <fue le mol
i;::WI'e; , cf. skr. ro&IiltbalJet v. b .:t. suozisto. doit être 1..~8I'té; et le vocalisme a n'"est pas moins inadmis-
Là où Kr. 0 semble repondre à skr. th, zd 9, on cst en pré- sible.
sence d'une de ces alternances indo-europée nnes de sonores Les sourdes aspirées Ile sont dOli C complètement attest';l'S
aspirées et de sourdes aspirées, donl ski-. naklHfm el pers. ndx/11I <fu'en indo-iranien et en arménien; le grec confond déjà -t ct
en regard de v. sI. nagliIJ, v, h . a. nagal, lat. /wguis, et c. sont -'h; lç .slav.e çlistinKue tout au plus -k de -/th. Le!> dialectes oCl'i-
un exemple certain . dentaux confondent elltièremelli. On aperçoit ici un dévc-
On a ainsi gr. Fcta-Ill, en regard de skr. ty, -tl}ll , got. wais-I ).)PltClI1cnt commun ùes dialectes occidentaux, y compris le
el 1d doJii-fJa, lat. (1IIIudîs-)I1. On ndmeUra ici une a lternance hallique et même le slave, mais Ïi l"e xc1usion , au moins Jlllf-
d\! db et th, parei ll~ ;~t celle (lue ron observe entrc la 2 ~ plul" , lielle, du grec. rqui conser\'c nettement deul( des trois sou n,les
nct. skr . -Iha- = gftlh. -t'd el 2~ plur. 01 0)'. p,·im. skr. -dfll't "spirées é tablies Imr I·accoro de I·indo-iranicn d de I·arméllil'II .
=g:tth . -dll)'ê, sec.-dlwal/l = ",iIlh . -dam ; on lit même 2- plur.
1Il0y. zd - ~. mais il n 'est pa s cel·lain <tue le -6 ne soit pas
une graphie approximative au lieu de !.
Un exemple d ·alternance -dh : -th moins surprenant. est
roumi par gr. j;-o-x1'jO+,; en face de got. skajis " domml'ge H ,
I. A !>H·I'I .AN1"I: .r
nien , il n'yen a que des traces douteuses ou contestées pour la gr, :i;'lvf; ; Je IMW " grand-père ", cr, la t. aMS, v, pruss, awis;
plupart Sur 1't\lbanais, il est malaisé de se prononcer parce de haw " oiseau ", cr. lat. al/is; de IJtJ5DlltI " arri' "er "1 cr. skr.
que le traitement de J y t"st très compliqué , Quant aux autres 1Jf110ti; etc ,: le h issu rle .p initial se mai ntient enco re li peu
lanlfUes, on n'y rencontre pas de S représenté par une ancienne prC~ co nsta mment au contraire: hem, het (mais otn), lm", IMY ,
chuintanl.e qui puisse être d e date indo-européenne. Ll\ ligne etc, En grec, le passage de S li. " e~l nUlisi de beaucoup anté-
du traitement Jl l coïncide donc en gros avec celle du traite- rieur à l'époque historiq ue; l, intervocalique n'a laisst' de traces
ment des gutturales; et ceci est important ; car, dans les deux dans aucuI} dialecte ; h initial (esprit rude) se maintient dans
cns, il y a innovation parallèle des dialectes orientaux, une partie des pi,rlers , mais n dispnru d 'un g raml nomhre
2' h. d'auLres dès avan t l'époque des premiers textes épigraphiques
Le passage de 1. à h, qui esl un simple phé[l(lmène d 'ouver- et littéraires (v. Thumb , Spiritl/s asptr,pasJÎm), La co ncorda nce
ture de la consonne, s'est realisé dans le domaine celt ique d'une de ce passage de ' J a ", dans trois langues voisines , et en des
manière tout !t Cait indépendante, L 'J- initial se maintient géné- conditions pareilles, semble indiquer un ra it dinlect.,l de date
ralement en Kau lois el en irlandA is ; toutefois , dans les mots indo-eurOpéenne ,
inaccentués et accessoires, S est devenu en irlandais h, qui Mais c'est un fait indo-européen relativement récent. On a
est tombé ; de là, le contraste de v, irl. Jamait " ressemblance >1 d~ux indices de ce caractère peu ancif'1l du phénomène,
et de amail (alliai ) 41 comme)1 ; dans les dialectes brittonique~ , 10 Le passage de J intervocalique Il. h t"n iranien est poRté-
le passage de s in itial à h est con!ltant devant voyelle ,
IlIALECTEfI Il"DO-f,UROPtENfI
comme en iodo-iranien sont caractérisés par un -i-, et les fOI'mes ou le vocalisme predésinentiel du type thématique est
consonnes précédentes ne semblent pas . su~ir les altér:atio.ns -0- ) et de -."t-, la quantité de lï I!lant d'élerini née en partie
que provoque la présence d'un ancien Y: Amsi .Ie verbe prl~arre par celle de la syllabe précédente. Les rormes latine et
n-slim « je suis Q,;sÎs l) (aor. n-stay ) semble aVOIr,le mê me-J-q~e gotique se répondent exac tement, sauf il la t ,." personne du
v. si. sMitü « il est 8ssi!l ». En aucun cas, les passifs tels que btnm pluriel, où l'on n'a pas le moyen de décider lequel des deux,
ICje suis porté >l, en face de bue," Il j~ porte h , n'onl trac~ d~une
du germanique ou de l'italique, l'eprésente le type ancien :
action de y. 11 Y a donc lieu de croire qu~ le suffixe était -1-, \ lat. sdgi~ stlgfs stigil sitgflllllS sdKftis stigùmt
comme en baltique et en slave . Au contralre, le suffixe~es ,déno- 1got. sokja soktis .sohip sol.jam soluit sokjalld
minatifs etdéverbaüfs était ··ye-, avec -y- consonne ; amsi dans ~ lat. capi~ capis capit capitlll/S Cl/pitis clJpirm/
go(tm Il je crie u, de • wok u'.yt-, cr. skr. vhk gén. votab, zd tdx! i got. bafia hafjis hafji, hafiam bafjip bafialld
instr . wca, gr . (' )!-:::Il (lICC.). l, )'7: t (dal. ). lat. utlx, ~t pour le
sens, v. pruss. wackis u geschrei )) (voc ) ; ~1Il " J ~ppell~ JI Ainsi que l'indiquent v. h. Q. heuis, JJtVit, v. sax.Jdd Ixfis ,
(de -g..ot-yt-, cf. got. qilan , d 'après M .. Lidén) ; altlll " Je.crOis n btjid, etc., le j de got. hafjis, bafjip provient d'une innova-
(cf. lit: Ôga « pousse " , .d·ap!ès ~f. Lld~ n ) ; _éana~m. l'_Je con~ tion analogique proprement gotil{ue (v. Streitberg, Urgtrm.
