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22/09/2008

L’ingénierie concourante
Un nouveau professionnalisme
par Christophe GOBIN
Direction Recherche et Développement Bâtiment
Groupe GTM Construction

1. L’ingénierie concourante : pourquoi ? ............................................... C 3 050 - 2


1.1 Constat sur les pratiques concourantes .................................................... — 2
1.2 Principes de l’ingénierie concourante........................................................ — 5
2. L’ingénierie concourante : comment ?............................................... — 7
2.1 Les outils relatifs au « produit » ................................................................. — 8
2.2 Les outils relatifs au « processus » ............................................................ — 10
3. Conclusion : de nouvelles perspectives ............................................ — 13
Bibliographie ...................................................................................................... — 14

« Le voyage de la découverte ’il est un point sur lequel la construction se distingue de l’industrie, c’est
ne consiste pas à parcourir
de nouveaux paysages, mais à
S son évolution à moyen terme qui est diamétralement opposée à celle
observée dans les milieux industriels.
avoir de nouveaux yeux. » En effet, l’acte de construction n’a pas cessé de se complexifier. Le nombre
Proust des intervenants s’accroît sans que la qualité globale du produit s’en trouve
améliorée. Cette évolution, vécue aussi par le secteur secondaire, a reçu un nom :
c’est la taylorisation. La spécialisation se traduit par des tâches et des rôles qui
s’additionnent.
Là où se démarquent ces deux milieux c’est dans les réactions face à cette
dérive. L’industrie y a répondu par une remise en cause profonde alors que la
construction y voit une certaine spécificité voire même une dimension originale.
Ce qui est en cause ici c’est l’attitude face au besoin d’intégration. Le monde
industriel, au prix il est vrai d’une révolution culturelle, pense y trouver les
moyens de mieux servir le marché en étant plus proche des demandes. Les
constructeurs prétendent y échapper sous couvert d’une production localisée
marquée par son inscription dans un site. Certains parlent même du caractère
vernaculaire du bâti.
La confrontation entre ces deux approches serait vaine si elle se bornait à une
comparaison terme à terme, car il est sûr qu’un bâtiment n’est pas un produit
en série.
Toutefois, l’acte de construction est-il si différent de celui de la création d’un
objet manufacturé ? Cette interrogation a conduit certains vers une définition
intéressante du « bâtiment » en tant qu’activité : il s’agit d’une production
d’ouvrages à destination unique. Alors l’utilité de méthodes pratiquées dans
l’industrie n’est plus incongrue. Gagner en efficacité, rationaliser, économiser
relève d’une saine gestion. La spécificité du bâti réside non dans sa production
mais dans son emploi.
L’intérêt d’une telle démarche est renforcé par les outils mis au point par la
société industrielle. De façon à être plus réactive et plus flexible, c’est-à-dire
capable de répondre à des demandes plus ponctuelles, l’industrie s’engage dans
la pratique de l’ingénierie concourante. L’objet est d’intégrer dans un collectif

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les différents intervenants (figure A) de manière à atteindre une véritable


optimisation des ressources qui ne passe plus par une juxtaposition d’optima
locaux mais par une véritable concertation.
Cet article a pour objectif d’approfondir ce rapprochement. Il se compose de
deux parties :
— la première situe les enjeux de l’ingénierie concourante et dénombre les
raisons qui militent pour généraliser son emploi dans la construction ;
— la seconde décrit de manière plus détaillée les apports de cette métho-
dologie de travail adaptée pour ce secteur économique.

Évolution historique
1 2

1 3 2

1 4 3 2

1 5 4 3 2 6

Éloignement entre demande et offre

1 utilisateur final
2 constructeur
3 architecte/maîtrise d'œuvre
4 maîtrise d'ouvrage
5 promoteur
6 sous-traitant/fournisseur

