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Plan du chapitre
1 Introduction
5.1 Viscosité
5.1.1 Définition
5.1.2 Unités de la viscosité
5.1.3 Variation de la viscosité avec la température
5.1.4 Variation de la viscosité avec la pression
5.1.5 Variation de la viscosité avec le taux de cisaillement
5.1.6 Variation de la viscosité avec le temps
5.2 Viscosimétrie
6. Nomenclature
La mécanique des fluides (fluid mechanics, en anglais) est une branche de la physique qui a pour objet
l’étude du comportement des fluides (liquides et gaz) au repos et en mouvement (écoulement). Cette
science comprend trois grandes parties:
- la statique des fluides ou l’hydrostatique ou encore l’aérostatique qui étudie les fluides au repos.
-la cinématique des fluides qui permettent d’étudier le mouvement des particules de fluide sans faire
intervenir les forces qui produisent ce mouvement. Cette partie est très importante car elle prépare le
chapitre sur la dynamique des fluides.
- la dynamique des fluides qui étudie les fluides en mouvement. Dans cette partie, nous tenons compte
des différentes forces agissant sur les particules fluides en mouvement.
On distingue également d’autres branches liées à la mécanique des fluides telles que :
La mécanique des fluides se base théoriquement sur l’application des principes généraux de la
mécanique & la thermodynamique des milieux continus (MMC & TMC) à une masse fluide.
La mécanique des fluides numériques (CFD ou Computational Fluid Dynamics, en anglais), qui utilise
des méthodes numériques, est un domaine très actif de la recherche. Cette technique permet de
simuler, à l’aide de codes de calculs comme FLUENT, POLYFLOW , ..., les écoulements des fluides en
résolvant les équations qui les régissent (équations de Navier-Stokes, équations d’énergie, …) à l'aide
de calculateurs très puissants tels que les supercalculateurs.
Un fluide est un corps formé d'un grand nombre de particules matérielles, très petites et libres de se
déplacer les unes par rapport aux autres. C’est donc un milieu matériel continu, déformable, sans
rigidité et qui peut s'écouler. Les forces de cohésion entre particules élémentaires sont très faibles de
sorte que le fluide est un corps sans forme propre qui épouse la forme du récipient qui le contient, par
exemple: les métaux en fusion (alliages de fer, de cuivre et d’aluminium) sont des fluides qui
permettent par moulage d'obtenir des pièces brutes de formes complexes (carters, boitiers, …).
Parmi les fluides, on distingue les liquides qui sont des fluides incompressibles ou iso-volumes
caractérisés par une masse volumique constante et les gaz qui sont des fluides compressibles ou
expansibles dont la masse volumique est largement plus faible que celle des liquides.
Soit un système ou un volume fluide délimité par une surface fermée Σ figure 1.1. Notons par ⃗ la
force d’interaction au niveau de la surface élémentaire dS de normale ⃗⃗ entre le fluide et le milieu
extérieur. Cette force peut être décomposée en deux composantes :
Un fluide est dit parfait s'il est possible de décrire son mouvement sans prendre en compte les effets
de frottement ; c’est à dire quand la composante ⃗⃗⃗⃗ est nulle. Autrement dit, la force ⃗ est toujours
normale à l'élément de surface dS.
Un fluide parfait est donc un fluide n’offrant pas de résistance à l’écoulement ; c’est-à-dire un fluide
non visqueux (viscosité nulle) dépourvu de frottement.
Un fluide parfait est un modèle simplifié pratiquement inexistant dans la nature. Dans un fluide réel,
les forces tangentielles de frottement interne qui s’opposent au glissement relatif des couches fluides
sont prises en considération. Ce phénomène de frottement visqueux apparaît seulement lors du
mouvement du fluide, c’est la conséquence de sa viscosité. Un fluide réel est donc un fluide qui
présente une résistance à l’écoulement.
C’est uniquement au repos, c’est-à-dire en statique des fluides qu’on admettra que le fluide réel se
comporte comme un fluide parfait.
