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Antoine MEILLET

LES DIALECTES
INDO-EUROPÉENS
NOll\'fOII (irage
GI'ec ulle inrroduc,;otl lIoll\'elle el des addiriolls

Librairie Honoré Champion, Editeur


7, quai Malaq u:lis
PARIS
1984
LES DIALECTES
,
INDO-EUROPEENS
Nouveau tirage
avec une introduction nouvelle et des additions

Librairie Honoré Champion, Editeur


7, quai Malaquais
PARIS
1984
AVANT-PROPOS
DE LA RÉIMPRESSION

Un ouvrage tel que celui-ci , où sont jetées brièvement


quelques idées, ne se prête pas à être modifié ou élaIlfi. L 'éd i-
tion étant maintenant épuisée, il a paru que le mieux était de
la reproduire mécaniquement - la reproduction est, par mal-
heur peu réussie. - Mais il sera permis de proliter de cette
1

occaSiOn pour signaler quelques . corrections el pour ajouter


certaines vues qu 'on regrelte de n'avoir pas indiquées dès
l'abord .

••
A en juger par ce que l'on observe chez tous les anciens
peuples de langue inda-européenne, chez les Celtes comme
chez les " Aryens JI de l'Inde et de l'Iran, chez les Grecs
comme chez les Germains, chez les Sla"es comme chez les
ltaliotes, les éléments qui constituaient à une époque. préhis-
torique les !O nations li .indo-européenn es étaient unis par des
liens lA.ches et ne Cormaient aucune unité politique stable. Un
chef comme le cheC légendaire des Bituriges, Ambigatos,
pouvait réunir sous son autorité un grand empire celtique;
mais pareil empire ne survivait pas plus à son Condateur que
l'empire d'Alexandre. L'unité indo-européenne était une
unité nationale, non une unité politique. Et il n'y a aucune
raison de croire que l'une dt!s parties de la !O nation Il ait eu,
© 1984. Edifioru Champion, Poru.
Reproduclion et fr(ld"c tion., méme parfieJ/e~, inte rdite"
To", droib ,é,eroé, pour tou,/e, pey., y campr" ,'U, R.S.S.
el lu pay. lCa ..dirwvu.

I~RN ?R~?03_n4 .5
AVANT-PROPOS DE LA REr~PREssrON j

de manière durable, une influence dominante sur les autres. occupent enll'e le type latin et germaniqu.e, d'une part, le
Dès lors , des lignes d'isoglosses ont dû se croiser en tous type grec et indo-iranien, de l'autre, une situation intermé-
sens à travers le domaine indo-europeen, et il n 'y a même diaire.
pas lieu de s'attendre à trouver des raisceaux de lignes non Faule d'avoir, pour la plus grande part du domaine indo-
exactement concordantes, mais voisines les unes des autres, européen, des données assez anciennes, on se représente
tels qu'on en observe, par exemple, enlre la France du Sud, lïndo-europépn com mun sous une rorme aussi voisine que
restée plus proche du .latin , et la France du Nord, très aber- possible du grec et de J'indo-iranien. Il y a là une part d'illu-
rante par rapport au latin ancien, sion , La découverte du " tokharien If a montré, par exemple,

..•
que les désinences verbales en -r n'étaient pas propres à
ritalo-celtique ; or, ces désinences trouvent mal leur place
d"lls~e système' tel qu'on se le représente d 'après le grec et
Il est malheureusement difficile de se former une idée juste
l'in do-iranien. Des nominatifs masculins sans désinence,
de tous les anciens dialectes indo-européens. Pour le groupe
comme v. lat. qutri, osq. pu-i, ombr. po-i, sont sûrement
tout à fait occidental, que représentent le germanique et
l'italo-celtique , on n'a pas de textes vraiment archaïques. Si
anciens; Les types de subjonctifs en -do, tels que v. irl. ma en
race de bt1laim ou v. lat. ad-llmal en race de ~n-io, ne peuvent
l'on avait, dans ce groupe, l'équivalent de ce que sont les
résuller de développements nouveaux en ilalo-celtique ;. le
Védas ou les g:1thàs de l'Avesta pour l'indo.iranien et Homère
procédé a un aspect profondément indo·-E'uropéen.
pour le grec, la dialectologie indo-européenne aurait une pré-
Pour se former une irtée juste de l'indo-européen commun,
cision qui lui manque, et la grammaire comparée des langues
il faudrait Slins doule cOrl'iger plus qu'on ne ra fait lïmage
indo-européennes prendrait une face nouvelle à bien des
que fournissent le grec et l'indo-iranien et recourir assez lar-
égards.
gement au germanique et à ritalo-celtique, abstraction faite
Par exemple, c'est un fait remarquable que des thèmes
des innovations de ces dialectes,
comme *dj}'ldl- ou 'dhl- (·dl»- ) rdm-, de racines athéma-
tiques de sens (1 perfectif », fournissent en italo-celtique et
en germanique, et sans doute en albanais, des présents, d'as-
..•
pect perfectif, tels que lat. dat, ualt (cf. l'aoriste véd, avrta ). Lfl.s parlers germaniques, celtiques et italiques offrent, en
v, b. a. tuat-, et en grec ou en indo-iranien des aoristes· tels que effet, certaines tendances communes à des illnovations par
skr . addt, dàhal, gr.lao~~, lllillol~ (v . Bull. Soc. UnI" vol. XXIII, rapport à l'indo-européen.
sous presse). Mais on ne fail que l'entrevoir . Il faut du moins Sans doute , la prononciation spéciale de l'initiale qu'on ren-
ajouter cette ligne d 'isoglosses 11. celhis qui sont déjà connues t contre en german,ique, en gaélique et en italique, ne se
et signaler. à cet égard, que le slave et sans doute l'arménien retrouve pas dans le groupe brittonique du cellique. Sans
..
4 A\'Al'i T-PROPQS DE W IItLYPRESSiON 5
doute aussi. la quanti té relativement long-ue que M. JUI'el curieusement à la stabilité des inter\'ocaliques qUI ca ractérise
attribue, probablement avec raison, à l'initiale latine el qu'il le grec, le baltique: (>t le slave .
faut attribuer à l'italique en g6néral , n'est paa de même nature Les voyelles, surtout les voyelles brèves, sont sujettes à
que la forle intensité initiale du gaélique ct du germanique. subir en germanique, en celtique el cn it.aliqu(>, l'innuence des
Mais il est frappant que l'initiale tende ai nsi Il se
singularish phonèmes voisins. Le phénomène com:!.u sous le nom d'UI/tlau/
dans le mol , à la fois en germanique, en celtique et en ita- domine la phonetique des voyelles en germanique occidtmtol,
lique . Cette situation singuliere ne l'initiale se traduit , en en nordique el en gaélique. Le latin oppose uoio, IWlull li ~1im,
lalin surtout , par la fermeture de~ voyelles brève!! in térieures, ruIlt ; et il suffit d'une gult ul'alt! pr<.!céden te pour empêcher le
en osco-ombrien par des syncopes. En lout cas l'initiale a une passage de e II. 0 dans gûu, gÛàre, par exemple. Celte dépen-
situation à part. Et il résulte de là flue les finales lenden t â dance du timbre d(>s voyelles s'oppose il. la fixité de timbre qui
s'altérer très fortement. outre trail commun au germanique, ca ractérise le grec, le baltique et le slave communs.
au cellique et à l'italique . En matière de morphologie , le germanique, le celtique etlïta-
Un second tI'a it frnppant est la tendance il. vocaliser, l'our liques'accordent à donner li l'e xpression du temps dans le verbe
ainsi dire, les consonn es intervocaliques. Le déta il de l'inno- une importance que n'avait pas cette notion en indo-européen.
vation varie d'une langue à l'autre. En celtique, elle se L'opposition du préi1ent et du passé était rendue en Îudo-euro-
manifeste avec u ne importance toute particulière: le bri t- péen , d 'un e manière peu clai re el peu constante, l'or les dési-
tonique - oia )' et w initinux aboutissent li des sonores - nences primaires et secondaires , et , dans un groupe dialectal
sonorise les sourdes intervocaliflues, tandis 'lue le gaélifJuf" - seulement, par un mot accessoire, l'augment (v. chap. XIV ).
oia Y el w aboutissent à des sourdes - en fait des spira ntes Or, par des procéd és différents, le germanique, le baltique et
sourdes. En germa nique, la sonorisation des intervocalique~ l' italique sont arrivés li exprimer le prétérit au moyen de
n 'atteint que les éliment! spirants; et celte action est entra- thèmes propres . .Et , chose inouïe en indo-européen, il y 0 cu
vée souvent par des ac tions spéciales: loi de 'Verner en ger- dans ces langues des prétérits du fI suhjonctif n , _ Du cou p,
manique commun (pour la spirante qui clol la premii!re syl- les déSinences seco nda ires peuvent servir au présent : lat.
labe du mot ), loi de \Yrede-Thurne.vsrfl (sflre pour le gotique, jllllI-r est un présent, alol'S que hom o y:ho est un prétérit (",
v. W . Streitherg, GotiulJu Eltmmtarbllcb. 5-6, § 1i7, p. 91 et BIIIl, Soc. tint·, XXIII , sous presse), En irlandais, -kir qui
suiv.; à supposer aussi "illeurs : le vieux saxon oppose répond à. véd. bbdral. berol qui répond à. véd . bharan, sont
/e!JtJ/ldo à Irio/ho ,. di!': ième ,, ). En itali<Jue co mmun , la si mon te des pré~ents aussi bien que les correspondants ~,.id, beri/
-1 - est seule sonorisée; la sonorisation des anciennes spirantes de skr . bharali, bWranli.
sourdes dans les types lat. mtdju1. allimflljbl/J, figtira, en face Il y a lieu de supposer 'lue le germanique, le baltique et
de osq. l'l efiai, luisal'Ï fs, fei h uss) est prupre au latin. l' italique ont subi des influences semblables. Après la période
:\1ais cette tenda nce it nlLùer les intervocaliques s'oppose jtnlo-celtique, l'i talique (\ cessé de subir ce type d 'influences
et en a subi de nouvelles. Au con traire, le gE'rmonique et le
6 AVANT-PRoPOe oe LA Rtl"PRESl'!IO~ ;
celtique , de meurés dans des régions voisines , se sont déve- (indo-iraniellne), llfllion " hellénique ". nation " itnlo-celtiqut' " ,
loppés en partie d 'une manière parallèle. Un accen t d'inten- etc. Dans chaque domaine , une aristocratie dominante , orga-
sit é net s'y est développé , et e n gaéliql,le il la même place nisatrice , a rait prév;.Joir une llmgue sCllsiblel'nent unc , cOlllnw
qu'en germanique: sur l'initiale . Leli occlusives ont pris un elle faisait pré valoir siln ty pe de structure socia le.
caractère semblable : les sourdes sont devenues des sourdes Ce qui caroctéri se chacun de ces. groupes, ce ne sont pas
aspirées , et les sonores ont tendu à s'assourdir en quelque seulemen t les inno\'u tions réa li sées dës J'é potlue cie cOlllmu-
mesure; e n celtique, les choses son l allées beaucoup moins nauté; ce sont aussi les nouvelles te ndances commulh'S l'l:'iul-

loin qu'en germanique. où il s 'est produit une mutation com- tant de l'unité initiale du gr'oupe. tendances qui ont continue
plète (Iautverschiebung) ; mais le point de départ est le même à agir après que cette un it~ !;'élnit brisl:e.
sur les deux domaines, Par exemple, Iïndo-iranit'Il avait conservé le typE' · "'Nmf

..

Les types de rapports qu'on peut obsen'er entre les langues
correspundanl il gr. riFt" , lal. ftr{j, v. ir!. -billr, got . /mim , il la
1r. personne du siut;u 1icr prima ire neti ve, Les gfitlHIs de 1'.-\ " t' Shl
sont demem'ée!l fidèles 1\ ce type , Mais -11/; a tendu Ï:ls'njoule r, el
indo-europée?nes sont donc divers. Il esl souvent malaisé de
l'ad tlition est déjitl'éolisée da us le vêdi!lue le plus ancien , daus
les ramener à leurs co nditions his toriques,
t'A vesta l'cceul el dans les inscriptions pel"st's ac hé mé nides, Si
11 importe, en toül cas, de distinguer les aires de système
les grothàs de l'Avestn n 'étaient , p;.lr bonheur, co nservées , on
phonétique et grammatical commun des aires de vocabulaire
croirait sans doule que le ty pe vêd , blxirifm, est indo-i rHuit'n ,
commun . Les communautés de vocabulaire indiquent surtout
Il est possible que le procéd é ait apparu ,!i's l'é pO<lue iudo-
des communautés de civilisation , Elles oITrent par suite un
iranienne, Mais il ne !J'es l {{c néralisé 'lu 'au cours tle .. licve lop-
int';rêt particulier pour l'histoire .
pe mellls propres de lï ndien el de lïran ien, e t beaucoup de
Les concordance~ des vocabulaires juridique et religie ux en
form es iranielilles se raient inintelligibles si l'on ll enti t
iodo-iranien et en itaJo-celtique, mises éD évidence par
odmetLre bhdrilmi comme ét ant If' type indo-i rtm ien CO nlllilll\
:\1. J . Vendryes, M . S, L " XX, · p . 265 eL suiv., s'expliquent
(v, M. S. L. , XXII, p , 220 et suiv , ), L'identité presque l'om-
par un trait de s tructure sociale commun aux peuples des deux
plèll! de structure morphologique lies deux dialect eslwai t p OUl'
groupes. Elles n'impliquent aucune parenté dialectale,
cOllspque nce nalurell e l'id entité des innovations.

..•
Ce qui rend possible la grammaire comparée des langues indo-
L'ac tion pe rsistante de nouvelles te ndances communes t:sl
une preuve de parentê dialeeLalc :ms!'i e t plus forle que la CI)II-

!lf'rvatioOl d'i nnovations rClllisées déjà dm:anl une pcriolle dl'


européennes, c'est qu'il y a eu une (1 nation indo-européenne Il
co mmunauté ,
définie, et que chacun de:l groupes en lesquels elle s 'esl brisée ,
s'est, à 80n tour, con!ltitué en une nalion, nation I( aryenne» A ces oiJservn tions gtÎné rales, il conv ie nt d'njouler It's
remarques su ivantcs SUI· qudques c hapitres,
8 DE LA. RÊIMPR.ESSIOS 9
du tlg Veda . Le Jlg Veda a pavate, tandis que le sa nskrit
CHAPHRE Il classique a pris 11. des parlers orientaux de l'Inde plâvatt, qui
apparaît dès le m al)4ala X du tlg Veda. On observe donc ici
Le fait qu'on n'aperçoit guêre de communautés partielles
une concordance entre l'iranien el les parlers indiens les plus
entre certains parlers indiens et certains parlers iraniens et
voisins du domaine iranien , et une discordance avec des par-
que , par suite, t oute co ntinuité manque en tre les deu:l
lers indiens plus orientaux.
domaines, n 'a guère de valeur probante. Ca r, su r chacun des
A partir du m oment où ils ont ét é ma tériellement séparés,
deux 0 11 ne conna il, à date ancienne , que peu de parlers,
les uns se développant en Iran , les autres dans l'Inde, les
Un trait cependant mérite d'être signalé à cet égard. L'indo-
parlers indiens el iraniens ont évolué en des sens différents .
iranien tout entie'r tend à confondre T et J. Mais, si la t endance
L'indien a conservé les sonol'es aspirées; l'iranien les a per-
est indo-iranie nne, la cl;ln(usion ne s'est pas réalisée partout au
dues . L 'indien a conservé une a rtÎc.ulation f~r me des consonnes ,
même degré. Tout J de l'indo-européen ,a passé à T en iranien ,
surtout à l'initifl e ; l'iranie n a atTaibli l'articulation, créant de
Le même fail s'observe dans le nord-ouest de l'Inde, et, par
nombreuses spirantes sourdes et sonores, faisant passer s ini-
suite , dans le E;lg Veda, qui repose sur des parlers du Nord-
tiai et intervocalique à h. Les mots de la phrase indienne
Ouest. Mais 1 initial -et intervocnlique s'était maintenu dans des
étaient liés les uns aux uutres dans III prononciation; les mots
parlers indiens d'autres régions. De nom breux éléments de
de la phrase iranienne Iltaient nettement isolés. Aussi les deux
ces parlers se sont introduits peu à peu dans la langue litlé-
groupes, três semblables d'abord, ont-ils divergé de honne
raire qui s'est fix ée sous fOl'me de sa nskrit classique. Ceci
heure et ont pris des a!Jpects tout différents dês avant le début
explique cÇlmment 1 figure déjà dans des parties récentes du
de l'ère chTétienne.
Hg Veda et devient de plus en plus courant par la suite. Ainsi
la l'acine t ltubh- 1< aimer " de v. si. ljllbü 0: cher »), etc., qui est CHAPITHE III
inconnue à l'iranien et aux par ties anciennes du Rg Veda ,
figure déjà une fois au mal)<fala X, avec son 1 : lcbbdyanti, et Le mémoire de M. Walde, Uther iilteste sprachlicht Ik{ithungm
elle se trouve couramment en sanskrit classique. La racine {Wischtn Kt/lm und [tali/urn (Innsbruck , t9!7 ), n 'emporte pas
*k"'t/-, de homo ':tii"!Lat, cret. lti.t'tlt, etc. est représentée dans le la conviction. M , \Valde croit que le brittonique a des rapports
Rg Veda par caroli, qui est courant , et qui concorde avec zd spéciaux avec l'osco-ombrien , et le gaélique avec le latin.
tamit;; mas colali apparaît déjà dans l'Atharva Veda et devient Mais sa thèse se heurte à l'évidente unité du groupe italique,
courant par la suite. Dans le ~g Veda il a pénetré des form es â d 'une part , du groupe celtique, de l'autre . Ses arguments
redoublement de caractère populail'e : âvicacalib, dans le maQ- n'ont , du reste, pas de valeur probante.
<fala X, et ca/dcaMb. dans une piHtie récente du grand hy mne Le passage de frw à P a pu se produire independamme-nt en
à devinettes, l, 164., 4.8, qui n'a pas le caractère ordinaire brittonique et en osco-ombrien, comme il s'est produit indé-
10 A.VA/(T-PROPOa DE LA, HtUIPRESSION Il
pendamment en grec ou en roumain . Si, du reste, pour la de vues neuves, arrivent il des conclusions VOismes. Assure-
sourde, le passage n'n pas (Ou lieu en gaélique, c'est qu' il ment le slave et le baltique sont t rès proches l'un de rautre.
offrait une difficulté ~péciule, ·par suite de l'o bsenee du p en Les flexions nominales, en particu lier, l'ont semblables. Mais
celtique; pour la souore, le gaélique représente -g"-' pal' b il y n aussi de forl es différences, surtout dans le verbe (v . ReTltIe
tout comme le brittonique . La situation spécia le du gaélique da itudu slautS, Il , p . 3!j el suiv . ). Et rien ne prou ve, de
poUf ·ku ' tient sans doule à ce que le gaélique tend vers la pro- manière décisive, qu'il y ait eu une unité nationale balto.slave
nonciation"sourde: w initial y tend vers J. non vers t U' comme comparable Il: funité « arye nne (indo-iranienne) n. Les faits
en brittonique, et t intervocalique vers p, non vers d; dès lors linguistiques indique nt plutôt runité diffuse , à peine perçue,
le u, de la sou rde kw agissait en gaélique moi ns qu'e n brilto- de tribus voisines les unes d es au Ire.'! et vivant en des condi-
nique . tion s semblables.
L'absence de déponent en brittonique peut tenir à l'état M. N . van \Vijk. étudiant les effets de la loi de F. de
avancé "du développement où sont connus les parlers brittb- Sausllure en slave, est arrivé à des conclusions pareilles à
niques ; dans l'irlandais, plus archaïque, le déponent se raréfie celles que j 'ai proposées sur l'indépendance du déplacement
au cours de la période historique. Quant à l'osco·ombrien, d 'accen t en slave' et en baltique ; voir 1. F., XL, p. i elsuiv,
le manque d'exemples du déponent peut y être acciden tel:
on n'a que très peu de textes . Du reste, on 8 toujours in ter-
CHAPITRE IX
prete ombr. ptrsnimu comme un déponent , comparable Il: lat.
prtCalor, et la façon dont ~1 . \Valde éca rte cet uemple n'a Sur le traitemen t de t.ury- en celtique, il convient mainte.
aucune évidence . _ L'état danllo lequel est connu le brittonique nant de renvoyer à H. P edersen , Vertl. Gramm. d. Kelt: Spr.,
est comparable il r état roman du latin ; or, les lungues l, p. 55.
romanes ignorent le dé ponent. D'une manière générale, on ne saurait attribuer une valeur
a la ligne d'isoglosses définie dans ce chapitre .
CHAPITRE IV
CHAPITRE X
Ce ciJapitre a été discuté plusieurs fois, de manière délail-
lé~, d'ahord par M. Porzeûn' ski, ROC{nik sJawistycz"y, 1V,
p . i et suiv ., el par M. Endt.elin, SQlviano-balliiskû etilldy
L 'assourdissement des sonores aspirées est la particularité
(Charkov, i 9i1 ) ; puis par ~\-1 . Hot.wado wski , Roq.". slmu., V.
la plus rrappante sur laquelle on pourrait s'appuyer pour éta-
i el suiv. On se perm.et de renvoyer le lecteur à ces études
blir un lien spécial entre le grec et l'italique. Sans doute le
approrondies. M. Endt.elin et M. Ilo:r.wndowski, tout en criti·
résultat diffère beaucoup entre les deux groupes: en grec bh,
quant le détail des vues exposées ici, et en exposant beaucoup
dh, th ont abouti à ph, th, kh , et ce n'est qu'au cours de l'époque
AVA~T-PROP08 II.tUfPII.ES810~
DE U I.Y
hisLorique que les sourdes aspirées ph, th, /th sont devenues aspirées (v. Adjarian , dans Re:vue internationale rh Rhirwlogie ...
des spirantes, au moins en ionien-attique. Et tous les par- et Phoniliqut. expérimentale, 1899, p. t24 et suiv.; et CI4SsifiCiJ-
lers italiquès s'accordent à n'offrir que / et h com me repré- tion des dialul(j armlnims, p. 3, et passim). La prononciation
sentant. les anciennes sonores aspirées , là où des conditions orientale de h, d,If conserve, au moins en partie , un appendice
spéciales n'ont pas déterminé un retour à la valeur sonore. que M. Sievers et M. Adjarian ont indiqu~, sans en pouvoir
Mais, si l'évolution italique a été plus rapide que l'évolutioh donner une déGnition précise . M. l'abbé Rousselot n'a pas
hellénique, le passage par un stade occlusir sourd est probable trouvé, dans les tracés qu 'il a observés, la confirmation de
dans les deux cas. l'existence de cet appendice (v. Re:vUl, citée, p. t32 et suiv.,
<À: qui rend douteux le rapprochement des Caits grecs et à la suite de l'article de M. Adjarian) ; mais il ne résulte pas
italîque~, c'est que le celtique n'y participe pas . Or, d'une de là que ce t appendice n'existe pas sous quelque (orme que
part, J'unité italo-celtique n'est pas douteu.se . Et, de l'autre, des' expériences plus poussées arriveraient li déceler. Or, pour
la distinction des sonores simples et des sonores aspirées, expliquer que, dans les parlers arméniens où p, t, k de l'armé-
effacée en celtique à l'époque historique , a existé encore en nien classique sont représentés par h, d. K, les h, dt g de l'ar-
celtique à date ancienne, puisque ·IVJh et ·gh se sont conCondus ménien classique soient représentés par P. t, k (ou ph, th, kh),
en g alors q'!-e .gVJ, qui aboutit à b, est demeuré distinct de le plus nalurel est d'admettre que les b. d, g de l'arménien
.g, qui ahoutit à g, Il Y avait donc encore à l'époque italo- commun offraient une particularité comparable li celle qui
celtique une distinction neUe entre sonores simples et sonores caractérisait les so nores aspirées indo-européennes. L'abou-
aspirées, et J'é.volution des sonores aspirées versb, d, g, d'une tissantph, th, kh observé par M. Adjarian C(,nfirme le caractère
part, vers f et h, de l'autre, est postérieure à la rupture 'de aspiré des ancienn~s sonores notées par les lettres qu'on
l'unilé italo -celtique. transcrit au moyen de h, .J, f. Voir maintenant , à ce sujet,
Quelle qu'ait été la nature exacte - mal défi nie jus- H: Pedenen, Philologica , l , p. 4li et suiv .
qu'ici - de l'élément par lequel se distinguent les sonores Dès lors, l'assourdissement qu'o ll rencontre li la Cois en
aspirées de~ sonores simpl es, on conçoi t que, au moment où grec et en italique tiendrait à ce que le caractère propre des
les parlers indu-européens onl été apportés li des populations sonores aspirées indo-européennes se serait conservé jusqu'à
du hassin de la Méditerranée ignorant les sonores aspirées , l'arrivée des populations indo-européennes, helll'niques, d'une
cet élément y ait entraîné l'Msourdissement. part , et italo-celtiques, de l'autre, dans le bassin de la Médi-
Eo Cait, les anciennes sonores aspirées , qui ont abouti , en terranée, et à ce que ces phonèmes, placés dans des conditions
arménien ancien, aux phonèmes transcrits par h, d, l, J, et de développement semblables, auraient évolué, indépendam_
qui sont représentées par des sonores , plus ou moins com- ment , de manière semblable. Il n'y aurait donc pas lieu d'en
plètes dans les parlers arméniens orientaux, ont abouti dans Cai re état pour déterminer la répartition des dialectes en indo-
les parlers arméniens occidentaux li des sourdes , en partie eut'Opéen commun , qui est l'objet de ce livre .
AVAI'T-paOpos DE LA Rtl)lPRE8SI0:'\ IS

CHAP ITHE XII CHAPITIlE XX


LA SiffLANTE S.
Aux termes que le slave et lïndo·irnnien, mais surtout l'ira-
P. 86 et suiv . Le passage de s à h à l'initiale des mots el nien , onl ell commun , il faut ajouter le verbe signifiant Il éc,rire " .
en position inter~ocali(lue, leI qu'on l'observe en iranien , en Ce verbe ne se trouve P"'s parlout en iranien: bien attesté
arménien el en grec , ne prouve sans doute guère pour un rap- en vieux perse, où l'on a l'infinitif ,}ip{a)iJ/aPlaiy Il écrire Il,
prochement des originaux indo-européens de ces trois langues. l'aorisle ni)'npiSam ,< j'ai écrit n, l'ndjeclif verbal . ,JipiJtam
Ce n'est, en effet, que l'une des marques de la faiblesse d'ar- 1< écrit 'l, il manque à l'Avesta. On le retrouve en ossète :

ticulation des consonnes qui les caractérise loules les trois jip/sun '1 écrire ", el le mot sogdien P/p,>,s ' ~'W Il qui écrit >l , qui
(v. M. S. L., XIV, p. iG3 et sui\·.). se lit dans le Slitra des .CaIlItS e.t de.s Efft.lS, 1. 5:.13, n'a'pas l'air
On ne peut non plus faire état dl" la force relative de d'un emprunt au perse; le. lprme est donc à la Coill perse et
l'articulation des siCflantf:s devant les occlusives en iranien. scythique. Or, on sail que, nu sens d' CI écrire l), cette racine
en arménien, en slave et en grec. par contraste ,wec la débi- se retrouve en slave: v. 51. piJp, pisati, el en vieux prussien.:
lilé relative des mêmes consonnes dans l'Inde, d'une part, en pt.istitoll Il éc rit ". ptisai II. il écrit n, popt.;safms Il beschrieben ".
italique (et surtout en celtique ), d'autre part (v. M. S. L., mais nulle part ailleu rs. Le cas est toul comparable à celui de
XXI, 211 et suiv. ), parce que le désaccord existant il cet sI. slow, qui l'épond pour la forme à skI'. (rdvalJ, gr. xi.i(, ):ç,
égard entre des paders aU5si étroitemt!nt unis que l'indien et mnis dont le sens se retrouve seulement dans zd sraro
l'iranien semble exclure une division dialectale de date indo- 1< parole II. Et c'est aussi un fail sémantique remarquèlb le que

europrenne. l n coexistence de sens de (1 part, richess~ Il et de ., dieu Il pour


indo-iran. bhaga- et pour sI. hogo- (iA:Jgli, llbogfi, 'bogatif, etc. ).
CHAPITRE XVI
L'indo-iranien , le sla\'e et le baltique continuent le vocabu-
Le traitement albanais a été négligé dans ce chapitre. Il laire d'un même groupe de civilisation indo-européenne.
importe de le considérer. Comme l'a brièvement indiqué Ce n'est pas un hasard que les noms du 1\ tonnerre " et du
:.\1. Pedersen, K. Z. , XXXVI, p. 323, et comme on l'a mon tré Il dieu du tonnerre Il soient manifestement voisins : véd.
avec plus de délail, M. S. L., XIX, p. 1 t9 et suiv. (cf. Jokl, parjtfnyab, 51. perl/mi, lit. pt.rhlnas, v. pruss. Ptrcrmis (Voc. ).
1. F., XXXVI1, p. IO!S), l'albanais marche ici avec le ~erma­ Et ce n 't~st sans doute pas non plus un hasard que le nom,
nique et l'italo-celtique. à valeur« animée)l , de r " eau Il , indo-iran. ap- n'ait pas de
Le cas csltout dilTérent de celui du nom , où il ne sem hie correspondant hors du baltique: v. pruss. apt <1 vlys >1 (Voc. ),
pail qu'il y ait eu de su ffix e, · -i-, -l-, alternant avec --y/o-, lit. lipi " rivière.,; le gr . ô"r.~; " she )) se rattache, pour le
ainsi que l'u montré M. Sommer (Dit Mgtll iti- IInd if}- Stail/ille. sens, à v. sI. sokii , etc. Le nom v, sI. sramti (russe s6rom, pol.
im &ltischt.n ).
16 AVANT-PROPOS DE LA R8IMPRESIIIOl'i 17
'syom) de la Il honte u, n 'a pas de correspondant hors de l 'ira- exacts sont frappants en face des formes aberrantes des par-
nien : zd fJartnD-, pers. Jarm, sogd , J~'rm (c'est-à-dire Irarm, lers occidentaux: gr. 1&).1% , lat. laC, etc.
avec une m é tathèse de ft- en If-). La particule dépréciative du Le thème .pr?UJO- (t premier >1 est attesté seulement en
serbe kà-wlln , etc.. n'a de correspondant qu'en iranien indo-iranien (skr. phrva~, etc. ) el e n slave (v. 51. priM;, etc .) ;
(v. M. S. L. t XIX, p. 348 et suiv .). il ne se retrouve nulle part ailleurs; le baltique a une forme
Il y a du reste beaucoup d 'autres coïncide nces de vocabu- toute voisine: lit. Plrrnas, v. prus!!. pirmas. - La concordance
laire qui apparai:<lsenl entre Iïndo-iranien , le slave et le bal- entre skr. 4i!a~ .. huitiè me 1), zd alt1mO et lit. àJmtJJ. v . pruss .
tique . tJJman et v. sI. osmi"t est curieuse, bien que l'irlandais ail aussi
Ainsi, tand is que le gr. Œ~ (l:i~:;) concorde avec arm. 12)" ochlmad : comme namatl GI neuvième » en fa ce de lat. rnmus ,

« chèvre ", lituanien oljiJ houe oJ,M chèvre 1) , et vieux


f( )J t f(
cette forme est récente; la forme italo-celtique de l'ofdinfl)
prussien WOStL « chèvre " (Voc. ), cf. v. 51. 12{ino If peau ", en .. huitième)l devait être du type du lat. · octduos, cf. gr. é1~CO~;
alternance normale avec skr. ajdb H bouc "~, l'irl . ag est à sépa- les formes telles que skr. allama~ et v . 51. oum; sont influen-
rer (v. Pedersen, Vergl. Gramm. d. luIt. Str .. l , p. 97 ); toute- cées par les noms de nombre précédents: skr. saplamilb,
Cois l.d i{alna- « d e cuir >1 rappelle gr. :lit;, 'moins l'a-- prothé- pers. haj""n , cr. lal. septimlls, et v. prussien Jepma $, lit. ùktnas,
tique, dont l'abse nce est normale en indo-iranien. v. sI. stdmti, gr. (~~~II-:; .
L'm de lat. spflma, pama se retrouve dflns v. h. a. feim, En face de véd. yhli « il va (en vé hicule) ", courant dans
v . angl. (dm , tandis que l'n de skr. phl:na~ CI écume )} a son l'Inde, et à peine représenté en iranien (zd yditi? ), le sla'Ve a
ct.rrespondant dans v . 51. pèna, v. pruss . spooyno. lit. splUnt. lip, jaxati, et le ·Iituanie n j6ju, jOli, qui ont exactement le même
Skr. bahl~ 1< p.n de hors 1) s e rapproche seule ment de v. 51. sens . Quelle que soit l'explication du vocalisme i- du présent
beJ, kt « sens >l , letLe ~, lit. e t v . pruss. he. Pour la fo rm e, slave, il est évident que sI. Mp est au thè me védique yd- ce
cr. skr. bvl~, gdth . dviJ e n face de v. sI. aw. que sI. .J1d{J est au thèm e védique e- / i-, cf. gr. ,1;1.1. Et le
En Occide nt , on trouve le sens de Il surface boisée Jl pour dérivé lit. j6ju a été de mêm e substitué à une rorme athéma-
lat. lùcus (v. 'lat. 10llcom, ace .), osq. luvkei (loc. ), v . h . a. tique ·yd-mi. Cette racine ne se retrouve nulle part ailleurs
",h, v . angl. ltah; v . isl. 10; e n Orient, seulement le sens (on signale tout au plus un substant if irl. àlh. gué " , rappro-
d' Il espace libre " dans skr . loka~, lit. laùkas, v. pruss . laucks; cheme nt douleux dont M. Pt'dersen n ·a pas rait é tat dans sa
en baltique , ce mot a pris la place de l'ancien ·agrtr« champ)l Vugltichtnde Gramtnatik ). Le celtique et le germanique ont ,
qui a disparu du baltique et du slave. pour la même notion , un tout autre m ot : v. h . 8. rrlan, V.

Les noms baltiques du te lait » sont curieux : à côté de irl. riad , gaul. rida.
véd . p6)'a~, zd pay6 e t de "Id palma, pehl. ptm ; le lituanien a V. prus~ien gjrtwd « louer JI et lit. giriù, girli .. louer Il sont
plnas; et à côté de véd. dddhi, gén.-abl. dadhnâ~ , le vieux tout proches de véd. grtlAlj .. il chant e, il célèbre ", gtr Il chant
prussien a dadan (Voc.; nom neutre). Ces rapprochements (où l'on célèbrt: un dieu ) )J acc. glrlJ/II, "Id g?r?ntt (1 ils
célèbrent )J, gâth. garD (ace. plur . ) " chants de louange 'J.
18 A. \ ' ANT-PROP08 DE LA. IttIMPlt.SSIOI'l 19
Si même lal. grdtlls.gràtiQ et gr. "t'i?2.'Ô, id. grdd « amour 'J t es t thématique dans zd maltaiti, lit. snlga, gr. nif", v. lat.
et osq. bratûs l' gratiis " sont parents, le sens es t beaucoup n!"it (dans un vers de Pacuvius), v. h. 3. snlwÎt; il Y a aussi
plus lointain . un présent à nasale infixée : lit. sninga, lat . ning"it . On aper-
Plus on cherche à serrer les rapprochements de pre!i, plus çoit ici un lien entre le germanique et le slave.
apparaît l'étroite parenté des vocabulaires indo-iraniell, bal- Ce n'est sans doute pas un ha!lard que l' ,. homme.) soit dési-
tique et slnve .. Par exemple, la racine -dheg"'h- il brûler" se gné comme un " mortel " en sanskrit ( m a rta~ , mdrt)'aQ), en ira-
f('.trouve jusqu'en celtique, irl. dnig Il (eu ". el en latin , foUtV: nien lzd maJ)~. etc .), en arménien (Pl/ard) et en grec (.,I,O;i': ;';,
mais on n'ob~erve le~ co rrespondants exacts de skr. ddhati ~p~ ·d .. ), tandis que ridée de « terrestre >1 prévaut en litua-
que dans lit. deg,; eL v, ,,1. ~tgl' (avec une altérationsecon daire) ; nien ({mil). en germanique (gol. gl/ma, etc.), en celtique (id .
cf. alb. djek. De même, lat. palta e8't apparenté 1'1 skr. palilvalj; Juin e, v . Pede ..sen, Vergl. GramPl/. d. kt/t. Spr., 1, p. 89). Le
mais c'est seulement dans v. sI. pléva (p. r. po/ava), v. pruss . grec marche ici tlvec J es parlers orientaux, et le haltique avec
/Mlwo, lelte ptillS, etc. , qu'on retrouve ('élément -w- du mot leIJ parlers occidentaux (cf. chap . l , p. 22).
sanskrit . Ce n 'est sans doute p..'\s non Vlus pn hasard que le nom de
La racine · Iew - se retrouve peutA:Lre en germsni'lue et en la {{ citadelle )1 , attesté en sanskrit ( pâ~, ace . sg. p,jram), en
celtiqutl ( v. Lidén , 1. F., XIX, p. 33S et suiv, ). mais on n 'y lituanien (piUs ) et en grec C:d"t';, r.,Ô),I,,), ne se rencontre pas
aperçoit aucune cor respondance auss i complète que c~lle entre ailleurs . ·~fais la simple aLsence d'un mot prouve peu. Toute-
v .. prussien t/linOIl cc slill >1 el skr. II/wtm, zd tuin;J ; entre pol. Cois les limitations dl! vocabulaire de ce genre ne manquent
po-tJJ.S{Jé et zd taoJayâti; entre v. si. tUJtï et skr. ttI"hyâ~; eL il pas ; ainsi l'on ne t rou ve pas non plus la rAcine de skr. argh4~
n'est pas jusqu'à v. pruss. t1l11f1e-, d,e 'tIl1t - , qui ne soit la forme ct valeur, récompense Il, lit. algn, gr. àÀ'f-lj hors de l'in do-

attendue en face de "kr. IUlydti, comme l'a noté M. Trautmann . iranien, du baltique el du grec.
Ailleurs, c'est l'indo-iranien, l'arménien et le grec qw
D'un e manière générale, il y aurait des conséquences 11 tirer concord ent, ainsi pour skr. jarati {{ il vieillit ", arm. ur
d 'un examen géographique du vocabulaire indo-européen. ({ vieux ), g r. "t(P{~Y. Pour le nom du (, nuage ", skr. mtgha~,
M. Kret.schmer, Einltitung in die Ge;,h. d. gr. Spr., a donné arro . mig et gr. ~1.u'l.H;, v . sI.. migla', lit. tl/igZn, on a quatre
des indications à cet égard . Le tr8\'ail mériterait d·t!t ..e repris groupes à la (ois , avec une répartition curieuse des Cormations .
systématiquement. Quelques exemples en font apercevoir Un type de répartition significatif est celui des noms de
l'intéret. l' &gneau Il. Il y en a deux. L'un ne se trouve qu'en indo-
{l

Ainsi, de la racine ·SIItigU'h- {{ neiger 'J. il J a un nom radi- iranien , arménien et grtlc: skr . urava~, per!J. barra, arm. garn,
cal athématique dans l'accusatif gr. Ylp (chez. Hésiode), avec gr . fŒPT,Y, L'autre, gr . àtl. . ,,:;, lat, tl/nus, va jusqu'au slave ':
plusieurs dérivp.s homériques, dans lal. nix, n;uwl et dans galL a/nid , ag"", en passant par le celtique et le germanique . La
nyf; et il y a une (orml;l thématique dans v. sI. snègû, lit. position moyenne du grec, où les éléments orientaux et occi-
mlgas, v. pruss. snaygis, got. ma;ws; le présent correspondant dentaux coexistent, est remarquable .
Ce petit oUlJrage est sorli d'un cours p,'ofessé au Col-
lège de France en 1906-1907, On s'est efforcé d'y
mettre au point le problème très discuté des dialectes
indo-européens, Pour traiter li fond chacun des sujets
que comporterait l'examen complet de la. question, il
aurait fallu passer en revue toute la grammaire com-
parée des langues indo-européennes .. on s'est borné a.
rappelertres brièvement les faits connus, sans même ren-
voyer la plupart du temps au.x ouvrages . où ils sont
ttudits.
La table des matières donne une idée suffisante des
sujets traités . Il a semblt inutile' d'y ajouter un index.
M. Grammont et M. Vendryes ont bien voulu tire
chacun une épreuve, et l'ouvrage a heaucoup profilé de
leurs a.vis.
LES IlIALEGTl\tl INO(l- EUROI'ÉEKS

H'ÎTROD UCTlO.\

On ne re nco ntre null e pa l't l'unit é ling uistÎ<lue com-


plète .
Une même pel'~ o nll e pal'Il' de manière sensiblement
diffé rente , suivant l'étal phJl'iqu c el mental o il elle se
trouve it lIli mo me nL donné. :oui\'anl les personnes aux-
quell es elle s'adresse, suiva n t le lieu. le leml)s el les cir-
co nstances extérieures.
Toutefois, les habitants c1 ' un e m è ml' localitl; lendeuL A
parler d ' tille mêm e manil·re, pOlir aulant qu 'il n'existe
pas d e di/fél'cnces de condition socia le qui sc manirestent
par des différences de langage. on (lue certain:: groupes
d'individus ne marqu e nt pas leuf autonomie par des !lUr-
licularilês lingu istiqu es. Ce lte uniLé' n'est ma térie ll e ment
saisi ssn.bl e nulle: part ; elle n'a qu' ulle e xistence abstraite,
aussi longtc mps qu'c lle n'cst pas formulée c Lfixée par des
grammai rie ns: c'est la nOl'lIle Ù I:HllIcll e chac un te nd il
se confol'me l' el do nt lou le dé ... iftlioll, de la pal't d 'lIll
individu , cho(lue les aulres habita nts indigcnes de la
localité, Sans doute, personne ne r éa lise toul a fait celle
norme; la loca lité pCIIl, dll reste, comprcndre de~ ill<1i-
I )i;tl~,.,u i",I"·eur"liëe,,~
2 OIAJ .n ;n :s I :':W-H': RO PI:;'; ~S 1Nl'II.0 1l(;C'1'I ON

