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Louis-Jean Calvet
2003/1 n° 8 | pages 11 à 29
ISSN 1273-6449
ISBN 2868479308
DOI 10.3917/csl.0301.0011
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-cahiers-de-sociolinguistique-2003-1-page-11.htm
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© Presses universitaires de Rennes | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 46.213.223.73)
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APPROCHE (SOCIO)LINGUISTIQUE
DE L’OEUVRE DE NOAM CHOMSKY
la linguistique, étudiant un fait social, ne peut être qu’une science sociale, alors il
faut le montrer concrètement, en essayant de mettre en évidence ce que perd
l’analyse uniquement interne de la langue, ou à l’inverse ce que l’approche sociale
de la langue peut apporter à son analyse interne. C’est ce que je vais essayer de
faire dans ce texte (et, plus généralement, dans un livre dont il fait partie), mais il
est auparavant utile de retracer à grands traits l’histoire de la grammaire
générative et de sa surdité face aux liens entre la langue et la société.
Pour commencer, nous allons très vite évoquer les réponses qu’il a
imaginées à ces questions (très vite, car il les a ensuite reniées, et leur présentation
est aujourd’hui obsolète) dans ce qu’il est convenu d’appeler la théorie standard
(Chomsky, 1965) et la théorie standard élargie (Chomsky, 1971). Il part donc de
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cette interrogation qui restera chez lui centrale : comment, avec un nombre fini
d’éléments peut-on encoder et décoder un nombre infini de phrases, comment un
locuteur peut-il comprendre une phrase qu’il n’a jamais entendue ou émettre une
phrase qui n’a jamais été émise ? Il va tenter de modéliser cette créativité qui se
manifeste dans l’usage de la langue par l’édifice de la grammaire générative, un
ensemble de règles qui permettent de passer des structures profondes aux
structures de surface, avec une évolution notable dans la façon de traiter le
problème sémantique. En particulier, dans le premier état de la théorie, seules les
structures profondes contenaient selon lui l’information sémantique, alors que
dans le second état, cette information se trouve également au niveau des structures
de surface.
Pour illustrer la démarche, considérons les deux phrases françaises
suivantes :
(1) Le boulanger travaille la nuit
(2) Le boulanger travaille la pâte
Elles peuvent, à première vue, paraître semblables, présenter la même
structure, c’est-à-dire que la nuit et la pâte semblent avoir la même fonction, ou
avoir le même type de relations avec les autres éléments de la phrase. N’importe
quel locuteur francophone, cependant, sent qu’il y a entre ces deux phrases une
différence. Mais laquelle ? Et comment la formuler ? A ces deux questions il y a
plusieurs types de réponses :
1
L’astérisque indique soit qu’une phrase est agrammaticale, en synchronie, soit qu’elle n’est pas
attestée, en diachronie.
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qu’il considérait à une certaine époque comme une phrase grammaticale (il
changera d’idée sur ce point) mais asémantique, alors que :
(5)a Ideas colourless sleep green furiously
b Furiously ideas colourless sleep green
c Ideas green colourless sleep furiously
etc.
sont à la fois agrammaticales et asémantiques.
Cette notion de grammaticalité définie par l’intuition du locuteur, ou par sa
compétence, prêtait bien sûr le flanc à la critique. D’une part on pouvait
considérer que cette intuition ne correspondait que peu aux critères formels sans
cesse mis en avant par Chomsky. D’autre part, on pouvait lui reprocher de ne
prendre en compte qu’une certaine norme, celle des gens cultivés par exemple,
voire même la sienne propre, et d’exclure ainsi des phrases qui seraient acceptées
par d’autres couches sociales : nous commençons à voir ici apparaître ce sur quoi
nous reviendrons plus loin, pourquoi cette approche des faits de langue est
radicalement (c’est-à-dire à la racine) étrangère aux réalités sociales. Il y a donc là
une première zone de conflit ou d’incompréhension entre les « sociolinguistes»
et les linguistes générativistes : les premiers considéraient que la langue étant un
fait social, la linguistique ne pouvait être qu’une science sociale, les seconds
renvoyaient d’un geste méprisant cette problématique vers le périphérique ou le
non pertinent. Un récent commentateur de l’œuvre de Chomsky, Neil Smith,
considère par exemple que la variation relève de l’idiosyncrasie, du « langage
privé », et ne concerne pas la description grammaticale, abordant ce problème
sous le titre de « language and the individual », marquant par là que la variation
sociale n’était pas prise en compte par le générativisme (Smith, 1999 : 155-158).