Un fluide est dit incompressible ou iso-volume lorsque le volume occupé par une masse donnée ne
varie pas en fonction de la pression extérieure ; c’est-à-dire sa masse volumique reste constante
pendant l’écoulement. Les liquides tels que l’eau, l’huile, … peuvent être considérés comme des fluides
incompressibles.
Un fluide est dit compressible lorsque le volume occupé par une masse donnée varie en fonction de la
pression extérieure. Les gaz tels que l’air, l’hydrogène, … sont des fluides compressibles.
4 Caracteristiques physiques
La masse volumique d’un corps, notée par la lettre grecque (rho), est le rapport entre la masse et le
volume occupé. En général, la masse volumique dépend de la température et de la pression. Lorsque
dépend seulement de la pression, on dit que le fluide est barotrope. Pour un fluide incompressible, elle
est constante.
(1.1)
[ ]
4.3 Densité
La densité est le rapport de la masse volumique du fluide à la masse volumique d’un fluide de
référence. Dans le cas des liquides, on prendra l’eau comme fluide de référence. Dans le cas des gaz, le
fluide de référence est l’air. Il s’agit donc d’une grandeur sans dimension et la densité de l’eau est
égale à un.
La compressibilité d’un corps représente la variation de volume du corps due à une variation de
pression. Le coefficient de compressibilité isotherme (à température constante) se calcule par :
( ) ( ) (1.3)
où est le volume massique ou spécifique qui représente le volume occupé par la masse unité
d’une substance.
⁄
Dans la pratique, ce coefficient se calcule par : où ⁄ représente la variation relative du
volume.
Notons que le signe (-) dans l’expression de provient du fait que la variation de volume avec la
pression étant le plus souvent négative, cette définition rend la compressibilité positive.
Dans la littérature, on définit aussi le module de compressibilité K (bulk modulus, en anglais) comme
l’inverse du coefficient de compressibilité isotherme , soit :
(1.4)
Ce coefficient donne l’augmentation relative de volume avec la température lorsque la pression reste
constante, il se définit par :
( ) ( ) (1.5)
La rhéologie (du grec rheo : couler et logos : étude ou science) est l’étude de la déformation et de
l’écoulement de la matière (fluide, solide ou semi-solide) sous l’effet d’une contrainte appliquée. Les
études rhéologiques permettent de déterminer les lois de comportement de la matière à l’aide d’essais
expérimentaux ; c’est-à-dire les relations qui lient les contraintes ou tensions de cisaillement aux
vitesses ou taux de cisaillement dans le cas des fluides. Le diagramme représentant la variation de ces
contraintes en fonction du taux de cisaillement s’appelle le rhéogramme du fluide obtenu à l’aide d’un
appareil dénommé rhéomètre. Si cette variation est linéaire, le fluide est dit Newtonien. C’est le cas de
l'eau, l'air et la plupart des gaz. En revanche, si cette variation est non linéaire, le fluide est alors non
Newtonien. Le sang, le liquide synovial, les gels, les boues, les pâtes, les suspensions, les émulsions, le
lait, le blanc d’œuf, …. sont considérés comme des fluides non Newtoniens.
La viscosité des fluides newtoniens est indépendante du temps et ne varie pas avec le taux ou la
vitesse de cisaillement. De plus, les contraintes de cisaillement dans le cas Newtonien s’annulent
immédiatement lorsque l’écoulement est arrêté. Le rhéogramme est donc une droite passant par
l’origine.
Les fluides non newtoniens ont la particularité d'avoir leur viscosité qui varie avec la vitesse de
cisaillement. C’est le cas des fluides rhéo-épaississants (shear thickening fluids) lorsque la viscosité
augmente avec la vitesse de cisaillement et des fluides rhéo-fluidifiants (shear thinning fluids) lorsque
la viscosité diminue avec la vitesse de cisaillement (rate of shear).
Il convient de noter que le comportement Newtonien d’un fluide est analogue en mécanique du solide
au comportement Hookéen ou élastique d’un corps.
Ce cours est limité uniquement à l’étude du comportement statique et dynamique des fluides
incompressibles newtoniens supposés homogènes et isotropes.