Figure A – La chaîne des intervenants

1. L’ingénierie concourante : Le paragraphe 1 se compose donc de deux parties. La première


(§ 1.1) restitue le constat fait de la situation contemporaine de
pourquoi ? l’acte de construction. La seconde (§ 1.2) présente les principes qui
participent de l’ingénierie concourante et qui esquissent la trame
d’une nouvelle réponse.
L’idée même d’envisager de nouvelles pratiques ne peut se suf- Chacun des points qui vont être abordés est aussi fortement
fire à elle seule. Elle demande à être argumentée et instruite. marqué par l’expérience de l’ingénierie concourante développée
par de nombreux ensembliers industriels.
Argumenter, c’est montrer et expliciter les raisons qui militent
pour engager cette démarche. Au-delà d’un justificatif, il s’agit plu-
tôt de rechercher les pistes de progrès qui présentent un vrai 1.1 Constat sur les pratiques
potentiel pour dépasser le constat actuel.
concourantes
Instruire c’est apporter les premiers éléments de réponse qui
vont conforter l’analyse du contexte. En effet, il ne suffit pas de Si on s’en tient à la sagesse populaire, un problème bien posé
porter un regard critique sur une situation de fait pour en changer est déjà en partie résolu. L’objectif de ce paragraphe est d’expliciter
le cours. Au contraire, il est nécessaire de conforter l’analyse en les termes du contexte actuel de manière à dégager les voies de
étayant les arguments par des alternatives. progrès.

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Pour cela, il est possible d’analyser la situation selon deux points même difficile ne doit pas être envisagée comme une fatalité iné-
de vue qui sont complémentaires mais dont l’association n’est que luctable.
peu pratiquée du fait de l’enfermement de chaque corporation. Mais au-delà des problèmes rencontrés quotidiennement, force
En premier lieu, les professionnels se doivent de revenir sur est d’admettre que le résultat collectif ne reçoit pas un satisfecit de
l’idée que se font leurs clients de la construction. Cet exercice est la part des utilisateurs finaux. Tout un chacun se plaint de la mau-
trop souvent éludé voire même critiqué, car bâtir a toujours été vaise qualité d’exécution, des incidents divers dus à des malfa-
considéré comme une question ne relevant que des seuls spécia- çons... En fait l’ensemble de ces désagréments se double des
listes. L’utilisateur final ne serait pas en mesure de porter un avis. dysfonctionnements que les professionnels reconnaissent exister
Cette attitude, autrefois partagée par les Anglo-Saxons, a été entre eux ; en particulier, la reprise systématique des plans entre
récemment remise en cause lors d’études d’opinion dont les résul- architectes et entrepreneurs puisqu’il est impossible de réutiliser
tats sont très constructifs. les données directement...
Dans un second temps, l’examen des pratiques déployées par Ajoutés les uns aux autres, tous ces événements constituent
chacune des professions peut être engagé afin de déterminer leur ce que les experts appellent les coûts de non-qualité (CNQ)
adéquation aux attentes exprimées autour du produit. Ce rappro- (tableau 1). Et surtout cela concrétise un potentiel économique
chement ou plus précisément cette mise en perspective doit considérable. Certains estiment à environ 30 % la valeur de ce gise-
conduire à poser les termes du questionnement que doit surmon- ment de productivité. L’enjeu est de taille comparé aux marges
ter l’ensemble des professionnels de la construction pour justifier habituelles qui ne dépassent pas quelques points.
de leur présence sur le marché.
Nota : il est intéressant de noter que la classification des coûts de non-qualité utilisée
La première question qui se pose est de savoir s’il existe un vrai dans l’industrie est toute aussi appropriée pour les opérations immobilières. Mais la
espoir à reconsidérer les pratiques actuelles. En effet, une situation culture du BTP fait que son emploi est encore exceptionnel. (0)

Tableau 1 – Les coûts de non-qualité


A. PRÉVENTION C. DÉFAILLANCE INTERNE

A.1 Gestion de la fonction qualité C.1 Rebuts


A.1.1 Administration du service C.1.1 de fabrication
A.1.2 Ingénierie qualité C.1.2 de conception
A.1.2.1 Méthodes d’inspection C.1.3 de fournitures externes
A.1.2.2 Études qualité
C.2 Retouches dues à faute
A.2 Revue de projet C.2.1 de fabrication
C.2.2 de conception
A.3 Plan de qualité des achats C.2.3 de fournitures externes
A.3.1 Enquêtes fournisseurs
A.3.2 Éditions de spécification de contrôle C.3 Recherche de défauts
A.3.3 Vérification ordres d’achat
C.4 Réinspection (après retouches)
A.4 Programme de formation et motivation
C.5 Commission de refus
A.5 Autres dépenses prévention
C.6 Déclassement du produit