nais Il (où ~e- repose sur t.-e . -su- élargi par -yt- , SOit -sk-yt.-, Gramm. , § 206, nolamment, p. 305). L'osco·omhrien tend il.
cr. gr."p(~IT1.W , lat. (z)rnJsc6), etc . généraliser - f·, type ombr. heris , hai ; toutefois quelques
Le slave, le baltique et l'arménil':n rorment donc un groupe rormes syncopées, comme ombr. herter, oSl{o fac/lld garan-
de dialectes qui , distinguant - . ,- d'une parL, - .)'t- (--yo-) de tissent l'existence d 'une forme à -;- en osco-ombrien (v. Buck,
l'autre, s'opposent li. cet éga rd à l'indo-iranien el au grec, où A gramm. of Ou. alUl Ulllbr .,~ 2 1 6, p.165 J. Le type qui ac6ns-
--ye_ r-yo-) est la seule r?r~e atle~tée pour l.es deux ty_Pf!.~' tamment • -yt.- en sla,'e, baltique et arménien a donc -,- en
En germanique et en llahque, le lype qUi présente -, - en italique et germanique , au moins dans taules les formes où la
sluve, en baltique et en arménien n'est guère représenté b. ce règle générale du vocalisme du type thématique demaude-
qu'il semble . rait e. El il ne s'agit pas ici de verbes d'état ; c'estle lut. habirt,
S'il en reste trace ell latin, c'esl surtout, dans les dérivés le [Col. haban qui ré!)Qndenl à lit. tùri, tu rbi <c avoir Il pOUl' le
pourvus du suFfixe secondaire ·-skt-, ainsi lat, (rt-)mini-scor, sens, et lat. capiù, gol. hafja répondent de Rll!me à lit. tviria,
(eom-}mini-sror, en race de v. 51. mlni·lii, lit. mini; ~t ces ror~es tvtrti « prendre •.
n'onl rien de caractéristique, car le grec a aussI des dénvés Dans la mesure, très restl'einte du Nste, où le germa-
en -J-on\/) tels que .ùpm.w (li. côté de , CpT,ltll) par exemple; lïra- nique a des form es correspondantes i. celles p.n • - 1- du bnhique ,
, L ' • . du slave et de l'arméniell , let y pe se confond entièremen t av~cle
nien même a comme on sait, Id 'tri-sa-. a larme en .-/- qUi
existe souve~t li. côté de ces présents subsiste seule d'ordi- type p"écédent, celui de got. hafja; deux exemples Sltl'S (non
nnire; ainsi le latin a wllrt, stdwen race de v. si. siditil,stditi; atteslés en gotique, ce qui est à noter } sont : v. h. a. si,{II.
uidlrt "ifÜ6 en race de v. si. vjditti, vidtti; etc. sit, is el liecu, ligis; v. sax. sittia, silrs el/iggil/, Jigis; v.
En' revanche, au moins dans les cas Où le ~umxe suit ang!. sitte, Si/fit et IiCKt, ligtst: v. isl. siljn el Jigia ; cf. v.
une consonne les présents répondant au type slave, bal· h . a , s~d~ , sldili et Irt<l, IrtiJi; seul, le gotique R ie" rormes
tique et arménien en - -)'t -,- 'JO - ont en g~rmanique et en italique Ji/ail ('l ligoll , qui peuvent ètre aussi <lnciennes, cf. 1;1'.
llne alternance de - _,,0_ (dans les ' formes , ou dans une partie des )'iZ't~ \; de plus, le vieux haut allemand Il les for mes ds IIn!-
112 1Ia
sent htbis (/JthiJJ ), /xbil, libit, setil de babill. !t/K". sDfll1 (cr. le Il Y a ainsi concordance parfaite du gumanique, du cel-
type lit. triri ; ,,,rhi) ; el la t ... personne du singulier est v. tiq~e et de lït.a li~ue, et, par suite, on est en droit de poser
sax . bthbill , v . aogl. hatbbt, la rorme COn1l11UO(' du pluriel , v. troIS groupes dIstincts : 1· grec et indo-iranien, avec un seul
sax. ht.bbiml, v. nog1. habbod, hMbbad; il subsiste donc des suffixe· -yeJ-yo-, servant pour les présents qui indiquent l'étal
re8t~8 not.ables du present en ••~.: -7-, it eùté de la (orme il et pour les présents dérivés; ·2- slave, baltique et armé-
.~_ qui tend il. se généraliser. - lin général, le germanique nien , avec un suffixe· -1- des présents indiquant J'~tftt , et
élimine le type correspondant lIU type slave en -i-; ainsi le un suffixe· -yeJ-yo- des verbes dérivés ; 30 germanique, cel.
