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L’épargne

L’épargne constitue, avec la consommation, une des deux utilisations possibles du


revenu. Mais au-delà de cette première approche simple, l’analyse apparaît plus
complexe. En premier lieu, l’épargne prend des formes nombreuses qu’il est utile
d’identifier. De plus, le comportement des agents a évolué. Pour ce faire, la réflexion sur
l’épargne nécessite de connaître ce concept ainsi que les paramètres qui en expliquent la
prise de décision.

I Définition.

L’épargne est la fraction du revenu qui n’est pas affectée à la consommation


immédiate1.

L’épargne peut aussi être définie comme la part du revenu qui reste disponible pour
accumuler des actifs physiques et des actifs financiers. Elle est souvent assimilée
également à une consommation différée dans le temps. L’épargne des entreprises, quant à
elle, correspond à la part des bénéfices non distribués et aux amortissements pratiqués
afin de renouveler les équipements. Cette épargne constitue l’autofinancement des
sociétés2.

II La mesure de l’épargne.

Le taux d’épargne est le rapport entre le montant de l’épargne et le revenu


disponible brut.

III Les différentes formes d’épargne.

L’épargne des ménages peut prendre différentes formes. On distinguera3 :

III.1 Epargne brute et épargne nette.

L’épargne est un solde entre le revenu disponible et la dépense de consommation


finale.

L’épargne nette s’obtient en déduisant de l’épargne brute la consommation de capital


fixe.

1
Eric Bosserelle, op.cit, p69.
2
J. Longatte et P. Vanhove, « Economie générale », éditions Dunod, Paris 2001, p 116-117.
3
Eric Bosserelle, op.cit, p69.
III.2 Epargne financière et épargne non financière.

L’épargne brute se scinde en épargne financière, affectée aux placements


financiers, et en épargne non financière, assimilée à l’investissement immobilier.

L’épargne financière se compose de :

 L’épargne monétaire. Monnaie et dépôts à vue ;


 L’épargne liquide. Livrets d’épargne, épargne logement, comptes de
placements… ;
 Les valeurs mobilières. Actions obligations, sicav… ;
 Les contrats d’assurance vie.

L’épargne non financière inclut les investissements immobiliers et les investissements


des entrepreneurs individuels.

III.3 Epargne et patrimoine.

Comme la consommation, l’épargne constitue un flux, alors que le patrimoine, qui


résulte de l’accumulation et de la transformation de l’épargne, constitue un stock.
L’épargne correspond en définitive aux variations du patrimoine (que celles-ci soient
positives ou négatives ; dans ce dernier cas, on pourra parler de désépargne).

III.4 Epargne individuelle et épargne collective.

L’épargne ne relève pas seulement d’actes individuels. Il existe également des


épargnes collectives : par exemple les cotisations sociales en prévision de la retraite.

III.5 Epargne volontaire et épargne involontaire (ou forcée).

L’épargne volontaire est explicite quant à ses ressorts. L’épargne involontaire est
la conséquence du processus inflationniste. Avec l’inflation, les agents dont les revenus
ne se sont pas indexés sur la hausse des prix sont obligés de réduire leur consommation.
Cette réduction de la consommation est assimilée par certains acteurs à une épargne
forcée. L’impôt est une autre forme d’épargne forcée puisqu’il contraint les ménages à
réduire leur consommation.

IV Les différents emplois de l’épargne.

Selon l’arbitrage fait par l’épargnant, le choix du type d’épargne dépend des
principaux critères que sont la rentabilité la disponibilité et la sécurité.

Les emplois de l’épargne, de même que le taux global d’épargne, varient selon les
ménages et leurs caractéristiques. Les emplois possibles de l’épargne monétaire peuvent
porter sur l’investissement, le remboursement de prêt, une consommation différée, une
épargne liquide, des placements financiers, une thésaurisation , des valeurs refuge etc.…

V Les déterminants de l’épargne.

Toute décision d’épargner s’accompagne d’une décision d’affectation de cette


épargne. On peut considérer ces possibilités de placement comme des incitations à
épargner, c’est-à-dire à reporter la consommation dans le temps. Toutefois, plusieurs
facteurs contribuent à déterminer tant le volume global que l’affectation de l’épargne : le
revenu réel, le taux d’intérêt, la catégorie sociale d’appartenance, l’âge de
l’épargnant…etc. Les déterminants sont cependant au centre de différents théoriques
entre économistes. D’où les déterminants de l’épargne qui suivent :

V.1 Le taux d’intérêt.

