Chapitre III
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III.1. Introduction
Dans ce chapitre, nous allons aborder l’étude des réseaux électriques en courant alternatif
sinusoïdal. Ces réseaux sont en général composés d’un élément actif (générateur à
courant alternatif sinusoïdal) et d’éléments passifs (Résistances, condensateurs et
bobines).
Un courant électrique est dit alternatif sinusoïdal si l’intensité i de ce courant varie d’une
façon sinusoïdal avec le temps
Remarque :
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sin t cos t cos t '
2
L’intensité d’un courant alternatif sinusoïdal peut aussi s’exprimer par une fonction
cosinus :
i i t I max cos t (37)
Les générateurs à courant alternatif sinusoïdal sont des appareils qui permettent
d’obtenir une différence de potentiel u (entre leurs bornes A et B) qui varie d’une façon
sinusoïdale dans le temps :
V A VB u t U m sin t
Ces générateurs sont en général composés d’une bobine qui tourne à une vitesse
angulaire constante dans un champs magnétique uniforme B .
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u (t ) U m sin t (38)
Dans le plan complexe dont les axes sont les parties imaginaire (OI) et réelle (OR), le
nombre complexe Z est représenté par un vecteur OM , de composantes x et y faisant un
angle par rapport à l’axe OR.
y
Arg Z Arctg est l’argument de nombre complexe Z .
x
Remarque : Cette représentation permet de faciliter les calculs dans l’étude des réseaux
en courant alternatif.
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La différence de phase ' est appelée déphasage de i(t) par rapport à u(t). si le
déphasage ' est nul, alors i(t) et u(t) sont dits en phase.
D’après la loi d’Ohm, à un instant quelconque i(t) et u(t) sont reliés par : u t R i t
u t U m U
Donc : i t cos t I m cos t avec I m m
R R R
Le courant i(t) est donc en phase avec la tension u(t).
Um U
En valeurs efficaces : I m I U RI .
R R
En notation complexe, si on associe à u(t) le complexe u (i ) alors :
u t u t U m j t
i t i t e I m e j t
R R R
U RI (42)
Cette dernière relation est analogue à la loi d’Ohm en courant continu.
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Si on applique une tension alternative u t U m cos t aux bornes d’un
condensateur idéal de capacité pure, il sera parcourue par un courant alternatif
d’intensité i(t) donnée par :
dq du t
i t C C U m sin t
dt dt
i t C U m cos t
2
Soit :
i t I m cost ' avec I m C U m et '
2
Le courant i(t) est donc déphasé de (avance de phase) par rapport à la tension
2
u(t).
En valeurs efficace :
1
Im CUm I CU U I
C
En notation complexe, sin n associe à u(t) le complexe u t alors :
du t du t
i t C i t C j C U m e j t j C u t
dt dt
1
u t i t U Z C I
jC
1
Avec Z C
jC
analogue à la capacité C.
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Remarque :
Un condensateur réel est équivalent à un condensateur idéal en parallèle avec une
résistance R (qui représente la résistance de l’isolant situé entre les deux armatures) qui
est très grande.
1
Soit i t I m cost ' avec I m U m et '
L 2
Le courant i(t) est donc déphasé de (retard de phase) par rapport à la tension u(t).
2
1 1
En valeurs efficaces : I m Um I U
L L
U L I (43)
En notation complexe, si on associe à u(t) le complexe u t alors :
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1 1 1
i t u t dt i t u t dt U m e j t
L L jL
1
u t
jL
u t jL i t Z L i t
Finalement :
u t Z L i t (44)
Avec Z L jL est l’impédance complexe associée à l’inductance L. cette dernière
relation est aussi analogue à la loi d’Ohm.
Remarque :
Une bobine réelle est équivalente à une bobine idéale en série avec une résistance r (qui
représente la résistance du fil constituant la bobine) qui est très faible.
u (t ) u1 (t ) u 2 (t ) Z1 i (t ) Z 2 i (t ) Z1 Z 2 i (t ) Z i (t )
D’où Z Z 1 Z 2 est l’impédance complexe de l’élément passif équivalent aux deux
éléments d’impédances complexes Z1 et Z 2 branchés en série.
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L’impédance complexe Z de l’élément passif équivalent à l’association de N éléments
passifs d’impédances complexes Z1 , Z 2 , Z 3 … Z N , branchés en série est la somme de
ces impédances :
N
Z Z 1 Z 2 ... Z N Z i (45)
i 1
Considérons deux fils passifs quelconques, caractérisés par leurs impédances complexes
Z1 et Z 2 branchés en parallèle entre deux points A et B.
