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REPÈRES HISTORIQUES ET SOCIOCULTURELS DU XIXe SIÈCLE

Issu de la Révolution, le XIXe siècle témoigne de ses échecs, mais aussi de ses aspirations. Le
siècle commence alors que Bonaparte, premier consul, s’apprête à devenir l’Empereur Napoléon I er (le
Sacre a lieu le 2 décembre 1804), et à engager la France dans une double politique d’organisation
intérieure et de conquêtes extérieures. Les images de héros couverts de gloire peuplent les rêves des
jeunes gens nés avec le siècle, tandis que se crée, déjà, le mythe napoléonien, qui est exploité
littérairement par Stendhal. Homme d’Etat, Napoléon crée des institutions qui existent toujours
aujourd’hui : la Banque de France (1800), les lycées, la Légion d’honneur, les préfectures, le Code civil
(1804), le Code pénal, le Code de commerce. Homme de guerre, il élargit les frontières de l’Empire.
En huit ans, de 1804 à 1812, Napoléon I er conquiert l’Europe, ses troupes sont au Portugal et à
Moscou, à Rome et à Hambourg. Il ne lui reste qu’un ennemi déclaré : l’Angleterre. Après l’échec de sa
campagne en Russie, les coalisés (Prusse, Russie, Autriche et Suède) franchissent le Rhin et occupent les
possessions de l’Empire (Hollande, Allemagne, Suisse). En 1814, ils arrivent à Paris. Devenu le «maître du
monde», Napoléon connaîtra une chute vertigineuse, marquée par l’exil, suivi d’une lente agonie.
Contraint d’abdiquer, le 6 avril 1814, Napoléon part en exil à l’île Elbe. Le roi Louis XVIII monte sur le
trône. L’année suivante, l’ex-Empereur, qui a réussi à s’échapper, retourne à Paris, vivement acclamé
par la population. Il règne encore 100 jours, après la fuite du roi en Belgique. Mais son épopée s’achève
à Waterloo, le 18 juin 1815 face à la coalition anglo-prussienne. Il abdique pour la seconde fois. Il meurt
après six ans d’exil à Sainte-Hélène.

La restauration
La chute de Napoléon fait revenir la Monarchie. Louis XVIII règne de 1815 à 1824. Représentant
un retour en arrière du point de vue historique, son règne marque, après la dictature de Napoléon, un
renouveau de la vie intellectuelle et artistique, influencé par une sensibilité nouvelle qui exalte la nature
et réhabilite l’art médiéval. Le mouvement romantique, annoncé par les œuvres de René de
Chateaubriand, s’épanouit dans les années 1820 avec les œuvres de très jeunes poètes qui sont devenus
des classiques : Victor Hugo, Lamartine, Vigny, Musset, Nerval. En peinture, le mouvement est
représenté par Delacroix.
En 1824, Charles X succède à son frère, Louis XVIII, mais le contexte et les mentalités ont
changé. On ne peut revenir à l’Ancien Régime. Ce réactionnaire obtus aux tendances absolutistes et
autoritaires parvient en moins de six ans à ruiner l’audacieuse tentative de son frère d’adapter la
royauté à la réalité de la France postrévolutionnaire. Les incertitudes politiques, les revendications
libertaires conduisent aux journées révolutionnaires de 1830. Trois journées de révolte et de barricades
(les Trois Glorieuses) soulèvent Paris en juillet 1830 et mettent fin au règne de Charles X. Mais la
monarchie demeure : Louis-Philippe monte sur le trône pour 18 ans et s’ouvre alors le règne des
banquiers et des bourgeois. Proche des bourgeois, Louis-Philippe veut incarner le «juste milieu». Le mot
d’ordre «Enrichissez-vous» révèle autant une volonté de progrès qu’un repli sur la réussite individuelle.
La Monarchie de Juillet, dite «monarchie bourgeoise», se construit sur un accroissement des inégalités
et fait de l’artiste un marginal qui vit difficilement de sa plume. Le règne est ponctué par de multiples
tentatives de renversement du régime. La chute de la royauté est due au refus obstiné de Louis-Philippe
de l’évolution du régime, des réformes sociales. Le roi est obligé de s’exiler.

La Révolution de 1848
La révolution de 1848 n’est pas un mouvement isolé en Europe. Les causes des troubles étaient
profondes. Elle prend sa source dans une grave crise économique d’origine agricole qui sévit en Europe
depuis 1846. Mais le lent cheminement des aspirations démocratiques et de l’idée républicaine sous la
monarchie de Juillet constitue aussi un élément décisif.
Le soulèvement de 1848 se fait dans la ligne de 1789 : mêmes aspirations, mêmes
revendications égalitaires. Dans le même élan sont abolis la censure, l’esclavage et la peine de mort. On
instaure le suffrage universel et on proclame la II e République qui finira en 1851 par un coup d’État, celui
de Louis - Napoléon Bonaparte et par l’instauration du Second Empire.

Le Second Empire (1852-1870)


Une fois les mouvements d’opposition réprimés, le Second Empire se construit sur un ordre
intérieur sévère et sur d’ambitieux projets de politique extérieure. Baudelaire et Flaubert ont à souffrir
de la rigueur morale : Madame Bovary et Les Fleurs du Mal sont condamnés pour immoralité. Le Second
Empire est aussi l’époque des transformations de Paris et des spéculations financières et immobilières.
Les troubles externes amènent la chute du régime. Napoléon III déclare la guerre à la Prusse, en 1870.
En moins de 2 mois, l’armée française est écrasée. Après la défaite de Sedan, Napoléon est contraint de
capituler. La France est occupée par les Prussiens. Les républicains prennent le pouvoir à Paris et
prononcent la déchéance de Napoléon qui sera exilé.