"idus Vell\l~ d 'A. utres c ncll'o iLs et do nt le langage ~sL plus vent, et qui a eu el a encore tm e ffet seS ill cullvc nieut:o: .
o u moins différent, et 8l1l'loul des personn es d 'âges a tHé en r l!Alité hautem ent fAvorable au dl!v<,loppcmt:nt
diveN'; or. l'obse rvation monll'c (lue les générations suc- de la s.cie nce, lot'S de ses début!! .
ce~s ive~ apportent IHI langage cles changements plus o u Soit maintenan t IIne lan g ue se nsi bl eme nt une , pal'-
moins importants (v . cn de rnie r lielll 'a rticle de M. Gall- lee S lll ' lin domaine HC'ndu comprenan t Ull Ilomhre no-
chal !lUI' l'l'nife phollétique, dans les Mê{;mye., Morf) . taille de loca.1ités di\'Cl'Ses: :o:i l' o n fnil abslt'octi o n des
Abstraction fail e de loute~ les différ ences dues il des c han gement!' qui r ésultent d'cml)l'untfl de Ill Ots o u de
circon~tance!! spécial es ou il l'lige des slIjeLs. il y a do nc sn b!lo lilu tions .phoné tiqu es et ~I 'n llllllllt it'ille!lo pal' imitatio n ,
dans c haqu e loca lité un type linguistiqu e idéal don t \('s changements am enés pal' ln sl1cces!loion natul'elie des
toutes 1l'~ réali~mlior.s de faÎlll e sont que des approxima- ~él1él'aliom se réalise nt d ' un e manière indé pe ndante
tions . 01'. co mnw les fails 'particuliers n'o nt pas d'in - dan ~ chaque localit~. Comlllc ces c han ge ment s pl'O-
térêt , ce type idéal - vllI' iable suivant Ici' gt:.nérations viennent de cal1fles gl-n~rnles, il s ollllictl po m la plupart
- doit ê tre l'objet principal de l'étude des linguistes. Les dHns un nombre plus o u moin s grancJ de ce nll'es , c l, d'or-
déviation " n'out d'importance qU 'Aillant fJu 'e ll e!lo peuvcnl dinait'I' , de c('utres groupés cll s(' mhl e: cl, comme,
servil' A l'tllHh'e compte dn développemt!llt durant la d' ulltl'c part, le changement:-lc pl'odllit intlêpendnm-
pêriodc précédente el Il fnil'e p,'évoir el il explique,' les \ll('ui da us chaque localité , c ha('u ll e dep. li H ll c~ dï!<o-
changcments ulterieurs . gloflses divel'~es qui , SUl' une (':trle linguistique , maNILlelll
On a beauco up m édit du té moignAge dei> langues lilté- la limite des innovati o ns, l'st autonomc, el indépen-
I~dires. sans pOUL' cela ' cesser de l' utiliser. Ce témoi- dante de8 fl.utl'e :o:, .-\ Pl'e ndre les c hoses Il la )'igueur, il
gnage a, entre nutl'cs défauts , celui de dissimuler beau- Il'y a donc, da ns le t:a~' idé:ll considéré, (lue des lim iles
co up de partic ularités individu elles el celui de ne faire plulic lllièl'e!' tle flli,~ lin g-ui !<liques; il n 'y a pas rl e limites
apparaître la plupal' t des changements qu 'a pr~s le lll' de dilllecll.':': . (';1]' le:o: li l-\'lIc!' des di\'e l'S faiL~ :-If" ('l'oise nt,
accompli sse me nt , donc d 'en di!'simuler les débuts. ~lai8 cl Il{' co'I'lI c ide nL jamaÎ~ qu e par accicl('lIt. ~1. Oauzat
il a le mérite de meUre en évidence dè:< l'abOl'd , no n dcs rH....~:,; de lIu!t1lf1doloyie lin.'lll;sf;qfll:, :HH e l :-Iuiv. ) a
accidcllll:! individucls e l mOlllentancs, mais ull e norme , l'l\uni II ll cl'l'laÎn IHlIllIH'e dl' dl:c1al'alion!" de l'o m:wislc:-l
car la langue éCI'ile est fixée et reproduit en gênê- l'lIlinl' nl:o: Ill. Schu(. h<u'dl. (; . l'al·i:o:, M. P . .\le)'<'1'1 qui
l'al le Lype idéal auquel tou!" les sujets padanls vi sent Ollt fo\,tIlllh: ('p pl'ill Cipl' da liS Il':O: h.' I'lIl e:-l les plll~ clail':-\ et
à se conformer . Gràce au fait que la linguistique s'est h':o: pll1 .. pCl't'lIlploil'e!1, Pm'Ioll i. "ilil'1II'l' oÎl l'on a pu exa-
d'abord attaquée aux langue6 écrites, cHe a , comlllo il miner les chose!:' de lll't·s . ~ nl' II' tlOlIll\ilH' lituanie n , par
convient, con~idérti les tra'i ts essentiels des langues el pxemple , le principe s'c!)1 ta'O tl"l- "til'ilil:. ~I. Buck a
leltr Iypc gé néral. Celte cil'l'onslunéc, qn 'oll deplol'c 6011- 1110nll'(o rt:ceUlIllt'nl. pH1' lin g1'illld nombre de fait~ , que
I/lTIIODl:CTION
les parlers grecs présentent ainsi des lignes indépen- qui caractérise des dialectes naturels nettement sensibles
dantes d'isoglosses (The interrela.tions of the Greek dia- aux sujets parlants.
lects, ClassiclI.l Philology, n, p. 243 et suiv. ). L'exilltence de dialectes nlitureu ainsi définis n'enlève
Toutefois, le~ changements linguistiques se condi- rienàl'alltonomiedes parlers locaux . Avec le temps, chaque
tionnent les uns les autres. (Je plus, le groupe ete loca- parler diverge donc de plus en plus d'avec les autres , et
lilc!8 oil a lieu un même changement important esL un l'aboutissement naturel de ce développement serait la
groupe oil se manifeste l'action de causes communes. Il création d'autant de langues distinctes qu'il y a ~e loca-
y a donc chance pour que les lignes qui enserrent les lités sur le domaine d'abord occupé par une langue une.
groupes de localités Oll se produisent plusieurs innova- Les patois français, si profondément dilrérents les uns des
tions indépendantes viennent à coïncider entièrement, autres el souvent inintelligibles à quelques dizaines de
ou du moins se rapprochent el se suivenl souvent de kilomètnos de distance. donnent une idée du terme vers
très près. Un ensemble de localités où se produit ai.nsi, lequel tend cette évolution.
de manière indépendante, une série de changementa Mais l'évolution .n 'aboutit pas. Avant qu 'elle. réussisse fi
concordants, qui sont en conséquence enserr~es par un rendre le langage impropre fi son objet naJurel, qui est la
certain nombre de lignes d'isoglosses et s'opposent par communication enh'e le plus grand nombl'e possible
là aux parlers voisins, constitue un dia.lecte na.turel. d'hommes, elle est interro'mpue par l'extension de
La notion de dialecte naturel n'a donc pas la même quelque langue commune - parler local généralisé, tel
rigueur que celle des isoglosses qui limitent un groupe de le français, qui est essentiellement le parler parisien,
localités pour un l'uitdéterminé; le dialecte n'est pas limité ou mélange de parlers, tel l'anglais, où se rencontrent
par une ligne, mais par une série de lignes distinctes les des particularités empruntées à plusieurs parlers dis-
unes des autres. Mais. pour être un peu floUante, la tincts- qui se superpose d'abord aux langues locales, et
notion n'en est pas moins réelle. et les sujets parlants qui bientôt, offrant plus d'utilité et répondant mieux aux
de certaines régions ont le sentiment de parler un dialecte besoins, élimine entièrement celles-ci . Des circonstances
et par là de s'opposer à ceux de telle ou telle région voi- historiques: conquête, unification politique, etc., donnent
!>me. lieu d'abord à ces extensions. et l'avantage qu'ont" les
Les faita dont on vient d ' esquis.~t!r brièvement la théo- sujets parlants à employer une langue dont le rayon
rie se sont souvent realisés; le développement .des d'utilisation soit le plus grand possible, précipite le déve-
langues romanes en fournit d'illustres exemples; nulle loppement. Inversement, toute division politique; toute
part mieux que sur le sol français, par exemple, on ne interruption de relations économiques et sociales, donne
peut observer l'indépendance des lignes d'isoglosses lieu de nouveau à des différenciations linguistiques.
joiule au pUI'alielismc d'un ce l'lain nombre de ces lignes L'histoire des langues se compose ainlli d' une succession
li OlALF.CTt::l\ INDO-f:V"QPtF.N8 7
de grandes unificalions et de grandes différenciation!'! , moyen de communicatio n nati onal , et cette htnguc leml
auxquelles il faut ajoute r les unification s partielles qui se :1 élimillt'l' les pal'1ers loca u .. ou ]'égionnux : ce développe-
produisent constamment. !OlIr fies domaines plus ou moins Illent est déja lI'ès avancé en Fmn ce, oü la s ubsti tu tion
vastes, même dans les groupe!; de parlers le!! plus diffé- du fl'l\ll('ais génél'al aux patois e~l dans beaucoup de
rencié&. el les difftôrenC'Îati ons qui se produisent dans r égio ns 1111 fait accompli, ail moins P(HII' la plll~ gl'ande
les groupes de parlers les plus unifit>s . partie ,
Pareil événement 8'e8t produ it deux fois déjà dans Tels sont - som ma il'ement indiqué~ - les prin cipes
l'histoire des langues italiques. Une langue , qui à un générftlllt du développement de~ dialectes naturels, On
moment donné a été sensiblement une, s'est brisée l ai8~e ici de côté,;1 d e~sei n , les deux ty pes d 'unité dialec-
d'abord en deux groupes: le latin et l'osco-ombrien; lalc pal' gfnéralisation : 1" l'unité qui Pl'Ovient,de ce qu ' un
chacun des deux groupes s'est différencié, au point que même IYI)e de pal'Iel's est t'tendu , par clesconqtltHe~, ainsi
l'osque , l'ombrien el le latin en sont venus à (ormel' trois l e~ pal'Iel's dOl'iens en Grèce ; ce genl'e d 'uni té ne ré~lI ll e
idiom ~s distincts, dont , à l'époque historique, aucun pas d 'iIlHo\'alions uulonomcs ayant même!' limites appro-
n 'était intelligible à Ull sujet parlant l'un des deux autres, ximativemellt, mai~ d 'un e identité in itiale gti n é l'a l i~ée ;
Les parlers locaux elix-mêmes se sont difl'érencié~ à leur 2" 1 ' \Jni l~ qui J)I'ovit'lItdt! la re produ ction du padel' d 'un
tour ; on s'e ltprimait aux environ~ de Home tout autre- I-p'OlIpe dominanl. Ces deux ty pes cI' unit!! par généralisa-
ment qu'à Home même, ,e t, par exemple, ce qui était Lion Il e ~(> lai ssent bien sO Ll vent distinglier dl' l'unité des
à Rome liina. était lôma. à Préneste. Les cil'constances dial cc lc~ natlll'el!' qu e d'ull e manière théol'iqu e.
politiques, en créant la suprématie pol itique de Rome, H e~tc H appliquel' ces pl'incipes H J'indo-européen com-
ont déterminé l'extension du parl er romain qui , non sans mun . 11 y Il ici plu sictll'S moments il distinguer,
subir fortement l'influ ence de ces assimilations et en rete- ,-\U mome nt 0(' clic c~t IIlle~tëe pOUl' la pl'emÎt,l'e foi s
nir certaines particularités , a absorbé les autres parlers pal' des lextes lillél'aireto ou é pig'l'aphiqlles, c1l1\cunc
latins, et qui a éliminé non seulement les parlers osques des langues indo-e ul'opét.·ll nel' avait déjà passé pal'
el ombrien~, mais aussi les autres langues parlées en Ita- Ulle période })L'o pre d 'uni té, consécutive à la période
lie: étrusque, gaulois, vénète, messapicn, grec, etc , générale d 'u nité ind o-(HII'Oj)ée nn e, Les langues conse rvées
LA dislocation de l'empire romain a entrainé la disloca- ne pel'mcllent jamais de l'e monlel' directe ment à l'in do-
tion de l'unité linguis tique ainsi créée; de nouveau, il elll'Optiell ; entre l'atLique et r indo-eul'opée n, par exemple,
s'e:ot développé auta nt de parlers distincts qu 'il y avait il Y Il un e pél'iode hell énique commune , L'état lingllÎs·
de localités, ail, du moins, de petits groupements féo- tique d'aucune de ces pél'iodes communes n'est directe-
daux , jusqU 'à la conlilitulion des nationalités modernes; ment attesLé: on n'e n a jamais un e idét: que pal' les
alors chaque Ilationalilé a adopté une langue comme COl'I'cspondallces onll'e Je!'> langue~ co nnues pal' de~
8 J:<iT"ODUCT10N 9
te:\te8. Ainsi le grec commun est le système des corI"eS- l'arménien s, là où le grec a x, le latin c, le celtique k, le
pondanct!8 entre les parlers helléniques: ionien el attique, germanique $ (d'où h et fi, 't, suivant les cas). Étudier les
groupe éolien (lesbien, thessalien, béotien ), groupe aI'Ca- dialectes indo-européens, c'estexamÎner ces groupements
dien et cypriote, parlers doriens , etc. de correspondances lingui sti<Jues, en cherchant II. recon-
L'jndo-européen n'est de même rien autre que le sys- naître s'ils remontent ft des groupements dialectaux de
tème des correspondances entre les langues communes date iodo-eul'opéenne. Le principe de cette idée (d'abord
ainsi définies : grec commun, germanique commun, indiquée pour les langues romanes par M. Schuchardt )
slave commun, indo-iranien, elc. a été publié pour la première fois par Joh. Schmidt,
Ce n'esl donc pas à une langue qu'il s'agit d'appliquer dans ses Verwandtschaftsverhàltnisse der indogerma-
les principes posés sur le développement dialectal, c'est ni«chen Sprachen (\Yeimar, 4872) ; c'est la fameuse théo-
è. un système de correspondances linguistiques entre des rie des ondes. M. Brugmann a, en i884- , discuté le pro-
sy8t~mes de correspondances linguistique~. Le problème blème dans J'International . Zeitschrift de Techmer, I,
prend ainsi un aspect Lout particulier. 226 et sui"., et M. Krel!!chmer, dans son Einleitung,
La langue dont l'existence est supposée par le système p. 93 et suiv. ; la position actuelle de la questiçm et la
de correspondances connu sous le nom d'indo-européen, bibliographie sont résumées dans O. Schrader, Sprach-
devait être parlée sur une aire étendue, comprenant un vergleichung und Urgeschichte' , p. 53 et suiv.) et
certain nombre, et sans doute même un assez grand H. Hirt, Die lndogermanen , p. 89 et suiv. et p. 579 et
nombre, -de groupes di~ûncts d'habitants. Dès lors, il a suiv. ; cf. de plus E. Hermann, Ueber das Rekonstruieren,
pu se produire deI! changements qui atteignaient seule- K. Z., XLI, p. i et suiv.
ment une partie du domaine ; et, si l'on pouvait obser- Le départ entre les faits dialectaux indo-européens et
ver directement l'indo-europcen , on y trouverait des lignes les innovation s réalisces par chaque langue après sa
.d,'isoglosses. Ces lignes se traduisent dans les systèmes séparation d'avec le groupe central ne saurait être exé-
de correspondances par des groupements partiels : au cuté d'une manière sûre; car, dans les deux cas, il
lieu que chacun des groupes attestés suive sa voie s'agit, par dê1iottion, de phénomènes réalisés indépen-
propre, on constatera qu'un certain nombre de langues danunent, et presentant par Imite les mêmes caractères,
présentent un type donné par contraste avec les autres. dans des langues de structure pareille, telles qu'étaient
Par exemple, l'indo-iranien, le baltique et le slave, l'al- au moment de la séparation les diverse!il langues de la
bana~s et l'a rménien s'accordent il présenter de~ semi- famille; longtctrtps encore après la séparation, des inno-
occlusives, des chuintantes ou des sifflantes, là où les vations Poemblables les unes aux autres ont eu lieu dans
autres langues ont des gutturales : le sanskrit a ç, le des langues déjà très différenciées; l'e du lat. tepidum a
zend s, le slave s, le lituanien sz (c.-à-d. a), l 'albanais 8, passé il ie dans une partie des langues romanes : ital.
10 Ii'liTRODI,;C1'IO:O; 11
{iepido, fr. liede, el de même l'e du 51. comm. "leplil semble pas avoir entrainé de dislocations : J'une des
dans une partie des langue~ slaves: pol. cieply (l'hypo- principales conclusinns de la présente étude sera que le
th~se de M. Goidanich. JJillong;l;iollt! rom:W=;l, ne domaine occupé par la famille a été élargi sans que la
change rien ail fait fondamental que la diphtongue est position respective des dialectes ait changé d'une manière
l'éceute, el c'eslle seul qui soit considéré ici ). essentielle.
En l'absi'nce d'un critère cléci8if, on ne peut que réu- Avant d'entrer dans l'énoncé détaillé de chacun des
nir tou" les faits ancicns qui répondent à certaines con- faits, il convient de discuter d'abord deu x questions:
ditions définie!', dont seul le groupement fail ressortir la i O Le parti à lirer des faits de vocabulaire:
portée. ~o L'existence de groupements de dialectes postérieurs
t 0 Les fnits considérés doivent ~c rencontrer déjà, non il la 'séparation.
~t'Lllemenl dans le'" plu!' an('i('nne~ latl gues nlleslêes , Par elles-mêmes, les coïn cidence~ de yocabulaire onL
mais dans les langl1e!t commune,,", Connues par des sys- une très grande importance, que M. Gilliéron fail re~sor­
tèmes de rapprochements el1h'c langues atte5tée~ : on tir pour les parlers français dans les éludes fondées SUl'
Ile peut utiliser que deR raiL"! gE'CCS communs, slaYes son Atlas linguistique. Mais en ce qui concerne la dialec-
communs, germaniques commtlns, ctc. (ce qlle l'on tologie indo~e urop ée nne , il est malai!;é d'en tirer parti. En
appelle en alh'mand urgrÎt·chi.tch. urs!,w;sch, etc.). Et efTet, d'une part, le nombl'e des étym ol ogje~ indo-eul'o~
encol'e faut-il que ccs pal'ticulal'ités n' .. ppamissclll pa:-:, péennes est petit et ne sau rait être comparé à celui des
dans lefl langu es commun es , comme de~ i nnovaLion~ étymologies romanes; d'autre part, les mots rapprochés
récentes, reconnaissant fies camc!lo pfll'liculii'r('j'I à ces sont des mots de sens général, et, dans la meiure trèr-
hlngues. restreint e olt il s'agit de termes spéciaux ou quelque peu
2tl Les faits doivent avoir lin cnmctère de singularité techniques, on n'a pas le moyen de déterminer avec pré-
qui ~lIppOSC l'action de CHlI!Oe!lo identiques agis::;<lnL dans cision jusqu 'li quel point les coïncidences relèvent de
lIne région détel'minée , et 'lui l'ende pell probahle un faits de civilisation : -:li teltel'me manque dans un groupe
développement indépendant poslérie~lI' il la séparation. de dialectes, ce peut être parce qUI! les circonstances
1'0\IS les détails faciles à expliquer pnr des tendances un1- historiques, ou des chaogementl!. dans la technique en
\'t'l'selles du langage humain l'ont;\ écarter, ont entra1né la disparition; et si tel autre terme ne se
3" Les fail~ co mmuns doivent se trouver dans des rencontre que dans certains autres dialectes, on peut·
hwglles qui aient tHé voisinel!.; il ne doit donc pas y soupçonner un emprunt dû li une influence commerciale.
avoil' de chevauchements. La conslAtation des domaines On recherchera d'abord s'il est possible d'entrevoir au
dialectaux. continus de l'indo-européen est facilitée par moins des fails de ce genre.
ceci que la séparation des langue s indo-enropéennes ne Quant aux groupements de dialectes postérieurs à la
t2 I;\TRUUUI,.ÎIU;\ t3
séparation , il Y a unt) autre pO!lsibilité à. envisager. Les On reconnaît le passage pal' une période plus ou moins
élémenlB de population qui ont transporté J'indo-euro- longue de communauté ft des coïncidences de délail , il.
péen sur l'Europe et une partli1 de l'Asie et qui ont cons - des innovations singulières, à des formes qui ne repro-
titué chacune des familles de langues àtlesté~s Ile se sont duisent ni l'usage. ni même le type général de l'indo-
pas nécessairement sépares dès le début exactemtmt en européen , en un mot il toutes les parliculal'ités que deux
antant de groupes qu'on en constate au début de l'époque langues ne peuvent pas introduire d'une manière indé-
historique; cerl.üns groupes ont pu se scinder seulement pendante et qui supposent des rapports intimes prolongés
après une période de communauté in~ermédiaire enlre la durant un certain laps de temps; c.e sont précisément
période indo-européenne et la période où s'cst fixée la les rapports qu'on a le dl'oiL d 'imaginer entre les groupes
forme commune du groupe historiquement attesté. Divers de colons et de conqu~rants qui ont propagé chacune
faits amènent ainsi il supposer une période indo-ira- des familles de langues indo-européennes,
nienne antérieure il la période indienne et il. la période Il y aUl'a donc lieu d 'examiner sur quoi se fonde l'hy-
iranienne commune; une période italo-celtiquc, puis, pothèse des gl'oupes les mieux établis : indo-iranien,
une période italiqlle (antérieure à la période osco- italo-celti<Jue, ballo-slave. Et c'est seulem ent ap,'èR cette
ombrienne d'une pad, latine de l'autre; il va BanB dire étude des faits poslêl'icurs à la séparation qu'on pourra
que cette période Il italique Il peut être antérieure à l'en- passer en revue les faits dialectaux antêritmrs, c'est-it-
trée de tribus de langue indo-européenne en Italie el s'être dire ceux de date proprement indo-européenne.
écoulée ailleurs que sur sol italien) ; peul-être une période Les dé\'eloppemenl.:; dont on vient d 'esquissel' le
balto-slave, !;Chéllla g~lIcl'allle sont qu 'tlue partie des fails très com-
Les élém6:nts de population qui ont fourni ces groupes plexes qu 'a comportés J'exlensÎon des langues indo-
linguistiques divisés par la Buite ont dù se composel' dès européennes, Il n'est pas douteux pal' exemple que des
le débnt d'individus appartenant ft des localités diffé- territoit'es, d'abord co lonisés pou' une certaine tribu par-
rentes, et la communauté momentanée par laquelle ils lant un certain dialecte, onl pu l'être el, en fait, l'ont
ont passé n'emporte pas identification complète de la souvent été ensuite pal' une auu.'e parlant un dialecte dis-
langue, pas plus qu'elle n'emporte la suppression de tinct du précédent ; divers indices ptH'mettent d'entrevoir
toutes les distinctions de tribus, de phratries, ele. : il encore ces séries de substitutions dans quelques parties
peut donc subsister à l'intérieur de ces groupes la trace de la Grèce , ainsi que l'a montré surtout M, Solmsen
de distinctions dialectales indo-européennes i on sera (voir la série de ses articles dans les volumes LVIII-LXII
amené, dans la suite de ce travail, à supposer que cer- dullheinisches MU4eum ), Il serait sans doute malaisé de
laines lignes d'isoglosses passent entre l'iranien et le reconnaître les fails de ce genre dans le dévelopl)ement
sanskrit, entre le C'eltique et l'italique, pl'éhistol'iquc cles plus anciennes langues communes de
14 I~

la famille illdo-t'uropéenne, qui est runique objet de ce sont les innowltions Pl'olwc,,; till'elles Ollt inli'CJduite,.; ,
travaiL Si l'on doit jamais y parvenil', ce ne sera en lout Presque tous les manllels actuehl placcnt. .111 moin,.; t'Il
cas qu'après avoir posé d ' une manière préci se le~ dia- apparence, SlII' le mê me plan des fait8 qui sont de dale
lectes indo-européens. et d 'espèce dilfél'c nles; Cil g' I'ollpant ici des faib d in lec-
Quand on aUfa réussi à dé terminer en quelque mesure taux déjà connus pour la plupart, on essaiel'a de mon-
les faiLs dialectaux de date indo-européellne, on alll'a Il'cr lu possibilité de disl in guer des moments ~ ll ccc:;:-lifî'
constitué l' un des fondem enls les plus lI éce!'l~air('s Il dan s le développement des langues indo-clll'olléellllc::
l'é lude de chacune des langues communes: indo- iranÎpll . enh'e la pé riode d ' unilé ct celle des plu s anciens tellloÎ-
grec commun , slave commun, etc. D'abord, on aUl 'a ~"ll' g-nag('s éCl'its,
première esquisse de chronologie entre les pht!n o ml-nl'~ .
puisqu'on pourra distingu er les rails indo-eu l'opêcm: de
ceux: qui ont été réalisj>s par la suite. En second licu . 011
saura SUI' queUe forme parti culière d e )' indo-eul'o-
péen repose chaque langue, et comment le développl'.
ment ultérieur a été conditionné pal' là, EnHn, et c'est
peut-êlrece qui importe le plus, 011 pourra faire Ic <lépal'l
enlt'c les faits indo-europeens et ceux qui ':IOnt l'é~l1ité,.;
des conditions spéciales à chacun des groupes qui ont
lt'anspol'lé la langue SUl' lin sol nouveàu : unité plu!lo Olt
moins grande du groupe qui a transporté l'indo-elll'opécn,
nombre plus ou moins considérable des hommeS' C)ui le
composaient , réaction des populations parlant d 'Rutres
langues, éparpillement progressi f des éléments de langue
indo-européenne sur une aire de plus en plus "as te el
perte progres~ive de conlncl de ces éléments, etc,
Si dOIlC l'objet propre de la prè:ienle élude est de cher-
chel' des fuiLs de date indo-européenne , communs il telle
ou telle partie du domaine indo-européen, le résultat
principal eu est de meUre en évidence l'originalité pl'opre
du développement des grandes familles de langues, en
faisR'n t l'essol'lil', pal' une simple comparaison, quelle!'!
CHAP ITRE 1

LE VOCAllULAIHE DU ;';OHD-O!;EST

~L Fick, dans SOli Dictionnaire tI.lymoloKique , pose Uil


vocabulaire de l 'i n~o- i ra ni e n el un " ocabulaire ùes langues
européennes en contra ste l'un avec l'autre. Ce procéde a pu
sembler udmiss~ble aussi longtemps qu 'on cl'Oyail reconnaître
un ccrluin nombre d'innovations phom' tiques et morphol o-
giques qui auraient caractùisé l'européen , el qui sc seraient
produites postérieurement à la séparation de l'indo-iranien;
mais personne ne croit plus aujourd'hui tt ces innova tions
proprement européennes. Dès IOI'S, si l'indo-iranien se troun~
ne pas posséder quelques mols qui sont bien attestés dml s la
plupart des langues dl! l' Europe, il n'y n l'Îcn lâ de t'nracl.é-
ristique. ni qui suppose lInc anlériOl'ilé thl la sépuntliun du
groupe ind o-iranicn : il n'est l'os de I ~nguc indo-europecnne
à loquellc il ne mallliue certains mots qui se trouHnL (ums la
plupart cles autres ; I)ar exemple, les noms indo-europêens
du H ms " el de III (. lille" (s kr. Jiltll;~ el dubilh ) manquent en
italique et en celtique 0\1 ils sont remplacés par des mols nou-
veaux ; l'l pourtant , il n'y il pas de mots plus généralcmcnl
attestés SUI' l 'cnsemble du domaine ,
Il est vrai qm' qUl' lqucA-uno; des termes qui manquent i. l 'j n (l u~
iranien ont trait il des notions agricoles importantes: " lahou-
l'e l' " (lat. arilrl'J, " moudre 11 (lat. ruo/rrr). ou tl des notions
cunnexes, comme celle de (. sel If {11l1. sMl : ma is on cOlu,uit
flue les hommes qui ont transporté l'ind o-il'1l11ien il. lrovtH'S
l'A sie :dl' Ilt Iwrdu (luclqUt's termes r(llalirs i. l'aK,'icullul'l', 1'1
18 19
toute la valeur probante de la constatation a disparu de pui ~ Un mot désignant un aliment extrait des céréales lat. far
qu'on a noté en indo-ÎI'anien le nom d'une céréale (s kr. )'at!~fJ, !Jards) el jarfna, omb r. l arsia (a s iu C! farrea ", v. isl. bar,
zd yaw-) et une formati on d 'une ra ci ne signifiant « moudre " " céréales >l, got. bari:;.ûns " d 'orge », v. sI. b,.aJi"o" nOUl'ri-
(pers. drd, hind . ald If farine ))). L'agriculture élait pratiquée lure, ~pc~ ~:r.:cX , : PQ'j' 2\, i~:,n:!a~~ç , l~~ajJ-:r. Il , S. bnHno" (a ri~ e '1,.
au moment où l 'indo-iranien s'est séparé , et la question d'un r. Wrolno tt farin e de seigle >1. Il n 'y a aucune raison de rap-
vocabulaire proprement européen n'a plus à se poser. procher skr. bhilrvati " il mâche ", ni par suite zd -bavllrtra-.
Mais on relève un assez grand nombre de mots qui , se ren- " sillon " : lat. U;a (el dt-/irus, dtlinJ , déltrIJ) , v. h . u. (wagall )-
contrant dans les dialectes du nord et de l'ouest: slave, bal- Jasa, m. h. a. ltis to lI'ace de voiture E, v. 51. lüa if ~p~:i "
tique, germanique, celtique et italique, manquent dans les (1'. /exâ ,
S. /ijeha, tch . licha; sans doute ancien mot oxyton ) ;
autres: indo-iranien, arménien, grp.c. Beaucoup de ces mols lit. lysé" ca rre , planche de culture".
se rapportent Il des faits de civilisation. si bien que la coïnci- H pomme )) : v. sI. ahlriko (1'. jabloko, pol. jablko), lit. Glui/as,

dence indiquerait un développement de la civilisation propl'e lette nbo/s, v. pl'USS. wob/e, V . h . a.Dpjll/, v. RngL œppt/, v. i,,1.
aux peuples qui ont répandu le!; dialectes dl,! nord et de l'oues t. aboli. m. gall. aual; le nom de ville malifrra Abd/a, en G.am-
Beaucoup de ces mots sont des tenues d 'agriculture : panie , fournit une tra ce de l'existence du mot en italique;
« semer ,1 : v. sI. si/i. lit. stti, gal. saian, lat. ser(1'( (stui) ; mais l"inlroduction d 'une sorte médile''ranéennc avec son nom
v. sL~" semence Il , lit. slmmys, v . h. a, sâ"w, lat. simm, et grecdor. ~iii,~'I, d 'où lat II/MI/If! (ou gr. comm. ~t,i,:v, d'olt ital.
v. irl. sil, gall. IJâd (cf. lat. satus ). Le rapprochement du grec: mt/o) a entrain ~ la dis pari t ion du vieux mol en Italie.
i1l~~ u j"envoie " est faux; on a vu depuis longtemps que t< porC>l : lat. porcus, ombr. jX'rea, purka ,t pOr<'as ~I. V. irl.

t'lI,lI, ~1.a:est Il. lat. iaci~, ilci, ce que ,:,(b1l:u, ~6.,,%2 est iljacid,fle,. ore, v. h, a. farah ,. v. angl. jCl1rh, lil. pa;r{ar, ,.. 51. prarr (r . ~
Le skr. strt« femme Il n'a rien à faire ici ; dire que la" femme li rosjâ, S. prdst, pol. prosi() . Le prétendu gl·. "lt ~p X ~;, donl parle
a été. nommée la 1< semeuse Il parce que, li. un certain stade Val'ron, ne se trouve dans aucun texte grec et n 'est sans
de civilisation, c'est la femme qui cultive la terre, est Ull douté qu'un emprunt (ait p.."lr des Gr{'cs dltalie ou de Sicile
simple jeu d 'esprit ; du reste , on attendrait· stÎ/rl ou, tout au il une langue italiq.ue. Le mot du nord-ouest· porklos ne
plus, • sitri. Seul, 'arm . hund" semence ", . qui serait fOl'rné désigne que le " porc " domestique , tandis que le mot indo-
comme serlmd " descendance" à côté de sertlll engendrer 1> européen commun· sù- (llIt. Slis, etc. ) s'a pplique '~galement flU
pourrait peut-être être l·appol·té it · st-des langues du nord-ouest; t. porc et fl U t< sanglier Il.
)J

mais la racine ne scrait pas représcntée par ailleua's en armé- " fève '1 : lat. faba , V . pruss. babo, v. sI. bobti; le rapport
nien , et l'on sa it que d 'ordinaire b, issu de Î.-e .• s, nt> se main- avec le mot gt-rmanique v . isl. baIlli, V . angl. htan, v. h. R.
tienl pas dans cette langue; le rapprochement est donc très bOnD n 'est pas d éterminé. L'alb . ha6~ est très éloigné pour la
sus pect; et l'ex is tence de· st-" semer '» n 'est cel'laine que dans forme .
le gl'oUfll" du lIunt-ouest . . ,t moisissure " : lat. m I/SCl/S, V . h. 8. IIIOS, lit. lil I/sai, v. s1.
" grain" : lal. grdlll/l/J , irl. I:rim. gall. gmum. (plur. ). Hat. mDxil.
kaurn , v. sI. {ri/lw (s . .zrnv): lit. {itnis " pois n. Le rapproche- « creuser 1> : lat. fodi~ , gall. hedd l' fosse ", lit. bedu H je
ment avec skI'. jfn.IMJ " ,·ieilli ", etc., est entièrement incel'- creuse '1 et badaii l' je pique .1, lette btJre l' fosse l', v.:-;1. bodtf
tain ; même si on l'udmel , il demeure que I{' sens dc " grai n " (1je pique II,· peut-dru gal. ba.di t' lit >1 (d 'a bord creusé dans la
est limité aux langues du nord-ouest, et une particularite de
sens aussi dMin Îc sumt il cu racténser un HI·oulX!.
20 2'
te rre·~. \'. ~'f eringer. /. F, XIX , .t.8N et suiv. J. u.! ~ initial t!carle Mol '! techniques :
gr. $!II;:~;, ~~eij.,,~ç. ,. frapper " (en particulier !lUI' une enclume pour forger)
Le 1< seigle Ut qu'on n 'a pas jusqu'Il présent rencontré dans Int. cM(} ct inc1Ïs (incMis), irl. CI/ad et ((}(IclJ ('v. \"h. Stokes, dnllR
les fonds d 'époque néolithique, u un nom qui ne s'étend Fick, El . m'irt., IP, !-lM ), v. h. a. !xJ//wart, lit. luff/jf/ , khI/li
pas au deli! du s lave, du baltique et du gerll1l1oique : v. sl. " baUre, frapper, combattre ", kI/gis " mart eRu ", kova " com-
rlitt, lit. rugis , v. pruss. rugis, v. isl. 'ygr, v. 8Ug1. ,ygt, v. h. a. b:!.t Il, ". sI. kI/if! ,< j e forge >l , kyjf 1< marteau ".
rokJro. El il Y a un n om de l' ~. avoine» dont l'original ne se Il oouper " : la t. srciJ. v. sI. ûkp,: lal. mllris , v. sI. s&yra.

laisse l)as restitu~r avec cCl,titude, mais qui est visible me nt .. hl'l.chc ,,; v. h . a. srb Il cout el'l.u ", Stta 1. scie " , sahs " cou-
commun au slave: ovIStl, au baltique: lit. ati~a, lette tluï.tJs, teau Il (sur le celtique, v. \V . Stokes , K. Z .• XI., 249 ).
v. pruss. Wj'Sf, et au latin : tl uina . " lI'esser " : Int. pltelc'l. l'. h. A. jltblml e l v. sI. plrlQ repré-
On peut ajouter quelques noms d'oiseaux et d'insectes: sentent une même fornH' ,' dont gr. û,b.w et le s ubstantif Rkr.
1< grive >1 : lat. tllrdui, v. j!;1. frpstr, lit. strd'{das, v. 51. drO{dli prlJf7la" u objet tressé" s'éloignent davantage. Le traitement
(avec uoc assimilation de Iïnitiale) el dnpv:,i. Le gr. cnp~~flc:; de t·kl· qu'on a da ns v . sI. plet{l , est le traitement regulier
ne peut êt re rapproché il. cause du C:J, et aussi ÙU a, qui ne sc devo nt voyelle postpn lnta lc (v. sI. noJti est un exemple cl811-
co ncilie ni avec germ. l, ni avec lat. d (on au rait b après r s'il sique du trAitement de ··kt- devant voye lle prépalatale).
<j'agissait d e tdh ). 0( roue,,: lat. rola, irl. rOlh, gal l. rblJd, v. h. A. rad, lit.
" guêpe " : lat. '/l'spa , v . bl'e t. fl/ohi, v. h. a. wafsa, lit. ralas ; le mot correspondant de l'indo·ira nien , skI'. rlllha", zd
vapsà, v. sI. osa; le beluèi gt'(1~ " abei lle, guêpe .. pst,;1 écarter raOd, signifie « char ".
è. cause de son isolement en indo-iranien; la sOIl(W'e bz fail du u timon " : lal. Il,,,..1, v . h. a. dihmln, v. angl. fixl , v. isl.
reste difficulté: le rapprochement avec la racine ttwbl,. « tisser " flsl, v . pruss . ItQ"ris.
Il'explique l'ien, car on ne voit palt comment le Sèns de cette " bouclier .. : la t. sC/1tl/"', irl. sclath, V. pruss. slaitan' (lire
nu.'ine s'applitjut>rttit il la " guêpe 'h s{QÎ/an?), v. sI. J/;/IÏ; si lit. skfdas et gr. Q;IT:\"(~ ( :i"T." i~ :~ ) sont
« frelon If : lat. critbrv, gall. creyryn, ~'. h . ,1. hornl/{. lit. purents, illi diffèrent du moins par le d en rnce du t des llutres
sZirs,fi (ace. s,irstmj) , v . sI. sriiJrtli (s. ûl/jln ). longuel!..
Le mol t n;:;.d~ spécialise au sens de " nid " dans: lat. ,lEdflS, " anse " : lal. mua , lit. (Un. E' t v. isl. œs H trou (pour passer

v . id . IItl, Y. h . n. nal, et. avec des altémtions, lit. li{das 'et un lacet ) u.
V. sI. glll'{do; au contr.lire al·m. 11isl ne signifie que" siège" :\fol'l relatifs aux relat ions sociales:
et sert de nom vel·bal au ,'erbe primaire nst;m "je suis assis .. If peuple ,. : osq . IQuIO, ombr. 'viam (nec, ), v . irl. tfial",

(aor . nS/dy), ct skI'. nî{iâfJ a gardé le sens de« siège, lieu où got. piuda, lit. tau/a.
l'on est étahli ", à côté de c<'hü de " nid '!. 0( étronger. hôte " : Io.t. bos/is, got . gas/s, v. si. tOSll; si le
Noms d 'arbres : gr. ;i~I=~ est parent, il a une forme entièreme nt différente.
« aune " : lal. a/nI/s, v. h. a. tlira, lit. l'llsnir, v . s I. jr/ixa. " dette " : v. sI. dMgjj (8. dtlg), gal. dulgs, v. Îrl. d/igrd
Il orme " : lat. II/mus, ir!. lem, v. isl. Mmr, 5 1. • ji/illlli et (dligim « je d9is Il) ; la diphtongue radicale du slave étant
jilil/In . intonée douce, 1c mot slave n'est sans doute pas emprunté au
.. if u : ir!. œ, gall.yw. v. isl. Yr, v . angl. fw et row, v. h. a. germanique; et il n'y 1\ pas de raison posit ive de croire que le
lwa , lit. N.'à, v. s I. j it'a . mot germanique soit emprunté nu celtiquQ, comme J'a sup-
posé M . d'Arbois de Jubainville.
23
11It. fias (lladis) j. gllge )J , got. watli, v. isl. vtd, v. h. a . wtlli; Aemblc que le sanskrit en ait trace dans le mot obscur mary/ldil.
lit. vad,iti l' dégnger , dlôli vl'er ... . 1Il~ers~m e nl, la nllgation prohibiti ve ·"Il
n'pst att<'!'I tée qu' ('11
" dominer » : v: sI. vla4, lit. valdati t"l-'t~/dIlJ got. waldan; IIldo-lrn lll e~l (moi), grec (y.+, ). arménien (mi), et manque totale.
cf. id . flailh ,. souven~int"té " (ct"I'lainl's rOl'mf's s<'nncti navl's ment pal' ai lleurs. Une disparition indépendante en slove en
IIlIl également 1), et aussi lat. ltalfll. b8.1~ique, eu germanique, en celtique et en italique est 'peu
Mnts divers : vraIsemblable ; car, dans le"langues où ·m~ a exist é, ses repré-
tt homme li. désigné p:lr rexprt'ssioll de " terrestre H : lat. lIentanb sonl encore aujourd'hui en usage, et le grec moderne
ImmJ , gal. guma. lit. ~m~ ({nu),lIs ) ; en indo-irnnien, en SI'rné· l'arménien moderne, le persan ne di ITèrent pas àcet égard d~
nien etengrec , on renconh'c pluMt J'ex pression de" Illlwtel " : grec ancien , de l'arménien ancien et du vieux persf'. Le fait
hom , ~FC)-:~" :mn. mard, zn marlla el maJyt1, v. perse mar/jya , est du resLe trop isolé pour prouver beaucoup.
skI'. lIUJrl)'oQ, martah. Telle ou teUe de ces coincidences peul être fDrtuite et l'on
" barbe" : lat. barbn. \'. h. n. barl, lit. bar'{da. v . sI. bratla: ne saurait rien affirmer d'aucune en particulier; m~i8 l'en-
de la l'adjectir : lat . barbd/IIs, lit. bar,ddtas, v. s I. brada/Ii . semble ne !laurait J'être, surtout si l'on lient compte des grou.
"poli, glabre,, : lat. t/aber. " , ong !. .fkud, v . h , a .g/a/.lit. pernents de sens. II y a donc une certai ne communauté de
ghlil,is , Y. sI. g/ndMtfi . vocabulaire entre les langues du nord e t de l'ouest, et cette
Il I;lac(>, froidure» : lat.gtlt4 etg/acits, v. h , n. kalI clklloh. communauté para it provenir d 'un développement de civilisa-
lit. Kilmrnis !< froid vif ", v. sI. g%li l' g lace n et tledira ,. \'CI'· , tion commun,
g las. givre H. On lit ·:I).ŒV~p~'I '·}Il'l.P~" chez I-I esychius, mais
cette gloM! Clll 'it rnpprocher du IIicilien '(lh , qui doit i-Ire
UII emprunt il l'i talique. Les parlers siciliens flCmbr~nl Ilvoir
été un peu moins l'ehelles aux empl'unts tlue les autres p..'l..-Iers
grecs; on a vu plus haut :dpx:l; ; M . W . Schulze, K. Z" XXXIII,
22:1 et suiv .. a reconnu dons i..Î";P l un autre emprunt sicili ~ n , ­
On a de même lat. ca/Ire en fnce dE' lit . s{J/li Il dev('nirchaud .. .
Il parole Il : lat. utrbum. got. wQurd, v. pruss. wirds, lit.
vard"s (la racine esl indo-européenne commune: v. le diction-
naire de M. Walde, SOUl'l 1urbtnn ).
« pousser >1 : lat. Initia, got . triufall , \' . sI. tru,hl.
Il vent du nord " : Illl. munIS, gol. sklira-, v. h. a. skllr, lit.

s'{itiurt " nord " et « vent du nord " , v. 81. sèvtt'ù " nord ".
"vl'n i ": lal. 14&I/S , , •. irl . fir, v. h . a. tmr; v. 51. vira
., foi )J.

1( abondant " : irl. meniec, gol. manags, v. s I. mi'notü .

