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I Définition.
Quelle que soit sa cause initiale, l’inflation est par nature un phénomène monétaire.
En effet, si le prix moyen des biens en monnaie nationale augmente, cela implique
que l’on dépense plus d’unités monétaires qu’auparavant pour chaque unité de biens
échangée dans l’économie ; cela suppose soit une augmentation de la quantité de
monnaie en circulation, soit une élévation de la vitesse de circulation de la
monnaie : chaque unité monétaire est en circulation un plus grand nombre de fois et
permet d’effectuer un nombre de transactions plus élevé qu’auparavant.
II La mesure de l’inflation.
1
Voir :
Denis Clerc, « Inflation et croissance », éditions Syros/Alternatives, Paris 1989, p12 ;
Anne-Marie Bouvier et Dominique Lafleur, op.cit, p 86 ;
Maurice Gabillet, op.cit., p 94.
C’est-à-dire des rapports de prix entre les biens, considérés deux à deux.
consommation des ménages. Les pondérations de ce panier sont définies par la part
de la consommation représentée par chacun de ces biens ou services dans la dépense
totale de ces derniers. Un indice des prix à la consommation mesure les variations
enregistrées par le panier observé, traduisant ainsi la variation du coût de la vie pour
les consommateurs, et de la valeur de la monnaie dans ses aspects les plus concrets
pour les ménages.
Afin d’établir le taux d’inflation en glissement, on compare l’indice des prix d’un
même mois à un an d’intervalle.
A noter qu’en revanche, des taux modérés d’inflation, de l’ordre de 2 à 3% sur une
base annuelle, sont généralement considérés comme normaux, peut être même,
selon certains auteurs, préférable à une inflation zéro.
Quelle que soit sa cause initiale, l’inflation est par nature un phénomène
monétaire. Maintenant, s’il y a divergence sur le diagnostic d’une situation
d’inflation particulière, c’est qu’en effet plusieurs causes peuvent être pointées
séparément ou de manière combinée3.
Les entreprises répercutent l’augmentation des coûts de production sur les prix de
vente des biens et services. Mais aux côtés des coûts, on rencontre aussi le profit.
Les entreprises ont ainsi la possibilité d’augmenter leurs prix afin de maintenir ou
d’accroître leurs marges de profit, ce qui influe sur le niveau général des prix.
3
Voir :
Anne-Marie Bouvier et Dominique Lafleur, op.cit, p 86,87 ;
Maurice Gabillet, op.cit., p 94,95.
Alexis Jacquemin, Henry Tulkens, Paul Mercier (B), op.cit., p 54-56.
G. Dufort et A. Gouault, op.cit., p 160-161.
III.3 L’inflation induite par des éléments structurels.
L’inflation par les éléments structurels peut être induite par un état donné de
la structure des marchés ou de l’économie. Ce qui signifie que la hausse des prix
s’explique par les conditions de formation des prix sur les marchés ou dans les
secteurs économiques. En particulier, les prix résultant de situations de monopoles
ou de concurrences imparfaites, de conflits sociaux et de considérations
politiques…etc.
Mais la pression sur le niveau général des prix peut aussi provenir d’un changement
dans la structure de la demande globale, en particulier lorsque les conditions de
concurrence et les formes des marchés varient fort d’un secteur à l’autre. Supposant
par exemple qu’une fraction de la demande se déplace du secteur agricole vers le
secteur industriel ; si à la suite de dispositions réglementaires, les prix des produits
agricoles ne sont pas flexibles à la baisse, il faut s’attendre à une hausse des prix
industriels non compensée par une baisse du prix des produits de l’agriculture.
Toutes autres choses restant égales par ailleurs, il en résulte une élévation du niveau
général des prix. En d’autres termes, la rigidité à la baisse des prix et des salaires
dans de nombreux secteurs de l’économie peut avoir pour résultat qu’une
redistribution de la demande se traduise par une hausse des prix, alors même que la
demande globale ne serait pas excédentaire, en termes réels, par rapport au plein
emploi.