5.1.1 Définition
Selon la norme N.F. T 60-100 de novembre 1959 :" la viscosité d’un liquide est la propriété de ce
liquide, résultant de la résistance qu’opposent ses molécules à une force tendant à les déplacer par
glissement dans son sein ". Ainsi, la viscosité d’un fluide est la résistance opposée par ce fluide à sa
mise en mouvement.
La force de résistance peut être calculée par la loi de Newton relative à l’écoulement laminaire d’un
fluide (écoulement de Couette) entre une surface mobile animée d’une vitesse uniforme U et une
surface fixe (figure 1.2) :
̇ (1.6)
Pour visualiser le cisaillement survenant dans un film fluide, il faut imaginer que le film se compose de
plusieurs couches (pellicules) semblables à des cartes d'un jeu ou des feuilles d'une ramette de papier.
La couche liquide en contact avec la plaque mobile s'accroche ou s’adsorbe à sa surface et toutes les
deux se déplacent à la même vitesse U. De même, la couche liquide en contact avec la deuxième
surface fixe est stationnaire. Entre ces deux surfaces les différentes couches du fluide se déplacent à
des vitesses directement proportionnelles à leur distance de la surface fixe ; c’est-à-dire : ( ) .
Par exemple, à une distance y de la surface fixe la vitesse de la couche de fluide est u, et devient u + du
à la distance y + dy.
Plus le fluide est visqueux, plus il s’oppose à sa mise en mouvement figure 1.3.
Rhéofluidifiant
Fluide newtonien
Rhéo-épaississant
Fluide parfait du U
dy h
(1.7)
Dans le système C.G.S., l’unité de viscosité dynamique est le Poise (Po, en abrégé) correspondant aux
cinq initiales de Poiseuille (1Po=1g/cm.s). Ces unités étant généralement trop grandes pour les fluides
couramment employés telles que les huiles, on utilise souvent le milli-Pascal-seconde (mPa.s) ou le
centi-Poise (cPo) qui correspond sensiblement à la viscosité de l’eau à 20°C.
Dans le système anglo-saxon, l’unité de viscosité dynamique est : (lbf.s/ft2) ou encore (lbf.s/in2) appelé
aussi (Reyn) correspondant aux quatre initiales du nom du physicien irlandais Osborne Reynolds.
L’unité de viscosité cinématique, dans le système C.G.S. est le Stokes (St, en abrégé) ou (cm2/s). Dans la
pratique, on utilise le centi-Stokes (cSt) ou (mm2/s). Il n’existe pas de nom particulier à l’unité de
viscosité cinématique dans le système S.I.
Système normalisé
Système C.G.S.
Viscosité Dimension Correspondance
S.I.
Pascal-seconde
1 cP = 1 mPa.s =
μ ( dynamique) M L-1 T-1 Poise (Po) = g/cm.s (Pa.s)=
kg/m.s=N.s/m2 10-3 Pa.s
Le tableau suivant donne une correspondance entre les différentes unités de viscosité :
En général, les fluides ont une viscosité qui varie sensiblement avec la température. Cette variation qui au
voisinage de 20°C est de 2.5% par degré pour l’eau peut atteindre 10 à 15% par degré pour les huiles
minérales. La viscosité d’un liquide est une fonction décroissante de la température, elle chute très rapidement
aux basses températures puis plus lentement aux températures élevées comme il est illustré sur la figure 1.5.
Plusieurs lois de variation viscosité-température sont proposées dans la littérature. Parmi ces lois, on peut
utiliser :
( ) avec (1.8)
( ( )) ( ) (1.9)
où est la viscosité cinématique en cent-Stokes (cSt) ou (mm2/s), a, m et n des constantes qui dépendent du
fluide, et T la température absolue en (K), T(°K) = T ( °C ) +273. La valeur de a est comprise entre 0.6 et 0.75.
La constante a est égale à 0.6 pour ν > 1,5 cSt (cas des huiles lubrifiantes).