préténto-présent got. man, ('.te. tient la place du présent cor- tique et italique, avec un Imffixe • ~J-I- des dérivés; dans
respondanU. s1. mlniUi; c'cst qu'en elfet le prétérito-présent est ce troisième ~roupe il y a une tendance li. éliminer le type qui
parfois substitué ~ un type de pl'êsenl non conservé en ger- correspondrait au type slave, baltique et arménien en • _J_ oet
manique; cr. par exemple got. ga-I/ars, etc., en fRce de skI'.
• •
dans la faible mesure où il subsiste, ce type se confond ici,
dh(ll)6ti, v. sI. dru{,,~ (el traces de drii{'wv- ), pour la rorme, nec celui des présents d~rivés (t;1. -je-Jo
Les (aits italiques el germaniques sont évidemment insépa-
rables; dès lors , on en doit. retrouver i'équivalent en celtique ;
malheureusement, l'état de dégradation phonétique et mor-
phologique où sont les plus anciens dialectes celtiqut'8 dont on
ait les formes grammaticales rend la détermination impos-
sible dans la plupart des cas. 1\ y a n ~a nmoins quelques rormes
décisives en vieil irland'ais. Les 3e> personnes conjointes du
singulier -[Dib" il prend " , d'une part, et -/titi "il laisse Il, de
l'autre, reposent en effet sur de~ GlleleR • -il (après syllabe
brève) et ··ft après s.l:lIabe longue; et -gDib exclut· -yr-l qui
aboutirait à v. irl. ·i. Les 2"' pef'!lonnes du singulier d 'impératif
gaibH prend » et llic« laisse Il n'indiquent rien sur la quantiW
de -j final, puisque·.J et· -1 devaient aboutir au même résul-
tat en irlandailt, mais excluent· -yt; ce sont donc des rorme!t
du mème type que lat. CDpt (de· topi ) et stigJ. Ces formcs irlan-
daises appartiennent il des verbes qui répondent ou t,H)e sI.
-je-, lit. -jD- (type lit. ttJèria " il prend . ,, ). On a tm irlandais
Ol!/i présents qui répondent au type sI. -i·, lit. .;- ; mais ils
tont déponents, et ne présentent par suite pail de rormes
telles que gaib qui soient instructivelt ; les principaux Atmt
"wini"". « je pense Il et gainiur «"je nais " ; tout se puse comme
si les deux types étaient confondus, de même qu'en germa-
nique . Et Je latin afib,fts, qui uppartient à ce type et se com-
porte exactement comme sllgiù, sdgls.
•
DE QUt; LQUES SUF F IXES NOll INAI;X
ainsi encore gr. cir7.t~ .. , Î'::'tto'O, etc.; le" formations des n,oms de donc l'usage· grec el lalin qui esl confOI'me à J'usage général
femelÎes proviennent toutes de développements indépendants indo-euro~en. Il e~l , d'ailleurs, peu vraisemblable que des
de" divers dialectes; parfois les résultats de ces développe- mots tels que gr. !~:; et 1'.ii,u.. O,; aient pris secondairement le
ments colncident dans plusieurs langues, ainsi skr. dçtJd, lit. genre léminin. On conçoit b~en comment l'nnalogie des adjec-
aJ'{'Vtl, lat. tqlUl i ' mais ,s ouvent aussi ils divergent: skr. (lqi, tifs a fait disparaitre dans la plupart de~ longues l'emploi des
en face de lat . ursa (cf. A. Meil1~t, Sur des in1trdictions de WC4- thèmes en '-'/D~ au féminin ; l'action analogique inverse estcom.
bu/aire, p. 7). Le fêminin du mot « dieu est dtul en sanskrit,
1) pIètement invraisemblable : les féminins en '.e/,· ont fini par
Ika en latin (cf. osq. dal. dei vai). Un féminin en "-.:i- nu'oppo- être éliminés en grec el da us les langues néo-latines, comme
sail régulièrement en indo-européen à. un masculin neutre 'en partout ailleurs; seulement l'élimination a eu lieu à date his-
"_·I,,~ que dans les adjectifs. Mais, dans toutes les langues torique, tandis que , dans les autres la ngues de la {"mille, elle
autres que l'italique, le grec et l'arménien (avnnt la perte du est antérieure aux plus anciens textes . Enfin , la cause pour
genre grammatical dans cette langue). le. fail que, dans les laquelle le grec, le lAtin (el sans ~ oute l'arm ~ nien avant la
adjectifs, "-0- caractérisait ainsi le masculin-neutre par oppo- perte de la notion dl! genre) ont gardé plus fid èlement l'usage
sition ù. la marque "..d. du féminin a entrai né l'éliminat.ion indo-européen se laisse peuUtre entrevoir : ces langues sont
du genre féminin dans ces thèmes; ou bien le thème en"~ celles oû le timbre -0- est demeuré bien distinct du timbre -4- ,.