" mer >1 : la t. mare, irl. muir, gauf. (are-)morica, got. mart;
f't mari-{saiws ), lit. mtirts, v, sI. tIIorje: ce nom de la Il mer"
n'e"t USUE' l que dans les langues du nord·oueH t : toutefoÎl'l il
1 ,' I~nO-1 "" ~ IE~ 25
c'est un mot de la Camill e de gr. r.lPI, ~p ~ , etc" de lAt. prfmus,
ri e,: le • 1fr)'O- sur lequel repose irl , aire!K' trouve aU!4.'1i dall!4 gaul,
Al'io-{lIIamu ), composé dollt le premi er terme n 'a pAr suite l'ien
ft Caire avee le nom propre · Ar)'a- du peuple q"i parlaitlïndo-
irttnÎen.
CHAPITHE Il • Arya- est un nom propr(', dont il n 'y a pas licu de recher-
cher le sens, mttÎs dont l'existence atteste runil~ d 'une popu-
btion dlndo-Irrmien.'!, qui s'est divisée pnr la ~;uite,
On peut donc déterminer sur ce cas bien ét.'\bli il quel t~' pf'
1. T', DO - lI1A 1'1 1)-:.1( de faits se reconnaît une communauté de ce genre postérieure
a la séparation d'avec l'ensemble indo-européen : l'indo-ira-
nI' Inus les groupes dialect., ux qui rt'posenl sur une pl-riodt' nipn présente toute une série de particularité!! de dét.'\i1 qui ne
dt' co mmuMutf. po~h~l"ieure il ln période indo-t'uropéenne, le se retrouvent nulle part ai1leur!l, et qui proviennent de la
seul dont ln reaJill\ .'IOit nUe!!lée par un témoiglltlge direct e~t pél'iode de vie commune particulière au groupe , En voici
1ïl\tlo-ira nie n. quelques-unes l{ui ne sauraient être fortuites:
Ce témoignage estJe nom, identique, par lequel se dé!.Îgnent t o Les voyelles de timbre ( et 0, demeurées disti nctes dMs
lèl'l peuples qui on t appo" té lïndif! n d'une part, lïranien de toutes les Autres langues sans exception , se sont Condues dans
l'autrc. On (1 en elfet : le timbre unique a ; en entraînant la perte des alternances
l.d airya- (opposé à I/lirya- et il anairya- ), .... perse ari)'a- morphologiques de t et de 0, cette confusion a modifié grave.
dnnl! Ddra)'at'dIlJ nriyotiflra " Darius de famill e aryenne n; ment tout le système des fOl'mes, eUe a eu pour cOnHéquence
(:e nom est connu des Grecs rAr'-'~) et des Arméniens (Arikh), un développement imporl3.nt des alternances quantitatives
et il subsiste encol'e ; Eriln (prononcé maintenant frdn), le nom qui se présentent sous la Corme if.' il. Cet ensemble de faits
que porte aujourd'hui le pays des Aryos occidentaux , repré- ca ractérise eminemmentl'indo-iranien par rapport am ~utres
sente un génitir pluricl 'arydrulm. langues de la C~mil1e .
skr. 11r(I)'49 désigne le peuple dont la langue est le ~ Le ' 1 indo-européen , au lieudeseconrondre avec 'a comme
v~d ique; peut-être I\-t-on aussi or)'4-; le mot hr{ i))i4f, est iden- partout ailleurs (s..'\uf p~rtie llement en grec où il ne donne
tique nu mot ironien, à la vfddhi près. du reste jamail'l 1). nboutit à i. Apre.'! et avant y. le même ' 1
L'étymologie du nom n'est pas connue: on peut,si l'on veut , donne cependant n, même en indo-intnien.
rapprocher skr. dr)'a~J cc favorable H; rien ne prouve d 'ailleurs :l0 Les groupes de la rorme : sonore aspirée + sourde,
qu'on doive le raire ; et le rapprochement est dénue d'intérêt nboutissent il : sonore + sonore aspirée (loi de Bartholomae):
(cr. Bartholomae, 1. F . XIX, &i11ef l, p. 108 et suiv, ). On nOn -bh + 1- donne -bdh- o -bh + J- donne -b{h- , ele. Les autres
aucun droit de rapprocher arm . ari " brave l', qui ne doit ~a ns Inngues ont toutes d 'une manière normale un traitement con-
doute pas être isole de aru cc mâle •• t't de a)'r" homme (uir) u. forme :'I OX règles ordinaires de !'indo-européen : la sonore
Quant au rnpprochementavec id . airt (gén. airrch ) gl. primaJ, nspi rée s'ussourdit devant sourde, comme toute autre sonore.
il est évidemment faux ; ir!. air~ ne peut être séparé de ir!. ar Les traces - très rares - d'un traitement pnreil il celui que
CI devant u, cf. irl. airchinnlc/J " princeps ", "'"<111 . arbtnnig: délinit la loi de Rartholomae et qu'on a essa~'é ,le retrouver dans
26 1.'INI)O- IMA:>Ilt: \ 27
lesautreslangue!lsont toute!! ou (ausses ou incertaines . Il est vrai Phll"il"l
que -On.- donne ~.(- en grec ('J:<ÎG'ZIoi de *';;"(10",.,..). mais c'elll un
CRS lout spécial. el qui n'au torise pas il pose., une loi géné-
l'nie ; on explique gr. i"'I. J~~; p::lr • rgbs-qo;, ; mais rien Ile p.'(lUVe
Nom.
Acc.-gén.-dal. al.
.\ cc. ton .
...
tlaynm

n.smnn
t'Dt'III(l. wyim ) t!/J)'Dm
1/(1
ahma
que '; repose sur· echs : la forllle Iocr. iZfH; (>t les .formes G~n. ton . asmhkam ahma/cI'" amhxam
analogues représentent le traitement phonétique -1°- de *·lut- etc.
en grec, et h-;~,. doit son -; à l'analogie de b -:6; ; si laZa-:c; est li. Aucune langue indo-eurOpéen ne ne présente , à beaucoup
tirer de i; - ce qui n 'est pas évident - , il suOlt de poser près, l'éq';1ivalent de coïncidences aussi complètes, et poursui-
*eks-Ito- oonnant • coo/.c-. Quant il I2tOTI.~<; en fa ce de got. aiwislti. vies dans un si menu détail, avec l'une des langues du groupl"
IIi le rapprochement est eXllet, on l'Il l'endra compte soit par indo-iranien .
• aiiWhskt)J donna.nt. OIla-zc; (t.n>€! de ;:cZ!I'Zw), soit tout simplement. S'il existe de pareilles coïncidences de déta il , il Vil de soi
par·aiJtJU'kos donnant o:llT'l.~; (typ(' de h·znc;). Le gl'eC n'olTre que les sytèmes des deux groupes doivent être tout semblables
donc aucune trace de la loi de nartholomae; les autres langues dans leur ensemble; et en elTeton Il construit , .f>ur les fragment-.
n 'en présentent pas davantage . de textes subsistants, la grammaire de lïranien llRcien ~ l'aide
\" Tous les thèmes terminés par une voyelle: -a, -d , -i, -/l, de celle du §8nskrit. Et, comme on r a souvent répété, la simple
ont le génitiC pluriel en -n-dlII. Pareille introduction dl" -n- ne application de quelques r~gles de correspondances phonétiques
se rencontre par ailleurs que dans certains diall"ctes germa- ou morphologiques permet de transformer lei passage dl'
niques, et là même pour certains types de thèmes seplement. l'Avesta en un morceau védique presque correct, ou inverse-
l'S0 Les thèmes en -11- ont, ~ cOté des Connes en -d-, des ment. Les vocabulaires des deux groupes se recouvrent à peu
formes du type degén.-Rbl. skr, -i1yà{', v. perse -d)'d, zd -aye!; près entièrement. Ainsi , en regard de • k l initial de toutes
on retrouve, au moins en arménien et en celtique, trace de les autres langues pour le nom du 1< cœur Il (arm. sirt , v. s I.
-(i )y-, ~ certains CAS des thèmes en -12-, mais nulle part le type srrufla, lit. S'{irdis, gr. upUi et 1I.~F , lat. ('{)f, v. ir1. cride, go~.
-4J4-, hnir/(I), le sanskrit et l' iranien ont les représentants d'une
6- Les 3-- personnes de l'impératif ont un -u final ainsi AQnore aspirée: skr. htd- et PtdtJ)'am, zd '{Jf'{/- el WAlm ,
!!okr. bhdratrl = zd Mratll = v , perse baratU'fJ. pers. di/.
7- Le parallélisme de certaines formations est absolu; le Ceci n 'empêche pas que J"indipn et lïranien proviennent
pronotn personnel de 1" personne en donne URe idée : sans doute de parll".rs indo-européens dilTérenls , et dont la
période de développement commun n 'a pas suffi à déterminer
skr. ,d Y. perse
la fusion totale . Les isoglosses de la chute de·/ intérieur (v.
Singulie.r
chap. "III) et du traitement de - ury (v. chap. IX) passent entre
Nom. ahàm .w.m
""'" ,na", l'indien et l'iranien ; et l'on constate certaines coïncidences
Ace. ton .
Ace. atone
Gén. dat. alone
""'"
""
",
mli m
m4
nu maiy
de vocabulaire entre tiranien et le slave, qui ne 's'étendent
pas au sanskrit. Les deux groupes, tout en se développant
p..rallèlement, sont donc demeurés légèrement distincts.
Gén. toniqul" mama ma.. ,"aM
• Dai. ton . mMrya(m) maibya (g"h. ) Il n 'opparait FU qu'il y ail de rapports particuliel's entre
Ab\. mat ... r .na
28 OIAu:cn:l'o Ixnn · ~: I · nI)Plh: xs
.
1. I:'I LH,J-IIt.\:'Il t::'I
tel dialecte iranien et tel dialecte de l'Inde. Au premier abord térieur d a la linale ; on li ainsi , il la tin d 'un premier terme
on pourrait attacher Il cel égard quelque importance il la de composé, c'est-à-dire dans une position ·oÙ sunt appliquées
coïncidence du tr-aitement ..., de '-a s final en sanskrit et dans les les règles de la tin de mot, skr . oirHIlJ?J Il qui dODDe la force » ,
prlikrits occidentaux. d 'une part, el dans l'Avesta. qui est de mais ,zd ooga{-doSlJma- .\ qui donne le plus la force ". Le
l'iranien oriental, de l'autre. Mais il suflit d 'examiner les (ails Lraitemenllinal skr. -tI de indo-iran. ·-O{ est dODC parall~le su
de près pour reconnaître que le traitement zend et le traite- traitement de -o,-d- inMrieur donnant skr.-td- , et l'on conçoit
ment ~anskrit sont indépendant<; l'un de l'autre. que dans les prâkl'its orientaux (Mâgon"i ), -e se trouve il la
En f':fTet, le traitement -(l (c.-à-d. -d) du sanskrit est propre linale aussi bien qu 'à l ' int~l'ieur du mol.
aux C8to1 Oll -[ se lrouve devant une sonore suivante. Or, ln loi L'-c) final avestique s'est réalisé dans de lout autres con-
générale du traitement des finales il. l'intérieur de ln phrase ditions el par un tout autre prO<'~s . Ce n'est pas un traitement
indo-iranienne elit : sourde devant !Wuroe, sonore devant particulier; c'est le traitement de tout ·-as final, il la vnuse
taule sonore (occlusive, fionenle ou voyelle proprement dite) ; comme à l'intérieur de la phrase. Le zend n'a pas , cOlllme le
ce traitement de" finales se distingue de celui de l'intérieur du sanskrit, des règles de sandhi compliquées; saur les mots
mot par ceci que, à lïntérieur du mot, les sourdes deviennent étroitement liés dans la prononciation, il n'a qu'un traitement
"onores devant occlul'Iive sonore, mais demeurent sourdes pour tous le~ cas; or, ce traitement n'est pas le traitement
dev:'!nt son:'!nte (voy('ll(' ou coul'ionne) ou voyelle, !\Oil donc sonore; dans les cas où s u passé à!, on a partout -U, -tU, -x! ,
-Pt etc, ; de même que ·-ts est représenté par -s : ~s , slowS,
intérieur fhwl pouru/as, cO~tljS, · cLc. Ce n'est donc PliS ·-a{ (traitement H~cien
devant sonores) qui a donné -do En réalité ·-os linai a passé il
-ns/a- -ns 10-
-ah, -b étanlle traitement universel de s en iranien parlout où
-n,-oa- -O{ do-
une consonne ne suit pas imn,édiatement (cas de -as èn, -as
-nInO- -n; tln-
te) ; el en etret le vieux perse a -a, c'est-à-dire -ab, comme
-os)'n- -n, yo-
représentant de illdo-i~an . · -as. La. rermeture de li devant h
-nso- -n,- 0-
terminant la syllal>è se produit dans les giithiis m~me à l'inté-
ou, dans les cas oû J devient s en intlo-iranien rieur du mot: • asmi donnant giith , lhmi, • ",aSll/adj dClnnanL
grtth. ",;hll/aidi; cette même voyelle 1 est celle qui , Jans le"
-iUn- -il 10- g ï,thfls, reprcsente ·-ah final issu de ·-as t constamment dans
-iton - -iZ do- les monosyllabes (hi, yI, "1. etc . ), et partiellement dans les
-;!na- -it no- polysyllal>t>s : vaèJ par exemple. Un fi a été pa'"8l1èlement
-ij)'n- -it )'0 altéré en ~ (résolution de la ligature qu'on transcrit pal'
-iJn- -it 0- d) .devant -h final, de sorte que zd -d (c.-it-d . -M) répond i,
skr, -dQ final ; ici le traitement -âliha- de -tua- est exocte-
C'est ·-O{ fin:'!1 devant un élément cfm!Wnantique (consonne ment conrorme au traitement de ·-(1h final (ancien· -dI ) ; et,
proprement dite ou SOMnte consonne) qui donne RU SlInskrit comme ·-dsi-, ·-âsu- aboutissent à-dm-, -ilhu-, on voit que c' est
-0 final; h l'intérieur du mot, indo.iran. ·o{oa aboutit il skr. ln nasale développée après a qui a provoqué ln fermeture de
ton; d~'vRnt consonne, -n{ ~ubsi"le toujours en irAnien /1. l'in- ccl a ; ceci concorde avec \Ill rait connu de phonétiqu,e géné-
30
raie: les voyelles nasalisées tendent souven t it sc rermer ; en ,
zend même. '-am donne -'1/11. On est amené ainsi à supposer
que '-as a pus" lt '-ah, ' -orth, d'où ·~l'Ih) . Le développement de
ceLte nasale tient il ce que a se prononce généralement avec le
voile du palais peu ou pas relevé; à l'intérieur du moL, le relè-
vement n 'est pas maintenu devant un j ou un Il suiva nt , si CHAPITRE III
bieu que 'asti donne O1tha, mais ' "si el • as" deviennent respecti-
vement ahi el ahu ; en lin de mot , aucune influence n'entra-
vuit le d~vc l oppement J e la nasale, de sorte <fue le passage à
-1J(nh) a cu lieu dons tous les cas. La seuledirlicullé que pré-
L'ITALO-CELTIQUE
sente celte explication , ("est que, li Iïntêl'ieur du mot ,la "Gee-
liiSR tion du texte ne porte pas t race de (Ejrmelure ùe l'a devant
la nasale de -anha-; mais on sail <fue la vocalisation de Les deux groupes de l'italique, à savoir le latin el l 'osco-
l'Avesta. est bien posœl'ieure à la composition et 11. la fixation on~b,'i~n ~"t passé par une période de (!ommunauté postérieure
11. 1 umté Italo-celtique, Ccci est prou\'é par une série de con-
du texte par écrit ; d'ailleurs on conçoit que la nasale ait
exercé une tout autre ac tion là oû elle est restée distincte de cordances de délail donl le caractère, de singularité esl frop-
panl :
ln voyelle que lù où, en lin de mot, elle s'est fondue avec la
voyelle en en faisant une voyelle naSAle et en la fermant : on L'interrogatif-indéfini a fourni le relatif: le norninoti( du
a d'une part -atlha- et de l'auh'e ·-Qh, aboutissant à ·-9h, rela,~if est v: lal. quoi (lal. qui) = osq, p oi, ombr. poi, en regard
puil -d, de lmdéfim lat. quis = osq. pis, ombr, pi 5- i ; de même lot.
Le traitement . -(l de -os final devant consonne sonore en quid, osq. pid d' une part ; 10.1 . quod el 05q . pod de l'autre se
sanskri t et le traitement -d de toul •-lJj tinal dans l'A vesta sont correspondent à la fois pour la forme et pour le sens ,
donc deux phénomènes radicalement indépendanL'I L'un de Le pronom personnel osco-ombrien est mal connu ; mais on
l'autre, a les datifs, et le parallélisme y est complet :

lat. osq. ombl'.


II/ihî !Jube
libi t (i) fei t e fe ttfe
sibi si f e i

La 1'" personllè du singulier du \,p.l'be " ètre " esl lut. SU /I/,
oS<J. sùm ,
Les formations d'adverbes sont toute" pareilles:

pn>bi(dl ampmfid pl'ufe


rxtrii(d) t' hLl'ad
s//prii(d) Juhra
IJI ,\ LI-:Cn :S 1.' lJ4 I-ECnUI ' Ü :.'" L ' ITALQ-CEL TIQG"; 33
Le présent de la nlcine * dhl a U Ilt' mèllle fOI'me , dont voici latin a été un véritable changi!ment dt: langue, et non une
pal' exemple la 3~ pel'sonne du subj onctif : adaptation réalisée par voie de substitutions partielles , comme
l'est par exemple le remplacement des patois français par le
forint faki iad faç ia
parler français littéraire commun qui s'opère actuellement
Le lype desh . dMIJillI/j , gr. ":" tfh; iJ.~. lit. àt$/i n'l'st pas repn\- dans toute la France du Nord.
scnté pour ce yerbe, non plus que pOUl' iaciv en face de i"lj l.l.t. Avant l'unité italique, il ya eu une unité plus lointaine
L'existence des mêmes formations de dénominatifs , comme encore et plus malaisément saisissable, l'unité italo-celtlque.
dans osq, i'i p san nalll , ombr. osaI!, et lat. operâ,.;, oudansosq. Cette unité Il 'est pas attestée par la conservation d'un nom
l'' '
Il fa tt e d et lat. probiire, suffirait il' dénoncer une parenté intime propre commun comme l'est celle des lndo-Iraniens, ou Aryens,
du latin et de l'osco-ombrien, Mais certaines institutions particulières en sont peut-4tre
Il y a aussi dt!s fait s séma ntiques, com me le 1l<""Issage de la encore la trace (v. l'article posthume de JuÜen Havet, Revw
I"acine - dtik.- " montrer " au sens de " dire u : lat. di<trc. ost{ . ctltiqu!, XXVIll , p. i 13 et suiv. avec la note d'introduction de
d ei kum , dticUI/I, ombr, dei/II " dicito Il . M. d'Arbois de Jubainville). Et en to~t cas, il ne manque pas
Ces menues coincidenccs établi ssent la période d'unité it a- de coïnci~ences caractéristiques au point de vue linguistique,
lique ; c'est aussi cette unit ... qui explique le para llélisme com- ta Le passage de p... kW à kW, .. kw, qui est conslant :
plet des grammoires !.atine ('t osco-omb .. ienne; dfl même lat, quinque, irl. dJic, gallo pimp, bret. pemp, gaul. "K"11'o"K"i-
qu'on a fait la grammoire inmienne ancienne il l'aid e de }o (-!OI,lM:) quinte-(feuille) " eu regard. de gr, 'lt"i'lt"l , skI'. /J4ica,
1(

grammaire sanskrite, c'es t à l'a id e du latin <fu 'on a réussi il arm, hint, lit . ptnld , etc.
déchiffrer les textes oseo-ombriens , tous épigra phiques, etdonl lat. coqUIJ, gallo pobi, en regard de skr. pluati, v, s1. PtIt4, gr.
aucune traduction ne donnait I:J clé. Les coïncidences des "K"i"K"w'I, r;iaaw ,
deux groupes sont multiples : les YO,ve lles longues sont fel'- lat. qutrcus, qUtrquiJum, en regard de v. h, a . forha, v, angl.
mees; les ancie nnes sonores aspiré('s son 1 rep n~ sl' lIl é e s pal' des fl4rh. Le nom propre 'Ep"'~'1Ia, qui est celtique, n'est pas néces-
spil'anles sourdl's, puis la spil'antll .,p est remplacée pal' f sairement en eontradiction avec la loi ; le passage de *kwu à -ku
(toutefois ce fail11'est pas italique commun , cO llulle le montre peut être antérieur à l'assimilation de p initial à kw inlerieur;
la dentale de lat. IIIfdia en face de Il de osq . me fiù : il ~' a eu de là le maintien de p qui a disparu ensuite comme tout p cel-
développemt! nt parallèle) ; s inlel"Yocalique devient sonore : tique commun. Au surplus, l'étymologie d'un nom propre
la nasale fin ale est -/II et non - II comme en g rec, en celtique n 'est jamais sare ,
el en germanique ; les yoyelles brèyes en sy llabe finale La loi est invérifiable en osco-ombrien : on n'a pas le
tendent à tomber: la syntaxe est pareille. moyen de déterminer si lep deosq . pum peria is (j quinturiis Il ,
Né.mmoins , à la date où ils so nl attestés, les purh.ll·s osco- l1o ....:t"·m:;, Puntiis Il Quintius Il et de l'ombr. pumpei-ias et
omill'iens, déji' très distincts ('ntre t~ U X , difTere nt du latin pun tes Il pentade Il repose immédiatement sur p ou sur Jt4u ;
beaucoup plus q ue les anciennes langues il'a niennes. ne d ir- la seconde hypothèse semble certaine a priori. La même obser-
fèl'e nl du sanskrit : ja mais en transcrivan t purement et l-oim- v.ation s'applique au mot popfna (= lat. ~I/ina), que le latin
plement de l'osque ou de l'ombrien en latin , on n'obtiendrait a emprunté à l'osque.
du latin correct ou même intelligible ; il resulte de Ht, pour le
dil'c en passant , (IUt' le l'emplacement de ces Inngu('s p1l1' le
2- Le traitement ar, al de .i.-e, "'r, .al, alors que i.-e et
donnent ital. or, ol et celt. ri, li, c'est-à-dire autre chose;
*, *'
••
DlA..LtCTt:8 INOO-EUROptENS L'ITALO-<:ELTIQt:E 33
toules les laug-ues voisines ont un même timbre vocalique part des cas {seul l'irlandais ft itl en certaines positions), et
dans les deux cas (gr . '%i' et pa [ou 2p ], germ. ur, lil. ir ou tir, que, d 'autre part, le. traitement n'est pas constant en latin : 'Olli
etc. ) : aboutit it lat. illi :
ir!. scoraim Il je ~pare ", gall. ysgar u séparation » , ombr. sil/t, cf. id . saiu " sépal'ément n, et skr. sa"l/lar, gol. sml-
kartu u distribuito », karu " part, chair ", lal. card, cf. dro.
v. h. a.seoran, Iil. (at~ )siirai; c'est la racinedev. h. a. Keron, ÔI/is, cf. gr. ~~~~.;.
gr. u !pw, arm. ibtrem. 3- Génitif en -Î des thèm e~ en ,,' : lat. lIir' = v. irl. fir;
lal. uarus = lit. tJiras. irl. ogam. maqi; gaul. Stgolllari , génitif de Stgomaros. Les dia-
britton. goran (1 grue ", gaul. (tri.)goramlS " (.mx lroi~ ) lectes brittoniques n'ont pas conservé le génitif. L'osco-om-
grue(,) JI; cL serhe tdrdJ et tdriio de ·tiravlÏ; gr. ';lP%'/:;, lit. Lrien a remplace la forme en -j par une fo.·me en -eis emprun.
gbtlt, V. sI. teravi, etc. tée aux thèmes en -j-; mais c'est sans doute It -i que ce -nJ a
ga11. ma/a! CI je mouds ", ombr. (ku-)maltu" collllllolilo >', été substitué, - Le génitif en -i est extrêmC'ollent caractéris-
cLarm. lIIakm, et, avec vocalisme e, irl. me/im, V. sI. meljr;; tique de l'italo-celtique , parce qu'il ne se relroU\'e d)une
avec vocalisme 0, got. mala, lit. ",aM , ct , avec vocalismet ou 0, manière sûre nulle part ailleurs (l'h.\·pothèse sur le thessalien
lat. rooU1. proposée par J. Schmidt, K. Z" XXXVIII , 29 cl sui". a cepen-
lal. salix, irl. sail (gén. sai/ah) n'est un cxemple probant dant été repoussée récemment par M. Kretschmer lGlotta, l,
qu'autant qu'on rapproC'he gr. iH~'I); si, avec M. Solmsen, l'on 58 ct suiv. ] qui maintient son rapprochement avec cert.,ines
séparc le mot grec, rien ne prouve que ra de sali"" sail et dc formes mess.."1picnnes) et parce que, ne présentant pas la voyelle
v, h, a. sa/obit ne soit pas un ancien ·a. thématique t/o qui se trouve dans tout le reste de la flexion,
Oc même"'n donne ail en celtique et en italique dans divers il est entièrement isolé dans la déclinaison de ces thèmes .
exemples (déjà indiqués pour la plupart dans Meillet, IX. ,,"0 Passif en -r ; sur Ic déhtÎl dcs forme s. \'. G. DoUill, La
radice ·men-, p. 7, et depuis, par ~I. Hirt, 1. F., XXI, 167 et diJ"'untu vtrbalu t1l -r- ; le prétérit est obtenu au moycn d 'une
suiv. ), not.'\mment dans : même fOl'me nominale , radjectir en -111--: lat. cantlltus ut, v. ir!.
lat. 'MI/Id, en regard de gr. ;U'IIW, ",,!;.\bT,x.2; irl. anaim. bret. (ro)ctl Il il a été chantê Il, osq, teremnalust " termillota estu.
(eb-)ilnDff sont assez énigmatiques. Les verbes il. dêsinences ordinairement moyennes ont N..."(,,'U
lat. manus,ombr. manuv-e " dans la main JI , osq, mallim; l'r du passir, ce qui a constitué le dé.ponen t; celle rorme, qui
cr, v. is!' mill/d, est une combinaison des désinences moyennes et de la carac-
irl. tana, bret. tallal/, cf. gr. :1:'11:"'- , :1:~Q::"; le lat. ImllÎS a un téristique or, est une innovation slI'iclemcnl propre il l'it .. '',-
e radical, comme lit . tem'os. celtiquc. - Fait très remarquable: les l '" personnes telles que
lat callô, ombr. kan e lu, id. canim, gall. caltaf; on n'a pas lal. loquor et \', ir!. lahmr se ressemhlcnt de pres. _ Le type
le degré t de cette racine; mais on en a le degr~ Il dans gr. lal. loqllilllr et le type v, irl. fabrithir, -Iaf"at/)ar ont aussi
lC.;'I2t~; (el gal. /Jana ('( coq ", lit. ktlnklts, sode d'instrument a même structure; nulle part, ni cn ital ique, ni en irlandais, il
cordes , v, Leskien, Bi1dlmg d~r Nomina, p. '-98), cl le degl'~ ô n'y a au pré~ent trace des dési nences primaires en O-tai, du
dans 1011, ci-cônia, p~nestin Mua, v. h. a. !Jl/Ol/. lype skr. sacale, gr, t-;:!-:-l\ (et gal. baimda ) ; le latin 0, il est
Touterois cc traitement an de. o Ou prouve peu, parce que, "rai, la 1 ro personne du singulier Cil o_a.i aU perfectum indicatir :.
d'une part, an est le traitemcnt de of! en celtique dans la plu- tl/tl/di = skr, tl//llde, mais c'est une désinence de parfait ; on a
36 DIAU:CTES I~DO-EL'ROPlh.;"5 L '[TALO-<:I'.:I.TlQUt: 37
constaté que le parfait a généralisé en quelqup.s cas des dési- de même v. ir!. -giS, en face deguidim u je prie ,). - C'est un
nenceFi moyennes, qui peuvent n'être pas conservées par ail- subjonctif en -s- qui Cournit le Cutur osque, type Fust. On
leurs; le slave, qui n'a rien gardé de toutes les désinences peut être tenté de rapprocher le futur du type fax6 du futm'
personnelles moyennes au présent, a -~ dans l'uni(lue forme grec, par exemple dix\J de ~!C;W; mais il ya là sans doute une
personnelle de parfait qu'il présente: tJidè le je sais li ; et, coïncidence fortuite , car tout l'ensemble du futur latin se
comme les autres langues ont, pour ce parfait, la foryne active compose d'anciens subjonctifs , ct d 'autre part les fails latins
(skr. vida, gr. F=i~a. got. wail), le v. s1. vèdè indique une sont visiblement inséparabl es des faits irlandais. D'ailleurs le
généralisation de la forme moyenne dans tout le padait slave à futur indo-européen n 'apparaît que dans les langues où il y
une époque préhistorique; le vieil irlandais ne connaît de même a un participe futur, à savoir l'indo-iranien ,le baltique (et un
que les désinences du déponent aux t no et 3' J>.ersonnes du plu- peu le slave), le grec; à en juger par le védique, le participe
riel de certains ,de ses prétérits. - La t roi personne du pluriel, était la principale form e du Cutur indo-européen.
Jat. loquil1mr, v. irl. labrimmir, -labrallllllar, n'a rien à Caire avec Le fulur latin de~ verbes dérivés tels que amâOO, lIIontbo,
la désinence moyenne skr. -mahi, gflth. -maidi, gr. -iJ.dh, et esl alldîw , fal. carifrJ, pipafo a son correspondant exact dans le
faile sur la 1'" personne active; et la ~ personne du pluriel, futur irlandais en -h, -f-; le rapprochement a été contesté , mais
qui est en latin empruntée à une forme nominale (loql/imilli ), pour des raisons qui ne semblent pas entièrement valables,
ne se distingue pas de la rorme active en irlandais : v. ir!. ainsi que l'a reconnu M. Vendryes qui se réserve d'examiner
labritlx, -labraid. La coïncidence de l'italique et de l'irlandais la question en détail.
pour le déponent va dono jusque dans le dernier délail. Il y 6° Formation du superlatif; lat. maxill/lfs ; osq. nes simas
a ici une ihnovation commune décisive (cr. Pedersen , K. Z., ~~ proximae n, ombr. ntJ illlei, v. irl. ntJsam, gall, ntJaj; et type
XL, 170). lat. facillil~f/s, gau!. O~;\a;zf.ll'J, v . id. dl/cm. Les autres langues
5° L'irlandais el le latin ont en commun deux rormes de ont une autre formation: skr. roItdilth(/~, gr. f.~t:l'';Cç , V. h. a.
subjonctir qui leur sont propres; la concordance de rune de Slltn"iS10.
ces rormes serait déjà carncléristique ; la concordance des deux 7° Le suffixe· -tei- est élargi par un suffixe nasal; lat. niilj~,
a une valeur comparable à celle de l'innovation du dt\ponenl: ombr. na1itu (~'l.blati f), v. ir!. 10i/ll1;1I (gén . foi/lllm) ~( pensée >!.
a, Forml!-tion en -d- : lat. ft.ral1l, v, ir!. btra (et Cormes cor- L'arménien a de même une forme -lithium (géD. -lithean ), il est
respondantes en _o sco-ombrien), Sur l 'irlandais, v. J. Vendryes, vrai; mais il y a ici un suffixe complexe, proprement armé-
Gramm. du v. irJ. , § 331, p. 173. nien , tandis que les faits italiques et celtiques sont exacte-
~. Subjonctir en -s- : v. ir!. Ham, uis (v. J. Vendrye", ment pareils t'es uns- aux autres.
Grallllll. du v. irl. , § 332, p. 173; et § 336, p. 176 et suiv. ) ; 8° Le vocabulaire est en partie identique; il Y a coïncidence
lat. dixim, faxjm (et dfxà, fa.\·~). Le type fa.\'i//l n'a évidem- pour quelques mots très importants, notamment pour des pré-
ment rien à faire ni pour la forme ni pour le sens, avec le positions ct préverbes :
système du perfectum, où l'on tente souvent à lort de le fuire
lat. dt = ir!. dl, britt. di
fib"Urer; el drxltJl est tout autre chose que di.\'t.rim. Ces subjonc-
CllIIJ = COIII (et co- = co)
tifs en -s- ne prlosentent pas les carac~éristiques des pl·t!scnts
ou encore:
correspondants et constituent des th èmes autonomes, ainsi
lat. faxi1ll, fa.\'6, en race de (arù); allsillt, en fac e de audw, et imus, cC. irl. is ~' en bas" et isel, gallo ist.l;
38 DIALECTES INDO-EUROptEN!I L ·lTALO-CE:L TlQVE 39
et certains substantifs: lignes d'isoglosses entre le S<'l.nskrit et l'iranien , l'unité Halo-
lat. ptctllS, ir!. ucht (gén. ochta). celtique n'exclut le passage de lignes dïsoglosses entre l'italique
lUTa, irl. tir (thème en -u-; v. Vendryes. M. S. L. , Xltr, et le celtiqUf~: ainsi plusieurs p.'l.rticularités communes au
38'). grec et il lït..'l.lique ne se retrouvent pas en celtique, comme
lat. mm, ombr. berus (ahl. plur. ), v. irl. hir, britt. be,. (les on le verra par la suite .
mots des autres langues qu'on a rapprochés [v. en dernier lieu Il ya une ressemblance p.'l.rticulière entre l'osco-ombrien et
Lidén, 1. F., XIX, 325] n'onl enctement ni le même sens· ni le celtique, dans le traitemt'nt des labio-vi!laires : "1:',. donne
la même (orme). également b en osco-ombrien et en celtique. Mais, ~i le fait se
L'adjectif lat. crispus. gal!. crych (même sens), gaut. Crixos présente identique dans les deux groupes, c'est presque évi-
(nom propre) est propre à l'italo-celtique. demment par suite d ·un développement indépendant; car le
.Les anciens noms du " fils et de la u fille » ont disparu
)1 kw e~t d'ahord d(>meuré q (aUest i! dans les inscriptions oga-
et ont été remplacés par de nouveaux mob : lat.fîlitlS etft/io, miques), puis est devenu l' en gat:lique, D·ailleurs It" traitement
irl. ,uate igén . ogam. maqqi et moqi). britl . mop fils Il et ir!.
(C labial des lnbio-\"élaires est un phénomène tout naturel, qui se
ingtn (ogam. inigtna) " fille ),. Lat. fi/ius el fi/ia sont lirés de l"e·trouve d 'une manière indépendante t'Il grec, et que d'autres
l'idée de « nourrir >', et le mot cell. ·",a!tw/t"'a- a l'Air d'un langues présentent il diverses dates : on Je eonst.'l.te par
mot du langage enfantin, ainsi 'lue lïndique sa consonne exemple en roumain, parmi les langues néolatines,
géminée,
Le démonstratir de l'objet éloigné est caractérisé par 1- en ita-
lique pt en p.'l.rtie en celtique seulement (v. Brugmann, /Jemqns-
trnliv-pronomina , p. 83, dans les Abhandl"'f[W de l 'ACfldémie
Sflxonne, vol. XXII ).
Touterois, il ne raudrait pas exagérer l'importance de ces
concordances de vocabulaire. Par exemple, la liste de" verbell
rorl.. de l'irlandaill (v. Vendryes, Gr. dl! 11. irl., ~ tOO, p. 210
et sui" .) ne colncide que pour une très petite p.'l.rlie avec ln
liste des verbes Corts latins.
La ressemblance générale de la grammaire italique et de la
grammaire celtique est encore assez sensible. bien qu'elle l!Oit
dissimulée par les altérations très Cortes el très nombreuses
que chacun des deux groupes a subies de son coté. Ln gram-
maire irlandaise il laquelle on en est réduit à comparer ln
grammaire latine est du reste cell,e d·une langue attestée un
grand nombre dé siècles après le latin et parvenue il un df'grp
plus avancé de développement, ce qui rend la co mparaison
malai~e et peu précise.
Pas plus que l'unité indo-iranienne n'exclut le pfl..'Isnge de
I.E BAI,TQ-lII.AVI:: tl
génitif, datif). L'accent initial a bouleversé la phonétique latine .
Riendesemblable en slave ni en baltique; aucun rait n'aulorise
il supposer qu'i l y ait eu li aucun moment une dislocation gr'.lVe
d'aucune partie du système linguistique. La structure phoné-
tique a gardé son aspect d'ensemble; même les consonnes inter-
CHAPITRE IV vocaliques qui , presque partout ailleurs, ont été plus ou moins
altérées sont restées 11. peu près intactes li la rois en baltique
et en slave; el par suite le baltique et le slave' sont les seules
langues dont certaines formes actuelles présentent des mols qui
LE RALTO-SLAVE ressemblent Il ceux qu'on est amené .Il 1< restituer Il quand on
pose l'indo-europëen commun : lit. gjws « vivant " ou lsti
L'unité balto-slave est rune de celles que personne ne con- Il il est ", russe pekû If je cuis >l, strntn4 Il les semences ", novâ

teste, et en etTet la ressemblance générale du baltique et du « nouvelle Il ont encore en gros l'aspect des mots indo-euro-
slave est évidente. Pourtant, .Il regarder de près, les innova- péens qu'ils représentent.
tions et les particularités singulières communl"S aux deux Partis d'un point de départ identique et n'ayant subi par
groupes sont moins probantes qu'elles ne paraissent tout d 'a- la suite aucune déviation systématique, s'étant d 'ailleurs déve-
boro. loppés dans des régions voisines et -dam; des conditions· pa-
Pour apprécier exactement les faits, il convient de noter reilles de civilisation, le baltique et le slave ne peuvent man-
tout d 'abord deux faits généraux: quer d'avoir une très grande ressemblance d'aspect généraI:
i· Le baltique et le slave sont les représentants de parlers Cette ressemblance est encore soulignée par le rait que la
indo-européens sensiblement identiques: aucune ligne d'iso- plupart des emprunts de mots Caits par le baltique l'ont été au
glosses notable ne passe entre le baltique et le slave, c'est- slave; la similitude des vocabulaires , et même des procédés
à-dire que le baltique et le slave ne se trouvent jamais de de dérintion, grande dès le début, s'est trouvée r.insi accrue
part et d'autre des lignes qui marquent la limite des particu- dans une large mesure.
larités par lesquelles se distinguent les dialectes de lïndo- Ceci posé, on peut passer en revue les principaux argu-
européen commun ; une identité aussi totale ne se retrouve, on ments invoqués en raveur de l'existence d'une unité ballo-
l'a vu, à l'origine indo-européenne ni de l'indo-iranien, ni de slave, en recherchant s'ils suffisent à établir une période de
l'ita lo--eel tique. communauté balto-slave postérieure à l'unité indo:-européenne.
2° Le baltique et le slave présentent ce trait commun de Dans sa KUf{t fltrgleichende Grammatik, § H (p. i8 de la tra-
n'avoir subi, au cours de leur développement, aucune frac- duction française ), M. Brugmann invoque les faits suivants :
ture brusque du système, L'indo-iranien a confondu les timbres i o Les liquides et nasales voyelles· r, ·1, • u, • Il' ont donné
de e et de 0, et brouillé ainsi loute une partie des alternances en baltique ir, il, in, im (ou aussi ur, ul, un, /lm ) ; le slave
vocaliques employées en morphologie, Le grec a éliminé s et y commun a en N'-garo ·'r, ·11, ~ (ou ·ur, ·' 1, ri), La coïncidence
intervocaliques, et a simplifié d'une manière radicale la décli- est réelle; mais il n'en résulte sans doute pas que le baltique
naison , notamment, en en éliminant les casà sensrk l, el ne gar- et le slave aient eu un développement commun après l'époque
dant que les cas gramm4ticaux (nominatif, vocatif, accusatif, ind~uropéenne. Car il semble que le timbre de la voyelle
DIALECTES lNDO-EURortENs LE IIALTO·SLA VE

accessoire qui se joint à la sonnnte voyclle niL été fixé dès son, mais quelque peu défini cependant; ce timbre, on ra
lïndo-européen, et qu'il y ait là un faiL dialect.."\1 de date indo- vu , tendait à. différer suivant les régions: Le parallélisme de
européenne. Sans doute la plupart des langues di\'erg~ nt ù cet balt. ir et 51. 'Ir, balt. Jlr et sI. ' ftr, etc. remonte donc à
égard; toutefois le grec et l'arménien s'accordent il présenter l'époque indo-européenne commune .
le timbre a de la voyelle accessoire; et, en ce qui concerne 2' Le baltique et. le slave s'accordent il ne pas admettre les
les nasales, ce même timbre se retrouve en indo-iranien : '0 consonnes géminées. Mais c'cst le résultat d 'une tendance
est représenté par indo-irnn . a, gr. !x, arm , ait , et • 'Il par indo-européenne commune i en baltique et en slave, celte teu-
indo-iran. a, gr. ::1:, arm, am, Des voyelles fermée!! , i et Il, dance a continué d 'agir el a complètement ~bouti; il en a été
apparaissent au contraire ' en celtique (pour 'r et 'l donnant sans doute de même en arménien, où, avant la chute de i f' t
rrel li), en germanique (ur, ul, un , um ), en b."\ltillue et en Il et l'emprunt de certains mots étrangers, il ne semble y avoir

sillve. On aperçoit denc ici les grandes lignes d'un groupe- eu aucune consonne géminée; les autres langues n'ont pa,
ment dililectai indo-européen , difficile à préciser dans le d étail. conservé la tendance indo-européenne. En ee qui concerne
- Et surtout, en ce qui concerne le traitement balt. ,ir, ,jl, lïndo·européen ,on sait que les consonnes géminées y tiennent
sI. ',ir, 'ul, le point de départ du timbre u est sûrement indo- peu de place: la plupart de celles qu'on rencontre appar-
européen, comme on l'a déjil remarqué; car le timbre" se tiennent aux hypocoristiques et aux mols_du langage enrantin,
retrouve même dans des langues qui ont ordinairement déve- soit par exemple le type de gr. '(:jYYIIi (v. W. Schulze. Lnl.
loppA d'autres timbres pour la voyelle accessoire: Eig~ltnam~n, p. 520, et une obscr"tltion de M. Brugmann,.1. F.,
v. sI. knima (r. kortl/a ) l' poupe Il, cf. gr. T.?~II-Y'I); · XXIl, 191, parue durant l'impressit;>n de ce't ounoge), ou de
Iii. surbili, cf. le~b, ~IJTtw, v. h. a. {lx:cbIJn (v. Traulmann, Gcrlllanischt. La"tg~I{~, p. 62
v. sI. gnjlo (r, gor/o, s. gNo), lit. gurkljs (ace. gurklO, cr. lat. et suiv. ), ou le type de gr. à-:-:IX 1< pnpn ", lat. alta, skr. atM,
gurges; de même '0/ est représenté par u/ dans les mots de got. alla, v. h. a. altr) v. id . aitt (avec t et non th, donc ancien
même famille : lat. gula, arm. e-kul « il a avalé 1> (l'u de arm. Il ). En dehors de ces ens tout particuliers, lïndo-européen ten-
Urul a peu de chances de reposer sur un ancien ' D). (lait à éliminer les consonnes géminées: on verra ci-dessous,
Les e.xemples de ce genre sont peu nombreux , et l'on n'en dons un chapitre spécial, comment le groupe '-11-, souvenl
sa'uait déterminer la valeur exacte; mais ils suCllsent du tlmené par la morpbologic, a eu {tes traitements dinleetaux
moins à. établir que la fixation du timbre de la voyelle acces- divers en indo-européen ; et "·ss· a été éliminé dès lïndo-euro-
soire a commencé dès J'indo-européen. Celte voyelle étnit péen dans l'exemple connu : skr. asi, zd ahi, gr. c~, en regltrd
assurément très brève; CM, encore en sanskrit, i.-e. ' [ et '1 de homo (aal, v. lat. us (reconnaissable grice il. la métrique ),
sont représentés par T, qui est une brève , el '0 , "Il sont arm. es; l'indo-iranien a ausl>i un locatir pluriel des thèmes en
représentés en indo.iranien par la brève d, en grec par ln -es- : skr. -IlSll, zd -ahu, au lieu de la forme attendue -as-sil .
brève ;Z; i.-e. 'r devait être quelque chose d'::m alogue il ce L'élimination des consonnes gémin~s a donc son origine en
que décrivent certains grammairiens hindous comme étant la indo-européen même ,
prononciation de skr. T: 1/! de voyelle + r + 1/ 4 de voyelle; :)0 L'ndjectif déterminé lit. Kt:ras-is est tout à rait comparable ù
il y a là des éléments vocaliques extrêmement brefs dont le v. 51. dohni-j; (dobryji ), Toutefois les deux types ne sont pasexac-
timbre avait déjà, dans les parlers indo-européens, un timbre lement pAreils dans le détAil , et lïmportance n'en est pos la
médiocrement nel snns doute, en raison . du peu de durée du Olé me da nI> les deux langues. Et surtout, l'emploi du thème ')'0-
DIAUx:rES I;\:DO-f:rROPf!;:XS LE IlAI.TO-~LAVt.:

sur lequel reposent ces adjectifs, qui sont de véritables juxta- commune li normaliser que presentent le baltique et le slave.
posés, se relrouve dans l'Avesta, à la place des mots près: Le vieux saxon a de même thl, tbia , Je vieux haut allemand
Y. XXXV • .t. tiliJJ)"a06anbiJ )"iiiJ fJabiJtifiJ « par ces aelions excel- dtr, diu.
lentes .. représente un type zend normal; le fait essentiel est 7' Les datifs lit. monti, II/tin, v. pruss. IIItnnti ne répondent
l'accord en cas de ·10- avec le substantif et l"adjectif; cel à v. sI. mini ni pour le vocalisme de la première syllabe ni
accord a lieu en iranientoul comme en baltique et en slave. pour celui de la fina.e; les formes slaves et baltiques four-
4· Les participes actifs masculins ont passé li b lIexion en nissent ici un bel exemple des innQvalions parallèles, mais
._~. ainsi : gén. sing. lit. tita"q:io =v. 51. ~(JJta. Le p.,ss..'ge indépendantes, qui caractérisent les deux groupes,
résulte de lïnnuence des Céminins en ·-)"17-, qui sont indo-euro- g. Le génitif-ablatif singulier vi1ka recouvre exactement le
péens; il était très naturel, et ron en retrouve l'équivalent v.s1. v/lka, et Lous deux répondent à l"ablatif skr. fJr~II, Cette
exact en germanique occidental: v. angl. Nrlndt, v. s..u. confusion du génitir el de l"ablatif résulte de ce que, dans tous
btrandi. v. h. a. btrantj. Ce changement n'est d'ailleurs qu'une les types autres que le type thématique, le génitif et "ablatif
conséquence d'une innovation générale: les adjectifs lendent singuliers ont une seule et même forme; le grec s'est servi du
~ prendre les fonnes du type vocalique plus tôt que les subs- génitif des thèmes en ~ pour l'ablatiC; le baltique et le slave
tantifs : le lituanien n'a comme adjectifs que des thèmes en ont fait Iïnverse; il n'est pas évident qu'il y ait là un déve-
-a- et des thèmes en -u- ; le slave, plus avancé encore, n'a IOI)pement remontant à une période de communauté, car le
que des thèmes en -0-, avec le féminin correspondant. On vieux prussien, avec son génitif dâtMS, n'y participe pas; les
pourrait alléguer la conservation des anciens nominatifs sin- démonstratifs divergent beaucoup : le lituanien a l'ancien
guliers masculins: lit, w:tas, v, sI. t't\.Y; mais le gotique où, ablatif tii pour génitif, mais le vieux prussien a sttJu (ancien
sous l'influence du comparatif, leparlicipe a passé aux thèmes génitir, cf. skr. tâs)'a, hom, -r:!o) et le .slave la fonne nouvelle
en -n- a aussi conservé le nominatif singulier du type bairands logo. Tandis que la forme itaJo-celtique li -i, loul li fait isolée
(à c6té de bairanda ), et singulière, est très probante, la généralisation de l'ablatif,
5° L'intercalation de -i- dans les formes telles que lit. facile il expliquer par un développement indépendant, ne
akmtn-j-mls, et v. 51. kamm-I-""i n'a rien de caractéristique; prouve rien.
car on retrouve des intercalations p.ueilles d.,ns lat. ptd-j-bus Les fails invoqués établissent donc seulement que le baltique
(dont l'-i- est, il est vrai, ambigu , et peut représenter une el le slave ont eu des développements parallèles; ce parnllé-
voyelle brève quelconque), arm. ot-i-wkh, elc. Et, en baltique lisme a eu pour conséquence naturelle la creation de quelques
comme en slave, l'identité des accusatifs singuliers et plu- fonnes identiques, mais ces innovations semblables n'attestent
riels dans les thèmes en -i-elles thèmes consonantiques s'est pas une période de développemenl commun. Un bel exemple
réalisée phonétiquement, facilitant ainsi le rapprochement des des innovations parallèles et jndépendantes qui caractérisent
deux séries, qui aurait pu du reste a voir lieu même sans cette ces langues est fourni par le déplacement d'accent d'une
circonstance. tranche douce sur une tranche rude suivante, qu'a décou-
S· Les thèmes de démonstratifs .f(}- et ·td- ont remplacé par vert M. F. de Saussure en lituanien, et qui se retrouve
les rormes analogiquesJit. las et ta, 1'. sI. tù et t4!es anciennes en vieux prussien et dans les dialectes slaves. Ce déplace-
Connes du type: skr. sa et sl1, gr. 6 et "J, got. sa et 10. Mais ment a eu lieu de manière indépendante en lituanien, en
c'est une innovation très simple, et qui résulte de la tendance vieux prussien el en slave. A l'égard du lituanien et du
LE OA.LTO-SLA.VE

