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COURS D’INTRODUCTION AU DROIT

NOUVEAU SECONDAIRE 4 (NS4)

Septembre 2021 (1ère partie)


Préparé par :
Me Jims Alix PREVILON, Avocat, Professeur d’Education Citoyenne
Socrate a dit que l’homme est un animal social. En effet, il ne peut vivre qu’en
société. Selon un adage juridique : « Ubi societas, ibi jus », qui signifie : «Là où il y
a une société, il y a un droit », cette vie sociale exige de l’homme l’abandon d’une
liberté absolue. Sa liberté ne peut être exercée que dans le respect de la liberté des
autres individus. L’homme n’est plus libre de faire ce qu’il veut. Il doit respecter la
tranquillité d’autrui, les droits d’autrui, la propriété d’autrui.
L’homme vit en société, et pour que cette vie soit possible, chacun doit obéir à un
certain nombre de règles. Aucun corps social ne peut exister sans une certaine
discipline de ses membres. L’harmonie d’une vie en société n’est possible que par
l’application à l’ensemble des individus d’un certain nombre de normes et de règles.
Celles-ci constituent ce que nous appelons le Droit.
Le droit détermine donc un ensemble de norme de conduite, il détermine ce que
chacun peut et doit faire pour que la vie en société soit possible.
Qu’est-ce-que le Droit ? A quoi sert-il ? Pourquoi l’apprendre ? De près ou de loin,
chacun a déjà eu un contact avec le Droit et a donc une idée plus ou moins précise
de son utilité. L’étudiant qui loue un studio (appartement pour étudiant) conclut un
contrat de bail à loyer ; s’il utilise la voie publique en conduisant un véhicule, il doit
respecter le code de la route et signalisation routière, etc...
Etymologiquement le mot Droit vient du latin « directus » qui signifie en ligne droite,
direct et « directum » pris dans son sens figuré pour désigner ce qui est conforme à
la règle.
Le Droit est un ensemble de règles de conduite qui, dans une société, régissent les
rapports entre les hommes. Le mot désigne aussi les prérogatives reconnues aux
personnes.
Le mot Droit est susceptible de plusieurs acceptions. C’est un terme élastique, dont
l’emploi est nuancé et varié :
1. Dans un premier sens, il désigne les privilèges, les prérogatives (droits et
devoirs), le pouvoir attachés à une personne en raison de sa situation dont il
peut se prévaloir à l’égard de ses pairs et que sanctionne les normes établies.
Exemples : le droit du propriétaire sur son bien ; le droit de grâce et de
commutation des peines du chef de l’Etat.

2. Dans un deuxième sens, il indique ce qui est permis et ce qui est défendu, ce
qui est obligatoire et ce qui est facultatif. Exemples : droit de surveillance et
de correction des enfants par leurs parents et défense de les torturer, de les
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maltraiter ; obligation des parents de fournir le nécessaire aux enfants et faculté
de leur donner ce qui a rapport au luxe.

3. Dans un troisième sens, le Droit désigne l’ensemble des normes fixées et


imposées par la puissance publique en vue de conditionner les rapports entre
les hommes sous peine de sanction en cas de leurs violations. Exemples : droit
haïtien, droit dominicain, droit chilien, droit français, droit américain, etc…
4. Dans un quatrième sens, le mot désigne la science, l’étude portant sur les
règles, les normes déterminées, les droits et devoirs qui en découlent ainsi que
les sanctions qu’entrainent leurs violations.

Rapport du Droit avec d’autres sciences

Des disciplines comme la Morale, l’histoire, la Sociologie, la Médecine s’intéressent


également au comportement de l’homme dans le corps social.

Avec la Morale

Le Droit et la Morale posent des règles qui conditionnent la conduite de l’homme


vivant en société. Les deux sanctionnent de façon différente les violations. Dans le
Droit, la sanction est parfois appliquée par la force. Elle se traduit de façon matérielle
et extérieure, tout le monde la voit, la connait. Dans la Morale, elle est intérieure et
se mesure à l’échelle personnelle ; suivant le tempérament de l’individu fautif, la
violation d’une règle de la morale sanctionnée ou non par une disposition de loi, peut
conduire au bouleversement de la conscience, au remords ou provoquer purement et
simplement de l’indifférence.