s'est. maintenu en deveno.nt masculin, ce qui eslle cas de skr . en indo-iranien, en slave , en baltique, en germanique, les
bhürj4b et lit. bht"as (1 bouleau "' , ou le genre féminin a subsisté timbres IJ et 0 tendaient li. se confondre , comme on l'a vu ,'
en déterminant un passage aux thèmes en "-d~ , ce qui est le cas la distinction du masculin et du féminin n'était plus guère
de v. sI. brt{a et de v. isl. biprk (v , M. S. L. XIV, p. n8 et marquée que par la quantité de la voyelle du thème, el non
suiv.). L'indo-iranien, le slave, le baltique, le germanique et
le celtique s'accordent fi. éliminer le genre féminin des t.hèmes
en "-0-. t. L'importance de cette rorme dans la quesLion a élé reconnue d'une
manière indépendante par M. Pedersen et pu l'auteur du preaent ou~
M. Brugmann continue, il est vrai, à repousser l'idée que vra~ Iv. Bulldin de la Soei~t~de lin!Jui'lique, XII , p. LU:n, séance du
les thèmetl en "-0- auraient admis le genre féminin en indo-euro- '7 juin t 9O!).
ttS DlAI.EC"':!! INDO-EUflOptEN8
plus par le timbre de cette voyelle, comme elle l'esl daM OOnum,
"'mali'; ,0,0'1, fl'Aoiv, etc.; il importait d 'autant plus dès lors
de réserver le type li. brève au mascu.Iin , le type li. longue au
f~minin i la netteté du signe ay~nt diminué, l'emploi en devait
être plus strict pour demeurer clair. Si celte explication, qui
peut paraître subtile, mAis qui cst justifiée par une rema~ CHA PITRE XVIII
<juable coïncidence, est exacte, l'absence de traces du fémi-
nin en ._~!._ en celtique résulterait du degré trop avancé
d'altération oü les langues de ce groupe étaient parvenues li.
la date des plus anciens textes et de l'importance très grande I.ES FOHMES CASUELLES EN -BH- ET EN -M-
prise par la distinction du masculin et au féminin ; si l'on
avait des textes celtiques plus anciens, on y devrait trouver La diJférence entre un datif pluriel cn -bh- , comme I!kr.
des thèmes en -0- féminins. -bby{/~ , zd -~, lat. -bI/S, v, osq. - Cs , v . irl. -ib, gr. -,tC. . ) et en
-mA, comme got. -III, v. lit. -mm, v. sI. -mlÏ, est un deI! pre-
miers Cails qui aient attiré l'attention sur le problème de la
dialectologie indo-eurOpéenne . Comme il a été bien établi,
principalement par M. Leskien, qu 'il n'y a pas eu d'unité ger-
mano-balla-slave postérieure à l'unité indo-européenn~ , la
concordance très frappante qu'on observe ici entte le ger-
manique , le Imltique ct le slave ne pput ùonc, si on lui accorde
une signification, s'expliquer que par une distinction dialec-
tale à l'intérieur de l'indo-européen commun.
M. Hirt , I. F .. V, 2!H et suiv. , a supposé que les formes de
datif-ablatif auraient eu originairement" -bh-, el la forme
d'instrumental"-1II-. Chaque langue aurait ensuite généralisl>
l'une ou l'autre initiale. Mais c'est une pure hypothèse. Ou
côté de l'instrumental , riell ne vientl'appuyer (cC. v. Blankens-
tein , l. F., XXI, tOO et suiv.) ; el même l'arménien , où -les
désinences de ce type ne fournisl'ent qu'un seul cas, l'instru-
mental , ne possède que -bh- et n'a aucune trace de -,JI-: instr,
sing. ob, -v, -w (harb, khnov, amaw), plur: -bkh, -f.Ikh, wkh (harbkh,
IJmovkh, "âmawkh) ; l'arménien contredit do~c directement la
supposition de M. Hirt. 11 n '1 a pas trace de désinences en -"1-
en dehors du germanique, du baltique et du slave; véd. santmi
n'est pas un adverbe représentant un cas en -",i,et lesarlverbes
tels que lat. portim représentent des accusatiCs, comme l'in-
\20 OI Au:c n : !\ I:\"DQ-E lJ fl OPHE 1IO M \2\
dique r emploi de parttm . Pour Je datiC, on peul invoquer le de valeur définie : skr . ~bbyQI) et zd -11.>'" de datif-ablatif plu-
rait que, au datif singulier, des langues qui par ai!leurs onl riel (on sait que l'ablatif n'a presque jamais une forme qui lui
seulement des formes en -"'., onl l e pronom de 2" sing. dat. soit particulière) ; skr. -bhib, g'Jlh. -bu, zd -lill, v. pers . -biJ
v. sI. ltbi , v . pruss . ltbbti li. loi " , en (ace de skr. tubhya{m),
f( d'instrumental pluriel , skr. -bbyitm; zd -I>;'a (avec longue finale:
gAth . taibyif, lal. tjbf. ombr. tere; mais la flexion des pronoms -bJd-la ) et -bylJlIl de datif-ablatif-instrumental duel (les trois
personnels esl trop li. part pour rien prouver ; le pronom de CM n'ont toujours qu'une méme (orme au duel , nombre flui
i·~ pers . sing. a une (orme tout li. fail isolée: ski'. milbya(m) " il
moi ", arrn . inj, lal. mihf. ombr. IIItbt., ell 'arméniena celle même
gutturale dans kht{ u li toi " , tandis que le germanique a un -s-
n'a qu'une petile quantité de formes casuelles distinctes) ;
arffi. -h, -v, -w (ournit l'instrumental singulier , et
-u'lth l'instrumentul pluriel ; v. sI. -II/i ~ppartient Il l'instru-
.