"ieux ' prussien, l'independance résulte du fait signlllé p..1.r citer: v. sI. bi/ha = lit. bll/sn - lipa (r. lipa, S. lipa, tch . lipa )
M. Bezzenberger (K. Z., XLI, 74etsuiv. ), queledéplacement = lit.lipa -d{Vt{da (pol. gwia{da ), cC lit. tvaig,dl, v. pruss.
prussien· se produit d'une longue douce sur une rude suivante , swdigslan - y/ava (anciennement oxyton au nominatif; cette
mais non d'une brève sur une rude suivante: v. pro anlrâ, oxytonaisona entraîné un changement de lïntonation radicale),
illlll1 , piencktll , mois maddla, tikra (en face de lit. tikra ), wissa (en cf. liL galva (gttlV{t ), v. pruss. galhl-r(!.ka = ranka, v. pruss.
face de lit. visa ). Quant au slave, la valeur du fait invoqué dans raI/co (cf. lit. rC/lkiù )- rogll = rifgas, V. pruss. rags - altïkati
M. S. L., XI , 350 et suiv., a été contestée par M. Pcdersen , (/al'o/i), cf. lit. il/kli, v. pruss. alkins - IIU/(I, cL lit. tl/clti et
K. Z., XXXVIII , :J35 , mais l'objection ne semble pas con vain- II/rlali, mt/aû, cf. leUe mllàl-Iad;ji (r.IMja, pol.lvd,Ja, s./dda ),
("nnte (cC Arch. f. slov. Phil. , XXV , 4.2G). M. Vondrak (Vcrgl. cf. lit. tldiia (v. Leskien, !3i/dung, p. 3t7; Juskeviè accentue
slov. Gramm.! l, p. 206, n. i ) admctque le type sedJe kùpam ildija, cc qui est surpl'enan!; les mots sont parents, mais non
résulte d'un retour secondaire de l'accent sur llnitinle , et identiques: on nolera l'absence du mot indo*européen commun
c'est sur ce recul d'accent, admis par M. Saxmatov (l'{J.'lsJija de *miw* dans les deux groupes slave et haltique). _ La con-
la section de langue et littérature russes de l'Académie , VI , l, cordtmce d 'un nom tel que le nom du " fer », v. sI. ttll:::.o (r.
229 ct suiv. ), que reposent aussi les objections de M. Kul'bakin ~t!l:::.o, s. ~eJj(:::.o, pol. ztlazo), lit. gtlt~is, v. pruss. gdso (v. Les-
h;:uistija, XI, IV, 269 et suiv). D'après M. Kul'b..1.kin, on devr-... it kien, Eildlll/g, p. 23.\.) montre que la communaute de civilisa-
avoir*ùd je{jkd, 'Zapi/dl, parce que l'accent ne se maintient pas tion dnit être- pour beaucoup dans ces cuïncidences, car il
SUl' une svllabe intérieuredïntonation douce; il est impossible s'agit ici d'un objet qui n'avait pas de nom indo-eul'OJ>';!cn.
d'examin~r ici en délaill'emploi de l'accenldans les groupes de Les mots qui ont des parents dans les autres langues, mais
préposition plus nom et de préverbe plus verbe; mais il n'est dont la forme b;:tltique et slave ne se retrouve pilS ex,\clement
pas démontré, tant s'en faut, que cet emploi reconnaisse des identiqueailleUl's, sont llolllhreux . En voici quelques exemples:
causes phonétiques (d. J. F. , XXI, 34t etsuiv. ); au surplus, v. sI. aba, lit. aM, v. pruss. abbai (cn reg-drcl de gl'. Œ;J.fw, lat.
le serbe pObvdlU, où·il n'y a eu aucune contraction, se compOrte a/llb.J- skr. I/thO/l, gàth. 11h11 - got. bai) - ovlnÏl, avint/s, awins
exactement comme Z/lpytiH, où il y en a eu une, et rien ne per* - noglil1, ,mgMis, 1Jaguls - Zt'lldja, ~l/J/t, Stlll/llt - \.'Lof";, ~t'frls,
met de contester l'antiquité de l'accentuation de s. JJt'tÎ/iJ. - swirius (ace. pl ur .) - vra!lI, variai, lmr!o - plI/lIa (slov. pljnea ),
Quant au 1, de jt{Jkd, qui n'est pas correct phonétiquement , il b/micziai, plal/fi - ratnjl, arlojis, artoys - slIIriid;/i. slI/irdÎli -
s'explique évidemment par l'inl1uence de tous les autres cas nagli, m~gas - l/Iilt1, mllas - v;si (de *viSli ), t'isas, wüsas -
où il y a e bref: gén. sing. jèt.ika, etc. - On ne voit donc pas , i/J/a , {ima -sladlikli, sa/dùs (cf. arm. J.:hat~r<! doux ,, ) - sivii
qu'aucune objection décisive ait été produite qui détruise la szjvas, SÎWOlI - iis et ji" (pol. s, Z), iSZ - v).Jra, Mra (les deux
preuve alléguée en faveur du caractère dialectal du déplace- mots avec li) - 't't'lIïxif, vC:lus:::.as - wterif, vâkaras - :;,itd{l,
ment de l'accent. ~idïu. Cette liste, déjà significative, pourrait facilement être
Même en dehors des emprunts, le vocabulaire sla.vc et le allongée.
vocabulaire baltique présentent beaucoup de concordances: l\tais, souvent aussi, on a les mêmes mols , avec des
mots qui ne se retrouvent nuUe part ailleurs, ou mots qui ont en variantes légères, et qui remontent à répoque indo-euro-
baltique et en slave une forme différente de celle qu'ils alrectent péell ne : le slave a di,,1 et.le liluaniendënà -le slave advlri et le
dans les autres langues. lituanien dlirys - etc. Et , si le slave el le lituanien s'accordent
Comme mots qui ne se retrouvent pas ailleurs, on peut pour OSIll" = iis1,./llas il huitième n, le parallélisme de v. 51.
DlAu:cn:s lNDQ-I,:UROpt..::sS

stdn"j ,< septième» avec lit . Jèkmas, v. pruss. sep/mas suppose


néanmoins une différence initiale, qui, comme le prouve gr.
;~aC:p.:IlOl est de date indo-européenne. L'« épaule If se dit lit. pttys
(racine de gr. 'I:'!':Œnü .... t) et v. sI. pleit~ (racine de gr. 'r.}.,J,::jIO.
w. . ~~Mt'lÜ : le procédé est le même , et aussi le suffixe, mais
les noms diffèrent. CIlAPITHE V
On conclura que le baltique et le slave ont eu des points de
départ exactement identiques, qu'ils se sont développés dans
les mêmes conditions ét sous les mêmes influences; peut-être
même y a-t-il eu une période de communauté plus ou moins LES GUTTUHALES
longue", maisoùle slave et le baltique, qui sont les langues inda-
européennes les plus conservatrices, n'ont pas introduit d'inno- , La tht!orie dl's t{utturall's l'si h'Op connue pour qu'il y ail
vations notables. Il suffit d'examiner le verbe pour aperce- hell dc la Nsumer ici. AhstrOlclion faitc de t oute question liti-
voir que, de bonne heure, les deux développements ont été gieuse, il est maintenant étahli que, il une labio-vél .. il'C tC'lle
indépendants: en gros tout est pareil, c'est le même verbe à que lat. qrl, lïndo-iranÎC'll par e:otC'mplc répond. par une guttu-
deux thèmes, la même structure d'ensemble ; mais dans' le rale pure telle que k (/'t'sp. f deYaut prépalat.:tle) C'l que . il UDl'
détail tout est distinct; les prétérits dilTèrenl du tout au tout; prépalatal e fll (luîllcc et allt:l'él' par suite de la mouillure, tell('
la nasale des verbes à nasale est suffixée en slave, infixée en que skr.j, zd -\:. \lrin. f . <,tc., le latin répond par une guttu-
baltique: l'i du type minità est loug en slave, 1ï du type rale pu re g, Appol·tieullcnt a\l typ{' illtlo-irani{'lI, il. cc Jloint dl'
mini bref en lituanien , et ainsi de tout . Le baltique et le slave Yue. outre lïndo.ira nien: Il' sla\'e, le baltiquI'. l'arménien (avec
fournissent un bel exemple de deux développements paral- le phrygien et Il' thracl'), l'aIL:III::lÎs; oppartielllll'tlt au t:1Je
lèles, mais depuis longtemps autonomes. laliu : le grec, Iïtaliqul', 1(' celtique, 1(' gennaniquC' (l't aussi
sa ns doute 1ïll~'I'ien ) . On dislillgue ainsi , l'II ce qui cuncerne les
gutturales , un groupe .ori ('n181 et UII groupe occidental. l.cs
ùeux traitements considérés vo nt loujoul'S ensl'mbIC': l't la
ligne d'isoglosscs qui Il's délinit a par suitC' Ulll' gillnde impur-
tanel', COlr elle .'ésulte de la concflrdance parfnite dc deux Iigm's
di!;tinctes. Sans doute la p<'dectioll de la cOllcorÙallCt' liC'lIt Ü
cc que les deux Caits. sont connex es et se conditionnent e n
qucique mesure l'un l'autrt.', mais ('Ile n'en garde pas moins
une signification .
Aux deux concordanc{'s signalél>s , il C il faut même ajoull'I'
une aut.·e; cri plus d Cli corres pondances déjù notées (Ial. c
répopdant il skr. ç, et skr. k [cJ répondant à lat. qu), on en
observc une troisième:
!tkr. k (c) = lat. c.
lIill./r cln indo-fluropù ,,,
5U 1J1.\I.~cn;s 1:';IK.H ,;rUUI'ÊK\S JI
Dl' quelque IlHHlii!re qu'oll intl'qll'clc 1(' fail, lJU'OIl pose une nonciation semi-occlusive <{ui a dù ètl'e h un cel·tain moment
ll'OÎsÎèmc série d(' gutturales, Cl' qui {'st rh~l)oth i!se SÎlllplish' celle des anciennes prépalatales d;lDs tous les dialectes orien-
de la plupart des linguistes, ou (lU 'on chl'rche il expliquer la taux: il en est de même d'une partie des traitements albanais,
correspondance pal' d(>s faits particulil'rs , comml' l'onl tenlt! - C'est donc du coté des dialectes orientaux quïl ~. 11 inno-
:\1. Bartholomae, puis l'aut(>ur du present ouvrage, ct l'nlin vation commune; le groupement de l'indo-iranien , de J'armé-
M. Hirt, il ya ('Il tout cas ici une troisième ligne qui coïn- nien, du slave , du baltique et de l'albanais qui ont modifié en
cide exactemenl avec les deux premières. Le lr;ütement des un même sens un état plus ancien est bien établi par iii ; le
gutturales est un dans chacun des group!'s considérés, ct il groupement du grec, de lïtalique , du celtique et du gel'ma-
n'y a pas de ehevauchemenL<;. nique est moins solidement prouvé, puisque, daus le cas des
Pour déterminer la signilicalion de ces lignes , il est néces- ,gutturales, le seul considéré dans ce chapitre, ces langues
suire de savoir de quel côté estlïnnovation. On conçoit aisé- conservent en gros !'état préindo-européen.
ment comment k'~ peut perdre SOli appendice labio-vclair,e et Les dialectes orientaux tendent Il conformer le point d'ar-
passer à k ;.Ie fait se produit dans chacun des dialectes occi- ticulation de leurs gutturales pures à celui des voyelles sui-
dentaux en certaines comlitions spéciales, et même l'un des vantes: ko, maisGe. L'aboutissemenlnaturel de cette tendance
dialectes celtiques, III gaélique, ne connaît que c (c .-a-d , k) est la prononciation semi-occlusive des 1)l'éJ>alatales ainsi pro-
comme représentant de l'ancie.l ·k'" occidental, et le celtique duites. On l'observe en indo-iranien elen slave d'une manière
tout entiel' semble représenter Î.-e, occide'ltal· ("'h par g. De constante; mais ce n'est pas un fait oriental commun, car~ si
même on conçoit bien qu'une prépalat..'lle prononcée nette- le lelte le présente, les deux autres dialectes baltiques : le
ment en avant subisse spontanément les altérations du type lituanien et le vieux prussien, gardent l'occlusive prépalat..'\le;
skI', j, arm, c, et zd " sI. " lit. t, etc,; J'arabe par exemple etsi l'arménien représente par Je, Ji le ·g'h de ·Ilhe, ·g'hi orien-
l'eprésentll par j le g sémitique; le dialecte arménien du nara- taux, il conserve régnlièrement kede ·g'e (ainsi dans t-ker " il a
1xlgh présente une évolution analogue il son début ("'. Journal mangé >1) et khe de ·ie (ainsidanskhrrtm " je gratte, j 'écorche,, );
asialiqur, 1902, 1, p, 562 etsuiv. ) ; l'altération des prépalatales f peut toujours reposer sur ky, ainsi dans ai;kh ,( yeux JI, cf.
est déjll parvenue il un degl'é très avancé dans les formes attes- h~m. :Q'O'I. A plus forle raison peut-on affirmer que l'opposi-
tées du groupe o~iental, ainsi pour la sourde: skI', ç, zd s, tion hellénique de -n issu de ·1fwe et r.~ issu de ·ku'o n'a rien à
v. sI. s, lit. s" arm. sete.; mais on entrevoit encore des Caire avec les traitements indo-iraniens et slaves : l'en men
formes beaucoup plus archaïques; le sanskrjt représente JUIl' k du grec m~me suffit à le montrer, car certains parlers grecs
J'ancienne prépalatale devant s qui devient 1, ainsi la 2" per- ont le tra.itement 'It devant les voyelles de timbre e, ainsi t!o~. ,;:f,-
solln~ de vl{mi est 1.ik~j; en slave, quand le mot renferme à ÀIH en face de 't'l)" des autres dialectes , éol. dO'Cl'œpt'Ô, béot.
l'intérieur s, la prépalatale est dissÎmilée en gutturale: v. sI. r.lnœp!; cn face de dor, d-;~pl;1 alt. 'tln'2pl'i, ion. dO'O'lpl;. Du
g{ul en race de lit. ~.{lS)s. SkI'. jet al'IIL C pOUl' la sonore simple, reste le tl'llitement dental des labio-vélaires n'a lieu en grec que
arm. j pour la sonore aspirée attestent encore , sinon le st jlde devant les voyelles de timbre e, et Don devant l (témoin ~l~;
premier g' d~ la prépalatale , du moins le second stade, celui de " arc >1. :;;1.:;: , etc. ), ce qui établit entre le traitement gre<! et celui
la seriü·occlusive, qui , par un hasllrd surpl'enant, n'est pas de lïndo-iranien ou du slave une distinction essentielle. Enfin
conservé pour la sourde. Entin le Ira,itcment perse fi (spirante le passage à la prononciation semi·occlusive a lieu également
dentale .sourde) et d remonte <lussi nécessairement à la pro- pOUl' les gutturales qui répondent il des gulturales pures cl à
52 UIAU:t.Tt::ol l ~lJO-E(;ROPi:E"'s I. ES GI,;1'TI,JIIAl.F.S 53
des labio-vélnircs occid('nlales: or les correspondants grecs Le passage des labio-vélaire!! it la prononciation labiale
x, ~ , Z de gutturales pures orientales ne passentjamais à la a lieu dans une notable partie des dialectes occidentaux ;
dentale, soit gr . -,'lp2't:; cn face de v . sI. ZtTQvi. mais il s'est réalisé s ~paré ment dans chacun . En efTet , le
Si, avec l'auteur du présent ouvrage et avec M. lIirt , on grec a 't" devant les voyelles dc timbre e.; des dialectes
admet que le type de correspondances orient. -l., -g, -lh = italiques, l'osco·ombrien a le Jlllssage /1 la prononciation
oceid. -k, -gt -th repose sur -kt -t" -g, h influences par des pho- labiale . mais Je latin l'ignore entièrement; en celtique 1

nèmes précédents ou suivnnts, on voit que la tendance il l'irlandais a c pour représenter l'ancien kw, et la sonore
conformer le point d"articulation des gutturales a celui des pho- aspirée gt"h est représentée par g en celtique commun , comme
nèmes voisins est ancienne dans le groupe oriental. Et il est ra vu M. OsthofT ; le germanique enfin n'a la lahiale que dans
('Il effet très remarquable que des traces plus ou moins notables certaines conditions particulières , et conserve normalement
de la prononciation prépnlat..'lle des gutturales devant voyelle les labio-vélaires. Le traitement labial ries labio· vélaires n 'a
prép.~lat...'\le se rencontrent dans tous les groupes orientaux, donc pas le caractère d 'un (ait dialectal occidental ; la rréquence
comme on vicnt de le voir. de ce traitement indique seulement que la prononciation occÎ ·
Il y a une coïncidence curieuse de l'arménien avec le gr(!(: denl.'lle des labio-vélaires était de nature a rendre aisé ce type
(et peut-éli'e d'autres dialeotes occidentaux). Après u, le de changement. Au sUl'plus , les lobio · vélaires paraissent
grec n'admet pas les labio- vélaires , sauf intervention de avoi r été un élément phonétique lissez instable; les dialectes
l'analogie; M. F . de Saussure Il expliqué ainsi le contraste de orientaux les ont éliminées dès' J'épotjue indo.europcenn<, : et,
.J~-,::~).~;, c::-d).:;, O:lAr{-,:::).:; et de ~~:J-'1.:i,c;; le grec 11 aussi floit pal' passl1ge it la prononciation vélaire, soil par réduction
,1jZ:).I.Xt, en regard de Int. 1101100; omhr. vufetes " consecrali" " il de simples gutturales (ainsi en latin vulgaire . d 'où fr. qI/j, it.
et de gnth. aorJd(J ~c il:. dit Il , ne mème , après u , l'arménien chi. etc., en regard de lat. qui ), les dialectes occidentaux les
n'a que les représentants des anciennes prépal~tales, ainsi ont, li. leur tour, éliminées au coursd'une pél'iode plus ou moins
arm. Iisani", " j'apprends ot, en regard de v. sI. vykn~tj, uli/j. avancée de leur développement ; seuls quelques dialectes
Si rrdppanle qu'elle soit, la concordance est p·eut.-être fortuite. germa niques ont encore aujourd'hui qu, issu de i.·e . or.
D'une part, en efTct le h'Uitement grec est contesté (v . OsthofT,
1. F., IV, 281 ); et, s'il est autl:aentique, il semble s'être réalisé
au cours de l'histoire propre du grec: car on a x:.iÙ:1i en face
de skr .mkrtim, lit. kàklas, v. :mg!. bwtogol, bwt:ohhol, c 'est-à-dire
qu'u.n loi, créé en grec mème, a e:<ercé cette action su run J,:w
suiyant. D'nutre part, l 'arménien a nwcanrtll ~t j'oins Il en regard
de skr. annkt; et de lat. lmguu, et aw;" serpent .. en regard
de lit. nt/gls, lat. angllÎs, donc les représentrmts des ancif'lmes
}lI'épalatnleli après une diphtongue cn u, où ru est issu _ dans
des co nd itions obscures - d'une nasale indo-européenne.
Si nt1ll nmoins on admet le rapprochement du fail armênien
avec le rait grec supposé, il en résultel'ait une ligne seconda ire
d'i soglosses qui croiserait la grande ligne du traitement de!'
gutturales,
U:f; ""\'EI.U :S (1 ":1' Il

était une yoyelle de timbre intermédiaire ('ull'e 0 el /1: ùans


les emprunts popuhlires , r x gree el'ilt "eudu par 51. 0 ou a dans
des conditions qu'il n'y a p:"!! lieu de rechercJ:aer ici, par
exemple , v. 51. korablji de gr. xx,:i~ \: .. (ou plulul .,.2?i ~~ .. ). Un a
ancien a pu aisément donner un pareil 0, et il n')' a pas lieu
CHAPITRE VI de meUre le slave à part dans le groupe de dialectes dont il
fait partie à ee point de vue.
Les yoyelles D el â sont distinctes dans les mêmeli dialectes
qui distinguent D et a; on .,nolera seulemen t que, dans les dia-
LES VOYELLES 0 ET A lectes celtiques, l'D accentué passe à n; comme J'accent n 'est
pas à la même place dans les divers dialectes du 'S'roupe, ra
Le celtique, l'italique, le grec, J'arménien (et le phrygien ) occupe aussi des places différentes; oinsi 1'11 brittonique de
distinguent régulièrement à et il. et ne les conConden..t que v. gall. ptfgllar, bret. pcvar (cf. got. fid'UJOt' ) ne SAurait sc retrou·
dans certains cas particuliers, peu nombreux et rigoureuse- ver en irlandais, ou l'accent est sur l'initiale. - De plus 6 ct
ment définis , et variables d'une langue à l'autre; b ces deux a sont demeurés distincts en albanaili, ou. D est représenlé par
voyelles distinctes, les autresdialecles répondent toujours par e, d à par O. Enfin le letlo-Iiluanien a, mai.II dllns un certain
une seule voyelle, qui est de timbre a en germanique, albanais, nombre de mots seulement, Il qui représente · Il, landis que
baltique el indo-iranien, de timbre 0 en slave. Cette ligne dialec- ·11 Cl'l t toujourli représenté par lit. 0, leUe a. qui répondent
tale croise donc celle des gutturales: J'arménien va ici avec le aussi à une pattie des ·â indo-européens. En indn:-iranien, en
grec, l'italique et le celtique, tandis que le germanique con- slave, en vieux prussien et en germanique, la confusion de Il
corde avee l'alhanais, le baltique, le slave et l'indo-iranien. et de Il est complète, d·ou. : indo--iran. d, III. a. V. pl'Ulili. Il,
Ceci n '8 rien de surprenant : chacune des lignes qui marquent germ. D. La confusion dell et Il ne s'étend donc pas tout Il fail
les limites dialectales, dites ici IigOCli d'isoglosses, est indé- aussi loin que celle de Del d, ce qui est naturel puilique les
pendante des autres, comme le montrera la suite de ce travail. voyelles longues sout plu~ stables que les brèves de par leur
A'Vec son timbre 0, le slave semble se distinguer des autres quantité longue ; mais elle n'a lieu que là oùD et ase confondent.
h,"gues du m!me tfroupe; mois ce timbre n'est pas néce~S{lire ­ Ici encore apparaît l'indépendance des lignes d'isoglosses.
ment ancien. Immédillte ment a"8nt l'époque historique , le Resle à savoir si la confusion de 0 et de (1 ed déjll ind~euro·
slave avnit une voyelle brève 0 qui servait il la fois d'o et d'a; pécnne dans leli langul's indiquées; ce n'est pnsévidf'nt; maili
cet 0 rendait pltrexemplf', dans lea empruntl'il, 0 et a d~s 1:'lRguel'il la con tinuité des deux domaines est telle que le déhul de la
voisines (grec, germanique etlatin), ainsi dans sobolà '1 samedi II; tendance à la confusion ne peut guère ne pas être indo-euro-
inversement, des auteurs grecs du YlL~ siècle rendent asse7. péen, et que la co nruliion même élait peul-être achevée déjà,
souvent par gr. IX 1'0 8Ia'Ve , comme ra montré M. Kretschmcr au moins en ce qui concerne la hrève.
(Arch.f. slat). Pbil., xxviI, 128et suiv .) ; M. Vasmer, K. Z., Pour l'indo-iranien, on opposera la loi posee par M. 8rug-
XLI, 157 el suiv., a olTaibli la portée des fails signalés, qui mann, suivant laquelle * 0 (alternant uvee · e) lierait reprélienté
a'Veit èté exagérée par M. Kretschmer; mais il n'a pas réduit par If en syllabe ouverte de l'indo-iranien. Mais cette loi ne
Cf'tte vall'ur li z~ro; el il suhsil'ilte 'que 1'0 slavCl du VII~ lIiècle semble pas pouvoir être mainlpnue , en dépit de tous les elisais
56 DlAU:t..Tt;.~ INJ~-t:U IIOptt.:NS

de correction , comme on s'est eflorcé de le montrer (M. S. 1.,


IX , U2 et suiv.; XI, 1{ et suiv.; XIII, 250 et sUÎv. ; XIV,
190 et suiv. ). Des f!xemples isolés comme skr. danlD~ = gr.
Z;iJ.~i, kaM (cf . lit. ;Jra/IJ et skt.liû), divi/.-kartil; (cC. (nrati) surfisènl,
semble-l-il, /1. écarter l'hypothèse de M. Brugmann.
A l'égard du germanique, qui est lout à l'extrémité du CHAPITRE VII
dClmaine de cORrusion des timbres 0 et a, et où par suite il ne
serait pas surprenant que ln confusion totale ellt été achevée
plus lard qu'ailleurs, on a invoqué ce rtains C88 où, en syllabe
inaccentuée , un ·0 se serail maintenu jusqu'à l'époque histo- LE GROUPE TT
rique. Mais 1'0 inaccentué de noms propres transcrits par des
étrangers , ('omme Longobardi, prouvetres peu ; il n'y 8 pa.. non Dans les cas où un élément morphologique se termine par
plus de conclusion précise à tirer de formes telles que v. h. IL une dentale et où le suivant commence par un t, on observe
'Ilgum. etc.; il semble y avoir dans tous ces cas une action deux traitements différents suivant les langues : SJ en italiqut',
des labiales sur les voyelles inaccentuées (v: Eulenburg, J. F., celtique et germAnique, st dans les autres langues, y compriH
XVI, 33, et la bibliographie citée) ; si même ces 0 sont unciens, l'albanais (v.Pedersen, K . Z., XXXIX , U9et 8uiv ), l'illyrien
ils ne prouvent pas. quïl n'y ait pas eu conrusion de a et 0; (v. Johansson, J. F. , XIV, 267 et .!Iuiv.), le thrace et le phry-
cor le traitement de a en cette position est inconnu, raule gien (v. ib. 269). Pour "arménien, on n'a pM d'exenlples sûrs
d'exemples , - D'autre part , on a supposé que .Jru se serait (raul-il rapprocher xisl \1 dur Il de xiI u serré, pressé Il, el de
délahialisé en germanique devant un ancien· 0 , tandis que skr. khidtiti« il déchire, il serre Il ?). Le sanskrit doit être rlis-
allsurément tJtwa. demeure avec la valeur labio-vélaire ; mais cuté isolément. On citera par exemple: zd hosto en ("ce de
les exemples do cette délabialisation devant · 0 sont contestés lat. -StsSuS, ir!. sess Il siege" -lit. -Islas, gr. (ipt- ) cr.~'f : lal.
et incertains (v, Oslhoff, El, Parerga. , l, 323) ; si ,'on admet cette iSIlS , v. h. a. ds, irl. tss.
hypothèse, qui est douteuse , il n'en résulte même pas que Ici l'italique, le celtique et le germanique ont une mc\me
la tendance à la confusion de 0 e\ Il soit de date postérieure' à innovation assez imprévue, et par suite caractéristique. La.
lïndo-européen el proprement germanique: puisque les labio- co~cordance des autres langues es.! moins instructive, ~ien
vélaires sont de date indo-européenne, la délahialisation devant qu encore notable : le grec concorde avec les langues onen-
· 0 pourrait être, elle aussi, de date indo-européenne pour le tales, et non avec le groupe occidental constitué par l'italique,
dialecte qui a fourni le germanique. le celtique el le germanique.
La confusion de 0 et Il fournit donc une . ligne d'isoglosst's Lorsque le second élément morphologique considéré com-
nettement dessinée, et distincte de celle des gutturales. mence por une dentale sonore ou sonore aspirée, le résultat est
,d(lJ) dans les dialectes où l'on ft st; pour les dialecte~ occi-
dentaux , aucun fait clair n'efl;t attesté, et le trllitement est
difficile à déterminer; on verra ci-dessous la discussion de
lal. crid~, v. irl. crtlim. Exemple: gâth.WÎ,dydi u pourconnaitre Il ,
lit. t'{i,Ji n voi!ll ", gr. FlofJ~. Rn iranien, dans les conditionK
I.E GRQI;Pf: Il

défin ies p..'\t' la loi de M. Barlholomae , on a aussi Zd, ainsi, de dbehi (Je dh de dhehl, qui n 'est pas phonétique, est dù li. l'in·
de la racine *hhe,uih· avec le suffixe *-ter- au féminin. zd bao{dri lIuence des autres formes de la racine dha-, et s'est généralisé
" fem elle qui apprend il, connaître le mâle Il; le gre<: répond par parce qu'il permettait de dilTérencier dhthl u pose • de dthl
~- naturellement: :::J~t;. u donne ))) .
Un mol enfantin garde ft (ou le simplilie en t) dans les bodbi« fais attention )J, {orme athématique isolée dans la
deux groupes dialectaux: occidental, lal. at/a, irl. ailt (1 IUp- racine skr. budb- ; cf. toutefois les 3'" plur. àbudhram, âbudhran.
posanllt, puisque 1 aurait donné ici th), got. fllta, Y. h. 8. alto yodhi ft combats )J, t fois dans le Rgveda ; cf. le participe
-"oriental, gr. Ih~Œ, 81b. al, ossète Ma, v. sI. atid. Le mot yodhd"ab, aussi athématique.
fail dimculté ; dire que ce traitement particulier est dû à ce Ces quatre impératifs sont II. peu près seuls à représenter
que le mol appartiendrait au langage enfantin ne reMut rien le traitement phonétique ·-{dh- en sanskrit : les autres
paree que le langage enfunlin fOst propagé par les personnes exemples invoqués sont au moins douteux. Mais partout où
qui ont atteint leur développement linguistique complet : En l'on trouve skr, --ddh-, c'est·à--dire dans li peu près tous les
réalité , les règles relatives au traitement de *u (l'esp. ·ddh) cas; c'est l'analogie qui en doit rendre compte. Si l'on
ont le cOractère de règles d'alternances morphologiques; ces admet que la 2- pers. plur, impér. at/à est phonétique, on con·
règles reposent sans doute sur une lt'ansformation phonétique çoit très bien comment addhl a pu être refail, et de même vid·
très llnciE'nne en indo.européen ; mais Jo règle n 'alternance en dhl, cIlriddhi, 'IUlmaddhl; et si le type suttal; est phonétique
qUE'stion ne s'appliquait pas (lUX géminées du langage enfan- (en regard de zd hasfIJ), la rMection de tout le type bud·
tin, qui pouvaient du reste avoir une autre prononciation que dhlb, huddhâb s'explique aisément.
celles amenéell por des rencontres morphologiques. Le skr. çraddhri!( foi )', en face de ld ,ra{dà· fail au premier
Il peut dès lors paraitre surprenant que le sanskrit présente abord difficulté : mais en védique, le premier terme de ce
regulierement Il dans les conditions où les autres langues ont, juxtaposé avait encore une existence i~olée : çral le dadhdmi;
les unes st, les autres ss: satt"~ , tJitta~,atti , vtttha, etc" ou avec ceci suffit il. justifier la forme avec ddh. Le lat. crldJ et le Y.
ddh: viddhl, buddhl~, boddhar-, etc. Mais, à regarder de près , on ir!. crtlim (Où. le 1 est la graphie d'un d occlusif) sont des mots
s'aperçoit què le sanskrit a éliminé lE's traces d'une altération uns au point de vue latin et au point de vue irlandais; mais
d,., -tt et -ddh parallèle à celle de... autres dialectes orientaux. on n 'en saurait cependant déduire le traitement de --ddh- dans
La chose E'sttres neUe en ce qui concerne le groupe sono~ : ces langues, puisque, au moment où s'est établi le traitement
à côté du trait.ement aUelOté parskr, viddhl, buddhlb, onen trouve de la dentale géminée, les deux é.lémenls pouvaient être en-
en elTet un autre qui repose sur --{dh- , dans les quatre impé- core - et étaient même san~ doule - auLonomeA. Le mot
ratifs ... uivanls en ·dhi : lat. crtM ne prouve pas plus pour le traitement de ·-ddh- en

d~ttdt, dhtJua; dhatsva.


.
dhehl « pose u, forme existant dans le flgveda en face de
' latin que la 3 e personne ht pour le trAitement de ··u- {la forme
phonétique est fournie par lSuS ).
dthl le donne ", 10 fois dans le Rgveda, tandis qu'on y 'l it Le mot addhll « t'n vérité ", cf. v, perse ct glith. ll{da est
daddhl, 8· fois; cf. 1d dll{di . Le d a été parfois restitué sous embarrassant; ~i l'on en connaissait exactement la formation,
l'influence de dalta, fÙldmaJÎ, dadati; pareille restitution n'a qui est obscure, la solution apparaîtrait sans doute .
pas eu lieu pour dhthl, pa.rce que les formefO dadhnuJSi, dadhati, M. Johansson, J. F., XIV, 3tO et suiv. , s'est elTorcé de
ayant dh intérieur, et par suite d initial, étaient plus éloignées prouver que le traitement phonétique de --Il- en sanskrit est
60 Duu;cn;s INOO-EUROptENS 1.1:; GJWt:I'" Il 61
-st- comme dans les autres dialectes orientaux. Saur peut- pourquoi ce traitement aurait été éliminé par J'amtlogie ; toutes
être une ou deux, les étymologies qu'il apporte à l'appui de sa les autres langues onl conservti le traitement phonétique -sl-
théorie ne sont pas de nature à l'établir; il s'agit d 'étymo- ou même le traitement plus singulier et obscur -ss- ; le sans-
logies plus ou moins douteuses, portant pour la plupart sur krit seul aurait entièrement aboli le lype phonétique dans tous
des mots rares et mal aUest~s; or une étymologie n'a d ' inté~t les cas oit il {'51 si bien consen'é par ailleurs. Une fois donnée
que si eUe est évidente; il est toujours possible de multiplier, la 2e pers. plur. aUa " mangez ". on con~'oit que la forme
t.utour d 'une théorie quelconque, une série de rapprochements addhi " mange .. soit créée par analogie; mais aucune analogie
à peu pl-èS plausibles; ces rapprochements deviennent admis- n'imposait de substituer alti" à un nncien -aSla. Là même oil
sibles si la théorie repose sur quelques raits sûrs; là où tous le système des formes a amené quelques in1l0Vlltiolis. comme
sont plus ou moins dénués d 'évidence, ils ne sauraient, malgré en latin, la forme -If- n'a p..'\s·été restituée, hien que la Iangul~
leur apparence de possibilité, rien prouver et n'onl aucune eût Il dans certains cas: atta, attÎngJ. etc ., ri J'on a Isl, tstis.
valeur. (la valeur des témoignages de grammairiens sur lesquels
Un fait est certain: l'indo-iranien n'a pas re~:u --st· et repose l'affirmation de la qUilntité longue dans ilt: titis est clu
--,dh- ; car on sait que -s et -{ deviennent toujours -J et -t reste contestée maintenant par M. Vollmer, Glotta , 1, 113
après -i, -u et -r en indo-iranirn. Or, en iranien --ill-, --1111- , etsuiv,)
--rll- aboutis~ent b. -ist- , -I/st-, -rst--: zd llista, -lof/sM, etc. Un seul des exemples de M. Johansson est propre il susci-
Ln même observation s'applique- à --ddh-; 'car le védiqur. a ter un doute, c'est skr. dsfhi (gén. astbml~ ) U os 'l, en face de
bodhi, yodhi, et non -botjhi, -)vx/.hi, et le zend a bno{dri. C'est 'n,
l.d ast-, pers. aSI , gr. :CI",:,ic'l, arm. oskr (de -oSHu-tr- et de lal.
donc -·t't-; ·-dfdb- qu'a 1'e~' US l'indo-iranien. os (ossis ) et ossu , OSSUIII (le mot n'est pas attesté dans les autres
Or, en sans~rit, une simante ou chuintante comprise entre htngues Il traitement -ss-), En pa"hmt de -onh-, on e xpl~que­
deux occlusives tombe : 'en regard de ilbhokii, ana ilbhakta, cr. raiL la (orme latine qui est autrement très obscure, et d 'autre
gath, M:dt4; en regarrl de khàn, iuhànlsu~, ail a ilchdntla; et part le skr, aslhi ne peut l!tre que phonétique . Mais l'h,ypothèse
-ut-sthita~ aboutit à uttbita~, Dès lors,le Il de skr. littoral; = de M. Johansson de\'anl être écartée pour les raisons indiquées,
gr, ~"'Uf: ; peut représenter -1'1 ; et comme en lout cas le stade il faut expliquer le lat. os autrement: de méme que l'on trouve
-st n'éta it pas encore atteint au moment de l'action de i, Il , r en slave le thème en --es- oko, olm (cr. skr. dksj ) en (ace du
sur s suivant, c'est bien -l't qu' il faut poser comme form e thème il suffixe 7.él'O ok- du duel aii, on peut poser -oSIb-s-
indo-iranienne . Et l'aboutissement historiquement at1csté Il l)our expliquer lal. OSSO, comme M. Johansson lui-même ra
de ce -1'1 est cf! qu'on doit attt'nd"e en sanskrit, fail autrefois.
Le fait que phonétiquement --d:db- a abouti 1\ skr. --{db- On conclura donc que le traitement indo-iranien de --11-,
(d'où dhthi, tkhl, bodhi, )'odhi) n'est pas une ~bjection : la sonored -·ddlJ- esl --t't-, -·dtdh-; el c'est IOQns doute sur ce~ mêmes
a une articulation moins intense que la sourde t, et -dcdh a pu originaux que repose le -st·, -:;,db- des autres dialectes orien-
passer a -{dh, sans qu'on soit obligé d'en conclure que -t't taux. A ce traitement s'oppose le -ss- de l'italique, du cel-
devait donner -st. tique et du germanique.
La conclusion de ~L Johansson ne s'impose donc pas a
priori. Et en rail, elle doit étre repoussée, ca.u;.i.l'on admet que
l'ancien -Pt donne phonétiquement skr. st, on ne conçoit pas
63
skr. Pli"./(i(,. v. id. Iii-II, lil. pi/-lias, \'. si. phi-mi (SCI']JCPÙII) .
ell regard de v~(l. ptir;'t/Ia/l-.
Peu importe ici la nature indo-européellm: de -li, ./ii, -r, ·7
( SUl' la définition de ces symholes, v. A. Meillet, ],lIrodllcl . Ii
l'il. (j)jl/p. du lal/gun i.-r., 2 ~ édit., p. ~\. et sui,', ) : le (ail essen-
CHAPITHE VIII tiel est ljue ' .1 sc combine souvent avec la sonant!) qui préccde.
Ces deux trails de - 1 sont indo-cUI'o pl;ens commu ns ; mais un
troisième li'ait, qui allesle égaleme nt la d éhilité de - J a un
caraclèl'e dialecbd :
THAITEMENT DE ;/ 3" A l 'inté rieul' du mot (c'est-a-dire dans une syllabe qui
ne soit ni initiale ni finale ), - J sc maintient génêralement en
Tous les dialectes indo-européens s'accordent. à représen- siUlskrit d 'une part , en grec , italiljue et celtique de l'aulre ,
tel' par d (ou sI. 0, représentant de ·à) le phonèm~ i.-e .•,; mais t ombe touj uurs cn irllnien , shn-e, baltique, arménien et
seul l'indo-iranien diverge, avec son i (skr. putt, zd pila, en germanique. Lt" maintien de - J en sa nski-it n·ult.e ste évidem-
face de gr. 'lt"Œ'ri;P. lat. paler. v. irl. athir, got. fadar, arm. hayr); ment aucune parenté spt;ciale du sanskrit avcc le grec , lïia-
de plus le grec a 1 ou:> dans les cas où, alterne avee t ou d: . lillue ct le cel tique, CUl' il ne s'agit que de la conservation de
'tf!h)lol.l, ·d611U~; l~ljd;, "l'In-n\p; mW~I. !(!~IIoI\l; etc., et. cette l'éta Lancien; mais la chule commune dl; • J dans des lanJ{ues
déviation atteste que le timbre de·, était encore mal défini au g éographique me nt groupées: iranien, slave , baltiqut", arme-
moment. où a été fhé le traitement. hellénique. nien et germ(lnil.{uc, el)t à noter, comm'! un fail dialectal
La débilité de ·or. phonème tout particulier dont M. F. de important. L'exemple caractéristique est:
Saussure, dans son Mémoire, a lumineusement établi la singu~ skr, duhitlt, gr, &:,,";i-;'l'jp, mais gr.th. dugJda (dissyllabique),
larité, ressort de diverses circonstances dont les principales 7.d Oll','~, 1I1'IU, JUJlr, v. sl. oiilli, lit. dI/kIt , gol. dauhlar, La