(T ) 0 e (T T )
0
(1.10)
où :
La viscosité des gaz augmente avec la température mais cette augmentation est très faible ; elle est de l’ordre de
0.1% par degré. On considère généralement que la viscosité des gaz est constante. Pour calculer la viscosité
dynamique d’un gaz à une température donnée, on peut utiliser la loi de Sutherland :
⁄
( ) √ (1.11)
⁄
Les liquides ont une viscosité qui croît avec la pression (figure 1.6). Ce phénomène présente une importance
pratique car dans les mécanismes lubrifiés, l’huile lubrifiante subit des pressions importantes qui peuvent
atteindre 1 GPa (Giga-Pascal=109 Pa), c’est le cas des contacts lourdement chargés rencontrés dans les
roulements, les engrenages, etc.
Notons que les fluides de faible viscosité telle que l’eau sont moins affectés par une augmentation de pression
que les fluides de grande viscosité telles que les huiles. Pour caractériser cet effet, dit piézo-visqueux, on utilise
pour certaines huiles minérales (naphténiques) une relation de la forme :
( )
( ) (1.12)
Fig. 1.6 Variation de la viscosité dynamique d’une huile minérale avec la pression
Notons aussi que la viscosité des gaz est indépendante de la pression dans la mesure où les lois des
gaz parfaits sont applicables.
Des essais réalisés sur des rhéo-viscosimètres de Couette à des taux de cisaillement supérieurs à 106 s-1
montrent que la viscosité du fluide varie lorsque le taux de cisaillement augmente (figures 1.7 et 1.8).
Celle-ci diminue dans le cas des fluides non Newtoniens rhéo-fluidifiants dits aussi fluides pseudo-
plastiques (cas des huiles minérales dopées ou additivées) et augmente dans le cas des fluides non
Newtoniens rhéo-épaississants dits aussi fluides dilatants.
Dans le cas des huiles lubrifiantes, cet effet peut être réversible comme il peut aussi être permanent, il
correspond alors à une dégradation de l’huile par rupture de certaines chaînes moléculaires.
Fig. 1.7 Variations de la viscosité cinématique des lubrifiants en fonction du taux de cisaillement
Fig. 1.8 Variations de la viscosité avec le taux de cisaillement pour une solution aqueuse de polyacrylamide, du
sang et d’une suspension de particules de polymère (latex) dans l’eau
Certains fluides présentent une modification de la viscosité avec le temps, sous des conditions de taux
de cisaillement constant. Il y a deux catégories à considérer :
la thixotropie :
un fluide thixotrope subit une décroissance de viscosité avec le temps, lorsqu'il est soumis à un
cisaillement constant.
la rhéopexie :
Pour mesurer la viscosité des liquides, on emploie des appareils qu’on appelle viscosimètres qui se rangent en
deux catégories : les viscosimètres absolus pour la mesure de la viscosité dynamique ou absolue et les
viscosimètres empiriques pour la mesure de la viscosité cinématique.
-Viscosimètres absolus :
Il en existe plusieurs types (viscosimètres à capillaire basés sur l’utilisation de la loi de Poiseuille,
viscosimètres de Couette basés sur l’expérience de Couette, les viscosimètres à disque et les
viscosimètres à chute de bille basés sur l’utilisation de la loi de Stokes).
-Viscosimètres empiriques :
Dans ces appareils, dont les plus courants sont les viscosimètres Saybolt (Etats unis), Redwood
(Angleterre) et Engler (Europe continentale), on mesure le temps d’écoulement d’un volume donné de
fluide à travers un ajutage généralement formé d’un tube étroit et court. Les mesures sont
généralement faites pour des températures fixées à l’avance pour lesquelles le dispositif est étalonné.
A chaque type de viscosimètre correspond une unité de viscosité qui lui est propre. Ces appareils
donnent une viscosité cinématique car l’écoulement s’effectue sous l’action de la pesanteur et donc
fait intervenir la masse volumique du fluide. Le tableau suivant résume les principes de mesure
concernant les 3 viscosimètres empiriques :
Il existe, pour le viscosimètre Engler, une relation dite de Ubbelohde valable quelque soit la
température qui permet de déterminer la viscosité cinématique :
°F=Degré Fahrenheit, ( ) ( ( ) )
Jean Louis Marie Poiseuille 1797-1869 Claude Louis Marie Henri Navier 1785-1836