B. ÉVALUATION (DÉTECTION) D. DÉFAILLANCE EXTERNE

B.1 Qualification des produits et des procédés D.1 Réclamations


B.2 Réception des composants et matières premières D.2 Service client
B.2.1 Inspection entrante
B.2.2 Inspection à la source D.3 Produits refusés par le client
B.2.3 Matériels pour essais D.4 Expertise et réparation du produit retourné
B.2.4 Qualification en labo
B.2.5 Traitement des données D.5 Remplacement sous garantie
B.3 Contrôle conformité en production (inspections et essais) D.6 Erreur d’étude du marché
B.3.1 Inspection du procédé
B.3.2 Démarrage production D.7 Erreur de conception
B.3.3 En cours D.8 Malfaçon en installation
B.3.4 Super inspection
B.3.5 Manutention et conditionnement D.9 Perte client connue
B.3.6 Stocks
B.3.7 Inspection finale
B.3.8 Homologation (du client)
B.3.9 Audits sur produit
B.3.10 Matériels d’essais
B.3.11 Traitement des données
B.4 Métrologie
B.4.1 Matériel du service qualité
B.4.2 Matériel utilisé en production

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Demande 100 %
Coûts (%)
20
MOA-MOE
80
75 %
50 % Coûts engagés

25 %
25 %
SITE Dépenses réelles
10
REA

Offre 0
Programmation Présentation Réalisation
MOA maîtrise d'ouvrage Temps
MOE maîtrise d'œuvre
REA entreprise Ce graphe montre l'enchaînement qui s'opère entre une décision
et sa mise en œuvre. Il montre en particulier toute l'attention
La recherche de l'origine des CNQ conduit elle aussi à souligner la qui doit être accordée aux choix initiaux c'est-à-dire au programme.
part prépondérante prise par les tâches dites intellectuelles vis-à-vis
des responsabilités du chantier (le site).
Figure 2 – Engagement dans le temps du travail et des dépenses

Figure 1 – Origine des coûts de non-qualité

sions et de centraliser les capacités de réponse. En somme c’est


une prise de pouvoir. Ces scénarios d’ailleurs ne sont développés
La difficulté, il est vrai, réside dans le fait que ce potentiel est que par des agents dits « forts » c’est-à-dire préoccupés par un
réparti entre tous les intervenants. Ce ne peut être qu’un enjeu col- souci d’efficacité procédurale.
lectif. Il est alors indispensable de mieux situer les caractéristiques La question qui se pose alors est de savoir si ces trois configu-
de ces CNQ c’est-à-dire leurs origines et le moment où ils appa- rations sont identiques ou non vis-à-vis de l’utilisateur final. Cela
raissent. dépend bien sûr des cas particuliers ce qui revient à dire que l’opti-
Pour ce qui concerne leur nature, ce qu’il faut retenir c’est leur misation se fait plutôt en faveur des professionnels et moins au
dimension immatérielle. En effet, à 75 % il s’agit d’un travail bénéfice tangible du donneur d’ordres. C’est du moins la lecture
intellectuel défaillant vis-à-vis du résultat final. Les défauts qui en est faite par les textes officiels des marchés publics.
directement causés par les hommes de terrain ne représentent que Réduire les coûts de non-qualité pour offrir un produit de
25 % (figure 1). L’intérêt de cette observation réside dans l’évalua- meilleure facture tout en permettant à chaque intervenant de
tion du poids relatif de ce travail préparatoire aux tâches de chan- reconstituer une marge est un défi collectif qui passe donc par une
tier. Il ne dépasse pas 10 à 15 % des dépenses réelles totales nouvelle pratique de l’ingénierie. Mais sous quelle forme ?
(figure 2). Tout effort consenti dans ce domaine est donc assuré
d’une certaine efficacité. La première situation (figure 4a ) consisterait à rassembler tous
les intervenants d’une opération dès son commencement et à les
Par rapport au déroulement d’une opération immobilière, une faire travailler de concert à l’élaboration du produit. Ce scénario
seconde remarque doit être formulée. Comme dans le milieu qualifié de « travail en plateau » est celui privilégié par l’industrie.
industriel, c’est au moment de la définition du cahier des charges Dans le cas de la construction, cette configuration a été expérimen-
que la majorité des coûts est engagée. Ce constat a trop souvent tée sous le vocable d’ingénierie simultanée. Mais elle reste excep-
été occulté par les pratiques de la construction qui ont toujours tionnelle car elle suppose un contrat passé sur la seule confiance.
repoussé l’arbitrage économique vers les « entrepreneurs » au
moment de l’appel d’offres. Ce manque d’anticipation est très La seconde situation (figure 4b ) cherche à améliorer le fonction-
certainement la cause principale de nombreux dérapages finan- nement actuel en introduisant un nouveau mode de coopération
ciers dont les utilisateurs sont les seuls à porter le poids. transversal au sein de chaque fonction. Il s’agit pour chaque inter-
venant d’assumer son rôle mais en tenant compte des consé-
Au plan méthodologique ces deux observations se confortent quences de ses choix pour les autres auteurs. Cette anticipation et
l’une l’autre et montrent toute l’importance de l’ingénierie. cet élargissement des points de vue définissent une ingénierie
Face au constat précédent, les professionnels ont déjà réagi plus concourante. Cette configuration est compatible avec les modes
ou moins implicitement si l’on s’en tient aux évolutions récentes traditionnels de mise en concurrence.
observées dans les pratiques. Mais il est intéressant d’analyser de Dès lors comment préciser les termes de cette pratique ?
plus près ces comportements.
En résumé « l’ingénierie concourante » traduit d’abord une prise
En fait, chacune des professions cherche à remonter vers de conscience relative aux efforts de productivité qui sont indis-
l’amont comme on se plaît à le dire. Cela est vrai pour la maîtrise pensables pour répondre aux exigences de la demande. Elle se
d’ouvrage, pour la maîtrise d’œuvre tout autant que pour l’entre- veut être une réponse pour surmonter les corporatismes et intro-
prise générale. Dans chaque cas l’objectif est de contrôler le plus duire un dialogue constructif entre tous les intervenants au service
étroitement possible le déroulement d’un projet en maîtrisant de l’utilisateur final.
autant que faire se peut la relation directe avec le client.
Sous une forme simplifiée, il s’agit d’introduire une régulation
Toutefois ces tentatives se traduisent surtout par la montée en sur l’activité de construction qui permette de mieux garantir les
puissance d’un intervenant qui prend le pas sur l’ensemble des résultats et ce sans jamais présumer des méthodes utilisées par
acteurs (figure 3). Il s’agit avant tout d’élargir le champ des déci- chacun des intervenants de la filière construction (figure 5).