Quant à l’intuition du locuteur, qui était à l’origine un modèle temporaire, un pis-
aller, elle va lentement se transformer (en particulier avec la publication de La
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PRINCIPES ET PARAMETRES
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adjectifs et qu’il est donc inutile de le préciser, il suffit de dire que les syntagmes
X ont un X pour « tête ». Par exemple :
(9)a. Isabelle regarde un film (verbe transitif)
b. Isabelle travaille (verbe intransitif)
c. Isabelle croit que son mari est intelligent (verbe subordonnant)
(10)a. Isabelle est une spécialiste du cinéma (nom « transitif »)
b. Isabelle est une cinéphile (nom « intransitif »)
c. Isabelle croit le fait que son mari est (nom subordonnant)
intelligent3
(11)a. Isabelle est folle de son mari (adjectif « transitif »)
b. Isabelle est amoureuse (adjectif « intransitif »)
c. Isabelle est sure que son mari (adjectif « subordonnant »)
est intelligent
Et Neil Smith commente :
« The way to eliminating the plethora of Phrase Structure rules was now
open, and with the later generalization of X-bar theory from categories like
Noun, Verb ans Adjective to include all categories [...] the theory has again
made possible the simplification of individual grammars, and has lessened
the putative leasing load for the child » (Smith, 1999: 70).
3
J’adapte ici en français des exemples anglais, et cette phrase est aussi lourde et improbable que
l’original : « John regrets the fact that frogs are amphibians ».
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Mark Baker (The Atoms of Language) aborde ce problème d’un autre point
de vue. Après avoir rappelé le rôle des Navajos pendant la seconde guerre
mondiale, ces « code talkers » dont la langue servait de code secret pour éviter que
les messages de l’armée américaine soient compris par les japonais, il pose qu’il y
a ce qu’il appelle « the code talkers paradox », le paradoxe de « code talkers ». Ce
paradoxe est, selon lui, que :
« Apparently English and Navajo –or any other two languages- are not
products of incommensurable worldviews after all. They must have some
accessible common denominator » (Baker, 2001 : 11).
Ce n’est bien sûr pas la première fois que l’on se pose le problème de la
traductibilité entre les langues. Claude Hagège par exemple a noté que :
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Ce qui est ici important c’est l’idée qu’il y ait des implications entre traits
c’est-à-dire que la présence de tel ou tel trait dans une langue en implique
d’autres, ce que Neil Smith appelait un « effet de cascade ». Baker explique par
exemple que l’énoncé minimum est semblable en français, italien et anglais : un
syntagme nominal sujet suivi par un verbe et une marque de temps. Comme dans :
(12) Jean arrivera
(13) Jean will arrive
(14) Gianni verrà
Pourtant l’italien diffère des deux autres langues en ce que le sujet peut
venir après le verbe :
(15) Verrà Gianni
Une autre différence est que, lorsque le sujet est connu, on peut l’omettre :
(16) Verrà
Une autre encore est qu’en français et anglais le sujet est obligatoire, pas en
italien et en espagnol :
(17) Il pleut
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1) Parce que, dans les autres langues romanes, on peut comme en italien
mettre le sujet après le verbe, omettre le sujet redondant, etc…
2) Parce que, du point de vue historique, le français s’est d’abord
comporté comme les autres langues romanes sur ces points. Puis il a
changé et le fait que ces changements se soient produits en même temps
montre que ces traits sont liés.
3) Enfin parce que tous ces traits impliquent le sujet.
