Durée : 4 heures
MATHÉMATIQUES
DEVOIR SURVEILLÉ N◦6
Sujet CCINP
Si, au cours de l’épreuve, vous repérez ce qui vous semble être une erreur d’énoncé, d’une part
vous le signalez au surveillant, d’autre part vous le signalez sur votre copie et vous poursuivez la
composition en indiquant les raisons des initiatives que vous avez été amené à prendre.
AVERTISSEMENT
On propose d’étudier dans ce problème le comportement d’une certaine suite de fonctions (fn )n∈N sous
différents points de vue.
Dans la partie 1, on étudie les aspects analytiques de (fn )n∈N : convergence
P uniforme de la suite (fn )n∈N ,
propriétés d’intégrales associées à fn et modes de convergence de la série fn .
n
!
X n k 1
La partie 2 correspond à l’étude de la formule de Bernstein : lim e−n = .
n→+∞ k! 2
k=0
Cette formule, en lien avec la suite de fonctions introduites dans la partie 1, peut-être avantageusement
interprétée en terme de suite de variables aléatoires indépendantes qui suivent une loi de Poisson. Le point
de vue probabiliste permet alors d’éclairer le lien avec une intégrale intervenant en partie 1 et l’existence de
la limite envisagée dans la formule de Bernstein. Cela permet aussi d’approcher cette limite par différentes
méthodes.
Les parties 1 et 2 peuvent être traitées, en grande partie, indépendamment l’une de l’autre.
PARTIE 1 : ANALYSE
On considère la fonction f et, pour tout n ∈ N, la fonction fn , définies sur R+ par :
e−t tn
∀ t ∈ R+ , f (t) = 0, et fn (t) = .
n!
√ n n
1. On rappelle qu’un équivalent de n! est 2πn quand n tend vers +∞.
e
(a) étudier, pour tout n ∈ N∗ , les variations de la fonction fn sur R+ , et en déduire son maximum.
1 1
(b) Montrer que fn (n) ∼ √ 1 quand n tend vers +∞.
2π n 2
(c) Établir que la suite de fonctions (fn )n∈N converge uniformément vers f sur R+ .
Z +∞
2. (a) Déterminer l’ensemble D des valeurs de x ∈ R pour lesquelles l’intégrale généralisée e−t tx dt
0
est convergente, et vérifier que R+ ⊂ D.
Z +∞
(b) Montrer que, pour x ∈ R+ , l’intégrale (ln t)e−t tx dt est convergente.
0
Z +∞
(c) Montrer que la fonction x 7→ e−t tx dt est de classe C 1 sur R+ .
0
Z +∞
(d) Montrer que, pour tout n ∈ N, l’intégrale fn (t)dt est convergente.
0
Z +∞
(e) Montrer que, pour tout n ∈ N, fn (t)dt = 1.
0
1 +∞ −t n
Z
3. Pour x ∈ R+ et n ∈ N, on pose Hn (x) = e t dt.
n! x
Z x
(a) Montrer que, pour tout x ∈ R+ et tout n ∈ N, Hn (x) = 1 − fn (t)dt.
0
(b) établir que, pour tout n ∈ N, Hn est de classe C 1 sur R+ et donner l’expression de Hn0 .
(c) Calculer, pour tout n ∈ N, les limites lim Hn (x) et lim Hn (x) .
x→0 x→+∞
(d) Calculer, pour tout x ∈ R+ , la limite lim Hn (x) .
n→+∞
4. Dans la figure 1 de la page précédente, on peut visualiser certaines représentations graphiques des
fonctions de la suite (fn )n∈N , dont celle de f1 et f5 .
(a) Lesquelles des courbes Ca , Cb , Cc , Cd ou Ce de la figure 1 correspondent respectivement aux
représentations graphiques de f1 et de f5 ?
(b) Pouvez-vous faire le lien entre cette figure et certaines propriétés analysées dans les questions
précédentes ?
X
5. (a) Montrer que la série de fonctions fn converge simplement sur R+ .
X
(b) Montrer que, pour tout a ∈ R+ , la série de fonctions fn converge normalement sur le segment
[0, a].