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Les phases (A) (B) (C) Exploitation


UF MOA REA
a ingénierie simultanée : l'ensemble des acteurs est continu
dans le temps
MOE
MOA MOE REA

a maîtrise d'ouvrage (MOA) "forte"

Programmation Projetation Réalisation Exploitation

b ingénierie concourante : l'ensemble des points de vue


est partagé au cours du temps

UF MOA MOE REA Figure 4 – L’alternative à envisager pour construire

LES ENTRÉES LES SORTIES


La demande Le bâti et tous
b maîtrise d'œuvre (MOE) "forte" Les matériaux ses impacts sur
Les hommes l'environnement
Construction

UF MOA MOE REA

La capacité d'ajustement

c entreprise (REA) "forte"


Figure 5 – Régulation sur l’activité de construction
Chacun des trois scénarios signifie de fait la prépondérance d'un
intervenant au détriment des autres.

centre de toutes les interventions. La technologie n’est plus une


Figure 3 – Les biais de la filière : les trois scénarios habituellement
fin en soi mais uniquement le moyen de répondre à des attentes.
rencontrés par l’usager final (UF)
Cette nouvelle approche technique est souvent désignée comme
« fonctionnelle ». Aucune action n’est utile si elle ne répond pas à
une référence de l’usager.
1.2 Principes de l’ingénierie concourante Le premier enseignement de l’ingénierie concourante porte sur
les conditions indispensables pour introduire un véritable travail
coopératif.
L’ingénierie concourante apporte des éléments de réponse aux
questions dégagées par l’analyse du paragraphe précédent selon L’expérience montre qu’il ne suffit pas de mobiliser des spécia-
deux registres qu’il est intéressant de croiser. listes mais qu’il faut de plus établir entre eux une chaîne de valeur.
Et cela suppose un réexamen de leur comportement.
Sa pratique en milieu industriel montre d’abord un retour sur les
composantes d’un véritable professionnalisme dans les conditions Un spécialiste ne sera d’aucun secours s’il n’est pas reconnu des
d’une économie de marché à laquelle ne peut prétendre échapper autres et surtout son apport doit être compris et appropriable par
la construction. Cette réflexion s’accompagne également d’un les membres du collectif de travail. La spécialisation ne peut pas
raisonnement sur l’objet même construit. Il apparaît en effet utile être un enfermement c’est-à-dire une coupure. Elle doit être au ser-
de théoriser sur le produit non pas dans un souci de vice du projet c’est-à-dire y être intégrée et en être partie prenante.
conceptualisation mais dans le but de se dégager des routines Pour parvenir à ce stade de coopération le statut de l’expertise
habituelles qui ont souvent perdu toute signification au fil du suppose une double exigence.
temps.
L’expert possède certes une connaissance ou un savoir-faire
Toutefois, l’ingénierie concourante n’est pas seulement une spécifique mais il doit aussi savoir les communiquer aux autres
attitude ou un comportement, c’est aussi un mode de travail basé (figure 6) non pas par une capacité de transfert mais plutôt dans
sur de nouveaux outils méthodologiques. Ces derniers résultent un sens pédagogique lui permettant de montrer l’intérêt de son
d’une inversion des finalités puisqu’ils placent l’utilisateur final au intervention. L’expert ne doit pas s’imposer mais être appelé.