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Les différences entre les langues seraient donc explicables par des choix
différents dans un nombre fini de paramètres, les traits s’impliquant les uns les
autres : si A, alors B et C… Et les paramètres permettraient de résoudre les
paradoxes fondamentaux que sont la similarité et la différence des langues.
En fait, si l’on considère les exemples ci-dessus sans a priori, sans chercher
à leur faire servir un modèle, on voit que c’est la différence entre deux systèmes
verbaux différents qui explique l’absence ou la présence d’un sujet obligatoire. La
différence fondamentale est ici que piove indique morphologiquement la personne
et non pas raining ou pleut. Certaines langues ont en effet un système verbal avec
des formes différentes pour chaque personne (italien, espagnol) et d’autres avec
une forme unique pour toutes les personnes (chinois). Dans le premier cas le sujet
est inutile, sauf si on doit le marquer sémantiquement, dans le second il est
obligatoire. D’ailleurs, en italien, des phrases comme :
(21) Viene la pioggia
(22) Suona il telefono
montrent que lorsque le sens du verbe est insuffisamment précis, il faut un
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L’exemple (28) pose bien sûr un problème : que faire d’une phrase comme
« John’s car », dans laquelle on a l’ordre inverse ? Et si nous considérons les
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exemples suivant en bambara, nous voyons qu’en (29) la « préposition » est après
le nom, qu’en (30) le nom est après le possesseur, mais qu’en (31) l’objet est entre
l’auxiliaire et le verbe, c’est-à-dire en fait avant le verbe :
(29) a be ta sugu la
il aux aller marché
il va au marché
(30) Musa ka mobili
Moussa génitif voiture
La voiture de Moussa
(31) A be so san
il aux cheval acheter
il achète un cheval
En chinois on aura le verbe avant l’objet :
(32) ta maile yi pi ma
il acheter un classificateur cheval
le nom après le possesseur :
(34) Jean de chidu
jean génitif voiture
et pas de préposition :
(33) ta qu shi shang
il aller marché
On a donc l’impression qu’en anglais on a privilégié une forme (« The car
of John ») pour faire entrer la langue dans le cadre de la théorie, et que les
exemples du bambara et du chinois montrent que cette théorie ne marche pas
nécessairement. Mais cette impression d’arrangements avec les données est assez
générale lorsqu’on lit la littérature générativiste ou chomskyenne. Ainsi dans la
présentation du dernier ouvrage de Chomsky, Adriana Belletti et Luigi Rizzi
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Et il explique cette régularité par un paramètre qui recouvre les sept points,
le paramètre de directionnalité de la tête (head directionality parameter) : soit la
tête suit les syntagmes pour faire des syntagmes plus grands (c’est le cas en
japonais, en basque, en amharique…), soit la tête précède le syntagme (en anglais,
en thaï, en zapothèque…). Il y aurait ainsi pour lui deux types distincts d’ordre
des mots, sans possibilité intermédiaire, même s’il admet l’existence de quelques
exceptions (6% des langues à verbe final aurait des prépositions et non pas des
postpositions) : les différences entre les langues ne sont pas continues, mais
discrètes.
La théorie paramétrique des langues est donc fondée sur l’hypothèse que les
différences entre les langues résultent d’interactions entre un nombre fini de
paramètres discrets. Il faut noter ici que l’idée d’implications entre différentes
caractéristiques présentées par les langues, baptisées ou non « paramètres », n’est
jamais qu’une mise en forme des résultats d’une typologie qui a par exemple été
menée par Greenberg. Cette démarche, qui a aussi été abordée par Hagège,
consiste simplement à noter que lorsque des langues ont un trait A elles ont aussi
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« If you had asked me ten years ago, I would have said government is a
unifying concept, X-bar theory is a unifying concept, the head parameter is
an obvious parameter, ECP, etc., but now none of these looks obvious. X-
bar theory, I think, is probably wrong, government maybe does not exist… »
(Chomsky, 2002 : 151).