X
(c) Montrer que la série de fonctions fn ne converge pas normalement sur R+ .
PARTIE 2 : PROBABILISTES
Soit (Xn )n∈N∗ une suite de variables aléatoires définies sur un même espace probabilisé (Ω, A , P) et
mutuellement indépendantes. On admet que dans ce cas, pour tout n > 2, X1 + · · · + Xn et Xn+1 sont
indépendantes.
On suppose de plus que, pour tout n ∈ N∗ , Xn suit la loi de Poisson de paramètre 1.
On rappelle que si X est une variable aléatoire définie sur (Ω, A , P) et qui suit une loi de Poisson de
λk
paramètre λ, alors X(Ω) = N et pour tout entier k ∈ N, P(X = k) = e−λ .
k!
n
X S n − n
On pose, pour tout n ∈ N∗ , Sn = Xk et Sn∗ = √ .
n
k=1
1.
(a) Montrer que Sn suit une loi de Poisson de paramètre n et en déduire son espérance et sa variance.
(b) Déterminer l’espérance et la variance de Sn∗ .
n
X nk
(c) Montrer que pour tout n ∈ N∗ , P(Sn∗ 6 0) = e −n
.
k!
k=0
2. Soient r ∈ N, I un intervalle de R et (a, b) ∈ I 2 . On rappelle que si f est une fonction de classe C r+1
sur I, alors on a :
r Z b
X (b − a)k (b − t)r
f (b) = f (k) (a) + f r+1 (t) dt.
k! a r!
k=0
3.
Z +∞
1
(a) Montrer que P(Sn∗ 6 0) = e−t tn dt = Hn (n), où Hn est définie dans la partie 1.
n! n
(b) Établir que, pour tout n ∈ N∗ ,
n+1
tn+1 nn+1
Z
P(Sn∗ 6 0) − ∗
P(Sn+1 6 0) = e−t dt − e−n .
n (n + 1)! (n + 1)!
(c) En déduire que la suite (P(Sn∗ 6 0))n∈N∗ est une suite décroissante qui converge vers une limite
` ∈ [0, 1[.
(d) Proposer une méthode numérique et une méthode probabiliste pour conjecturer la valeur de `.
Quels sont les avantages et les inconvénients respectifs de ces deux méthodes ?
4. Pour n ∈ N∗ , on note GSn la fonction génératrice de Sn . On rappelle que, pour tout t ∈ R,
+∞
X
Sn
GSn (t) = E(t ) = P(Sn = k)tk .
k=0
PROBLÈME 2 : ALGÈBRE
CCP PC 2015
On propose d’étudier, dans ce second problème, différents aspects des matrices à coefficients dans {−1, 1}
(matrices binaires) : inversibilité, orthogonalité des colonnes (matrices de Hadamard) et propriétés du
spectre.
Dans tous le problème, n désigne un entier naturel supérieur ou égal à 2.
On débute l’étude par des exemples en petite dimension. En dimension n, on aboutit notamment à trois
résultats sur de telles matrices :
• une matrice de Hadamard ne peut exister que si n = 2 ou si n est un multiple de 4 ;
• on peut construire une matrice binaire inversible à n’importe quel ordre n ;
• les valeurs propres des matrices binaires sont de module inférieur ou égal à n.
Gn = A ∈ Bn | A est inversible ,
Hn = A ∈ Bn | AT · A = nIn .
On admettra que le déterminant d’une matrice dont les coefficients sont des entiers relatifs
est aussi un entier relatif.
−1 1 1 −1
On note φ l’endomorphisme de R4 canoniquement associé à S.
(a) Montrer que A4 appartient à H4 .
(b) Montrer que φ est une symétrie et en déduire Sp(S).
(c) Montrer que A4 est diagonalisable et établir que Sp(A4 ) = {−2, 2}.
(d) Proposer une méthode pour trouver une matrice orthogonale P et une matrice diagonale D telles
que A4 = P DP −1 .