Pour la théorie néoclassique, l’épargne résulte de l’arbitrage entre consommation


immédiate et consommation différée et donc du prix donné au temps ; plus le taux
d’intérêt est élevé, plus est encouragé le renoncement à une consommation immédiate;
elle dépend ainsi du taux d’intérêt, car un taux d’intérêt élevé est un encouragement à
l’épargne. En effet, pour les prêteurs, l’intérêt est la rémunération de leur capital,
l’élévation du taux d’intérêt les incite donc à offrir davantage de capital (offre
d’épargne). En conséquence, l’épargne sera une fonction croissante des taux d’intérêt qui
détermine le niveau de cette rémunération. Mais l’intérêt étant un coût pour les
demandeurs, l’augmentation du taux d’intérêt décourage la demande de capital ‘demande
d’investissement). Cette offre et cette demande globales se rencontre sur le marché des
capitaux.

Pour Keynes, le taux d’intérêt est le prix de l’usage de la monnaie. Le taux d’intérêt est le
prix qui équilibre les courbes d’offre et de demande de monnaie. Si l’offre de monnaie
dépend de la quantité de monnaie mise à disposition par les autorités monétaires, la
demande dépend de la « préférence pour la liquidité » des agents. C’est pourquoi,
fondamentalement, chez Keynes, le taux d’intérêt est le prix de la renonciation à la
liquidité.

Ainsi, le taux d’intérêt n’intervient dans le raisonnement keynésien que pour expliquer le
partage de l’épargne entre épargne financière et thésaurisation ; alors que les classiques
en font la variable déterminante du partage du revenu entre consommation et épargne.

V.2 Le revenu réel.

La théorie keynésienne a une conception résiduelle de l’épargne ; celle-ci est, selon


son concepteur, l’excès du revenu sur la dépense de consommation. L’épargne dépend


La thésaurisation correspond à une épargne financière qui est conservée sous forme liquide (monnaie fiduciaire par
exemple).
donc directement du revenu (ce qu’il convient de prendre en compte c’est le revenu
disponible exprimé en termes réels), et cela par l’intermédiaire de la propension à
consommer, c’est-à-dire de la tendance qu’ont les agents économiques à consommer une
part plus ou moins importante de leur revenu et donc à en laisser un résidu plus ou moins
grand. En fonction de la loi psychologique fondamentale, l’épargne croît avec le revenu
réel et plus que proportionnellement que celui-ci, elle augmente quand on se déplace des
faibles revenus vers des revenus moyens plus élevés, puis elle atteint un maximum avant
de retomber avec les hauts revenus.

V.3 Le cycle de vie de l’individu.

Pour lui, pour chaque ménage, il existe un cycle de vie caractérisé à chaque âge par
une étape dans la carrière et la vie familiale. Les comportements d’épargne variant ainsi
selon les phases de la vie des individus.

Avec l’entrée dans la vie active, le taux d’épargne est faible il est même fréquent que les
besoins importants de cette période de l’existence entraînent un recours à l’endettement.
Avec l’ascension professionnelle, le revenu augmente plus vite que la consommation et
l’épargne se développe. En fin de carrière, ce sont les placements en produits d’assurance
vie et en épargne retraite qui prennent le relais. Enfin, à la retraite, c’est-à-dire à
l’extrémité du cycle de vie, le niveau de vie est préservé en dépit de la baisse du revenu
grâce à la consommation du capital constitué ou désépargne.

VI Les conséquences de l’épargne.

Le comportement d’épargne n’est pas neutre quant à l’économie appréhendée


globalement, un équilibre doit être trouvé entre deux situations contraires:

 Une insuffisance d’épargne peut porter préjudice à l’investissement, qui ne trouve


plus à se financer facilement, et donc l’activité économique dans le futur ;
 Un excès d’épargne peut être préjudiciable à la demande de consommation et
donc, là encore, à l’activité économique.

Par ailleurs l’effet du multiplicateur keynésien dépend du rapport établi par les opérateurs
pour le partage de leurs revenus entre consommation et épargne.

Au final, d’un point de vue macroéconomique, on ne doit pas omettre le fait que
l’épargne joue un rôle fondamental puisqu’elle détermine le niveau de l’investissement.
D’où l’objet de la leçon qui va suivre.

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