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Le découpage fonctionnel

Urgence de gains Parachèvement


de productivité
6

Savoir Partition et accès 4


communiquer
avec les autres
Enveloppe 3
(coopérer)
Faire preuve de
professionnalisme Structure 2
Équipement
(être reconnu)
Apporter une 5
valeur ajoutée
Adaptation
(contribuer) 1
Déficit d'image
de la profession
vis-à-vis
des clients
Les six sous-ensembles fonctionnels stables
1 Ensemble des composants permettant l'insertion
Dans la chaîne de valeur, le professionnel doit tout à la fois assurer dans le site et les divers branchements aux
une continuité de l'information et participer à l'enrichissement du réseaux.
produit collectif. D'où la double dimension de son apport. 2 Composants permettant de superposer les
surfaces d'activités.
3 Composants permettant de mener des activités
Figure 6 – Le professionnalisme comme mode opératoire en dehors des intempéries (hors d'eau et hors
d'air).
4 Ensemble des composants délimitant les zones
Par ailleurs, cette connaissance ne peut plus relever du seul dire d'activités et de ceux en permettant l'accès.
d’expert. Elle doit être instrumentée et de ce fait pouvoir être 5 Ensemble des composants permettant l'usage
« opposable aux tiers ». des outils et assurant l'énergie nécessaire pour le
maintien de l'ambiance.
Les observations précédentes conduisent à une nouvelle recom- 6 Ensemble des composants qui assurent la
mandation. Pour que la construction n’apparaisse plus comme un finition de chaque sous-ensemble précédent.
art mais relève d’une discipline scientifique partagée entre divers
intervenants, il est nécessaire de disposer d’une même représen-
tation de l’objet du projet.
Figure 7 – Le bâtiment comme l’agencement de six sous-ensembles
Le concept de représentation demande une explication plus fonctionnels stables
détaillée. Ce dont on parle ne relève pas forcément du domaine
informatique. Le besoin qui se fait sentir n’est pas de partager une
même base de données. Il est tout simplement de désigner l’objet
un client, la relation RCF suppose que tout acteur de la filière a un
de façon constante tout au long d’une opération immobilière. Une
double rôle. Vers l’amont, il est en position de fournisseur
même partie d’ouvrage doit être appelée du même nom quel que
c’est-à-dire qu’il doit répondre de manière appropriée à un
soit le métier concerné.
questionnement. Vers l’aval, il se retrouve lui-même dans la posi-
Pour l’heure ce n’est pas le cas puisque le découpage de l’objet tion de questionneur qui désigne un problème à résoudre et dont
varie au gré des allotissements. Ce qui prédomine c’est la logique il n’a pas la capacité de réponse.
des intervenants (les corps de métier) et pas celle de la constitution
Toute la richesse de ce mode de travail réside dans l’expression
intrinsèque de l’objet construit.
du questionnement. Il ne s’agit pas d’une délégation mais plutôt
Or il existe depuis plusieurs années une nomenclature dite fonc- d’une formulation de plus en plus précise d’une question en inté-
tionnelle de la construction. Elle distingue six sous-ensembles grant au fur et à mesure de nouveaux points de vue. Peu à peu, la
(figure 7) qui eux-mêmes se subdivisent suivant une arborescence réponse converge vers un niveau de définition assez fin pour être
logique et stable quelle que soit la destination du bâtiment jugé comme satisfaisant c’est-à-dire désignant une solution
considéré. optimale pour le niveau de contrainte fixé.
Ce principe de désignation rejoint bien sûr le souci de modé- La chaîne de valeur enrichit le niveau des spécialisations.
lisation informatique depuis l’apparition de la programmation
La question à laquelle conduit finalement l’ingénierie concou-
« orientée objet ».
rante est celle des fonctionnalités du bâti. En effet, parler de spé-
À partir des compétences mobilisées et sur la base d’une même cifications c’est désigner des résultats à atteindre par opposition à
représentation de l’objet à construire, l’ingénierie concourante la prescription qui fixe les moyens de la réponse.
conforte la chaîne de valeur en introduisant des règles d’échange. En ingénierie concourante, le mode de questionnement est celui
En effet, si progressivement les réponses apportées doivent de l’analyse fonctionnelle : un objet se définit par les services ren-
s’enrichir c’est qu’il existe un mode approprié de dialogue entre dus à l’utilisateur et non par la description de ses constituants.
acteurs : la relation client-fournisseur, RCF (figure 8). Cette attitude est capitale car elle seule laisse une marge de
Au-delà de l’acceptation traditionnelle introduite par les qualiti- liberté dans l’apport de la réponse. C’est la garantie au déploie-
ciens qui leur fait dire que tout intervenant se doit de répondre à ment d’une capacité d’initiative qui peut aller jusqu’à l’innovation.