sont 1eR suivantes: chute de· ' a été assez ancienne pour que la loi de M. Bar-
1° L'élément·'I ne subsiste jama~s devant voy t'Ile, et dis- tholomae se soit appliquée en indo-iranien; le persan a cepen-
paraît. alors sans laisser de trace: skr. jan-a~, gr. ll",-or;, lat. dant dl/xl, du.\'lar; mais la sourde peut s'expliquer par une
gtn-I/J en regard d~ skr. jani-t6, gr. l'",I-'t'IjP. lat. genj·tor. Une influen ce du 1 de -,mitar-, ·pitar- , - b,iitar- sur l'original vieux
forme telle que al~bllt:G'1 est une innovation proprement hell.a- perse de pers, ol/xl et dm'/ar.
nique, et c'est le type véd. d-Ij~ {' ils ont donn.a ". dtid-ati " ils En slave el en haltique, - J tombe dans la syllabe intérieure
donnent 1> qui représente l'état indo-européen. du mot sans luisst'r aucune trace apparente apres occlusive;
~ L'elément -, se combine avec une sonante précédente non de là sI. m~s/j " troublel' ", cu face de véd. mlmth;lawû; lit.
précédée eUe-même de voyelle, et il en résulte les sonaotes Spltc'{li, spllsli cl splinlu, sp/h/i, ou plan/li, pUIS/i, et v. sI. plrS/la
dites longues: -ù et -f d'une part, -(i, -;p, -f. -1.de l'autre : " plante de pieds" (de ·plc/hJsnii ). e n face de skr, pralhi-mim-,
skr. pu-ta~. lat, pil-rus, v. irl. a-nad ,( purification ", en Pllhi-d, gr, ~i,%l'%-fu~" Il;,%-;:z,t%(, ~)'i~:z-vo;, gaul. Lila-1';a, \'.
regard de skr, pavl-tram {( moyen de purification ". ir!. le/ha-n " large " ,
skr, i4-ta~, lat. (g )n4tus. gaul. -gnil/os, en regard de skr. Après sonant.:! , M, F. de Saussure a reçonnu pOlir le litua-
jalfit4, etc. nien . et l'on a montré pm' la suite pour le slave, que la chute
61 TIIAtTt:.\IE;>'T IJ~: J ti5
ùe • J déterminait lïnlonation rude de la diphtongue nou- v. h. a. birihha, il cOté dp. v. angi. !Jwrc; cf. lit. bir~as, serbe
velle ainsi produite , I~r ~pposition à l'intonation douce des brt{a, l'Usse beri{a.
anciennes diphtongues: i.-e .• trI donne lit. d t, russt: 11'4'1, Dans ces exemples, ra de ha/am , l'j de birihha ne repré-
serbe djtt, mais "'( nt donne lit. trI, russe ( ri t, serbe rit. Pal' sentent pas directement .J, mais une sOI'te de résonance
e:<emple, en rf'gard de Jat. lIIoli-IUS, on a lit. mtHti "moudre ". pro venant de la prononciation particulière de la diphtongue
russe lIIo{61 ', serbe III/Pli , De mème les sonantes longues .~ . déterminée pal' la chute dc -, .
• iji, .'i. ·l~ {JUi se composent de ·/1 , "'/1/. ·r, "'/ plus . J, donnent En dehors de dm/r, l'arménien n'offre pas d 'exemple déci-
3U baltique el au slaye des diphtongues rudes, par con- sif; peut-être pourrait-on encore citer ctlmll Il toison " , qui
tt-aste nvec les souanles hl't:\'es ·{l, "" li , "'r . ·1; 011 a ainsi lit. appartient à la famille de skr. linlil , serbe v{ma, lit. vl lna ,
pi {MS, serbe ptin en face de skI'. pürt/âb , v,, id. la" , mais lit. lat. [atm, et suppose par suite -Wel1-; le lat. udlm a subi l'in-
toi/kas , serbe Vtik, en race de skI'. 't'flm/;. La chute de·' sc tra- fluence du vel·be uello, l\.1ais il n'y il pas d 'exemple contrail'f',
duil donc en balLique el en slave par des efrels définis. cal' ra de ara·wr 4' cbarrue » peut répondre â rd de lat.
Rn gel'mallique, on ne voit pas (l\le - J inté"ieur soit jamais ani/mm, ani-re aussi hien qu ' au· ~ de gr, a.po-:p:;~ , lit. arklas,
conservé, et il y a des exempl.es où la chute de -, est certaine: serbe rli/o. Et l'on notera arm, anllukn « coude .), ('n face de skr.
par exemple v . sax. kintl de -gtn~fJ... ; en face de gr. ~Ed-vV~I'U , Irmatl et de serbe rame; on n 'a pas le moye n de détermioer si
-::lu-À:v, on a v. h. tI.jedd(-gold) ct v. angl. (goM- )fell " feuille arm. al'- repose ici SUI' -i- ou sur *ao- ; mais dans un cas comme
d'or J) (soit -fipla- ct -jmM- ) Pot v, angl. jardm , v, sax. jallJllws dans l 'autre, - J n'est pas représenté: arm. ar estle traitement de
l' les deux bras t!tendus n . Vne forme telle que Y. isl. Jarum .! bl'ef, et les traitements de .. f et de -j Ile se confondent que
" nO\18 avons semé Il s'explique donc par l'influence de sarU'1 dans les langues qui , comme le ~rmanique . ont perdu .,
où 'tm représente ·'1,!I, et ne repose pas directement sur · JesJmv. intérieur: gol. julls « plein " , de 'jlllna{, suppose' - p/(' )1WS,
cOllune' on l'a parfois supposé . En del'nière syllabe, il semble avec chute de -, . De même. on ignore si , dans arm,
que", ait donné u: l'II de y, h, a, anut en face de lat. anas (dr· )and-kh 4' montants de porte ". ml repose sur -aIlJ, cf. l~t.
(alli/is ) et de lit. tÎnliJ provient du nominatif singulier ; c 'est de alltiU (de" onJ/à- , avec syncope de a intérieur), ou sur 1i,
même d 'après le nominatif singuli.er que , en regard d~ lit. cr. skI', IUilQ; même dans ledel'niercas, ' 1 est tombé, car arm.
mH{1I " je trais n de ·IIIÛJg- , on a gol. milub " lait " , v. h. a, ail est le traitement de ·u bref.
mi/I/b, v. angI. saxon meoille, y, isl. miçlk: la forme des autres En ce qui concerne l'iranien, on a contesté la const..1.ncc de
cas est conservée dans v. angl. angle mile (sur les formes de la chute de - , inLéri t>ur (v. Hübschmann , J. F. , An,., X, 4:j ct
ce mot, v, en dernier lieu Osthoff, J. F., XX, 177, avec les suiv ,), Les t!xemples de chute de ., sont clairs et indiscutables;
renvois biblographiques), Pour les exemples' de chute de - J en
skr , bra11jJ j 7.(1 .//Irae;/i
germanique, cr, Hirt, Ablal/t, § H6, La chute de J a sans
drtiviyob draollo
doute eu pour conséquence une forme des diphtongues, d'a-
bord différente de, l'ancienne forme, comme Cil baltique et en la misra· llJ9ra- (pl'I'S, fâr),
etc .
slave ; ~ais la plup~rt des dialectes germaniques ont éliminé
celte particularité ; touterois le vieux baut allemand en u sans Les exemples contraires , t'Il revanche, sont sans valeur. 11
doute encore quelques traces; ainsi: y a des aoristes en -il -; mais l'j s'y explique par un ancien -i-
v. b, a, h.a/am , Z' côté de v. isl. hallllr ; cf. serbe sM//Ia, comme rj de lat. -/rql/-ù - /i. Dans v. IJCrse hadj! et 7.d '){Idii, l'i
russe soMma et gr . x:,ti,<lrc; ,
"
66 67
représentant·) (ou plutôt i) est cn syllal>e finale . Les exemples la diphtongue skI'. f IF. de Saussure , M bllo;,.l. p . -'.\.2) : Uil n
de zd airime" tranquillem ent " en regard du premier terme de donc:
composés annal- sont tau!! dans de!'! textes en prose, el l'on ne s kI'. bibl"!;" il cl'o int ", cr. lit. Mi/llt, el ~kt-. bhua!" lette
saurait affirmer que Je mol ail trois syllabes en aucun passage. bltis, dont l'f ind ique le carocwre dissyUabique de la racine.
II est vrai que *J tombe parfois, même en première syllabe: skt-. kreJ)'afi If il al· hètera n, cr. gr. (·"It"pta.-i-l"ljY ct skr. k,.uli!,
gf,th. plà, ptaolli. jèrlJi, en regard de zd pila; mais la chute peut (avec f),
ici s'explique.' par l'ex istence ancienne de ju'lttaposés tels <fue skr. aditkt " il a hrille »; cf. hom. ~ia-l";, cL skI". didlhi,-dflib
vêd. fl)'1J/1i pifA, cf. lat. ;"ppilrr . .II est vrai aussi que parfois (avec n.
. , iutérieul' n'est pas repl"ésenlé en sanskrit, ainsi: dndmasi, skI'. riJa" "courant ,,; il côté de ril}l~fj, rltitJ; qu 'on l'ap-
dadmaJJt; mais l'analogie de la 3- personne du pluriel ddd oli. 4
proche de Jal. ril/os ou de lil. ft'Ii el l!lfi, on p.ut de i.·-e. *t')'J.
où·; manquait cOrl'cclemenl devant voy~lle, s uflit à expliquer skI'. nifar- et ntltir- " conduct~ur n, subj. aor. lIt$ati, en
ces formes. El j ne manque pa s en sanskrit 111 où quelque fait regard de nildt,.
analogique de ce genre n'en expliquel·;'IÎt pas l'élimination. skI'. -killob" de détruire Il, à côté de }qitJa- el cie }q;,.uiti.
La présence ou l 'ab.'lence du ton . n·est jamais pOl\l' rien dans skI'. ·mttDl} " d 'en dommager ", 'IUIra, à c6tê de mita· et de
la chute de • ,. lIIinJti.
Il Y a dOllc une chule de .} intérieur co mmune il l'iranien, skr. pretdr- prmuill" en face de pri/dt, el prj,.litt;, cf, v. sI. pri-
au slavl':, au haltique, il l'm'ménien et au germanique. Il en jat; et gol. Jrijon.
resulte de curieux conlras tes , comme celuide r. terit', tch. tN/i, skI'. apïpet, plru~, en face de pilla" et Pi'Ayate; cf. aussi lit.
el de gr. ,:i?!'':fl~~' lat. flrl·bra, irL lara'lbnr \de ·tOr1. ), g:.J1. ptt/as (1 lait 1).
faradr; ou de v. 1Sl. l'nd Il soufRe >l, anda (1 soufller u, mais ski'. skr. adidhtt I( il a !)ense ", cf, dhj/a~ et dhyiili.
dnitj li il souine ", d"j·/a" ({ vent n, gr. ŒH-!'-O;, lat. allj·lIIa, skI'. 'lXt; « il poursuit )j; cf. gr. Ft'!,-'lII, lit. wjù, vyt; el skI',
irl. QIIQ·l, galL alla·dl. tJitf~, v, sI. (vü{- )vitl C< gain ".
Lu contraction en ~ f de ln sona nle·y avec un ., suivant est skI'. jihreli ,( il a honte 1), cr. hr1t~.
sans doute un fait indo--curopéen commun, antérieur à la chute Le sanskrit a donc e là où l'on attendrait nya; si le traitement
dialecl..'l.le Ile .} intéricUl'; car la forme 11. dcgro zero · ·1- du de *, après y était i, on pounait croire qu'il ~'3git d'une con-
sutnxe de 1'0pL'l.lif athématique l'st attestée en iranien: gall!. traction de *a)'i : mais la i '" personne -)'a de l'uptatif moyen
vairflllaidi. en slave ,'. sI. dadilllli, dadite, et en germanique: en regard de la désinence ordinaire -j de la 1'" personne
goL gtbtillltl, v. h. a. wlfrf1miS, elc.; il n'est pas lH"ohable que moyen np secondaire montre que ., est l'eprése nle en sans krit
n de ces optatifs soit -analogitlue de formcs oil la voyclh: par fl apres y CO illllH' devant y. Là (Il! le sanskt-it prese nte, â
.~e rait en syllabe linale, cal' à date indo·européenne, la 2" per- lïnlérieUl' du mot, fl)'i, c'esl une form e secomlail'c , créée
SlH\nesg. nct. est *-yts, et la 3~ ··)if, au degrél. par analogie: ainsi le vé<l ique a jbar· dissyllabique R. V. l , il ,
POUl' apprécier ce que signifie la coïncidence de ces langues, 2 = V, 25 , :; - 1,66,3 - IV , 20, 5 - VIII, 99 , 7 - IX,
il faut notel' que r Oll obsct've des chutes de·J dans d 'au tres 90, 3: plus tard on trouve jayjtnr-; mais l'ndjectif verb,d jilift"
dialectes illdo·e\ll'opéens, mais cn des condition1'o dilTérentes. avec son " suffit il dénonce r le caractère secondaire de
En sanskrit, r·, intérieur (mois non pas .-J linal ) est tou- jayitllr-, qui du reste n'est ilttcsté que postérieurement il jÜar ..
jours tombé apres y pl'ée~dé de voyelle , ct il en est résulté LI tra ce de 1;1 ('hute cie .J en sanskrit se voit eept'ndant
68 69
encore parfois dans la valeur diss:o,nahique de I~ diphtongue e généralement dissy Ilabiques en grec: cf. du l'este skI'. blxtrltram
l-eprf5sentant -tp; on a ainsi nt/Jr- et pre/J/"- lrisyllabiques" et lat. (prae-)feriw/llm, skr. bharfnlan-, lal. {of-)fenunenl a, russe
comme le notedt!jtt)1. \Vackernagel, Altind. Gramm., 1, ~ 48 b, berimja, serbe brime, tch. brlml. Toutefois la rllcÎne a aussi des
p. 53; loutefois if ne Caut pas restituer *na),jtar- , ·prayitar-, qui formes monosyllabiques, notamment gr. 9€PJJ.'.f; on a noté que
sont des formes puremf'nt imaginaires (v. les exemples chez fip-:p:'j est déjà chez Homère, et l'attique a '(tp~-/;, en face de
Arnold, Vulic melre, P" 91 ). - On voit, pour le dire en pas- lesb. r!p!y;J; il est vrai que ~~P~-/; pourrtlit ê lre tenu pour une
sant, que si , à [a fin du mot, iodo-iran. li Il valeur parfois contamination de' '(~p~i et de rcp~'ji. Il demeUl'e curieux qu' il
dissyllabique (par exemple dans le génitif pluriel en -dm ) n'y ait aucUl~e forme dissyllabique après voc:llisme 0, mais
répond à une longue intouée douce du lituanien. la diphtongue toujours f~P~O'; et l'0PI-'-~;.
skI'. t (iodo-iran. ai ) à valeur parfois dissyllahique de J'inté- p.~Pr+' peut être rapproché de lit. mlzrga!, avec M, Solmsen,
rieur du mol répondrait, le cas échéant, il. une diphtongue K. Z., XXXIV, 23; la glose tiJJ.tprk a!a"lP6~. Hes. aurait subi
rude du lituanien: il n'y a là rien de surprenant: le dévelop- lïnn~ence de I-'-OPr-/;, influence inévitable à cause de ln suite
pement des intonations a eu lieu indépendammént dans chaque de brèves qu'aurait entraînée la forme '2JJ.!P::lrl;.
langue, comme l'a reconnu M. F. de Saussure, et les conditions Donc ~:>:iaaa~o doit son cl il. l'inlluence de ~l,J,'I'~, et a-:o~(lZT,
varient d'uni.' langue à l'autre; les intonations baltiques el est d 'après a-:I~::izw,
slaves traduisent des Caits indo-européens d'espèces diverses, L', du g-r. i!o),tZ~; est inëxpliqué : r, de [.;~û.cz+.; répond il
et le groupement est purement baltique et slavf';. l'i.-e. JO) attendu;cc. avec un vocalisme radical différent, skr.
En grec, ainsi que l'a brièvement indiqué M. F. de Saus- dfrgha~, zcl darJ-,-a, v. sI. dligü (s. dl/g ), lit. ilga!, et d"autl"e
sure, Mil. Nicole, p. 51 t, n. 2, i. - e. ''1 toml>e après une part véd. drli;hman- et "d driJio" longueur n; si obscur que
syllabe à vocalisme 0: soit l', de ~~),tZ;;, il est du moins frappant que cette forme
-:0PJJ.~; " trou!) : -:!P'-:P:>~, à vocalisme 0 n'ait pns l'un des représt"ntants normaux de i.-
:i,I-'-~;" mortiel' " (de" o/:il-smos'!) : ii.iw (1\1. Bartholomae :t e. "J , comme haü,t;:+. .. il en effet un !, comparable il celui de
rapprochê skI'. JlJrmt, Cf'; qui, tout en chilllgeant l'étymologie. -:ŒIJJ.lY IIR forme 'ai'1I;:6 que suppose l't de -~!Î,tZ'l'j; n'est pas
laiss(lI':ût subsister l'exemple; on partil'ait alors de " sol1-lIIos attestée).
ou " sO/:il-smos ; cr. Prellwitz, Et, wèrt, \ sous ce mot). La m~OIe chute d(' ' J après vocalisme 0 a san .. doute eu lieu
;:;P~1] " meretrix " : idpŒO'O'Œ, ;:tr.p~a'1..w. rlUssi en latin, comme l'altesltmt les exemples suivants:
,::5-:JJ.~; " SOl'1 »: ';;EO'O':i;.t.at (de "'It',u·~ :J.Œt) , 'It'€T.-:WlC.Œ. lat. (I/IIIIUS , cf. russe soMma , serhe sUl/na, tch. slama: et,
'l'Ohl-'-::I : tth\1,..w~, ,hi·, ",%)..\1-. avec vocalisme à degré zéro, gr. '1,:i)..2 :J.~; (de "k,o/nJ/os ).
~pO~t+, : -~p!p.injç, lat. collis, cf. lit. Millas " montagne o.
lt::Pa'll : lt!POl" (el de même dnlls les llull-es cas ail l'on a CI'U lat. spI/ma (cL v. h. a. fe;,n, v. angl. fiim), cf. lit. splûnt.,
l'econnaÎtreun traitement I;p de i,-e. "r en grec; cf. Brugmann , serbe pjhla, rUS.'1e pt na , tch. pina.
Grundr., P, p. in, § 52ï, et Gr. Cr.:!, p. 88). lat. farda; cf. avecdegré e, russe beritaja, serbe brUa (exemple
'lt'OpOJJ.6; (cf. v, h. a.farm ) : '/C!pliw, 'lt'ipŒ;. douteux , il. cause de la double form€' de la racine: 'bher- et
010'0'; : Fiti\1, cf. lit. vytj, lat. uÎlre. 'bherJ-).
f;P'I'O'; " fardeau ", '?~PJJ.;; il corbeille" : ,?tFttPO'j ct ip2pltpii, Il semble difficile de trouver un exemple celtique probant
lesb. f!pi~~, -fP+,::hI . Les formes nominales de la l'acine sont en un S('IlS qucleonque ; .. kr. badhirét& " sourd ,, €'t v. ir!.
hIAu:cn:!' 11"I>(I-EI R'W':':S!'

hotI"r, "ail. h)'ddtlr sont ambigus, cnr skr. -ira- e t celt. -{lrv-
lK'uve nt rf'présenter o.0ro- et 0-7ro_; et. si v. id. larann .. ton-
Ilt' rl'e n . I(all. larn/In sont à rappro<,hf' l' dl' lit. larli " dil'e "
(nn ci('1.111ement " faire du hruil ", changeml'nt de sens fn'-
CIue nt l, l'intonation lituaniennf' montre que le <,eH. ·n7l- repré-
Sl'nte ici o_"n_, rt non 0-;1,,-. CHAPITRE IX
Sur le san!'kl·;t, qui a confondu les timbrt>!' ( et 0 dan!'
rUllil.{ue n, on IIr peut rien dire : il est c urieux qu'on ail un
voca tif "etL fII/I(iJn~ à cMé de nvilh." protecteur 01 , plut. lilllif~,.
:\tRi!l ce n'est pa!! sur un exemplf' isohl de ce genre qu'on LE GROUPE O_Wy_

peut (Olltlt' I' tint> t1octl'Ïne.


Il demeUl'C dnne que 0) intérieur tendait h s' amuir dans tout A l 'i nt~rieur du mo~ , le groupe dt"s deux sonanles u.' ct y ri
l'e nsemble des di.liec tes iudo e uropéens: la chut e s'est ré-a- deux traitements différents. Si l'on prend pour type le
lisée dans des conditions identiques, d 'une p.'ut e n iranien , cm; où les voyelles suivantes de part et d'autre sont 0, 011" :
slave, b. . . ltique. arlUtinien et germ:\niqur, de l'autre en grec o~- en sanskrit, Arménien, grec , italique, celtique; mais
ct cn latin (f't peul-è lre ailleurs: les t~xelllples Illallque nt ). I.e '-l'flyo- en iranien, slave, letto-lituanien, gotique et scandi-
sanskrit j1I'ésf'nt., un type de chute apr~s y qui lui est propre, nave, soil skr. -arya-, gr. -C\~- (de 0-ono-), lat. -oujo-, gau!.
de mêmr que l'indo-iranien a un tr:lilrlllrut i de i.-e, ° J, qlll -00;0-, mais : zd -aoyn-, sI. -uje-, lit. -al/ja-, got. lJllja-. Ainsi:
IW sr rrlrOlI\'e lIullt> part nilJeut'S . skr. nâvyab, ion. 'tlIoç, lat . No"i"!, gou1. Novio-(dtlnum ),
gall. nrwydti, ir!. nlit (supposAnt -tIOW)W); mais lit. nmi;ns. gol.
mu}lS.
skr. saryâ~" gauche " , mais zd ~ , pehlvi bey. hvyak ( la
graphie avestique est ,d onc correcte), v. sI. 111;1 (de ° Jell)'OJ
donnant ° Jjell;oJ).
skr. g/wya/} etgtnryti~ ., de bœuf H . arm. log; co beurre ", gr.
( hn&:-\ ~m<;, mais zd tno)'~",,, de bœuf " (acc us . féminin ) .
. En gotique, la flexion manifeste l'existence du principe pho-
nétique dans le contraste de nom. hawi " herbe .. et de gén .
haf/jis, dat. Ixw;a .
Oes actions analogiques ont en partie troublé l'action de la
loi . Ainsi le litu.anien a t·· pers. aviù •• je suis chaussé de Il,
d'a près avili et le reste de la flexion du présent. à suffixe -i-,
l e pers, 4vi; avec le suffixe o_ye- , Je slave a la forme pho-
nétique : ob-u;lI. Du res te, avec ce suffixe°-ye-, la diphtongue
est de règle en baltique ~l en slave, ainsi dans v. sI. pl;II;~,
lit. spi/w;lI " je crache H , et de même dans tous les exemples.
ï2 u : G"OCPt: -w)'- 73
Les ,u ljectj(~ Cll·_j~ l·- rn- ) dt\l'iyés de thi'llI('s ('Il ·rl- ont la mann , Arm. Gramm" t, P" 'H). L1. toi supposée obli~e li.
forme phumHique ell sanskl'it et en U"nd : ~kr, -nt'yn-, ~, d renoncer it "interprétation sf(iuisante de «ml, hawiw " b"f-
-(10)'11-: Il! \'. sI. 1)'1I0'l.'ljl " du lilii " t'st allal0ë'ique, d'apl'1.'s gf'l' " par ·owi-pd-, et rend difficile le rapprochement, autrement
SI'lIl]I'I' ldal. sinK. l, lyn!'rl'f l nom. plur, ), elc, Le typl' phonétique très satisfaisant. oe llI'm , gC!f.'tll/ " je loue " l\Vt'C v. sI. Km""i
~sl tlolln\; pnr uj; 4. p(>l'e de la mèrl' ,) : le "ieux prussien awis " !wigner, s'occuper oc ".
mênw sens ) doit sa forn1(' ~ Ct! que le nomi ulltif singulier est A l'égard du gl'rmnnique, M . Brugmann, Gnmdr .. p,
t'Il ois t'II Imltiq\w . . \pl'i:-S "oye lit' lungue ou diphtongue, ce p. 797 , enseigne quI" le g('rmaniqup oceidcntnl con!ler\'" le
Imih!iUl'lIt es l unlillain· : L\\'csla a ainsi dnt'tya- /1" dntl'fl- traitement "-wy- : v, h. a., v. ~1.X. nil/wi, v. nngl. nfou:e, nfUlt
" t1t;mon ,,; It' "it'u:\: S\aVll a Slat"jtJ, 1'" pel'sonne, (11'('>s tie llnvi.ti, auraient·-ury- avec la gémination du germanique occidental
2~ Ft!I'S" t't de l'infinitif Slnt';li " mettre debout ", (It'vont -J'-' Mais il est tout aussi licite de supposer un oncien
Si, comme le croit M. Pe(h'l'sen , K . Z" XXX\lll, 196,i.-t!. -ntll"'yo-: cor la diphlongue de got. 11illji' R 'y retrouve claiN;!..
"'UI- dOIll1l' Ol·m. g entre "o," clll's , on pourmit interpréter arm. ment. La forme germ::mique occidentale présente cet intérH
~'Ofi .. bE'urre ., en 1)'1.rlant de L-t', orient. ",~OWl'yo-, ct l'exemple qu'elle conserve trace (le UI consonne devant y tout eo pré-
ne sel'llit p.1.S probant poUl' 1(' traitement arménien de ·-ow)'o-, sentant la diphtongue.
C)U t'st 1II~lIle uhlië'é de partir d(' · -llKijY1- pour expliqut'r un C'est Mns doute ce même point de départ qu'il faut poser
génitif Id que kl'KWO)' " du beurre, mais 1'i peut être dû it pour le baltique commun. En efTet, si le Vocabulaire (vieux
une l'estitution d'après le nominatif-accusatif Jawi, Il est diffi- prussien ) d'Elbing a crauys, en re-gard de lit. kraJijas " !!ang ,.
cile de !1'OU\'el'un exemple qui r~rute la théorie de ~·t . Pedersen , (cr. skI'. kratryam ), l'Encheiridion a krawia , Irawian (comme
parce que la Jjlructure de l'armé-nien comporte un u' (resp, t') l'a fail remarquer M. Zupih..1. , K, l., XL, 2ti2 ): el les rorme~
linal au nominatif-accu!!atif singulier des 1I0m~ qui (ournissent verbales ont ~e pers . -nu.je (v. ib., et 8enenberger, K. Z.,
les excmpleli, d qUll celte (orme suffit Ît expliquer toutes les XLI , R5) ; ~L Zupiha a même conclu de la forme lit. norijas
autl'es <JlIe l'uli pourmit opposer it .\f. Pedersen : Ittutm Ct jtl (flt non" ninujns) que la prononciation au est postérieure 0\1
dure "est contl'ail'C fi la doctrine d~ M. Pederspn, mais ln forme pasSllge de "tU! i_ at' en lituanit'n; mais il peut y avoir eu dissi-
Il'tu (. duré(' Il cn l'(' nd comptl'. l't Ainsi de lou~ 1('5 exemples. milation du j par le j intérieur, Le fait vieux pru~sien sub-
.\bis, Iii la tlH:ol'il' de.\f. Pedprscn n'pst pas l'Mutable, ell(' sisle; il concourt avec le germani«lte occidental à établir la
n'admet P.'HI dll,'antnge de démonstration : cn r on peut expli- ph3'1e inl"rmédiair(' ·_(/l''')'t-, qu',il faut poser pour l'iranien, le
quer le gfnitir Drtgi de arnv par "rewj'Iol, comme kog; ~r slave. le baltique et le germanique. On a ici ln trace de la pro-
"gOW}'O- . De même laygr " (l'ère du mari " peut reposer sur nonci3lion gémÎn(le dt's consonnes devant sonante quc suppose
-dniwr-, cf. le génitir-datif haur =gr. 'U'fpb;, '1I'I:I'fp(, et rien ne la quantité longue dt: Ja premÎère syllabe dans les groupes tels
prou\'e <Jue II' "w soit devenu g entre voyellcs. On voit mnl que ttre, tiUlt, ts)'t! en indo-européen, prononciation qui pst du
poul'quoi le "w intervocalique I«'rnit devenu g : le passage de J'Cste I\tte~ttle directement en sanskrit pa~ lf'~ grammail'iens (cf.
·w initial it g, le<luel n'est même pas constant en arménien, tient A , Meillet, Introd"ctioll , 2' édit., p . 102 et lillh'.). Il s'est pos(.
it l'attaque de l'initiale ; en perlian , où west représenté 'mi- pour ce groupe une difficulté assez gravl' que le!'! dialectes
vant Jes cu par b nug li l'initiale, ce traitement ne se retrouve ont résolue de manièreR diverses .
pos à l'intervocalique. Le mot arm.aregakn" soleil " dont s'au- Rn elTet, là où west géminé, Je premier élénlent de la
torise M. Pedersen est d'interprétation incertaine (". Hübsch- gémination se pr(lsenle normalement sous la forme JI second
élément de diphtongue ; c'e~t aiMi que, dan~ le lexlt" hom(i-
rique, on trouYe de vieilles formes, sans doute éoliennes,
lelles que CljÎ:r.l~~ valant Ii ( F) b:Z:~ (N +1), 1 ~.231~ \'l.lnnl i (F)-
:la.~ ( ~ 340), etc,; le , initial est redoublé ici comme le sont
A, ;Jo , ~, p, dans beaucoup d 'exemples analogues; mais le ,
géminé est noté :.1 (, ), et non ", A Cypre, sur la Table
CIIAPITIlE :\
d'ldalion, on lit e Il ve rda sa lu ( '~'?ll";Œ"ŒTU ) à côté de t. ve re ta
sa tll ("Pll't'ŒiU:l'u ) quelques lignes plus loin , Quand la gémination
se produit à l'initiale d'tm mot , cette notation qui défigurerait
1(' mot précédent n'ellt p.'ts employée, d'où Ii'lr? '(,,)i.e par LES SONOHES ASPIREES
exemple N 163, On s'explique bien ainsi la prononciation
·-all"yt-, Toutefois cette solution donnait une importance exn- l)n entend par sonores aspirées les pbonimu."s détinis par ln
gerèe au premier élément du groupe (lui était une géminée, mais série suivante de cOl'respondances :
sans doute une géminée faibl e, La première partie de la gémi- Sanskrit : occlusives sonore:; accompagnées d 'une articula-
née était sans doute assez brève; celte· brévité relative l'a tion glottale, qu'on transcrit par b.
maintenue distincte de fl sf'cond élément de la diphtongue Iranien , slave , ballique. allmuais, celtique : occ lusives
ordinaire en 1/ dans une notable pal,tie du domaine indo-euro- !ionores confondues avec les allciennes sonores simples, 'pal'
ptlen , où le traiten1(>nl apparaît dès lors SOUII la form e .-owye-. exemple Îrall. d = ski'. d ct db. Lr ge rmanique ct l'arlui·nien
ont au.'!si des sonores, qui se distinguent cependant des
anciennes sonores simples, parce que cell("s-ci sont représell-
tées par des sourdes. A ceci près, toules ces langues s'ac-
cordent à révondrr pm' d :m tlb .'ianskrit. par exemple, M, F ,
Kluge (PBB" l, t99. et Vorgrsch, d. altgtrm. Dial:! , p, :)fi7) a
supposé que le traitement ~. d, ': tlel'l " .<IOllores aspirées "
serait peut-être un (:lit dililectn\ indo·europé~n , mais Cf'
traitement Il'est atteslt~ nulle plut comme un traitement
général df"s sonores aspil'ées; il ne l'est pas pOU l' le germa-
nique (". ci-dessous , chap. XIII ); il ne l'est pas dll\'antage
pour lIne autre langue indo-européenne quelconqu~ . Le tmi-
ternen t spirant :lpparait p<lrtout comme un afraihlissement
propre it certaines positions, notamment à la. position inlf'r-
vocalique,
Seuls le grec et l'italique divergent, et divergent dalls un
même sens, opposant des sourdes <lUX sonores de toutes les
autre.'! langues. En gl"l;~C, ce sont les sourdes aspirée.'! du grec
ancien , 1', 6, Z, qui sont devenues des spirantes 011 cours
7H
du développement historique ; les notations '%b, ..,}; exÎ!ltenl que les anciennes sonores aspil't~t!s. Et comflle le grec el lï ta.
encore dans d 'a nciennes inscriptions. En italique, on lique appartiennent. aux mèmcs groupes dial ~ taux il beau-
ne rencontre, dès le début de la tradition , dans tous coup d 'égards et présentent cerlaine!J particularités qui leur
les dialectes, que des spirantes , el même des spirantes déjù !Jont propres (v. ci-dessous chap. XIX ) , il n'est pas exclu que
la coïncidence remonle ~ l'époque indo-européenne; toute
Cl·,
très altérées; ca r elles sont en partie remplacées par l'as-
piration h, s'cst parlaut substitué à f: ces spirantt's, très
é IOluées, remplacent presque certa inement de plus anciennes
affirmation est du reste impossible.

sourdes aspirées, pareilles ft celles qui sonl aLtestées en grec.


La coïncidence du grec el de l'italique est frappante, car
aucun fail des autres langues nneÎennemE'nl aUestées ne fail
attendre ce traitement.
Si le macédonien esL un dialecltl hellénique (et alors c 'est
en lout cas un dialecte très abprrant), comme le soutient en
dernier lieu M. Hoffmann , on pourrait être tenté de tirer de
là un argument contre l'antiquité indo-européenne de la
prQ.llonciation sourde en grec: car l'un d es traits caractéris-
tiques les plus certains du macédonien est qu'il répond par
des sonores aux sourdes aspirées grecques: !wp:x; en (ace de
6Wp2~, Ii~PQu,t, en fa ce de èfP~Ir;, elc. Mais, ainsi que l'n déjà
Cait remarquer M. Hoffmann (Die MaJudanen, p. 232 et suiv .),
les sourdes aspirées sont voisine!l des sonores par leur faiblesse
d'articulation ; d'ailleurs , en passnnt par la prononciation
spiranle. le!l sourdes aspirées peuvent devenir des sonores,
ainsi germ. ; est représenté par d en allemand , el certains
dialectes hantou,; présentenl des fail" analogues (v. MeinhoC,
lA,,,'~brt d. &ntuspr.)
Si l'i t:llique et le grec appartenaient il des groupes tout li. fail
différents, on tiendrait la coïncidence pour fortuite; car les
sonores aspirées sont représentées par des sourdes aspirées
d'une manière indépendante en tsigane (v. Rrugmann, InttT-
nationale ZtitschrlJt de Techmer, I. p. 23t ; Kretschmcr, Einlti-
lung, p. 155). ~bis M. Krelschmer a eu tort de rapprocher le
passage historique de gr . o~~ ',~, (groupé en un mol, distinct
de o~~' ,t,) à o~&diÔ, pour établir la tendance à assourdir les
sonores aspirées est récente en grec, et a persisté à l'époque
historique; CM ~ suivi d 'un soume sourd est toulautre chose
U :S SOl:RUI::S ASPiRÉ!::S 79
e . ·ket 'p, caraclérisent éminemmentles s(lU~'des aspirées indo-
européer.nes. Au couh'aire le ll'aÎlelllenl tu'm . lb de i ,-e . 'th se
conCond avec le traitement de Î.-e. '1; mais une dilTérence appa-
raît après t:: tandis que Î.-e. 'ri donne arln . rd, L-e . 'rlh donne
arm , rth. Celte dilTérence est tres iml)(ll'tante; si e.n elTet les
CHAt>ITIlE XI anciennes soumes !!.imples donnent des sonores arméniennes
après,. et après nasale. c'est que la mutation con!!.onantique
qui a lr'dnsfol'mé les sourdes simples en sourdes aspirées les a
transformées en mêmelemps en douces, susceptibles de devenir
LES SOUImES ASPlllEES sonores; au contraire . les anciennes sourdes aspirées sont
demeurées fortes, el c'est ce qui fait que Î.-e. 'p a abouti à h,
La tluestion des sourdes aspirt!es est difficile, parce que ce t.andis que i.-e. 'ph; est représenté par arm . ph; si le rapproche-
type rle phollè me~ est relativement peu abondant en indo- ment de gr. lPF; el arm. erphn (v. Pedersen, K. E. XXXIX,
européen , et que par suite on a très peu d'exemples pOUl' 363) est exact, il montl"e que p,h subsiste après r, comme tb
déleJ'miner les traitements. Les faits qui semblent certains issu de i.-e.'th. Seule, la gutturale i.-e. ·kb est j'eprésentée par
sont I c~ suivnnts : une spi l'ante arménienne,.x ; mais c'est que les .gutturales
1· Il Y li cn indo-iranien une série de phonèmes nettement sont sujet.tes à devenir spirantes dans des cas ' où les' autres
distincts des sourdes simples, et qui se présentent en .sans- occlusives restenl des occlusives: g devient ainsi une spirante
krit comme des sourdes asp.irées , en iranien comme des spi- en tchèque et en petit russe, g en arabe ; le traitement de 1
rantes : est aussi tout particulier dans une partie des dialectes germa-
:-kr. kb - iran . . , niques ; il ya donc ici un traitement propre aux gutturales et
(jui n'intéresse pas d'um> manière spéciale la question des
tb fJ
aspirées soUl'des indo-européennes. - A en juger par l'armé-
pb f nic.n, les sourdes aspirées indo-européennes aUl"aient été toul
Après set n, l'iranien n'a que les occlusives sourdes, soit st autre chose que les sourdes aspirées douces (jU'OIl obsel've
el "' = skI'. slb el nth . Il n '~, a pas dt" série pr~ palawle actuellement dans la prononciation de beaucoup de parlers
ancienne p9rdllèle 11. skI'. f = zd s, skI'. j = zd -\ el skI'. h = Ke''fl'laniquc.s et arm~lIi ens modernes. Ceci concorde n"ec la
ni {_ Le kh sanskrit n'est pas sujet à devenir mi-occlusif conservation de kIl devanl .." 'y el ~ en Sétnskl·it. - Pas plus
cl ev,ml les \'o)'clles pr~palalalcs cl devant y, ainsi khytlli " il que l'inllo-i.-anien, l'al'lllénicn Il 'aUesle l'exÎslenc(' d 'une
"oit "; l'alternance de ~kr. k el c, g et j, gh t'l h n'a donc sourde aspirëe dans la série prépalatale indo-européenne
pas non plus de parallèle pour kh ; le th sanskrit, qui du reste repl'\!scnlée en arm ~ lIicn pu' J, t. j, /J .
l'st Cil principe une géminée, ne représente jamais ni un i.-c. 3 0 POUl' le grec, deux équi"alcllces sont certaines
-k,h de la s(lrie de skI'. ( , i, Il, IIi un "kh mouillé devanl un('
Z = skI'. kb, Il'an, x, arlll . x
,·oYl."lIe prépalatale .
2 0 A ces phonèmes indo-irani{'lls , l'arménil.'n répond par x,
Y' --= ph, J, pb,
III , ph, Les traitements x el ph, ne s\.' rencontrant pas pour i.- Il n y li ' pas Je sourde aspirée altc.st ~e dans III série des
III bill-"élni l'es.
811 HI
A régurd de '/11, 011 n ' a pa~ la lIIèm e Cèrlit udc, une SI!I'IC v. sI. xoxotli; c'est une onomatopée comme l'est pour 'ph .
d'exemples garan tissant: skr, phllt-ktJroti H il sourfle Il , arm. phu"h H souffle Il , gr. or~:rx.
't' = skr. th , iran. 0, afm. th l même après r). lit. Plis/j, v. s1. py.'t'a/i, lnt . puslula; mais ceci ne change rien il
mais quelques autres exemples tendant il indiquer le lrnilcmenl l'application des lois phonétiques.
&t que rerait attendre le parallélisme. Les principaux faits Le rapprochement de v. sI. pftJl, r. pll't'dll, etc. et de lit.
sel'Oot examinés ci-dessous. p/ikas ne s'explique bien qu'cn supposnnt ' "'' représentt! en
lo Le slave confond i.-c . ' th et ' ph avec·/ et'p dans slave slave par x (cr. A. MeiUet , hll/dn, p . tH ),
tel p. On a supposé que i.-c. '.h donnerait sI. x ; mais cette Il ." n lieu d'examiner de plus près les exemples qui peuvent
b ~' pot h èse a été combattue p. .l.r M. t.:hlc nbcck , J. F., XVII , illustrer le traitement de i.-e. -fi, en grec .
p.95 et suÎv . el 177. M. Uhlenheck croît que ' khest représenté skr. prtlJ//ka/;J" petit d 'ani mal ", al'l11. orlb " vcau )t (Ihaprès
pal' i, comme ' ph e l 'th le sont par s I. p ct 1; mais étant donné r). gr. 7:~pn~ , dF":';I~. Cet ex'e mple est très important parce
qu'il s'agit d'une gutturale. une l'up1uI'c du parallélisme ne qu'il est le St~u l où i.-e. 'lb soit attesté d'une manière cer-
serai t pos surp.'enan te. Il n 'y a malheureusement d'exemple taine par l'accord de deux langues; dans tous les autres cas,
tout à fail décisif en aucun sens; on ne cOllnait aucun le ',h n'est attesté que pur le seul indo-iranien.
cas sûr do i.-e. 'kb donnant sI. k, et il y a plusieurs étymolo- gr. r.),:.,,:,~; ne peut litre sépnré de skI'. prtl"i/;J i' IMge ", zd
gies SlltisfQis..1.nles qui engagen t à lenir pour probabl e le trai- Iw1fJ/lJ, ni û.r.~; (avec le vocalisme de r.i,Œt ~ ; ) de skr. prllfba/.1-,
tement sI. x de L-e. ' kb; Il. Pedel'sen , K. Z., XL , 173 ct suiv. l.d jraSO i' hll'geur " (arm. )'ahh tt gra nd , énorme ", Ja l/bem " je
5° Le baltique, le germanique, le celt ique el l 'italique con- remporte ... UI', je triomphe Il, avec IIJ, convie.ndruit phoRl!-
fond ent entièrement les sourdes simples avec les sourdc!ol tique ment ; mais 1... sens fait difficulté); le nom propre Ilh-
aspirées. Le l rnUement latin a été établi par M. Uhlenbeck. ~:m! est inséparable de sk~. Pl/hivf !< terre 11 et de gaul. Li/avin,
J. F., XIII, 21:1 el suiv. (v. cependan t lUl duute de M. Pedur- v. ga ll . Litau, gallo Llydaw i< Armorique Il; 1':hu~>t ruppelle
lien , K. Z., LX,· 17S). skr. pratbjm/m-: 1':/,:i!'l; i ' exlr tlmité plate d'un objet 11 est isoM
Les sourdei'J ospir~\'s tendent donc lt se confo nd ,'c avec les (cf. cependa nt lat. planta" plante des pieds ", et le mascu-
sourdes simples, f'l hl conrusion est tolale dans une sêrie con- lin skI'. prflJà/;J ." plat de la main Il, comme gt·. Û.:I-:. [;I) , ma is
tinue de dialecte.o; . On est ainsi reduât à très peu de langues ~liL~~i, :î-:1'j rappelle v. sI. pldte " épaule '1 ; 1':;.2-::1'\1:; (nom
pour réLude de ces phonèmes. d'arbre) est idenlitlue à gaul. Iilarw- , v . gall . Jjtan, v. ir!.
Les exemples relaLifs lt 'ph et 'kil sont con nus et assez clain! ILlha". On a , avec 0, 'd~Ol:""; « plonche il preparer des
pour n'ovoir pHS besoin d 'etre énumérés ici. On noler.1 seu le- gâ teaux,,; mais ce mot isolé ne peut en aucun cas prévaloil'
ment les deux qui apJluient le plusfortemen.L rhypothèse d'un contre les rapprochements préc~denls; le 'dh pourrait être un
lI11iterncnt x en slave : élargissement. auquel on comparerait d'autres é l argisse m enl~
skr . çlllUM Il branche n , »CI'S. lib:, :lrm . cax, lit. S\:aklr; le de 'pol- , par exem ple \' . isl. flatr , V . h. fi . jI(l{ (avec 'd); d'ailleurs
raJlJlI'ochemenl de lit s,aka el dev. s I. soxa " bâton , fou rche " T.:i.:Hh>t,ç admet une étymologie différente (v . ull.{eI'Crnnb:, Z.
semble s'imposer, quoi qu'il Sûit contesté pal' tous les sava nts Gritch.lAulgesch .. p. 69 et suiv. ).
qui ont eXAmi né ces mols l'ecemmcnl (voir en dernier lieu, 1':,t.i>t"~Il\ , 'lt'iuO';I et dt~),,:;, 1t'bxi.~Y, ':::I-:i.. .,,: cf. zd paOOlI4,-
Str{'kelj, Arrh.J. sltUl. Phi:., XXVIII, .i.SH et suiv. ). " tlte ndu 'l, osso jâtân (1 intervocalique est représenté p:lr cl
sk r . kàkl)(/fj " il l'it aux édHtS )J. arm . xa.\'Il1IklI, g-r. 'UZ.i~~o.I, en ossèt.e; v.V. ~liller ,Spr. d. Omten, p. :l0), pers. palJlII: celle