4. Vérifier que Hn ⊂ Gn ⊂ Bn et que Bn est un ensemble fini dont on donnera le cardinal.
5. Montrer que, pour une matrice A ∈ Bn , les propositions suivantes sont équivalentes :
(i) A ∈ Hn ;
(ii) (Cj (A))16i6n est une famille orthogonale de l’espace euclidien Mn,1 (R) ;
1
(iii) √ A est une matrice orthogonale.
n
6. Soit A ∈ Gn . On transforme A en une matrice A0 par les opérations sur les lignes de A suivantes :
∀ i ∈ [[2, n]], Li ← A1,1 · Li − Ai,1 · L1 si bien que Li (A0 ) = A1,1 · Li (A) − Ai,1 · L1 (A).
(a) Donner la relation entre det(A) et det(A0 ).
A1,1 A1,2 · · · A1,n
0
(b) Montrer que A0 = . avec B 0 une matrice carrée d’ordre n − 1, qui est
. B 0
.
0
inversible et donc tous les coefficients sont dans l’ensemble {−2, 0, 2}.
(c) Montrer que det(A) est un multiple de 2n−1 .
(d) On suppose, dans cette question, que A ∈ Hn et que n > 3.
Montrer que | det(A)| = nn/2 et en déduire que n est un multiple de 4.
7. Soient n ∈ N tel que n > 4 et r = n − 1. On définit la fonction τr : Rr → Rr par :
Fin de l’énoncé
Durée : 4 heures
MATHÉMATIQUES
DEVOIR SURVEILLÉ N◦6
Sujet Centrale
Si, au cours de l’épreuve, vous repérez ce qui vous semble être une erreur d’énoncé, d’une part
vous le signalez au surveillant, d’autre part vous le signalez sur votre copie et vous poursuivez la
composition en indiquant les raisons des initiatives que vous avez été amené à prendre.
AVERTISSEMENT
Préambule
On admet le résultat suivant :
si (up,q )(p,q)∈N2 est une famille de nombres réels telle que
X
(i) pour tout p ∈ N, la série |up,q | converge,
q≥0
X X+∞
(ii) la série |up,q | converge,
p≥0 q=0
+∞
X X
alors, en notant Sp = up,q et, pour tout n entier naturel, Wn = up,q ,
q=0 (p,q)∈N2
p+q=n
X
• pour tout q ∈ N, la série up,q converge ; on note Sq0 sa somme ;
p≥0
X X X
• les séries Sp , Sq0 et Wn convergent ;
p≥0 q≥0 n≥0
+∞
X +∞
X +∞
X
• Sp = Sq0 = Wn , c’est-à-dire :
p=0 q=0 n=0
+∞
X +∞
X +∞
X +∞
X +∞
X X
up,q = up,q =
up,q
p=0 q=0 q=0 p=0 n=0 (p,q)∈N2
p+q=n
Q2 En déduire que, si X admet un moment d’ordre n (n ∈ N∗ ), alors X admet des moments d’ordre
k pour tous k ∈ [[1, n − 1]].
+∞
X tn
Pour tout t ∈] − RX , RX [, on note MX (t) = mn (X) . La fonction MX s’appelle la fonction géné-
n!
n=0
ratrice des moments de la variable aléatoire X.
Q3 Justifier que la connaissance de la fonction MX permet de déterminer de manière unique la suite mn (X) n∈N .
Q4 En utilisant les résultats du préambule, montrer que, pour tout t ∈] − RX , RX [, la variable aléatoire etX
admet une espérance et que MX (t) = E(etX ).
Q5 Montrer réciproquement que, s’il existe un réel R > 0 tel que, pour tout t ∈] − R, R[, la variable
aléatoire etX admet une espérance, alors l’ensemble de définition de la fonction génératrice des moments de
X contient ] − R, R[ et pour tout t ∈] − R, R[, MX (t) = E(etX ).
On suppose que X et Y sont deux variables aléatoires réelles discrètes indépendantes à valeurs strictement
positives admettant des moments de tous ordres. On note RX (respectivement RY ) le rayon de convergence
(supposé strictement positif) associé à la fonction MX (respectivement MY ).
Q6 Montrer que la variable aléatoire X + Y admet des moments de tous ordres et que
I.B - Exemples
λ est un nombre réel fixé.
I.B.1) On suppose que Z est une variable aléatoire sur (Ω, A, P ) suivant la loi de Poisson de paramètre
λ.