D’après la loi des nœuds, à un instant t quelconque, l’intensité du courant i(t) est :
i (t ) i1 (t ) i2 (t ) i (t ) i1 (t ) i2 (t )
d’autre part :
u (t ) u (t )
u (t ) Z 1 i1 (t ) Z 2 i2 (t ) i1 (t ) et i2 (t )
Z1 Z2
D’où :
u (t ) u (t ) 1 1
i (t ) i1 (t ) i2 (t ) u (t )
Z1 Z2 Z1 Z 2
Or si Z est l’impédance complexe de l’élément passif équivalent à l’association
considérée alors :
u (t )
i (t )
Z
Donc :
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1 1 1
(46)
Z Z1 Z 2
L’impédance complexe Z de l’élément passif équivalent à l’association de N éléments
passifs, d’impédances complexes Z1 , Z 2 , Z 3 … Z N , branchés en parallèle est telle que :
N
1 1 1 1 1
... (47)
Z Z1 Z 2 ZN i 1 Z i
Remarque :
On appelle admittance complexe Y l’inverse de l’impédance complexe Z . Donc pour
des éléments passifs branchés en parallèle, l’admittance complexe de l’élément passif
équivalent est la somme des admittances de chaque élément de l’association considérée :
N
Y Yi (48)
i 1
En courant alternatif, les mots réseau, maille, branche et nœud gardent les mêmes
définitions qu’en courant continu. Puisqu’en représentation complexe, les éléments
passifs en courant alternatif se comportent comme des résistances en courant continu,
l’étude des réseaux en courant alternatif est régie par les mêmes lois que celles utilisées
en courant continu à condition de considérer les grandeurs complexes.
Un générateur de tension en courant alternatif est caractérisé par sa f.e.m sinusoïdale e(t)
et son impédance interne (appelée également impédance de sortie) Z en série.
z
I I0 (50)
Z z
(D’après la règle de diviseur de courant)
Si y 0 (c à d z ) alors I I 0 et par suite i t i0 t quelque soit l’impédance de
l’élément branché entre A et B : le générateur de courant est dit idéal.
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Un générateur de tension ( E , z ) est équivalent à un générateur de courant ( I 0 , Z ) dont
E
le courant de court-circuit I 0 est donné par : I 0 . En effet, si on branche une
z
impédance Z sur chacun, des deux générateurs, elle sera parcourue par le même
courant complexe I donné par :
E I z
I 0
Z z Z z
Ce qui donne :
E
I0 (51)
z
Les lois de Kirchhoff en courant continu restent valables en courant alternatif pour les
valeurs instantanées et les grandeurs complexes.
i t 0 i t 0
n
n n
n
n n (52)
A un instant t quelconque, la somme algébrique des tensions aux bornes des différents
éléments d’une maille du réseau est nulle :
n u n t 0 (53)
n
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Avec n 1 si le sens de parcours de la maille est le même que le sens d’orientation de
la tension et n 1 si le sens de parcours de la maille est le sens contraire du sens
d’orientation de la tension.
En représentation complexe :
u t 0
n
n n
n
n un 0 (54)
Remarque :
Les théorèmes de superposition, de Thevenin et de Norton en courant continu restent
valables en courant alternatif.
Considérons l’exemple d’un circuit composé d’une résistance, une capacité pure et une
inductance pure branchées en série aux bornes d’un générateur de tension sinusoïdale
et E n cost
di t 1
et R i t L i t dt
dt C
Avec i t I m cost en régime permanent :
Soit
Im
E m cost R I m cost L I m sin t sin t
C
1
R I m cost L I m sin t t
C
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En particulier pour t 0 et t , on obtient donc :
2
1
E m R I m cos L I m sin 1
C
et :
1
0 R I m sin L I m cos 2
C
1 LC2
1 sin 2 cos E m sin Im
C
1 LC2
sin Im
C E m
1 cos 2 sin E m cos R I m
Im
cos R
Em
D’où :
1 LC2 Em
tg et Im
R C 1 LC2
R cos sin
C
Em
Im 2
I
2 1 L C 2 Im
R m
E m C Em
Em
Im
2
(55)
1 L C 2
R 2
C
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j E
E m E m R jL I Z I I
C Z
Donc :
i t I m cos t
Avec
E 1
Im I L
C
Z Arg I Arg E Arg Z 0 Arctg
R
Em et
2
2 j 1 LC 2
R L Arctg
C RC
Ce qui donne :
1 LC 2
Arctg (56)
RC
On obtient donc le même résultat que celui obtenu à l’aide de la représentation
trigonométrique.