"
famille de 1Il0ts Il· ét ant pas rep,·ésentée en SlI nskrit, le -tb n ·est irl. JUJ,/Hl;,n 1< j"endonunuKe >1 . On nntera que le th n' est pus
attesté qu'en iranien; ailleurs, on ne peut avoir tlue t: lat. directement "IHesté pu iS(IU ~ 10 sourde ne se ~lI conlre tlut'
patœ, lil. ptlys «épaule " , v. ang!. /atdm ri extension des deux dans le group<' occidental.
bras ", etc. Enfin il faut écarter Il:!s tltymologies (ausses, comme I('r.
~:i-:Otï M chemin >1 et dr.o; " mer _ ont élé rapprochés de :.d&~; CI tumulte de combat H en regard de skr. tlliIl/mAti, "ufn-
sJ..r, pllIIthiJ~J patM{J, patllibbib , zd Jxlntdo, pt/BU« c h~ min Il, v. sI. thalj, v. 51. t11{/~, lit. /Utnlùr~, v. isl. mplldull; la racine attestée
Nti, Y. pruss. pin/is, lat. pons (ponfis ), <l,1·nL hlili (avec chute de I>ur l'indo-il·unien , le slave el le baltique a le s~ns technitlue
la dentale). de" brouiller. remuer un liquide ,,; mais elll~ Il·arrive pltS ,
-u-:p-::;, cf. skr. ralurtlNf~ Il quatrième .. ; mais ici le suffixe dans ces langues, au sellS de 1\ tumulte de combat .. ; d 'aull-c
JXlurrait être --10- en grec j de même, on n'u pas le moyen de part, le grec a un +, sans nasale; or la nasale ~st un élément
déterminer dans quelle mesure le suffixe grec I.l"abstraits tcls constitutir dl' la racinl'; J'hypothèse , proposée par M . Rhr-
que &:iUTO; repond au surtixe skr. -Ibo- = zd -6a-, ou aU suf- lich, K . Z., XLI, 28b , d 'une contamination entre * tle"e~; l't
fixe skr. -Ia- = zd -Ia-. -;Jo:!'}:; est en I"Hir, car les noms thématiques n'ont pas d·alter-
.ni- (dans ta-t"ljtl\, !arlj'" eLc, ), cf. skr. sthii-; le t des <lutres IUmces vocaliques p rêsuflixules au (,:ours de la fl exion ; des
langues est ambigu: zd s/4-, lal. jtà-, germ. slj}., lit. slo-, v. autrcs mols citt,s par M. Ehrlich , 1. (. , un seul ser:.tit tlmbar-
sl. sta-. On pourrait se demander si le -: grec ne tient pas au a l'al'\sftllt pOUl' la thê.-;e soulcnut\ ici : l/oe,,61,1;,dlt'l· "(:'I/o~j.,:j"e'IT.:r. tQ.F~~ ­
precédent; mais le a n·exerce pas pareille action ; un ar- tU~ , Phrynichu~ ; mais ce Dlot i~ol é, dont la formation est peu
répond 11 skr. sph- , arm.sph- dans Grctp."(iw, cf. skr. sph/Jrjatj et clail'e, n ·a .rien dl' dëcisif ; le 9 peul d'ailleurs reposer sur -db
Jal. spartJ, et dans CfUP:'" Grr!tp2, cf. skI'. splJurati et arm. spbrtm. altel'Oalll uvec */b; aueuli exemple de 0 gree n'est probant
.nirw et -:iT~Ç , cf. skr. stMtati, cL lit. stâgas, laI. ttzd el toga, dans ces conditions. (Jwtnt ÎI la (ortn~ man/or de l·italique (".
v. isl. fak. \Valde, Et. wOrt. sous mamphur), / suffit à avertir <fue le mol
i;::WI'e; , cf. skr. ro&IiltbalJet v. b .:t. suozisto. doit être 1..~8I'té; et le vocalisme a n'"est pas moins inadmis-
Là où Kr. 0 semble repondre à skr. th, zd 9, on cst en pré- sible.
sence d'une de ces alternances indo-europée nnes de sonores Les sourdes aspirées Ile sont dOli C complètement attest';l'S
aspirées et de sourdes aspirées, donl ski-. naklHfm el pers. ndx/11I <fu'en indo-iranien et en arménien; le grec confond déjà -t ct
en regard de v. sI. nagliIJ, v, h . a. nagal, lat. /wguis, et c. sont -'h; lç .slav.e çlistinKue tout au plus -k de -/th. Le!> dialectes oCl'i-
un exemple certain . dentaux confondent elltièremelli. On aperçoit ici un dévc-
On a ainsi gr. Fcta-Ill, en regard de skr. ty, -tl}ll , got. wais-I ).)PltClI1cnt commun ùes dialectes occidentaux, y compris le
el 1d doJii-fJa, lat. (1IIIudîs-)I1. On ndmeUra ici une a lternance hallique et même le slave, mais Ïi l"e xc1usion , au moins Jlllf-
d\! db et th, parei ll~ ;~t celle (lue ron observe entrc la 2 ~ plul" , lielle, du grec. rqui conser\'c nettement deul( des trois sou n,les
nct. skr . -Iha- = gftlh. -t'd el 2~ plur. 01 0)'. p,·im. skr. -dfll't "spirées é tablies Imr I·accoro de I·indo-iranicn d de I·arméllil'II .
=g:tth . -dll)'ê, sec.-dlwal/l = ",iIlh . -dam ; on lit même 2- plur.
1Il0y. zd - ~. mais il n 'est pa s cel·lain <tue le -6 ne soit pas
une graphie approximative au lieu de !.
Un exemple d ·alternance -dh : -th moins surprenant. est
roumi par gr. j;-o-x1'jO+,; en face de got. skajis " domml'ge H ,
I. A !>H·I'I .AN1"I: .r

des formul es n'est pas nécesRaire en pareil cas, et de ml!me


pour tous les faits considérés ici. M. Uhlenbp.ck observe des .\'
slaves apres~. o. 0 : mnis ils sont tous suspech d'être "nnlo_
giques: l'j final de v. 51. btrdi suffit il exclure l'identification
totale avec skr. blxirasi u tu portes ,) (cr. M. S, L., XIV,
CHAPITRE XII p. '12 etsuiv. ). Enfin il y a des cas où i.-e. ·rs donnernitsl. r{;
mais ce traitement serait inconciliable avec des exemples cer-
tains où ·rs donne 51. rJ:, et les cas de r{ doivent s'expliquer
par des contamination !j , ainsi dans tirflZii « hardi Il en race de
LA SIFFLANTE S gr, 0Pl::t:;;. skI'. tibrH"i~. comme on l'a supposé depuis long-
temps; en aucun C:lS, il n'est ndmissible que·rs donne sI. · ft;
11 Y a ici deux phénomènes il. considérer: le passage de s 1t car les anciennes sourde~ sc mAintiennent en slave avec une
la chuinlonte J, el le passage de s à l'nspiration h. fixitp absolue, et l'on !le connart aucune sonorisation pareille
,1* J. en "lave commun. - Mjl.me si l'on tient pour admissible le
En inda-irouien, ·s passe à J, et .,1._ t après i, u, ,. (repré- passage slave de s à { en certaines conditions, il n'y fluraÜ pas
...enlnnt r et 1) (' 1 k. que ln si rtlanle soit suivie de voyelle ou de lieu de renoncer pour ceLa nu rapport enll-c indo-iran. J et sI.
consonne ou linnl e de' mot. ).. comme le montre M. Pedersen , K. Z., XL , 179. Étant
En slave, ·s est représenté par la spirante gutturale soul'dex donné qu'il s'agit d'un fait dialectal indo-européen, l'inno'va-
(représentant sunsdoute un plus ancien /)" après i, u, r, k inda- tion indo-iranienne et l'innovation slave sont donc parallèles
européens (ou plutôt orientaux; car ·k,r donne s), m ais seule- (cr. Brugmann, Grundr. It, § SUL AIIII! , 2, p, 127 et sui". ),
ment devant voyelle suivante. Dès 10rlt il n'y a pas tl'exemples Le lituanien a aussi J après i, u, r, k ; mais il pr..!scnte égale-
de •• ,- indo-européen devenont D t. etc., puisque t n'existe en lernent J dans les mêmes condilions, et l'on n'a pas réussi A
indo-européen que dp.vnnt unc consonne sonore . La démons- déterminer avec rigueur suivant quelle loi se répartissent J et
tration détaillée se trouve dans un grand article de M. Peder- J, pourquoi par exemple on fi lit. biwA = v. 51. bl,ixa, mais
sen , 1. F .. V, :13 et suiv. Une conteslation a été élevée depuis lit. VttllJ{llS = v. sI. t'tftixii.
p.1r ~I , Uhlenbeck, qui a,-ait d'abord soutenu'la même doctrine [.'Enebeiridioll vieux prussien a quelques exemples isolés.je
lJue M, Pedersen, doctrine aussi découverte par M, Fortunalov -ru"- il. côtti de -rs-, notamment pirJdxJali it c6l"; de pirJdau, et
d'une manière indt!pendante (mais non publiée par ce savant). pogirubnan à côté de pogirJfl4n ( v, Berneker, Die pre/w. Spr:.
M. Uhlenbeck, K. Z., XXXIX, 59!) elsuiv., constate que la loi p. t61 et suiv .). On citera aussi Imhts to sixième ", cf. skI'.
slaye et la loi indo-irnlliennc n ·ont. pas la même extension; le ialtha~ (le degré zéro de l'êlément présuffixal du mot vieux
Iflave oppose pra.ni ct prfisli Ct poUssière" : l'indo--iranien aurait prussien esl correct au point de vue indo-européen ).
J dans le!> deux cas: ·s devient J après indo-iran . j représen- Pour l'arménien, il est malaisé de trouver un témoignage
tant i.-e . •J. ce qui es t un traitement propre il. lïndo-iranien , valable. Les exemples tbarJo", ct tad;", ont été repoussés par
etc.; m;lis c'est qu'il s'agit de phénomènes réalisés indépen- M. Pedersen, K. Z" XXXIX, t 13 ; et en effet ·rs donne arm. r
damment, à date indo-européenne, par des parlers qui devaient dans des cas s\Îrscommeor=v. h. a . ars, gr. :pp':;. et tha;Qm
devenil'les UIlS lïlldo-i"unien ct les autres le slovc : l'identité «sec >l, synonyme de IbarJotn, Mais il semble bien que le repré-
Hfi DIALECTF.S IsnO-EU II.OPÉF. SfI LA IIIPPLANTF. S H7
sentant ~ dei.-e. -ks ait passé par une pronoDciationchuintante; D:t ll!l truill langu~s inclo-<"uropéennes, dont le groupement
autrement on ne s'e xpliquerait pas arm. vd-tasan CI seize ", en ('sl significatir, li savoir en grec, en arménien el en iranien, le
Cace de t'tf '1 six: >l, cf. gr . ', 1;; quand le J de vtltaJan s'est pnss,'lge de J il 11 a lieu, non comme en brittonique il date rela-
fixé, la prononcit\tion devait être quelque chose comme ·f (le ? tivement récente, maiS:llllérieuremenl aux plus anciens texte!!
historiquement atte.'lté dans une sérit> de mols résulte, en Et : dans It's trois, la Cormule est exactement la m ~ me : pasSent
revanche, d'a ltérations postérieures) ; de même le correspon- ;'\ h ies · 5 placé-'i devant voyelle ft l'Initiale et enlre vo"elles à
dant Dr} « ours" de skr. [!iD};, gr. ipx,,::;, etc., a lm nsformé l'int~rieur du mot, et de plus une partie des · s devant ; t npres
en sonore } le -? ancien répondant à "kr. kf et gr. 7.": , avant ~:la nll's; - 5 subsiste avant et après une occlusi,'e, En ce qui
avsnt que ce ~ ait perdu sa prononciation chui ntante, d 'où conce rne l'iranien , If' pa ssage de ' 5 ft b est antérieul' aux ins-
Dr} en Cace de 't.Itf CI six »; on ne saurait dire que i l''é ponde criptions achéménides, aux gf,thas el aux premièl'es trauscri-
ici li ·-ksy-. car il n'y a nulle part trace d 'un .y dans le nom jltions de noms iraniens en grec (témoin ' I~ ~~ .. ), En nrménien, le
de l'ours (lat. IIWIS, ir!. art, etc, ), et rien ne prouve que --ksy- p;IRsnge de · s à /, n'est pas seulement antérieur nux plus anciens
ait donné]; car le rapprochement de ann, al « droit ), avec tex tes, ce qui n "est pas beaucoup dire; maili, à l'époque de ces
gr. ciel:l; ne vaut pas c('luj avec skr. JàdhliJ; proposé depuis par tex tes , b issu de J est déjà tombé entre voyelles fi l'intérieur
M. Lidén, A""" Stud .. 7~ et suiv, Il y a ainsi trace de J en du mot sans exception, et li. l'initia le dans la plup:l rt des
arménien au moins après gutturale . cas: twtlm t< sept ",om n Il <Juelqu'un ,,(cf, gut. samit" même H .
Le passage de sil. J en certaines conditions est donc cons- sl/m.r H quelqu 'un "), alll " année u; et IN où l'on 1\ h, comme
tant en indo-iranien; en slave, il subit une grave limitation dans I,ù' (( :tncien u, on peut se dema nde.. si ce "est plus
(qui résulte peut-être d' un retour de ! â s au moment où J est etymolo/{ique que celui d e Imm ( j cru ", cf, ':111-:; , skr. lIlIIdh
de,,'enu x); en baltique , il est seulement partiel; en armé- ir!. 0111; de IJtJ/I g rand' mère >J , cr, lat. anI/S, v. h. n, -a'lIIa·,
j'

nien , il n'yen a que des traces douteuses ou contestées pour la gr, :i;'lvf; ; Je IMW " grand-père ", cr, la t. aMS, v, pruss, awis;
plupart Sur 1't\lbanais, il est malaisé de se prononcer parce de haw " oiseau ", cr. lat. al/is; de IJtJ5DlltI " arri' "er "1 cr. skr.
que le traitement de J y t"st très compliqué , Quant aux autres 1Jf110ti; etc ,: le h issu rle .p initial se mai ntient enco re li peu
lanlfUes, on n'y rencontre pas de S représenté par une ancienne prC~ co nsta mment au contraire: hem, het (mais otn), lm", IMY ,
chuintanl.e qui puisse être d e date indo-européenne. Ll\ ligne etc, En grec, le passage de S li. " e~l nUlisi de beaucoup anté-
du traitement Jl l coïncide donc en gros avec celle du traite- rieur à l'époque historiq ue; l, intervocalique n'a laisst' de traces
ment des gutturales; et ceci est important ; car, dans les deux dans aucuI} dialecte ; h initial (esprit rude) se maintient dans
cns, il y a innovation parallèle des dialectes orientaux, une partie des pi,rlers , mais n dispnru d 'un g raml nomhre
2' h. d'auLres dès avan t l'époque des premiers textes épigraphiques
Le passage de 1. à h, qui esl un simple phé[l(lmène d 'ouver- et littéraires (v. Thumb , Spiritl/s asptr,pasJÎm), La co ncorda nce
ture de la consonne, s'est realisé dans le domaine celt ique d'une de ce passage de ' J a ", dans trois langues voisines , et en des
manière tout !t Cait indépendante, L 'J- initial se maintient géné- conditions pareilles, semble indiquer un ra it dinlect.,l de date
ralement en Kau lois el en irlandA is ; toutefois , dans les mots indo-eurOpéenne ,
inaccentués et accessoires, S est devenu en irlandais h, qui Mais c'est un fait indo-européen relativement récent. On a
est tombé ; de là, le contraste de v, irl. Jamait " ressemblance >1 d~ux indices de ce caractère peu ancif'1l du phénomène,
et de amail (alliai ) 41 comme)1 ; dans les dialectes brittonique~ , 10 Le passage de J intervocalique Il. h t"n iranien est poRté-
le passage de s in itial à h est con!ltant devant voyelle ,
IlIALECTEfI Il"DO-f,UROPtENfI

rieur au chnngement de "$ en J après i et 1/; caron a Îran . iJa ,


IIJa, et non ihn , uha. On voit par là que le changement, Ii'il
est de date indo-européenne, ft eu lieu de manière autonome
dans chaque parler, comme tous les ,mtl'es changements con-
sidérés; ce point ne doit jamais être perdu de vue.
2° L'assi milation de " $ initial il une ancit>nne prépalatale a eu CHAPITRE XIII
lieu avant le passage de .$ initial ft h devant wen arménien,
comme le montre arm . skt!l/r 4< mère du mari ", cr. gr.
',Cltllp:l , zd XfX1SlIra- (lit. S{ls{lfras, skr. çWç/lrah, ont subi la
même assimilation que l'arménien ), L'assimilation n'a pas eu LES )!UTATIONS CONSONANTIQUES
lieu en iranien , ainsi que l'indique zd .noasura.
DU GERMANIQ(jE ET DE L' AHMI~NIEN

Le germanique et l'arménien présentent des mutations con-


sonantiques de tout point semblables. Cette "ymétrie des deux
langues , signalée pour la première fois , M. S. L., VII, 161
el suiv. (cf. depuis A. Meillel , Esqllisst d'uPIe gra m",. romp. de
l'arm. class., ï et sui" .) est encore mise en doute par Hübsch-
mann, Arm. Gramm ., l , 407 et suiv. , mais elle a été entière-
ment confirmée par l'étude dt!laill ée de M. Pedersen, K . Z.,
XXXIX, 334 et suil'. et par les nouveaux rapprochements de
M. Lidén, Arl/l. Stùd. (Güteborg, 1906). Elle sera tenue ici
pour acquise.
Sur les anciennes sonores aspirées, on ne peut presque rieq
dire . Pour le germanique, on enseigne d 'ordinaire, 1\ la suite
de M. H. Paul, que i.-e. ·gh, ·db, ·bh Yseraient représentés par
deI< spirantes sonores ':' d, ~; mais les preuves sur lesquelles
repose celte doctrine n'ont rien de décisif. On s'appuie sur
le fait, qui semble en efret certain, que entre voyelles) le ger-
manique commun avait -;. d, b; mais le8 consonnes intervo-
caliques tendent en général li s'ouvrir, et la prononciation spi-
ran~e des sonores intervocaliques trouve en iranien , en armé-
nien eten irlandais des pendants exacts; c'est du reste un des
traits les plus curieux du parallélisme de développement
(autonome) de chacun des dialectes occidentaux (autres quê
le grec que 44 l'ouverture fi des consonnes intervocaliques),
!Ill LI-:II ~UTA.T .OXS r.OXSONA.l'ITIQt:1::.5
9.
ouverture dont la prononciation "piranle des ,,(mores g'emla- pardessourdes , soit got. p, t, k, q ; arm . p, t, c, •. Ces &ourde.
niques en tre voyelles n'est (lU 'u n cas particulier ; ces phéno- arméniennes devaient ê tre des douces , e t hon des fortes, à en
mènes d 'ou verture des intenocflliques !'le mnllireste nt dan .. juger par les dialectes modernes, dont Ip.s un s ont des sourdes
des cas divers et de maniè res div('I'SfS en latin (et e nsuite douces (type « orielüal ») et les autres des sonore!' (type
it des degrés divers dans chacunp. des la ngues romanes), en {( occidt>ntal .. ).
osque et e n ombrie n, dans les dialectes celtiques (sous des 2° Les anciennes sourdes simples sont représentées en
formes très différentes en brittonique d 'une part , en tcaélique arménien par des sourdes aspirées douces: th, .b; le .ph doux n
de l'autr,,) el dans les dialectes germaniques (notamment SOliS déjà passé 11 h à l'initiale, 11 w, tI e ntre voyelle.'!; la prépalatale·.1
forme de sonorisation des 50UI'1lell iutervocaliques) ; flU con- donne J . - Le germanique commu n n'A plus les sourdes Qspi.
traire le grec et surtout le baltique cl le slave conservent c n rées douces que l'arménien a encore e n partie, mais déjlt les
général aux in tervocaliques le mê me traitement qu'aux illi- spirantes sourdes qui e n son t issues: x '(d'olt got. h), f, f ;
tinles, et c'est l'une des particu lArités les plus ol'iginnles dl' la diffirence est la même, on le voit, qu'entre gr . 1" G,:t: et
ces trois l:mE:'ul's que la conservation des consonnes inler- lat. f, h (qui répondent It skr. bh, dh, lh, b); en position
voca liques; il n'y a donc rien k conclure, pour le ca!! de l'ini, intervooalique, Ills spirantes sont devenues sonores ; la sono-
tiale, du traitement spirant in té,'ieur des sonores représentant risation est empêchée après la voyelle de la syllabe initiale
e n germanique Il'!'! sonores aspirées iodo-européennes. _ (In quand celle-ci porte le ton ( loi de Ve rner , qui n'est prouvée
!l'appuie d'aut.'e pa rt su r ce que certains dialectes germn niques que pour ce cas tout particulie r du comme ncement du Q1ot) ;
occidenlnux, notnmment le ,- ie i! a ngillis, ont , même a l'initiale, après les nutres voyellev, le!'> conditio ns de ln 8OnoriSRtion ne
un g spirant : mais g es t , d'une manière généra le, sujet à sont pas définies dans Iii plupart des dialectes; en gotique, il
d wenir spira nt en des cas où les autres occlush'es sonores n'y a pas sonorisatio n {Iuand unI! sonore ouvre la syllabe pré-
demeurent, ainsi e n tchèque et en petit russe, ou en arabe. cédente (loi de \Vrede-Thurneyse'n).
Il n'y a donc pas de raison de c roire .que ·bIJ, -dh, ·KIJ .'Iont Le principe du faï t arménien e t du Cait germanique est le
représentés par des spira ntes en germa nique commun ; la où même : se ulement pour le germanique, o n ne trouve attestée
l'on rencont re des spiran tps, de!'! fnits connus de phonétique qu'une phase relati"ement avancée du développement dont
gf.nérale permettent de le~ pxp liquer aisément en partant de l'armé nil!n présente e ncore presque le début. Le changem ent
b, d, l /(ermaniques commun!!. - Les conson nes arménie nn es essentiel des sourdes et des sonores se lais.'!e ramener 11 une fo r-
qu'on t ranscrit par b, d, g, i , j sont des sOLiores; elles I)QSS(~­ mule unique: les vibrations glottales sont retardées par rap-
daient sa ns doute quelques p:\rlicularité!! de l'tl mis!lion porU l'explosion de l'ooclusive (cf. J. F ., X , p . 63 et suiv,) . Dès
glottale qu'il n 'cst pas fa cile de définir (cf. P edersen, K . Z., lors , les sourdes qui, nu t émoignage de toutes les langues indo--
XXXIX , p. :!:i6 et suiv .). Le" inte r vocalique est devenu la européennes autres que le germanique et l'armtlnien , étaient
spirante qui est notl!e t- ou w suivant la voyelle qui précède. fortes e t non aspirées, deviennent des aspirées: les vibrations
Si on ,laisse de cllté les sonores aspirées qui n'offrent glottales, au lieu de commencer aussitôt apri!s l'explosion,
pns d'intérêt spécial , et les sourdes a!lpirées dont il a déjà ét é sans aucun intervalle, comme il a rrive aujourd'hui dans III.
question , on voit que l'arménien et le germanique ,,'accordent plupart des langues roma nes et slaves par exemple, ne com-
ft présenter de ux innovations: m '!ncent que plus tard, et un souCtle sourd s 'insère entre
p Les a n cie nn e~ sonores simples -h, -d, ·c sont représentées l'explosion et le commencement de la voyelle : ·t devient th ('t
!t2 ua
·k devienUh, ce qui est l'état de l'arménien ancien ; ces aspi- achéménide -ptJrida;:;'lJ- t< jardin Il (zd pairidat{a-, gr. r.2p:.i!I~Il'OÇ ) a
rées sont des douces articulées sans intensité, II. peu près fourni arm. parttz' (avec t et non d) ; mais on conçoit que, à un
comme des !Klnores: par suite elles sont sujettes à devenir moment donné, -kh ait été I.e phonème germanique préhisto-
sonores en de certaines condition!i (après" et r en arménien, rique qui rendait de la manière la moins ineucte un i gaulois;
ou aussi dans des mots accessoires comme le dérn"onslratif de là est sorti le x germanique, d'où b; on conçoit de même
arm. da u iste ,) et le pronom orm. du u toi Il) ou spirantes , que la douce sourde t ait été le phonème arD\énien qui reDl~,ait
ce qui a eu lieu en germanique. Quant aux !ionores indo- le moins mal l'occlusive sonore iranienne d en certains.cas, Ces
européennes, l'es vibra tions glottales co mme n ~~ aient sans doute emprunts n'établissent donc pas que le commencement des
au moment même de l'implosion , ce qui est l'état présenté mutations consonantiques de l'arménien et du germanique ne
aujourd 'hui par la plupart des langues romanes et slaves; soit pas de date indo-européenne. - L'alphabet runique,
retardées en germanique et en arménien, elles n 'ont plus dont la constitution est très ancienne. attesle déjà un achève-
commencé qu'au momen t de l'explosioh ; les Monores deve- ment total du premier stade de 10 mutation (v. Hempl, Tourn .
naient ainsi des sourdes douces, étal représenté par l'armé- germ. phil., IV, p. 70 et suiv. ).
nien ; ces douces sont devenues des fortes par la suite. en ger- Toutefois, il n'y a pas de raison décisi.ve qui oblige à repor-
manique (sur le principe physiologique des développements ter les deux mutations Il un fait dialectal indo-européen. Tout
supposés ici, Y. J. F., Ali,., XV, p. 216 et suiv. ). d 'abord, il ne s'agit que de deux langues , et par suite la force
La cOllcordance deK fuits arménie ns et gel'mlmiques est probante de la concordance est le plus faible possible.. En
complète, et il est tl'ès tentant d 'en reporter le point de départ second lieu, les mutations consonantiques ne sont pa.'ides faits
à une innovation dialectale de date indo-européenne, les pre- rares ou pal1.iculiel'6 aux deux langues en question : les dia-
mières objections qui se p résentent tout d 'abord se laissant lectes bantous en olTrent de tout pareils ; l'araméen ' repré-
lever à la rigueur. - t o L'arménien et le germanique sont sente par des aspirées (devenues spirantes entre voyelles) les
parlés en des régions assez éloignét!s, au mom ent où l'un et sourdes sémitiques non emphatiques. Et surtout, les deux
l'autre apparaisse nt dans l'histoire; mais l'arménien a sûre- mutation., celle du germanique comme celle de l'l:Irménien,
ment été tl"dnspor lé loin de so n ce ntre d'origine et a pri~ la n'apparailSsent pas comme des restes de transformations
place d'une langue a ntérieure tout autre, dont on possède des phonétiques très anci.ennes, dont les effets subsistent, mai~
inscriptions en caractères cunéiformes, les inscriptions van- dont l'action a cessé, cc qui est le cas de tous les fails pho-
niqueli; et un têmoignl:lge historique, que les fails linguis- nétiques étudiés dM! les chapitres précédents . Les tendances
tiques ne confirmen t pas entiÈ'remen l , mais n'infirment pas dont les lois de mutation consonantique arménien nes et ger-
non plus, fail descendre les Arméniens des Phrygiens, et maniques sont l'expressionont commencé d'agir avant l'époque
ceux-ci des Thraces (v. Krelschm er, EÙlkitllng, p. 208 et suiv ., historiq ue, mais elles sont encore en pleine action à celle
et Hirl, Die [lldoger/J/anen, p. 600), (Toutefois , les l'estes du époque même et persistent en partie jusqu 'li. présent. l)ne
phrygien el du thrace que l'on possède n'ont rien qui indique second(> mutation a eu lieu en llflet en haut allemand, Et la pro-
même un commencement de mutation consonantique). - nonciation aspirëe (ou atTriqUée) des sourdes p, l, A, la pronon-
20 Certains mots empruntés è. des langues voisine... ont subi 1" ciation en partie sourde des sonores b, d, g en anglais et en
mutation consonantique ; ainsi le nom de peuple gaulois Yo/- danois constituent aussi en réalité un e seconde mutation, qui
cal est représenté Jh'l.r v. h. a. lI' a/ah, v. angl. Wta/h; le mot pour être moins évidente que celle du haut allemand) n'en
J)IALl::cn,l'\ I NDO-t:UROl'tENS U3
est pas moins réelle. En allemand même, la prononciation cer, et la tendance a persisté dès lors, produisant pendaot un
aspirée des sourdes, el la prononciation assourdie des sonores temps illimité, et aujourd'hui encore, des effetsnouveault. Si ,
que décrit très bien M. Rousselot. Principes de phcmitique exptri- comme le croit M. Hirt, les Gel'mains occupent en partie le
mmtole, p . .\97 et suiv ., constituent une troisième mutation domaine qui était le domaine indo-eurOpéen commun , il n'en
consonantil.lue. Certain s dialectes arméniens offrent de même résulte pas qu 'ils aient. occupé la région sans interruption, ni
une seconde mutation consonantique, donl les expériences de qu'ils n 'a ient pas subi d'invasion étrangère lout. en préservant
M. Adjarian, consignées dans la Parrlt, 1899, p. ii9-127 , et leur langue, ni qu'ils n'aient pas absorhé des populations voj-
analysées dans les Principes de M. Housselot, p . 502 el suÎ\'., sines qu'ils auraient soumises. Les faits sont inconnus mais
donnent une idée. La persista nce de la tendance 11 la mutatioll
.
II ne manque pas de possibilités qui rendent légitime l'hypo-
'
jusqu'à l'époque présente n'indique pas Ufit! date très ancienne thèse présentée ici de l'influence d'un substrat. éh'3nger.
pour le phénomène, Dans ses GrondiN.gùiSt.lt11 der psychologisclJt. TaaJwtlemchap,
Il y a donc de grandes challces pour que' la mutation ait eu· Il , p. 2,(0 et suiv. I , le P . Jac. van Ginneken a exposé en
lieu de manière indépendante en arménien et en germanique. détail une hypothèse analogue pour le germaniqu,e; mais il a
M. Hirt (Die lruJogermamn, p. 616) a supposé que la mutation eu le tort d'attribuer à une influence celtique le point de départ
consonantique est une conséquence immédiate du développe- de la mutation consonantique. Sans rechercher si le celtique
ment d'un accent d'intensité; mais des langues qui ontun fort a pu exercel' sur le germanique une influence aussi p'rofonde
accent d 'intensité comme l'irlandais ou le russe moderne - quelques emprunts de vocabulaire en (partie contestables
n'ont pas de mutations pareilles; et le passage de p, " k li. ph , en l'espèce) ne pro"Uvent jamais une forle influence linguistique
th, kh n'est qu'une des parties de la mutation . Les fails tos- - , il suffit en elTelde constater que le celtique lui-m~me h 'o.
cans relevés par M. Josselyn dans son travail sur la phoné- aucune trace de mutation : il présente une ouverture des
tique italienne (paru dan~ la Parole, el séparément comme thèse consonnes intel'vocaliques, comme M. Pedersen l'a montré ;
de l'Université de Paris) montrenl co mment peul se produire un mais cette ouverture, qui a eu lieu séparément dans chacun
phénomène de ce genre : M. J ossel,}'n a observé à Sienne une des dialectes celtiques, n'a rien de commun "vec la mutation
prononciation aspirée des sourde", (prononciation qui explique consonantique, dont le principe est tout entier dans un retard
la fOJ;:me spirante prise par les sourdes intervocaliqul!s en tos- des vibrations glottal{"s par rapporl il l'explosion des occlu-
can) el une prononciation assourdie (à la manière allemande) sive!' ; d 'autres phénomènes sont consécutifs 11 ce:>fremier
des sonores; or le toscan est du latin parlé par des descen- changement et en résultent directement ou indirectement; de
dants d' hommes dont la langue était l'étrusque , el l'on K8it là proviennent quelqnes coIncidences partiell es, tout acciden-
que l'étrusque n'avait pa'" d'occlusives sonores. M. Schuchardt telles, avec des faits irlandais ; mais toutes les com plications
(SlatWtitutschts und Slawoitalit"ischts [ 1885], p. 12 et suiv.) a ullérieures ne doivent pas faire p~rdre de vue le fait initiaL
d ~jà indiqué l'hypothèse que certaines particularités de la M. Bréal a aus",j supposé que la mutation consonantique du
prononciation des consonnes en toscan résulteraient du main· germanique est tlue à une influence é lrangèl'e, malS sans pou-
lien de pronollciations étrusques, Au moment où les dialectes
indo-européens qui sont devenus l'arménien et le germanique
1. " oit· maintenant l'M itlon r"ll nçaise de c(' remarquable OUVrI!;"(' ,
ont été assimilés par des populations qui aspiraient les sourdes P "Ïltci/N" rh·liI19ui.lique p.ychologi'lue, p. ·\65 tH IIu il'. [Note de cur-
et n'avaient pas de vraies sonores, la mutation a pu commen- "cction J.
96
vOir déterminer cette inl1uence qui demt>ure i:!nigmalique ! ' -.
Revue de Paris, XIV,6 [nnnée 1901]. p,"!)9etsuiv.) .
11 con\'Îenl donc sans doute de separer les faits arméniens
de~ Cails germaniques: les possibilités phonétiques solll en
nombre i res limité, et la réalisation d'une même possibilitê
dans deux langues indo-europé~nnes ne sumt pas à autoriser CH.\PITRE XIV
l'hypothèse d'un rapprochement dialectal li l'inlérieurde l'indo·
européen.
L'armé nien et le germanique appart iennent du reste à des
L ' At:GME~l'
groupes assez différents el ne présentent aucune auire particu-
larité qui ne serait propre qu'à ces deux langues. Il y a entre
les deux des resse mblances de structure assez frappantes, L'augment n'est attesté que dans t rois lan8'1es : indo-ira-
mais qui tiennent it des développements indépendants. Ainsi nien, arménien, grec; il mnnque entièl't ment. partout ailleurs.
le germanique et l'nrlllénien s'accordent il former leur parti- L'absence d'augment dans la l,lus grande partie du domaine
cipe passé et leur infinitif au moyen d'un m ème suflixe; mais indo-européen ne s'lUl'ait surprendre; car, meme dans les
ce surtixe est *.1/0'- en germanique (got. baI/railS et bairall ), *'/0- langues oû il existe. les plus [!Aciens textes en révèlen{ un
en arméni(>n (arm. bmal et btrel). L'infinitif est unique et tiré emploi facultatif. S'il esL de rigueur dans les inscriptions
du thème du pré'lent, ce qui s'e:o::plique fa cilement e ll gernUI- achéménides , il fnil dMaut pl'esque const.amment dans l'A-
nique: seul le thème du pn!sent a conservê son p.... rticipe vesL'l ; dans les anciens textes védiques il manque souvent ;
actif, tandis que le thème,du préterit n'en a aucun; la .même' el , aussi longtemps que les formes Il augment ont persisté
explication doit s'appliquer il l'arménien, bien que à date his- en pAli et dans les pnikrits, ce caract.ère facultatif se
torique le participe présen' ac tif se t rouve n'y être p ....s plus maintient. En grec ancien. l'augment. est de rigueur dans
attesté que le participe prétérit nclir. De pareils p<U'allélismes tous les dialectes; seule. la langue homerique a encortl la
de développemen t n 'établissent pas une parenté dialectale. faculté de n'en pas user, conser,'ant pal' archaïsme littéraire,
ici comme ailleuts. de~ habitudes aoolies dans ln langue parlée.
En vêdique et dans les prâkrits , comme che~ Homère , c'est
surtout. l'étendue du mot qui tend il regler la presence et.
l'absence de l'augment. comme ra monlré M. 'Vackernagel,
W orlumfnnj: I/nd W orlfi'rtll , Nachrich/m de r Acadllmie de God-
lingue. HI06. Cc qui n'est qu 'une tendllnce dans ces vieux
t.extes est. Cil .ulcien ;wménien, une ri!gle absolue: rel;oivent
l"oug-ment lèS fOl'llH!!I vel·f>a:lcs commell\"ant par une consonne
qui , sans cette ;uJdi tion , se raient monosyllnbiques ': (bu Cf il li
l)(}rlé == gr. arE'::! ", skr. /IMam / , en face de btri 1< j'ai porté ,,;
du Il j'ni donné '1 en fnce de ItlaklJ ( nous avonH donn é ,, ; l't,
comme le monosyllahisme t1'ull e fOI'me tt'Ilt' que Qt'm . • brr ou
Di" lt"' r~ j"d".t"r"l.fe,,~
U8 OIALI::C1"ES 1 ~1>O-l::ll l\O~i:E:;1i
99
oc co il conduit " est dù il une chute de voyelle lioate pro-
Il stab le dans 1•• t,.,', g-up"
", dia
e ngues lU' d o-européennes
prement arménienne, celle règle atteste indirectement le qui le possèdent.
caractère fAcultatif de l'augment cn arménien préh istorique, Il est dès lors très significatif que l"augmentne se rencontre
c'est-fil-dire un état pareil Il celui que présentent. en fail le absolument pas dans toules les autres langues indo-euro-
védique el le grec homérique. péennes.
L'augment n'est pas un élément essentiel el constitutif de Puisque l'augment n 'est jamais un élément elô!ientiel ct
la Corme verbale ; on l' Il prouvé depuis longtemps en invoquant nécessaire de la forme verbale - ou du moins n'elôt dC"e uu
le fail hellénique suivant : de même qu'il ne peut reculer nu- nécessaire qu'au cours du développement du sanskl'it, du ,'ieux
delà du préverbe qui précède immédialerncnlle verbe, le ton Ile perse, du grec, de l'arménien - il n'y ;:t pas lieu de s'étonner
peut reculer en grec au delà de l'augment ; on Il 'u;:-i-c-I.:v qu'il manque tout à fail sur un vaste domaine continu.
commcallj1--;;-p;"'t<;. L' augmenlcsldonc lro.ilé comme un préverbe, Et cette absence de l'augment n 'est pas due à une chute
c'esl-à-direcomme un mot qui, en incio-cUI'opéen, était rigou- relativement récente . Car, d'une part, même dans des condi-
l'cusemenl autonome . - Et, en elTet, si l'augment faisait tions où, li. en juger par l'indo·iranien, le grec et l'arménien ,
parti~ de la forme verbale, il serait un prétixe; or, il n'y a on s'attendrait li. trouver trace de l'augmeot, iL n'en subsiste
aucun autre pl'élixe en indo-européen, el J'augment serait rien daos les langues. en question , pas même dans des formes
l'uniqUE! exemple de préfixation dons le système grammatical isolées. Et d'autre parl, l'absence d 'augment a déterminé ou
indo-européen tout entier. contribué il détel'll\iuer le déve loppement pris par les rormes
Dans les trois langues où il figure, J'augment a très long- verbales.
temps persisté. Le grec mod('rne en fait encore usage réguliè- L'absence tolale d'augment dès les plus anciens textes el
rement, malgré les chutes fréqu entes de "oyelles initiales qui dans tous les dialectes de l'italique, du celtique, du germa-
earaclt'lrisent éminemment celte langue. Tout altéré qu'il soil nique , du baltique et du slave est caractéristique. L 'italique
à la date relativement basse où il esl attesté, l'arménien rem- est connu à une date un peu moins aucit>nne que l'indo-ira-
ploie d 'une manière constante dans les conditions indiquét!s, nien et le grec. mais aussi avant l 'époque chrétienne ; et il
el, s'il ne le possède plus au moyen âge et à l'époque model'nt!, l'esl par plusieurs dialecles bi('n distincL.. ; or , dès l'inscrip-
c'est qu'il a progressivement éliminé les form es où figurait lion de Duenos, on trouve lin prêtérit latin saliS ;mgment jeud,
l'augment et a oblenu le polYFiyllabisillP de toutes les personnes et ni le latin, ni l'osque , ni l'ombl'ien n 'ont un seul l'este d'aug-
de l'aoriste par d'autres procédés, Dans l'Inde , l'augment a ment. Les autres langues sont connues plus wrd, mais les
duré autant que les forme!'! d 'im parfaits el d 'aOl'is tes où il un es, comme le gotique, le norrois runique, l'irlandais, il peu
éwit en usage : le pâli elles prâkrits le possMent encore. En près à la même da te que l'arnu:nien , d 'autres, colllme le vieux
iT"dnien . la suhstitution de!'! formes participiales aux form es pl'ussien, le lituanien , les di"lectes slaves, sous des rormes
personnelles a entraîné natUl'Cllemenl hl perte de l'augmcnt h-.!s archaïques; el 11oUl' toules. on possède d e~ dialectes
déjà en pehlvi; mais, dans un dialecte t>loigné où l'aoriste divers en plus ou moins grand nombre ; nulle )}'1. rt , il n'y a
s'est maintenu par exception, le Yughnobi, l'augment s'est trace d ·ougment. 0 .. a pm'fu is cherché un au..gment dans ~ot.
maintenu aussi jusqu'à présent lGeigel', Grl/udr. d. irall. Phil., iddja il je suis allé ,, ; mais mnintellanl on li presque universel-
l, 2, 1). 34.0 et suiv. ), En dépit de son cara ctèl'e " n('ienne- lemenl renoncé il le faire (cf. Trilutmann , GtmulI/ürht LoliitUt I"t.
ment racultatif et accessoire, l'<mgmenl est JOlie uu déllllolul p. Hi). Il surHt ,t'opposer ce manque constant d'augment dès
wo 101
la date la plus ancienne el dans tous les dialectes de ces des désinences primaires et secondaires peut n'avoir plus
langues Il la longue persistance de l'augment ~n K"rec, en aucun rôle. Ainsi la manière dont l'italique, le celtiqut', le
indo-iranien el en arménien pour conclure Il l'absence initiale germanique, le baltique et le sln\'s ont éliminé l'imparfait et
de ce proc~dé morphologique sur tout le domaine considéré. exprimé le prétérit suppose que l'absence d'augment est
Et c'est ce que confi'rrue l'examen des formes du prétérit ancienne dans tout ct' groupe de langues , donc de date indo-
dans ces mêmes langues. Le!! désinences secondaires ne suf- européenne .
fisent pas Il opposer clairement l'imparrait au présent ; des Il y a par suite lieu de poser ici deux groupes dialectaux
fonnes comme hom o yi?::> ....,,,, Tifl~! sont même entièrement indo.eul'Opéens distincl.. ; et ceci montre que dell lignes d'i80-
.ambiguës Il cet égard, Le système de l'imparfait et du pré- glosses peuvent être tracées il l'intérieur de l'indo-européen
sent, skI':. Ithbaram Il côté de bbdrdmi, gr. l'l'lPC" à c6t~ de ,ip,"" aussi bien en morphologie qu'en phonétique, C'est ce que con-
ne s'est donc maintenu qu'en indo-iranien et en grec, dans linne l'examen d 'un certain nombre de cas, où la répp.rtition
les langues où existait l'augment, par lequel se caractérisaient dialectale- est un peu moins ~'Yidente,
les fonnes trop peu netLes. Le slave a encore des traces
d'imparfait; mais ces form es servent d'aoriste, et ce ne sonl
que des restes isolés : les quelques aoristes radicaux tt'I,s que
padfj ,~ je suis tombtio " Il cMé de pade, et les 2~· et 3· personnes
du type nue qui remplissent une lacune des aoristes en -S· ,
tels qutl nts,j, Le slave et le latin ont remplacé par des form es
nouvelles: v. sI. tltst4X.Ü, lat. feribam, l'ancién imparfait qui ,
sans augment, n'était pas assez caractérisé. En irlandais , les
désinences secondaires ont été affectées Il un emploi tout par-
ticulier : distinction de la flexion conjointe et de la ttexion
absolue (cC. Rttlllutltique. XXVII, p. 369 et suiv. ) ; et il a étl créé
une forme nou\'elle , dite souvent present secondaire, qui ne
continue pas l'ancien imparfait. Le lituanien a formé un impar-
fait d' habitude , tout aussi nouveau que fertbam et ntsiaxü, le
ty pe SliktiatJall. Le germanique n'a rie n qui tienne la place de
l'imparfait . Les mêmes langues ont constitue un pl'éwrit qui
tient de l'aoriste el du parfait indo-européens , et qui pn,;-
sente des caractéristiques très nettes et bie'n dcfinies, en
grande patiie spéciales lt chaque langue: la1. probdfli 1 osq.
prufatted, 'Y, ir!. rll rams to j'ai aimé ", gol. snlbvd/r " fai
oint li, lit, pàsakojau u j'ai raconté », v. sI. dûaxfl ~(fa i fait"
sont autant de formations originales, où le prétérit H. une
expression indépendante des désinences secondaires, et où
même, comme en irlandais ~t en lituanien, la distinction
tel quel. l'tan!'l altératinn el'tl'l('n tir lle, En grec, il s'est meme
hrgemrlll c!lly~ loPPll ; tous les verhe~, ." compl'is les dénomi_
natifs , ont rc~: u un parfait du type n~tj.lV,l: (création purement
grecque), Puis la forme a éte elimÎnt:c : les dialectes modernes
indicns , iraniens cl Iw,l hloÎtlUNi n'en ont l'ien gardé, ou il. peu
r.HAPITHF. XY prt'S rien , I.'nrml' nien est connu 11 date trop basse pour que
le parfnit ," soit ('ons(!",'é; niais il coi'ncide avec les dialecte!!
inclo-imnien:oo et helléniques de basse cpoque en ceci que l'él i-
mination n été totnl ~1 et que le parfait n'~' subsiste pa!! même
LE PARFAIT il l'état ete tmces iSj,It~("s , ou de l'('stes dans d'autres form es,
,\u ctll11rair(', duns les auh-es longues, dès le début de la
Le purfait est en indo-eUl'opéen une formation singulière "- tl'adition, le parfait n'e xiste plusà l'état de forme autonome;
tous tIgnrds : il a des désinences qui lui sont propres, à l'actif Illi.is ses débris ont contrihué, dan!! une mesure plus ou moins
ct peut·titre même au moyen , et un 8unixe de participe actif lal'j{e, li ln furmat ion du prétl!ril.
(surtout nu singulier) qui lui est aussi particulier; le vocalisme Les langues où le parrait s'est ainsi fondu avec l'aoriste
prédésinentiel du sinl-rulier actif est le voca lisme -0- (et non )111111' (nUl'llirUIl prétérit sont, on le "oit, le:oo mêmes «ue ceBu
-t~ ) . contrairement Il ce que l'on observe dans la plupart deI! oil J'augment fait dMout di·s le début : l'augment distinguait
autres formes athématiques (toutefois v. angl. et v. sax. dllm, profondément .Iu pal,rait INi diverses fm'mes de prét.érit el
v. h. IL IlIom " je Cais ". et arm . ulem " je mange Il montrent reudait loute confusion impossible; car, sauf dans son prétC'-
que le timbre 0 n 'é~it pas entièrement exclu du présent radi- ril (tlil plus-que·p.'U'fnit), qui est d 'emploi 8sse~ rare, le par-
cal nthémntique): le redoublement est régulièrement en t (gr. foit ignore l'augment. La distinction entre l'indo-iranien,
;'i"~\r.~ ) ou reproduit un j ou un u de la racine (skr. tull/dt= l'nrménien , le grec, d'une part , el les autres langues, de
lat. fUll/di, skr. rjrua ) ; enfin le tOl\ , au lieu de se mouvoi., l'autre, ellt dOllc en partie une con!léqueDce du fait 'dialectal
entre la syllabe initiale du thème et la désinence, comme ou l'xumillé Illi chapitre précédent.
présent (véd,blbbarmi,bibIJflmisi; gr, ~la~~UI, !1~:61i,mais !(!:al3:;u) ~fa.is il ,\' li sons dou te une autre cause, En grec et en indo-
sc meut entre la syllabe prédésillentielle et la désinellce imnie .. , J'tlmploi du redoublement au parlait est à peu près
(skI', jajdna, jaFull); gr, ÀCÀtt,fI:u, )..li-tll1l1,t.,.::>Ç, comme ;,Ii.:ld- constant. En grec, le redoublement a même été étendu à tous
ni, i-..i..:I1tb'Ii)' Aussi le parrait n 'e~t-il conservé qu'en grec el les verhes dérivés, si bien qu'il n'a plus le' caractère qu'il
en indo-iranien fi l'état de rorn'lation autonome , c'est-à-dire avait en indo-européen d'une réduplication partielle de la
seulement dans les deux langues connues li la dole la plu~ racint', mais qu 'il est dc,·enu simplement la répétition de la
.lDci~nne el sous la forme la plus archaïque , Cette circons- consonne initiale du vcrbe suivie d 'une voyelle 1: ";;!'i'0,'ljY.2 ,
tance complique l'étude de la situation dialectale; néanmoins , ':'I~ î.IJ.T.'t.2 , ~l~T,;.W't.2 , etc ,; celte transformation , qui n d 'abord
si l'on examine l'ensemble des langues indo-européennes, il conduit li ét~ndre le rôle du redoublement, en 3. enlrainé par
apparaît des concordances qui semblent indiquer des distinc- la suite la pe rle, en lui enl(",·a nt 5.'\ signilication pro ronde : la
tions de dialectes li ce point de vue , répétition d 'une consonn(' initiale Il ' a un sens qu 'en tanl
Rn grec et en indo-iranien , le parfllit se maintient d'abord «u't,Ue est un rec!oublrnl('nt IIbrtlgé de 111 rncine , Les CflS de
10~ U : PARfAIT 1O~
parfaits indo-européens communs sans redoublement sont i~­ Le prétérit germanique est, en grande partie, tiré du par-
lés et peu nombreux. l.es princip.·mx se rencontrent dan" les Fait indo-européen , comme le montrent le vocalisme et 1eR
racines commençant pOl' w; il )' n ici l'exemple indo-européen finales du singulier, type got. IIIDPI , tL'lJrp , etc.; mais en règle
général: skr. véda, g-;.th. wMiI, gr. f~i:3l:, got. wail, v. sI. générale, le gotique (presque le seul dialecte germnnique où les
vtJt (et t'rlml), v. pruS.'i. waidima;. arm. giltm; l'ionien a otu Formes h r~doublement aient d'ordinaire gardé leur clarté) n'a
en fn cE' de homo (F)i(,):I'1.<2 : le védiqu'e a t';çivhn: l'arm . gom de redoublement que III où le prétérit n'est pas cal'1lctérisé par
H je ~uis Il (verbe indiquant l'exi!llence) ne saurait s'expliquer un vocalil'lme a (ancien 0) particulier: sla/lIa, ·staÎslaul ; balda,
mieux ({u'en partant d'un parrait C'orre.'ipondant il got. tuas (cr. haihald; etc.; seuls Font exception quelques verbes è. voca-
!lUI' ces formes et quelques autres. Rrugmann, Gnmdr., JII, lisme i, comme saia, sniso; Itlra, tai/ok; mais sltpa, sni'{.1rp eRt
p. 12t2 et "uiv. ) i le groupement de ces exe~ples suggère conrorme au principe géntlral. On \'oit mal pourquoi le ger-
J'idée qUf' l'absence de redoublement sel'ait eu rapport «vec manique, où le vocali!'ml' du parfait est si bien conserv.é,
la Corme spéciale de redoublement. ~ns voyelle, qui est de aurait élimin{ le redoublement. s'il n'avait eu des modèle..
règle en sanskrit dans les mcineS' à 11 initial, lype uvdca, lk'Ub . nnciens sans redoublement. - On pourrait alléguer que le
Les autres exemples citélO (\'. Whitney, Skr. gramlll .,' § 790 b prétérit germanique résulte d'une combinaison de parFaits et
ct r) sont peu clairs; ils s'expliquent en partie par des circon- d'aoristes radicaux : !f(lL budt/n peut être une 3e personne
stances particulières, et tous ne sont pa.'! des parFaits; le plur. d'aoriste radical athématique, et v. h. a. liwi est sûre-
nombre en est d'ailleuNi négligeable par rapport à celui des menl une 2e per!!onne sing. d'aoriste radical thématïque.
Formes sanskrites "à redoublement. Mais il y a une ca tégorie qui , par son sens, exclut 'tout
Au contraire, dans la mesure où le slave, le b8ltique, le mélange d'aoristes et qui a en E'rret fi. la 2e personne du sinlJU-
germanique, le celtique et l'italique ont del'l reste" de parFaits, lier ln désinence -t de parfait en germanique occidental, et
Je redoublement y manque liOuvent. non la Forme d'80rillle du type v. h. 8. liwi qui a été géné-
En baltique et en slove, il ne subsiste du parFAit que le ralisée au prétérit dans un groupe germanique; ce sont les pré-
participe actiF, lequel est indépendant du prétérilll. Formes per- térito-présents. Or, les prétérito-présenls, qui sont de PU"
sonnelles, qui repose sur l'aoriste. Et ce participe, qui a le parfaits pour la Forme et pour le sens, n'ont jamais de redou-
suFfixe du participe parFait et un vocalisme qui s'e:<plique par blement; gol. man, \'. ang!. mali (2- pers. mans/), en regard
celui du parFait indo-européen, 6St toujours sans redoublement: de gr. lJ.llL~~.2 ; gal. far!, v. h . o.. dari (2a·pers. darft ); elc. Ceci
lit. mlrp, ,u/mû, v. l'Il. -mlni, ·U/jrMi, en regard deskr. II/amr- indique clairement que le germanique repose sur un dialecte
'lhin, tnamnl.;r. Ces participes ont pu conserver parFois un voca- où, dès l'époque indo-européenne, le redoublement manquait
lisme radical particulier. dil'ltind de celui du thème de l'infi- ou pouvllit manquer.
nitiC et de l'aoril'lte, et même de celui du présent, ainsi v. 51. Le latin emploie le redoublement du parFait daM la même
t'iM:ü et brülü, mais il!! n'ont jamais de redoublement. Les mesure et de la même manière que le gotique: il y a redou-
Formes baltiques el slaves sont trop isolées pour prouver blement là où le vocalisme du perFectum est le même que celui
l'existence de Formes sans redoublement: lel'l participes grecs de l'inrectum : caedi, rtcrdr; lang", Ir/If! ; callo, ttrinr; ,und."
modernes tels que ~À.211lll,;~1ô repo!lent sur $!~À.2;.t."'!';~; ; toute- 1t//tulT; morJœ, fl/mnordr; etc . Les Formes tellel'l que tlltlllini ont
Fois des Cormes comme d"~1 et brtl~1Ï du vieux slave 80nt un vocalisme ambigu. Mais, quand le pcrFeclum est caractérisé
RASCZ Rrchaiques pour donner A.U moinl'l une indication. par le vocali!'me, il n'y ft pas de redoublement: linqucJ, lfqtll;
106 O I A u:C'n;~ Il'I' DO-F. Ul\npl!:F.:o.: s U : PARI'AIT 107
U;na}. t/lci; jll,fUJ. j/lgl; frangtl, fr~fj ; em6, l ",i j etc; rien ne per- probable que la voyelle longue des types v . ir!. gM el goL
met du reste de déterminer si cell formes repost'nt sur d 'an- trof n'o rien à faire avec l't du type got. Jetum, lat. JtlJl :
cie ns parfaits ou lur d 'ancien!> aOTistes . Les coïncidence .. got, qll1mm, laI. Ilin1; v. h. a. hriihhl/ln, lat.frigf, et des prété-
('litre le latin ~t Je germanique relevées par M. Hirt, J. F., rits lituaniens tels que 2ml, tûrt, etc . Ce qu ' en~eigne sur ces
XVII, 279 , résultent dd'nc de l"application d'un principe géntL rormes M. Loewe, K. Z. , XL , 289 et suiv., est 6videmment
roI , el ne prouvent rien indi'viduellemcnl ; mais la coïncidence erroné (sans parler du skr. Jet/imd , qu'on estsurpris de voÎl: citer
de principe es t plus importante C(~e ne le sernÎl telle ou telle il côté de rormes li t indo-européen). Comme les prétérito- pré-
colncidence de détail; et, dons son Ab/aut , p. 19fi, M. Ilirt a sents ont le vocalisme 'léro au parfait, ainsi dans got. mu"u",
t>u Krnndeme nt raison d 'attirer l'ntlention sur l'importance des ûwllm, en regard du degré t des prétérits ordinaires tels que
formes de parfait sans redoublemf'nt dan!; les diaJecles oc(~ i­ gat. qlmun , berulI, ces rormes à t radical sont très suspecles
dentaux . d'être d'o.nciens 'aoriste!! ; nulle part en effet, elles n 'ont valeur
L'irlandais emploie le redoublement dans les mêmci'I cas <JUl' de parraits proprem ent dits, et partout elles M!rvent de pré té-
le latin et le gotique (voir les listes de verbes rorts, Yendrws. l'ils ; le contraste de got . mumm CI ils pensent " et de ql m/ln u ilR
Gr. du l '. ÎrJ. , ~ 4.00, p. 210 et sui v .) : eanim, (<<bain; 10~i/JI ; sont venus .. :ooemble décisir. Et dès lors lat. utni, -Ilei etc.
gegoll; dadim, «<bladalar ( :1 ~ plur. ) ; II/aidim, -mtlllaÙ! : doivent passer aussi pour ètre issus d 'lIl1ciens , aoristes , de
"nJdm, -nmale ; lortgtl, -tt /fig ; Ill ilil/l, fe/o/ , mais aussi dans méme que v. irl. ro mrdar.
quelques autres ou le vocalisme du parrait se maintenait: rigim M. Loewe, K. Z ., XL, 284etsuiv ., e.'lMÜe de rendre compte>
reraig ; di"gim, -fltdncb ; gretmim, gl'grailm; Ji'lmi/ll , Jefain,, ; cr. 1t des parlaits sans rê'doublemenl par une perte du redoublemen\
ce point de vue le type I{ot. tahok. 'foulerois, lit ail le voca- due il l'haplologie; l'explication est arhitntire ct peu pro-
li' me est tJ (devenu li en irlandais). c'est-à-dire là où il est bable puisque les langues occidentales ont à. la rois des rormes
hautement c. .tractéristique. le vocalisme doit être celui de la il redoublement el des rormes sans redoublement , et elle est
:\" pers. sing. véd. jajhlla , par opposition il { nt pCI·S. jajill/a, surtout inutile; car il n'est pas établi, et l'on n'a pas le moyen
mais il n 'y 0. pas de rlldoublenU'nl : guidùlI, ro gl/id; ttc!Jim. ,'0 d'étahlir que le redouhlement ait jamais été universel dans le
liIieh; JClIÇ!Jilll. nI J(ifirb , Le germunique n'a de rormes de ce pnrrait indo-européen .
gwre que dan<; la meRure où le présent a le vocalisme a (issu Une seule chose est sûre ; c'est que, par contraste avec le
de ·0), v , h . a. faru, f uor ; gal. graba,grof; etc.: mais il en a peut- jofrec et l'indo-i l'anien , on trouve en certains cas normalemf'nl
être eu un jofrand nombre ; en elTet il conserve le redoublement - et non pas d 'une manière accide_ntelle - des rormes sans
dans des cas al! le singulier du prétérit est caractérisé par le rpdoublement repr.!senlant des parrait!! indo-européens en
timbrll , mais ne pouvait en aucune mAnière l'êh'e par la quan- slave, en baltique, en germanique, en celtique et peut-être en
tité, comme got. ttka , laitok; on peut soup,>onnel' que le gel'- italique. On s'explique pal' là que le parrait a été moins stable
manique a d 'ahord opposé 1.... l,ers . bar , 3~ pers . "WI', comme dans toutes ces langues qu'il ne J'a été en indo-iranien et sur-
,,(>d ., jabhllra : jnbMra i puis, d'aprètl le type' MI/d, wnrf, il tout en grec. - Les rormes sans redoublement sont évidem-
oUl'ail générali sé /Ir,r; ou entrevoit ici un moyen (Iri's douteux ment de date indo-européenne, comme l'a indiqué M . Birl :
et hypothétique) J 'expliquer le contraste entre bor et laitok. il est oiseux de rechercher ici si elles n 'ont jamai!i eu 'le
Quoiqu'il, en soit , l'absence de redoublement qui caractérise redoublement, ou .'Ii, rayant eu il l'épotlue pl',\indo-euro-
le jofermanique se retrouve pnrtiellement en irlandai" . _ Il est pépnne. elles l'onl perdu par chute de ·t.
108
Un rapprochement du parfait et de J'uonale radica l, sur-
tout athématique, - déjà facilité pur, l'absence de l'augment
- n été ainsi provoqué dans ces dialectes par l'absence de
redoublement au parfait , et s'esl en elTet réalisé. Le perfeclum
latin est une combinaison de parfait et d'aoriste dont le détail
est bien connu : 'il suffit de rappeler des (ormes comme CHAPITRE XVI
dl:cÜtf. tutlldim . En germanique occidental, la 2- personne du
singulier du prétérit est empruntée" 1'aoriJ;Le radical, tandis
que la iN. et la 3- proviennent du parfait: v. b. 1\. t e el 3e lth,
2" li",;. Et dans lous les dialectes germaniques, on n'a pas le LE SUFFIXE OE PH~:SENT • - Y&
moyen de déterminer si le pluriel du prétérit représente un
parfait sans augment ou un aorisle radical : got. b"dun est L'indo-iranien a un sullixe de pl'ésent -)'n- dont les fonction!>
entièrement ambigu et peut répOndre soit au thème de parfait !jonl très multiples, mais dont la forme est toujours la mt!me :
de véd . bubudbJ (moins le redoublement), soit au thème d 'ao- qu'il s'agisse de dénominatifs , comme skr. tlamasyati, de
riste de véd .l",dharuil; ; seules leli formes du type got. qentun déverhntifs, comme skr. doiiçydte (li côté de dldil(e), de verbes
se laissent reconnaître pour des aoristes d'une manière pro- exprimant un etat, comme skr. fnOnyale, ou de passifs, comme
bable. En irlandais, certains verbes ont . pour prétérit un skr. cbid)'ott, le suffixe est constamment -ya-,
nncien parfait , d'autres un ancien aoriste; mais un même Le suffixe correspondant est toujours -y c/e- en grec, q\lel
verbe n'a en générol qu'un prétérit, el, queUe qu'en soit l'ori- que soit l'emploi: ;C;.I("', iUp,,2tpW, a-,(~w , Il4€Y~)UI, etc. La
gine, ces prét~rits sont équivalents pour le sens et l'emploi . form e du suftixe grec coïncide donc e.xactenumt avec celle du
Le germanique, le ce1t(que et l'italique pré~Dlent donc celte suffixe indo-iranien .
innova lion commune d'avoir constitué leur catégorie générale On sait que le baltique et lesltive présentent, en regard de cc
du prélprit. (ou du perfectum) au moyen d'une combinaison de suffixe en npparence unique, deux types distincts: celui des
formes de lJ8rfRit et de formes d'aoriste tandis que le bMltique verbes indiquant un état qui ont pour caractéristique du pré-
et le slave onl un indicatif aoriste et un participe actif parfait. ~nt sI. -j- (intone' doux), lit. .j- (bref) if toutes les p.ersonlles
autres que la première, par exemple v.sl. miniui, lit. mlll; ( 1"
plur, minime), en regarddeskr. m4nyaleel de gr. !Jo.2in-:::n ; el celui
des présents gént!ralement dérivés, dénominatifs, eoml"!lev. sI.
jm(Jj~, lit. piuakojn, déverbatifs, comme \'. !jl. dnjli, lit. jl/nejn, ou
unciens dérivés ayant pris le caractère de pré!jents primaires,
comme v. sI. Jj~. lit. lit;,,; ce second type a , en sla"e.
pour suflixe -je-, en lituanien, -ja- {cr. M. S. L., XI , 297 et le sui.,·.)
~I toutes les personnes.
La distinction des deux suffixes· -J- el • -ye /~ attesWe par
le slave et le haltique se retrouve sans doute en arménien . . Les
verbes exprimant un ~t.a t ct les passif~ que ce type a rourni"
HO DIAU:CTE!\ l XOO-Et:ROPKE:SS Ht