. -blth, -vltb
qui lui est propre : got. mù. tus, v. isl. ,nU, fir. v. h . a. mir, mental singulier, -11/; à l'instrumental pluriel, -m,i au datif plu-
dir. - Enfin , li. supposer que les initiales -bh- et -m- ait-nl été' riel, -/na au datif-instrumental duel ; lit. -mi Il l'instrumental
en indo-européen réparties entre différents cas,la concordance singulier, -mis" l'instrumental pluriel, -mus au datir pluriel,
du germanique, du baltique et du slave dans cette répartition, -ma au datif-instrumental duel; v. pruss. -matis est datif plu-
et le C9ntraste avec le celtique , l'italique, le grec, l'arménien riel. Toules ces formes expriment d·une manière précise un
el lïndo-iranien n'en subsisteraient pas moins ; le fail dialec- certain cas el un certain nombre.
tal porterait sur la répartition au lieu de porter sur uqe diffé- Au CC!ntraire la désinence homo ~,I ( Y ) . qui parait être d'ori-
rence originaire entre les formes. gine éolienne et manque dans les autres dialectes, vaut à la
Ce n'est du reste pas ln seule ligne d'isoglosses qui enserre fois pour le singulier et le pluriel; et elle sert pour tous lea
le gerinanique avec le baltique et le ,dave : la ligne du traite- cas à sens réel: datif, ablatif, locatir et instrumental; elle ne
1T ent de -1" et ceUe de la chute de -1 intérieur par exemple tientjnmais la place d'un génitif ni d'un accUS3tif. Comme il
montrent que ces trois langues sont issues de parlers indo- s'agit chez Homère d'un archaïsme, on pourrait être tenté de
européens qui presentent certains traits de ressemblance . De voir dans -?~( ... ) aine vieille forme mal comprise et employée
plus, des deux formes du collectif neuire qui tient la place de indilTéremment li toutes sortes d'usages ; mais s'il y a dans la
nominatil-accusatif pluriel , il savoir - -à et - -1, le slave el' le langu.e homérique nombre d'archaïsmes traditionnels, et IIi cet
g~ nnanique ont généralisé l'une, celle en - -Ii (got. j"lta , v. sl. archaïsm~s sontemplo~' és arbitrairement, du moins ils gardent
jjga; got. nomna, v. sI. jjmena ), tandis que le grec a au con~ leur valeur exacte là où ils figurent , et rien n'autorise il
traira généralisé celle en - -1 ('\l'fi, b"'~;L:rr:z ) ; mais, si le latin a attribuer ù la langue homérique l'emploi capricieux d'une vieille
généralisé - -1 (;"gd, tIOminil ) , l'osco-ombrien a - -4 (ombr. forme dont on aurait perdu le sens ; l'un des caractères éminents
iuku, uotlMJ, osq. pruftu, comono), comme au nominati€'sin- de la langue homérique est précisément l'extrême correction
gulier des féminins en -d-; le fait est donc peu caractéristique, dans l'emploi de formes qui étaient sorties de l'usage au
tout en méritant d'être signalé, il titre de colncidence. moment où le lexte transmis a été composé et fixé; l'orctiiJsme
de Sertaines formes ne se traduit que par un manqUe de
Cette ligne remarquable de ~m- et -bh- est croisée par une constance dans leur emp'ioi . Du reste, lat. -bus, osoo-onibr. -Is
autre qui elOt relative aux mêmes :désinences. (-ss, -f) Ollt aussi une valeur multiple: datif, ablatif, locatif
En indo-iranien~ en slave, en baltique et en arménien, les et instrumental; et de m~me v. irl. -lb. Le latin a de plu." les
désinences en -M- ou en -m- fournissent des formes casuelles pronoms personnels tlùbiJ, tuJbff; mais on ne saurait rien con-
122 123
clure de formes de pronoms personnels; celles·ci ont du reste la lières qui ont occasionné une réduction très ancienne de la
même valeur complexe que celle des noms ordinaires. C'f"st d~clinai80n, et le maintien des seuls cas il grammaticaux ".
cette quadruple valeur des désinences en • -bh- qui permet de (M. R. Meisler, Btrichtt de l'Académi... de Saxe , Phil.-bist. CI.,
rendre compte des confusioM de formes casuelles présentées LVI , p. t8 et suiv., admet l'existence d'une trace d'instrumen-
par l'it.'\lique et le celtique. confusions qui autrement ne tal en cypriote et en pamphylien; mai ~ l'hypothèse repose sur
s'expliqueraient pu. l...n forme latine et la forme irlandaise ne des bases très fragiles).
!le recouvrent pu, mai. elles servent également pour quatre Une autre coïncidence des dialectes orientaux est la sui-
cn~ indo-européens nu pluriel ; on ne peul déterminer quelle vante: l'indo-iranien , le slave et le baltique sont seuls il. pré-
voyelle est tombée en o~o-ombrien entre f et s (v. osq . .. ra). senter '-lit comme désinence de locatir pluriel; l'arménien li
Pour le germanique, une seule forme est attestée, el cette une rorme en ·s (toujours identique il celle de J'8ccuNlif plu-
forme peut résulter. de f(lrmes distinctes, car il a pu tomber riel) qui peut avoir perdu un ' -u 6nal ; le krec a une désinence
diverses voyelles après -fIl- ; mais de~ confusions de cas anA- -01, qui est autre, el qui sert" la fois pour le dntir, l'instru.
logues il celles que présentent le latin et l'irlandais se sont mental et le locatir pluriels: les autres langues n'ont rien qui
produites . corresponde à la désinence orientRle '-su .