Remarque :
La représentation complexe permet de déduire i(t) plus rapidement que la
représentation trigonométrique.
Nous avons déterminé i(t) en régime permanent. Pour déterminer l’expression de
i(t) en régime transitoire, il faut résoudre l’équation différentielle.
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Dans une branche AB parcourue par un courant électrique d’intensité i(t), la puissance
électrique P(t), à l’instant t est donnée par :
2
P(t ) u t . i t Arctg 1 LC (57)
RC
Où u(t) est la d.d.p entre A et B. P(t ) est appelée puissance instantanée.
Cette puissance n’est accessible à la mesure à cause du temps de réponse des appareils de
mesure qui est généralement très supérieur à la période t.
Pa U . I cos (58)
Pa
Le produit U. I est appelé puissance apparente et le rapport cos est appelé
U.I
facteur de puissance.
Si Z R jX est l’impédance complexe de la branche AB considérée, alors :
R I2 R I2
U m Z I m et cos . D’où Pa Z m R m R I2
Z 2 Z 2
Pa R I 2 (59)
Remarque :
Cette dernière expression de Pa qui n’est autre que la puissance dissipée par effet joule
dans une résistance R, est à l’origine de la définition de la valeur efficace. En effet, la
valeur efficace d’un courant (ou d’une tension) sinusoïdale est la valeur du courant (ou
de la tension) continu qui demeurait la même puissance, que la puissance active dissipée
par effet joule aux bornes de R. soit :
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R I m2
2
R I Pa
2
Im
I
2
Pa
2
2
E 2 R r X x 2 R R r E 2
0
R
R r X x
2 2 2
2 2
R r X x 2 R R r 0
R r 2 X x 2 2
Pa 2 X x
0
X
R r 2 X x 2 2
Ou encore X x et R r Z z
Dans ces conditions, on dit que l’impédance de l’élément passif (ou de l’association
d’éléments passifs) est adaptée à celle du générateur.
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On appelle coefficient de perte k le rapport des puissances PJ dissipée par effet joule dans
la ligne de distribution et PC consommée par l’utilisateur (récepteur).
PJ R. I 2
k (61)
PC U . I cos
Plus ce coefficient est grand plus on perd de l’énergie.
Pour une puissance consommée donnée ( PC fixée), le coefficient de perte peut être réduit
par l’une des trois considérations suivantes :
Diminution de la résistance R de la ligne de distribution en utilisant un très bon
conducteur (un supraconducteur si c’est possible).
Augmentation de la tension U en augmentant la tension du générateur de tension
(passage de 110V à 220V pour les générateurs de basse tension et transportant de
l’énergie électrique an haute tension 5000V ou 8000V pour les grandes distances.
Augmentation de cos (de façon à l’approcher de 1), ce qui revient à améliorer le
facteur de puissance en branchant une capacité en série ou en parallèle avec Z qui
permet d’obtenir cos 1
D’où :
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I m2 X I m2
Pr Z X X I2
2 Z 2
La partie imaginaire X de Z est appelée réactance de la branche AB.
P Pa j Pr (62)
Soit :
U m . I m j
P U . I cos U . I j sin U . I e j e
2
U .I
2
Où I est le complexe conjugué de I
R. I I .I 2
Pour une résistance pure : U R. I P R m R I 2 Pa
2 2
.I m2
Pour une inductance pure : U j L I P j L j L I 2 jPr
2
j j I m2 j 2
Pour une capacité pure : U I P I jPr
C C 2 C
Remarque :
Pa est toujours positive (c’est une vrai puissance) alors que Pr peur être aussi bien
positive que négative (c’est une puissance fictive qui n’a pas de réalité physique).
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Pour les impédances branchées en parallèle, le courant total I qui les traverse est
I I j ( I j est le courant dans l’impédance Z j ). Donc la puissance complexe P
j
P Pj (63)
j
De même, pour les impédances branchées en série, la tension complexe aux bornes de
l’ensemble de ces impédances est : U U j ( U j étant la tension aux bornes de
j
1 1 1
P U .I U i I U i I i Pi
2 2 i 2 i
D’où :
N N
Pa Pa n et Pr Pr n (64)
n 1 n 1
La puissance active dans l’ensemble des N éléments passifs est égale à la somme des
puissances actives pour chacun de ces éléments et la puissance réactive est égale à la
somme des puissances réactives. Ce résultat constitue le Théorème de Boucherot dont
l’énoncé est le suivant :
Dans un circuit comportant plusieurs éléments passifs, la puissance active est égale à la
somme des puissances actives dans chaque élément et la puissance réactive est égale à
la somme des puissances réactives dans chaque élément.
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