comme en iodo-iranien sont caractérisés par un -i-, et les fOI'mes ou le vocalisme predésinentiel du type thématique est
consonnes précédentes ne semblent pas . su~ir les altér:atio.ns -0- ) et de -."t-, la quantité de lï I!lant d'élerini née en partie
que provoque la présence d'un ancien Y: Amsi .Ie verbe prl~arre par celle de la syllabe précédente. Les rormes latine et
n-slim « je suis Q,;sÎs l) (aor. n-stay ) semble aVOIr,le mê me-J-q~e gotique se répondent exac tement, sauf il la t ,." personne du
v. si. sMitü « il est 8ssi!l ». En aucun cas, les passifs tels que btnm pluriel, où l'on n'a pas le moyen de décider lequel des deux,
ICje suis porté >l, en face de bue," Il j~ porte h , n'onl trac~ d~une
du germanique ou de l'italique, l'eprésente le type ancien :
action de y. 11 Y a donc lieu de croire qu~ le suffixe était -1-, \ lat. sdgi~ stlgfs stigil sitgflllllS sdKftis stigùmt
comme en baltique et en slave . Au contralre, le suffixe~es ,déno- 1got. sokja soktis .sohip sol.jam soluit sokjalld
minatifs etdéverbaüfs était ··ye-, avec -y- consonne ; amsi dans ~ lat. capi~ capis capit capitlll/S Cl/pitis clJpirm/
go(tm Il je crie u, de • wok u'.yt-, cr. skr. vhk gén. votab, zd tdx! i got. bafia hafjis hafji, hafiam bafjip bafialld
instr . wca, gr . (' )!-:::Il (lICC.). l, )'7: t (dal. ). lat. utlx, ~t pour le
sens, v. pruss. wackis u geschrei )) (voc ) ; ~1Il " J ~ppell~ JI Ainsi que l'indiquent v. h. Q. heuis, JJtVit, v. sax.Jdd Ixfis ,
(de -g..ot-yt-, cf. got. qilan , d 'après M .. Lidén) ; altlll " Je.crOis n btjid, etc., le j de got. hafjis, bafjip provient d'une innova-
(cf. lit: Ôga « pousse " , .d·ap!ès ~f. Lld~ n ) ; _éana~m. l'_Je con~ tion analogique proprement gotil{ue (v. Streitberg, Urgtrm.
nais Il (où ~e- repose sur t.-e . -su- élargi par -yt- , SOit -sk-yt.-, Gramm. , § 206, nolamment, p. 305). L'osco·omhrien tend il.
cr. gr."p(~IT1.W , lat. (z)rnJsc6), etc . généraliser - f·, type ombr. heris , hai ; toutefois quelques
Le slave, le baltique et l'arménil':n rorment donc un groupe rormes syncopées, comme ombr. herter, oSl{o fac/lld garan-
de dialectes qui , distinguant - . ,- d'une parL, - .)'t- (--yo-) de tissent l'existence d 'une forme à -;- en osco-ombrien (v. Buck,
l'autre, s'opposent li. cet éga rd à l'indo-iranien el au grec, où A gramm. of Ou. alUl Ulllbr .,~ 2 1 6, p.165 J. Le type qui ac6ns-
--ye_ r-yo-) est la seule r?r~e atle~tée pour l.es deux ty_Pf!.~' tamment • -yt.- en sla,'e, baltique et arménien a donc -,- en
En germanique et en llahque, le lype qUi présente -, - en italique et germanique , au moins dans taules les formes où la
sluve, en baltique et en arménien n'est guère représenté b. ce règle générale du vocalisme du type thématique demaude-
qu'il semble . rait e. El il ne s'agit pas ici de verbes d'état ; c'estle lut. habirt,
S'il en reste trace ell latin, c'esl surtout, dans les dérivés le [Col. haban qui ré!)Qndenl à lit. tùri, tu rbi <c avoir Il pOUl' le
pourvus du suFfixe secondaire ·-skt-, ainsi lat, (rt-)mini-scor, sens, et lat. capiù, gol. hafja répondent de Rll!me à lit. tviria,
(eom-}mini-sror, en race de v. 51. mlni·lii, lit. mini; ~t ces ror~es tvtrti « prendre •.
n'onl rien de caractéristique, car le grec a aussI des dénvés Dans la mesure, très restl'einte du Nste, où le germa-
en -J-on\/) tels que .ùpm.w (li. côté de , CpT,ltll) par exemple; lïra- nique a des form es correspondantes i. celles p.n • - 1- du bnhique ,
, L ' • . du slave et de l'arméniell , let y pe se confond entièremen t av~cle
nien même a comme on sait, Id 'tri-sa-. a larme en .-/- qUi
existe souve~t li. côté de ces présents subsiste seule d'ordi- type p"écédent, celui de got. hafja; deux exemples Sltl'S (non
nnire; ainsi le latin a wllrt, stdwen race de v. si. siditil,stditi; atteslés en gotique, ce qui est à noter } sont : v. h. a. si,{II.
uidlrt "ifÜ6 en race de v. si. vjditti, vidtti; etc. sit, is el liecu, ligis; v. sax. sittia, silrs el/iggil/, Jigis; v.
En' revanche, au moins dans les cas Où le ~umxe suit ang!. sitte, Si/fit et IiCKt, ligtst: v. isl. siljn el Jigia ; cf. v.
une consonne les présents répondant au type slave, bal· h . a , s~d~ , sldili et Irt<l, IrtiJi; seul, le gotique R ie" rormes
tique et arménien en - -)'t -,- 'JO - ont en g~rmanique et en italique Ji/ail ('l ligoll , qui peuvent ètre aussi <lnciennes, cf. 1;1'.
llne alternance de - _,,0_ (dans les ' formes , ou dans une partie des )'iZ't~ \; de plus, le vieux haut allemand Il les for mes ds IIn!-
112 1Ia
sent htbis (/JthiJJ ), /xbil, libit, setil de babill. !t/K". sDfll1 (cr. le Il Y a ainsi concordance parfaite du gumanique, du cel-
type lit. triri ; ,,,rhi) ; el la t ... personne du singulier est v. tiq~e et de lït.a li~ue, et, par suite, on est en droit de poser
sax . bthbill , v . aogl. hatbbt, la rorme COn1l11UO(' du pluriel , v. troIS groupes dIstincts : 1· grec et indo-iranien, avec un seul
sax. ht.bbiml, v. nog1. habbod, hMbbad; il subsiste donc des suffixe· -yeJ-yo-, servant pour les présents qui indiquent l'étal
re8t~8 not.ables du present en ••~.: -7-, it eùté de la (orme il et pour les présents dérivés; ·2- slave, baltique et armé-
.~_ qui tend il. se généraliser. - lin général, le germanique nien , avec un suffixe· -1- des présents indiquant J'~tftt , et
élimine le type correspondant lIU type slave en -i-; ainsi le un suffixe· -yeJ-yo- des verbes dérivés ; 30 germanique, cel.
préténto-présent got. man, ('.te. tient la place du présent cor- tique et italique, avec un Imffixe • ~J-I- des dérivés; dans
respondanU. s1. mlniUi; c'cst qu'en elfet le prétérito-présent est ce troisième ~roupe il y a une tendance li. éliminer le type qui
parfois substitué ~ un type de pl'êsenl non conservé en ger- correspondrait au type slave, baltique et arménien en • _J_ oet
manique; cr. par exemple got. ga-I/ars, etc., en fRce de skI'.
• •
dans la faible mesure où il subsiste, ce type se confond ici,
dh(ll)6ti, v. sI. dru{,,~ (el traces de drii{'wv- ), pour la rorme, nec celui des présents d~rivés (t;1. -je-Jo
Les (aits italiques el germaniques sont évidemment insépa-
rables; dès lors , on en doit. retrouver i'équivalent en celtique ;
malheureusement, l'état de dégradation phonétique et mor-
phologique où sont les plus anciens dialectes celtiqut'8 dont on
ait les formes grammaticales rend la détermination impos-
sible dans la plupart des cas. 1\ y a n ~a nmoins quelques rormes
décisives en vieil irland'ais. Les 3e> personnes conjointes du
singulier -[Dib" il prend " , d'une part, et -/titi "il laisse Il, de
l'autre, reposent en effet sur de~ GlleleR • -il (après syllabe
brève) et ··ft après s.l:lIabe longue; et -gDib exclut· -yr-l qui
aboutirait à v. irl. ·i. Les 2"' pef'!lonnes du singulier d 'impératif
gaibH prend » et llic« laisse Il n'indiquent rien sur la quantiW
de -j final, puisque·.J et· -1 devaient aboutir au même résul-
tat en irlandailt, mais excluent· -yt; ce sont donc des rorme!t
du mème type que lat. CDpt (de· topi ) et stigJ. Ces formcs irlan-
daises appartiennent il des verbes qui répondent ou t,H)e sI.
-je-, lit. -jD- (type lit. ttJèria " il prend . ,, ). On a tm irlandais
Ol!/i présents qui répondent au type sI. -i·, lit. .;- ; mais ils
tont déponents, et ne présentent par suite pail de rormes
telles que gaib qui soient instructivelt ; les principaux Atmt
"wini"". « je pense Il et gainiur «"je nais " ; tout se puse comme
si les deux types étaient confondus, de même qu'en germa-
nique . Et Je latin afib,fts, qui uppartient à ce type et se com-
porte exactement comme sllgiù, sdgls.

DE QUt; LQUES SUF F IXES NOll INAI;X

Brugmann, Grundr. 112, 1, p. 367), a fourni des participes è.


deux langues seulement: le slave, où le type ntslü, accompa-
gné d'auxiliaires divers , sertà Cormer lous.les temps composés,
et l'arménien, où l'on a li. la Cois des participes tels que butai
(gén. btrtloy) ~~ poité, ayant porté " , el des infinitifs tels que
CHAPITRE XVII herel (gén, btreloy) Il portel" ' l , et où il n 'y a pas d'autre forma-
tion de participe passé ni d 'infinitif. TouteCois l'ombrien a
peut-être aussi un emploi pareil du suffixe, dans le type mlt-
lUit ~c imposuerit "; et l'on a dans les dialectes celtiques des
DE QUELQUES SUFFIXES NOMINAUX infinitifs en -1-, notamment en brelon , v. Ernault, Zeitscb, f,
a it. Phil., lI , 513 et suiv .; mais la fixation de l'infiniti(est
Il Y a des formations nominales qui sont bornées à certains un fait dialectal en celtique.
dialectes. En voici des exemples: ... Le suffixe des comparatifs primaires est élargi par un
to Les noms thématiques du type gr. '(~~CÇ = skI'. jtina& , suffixe -·tn-, en g rec, en germanique et en lituanien: gr.
gr. q>6p'r; = skI'. bhdra~, et les dérivés cOITE'spondants en -à- tels -IjUwv, -Ijaio~.:>; (la forme sans élargissement subsiste dans l'ac-
que gr. Ij'cpiX,lette (at-)bara, arm. (thaga-)wara-(w ) « par le roi " cusatiC atl. -IjMw, etc. ), got. suti{a, suti{ins (il ne s'agit pas ici
litt. « par le porteur de cou'ronne Il sont fréquents en iodo- d'une form e de déclinaison faible de l'adjectif, puisque la nasa le
iranien, en slave, en baltique et en gre<:. Ils tiennent en ge.... est constante ), lit. saldis-II-is-,
manique une place beaucoup plus petite, et manquent presque Par une exception unique entre tous lfos adjectifs (v.
enlièremf.ot en celtique et en italique où ils ne sont repr{>- M , S. L. , XIII, p . 213 et suiv .), ll!s éomparatifs primaires
sentés que par quelques mots . n'onl pas de (orme féminine particulière en grec, italique et
20 Le suffixe *-t"o-, ··toro-, a-tro- sert dans toutes les langucs ct'.Itique : gr. ij~ ("jV (et ij~t~ol , etc. ), lat. suauior, v , irl. siniu
indo-européennes à marque; l'opposition de deux qualités . " plus ancien )1 servent à la fois de masculins ct de fémi-
Mais deux langues seulement en ont étendu l'usage à la for- nins; et, concurl'emment avec le fait que le comparatif a été
mation de comparatifs secondaires d'adj~fs quelconques, limité au nominatif en irlandais, il en est résulté que la Corme
du type gr, · ~)v-6up.:>; = skr. àmdtaraJ;, à savoir le grec et l'indo- ir'iandaise esl .invariable , Le comparatiC a reçu un féminin dans
iranien , De la fonction générale, l"irlandais a tiré indépendam- plu:iieurs dialectes contigus: germanique , slave ct indo-ira--
ment un autre usage., celui de l'équatif: v. irl. Illa/hithtr Il aussi nien , sans parler du baltique où Je su·ffixe secondaire du type
rapide n, de luath, Et ce développement , par sa différence lit. saJdès-n-i-s rendait inévitable l'introduct.ion du féminin .
même, monll'e hl ...·aleur probante de la coïncidence entre le 5° Un suffixe·-tiU- d 'abstraits déri vés d'adjectifs se trouve en
grec et lïndo-iranien. - Le latin , l'irlandais. le germanique , italique: lat. illllen/ùs, -t/ltis, en celtique: v. irl. (}itill, (}ited" jeu-
le lituanien , le slave empl'lmtenl au conll'aire leur compa - nesse ", bethtl, btthad « vie ", el en germanique: goL mjkiJdllfs
l'atif secondaire à l'ancien ty pe p rimair~ ( skr. -)'as-, t'tc.) ; l'ar'- « grandeur Il. Importafl:t en latin et en irlandais, le surfixe
ménien , qui a une formation toute nouvellt.:, n'enseigne rien. p.st rare en gotique el manque dans lcs · autres langues ger-
3° Le suffixe --11r de gr. (l"t '(TjÛ; , \.I-l;.I.",,),;;, lat. ·crlduJus, biJl/I- maniqut's. Comme pOUl' le type 'l';pO;, 'fOp~, le germanique est
1115, K0l. snkuls« dis puteur, slalmls " dis poslÎ il fl'apper Il IV. ici inlerméLliail'c enll·o! l'italo-celtique et les autres langues.
116 DIALECl't:8 INDO-t:UROPEEN!I m: Ql:ELQUF.JI IIU I'I'IU:S NOMI NAUX tt7
6- Le type des noms de nombre collectifs tels que skI'. péen (1. F. , XXI, p . 315 el smv .). JI conteste la valeur de la
t""ya~, v. sI. Iro;i (troje) , lit. 'rtjl n'est clairement attesté qu'en forme" snUJ6.. l, au moyen d'une étymologie qu'il propose; mais,
iudo-iranien, en slave et en baltique ; les traces relevées dans outre qu'une explication de mot indo- européen échappe II toute
les autres langues sont toutes douteuses (v. Brugmann, Dit véri6cation , il demeure que l'indo-européen a possédé un mot
distr. u. d.loll. NUlneralia, p. 12 et suÎv. ; dans les Ahbandlun- " J"nus6- désignant la " bru » , donc un thème en -0- désignant une
tende l'Académie de Saxe, vol. XXV) ; en revanche, le type lemme. Et surtout, M . Brogmann ne discute pas les raisons
en ._~ de lat. trinl, terni ne se trouve qu'en italique, germa- qui rendent. probable a priori l'emploi des thèmes en "_'1,_au
nique et baltique (v. ibid., p. 28 et suiv.). féminin . Tous les autres types de thèmes de Ilubslantifs ad-
,. Les thèmes en...q- admettaient en indo--européen le genre mettent le genre féminin ; même les thèmes en "-12- ne sont pas
féminin , comme le montrent lal. fdgus et gr. f'lT;Ç, ...101;" et. limités au féminin , mais fournissent aus~i des foubslanlirs mas-
arm.. nu (gtn . nuoy). etc. Et par suite, ,l es noms d'animaux culins en latin. (scrlba ), en grec, en slave (sIUIIJ, wjLVOdIJ , etc.),
thèmes en ~ servaient également pour les mAies et les remeUes, et en arDJ.énien (thagawor, instr. 1hal lJW01'IJW roi ») ; c'est
1{

ainsi encore gr. cir7.t~ .. , Î'::'tto'O, etc.; le" formations des n,oms de donc l'usage· grec el lalin qui esl confOI'me à J'usage général
femelÎes proviennent toutes de développements indépendants indo-euro~en. Il e~l , d'ailleurs, peu vraisemblable que des
de" divers dialectes; parfois les résultats de ces développe- mots tels que gr. !~:; et 1'.ii,u.. O,; aient pris secondairement le
ments colncident dans plusieurs langues, ainsi skr. dçtJd, lit. genre léminin. On conçoit b~en comment l'nnalogie des adjec-
aJ'{'Vtl, lat. tqlUl i ' mais ,s ouvent aussi ils divergent: skr. (lqi, tifs a fait disparaitre dans la plupart de~ longues l'emploi des
en face de lat . ursa (cf. A. Meil1~t, Sur des in1trdictions de WC4- thèmes en '-'/D~ au féminin ; l'action analogique inverse estcom.
bu/aire, p. 7). Le fêminin du mot « dieu est dtul en sanskrit,
1) pIètement invraisemblable : les féminins en '.e/,· ont fini par
Ika en latin (cf. osq. dal. dei vai). Un féminin en "-.:i- nu'oppo- être éliminés en grec el da us les langues néo-latines, comme
sail régulièrement en indo-européen à. un masculin neutre 'en partout ailleurs; seulement l'élimination a eu lieu à date his-
"_·I,,~ que dans les adjectifs. Mais, dans toutes les langues torique, tandis que , dans les autres la ngues de la {"mille, elle
autres que l'italique, le grec et l'arménien (avnnt la perte du est antérieure aux plus anciens textes . Enfin , la cause pour
genre grammatical dans cette langue). le. fail que, dans les laquelle le grec, le lAtin (el sans ~ oute l'arm ~ nien avant la
adjectifs, "-0- caractérisait ainsi le masculin-neutre par oppo- perte de la notion dl! genre) ont gardé plus fid èlement l'usage
sition ù. la marque "..d. du féminin a entrai né l'éliminat.ion indo-européen se laisse peuUtre entrevoir : ces langues sont
du genre féminin dans ces thèmes; ou bien le thème en"~ celles oû le timbre -0- est demeuré bien distinct du timbre -4- ,.
s'est. maintenu en deveno.nt masculin, ce qui eslle cas de skr . en indo-iranien, en slave , en baltique, en germanique, les
bhürj4b et lit. bht"as (1 bouleau "' , ou le genre féminin a subsisté timbres IJ et 0 tendaient li. se confondre , comme on l'a vu ,'
en déterminant un passage aux thèmes en "-d~ , ce qui est le cas la distinction du masculin et du féminin n'était plus guère
de v. sI. brt{a et de v. isl. biprk (v , M. S. L. XIV, p. n8 et marquée que par la quantité de la voyelle du thème, el non
suiv.). L'indo-iranien, le slave, le baltique, le germanique et
le celtique s'accordent fi. éliminer le genre féminin des t.hèmes
en "-0-. t. L'importance de cette rorme dans la quesLion a élé reconnue d'une
manière indépendante par M. Pedersen et pu l'auteur du preaent ou~
M. Brugmann continue, il est vrai, à repousser l'idée que vra~ Iv. Bulldin de la Soei~t~de lin!Jui'lique, XII , p. LU:n, séance du
les thèmetl en "-0- auraient admis le genre féminin en indo-euro- '7 juin t 9O!).
ttS DlAI.EC"':!! INDO-EUflOptEN8