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C’est-à-dire qu’on est passé de l’idée que, dans une langue, il y a des
structures profondes et des structures de surface, à l’affirmation que les structures
profondes n’existent pas (après des années d’affirmations dogmatiques qu’elles
étaient le centre de la théorie) et que toutes les langues sont la manifestation de
surface d’une seule langue profonde4. En d’autres termes le cerveau humain est un
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(ou, ce qui est équivalent, quel type de théorie rend compte de manière
adéquate de la structure de cet ensemble d’énoncés) ». (1969 : 21).
Et il signalait qu’on avait mal compris une de ses phrases sur la nécessité de
concevoir une « communauté linguistique homogène », qu’il s’agissait d’une
idéalisation nécessaire au travail scientifique, car seuls ces systèmes idéalisés ont
des propriétés intéressantes. Mais il montrait par là-même qu’il n’avait rien
compris à l’entreprise de Labov et, vingt ans plus tard, dans The Minimalist
Programme, il revient sur ce « système idéalisé » :
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« Dans certaines langues (sanskrit, latin, russe…) les cas sont manifestés
morphologiquement, dans d’autres langues ils ont peu (anglais, français…)
ou pas (chinois…) de réalisation évidente. Dans la ligne de notre approche
générale, nous considérons que le cas est toujours présent abstraitement ».
(Chomsky, 1997 : 110).
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5
Il manifesto le 19 septembre, Hartford Courant le 20 septembre, Giornale del Popolo le 21, El
pais et Libération le 22, etc., (Chomsky, 2001).
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parce que sa linguistique est incapable de faire le lien entre langue et société. Si
certains confondent systématiquement code et communication, Chomsky, lui, se
situe délibérément du côté du code lorsqu’il fait de la linguistique et du côté de la
communication lorsqu’il parle des pratiques sémantiques des politiciens.
CONCLUSIONS
La théorie paramétrique était donc, je l’ai dit, une façon élégante (mais à
quel prix ? L’élégance du modèle menait à une obligation de simplification au
mépris des données) de présenter sous une autre forme les universaux proposés
par d’autres (en particulier par Greenberg), et ce que Chomsky apportait de neuf et
d’intéressant était l’idée d’ensemble de paramètres liés de façon implicationnelle.
Tout ceci est parfaitement falsifiable, à condition de se livrer à un énorme travail :
l’analyse des plus de 6000 langues du monde. En revanche l’hypothèse d’une
grammaire universelle, qui est au centre de P&P et qui lui est nécessaire pour sa
théorie de l’acquisition est parfaitement non falsifiable. Quant au modèle dans son
ensemble, il constitue une négation radicale de l’aspect social de la langue.
Si, comme on semble aujourd’hui le penser du côté du MIT, la seule
différence entre les langues résidait dans leur lexique, alors la théorie du signe
devrait être au centre de la réflexion linguistique. L’idée selon laquelle seuls les
mots différencieraient les langues nous mènerait en effet à une nouvelle
problématique : soit les langues ne sont que des nomenclatures, et il suffirait alors
de passer d’une forme phonétique à une autre pour changer de langue, ce qui est
une idée absurde, soit les langues organisent de façons spécifiques l’univers
sémantique. Et le fait qu’il n’y ait (pas encore ?) aucune théorie du signe dans le
chomskysme ne doit pas nous empêcher de poser ce problème.
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Quant à l’information, elle est que les sages peuvent être voleurs ou que les
voleurs peuvent être sages.
Si nous considérons maintenant ce second proverbe tunisien, tout aussi
imaginé que le premier : L’oreille du linguiste générativiste n’écoute pas les
variantes du locuteur. Il semble être construit comme le précédent. Pouvons-nous
y trouver les évidences que les locuteurs n’ont pas de variantes et que le
générativiste a donc raison de ne pas chercher ce qui n’existe pas ? N’importe quel
linguiste sait que la première évidence est fausse et que le linguiste générativiste
se prive donc de la richesse des usages de la langue. En revanche l’information est
bien que le générativiste n’est pas linguiste…
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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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