Il faut noter que l’inflation peut pénaliser, favoriser, être relativement neutre et
provoquer des adaptations dans le comportement des agents économiques4.
Elle pénalise :
Elle favorise :
Les débiteurs ;
Les créditeurs qui réussi à se prémunir contre l’inflation ;
Les détenteurs d’actifs (par opposition aux détenteurs de monnaies) ;
Les détenteurs de stocks, lorsque ceux-ci ont été achetés avant ou en début de
hausse des prix ;
Les importateurs, qui vendront plus facilement les produits étrangers dont le
prix n’a pas de raison d’augmenter autant ; et leurs clients, qui dépenseront
moins, en terme réel, pour le même produit.
4
Voir
Alexis Jacquemin, Henry Tulkens, Paul Mercier (B), op.cit., p 51-54.
G. Dufort et A. Gouault, op.cit., p162.
C’est ce biais cognitif qui consiste à raisonner en monnaie courante, sans se soucier ou tenir compte de l’inflation.
Incitation pour les détenteurs de la monnaie à se prémunir contre la
dépréciation de celle-ci en s’en dessaisissant au profit des valeurs refuges (par
exemple : devises fortes, métaux précieux, valeurs mobilières…etc.) ;
Pression accrue en faveur de l’indexation des revenus sur l’inflation ;
Hausse de l’endettement, puisqu’il est plus avantageux d’être débiteur que
créancier ;
Incitation à investir (arbitrage en faveur des actifs productifs et de
l’endettement, au détriment de la détention de monnaie et la situation de
créancier) ;
Hausses préventives (des prix des loyers, des taux de crédits,…) ;
Révision des anticipations, en accréditant l’idée qu’un nombre croissant
d’agents économiques agissent ou agiront pour se prémunir de l’inflation.
Il faut noter aussi, tel que découvert par A.W.Phillips lors de son observation des
données de l’économie Britannique sur la période de 1861 à 1957, qu’il existe une
corrélation négative très nette entre inflation et chômage. Cette relation inverse
constitue la courbe de Phillips5, du nom de son découvreur qui a le premier établi
l’existence et la stabilité de cette relation sur une longue période au Royaume-Uni.
V L’arbitrage inflation-chômage.
Courbe de Phillips.
Taux d’inflation
Taux de chômage
5
Voir
Olivier Blanchard et Daniel Cohen, « Macroéconomie », éditions Pearson éducation, Paris 2007, 195-216 ;
C. Bialès, M. Bialès, R. Leurion, J.-L. Rivaud, op.cit., p137-138.
Jacques Généreux, op.cit., p242-243.
Philips explique cette relation décroissante en considérant que lorsque le chômage
est faible, par exemple, il y a des tensions à la hausse du taux de salaire sur le
marché du travail et le rapport de force est en faveur des organisations syndicales de
travailleurs. Cette relation est élargie en 1960 sous l’impulsion de Samuelson et de
Solow à la relation entre taux d’inflation et taux de chômage, en fonction du
mécanisme, parfois appelé la spirale prix-salaires, et cette expression décrit bien le
phénomène à l’œuvre.
Cependant, durant les années 1970, la relation s’est brisée. Aux USA et dans la
plupart des pays de l’OCDE, il y’avait à la fois une forte inflation et un fort
chômage (stagflation), ce qui était totalement contraire à la courbe de Phillips. Une
nouvelle relation apparut, mais ce fut cette fois entre le taux de chômage et le taux
de croissance de l’inflation. Aujourd’hui, un fort taux de chômage ne semble pas
entraîner une faible inflation mais plutôt une baisse de l’inflation.
Toutefois, nous noterons que la courbe de Phillips a connu des mutations résultant
de changements dans la façon dont les ménages et les entreprises forment leurs
anticipations.
In fine, on observe qu’à côté des déséquilibres intérieurs sur les différents
marchés ou dysfonctionnements internes, tels que nous venons de les voir
précédemment, peuvent éventuellement apparaitre des dysfonctionnements
extérieurs qui feront l’objet de la leçon suivante.