plus par le timbre de cette voyelle, comme elle l'esl daM OOnum,
"'mali'; ,0,0'1, fl'Aoiv, etc.; il importait d 'autant plus dès lors
de réserver le type li. brève au mascu.Iin , le type li. longue au
f~minin i la netteté du signe ay~nt diminué, l'emploi en devait
être plus strict pour demeurer clair. Si celte explication, qui
peut paraître subtile, mAis qui cst justifiée par une rema~­ CHA PITRE XVIII
<juable coïncidence, est exacte, l'absence de traces du fémi-
nin en ._~!._ en celtique résulterait du degré trop avancé
d'altération oü les langues de ce groupe étaient parvenues li.
la date des plus anciens textes et de l'importance très grande I.ES FOHMES CASUELLES EN -BH- ET EN -M-
prise par la distinction du masculin et au féminin ; si l'on
avait des textes celtiques plus anciens, on y devrait trouver La diJférence entre un datif pluriel cn -bh- , comme I!kr.
des thèmes en -0- féminins. -bby{/~ , zd -~, lat. -bI/S, v, osq. - Cs , v . irl. -ib, gr. -,tC. . ) et en
-mA, comme got. -III, v. lit. -mm, v. sI. -mlÏ, est un deI! pre-
miers Cails qui aient attiré l'attention sur le problème de la
dialectologie indo-eurOpéenne . Comme il a été bien établi,
principalement par M. Leskien, qu 'il n'y a pas eu d'unité ger-
mano-balla-slave postérieure à l'unité indo-européenn~ , la
concordance très frappante qu'on observe ici entte le ger-
manique , le Imltique ct le slave ne pput ùonc, si on lui accorde
une signification, s'expliquer que par une distinction dialec-
tale à l'intérieur de l'indo-européen commun.
M. Hirt , I. F .. V, 2!H et suiv. , a supposé que les formes de
datif-ablatif auraient eu originairement" -bh-, el la forme
d'instrumental"-1II-. Chaque langue aurait ensuite généralisl>
l'une ou l'autre initiale. Mais c'est une pure hypothèse. Ou
côté de l'instrumental , riell ne vientl'appuyer (cC. v. Blankens-
tein , l. F., XXI, tOO et suiv.) ; el même l'arménien , où -les
désinences de ce type ne fournisl'ent qu'un seul cas, l'instru-
mental , ne possède que -bh- et n'a aucune trace de -,JI-: instr,
sing. ob, -v, -w (harb, khnov, amaw), plur: -bkh, -f.Ikh, wkh (harbkh,
IJmovkh, "âmawkh) ; l'arménien contredit do~c directement la
supposition de M. Hirt. 11 n '1 a pas trace de désinences en -"1-
en dehors du germanique, du baltique et du slave; véd. santmi
n'est pas un adverbe représentant un cas en -",i,et lesarlverbes
tels que lat. portim représentent des accusatiCs, comme l'in-
\20 OI Au:c n : !\ I:\"DQ-E lJ fl OPHE 1IO M \2\
dique r emploi de parttm . Pour Je datiC, on peul invoquer le de valeur définie : skr . ~bbyQI) et zd -11.>'" de datif-ablatif plu-
rait que, au datif singulier, des langues qui par ai!leurs onl riel (on sait que l'ablatif n'a presque jamais une forme qui lui
seulement des formes en -"'., onl l e pronom de 2" sing. dat. soit particulière) ; skr. -bhib, g'Jlh. -bu, zd -lill, v. pers . -biJ
v. sI. ltbi , v . pruss . ltbbti li. loi " , en (ace de skr. tubhya{m),
f( d'instrumental pluriel , skr. -bbyitm; zd -I>;'a (avec longue finale:
gAth . taibyif, lal. tjbf. ombr. tere; mais la flexion des pronoms -bJd-la ) et -bylJlIl de datif-ablatif-instrumental duel (les trois
personnels esl trop li. part pour rien prouver ; le pronom de CM n'ont toujours qu'une méme (orme au duel , nombre flui
i·~ pers . sing. a une (orme tout li. fail isolée: ski'. milbya(m) " il
moi ", arrn . inj, lal. mihf. ombr. IIItbt., ell 'arméniena celle même
gutturale dans kht{ u li toi " , tandis que le germanique a un -s-
n'a qu'une petile quantité de formes casuelles distinctes) ;
arffi. -h, -v, -w (ournit l'instrumental singulier , et
-u'lth l'instrumentul pluriel ; v. sI. -II/i ~ppartient Il l'instru-
.
. -blth, -vltb

qui lui est propre : got. mù. tus, v. isl. ,nU, fir. v. h . a. mir, mental singulier, -11/; à l'instrumental pluriel, -m,i au datif plu-
dir. - Enfin , li. supposer que les initiales -bh- et -m- ait-nl été' riel, -/na au datif-instrumental duel ; lit. -mi Il l'instrumental
en indo-européen réparties entre différents cas,la concordance singulier, -mis" l'instrumental pluriel, -mus au datir pluriel,
du germanique, du baltique et du slave dans cette répartition, -ma au datif-instrumental duel; v. pruss. -matis est datif plu-
et le C9ntraste avec le celtique , l'italique, le grec, l'arménien riel. Toules ces formes expriment d·une manière précise un
el lïndo-iranien n'en subsisteraient pas moins ; le fail dialec- certain cas el un certain nombre.
tal porterait sur la répartition au lieu de porter sur uqe diffé- Au CC!ntraire la désinence homo ~,I ( Y ) . qui parait être d'ori-
rence originaire entre les formes. gine éolienne et manque dans les autres dialectes, vaut à la
Ce n'est du reste pas ln seule ligne d'isoglosses qui enserre fois pour le singulier et le pluriel; et elle sert pour tous lea
le gerinanique avec le baltique et le ,dave : la ligne du traite- cas à sens réel: datif, ablatif, locatir et instrumental; elle ne
1T ent de -1" et ceUe de la chute de -1 intérieur par exemple tientjnmais la place d'un génitif ni d'un accUS3tif. Comme il
montrent que ces trois langues sont issues de parlers indo- s'agit chez Homère d'un archaïsme, on pourrait être tenté de
européens qui presentent certains traits de ressemblance . De voir dans -?~( ... ) aine vieille forme mal comprise et employée
plus, des deux formes du collectif neuire qui tient la place de indilTéremment li toutes sortes d'usages ; mais s'il y a dans la
nominatil-accusatif pluriel , il savoir - -à et - -1, le slave el' le langu.e homérique nombre d'archaïsmes traditionnels, et IIi cet
g~ nnanique ont généralisé l'une, celle en - -Ii (got. j"lta , v. sl. archaïsm~s sontemplo~' és arbitrairement, du moins ils gardent
jjga; got. nomna, v. sI. jjmena ), tandis que le grec a au con~ leur valeur exacte là où ils figurent , et rien n'autorise il
traira généralisé celle en - -1 ('\l'fi, b"'~;L:rr:z ) ; mais, si le latin a attribuer ù la langue homérique l'emploi capricieux d'une vieille
généralisé - -1 (;"gd, tIOminil ) , l'osco-ombrien a - -4 (ombr. forme dont on aurait perdu le sens ; l'un des caractères éminents
iuku, uotlMJ, osq. pruftu, comono), comme au nominati€'sin- de la langue homérique est précisément l'extrême correction
gulier des féminins en -d-; le fait est donc peu caractéristique, dans l'emploi de formes qui étaient sorties de l'usage au
tout en méritant d'être signalé, il titre de colncidence. moment où le lexte transmis a été composé et fixé; l'orctiiJsme
de Sertaines formes ne se traduit que par un manqUe de
Cette ligne remarquable de ~m- et -bh- est croisée par une constance dans leur emp'ioi . Du reste, lat. -bus, osoo-onibr. -Is
autre qui elOt relative aux mêmes :désinences. (-ss, -f) Ollt aussi une valeur multiple: datif, ablatif, locatif
En indo-iranien~ en slave, en baltique et en arménien, les et instrumental; et de m~me v. irl. -lb. Le latin a de plu." les
désinences en -M- ou en -m- fournissent des formes casuelles pronoms personnels tlùbiJ, tuJbff; mais on ne saurait rien con-
122 123
clure de formes de pronoms personnels; celles·ci ont du reste la lières qui ont occasionné une réduction très ancienne de la
même valeur complexe que celle des noms ordinaires. C'f"st d~clinai80n, et le maintien des seuls cas il grammaticaux ".
cette quadruple valeur des désinences en • -bh- qui permet de (M. R. Meisler, Btrichtt de l'Académi... de Saxe , Phil.-bist. CI.,
rendre compte des confusioM de formes casuelles présentées LVI , p. t8 et suiv., admet l'existence d'une trace d'instrumen-
par l'it.'\lique et le celtique. confusions qui autrement ne tal en cypriote et en pamphylien; mai ~ l'hypothèse repose sur
s'expliqueraient pu. l...n forme latine et la forme irlandaise ne des bases très fragiles).
!le recouvrent pu, mai. elles servent également pour quatre Une autre coïncidence des dialectes orientaux est la sui-
cn~ indo-européens nu pluriel ; on ne peul déterminer quelle vante: l'indo-iranien , le slave et le baltique sont seuls il. pré-
voyelle est tombée en o~o-ombrien entre f et s (v. osq . .. ra). senter '-lit comme désinence de locatir pluriel; l'arménien li
Pour le germanique, une seule forme est attestée, el cette une rorme en ·s (toujours identique il celle de J'8ccuNlif plu-
forme peut résulter. de f(lrmes distinctes, car il a pu tomber riel) qui peut avoir perdu un ' -u 6nal ; le krec a une désinence
diverses voyelles après -fIl- ; mais de~ confusions de cas anA- -01, qui est autre, el qui sert" la fois pour le dntir, l'instru.
logues il celles que présentent le latin et l'irlandais se sont mental et le locatir pluriels: les autres langues n'ont rien qui
produites . corresponde à la désinence orientRle '-su .
Il y 'aurait donc li...u d'oppose .. 11 l'indo-iranien, au slave,
RU baltique el Ù l'arménien , ot. les désinences en ·bb- et -fil ·

ont des valeurs précises, le grec, l'italique, le celtiquè et sans


doute le germanique , où ces mêmes désinences servent pour
plusieurs cas, etm~me, chez Homère , pour plusieurs nombres,
et ont l'aspect d'adverbes. IL est 'permis de penser que ce sont
les dialectes orientaux qui ont innové !I.. cet éttard, et que
les désinences en ./lb- et en -m étaient des formes adverbiales
.. l'origine .
Ces traitements des désinences en -bh- d en .n/- ont ' eu
de grandes copséquences. Les dialectes orientauI où ces
déainences ont reçu des vsleun précises ont conservé long-
temps les cas .. valeur réelle: 10caliC, ablatif, instrumental;
beaucoup de dialectes slaves et baltiques ont encore aujour.
d'hui le locatif el l'instrumental ; l'arm~nien oriental a même
encore les trois cas. Au contraire, les dialectes occidentaux
présentent dès le début de fortes confusions; l'italique corn·
mun avait encore le locatir, le germanique commun l'instrumen-
tal, mais ni l'un ni l'autre n'a les trois ClIS, et, en italique, en
celtique et en germanique, il tend la se créer une forme
unique pour les trois. Le grec, où les désinences en -'I('i )
ont peu d'importance, a sans doute subi des actions particu-
LE "l:NITn' PLCtlŒL DI>IS TIISjU,;I\ EN -11- t25
• -0- avaient une fonne en • -ci propre aux démonstrAtifs ; ce
manque de parallélisme a entrainé des ac~ions analogiques:
extension de • -oi aux autres noms en grec, lalin , irlandais ,
slave et aux adjectifs en germanique et baltique ; extension
de· ~s des aulres noms aux démonstratifs en oscCH:Imhrien. Il
CHAPITRE XIX n 'y a rien de pareil pour le génitif pluriel. L'innovation grecque
et italique est imprévue, et par suite très caractériRtique.
L'italique et le grec tendent d'a utre pa~t li. in nover dans les
thèmes en -12- sous l'influence des thèmes en -0- :
LE GENITIF PLURIEL DES THÈMES EN -d-
1° Le grec et le latin ont refait le nominatif pluriel des
thèmeR en -n- sur le modèle des thèmes en -0-, influencés par
Le 'g rec et l'italique s'accordent à étendre li. tO\18 les thèmes les démonstratifs : gr, ""«l, lal. -Dt (l'osco-ombrien diverge
en -4- la forme de génitif pluriel des thèmes démonstratifs naturellement). .
en -d- : 20 Pour le datif-instrumental-locatif pluriel, le grec a -2\0'1 et
homo -:W'I (avec -â.- maintenu, parce que l'ionien n'avait -Cl:tç (suivant les dialectes), le latin -[J, l\osque -ais, l'ombrien
pu de Corme dissyllAbique ··1jW'I qui pût être substituée à l'an- -es, -er~' cf. dans les thèmes en -0-, gr. - CIa\ et -Otç, lat. -fs,
cien -~wy ) , ion. -tWII, att. -WY, dor. ct éol. -iv. osq. -ûls, -ois, ombr. -es, -ir.
lat . .-drum, osq. -asum, -a,'lnI, ombl'. -aru, -arum. Les C'est que, au pluriel, la flexion des démonstratifs et celle
génitifs tels que lat. auliœlum , caprigtnum (dont on trouvera des autres thèmés en -o. et en ·11- tendent li. devenir identiques
les exemples dans Neue-Wegener, Formenlthre. P, p. 3t et en grec et en italique, Cette identification a sans doute com-
suiv. ) ne se rencontrent que dans quelques masculins, mou mencé par le génitif pluriel des thèmes en -11-; et ceci rait
longs où -um emprunté aux thèmes en -;r évitait. d'allonger fi!ssortir l'antiquité - et l'importance _ du rapprochement
la forme par lü finaJe très lourde -drum . signalé ici.
Un élargissement. du même type. mais dilTérent, se trouve
dans des dialectes germaniques: v. h . a. g/bd/w. v. sax.
gt&ono. v. BOgl. gieftnlJ. el même une fois norr. run. rurwrw,
mais gol. gibo, v. isl. gjD/D.
La concordance du grec et de l'italique est donc très
rema"quable; l'innovation est slÎrement grecque commune et
italique commune, ' et ne se présente nulle part ailleurs. La
seule fonne de!! démonstratifs qui se soit ordinairement
étendue aux autres noms . est la forme en·-ci du nominatif
pluriel des thèmes en • -0-; mais il y avait III une situation
toute particu.lière : les thèmes féminins en • -à- de démonstra-
tifs avaient la même caractéristique· -is de nominatif pluriel
que les autres noms, tandis que les thèmes masculins en
DE Ql:ELQUE8 l'AITI! OE VOCABULAIRE 127

s'éveiller» que dans une partie des formes de l'indo-iranien,


du slave et du baltique; partout ailleurs, on ne rencontre
que des sens moraux tels que te Caire aUention JI. ", sens qui
sont les seuls attestés partout pour le thème· bbtudht- (v.
M.S.L., XIV, p. 36i ). Le sens matériel d' te éveillern adû être
CHAPITRE XX iodo-européen com mun et ft disparu dans tous les dialectes
occidentaux, y compris le grec el l'arménien. Ceci se marque
par l'emploi de mots divergents d'une langue lt l'outre dans
l'ex pression de cette notion : skr. ;tfgarti et gr. i 'l'Ilpol, got.
DE QUELQUES FAITS DE VOCABULAIRE wakjall, lat. uigUet txptrgistor, arm. arth"n « ~ veillé ", {-a rtlm"m
« je m'éveille ", etc.
Les coïncidences de vocabulaire n'onl en général qu'une Deux groupes de coïncidences de vocabulaire sont Il. noter :
très petite valeur probante; il n'y a pas de langues entre t o indo-iranien el ballo-slave; 2° italique, celtique et ger-
lesquelles on n'en puisse relever un certain nombre. Toutefois m3.nique.
il en est qui prouvent, soit grâce h des circonstances spéciales , 1° Indo-irnnien, slave et baltique (coïncidences déjà notées
soit par suite de leur groupement. en partie; v. MeilJel, Genilif-accusatif, p. 9' et suiv. ).
Ln racine· b/Jt:tIA- signifiait proprement Il pousser, croître ". v. sI. (togo) radi, cC. v. pers. (atlah)'!}) radiy « Il. ca.use de
et ce sens est le seul qui ,,'observe encore en grec t f"GO"2"l, ,ucn.. , (ceci) n.
,u'tC'1, elc. ) el en arménien {boys (( plante Il, btuanll Il pousser n) . v. sI. s/ovo Il parole Il et zd srawh- Il parole Il (la coïncidence
Dans loule .. les autres langues, la racine a, au moins dans de l'lens est caractéristique, par contraste avec gr. ùi:l; et
quelques-unes de ses (ormes, la valeur de verbe « être n, et "kr. çravaQ « gloire,,; cC. v. sI, slow, li.l. S{lwl Il gloire Ij ) ,
elle vient compléter 'les Cormes que fournit la racine • tS-, qui v. sl. bogü l' dieu ", v. p. baga (il n'y a aucune raison de
sont un present {skr . asti, gr. {"n, ete.) el un parfait (skr. 6S1l. tenir le mol slave poUl' emprunté).
ut dftha, hom o I,lY) ; de là les prétérits skr. abbut, v. sI. by, bystü.. \'. sl. J'Vftt1 t< s:ünt ", lit. S'{Vtntas, v. pruss. SUlÎnfs,,z-d sphltd
lit. bliw, v. irl. r'" ""i, lat. juit . Un présent !!n * -f)'t'- tient une (ici l'hypothèse de l'emprunt est exclue par la Corme).
grande place dans les langues ~ occ id enta l es : lat . fw. fis sert v. sI. Itupü l"amas ", v. p. kalifa- (1 montagne ".
il e:c-primer )"idée d~ « devenir j j ; v. ir1. hiu t3-pers. hiid) est le v. 51. klide« où ", S-dth./tuda, skr. /tuhâ t< où ,) (toutefois cf.
verbe d'existence avec notion de durée i v. sngl. bfo double peut-être ombr. fmle, Pllfe, osq. pu!) ..
le verbe tom (is), d'où par conl9.mination des deux Cormes, v. sI. samit .. mème ", zd bdmd.
v. sax. hium, v. h. a. bÎluj de ce thème bien défini des trois v. 51. {uvtfii. « il appelle Il {cC. lit . {atlÎti), zd {aMÎli, sh. havale.
langues occidentales, on rapproche quelques Cormes orien- v. sI. wlUt;" britler n, lit. Szy;.ltlÎ, skr. Ç1J(fdJ}. zd spoitd.
tales moins claires: lit. bit(t) c< il était 1), v. s1. biml (sorte v, s1. dligii. " long» (s. dllg; cr. lit. i1gtJS), !.d dar1yd, skr.
d'optatif). persan bfd (1 soye" H. Seuls, le grec et l'armé- dfrgoob.
nien restent indemnes de l'i nnovation qui a rnpproché * bhtwJ· v. si ho" car ", zd M.
du verbe C' être Il. v. sI. i ll;l " gauche ". ",d IxwJa-, skr. saV)'aQ (mais /ivt, con-
La racine· bhtudh- n'a gardé son sens matériel de u éveiller, corde avec gr. hG:tFb;, lat. lat'Uos ).
128 DIAU::CTI::& tND(H':UkOPtENI> DE QUELOUF.~ "AITS Dt: vOCAnllLAIRJ:: I2'J
v . sI. njoli 1< rien >J, et ni-llto. zd tlaL-liti cC. lit. "lkas. ('ommun avec le slave et le baltique, elles en présentent une
v. sI. {rüt/Ii If noir Il , v. prusa. kirma1l, skr. Itls~I6l} . série qui ne se lrouvent pas ailleurs. Sanll entrer dans le
v. sl. gritJtJ If nuque '1 (cf. leU'! grfwa t< embouchure de détail des (ails signalés par M. Hirt, Ze;tJtbr. J. d. Phil., XXIX,
neuve Il). zd CrfrJa. skr. trM. p. 296 et suiv., on peul citer quelques coïncidences remar-
v. si . wla Il bouche Il (cf, v. pruloS . allstin ), skr. Oi/bal) " lèvre .' quables :
v. sI. vlasù CI cheveu Il, :r;d vans". lat, piseis, v. ir!. lQS(, got.fiJks (en l'f!gal'tl cl'un autre mol du
v. sI. -je-, lit. -ja-, dans les adjectifs composés tels que lit. domaine central , gr. i·1.6!jç, arm . jll~'JI , lit. ~UlllJ, v. prus~.
gtràsis, v. sI. dobry-jl; !1ohryjl. rappelle zd Y4-; cc. ci-deMue, sl/ckis [Yoc. ] Sl/ckalls; les autres longues ont des mots particu-
p.27. liers).
v. sI. ro;1/- IF« je crains >1, lit. bijaùs. su. bbtiyate; v. h . a. lat. udlts , v. ir!. fttilh " poète ", \'. h. Il. ut"" t' (ureur "~, v.
bibtn If trembler " n'a rien à (aire ici (v. Wackernagel, K.Z., i~l. MI' ,< (.l:Oésie ".
XLI, p. 305 el suiv.). laLflùs, v. ir!. blt1lb, \'. h. A. bwol/lo etblt4Ql.
v. s1. jaw. ati Il en évidence" skr. àvllJ zd dviJ. lat. Cll«US oc aveugle n, et ". irl. (orch, got. haihs • borgne )t

v. st. gara 1< montagne " (et lit. girl/( fo rêt »). skr. girliJ"zd. (très peu des noms d'inlirmitps lIont communs à plusieurs langues
gairiJ (l'interprétation de gr. ~~plelç par «vent de la montagne. de ln famille ).
est naturellement incertaine ). lat. I/(htus, v. ir!. fits, v . h. a. Wllosti.
v. sI. (sa-)drmJÜ (( bien portant Il, zd drva- v. pers. dumva- lat. crlbruIII, v. irl. crla/lx;r, v. angl. hrlddtr (le gr. ~pt",,,, esl
(même sens), et cf. skr . dhruvdb tt ferme Il; la communautt! de même (amille, mais n'u pas le sens technique de " je crible ;
de sens de tl bien portant" en slave et en iranien est le fait :lU con traire, gal. braitls. pur Il R signifié sanli: dou~e 10 cri bhi ~
caractéristique . 1.. l'origine).
WIl (démonstratif), ul aw- (fournit les (ormes du dé.monstra- lat. pareo, v. id. ruh, v. h. a. IlImh " sillon " (arm. btrk
tir de l'objet éloigné aulres que celle du nominati(; le slave ,. terre défrichée el labourée Il. est 11 séparer; car le k ne peut
a éliminé les (ormes particulières au nominatif). représenter que· g : cf. peut-lolre harkantl fi briser »).
D'autres détails con.firmenl ces rapprochements qui sont lat. !Jas/a, irl. gat .. baguelte d'os ier ", got.ga,Js 1< aiguillon Il.
d'autant plus probants que beaucoup unisse nt spécialement· le lat. mptr, gall. clJtr· , v. isl. bafr " bouc" (le gr. ~2'K'pOÇ" san·
slave &. l'iranien, c'est-il-dire lt la langue la "plus voisine. Le glier », n'a rien 11. fnire ici, i. cause du sens, non plus que pers.
thème il -1- de gr. ""llil1l, lat. Itlbula, v. irl. kil, gall. niwJ, (dpi), etc. ).
v. h. a. ndml, v. isl. njOl n'est pas représenté en baltique el lat. mpilJ, got. bafja; lat. (apUJ , v. ir!. (Oc!Jta;lJI, v. sax. IHlf-
en slave, mais seulement le thëme en -tS- : ... îllaç, skr. mibha{J , MtI. - Pour la formation, on rapprochera le laI. ClIpiùdev . ir!.
v. sI. ntho, lit . tUbtsü; en revanche, il est vrai. on a lit. 'Jjiflà, faibitn, dont la raeine se retrouve dans lat. babire ((ormé comme
\' . al. ffll'gla- comme gr. 6""l:;(11'j 1< nuée ». Le nom propre . du got. hOban ). osq. hafiest t< il aura )1.

miel, gr .",,0.1, lat. mel, v. ir!. ,m'J, got. milif, arm. mûr (ce lot. 01<1, v. ir!. olim, got. a/a (porailleurs, on n'a que des traces
demier -influencé Sfins doute par· med}J/4), n'est pas représenté de la racine , ainsi dans gr. i .... û.::cç) .
en IIlave, non plus qu 'en iudo-iranien. lat. plttUIIS, g::tul. (Mtdio- )/tt"'lnl j v. ir!. It1r \1 sol ", v.
~ Germanique , celtique et italique. angl. lMr.
Outre les mots particuliers que ces trois langues oul en lat. IIIaIllH, ombr. man f (occ. plur .), osq. lIlatlim (ace. sing. ).
Di~l«tu indo-fUrOpÙt'l" '41
130
v . isl. el v. angl. mlmn ; cr. m . hrel. IlI'l ia{1I Il gerbe . (v. Fick-
Stokes. Et. wiirt . III , p. 200). en regard de l'expression pal' la
racine ·ghtr· dans gr . 'l.dp , alb . dor. , arm. jef" (1 main >1 ;
de .kr. Mstal) = v. perse dalla . el de v. sI. rtlka (v . ci-dessous
p, 31 ).
lat. /lui /IIJ Il mU ", irl. mod o maine " bâton >l , ir!. m4tan CO:>lCLUSION
(avec t notant l'occlusive sonore d ) " massue Il, ad",al (v. W.
Stokes, K. Z ., XL, 2t3), v. h. a. tnas l ,. perche ", v. isl. mastT
<I m;\t >1.

lal. mmlum Il menlon ". gall o mant le mâchoire ", got. munIs, Les faits étudiés montrent que les principales lignes de
v. h. 8. lIIulld Il bouche ". démarcation passent entre dialectes oocidentaux d'une part et
lat. tUltr;x, irl. nathi, (gén : nalhrlJCh ), v. Îsl. nadr . orientaux de l'autre.
Il ya .aussi beaucoup de ooncordances entre le vocabulaire L'indo-iranien, le slave, le baltique , l'arménien (et l'alba -
germanique et le vocabulalre celtique , el entre le vocabulaire nais) forment Je groupe oriental, où l'on observe plusieurs
germanique et le vocabulaire italique; et les mols ainsi attes- traits communs : traitement des gutturales embrassant des faits
tés peuvent ne manquer que par huard soit en celtique soit multiples, tendance au passage de s à J (et de:{ à t ) en certaines
en italique; rien ne prouve même que certaines des commu- conditions, emploi des désinenoes en bh (ou en'II) avec une valeur
nautés de vocabulaire signalées ci-dessus entre le celtique et précise de nombre et de cas. Ces divers traits résultent presque
l'italique ne proviennent pail du ronds de mots germano-celto- certainement d'innovations et attestent par suite une commu-
it J.ique ; ces trois langues ont en somme des vocabulaires nauté notable. Ceci ne veutpas dire que ce groupe dialectal était
remarquablement semblables. un, ni que ces phénomènes se sont propagés par imitation; il
s'agit d'innovations réalisées d'une manière indépendante-,
comme l'indique le détail des fnils, A.ussi constate-t-on que
la confusion de li el de d, qui a lieu en indo-iranien, en alba-
nais, en baltique et en slave, d'une part s 'étend au germa-
nique, et de l'autre n'a pas lieu en arménien ; la chute de'
intérieur a lieu dans tout le domaine oriental el de plus en
germanique, mais le sanskrit y a échappé i le traitement
·-fuyt.- est iranien, slave et baltique, sans doute aussi germa-
nique, mais le sanskrit et l'arménien présentent .-turye-,
comme le grec, l'italique et le celtique. Les vocabulaires
iodo-iranien, baltique et slave concordent fréquemment.
Les dialectes orientaux constituent donc un groupe natu-
rel.
Il y a d'autre part un groupe, également naturel, de dia-
lectes occidentaux: germanique, celtique et italique, qui pré-
132 OIALECTES INDO·tUROPÊE:"!S COXCLI;SIOl'f 133
sente des particularités communes très caractéristiques : trai. les infinitifs latins, En revanche, les concordances de vocabu-
tement -Jl- de ·-tt-, puTait souvent dénut! de redoublement et Io.ire sont négligeables ; elles sont peu nombreu~s, et les mots
constitution du prétérit li. l'aide du pal'fait et de l'aorÎ!JLe com- particuliers que l'on rencontre, ~omme gr, â'i..l.'j.L2t et lat. JQ/iù,
binés, alternance de ·-)'0- avec ·-l- dans le suffixe nu présent n'ont rien de remo.rquable pour le sens,
dérivé, rareté du lype i.;'(~ ; el emploi du suflixe· At/UA, concor- Ceci n'empêcbe pas le grec de concorder ;\ d'aulres égards
(lances de voco.'lbulaire. De plus, cert.aines particularités qui avec des langues du groupe orientaL Le passage de s ft h se
se retrouvent ailleurs !Juill comlnunes li ces trois groupes: le retrouve en arménien et en iranien, La voyelledéveloppéedevant
traitement desgulturalC!s (commun avec le grec), l'absence d'aug- les sonan tes voyelles, et noln m men t devant la nasale, est de timbre
ment \commune avec le baltique et le slave), remploi de déllÎ- a, comme en arménien et en indo-iranien, Il Y a toujours prothèse
nenee!> en -bh-(ou en -m- ) poude dalir, l'ablatif, le locn tifet l'ins- d'une voyelle devant r initial; seulement le grec ne met pas
trumentai, la confusion des sourdes et des sourdes aspirées de voyelle devant p introduit Il date recente (cas de -sr et de-wr
(avec le baltique, le slave, et en partie le grec). notamment), tandis que l'arménien a continué d'ignorer rinitial,
Mais on a vu que J'une de ces trois langues , le germanique, L'emploi du suffixe- -lm>- pour former des comparatir. secon-
concordait avec le groupe oriental ft plusieurs points de vue; daires ne se retrouve qu'en indo-iranien. L'augment est main-
on pourrait ajouter la rorme de <,ertains pronoms personnels, tenu, comme en arménien et en indo-iranien, Le suffixe secon-
nowmmenl de ceux signilkmt ~~ vous u et " nous )J au pluriel daire deprésenta,comme en indo-iranien,larorme- -yelyo-, ainsi
el nu duel. Et le germanique concOl'de en particulitlr avec le que celui des verbes qui indiquenll'état. Le grec se rappro:cbe
baltique elle slave pour les désinences en -1/1-, parc.ontrastc avec donc Il plusieurs points de vue de l 'arm~nie n et de l'jndo-ira-
le-/llr des autre... langues; 011 Iloteraaussi l'expression de n vingt. nien, - Ave<: le baltique et le slave, ila en commun la con-
trenle )J, et, Vilr la juxtaposition de ~(deux, trois, etc. ", et du rusion totale du génitif et de l'ablatir. Quelques particularités
mot K dixaine ", au lieu des rormes abrt1géeR du lype gr. ,.tu·n , de vocabulaire SOnt communes au grecavec ces mêmes langues.
Itc:r., lat. Ij~fjnfl , arm. khsnll: gr. :?:i7,:":X, lat. Irftj,,/tt, nrm, Le grec occupe donc une ~ituation intermédiaire entre l'ita-
eresu." , etc. lique d'une part, et les langue.~ orientales, l'amlénien et l'iodo-
En même temps , unI' autre de ces trois langues, lïhlil!ue iranien, et plus spécialement l'iranien, de rautre .Il e.t issu
p.'l>~ nte avec le grec des coïneidencps parliculihcs: t''I'lite- d'un groupe de parlers indo-européens où venaienl se croiser
I\\l'nt .'Iourd des ~no.'cs aSlli récs, génitir pluriel des thèml'!oI beaucoup d'isoglosses,
l'n -d- emp.'untéit la l1t"xion dps dcmOllslratifs, Ce sonl HI dt"!'! Parmi les langues orientales, l'arménien , qui garde la dia-
innovations importantes, et (lui ne se retrouvent pas nilleurs, tinction de à et 6 et de" et 6, est relativement proche du groupe
it date anciennc, Le f)1'CC el lït.'\lique sont seul!'!, avec J'Mmé- occidentaL On a relevé d'autre part quelques coTncidences
nien préhi!'!toriqup , loi cOIl!!erVCI' le genre réminin dans les particulières entre l'annénien, le slave et le bollique, notam-
!!uhshmtirs tbcmes en -0-, Il ," Il peut-être aussi coïncidence ment pour les suffixes tle présent • -yt/~ et - -i- et pour le
en ce qui concerne l'emploi du ton dans les pré,'cl'hes (v. 1. rôle du suffize --10- , La communauté de la mutation conso-
F" XXI. :1\.7 ) ; sur ce point , le Krec di\'('rge abPtOlument nantique IIvec le germanique serait un fait important; mais
tl'll\'ec le SlImihit, et l'on n ici la trace d' un f:lit syntaxique on a. vu qu'il n'est pas légitime d'en faire état.
clinlectnl. M, Hi.,t (l , F .• XVII. â9::i-i.t.[)) s't!st aussi efforcé La situation respective de~ dialectes indo-européfms peut
~In tl~ monlrt'r lïtlentitt! d'unC' pli l,tic ,I('!! infi ni tifs gT<'C" avec donc se traduire au moyen du schéma qui suit, en attribuant par
DIALECTU INDO-F.U AOptF.NS OONCLUSIO);
13'
anticipation aux parlers indo-européens les noms des langues tion dans la disposition respective des langues, il y a eu rayon-
historiquement attestées qui en sont la continuation: nement en partant du domaine primitivement occupé; mais,
lors de ce rayonnement, rien n'indique que les anciens parlers
aient chevauché les uns sur les autres et interverti leurs places '
respectives.
Sans doute, on ignore et Oll n'a Aucun moyen de déterminer
si les langues du groupe oriental et celles du groupe oC(:iden-
tal proviennent de p3rlers qui occupaient l'est et l'ouest
cJiqlJ'
Il t du territoire indo-eurOpéen commun; mai!! , sous le bénéfice
(j de la réserve qui vient d'être laile, les parlers qui étaient
contigus ont fourni des langues qui sont encore Il l'époque
historique sensiblement les plus pareilles les unes aux
Ce schéma très grossier (où l'on n'a pas tenu compte des autrel!, On n'a pas la preuve qu'il se soit produit pour l'inda-
langues non attestées par des textes suivis de quelque ~ten ­ européen ce qui a eu lieu par exemple pour le germanique, où
due) ne prétend répondre à aucun fait historique défini; il n'a les parlers gotiques, relstivement proches des parlera &Candi·
qu'une valeur linguistique et indique ce que l'on peut supposer nll ves , s'en sont entièrement séparés, et se sont dispersés sur
avoir été la situation respective des parlers indo-européens les une aire très vaste; si des faits de ce genre onteu lieu, 'il en est
uns par rapport aux autres, antérieurement ft l'époque oil cha- résulté sans do~te ce qui est arrivé au gotique: la langue dont
cunedealangues, en s'établissantsur unterritoire nouveau.. s'est les porteurs se sont ainsi dispersés Il disparu sans laisser de
isolée el a cessé d'avoir avec ses anciennes voisines un traces au bout de peu de siècles; et il n'y a rien III que de natu-
développement commun. L'aire attribuée II chaque parler esl rel : les populations les plps aventureuses et qui se laissent
tout il. rait arbitraire ; il est possible qu'une langue indo-euro- entrainer le plus loin de la masse des populations de même langue
péenne .parlée au début de l'époque historique sur une aire très sunt les plus exposées Il être absorbées par d'autres peuple:; et à
vaste repose sur un tout petit nombre de parlers indo-euro- perdre leur propre idiome, - La dispersion deslanguesindo-eu.
péen", et inversement, Les lsils linguistiques étudiés ici ne ropéennes resseml)le beaucoup 8celledeslanguesslaves: ilserait
conduisent qu'II. des conclusions linguistiques, el le graphique facile de marquer sur le domaine slave des lignes d'isoglosses
qui traduit ces conclusions n'a de sens que pour le linguiste, pareilles à celles qu'on a tracées pour l'indo-europée'n, et il
Toutefois une remarque semble s'imposer II. la vue de cette en résulterait, ce qu'on sait en efTet. que les parlers slaves se
ligure. Les parlers indo-européens occupaient une aire où sont étendus -quelques-uns comme le russe, d'une manière
les innovations linguistiques naient lieu d'une manière immense - , mais sans changer de position respective ,
indépendante ,"ur des domaines contigus, sans qu'il y eût nulle Cne autre conclusion, plus importante au point de vue lin-
P.8rl une limite qui sépanlt entièrement certuins groupes de guistique, c'est que l'indo-européen se composait, dès avant 1",
certains autres. Et, quand la séparation s'el>t produite sans séparation, de parlers déjà lortement différenciés, et qu'on
doute progressivement, c'est-II.-dire quand des colons et des n'a pas le droit de traiter l'indo-européen comme une langue
conquérants sont allés occuper des domaines nouveaux aux- une , Les particularités qui caractérisent chncun des gral\ds
quels ils ont imposé leur langue, il n'y a pas eu de di.sloca- groupes, $olave , germanique, baltique, etc" sont en notable


136 DIALECTES INDO-Et:ROPÉZN8'

partie, la continuation de phénomènes qui ne sont pas indo-


européens communs, mais qui sont de date inda-européenne. Et
méme certains groupes, comme l'indo-iranien et l'italo-celtique ,
renferment des représentants de parl'ers indo-européens dis-
tincts. La considération de ces distinctions dialectales, qui ne ADDITIONS ET CORRECTIONS
devrait jamais être perdue de vue, compliquera, mais précisera
aussi l'élude de la grammaire comparée des langues indo-
européennes.
P . 31) et'lIlv. Un trait essentiel III noter est que le subjonctir rn '·d- ou en
' -s- de l'italo-eeltique ut iudépendan t il 1. rois du thème du prt"senl
(inrectum latin) et de celui du p,'étérit. Le vieux latin a, plr exemple, a,/-
IImll'" en regard de IUliiii, uëai, cl le \'ieil irhmrl.i!l -bill en rl'gaNI dr.
Il(lI4i",.
P. 47, 1. 7 du bas, lire tldtiu.
P. 5:0, fin du premier a linéa. Un détail ,'ienl appuyer l'hypotllt\se flu e 51.
Il représente un'" du sl.,'e commun, Ln diphtongue ' ÛSI' cunfonJ ell-
tièrcment avec ï, en sla"e comme cn gel'manique. Et , dt' m,;nw qu'tm
ger mlnique, la diphtongue ' (\11 ou '1"', représentée par sI. fi, cst .Icmt'u-
rée distincte de ',i, l'epres<,nte paf 51. " le passage de 'u lt $1. ,r étant
d 'ailleurs récent, puisquc les mots slayel empruntes au germauilille y
prennent part, Si le Iraitt'ment de la diphtongne en 1/ n'cst III' l:NIrnl.
lè le à c<,lui ùe ri, c'est que le degré d 'o\l\'crllll'C 'du premiel' élément
eomposantéLait plus gund, ct qu'il faut partir ùe °all , non ùe · 011. Ce
qui montre bien d'ailleul"S quela diphtongue '.J" (,j'oit ' 011, ii l s'esllou/:-
temps maintenue en alll,\'e, c'eat que i ne l'a ltt'I'e pll.S : 'i,Y Ilns!;(! Il p,
ml is ju (de 'jUII, puil! 'joll ) subsiste, comme jq ,
P, 79 et 80: pour le passage de ·kf, à x en armén ien cl en sln,'c, cr. ho,.
ouservations de-M . Pcdel"Sen , K, Z" XL, p. i73 l'lsuiv ,
p , 8i, 1. J du has , Jil'e: pa94ntl.,
P,84 : On observe en irllnien un passage de JI Il si, dont les con dition ~
dialectlles ne sont pas connues Iv, 1Ilibschmann, Per~, ,fi/ud., l'. 236,
~ UO ; Salemann, GrUfldr. d. irltfl. Phil., l, t , p. 262; ct fl orn, ibi(I .•
1,2, p. 86).
P.86 et suiv. Dans les Siltungsberitlite dc l'AclIdémie tic Berlin , t90lI, l,
p, t6 ct suiy., M, Ed , Meyer signale, parmi les dil'LlX indo-iMlUif'ns
It(]oré. par le roi de Mitani (,uv· siècle av, J .-C.l ,les ",Jsal"1, ~i, eomnw
l'lIùmet M. Meyer, le mot doit être !{'nu pour iranit:'n (ib" p, IR), le
passage de s intervoealique il. b serait un rait rel8tÎl'emen t l't'i.'I'nl ;
mais, II. ULle Ilate aussi éloignée de cclle où les Iraniens AOnt atte!lh~s,
riell Ile plVuve qu'il s'.gisse ici de dieux proprement iraniens; ccs
d ieul peuvent ètt'C ceux d'Aryens autres que les Iraniens, ,le Cf'UX
qui del'aient aller d,ns l'Inde, ou ù'aulrl's 'lui aura;f'nt disp8l'u.
P.RR, 1.11 , l irf'r~'IIS,ml ..
138 ADD IT ION" ET CO RRECTIO NS

P. 89, 1. t du bu. (e rmer l, parenthèle après : le grec, e l supprimer 1. )


après ; intervlJ<:.lique.
P. g!. Sur le t",Îlcment il de Î...fl. '/ dalls um. d.J, 4w, Y . maintenant
M. S. L" 1", VI et lui", TABLE DES MATIj;~ HES
P. 'li: En ce qui concerne rlrmenicn , M. Pederaeo, K. Z" XXXIX, p.
U8 e t lui .... , ' repoulaoi l' hypotbè~ d'un lubst,..t e.ueuique. Une
que. lion de pareille importance ne peul ê tre di.tCul~e id d'une m. nière
incidente. Il demeure (rappan t que le .yatème des ocelusive5 et mi-
oc:cluli ...e., Ivee l, triple Hrie de sourde., sourde. IJlpirée5 e t IKInOret,
eat le même en arméoie n et en géorgien. Et, ai certai nel la ngues pré- I IfTUODUCT IO:'< .••••• , , , • ' •••••••••• • , •••••• • • . •••• .
sentent U D pe ... gedep /1 f. ou de 1 /1 r. ces changements propres lI Ici CHJ.PIT". 1. Le YOClbulaire du :'IIord-Oue.l. .. , . . .. '.,... . . .. .. tj
ou lei phonème ilO16 qui était particulièremen t eJlposé t. des alté ra-
601111001 euentiel1ement disti ncll de l, mutation lo tale qui caractérise Il . L'indo-irluien .. , ... . .. ' ........ . . , ........... " . . 24
l'arménien comme le germ. nique. Comme l'armé nien rou roi ll'uemple III . L·ita lo-celtique ............ . . .....•....•. ,.... . JI
le' plus certain d' un di. lecte Indo-européen OCCupant, à da le hiatorique, IV. Le ba.lto-lila"e. . . . ... ....... ,.............. . . W
un dom.ine Oll le p.rl.ient auparnant d'au tre!l longuea, le rait qu'il V. Les gu ttu nle •.. ................ , ....... , . . . . . . . . . .9
prtaenle une muta t ion tonaonan tique t!lt aigniOcatir, et semble bien VI. Les "oyeUes net Il....................... .. ... ... 54
indiq,!-er l'inOuente d 'uD aub!ltl'1l 1 étnnger eo pareil ta!l. VII . Le g roupe 1/ .. ... . ...... , •• • ••... ,........ . ....... r.i
VIII . Traitement de~ . ... , ..... .. .. , . .. .. .. . . ..•...•.... tll!
P. lOG, 1. 5 du b.. : lire XI, " 1 e t t uiy.
IX, Le I!!'ro up~ wy ........ . . ,....... .. .... ..... . ... . .. il
P . t li, 1. 2, lire .i- au lieu de -1-. X. Les sonore .... I-'irlielf ... . . ...... ...... .. . , . ,. .. . . i:i
P. H2, l. 22, mettra les mols : après !lylb.be longue, en Ire paren thèses. XI. Les sourdes aspirées ..................... ,.. . . .... ill
p, 132, 1. 2 à 5 du bas. Cr. msintenant la remarque tnult! pareille de XII. L. si manle 1.. , .•. , .. . . ' . ........ .. . . . .. . . ..... . . . 114
M. Oldenberg sur le n pport entre les fia it.
M, G., LXI, 8U .
,!'ee.
e l aaoshits, Z. D. XIII. Lei mUIAtinnl cOlllonl nliquel du 1l'I!I'lftinique el de
l'.rménien ,.,, .. ,., ....... ,., .......... , .. ... . 89
XI V. L·llugment .. ............... ..... ............. 91
XV. Le parra it .. ...... ........................ ..... l Oi!
XVI. Le luffille de présent -t't- ........ , ... ,...... . ....... t 09
XVII . De quelques auffillea nominaul ............. "...... 114
XVIII. Les rorme. casuellet en bh et en lU ................ H g
XIX. Le ~nilil pluriel dei IM'met e o -4- ....... •.• ,..... tu.
XX. De quelquel ra ill de l'ocabulaire"., ......... . , ... ,... I!~
Addilionl et correc tionl .... , ... . .. '" ..... .... . . ... I J'

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