La IIIe République
L’ère de la République commence, car la France n’aura plus jamais de souverain, ni roi ni
empereur. Les bourgeois sont les grands bénéficiaires, avec l’aristocratie du Second Empire, du
développement économique. L’argent est un élément prépondérant de la vie sociale bourgeoise, il est
recherché et dépensé pour assurer le confort et le luxe de cette classe privilégiée. Balzac et Flaubert
ridiculisent dans leurs romans des personnages de bourgeois qui défendent les valeurs morales, érigent
le conformisme en règle de vie et refusent tout ce qui leur semble offusquer les bonnes mœurs.
Solidement installée, la Troisième République se développe malgré les crises graves et
nombreuses, les chutes de ministères et les scandales financiers. En 1882, on décrète la scolarité
primaire obligatoire, laïque et gratuite. A cela s’ajoutent les lois sur la liberté de la presse (1881), la
liberté syndicale (1884), la réglementation du travail des femmes et des enfants (1892), la liberté
d’association (1901).
Derrière l’instabilité politique du XIX e siècle, s’opèrent des changements de fond à travers
lesquels se construit la France moderne. Ils sont d’abord d’ordre territorial et administratif. Bonaparte
complète le dispositif et lui donne cohérence et efficacité par la loi du 17 février 1800, qui institue les
préfets et les maires, ces derniers aujourd’hui élus étant alors nommés. C’est au cours des mêmes
périodes que l’on assiste à la naissance de véritables services publics, au renforcement du rôle de l’État
dans l’aménagement du territoire, la création d’infrastructures, l’urbanisme.
La France connaît un développement scientifique et économique important. Parmi les grandes
réalisations de ce siècle, on peut nommer la machine à vapeur, la Tour Eiffel, le vaccin contre la rage,
l’invention des rayons X, le phonographe ou l’anesthésie chirurgicale. Le développement de l’électricité,
l’utilisation du moteur à explosion, les fonderies sont à l’origine des concentrations industrielles (la
région de Lorraine qui développe l’extraction du charbon et la métallurgie). Les découvertes
scientifiques et leurs applications créent les conditions d’un développement économique et industriel
intense. Le XIXe siècle est aussi celui des concentrations financières qui font prospérer les riches
investisseurs et disparaître les petits. Le commerce connaît lui aussi des mutations importantes.
Les multiples modifications qui s’opèrent dans le monde industriel ne sont pas sans
conséquences sur les conditions sociales : le progrès et la prospérité ne touchent pas toutes les couches
de la population. Les différences s’accentuent entre bourgeois qui s’enrichissent et ouvriers parfois
réduits à des conditions de vie très précaires. A leur tour, les paysans vivent difficilement sur des
exploitations très réduites et souvent lassés de leur misère, viennent accroître le prolétariat urbain
séduit par le mirage de la grande ville.
Sur le plan de la culture et de la diffusion des idées, le XIX e siècle connaît des progrès notables.
En 1890, l’alphabétisation touche presque la totalité de la population. Les livres se multiplient et les
grandes maisons d’édition prospèrent: Hetzel, Charpentier, etc. Une littérature populaire circule grâce
au colportage dans les campagnes. Peu à peu, se développent des ouvrages spécialisés  qui témoignent
d’un grand élan de curiosité culturelle. Le siècle est caractérisé par l’importance croissante que prend la
presse, le «quatrième pouvoir», développée grâce aux nouvelles méthodes d’impression, plus rapides et
moins coûteuses.
Il existe une remarquable coïncidence entre l’évolution historique et les courants culturels. Si la
première moitié du siècle reste, dans le domaine artistique, sous le signe du romantisme, sa seconde
moitié est marquée par plusieurs courants, dont le Réalisme et le Naturalisme, qui reflètent les
préoccupations sociales et scientifiques de l’époque. Le Réalisme vise à représenter la réalité sans la
modifier. Il puise ses thèmes dans l’observation du monde contemporain, social et historique. La
création se tourne vers ceux qui vivent dans des cadres médiocres: ouvriers, artisans, prostituées,
marginaux, représentés souvent dans les aspects les plus sordides de leur existence. La volonté des
écrivains réalistes (Flaubert, Balzac, Goncourt, Maupassant) d’imiter le réel implique l’observation et
aussi une véritable documentation. Le Naturalisme (Zola) prolonge le Réalisme en insistant sur la mise
en évidence des cas pathologiques et des tares héréditaires.

On peut diviser la littérature du XIXe siècle en trois grandes époques :


1800-1850 : le romantisme (de 1800 à 1820 : le préromantisme)
1850-1880 : le réalisme (en prose) et le Parnasse (en poésie)
1880-1890 : le symbolisme

Bibliographie :
Carlier, Marie-Caroline et al., Itinéraires littéraires. XIXe siècle, Paris, Hatier, 1990.
Carpentier, Jean, Lebrun, François, Histoire de France, Paris, Seuil, 2000.
Deshusses, Pierre et al., Dix siècles de littérature française, t. 2, Paris, Bordas, 1984.
Doucey, Bruno et al., Littérature. Textes et méthode, Paris, Hatier, 1996.
Lagarde, André, Michard, Laurent, XIXe siècle : les grands auteurs français du programme: anthologie et
histoire littéraire, Paris, Bordas, 1969.
*** Tout l’Univers. Les rois de France, Paris, Hachette, 2001.

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