Avec l’Histoire

Des facteurs historiques entrent dans l’élaboration des normes fixées pour
conditionner les rapports au sein d’un pays ; en conséquence, le Droit et l’Histoire
ne peuvent être disjoints. Le Droit est une science sociale qui évolue en fonction des
progrès, des besoins nouveaux d’une société. L’histoire d’un peuple agit en général
sur l’élaboration et l’évolution de son droit.

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Avec la Sociologie

Droit et Sociologie présentent des rapports étroits. Cette dernière est la science des
phénomènes sociaux ; elle étudie les groupes humains et les diverses sortes de
relations entre les membres d’une société. Le Droit détermine les règles fixant les
rapports de l’homme vivant en société. Il s’agit donc de deux sciences qui ont pour
préoccupation le comportement de l’individu au sein du corps social. Auguste
Comte, le père de la sociologie, a d’ailleurs reconnu que le droit est une science
fondée sur une organisation rationnelle de la société et non pas simplement de l’Etat.

Avec la Médecine

Dans une certaine mesure, le Droit à des rapports avec la Médecine. Quand un
délinquant est suspecté d’aliénation mentale, c’est un rapport d’un médecin, qui
permet de déterminer son irresponsabilité pénale. La médecine contribue à la
réalisation des expertises qui peuvent être ordonnées en cas de crime.

LES GRANDES DIVISION DU DROIT

Elles seront considérées à plusieurs points de vue :

1. Quant à son origine


2. Quant à son objet
3. Quant à son titulaire

1. Quant à son origine


A ce point de vue, le droit se divise en :
A. Droit naturel
B. Droit positif

A. Droit naturel

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C’est le droit idéal découlant de la nature de l’être humain ; il est inné et représente
le minimum qui doit être reconnu a un individu (droit à la vie, à la santé, au bonheur,
etc…).

B. Droit positif

C’est un ensemble de règles juridiques fixées par le législateur ou émané d’autres


sources et imposées, dans leur application par la puissance publique. Le droit positif
se traduit par des lois, décrets et décret-loi. C’est en général le droit adopté par un
état.

2. Quant à son objet

Le droit se divise en :
A. Droit privé
B. Droit public

A. Droit privé
Il régit les rapports des particuliers entre eux au sein d’un état et comprend :
le droit civil, le droit commercial, le droit rural, le droit maritime, le droit
aérien, le droit du travail.
B. Droit public
La notion de droit implique l’idée de l’existence d’une société organisée en
Etat. L’Etat, c’est la nation administrée, gérée par un gouvernement, c’est
l’ensemble des gouvernants et des pouvoirs publics.
Le droit public traite des situations qui naissent des relations entre l’Etat et
les particuliers, ou entre plusieurs Etats, ou entre Etats et des organisations
internationales. Il comprend : le droit public interne le droit public externe.

Le droit public interne se subdivise en :


- Droit constitutionnel
- Droit administratif
- Droit fiscal
- Droit pénal

Le Droit public externe comprend le droit international dans ses différentes


branches.

3. Quant à son titulaire

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A ce troisième point de vue, le droit se divise en :
a. Droits objectifs
b. Droits subjectifs

a. Droits objectifs
Le droit est dit objectif quand il régit les rapports entre la société et les
particuliers et que sa violation est sanctionnée directement par la puissance
publique. Exemple : dans un cas d’assassinat, le commissaire du
Gouvernement, sans aucune plainte, doit rechercher l’auteur présumé pour le
mettre en jugement.
b. Droits subjectifs
Le droit est dit subjectif quand il constitue un privilège attaché à une
personne en raison de sa situation ; dans ce cas, il régit les rapports
d’individu à individu. Le sujet en est le titulaire. Et quand un tel droit est
violé, la saisine de la justice ne peut être opérée qu’à la diligence du titulaire,
présumé léser. En dehors de son action, la justice reste indifférente.
Exemple : celui qui possède un bien est titulaire d’un droit subjectif, celui du
propriétaire ; en vertu de ce droit, il peut user du bien, en percevoir les fruits,
en disposer (usus, fructus, abusus). Si son droit est violé, il a seul la qualité
requise pour agir en justice et non une autre personne.