Il y 'aurait donc li...u d'oppose .. 11 l'indo-iranien, au slave,
RU baltique el Ù l'arménien , ot. les désinences en ·bb- et -fil ·
v. st. gara 1< montagne " (et lit. girl/( fo rêt »). skr. girliJ"zd. (très peu des noms d'inlirmitps lIont communs à plusieurs langues
gairiJ (l'interprétation de gr. ~~plelç par «vent de la montagne. de ln famille ).
est naturellement incertaine ). lat. I/(htus, v. ir!. fits, v . h. a. Wllosti.
v. sI. (sa-)drmJÜ (( bien portant Il, zd drva- v. pers. dumva- lat. crlbruIII, v. irl. crla/lx;r, v. angl. hrlddtr (le gr. ~pt",,,, esl
(même sens), et cf. skr . dhruvdb tt ferme Il; la communautt! de même (amille, mais n'u pas le sens technique de " je crible ;
de sens de tl bien portant" en slave et en iranien est le fait :lU con traire, gal. braitls. pur Il R signifié sanli: dou~e 10 cri bhi ~
caractéristique . 1.. l'origine).
WIl (démonstratif), ul aw- (fournit les (ormes du dé.monstra- lat. pareo, v. id. ruh, v. h. a. IlImh " sillon " (arm. btrk
tir de l'objet éloigné aulres que celle du nominati(; le slave ,. terre défrichée el labourée Il. est 11 séparer; car le k ne peut
a éliminé les (ormes particulières au nominatif). représenter que· g : cf. peut-lolre harkantl fi briser »).
D'autres détails con.firmenl ces rapprochements qui sont lat. !Jas/a, irl. gat .. baguelte d'os ier ", got.ga,Js 1< aiguillon Il.
d'autant plus probants que beaucoup unisse nt spécialement· le lat. mptr, gall. clJtr· , v. isl. bafr " bouc" (le gr. ~2'K'pOÇ" san·
slave &. l'iranien, c'est-il-dire lt la langue la "plus voisine. Le glier », n'a rien 11. fnire ici, i. cause du sens, non plus que pers.
thème il -1- de gr. ""llil1l, lat. Itlbula, v. irl. kil, gall. niwJ, (dpi), etc. ).
v. h. a. ndml, v. isl. njOl n'est pas représenté en baltique el lat. mpilJ, got. bafja; lat. (apUJ , v. ir!. (Oc!Jta;lJI, v. sax. IHlf-
en slave, mais seulement le thëme en -tS- : ... îllaç, skr. mibha{J , MtI. - Pour la formation, on rapprochera le laI. ClIpiùdev . ir!.
v. sI. ntho, lit . tUbtsü; en revanche, il est vrai. on a lit. 'Jjiflà, faibitn, dont la raeine se retrouve dans lat. babire ((ormé comme
\' . al. ffll'gla- comme gr. 6""l:;(11'j 1< nuée ». Le nom propre . du got. hOban ). osq. hafiest t< il aura )1.
miel, gr .",,0.1, lat. mel, v. ir!. ,m'J, got. milif, arm. mûr (ce lot. 01<1, v. ir!. olim, got. a/a (porailleurs, on n'a que des traces
demier -influencé Sfins doute par· med}J/4), n'est pas représenté de la racine , ainsi dans gr. i .... û.::cç) .
en IIlave, non plus qu 'en iudo-iranien. lat. plttUIIS, g::tul. (Mtdio- )/tt"'lnl j v. ir!. It1r \1 sol ", v.
~ Germanique , celtique et italique. angl. lMr.
Outre les mots particuliers que ces trois langues oul en lat. IIIaIllH, ombr. man f (occ. plur .), osq. lIlatlim (ace. sing. ).
Di~l«tu indo-fUrOpÙt'l" '41
130
v . isl. el v. angl. mlmn ; cr. m . hrel. IlI'l ia{1I Il gerbe . (v. Fick-
Stokes. Et. wiirt . III , p. 200). en regard de l'expression pal' la
racine ·ghtr· dans gr . 'l.dp , alb . dor. , arm. jef" (1 main >1 ;
de .kr. Mstal) = v. perse dalla . el de v. sI. rtlka (v . ci-dessous
p, 31 ).
lat. /lui /IIJ Il mU ", irl. mod o maine " bâton >l , ir!. m4tan CO:>lCLUSION
(avec t notant l'occlusive sonore d ) " massue Il, ad",al (v. W.
Stokes, K. Z ., XL, 2t3), v. h. a. tnas l ,. perche ", v. isl. mastT
<I m;\t >1.
lal. mmlum Il menlon ". gall o mant le mâchoire ", got. munIs, Les faits étudiés montrent que les principales lignes de
v. h. 8. lIIulld Il bouche ". démarcation passent entre dialectes oocidentaux d'une part et
lat. tUltr;x, irl. nathi, (gén : nalhrlJCh ), v. Îsl. nadr . orientaux de l'autre.