Q8 Calculer la fonction génératrice des moments de Z. En déduire les valeurs de m1 (Z) et m2 (Z).
I.B.2) Soit n un entier naturel non nul. Pour i ∈ [[1, n]], Xi est une variable aléatoire sur (Ω, A, P ) suivant
une loi de Bernoulli de paramètre λ/n. On suppose que X1 , X2 , . . . , Xn sont mutuellement indépendantes et
Xn
on pose Sn = Xi .
i=1
Q9 Calculer la fonction génératrice des moments de la variable aléatoire Sn .
I.B.3) Pour n ∈ N∗ , Un est une variable aléatoire sur (Ω, A, P ) suivant la loi uniforme sur [[1, n]]. On
pose Yn = n1 Un .
Q15 Calculer lim x→1 ϕ0 (x) et démontrer que ϕ est de classe C 1 sur R.
x<1
Q16 Montrer que, pour tout entier naturel non nul p, il existe deux polynômes Pp et Qp à coefficients
réels tels que, pour tout x ∈] − ∞, 1[,
√
(p) Pp ( 1 − x) −x
ϕ (x) = √ exp √
Qp ( 1 − x) 1−x
Q18 En déduire que ϕ est de classe C ∞ sur R et pour p ∈ N∗ , donner la valeur de ϕ(p) (1).
Q21 En déduire
+∞
X X+∞
∀x ∈] − 1, 1[, ϕ(x) = 1 + ai,j (x)
i=0 j=0
Q23 Utiliser les résultats admis dans le préambule pour établir l’égalité
+∞
X
∀x ∈] − 1, 1[, ϕ(x) = an xn
n=0
où
a0 = 1
n−1
X (−1)n−k
n+k (3)
an = Hk −1 pour tout n ∈ N∗
(n − k)!
2
k=0
+∞
X
Φp (z) = (n + p)(n + p − 1) · · · (n + 1)an+p z n
n=0
Q25 Justifier que, pour tout p ∈ N∗ et tout x ∈] − 1, 1[, Φp (x) = ϕ(p) (x) et que pour tout p ∈ N∗ et tout
+∞
X
z ∈ D, la série entière (n + p)(n + p − 1) · · · (n + 1)an+p z n converge.
n=0
Q26 Justifier que, pour tout p ∈ N, la fonction ϕ(p) est bornée sur ] − 1, 1[.
Q27 Soit r un réel de l’intervalle ]0, 1[. Démontrer pour, tous entiers n ≥ 1 et p ≥ 1, que
Z 2π
1
n
(n + p)(n + p − 1) · · · (n + 1)an+p r = Φp (reiθ )e−niθ dθ
2π 0
Q28 Démontrer que, pour tout p ∈ N, il existe un réel Kp et un entier naturel Np tels que
Kp
∀n ≥ Np , |an | ≤
np
X +∞
X
n
Q29 Démonter que la série entière an x converge normalement sur [0, 1] et donner la valeur de an .
n≥0 n=0
X
Q30 Soit p ∈ N∗ . Montrer que la série entière (n + p)(n + p − 1) · · · (n + 1)an+p xn converge norma-
n≥0
+∞
X
lement sur [0, 1] et donner la valeur de (n + p)(n + p − 1) · · · (n + 1)an+p .
n=0
Q31 Démontrer que tous les moments d’ordre p de la suite (an ) sont nuls.
Le but de cette partie est de construire une fonction de classe C ∞ sur R, non nulle, dont tous les mo-
ments d’ordre p (p ∈ N) sont nuls.
Q33 Justifier que θ est de classe C ∞ sur R+∗ et démontrer que, pour tout n ∈ N∗ , il existe Pn ∈ C[X] tel
que
Pn (ln x)
∀x ∈]0, +∞[ θ(n) (x) = θ(x)
xn
Q34 En déduire que lim x→0 |θ(n) (x)| = 0.
x>0
ln x
Q37 à l’aide du changement de variable t = 2π , démontrer que
2 2
e−p π +∞
ln2 x
Z
p−1 ln x
∀p ∈ N Ip = x exp − 2 sin dx
2π 0 4π 2π
Q38 Conclure.