LES SOURCES DU DROIT POSITIF

La loi est la source la plus importante du droit positif. Dans son sens large, elle
comporte une hiérarchie embrassant : les règles constitutionnelles, les traités, les
codes et simples lois, les décrets, arrêtés, règlements, les circulaires administratives.
Ce n’est pas de la loi au sens large (lato sensu) du terme qu’il va s’agir, mais bien de
la loi au sens strict (stricto sensu), de l’œuvre du Parlement. Et, comme l’Exécutif
pose parfois chez nous des règles de droit pour lui permettre de gouverner lorsque le
Parlement n’est pas constituée ou n’est pas en session, je parlerai du décret et du
décret-loi.

Le principe de la hiérarchie des textes

Dans l’ordre juridique français, toutes les règles n’ont pas la même valeur. Elles ne
sont pas toutes placées au même niveau. Les sources du droit haïtien sont

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hiérarchisées de façon suivante : la Constitution, les Traités internationaux, la Loi, la
Jurisprudence, la Doctrine, la Coutume et les principes généraux du droit.

Le principe de la hiérarchie des textes systématisé par Hans Kelsen sous forme d’une
pyramide, signifie que chaque texte de rang inferieur doit obéir aux principes posés
par le texte de rang supérieur. Ce système permet de régler les conflits de normes. Il
permet de savoir quel texte doit prévaloir lorsque plusieurs sont susceptibles de
s’appliquer à une même situation.

Processus d’élaboration de la loi (stricto sensu)

L’initiative des lois appartient en général, a l’Exécutif, qui en soumet des projets au
Parlement. Exceptionnellement, un membre de l’une des deux chambres peut
présenter une proposition de loi, le Conseil Electoral Provisoire (CEP) peut élaborer
le projet de la loi électorale qu’il expédie a l’Exécutif ; celui-ci le soumet au
Parlement pour les suites nécessaires. Le processus d’élaboration implique le vote de
la loi par le Parlement, exclusivement compétent en la matière. Institution à deux
branches en raison du rétablissement du bicamérisme par la Constitution de 1987
amendée, le Parlement est encore appelé Pouvoir Législatif.
Avant le vote, un projet est déposé par l’Exécutif au secrétariat de la chambre appelée
à l’examiner en premier lieu. S’agissant de lois budgétaires, de lois relatives au mode
de perception des impôts, de celles relatives à la création ou à l’augmentation des
recettes et des dépenses, elles ne peuvent être soumises que par l’Exécutif et votées
en premier lieu que par la chambre des Députés. Le projet est précédé de visas
d’articles de la Constitution, de ceux d’autres lois, le cas échéant et de considérants
permettant d’en voir les motifs et d’en pénétrer l’esprit. Une commission au sein de
la chambre qui a reçu le projet est formée pour l’examiner et soumettre un rapport à
l’assemblée. Si le bénéfice de l’urgence et du vote immédiat est sollicité, aucune
commission n’est formée; le projet de loi est examiné à l’audience même ou à la plus
prochaine audience. On réalise le vote article par article et ensuite le vote de
l’ensemble.
Le vote terminé devant la première chambre saisie, le projet est acheminé à l’autre
qui l’examinera à son tour suivant la même procédure. Apres le vote dans la même
teneur par les deux chambres, le projet devient loi et est acheminée immédiatement
à l’Exécutif pour les suites nécessaires, sa promulgation. Ce dernier a un délai de 8
jours francs, à partir de la réception, pour exercer son droit d’objection ; dans ce cas,
la loi est retournée, avec les objections, à la chambre qui l’avait votée en premier
lieu. Si elle rejette les objections, la loi est envoyée à l’autre chambre avec ces
objections. Si la seconde chambre les rejette à son tour, l’Exécutif ne peut que faire
promulguer la loi. Si les objections sont acceptées, la loi est alors modifiée. Quand

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elle définitivement adoptée, elle est promulguée pour devenir exécutoire. Elle est
ensuite diffusée afin que nul n’en prétexte ignorance.