Il ya .aussi beaucoup de ooncordances entre le vocabulaire L'indo-iranien, le slave, le baltique , l'arménien (et l'alba -
germanique et le vocabulalre celtique , el entre le vocabulaire nais) forment Je groupe oriental, où l'on observe plusieurs
germanique et le vocabulaire italique; et les mols ainsi attes- traits communs : traitement des gutturales embrassant des faits
tés peuvent ne manquer que par huard soit en celtique soit multiples, tendance au passage de s à J (et de:{ à t ) en certaines
en italique; rien ne prouve même que certaines des commu- conditions, emploi des désinenoes en bh (ou en'II) avec une valeur
nautés de vocabulaire signalées ci-dessus entre le celtique et précise de nombre et de cas. Ces divers traits résultent presque
l'italique ne proviennent pail du ronds de mots germano-celto- certainement d'innovations et attestent par suite une commu-
it J.ique ; ces trois langues ont en somme des vocabulaires nauté notable. Ceci ne veutpas dire que ce groupe dialectal était
remarquablement semblables. un, ni que ces phénomènes se sont propagés par imitation; il
s'agit d'innovations réalisées d'une manière indépendante-,
comme l'indique le détail des fnils, A.ussi constate-t-on que
la confusion de li el de d, qui a lieu en indo-iranien, en alba-
nais, en baltique et en slave, d'une part s 'étend au germa-
nique, et de l'autre n'a pas lieu en arménien ; la chute de'
intérieur a lieu dans tout le domaine oriental el de plus en
germanique, mais le sanskrit y a échappé i le traitement
·-fuyt.- est iranien, slave et baltique, sans doute aussi germa-
nique, mais le sanskrit et l'arménien présentent .-turye-,
comme le grec, l'italique et le celtique. Les vocabulaires
iodo-iranien, baltique et slave concordent fréquemment.
Les dialectes orientaux constituent donc un groupe natu-
rel.
Il y a d'autre part un groupe, également naturel, de dia-
lectes occidentaux: germanique, celtique et italique, qui pré-
132 OIALECTES INDO·tUROPÊE:"!S COXCLI;SIOl'f 133
sente des particularités communes très caractéristiques : trai. les infinitifs latins, En revanche, les concordances de vocabu-
tement -Jl- de ·-tt-, puTait souvent dénut! de redoublement et Io.ire sont négligeables ; elles sont peu nombreu~s, et les mots
constitution du prétérit li. l'aide du pal'fait et de l'aorÎ!JLe com- particuliers que l'on rencontre, ~omme gr, â'i..l.'j.L2t et lat. JQ/iù,
binés, alternance de ·-)'0- avec ·-l- dans le suffixe nu présent n'ont rien de remo.rquable pour le sens,
dérivé, rareté du lype i.;'(~ ; el emploi du suflixe· At/UA, concor- Ceci n'empêcbe pas le grec de concorder ;\ d'aulres égards
(lances de voco.'lbulaire. De plus, cert.aines particularités qui avec des langues du groupe orientaL Le passage de s ft h se
se retrouvent ailleurs !Juill comlnunes li ces trois groupes: le retrouve en arménien et en iranien, La voyelledéveloppéedevant
traitement desgulturalC!s (commun avec le grec), l'absence d'aug- les sonan tes voyelles, et noln m men t devant la nasale, est de timbre
ment \commune avec le baltique et le slave), remploi de déllÎ- a, comme en arménien et en indo-iranien, Il Y a toujours prothèse
nenee!> en -bh-(ou en -m- ) poude dalir, l'ablatif, le locn tifet l'ins- d'une voyelle devant r initial; seulement le grec ne met pas
trumentai, la confusion des sourdes et des sourdes aspirées de voyelle devant p introduit Il date recente (cas de -sr et de-wr
(avec le baltique, le slave, et en partie le grec). notamment), tandis que l'arménien a continué d'ignorer rinitial,
Mais on a vu que J'une de ces trois langues , le germanique, L'emploi du suffixe- -lm>- pour former des comparatir. secon-
concordait avec le groupe oriental ft plusieurs points de vue; daires ne se retrouve qu'en indo-iranien. L'augment est main-
on pourrait ajouter la rorme de <,ertains pronoms personnels, tenu, comme en arménien et en indo-iranien, Le suffixe secon-
nowmmenl de ceux signilkmt ~~ vous u et " nous )J au pluriel daire deprésenta,comme en indo-iranien,larorme- -yelyo-, ainsi
el nu duel. Et le germanique concOl'de en particulitlr avec le que celui des verbes qui indiquenll'état. Le grec se rappro:cbe
baltique elle slave pour les désinences en -1/1-, parc.ontrastc avec donc Il plusieurs points de vue de l 'arm~nie n et de l'jndo-ira-
le-/llr des autre... langues; 011 Iloteraaussi l'expression de n vingt. nien, - Ave<: le baltique et le slave, ila en commun la con-
trenle )J, et, Vilr la juxtaposition de ~(deux, trois, etc. ", et du rusion totale du génitif et de l'ablatir. Quelques particularités
mot K dixaine ", au lieu des rormes abrt1géeR du lype gr. ,.tu·n , de vocabulaire SOnt communes au grecavec ces mêmes langues.
Itc:r., lat. Ij~fjnfl , arm. khsnll: gr. :?:i7,:":X, lat. Irftj,,/tt, nrm, Le grec occupe donc une ~ituation intermédiaire entre l'ita-
eresu." , etc. lique d'une part, et les langue.~ orientales, l'amlénien et l'iodo-
En même temps , unI' autre de ces trois langues, lïhlil!ue iranien, et plus spécialement l'iranien, de rautre .Il e.t issu
p.'l>~ nte avec le grec des coïneidencps parliculihcs: t''I'lite- d'un groupe de parlers indo-européens où venaienl se croiser
I\\l'nt .'Iourd des ~no.'cs aSlli récs, génitir pluriel des thèml'!oI beaucoup d'isoglosses,
l'n -d- emp.'untéit la l1t"xion dps dcmOllslratifs, Ce sonl HI dt"!'! Parmi les langues orientales, l'arménien , qui garde la dia-
innovations importantes, et (lui ne se retrouvent pas nilleurs, tinction de à et 6 et de" et 6, est relativement proche du groupe
it date anciennc, Le f)1'CC el lït.'\lique sont seul!'!, avec J'Mmé- occidentaL On a relevé d'autre part quelques coTncidences
nien préhi!'!toriqup , loi cOIl!!erVCI' le genre réminin dans les particulières entre l'annénien, le slave et le bollique, notam-
!!uhshmtirs tbcmes en -0-, Il ," Il peut-être aussi coïncidence ment pour les suffixes tle présent • -yt/~ et - -i- et pour le
en ce qui concerne l'emploi du ton dans les pré,'cl'hes (v. 1. rôle du suffize --10- , La communauté de la mutation conso-
F" XXI. :1\.7 ) ; sur ce point , le Krec di\'('rge abPtOlument nantique IIvec le germanique serait un fait important; mais
tl'll\'ec le SlImihit, et l'on n ici la trace d' un f:lit syntaxique on a. vu qu'il n'est pas légitime d'en faire état.
clinlectnl. M, Hi.,t (l , F .• XVII. â9::i-i.t.[)) s't!st aussi efforcé La situation respective de~ dialectes indo-européfms peut
~In tl~ monlrt'r lïtlentitt! d'unC' pli l,tic ,I('!! infi ni tifs gT<'C" avec donc se traduire au moyen du schéma qui suit, en attribuant par
DIALECTU INDO-F.U AOptF.NS OONCLUSIO);
13'
anticipation aux parlers indo-européens les noms des langues tion dans la disposition respective des langues, il y a eu rayon-
historiquement attestées qui en sont la continuation: nement en partant du domaine primitivement occupé; mais,
lors de ce rayonnement, rien n'indique que les anciens parlers
aient chevauché les uns sur les autres et interverti leurs places '
respectives.
Sans doute, on ignore et Oll n'a Aucun moyen de déterminer
si les langues du groupe oriental et celles du groupe oC(:iden-
tal proviennent de p3rlers qui occupaient l'est et l'ouest
cJiqlJ'
Il t du territoire indo-eurOpéen commun; mai!! , sous le bénéfice
(j de la réserve qui vient d'être laile, les parlers qui étaient
contigus ont fourni des langues qui sont encore Il l'époque
historique sensiblement les plus pareilles les unes aux
Ce schéma très grossier (où l'on n'a pas tenu compte des autrel!, On n'a pas la preuve qu'il se soit produit pour l'inda-
langues non attestées par des textes suivis de quelque ~ten européen ce qui a eu lieu par exemple pour le germanique, où
due) ne prétend répondre à aucun fait historique défini; il n'a les parlers gotiques, relstivement proches des parlera &Candi·
qu'une valeur linguistique et indique ce que l'on peut supposer nll ves , s'en sont entièrement séparés, et se sont dispersés sur
avoir été la situation respective des parlers indo-européens les une aire très vaste; si des faits de ce genre onteu lieu, 'il en est
uns par rapport aux autres, antérieurement ft l'époque oil cha- résulté sans do~te ce qui est arrivé au gotique: la langue dont
cunedealangues, en s'établissantsur unterritoire nouveau.. s'est les porteurs se sont ainsi dispersés Il disparu sans laisser de
isolée el a cessé d'avoir avec ses anciennes voisines un traces au bout de peu de siècles; et il n'y a rien III que de natu-
développement commun. L'aire attribuée II chaque parler esl rel : les populations les plps aventureuses et qui se laissent
tout il. rait arbitraire ; il est possible qu'une langue indo-euro- entrainer le plus loin de la masse des populations de même langue
péenne .parlée au début de l'époque historique sur une aire très sunt les plus exposées Il être absorbées par d'autres peuple:; et à
vaste repose sur un tout petit nombre de parlers indo-euro- perdre leur propre idiome, - La dispersion deslanguesindo-eu.
péen", et inversement, Les lsils linguistiques étudiés ici ne ropéennes resseml)le beaucoup 8celledeslanguesslaves: ilserait
conduisent qu'II. des conclusions linguistiques, el le graphique facile de marquer sur le domaine slave des lignes d'isoglosses
qui traduit ces conclusions n'a de sens que pour le linguiste, pareilles à celles qu'on a tracées pour l'indo-europée'n, et il
Toutefois une remarque semble s'imposer II. la vue de cette en résulterait, ce qu'on sait en efTet. que les parlers slaves se
ligure. Les parlers indo-européens occupaient une aire où sont étendus -quelques-uns comme le russe, d'une manière
les innovations linguistiques naient lieu d'une manière immense - , mais sans changer de position respective ,
indépendante ,"ur des domaines contigus, sans qu'il y eût nulle Cne autre conclusion, plus importante au point de vue lin-
P.8rl une limite qui sépanlt entièrement certuins groupes de guistique, c'est que l'indo-européen se composait, dès avant 1",
certains autres. Et, quand la séparation s'el>t produite sans séparation, de parlers déjà lortement différenciés, et qu'on
doute progressivement, c'est-II.-dire quand des colons et des n'a pas le droit de traiter l'indo-européen comme une langue
conquérants sont allés occuper des domaines nouveaux aux- une , Les particularités qui caractérisent chncun des gral\ds
quels ils ont imposé leur langue, il n'y a pas eu de di.sloca- groupes, $olave , germanique, baltique, etc" sont en notable
•
136 DIALECTES INDO-Et:ROPÉZN8'