Règle « Locus regit actum »

Cette règle traduit le principe qui a un caractère d’ordre public et selon lequel un acte
est réglementé pour sa rédaction, par les lois du pays où il est passé.

L’entrée en vigueur de la loi

Le vote d’une loi par le Parlement ne suffit pas à la rendre obligatoire. Son entrée
en vigueur est subordonnée à sa promulgation et publication.
Dans un premier temps, la loi votée par le Parlement doit recevoir le sceau du chef
de l’Etat. Le Président de la République doit prendre un décret de promulgation de
la loi et la rend exécutoire.
Remarque : Un texte promulgué mais non publié n’est pas obligatoire. La
publication a pour but de faire connaitre la loi à tous. Une fois promulguée et
publiée, la loi devient obligatoire. Elle s’impose à tous en vertu du principe général
du droit : « Nemo censetur ignorare legem » (Nul n’est censé ignorer la loi).

Règle de la territorialité de la loi

La règle de la territorialité de la loi implique que cette dernière, dès sa promulgation,


devient obligatoire sur toute l’étendue du territoire de la République et s’impose
« erga omnes » (A l’égard de tous). Il importe de souligner que si les lois de police
et de sûreté s’appliquent « erga omnes », celles relatives à l’état et a la capacité des
personnes ne s’appliquent qu’aux nationaux.

Règle de la non-rétroactivité de la loi

La non-rétroactivité se définit par la défense de reporter dans le passé les effets


d’une disposition légale nouvelle.
Le principe de la non-rétroactivité signifie qu’une loi nouvelle ne peut pas
bouleverser les situations établies. La non-rétroactivité des lois implique qu’une loi
ne peut pas s’appliquer à des faits ou des actes antérieurs à son entrée en vigueur.
L’article 2 du Code Civil mis à jour et annoté par Patrick Pierre-Louis stipule : « La
loi ne dispose que pour l’avenir ; elle n’a point d’effet rétroactif. »
A cette règle, une dérogation est faite. Suivant la Constitution de 1987 amendée en

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son article 51 qui stipule ce qui suit : « La loi ne peut avoir d’effet rétroactif, sauf
en matière pénale quand elle est favorable à l’accusé. »

Durée d’application de la loi

En général, la loi promulguée revêt un caractère permanent dans son application


jusqu’à ce qu’elle soit abrogée. Exceptionnellement, une loi peut fixer la durée de
son application ; elle est dite temporaire.

Abrogation de la loi

Le mode de disparition normal de la loi est l’abrogation. Abroger une loi, c’est
l’abolir pour l’avenir. L’abrogation d’un texte n’est valable que si le nouveau texte
est placé à un niveau hiérarchique égal ou supérieur à celui du texte abrogé : un
décret ne peut pas abroger une loi ; de même un arrêté ne peut abroger un décret.
En revanche, une loi peut abroger un décret. L’abrogation peut-être expresse ou
tacite.
Elle est expresse quand la prescription nouvelle comporte des dispositions
formelles disant qu’une loi, qu’un code, qu’un article d’une loi ou d’un code est
annulé, est mis à néant, est modifié pour l’avenir.
Elle est tacite quand la loi nouvelle comporte des dispositions contraires à la loi
ancienne qui ne peut plus être maintenue en tout ou en partie.

Me Jims Alix PREVILON


Avocat, Professeur
d’Education Citoyenne
jimsalix@yahoo.fr

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