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Le bâtiment en situation d'analyse fonctionnelle

CL FO
Milieux
extérieurs
a relation

5
CL FO 4
1

Bâtiment
CL FO
2 Utilisateur 6
final
b son fonctionnement
7
La construction d'une relation a client (CL) - fournisseur (FO) durable 3
suppose un dialogue qui est organisé en deux temps b :

1 Expression des attentes en termes de résultats à atteindre.


La spécification est substituée à la prescription.

2 Réponse par un choix de solutions approprié et jugé satisfaisant


pour les deux parties.
La capacité d'innovation est au service de la demande. Les fonctions d'usage attachées à toute construction
Fournir les 1 C'est le service rendu par le bâti qui permet à
Figure 8 – La relation client-fournisseur RCF espaces pour l'usager de disposer d'espaces nécessaires pour
mener des accomplir les différentes actions qui sont menées,
activités soit à l'intérieur du groupe familial soit avec des
personnes extérieures.
Pour la construction, ce nouveau référentiel qui met l’utilisateur Protéger les 2 C'est le service rendu par le bâti qui permet à
final au centre des préoccupations des intervenants est celui dit biens et outils l'usager de préserver (mais aussi d'utiliser) ses
des « fonctions d’usage » (figure 9). Il a été initié par des spécia- ainsi que le biens et ses outils malgré les diverses agressions
groupe humain climatiques, d'environnement ou actions
listes de l’analyse de la valeur lors de programmes interprofession- volontaires des autres personnes.
nels de la FFB (Fédération française du bâtiment).
Mettre à 3 C'est le service rendu par le bâti qui permet à
L’intérêt de ce mode de raisonnement est triple : disposition les l'usager d'utiliser les outils nécessités par ses
biens et outils activités et de profiter de ses biens.
— c’est un langage commun à tous les intervenants puisque
Fournir une 4 C'est le service rendu par le bâti qui permet à
chacun d’entre eux ne tire sa justification que de l’apport effectif à ambiance l'usager d'adapter l'ambiance intérieure en fonction
l’utilisateur final du moins si l’on accepte les règles de l’économie de l'ambiance extérieure.
de marché ; Maîtriser les 5 C'est le service rendu par le bâti qui permet à
— c’est un moyen de communication qui ne véhicule aucun relations l'usager de filtrer, d'empêcher ou de favoriser ses
a priori technique puisqu’il ne fixe que des services à rendre et ne contacts avec les autres personnes de l'extérieur et
préjuge pas des solutions ; avec les éléments naturels de son environnement.
— c’est enfin un mode de caractérisation générique puisqu’il Protéger le 6 C'est le service rendu par le bâti qui permet à
site l'usager de vivre dans un site sans lui porter
s’applique à tous types de bâtiment. atteinte.
Fonction 7 C'est la qualité du vécu de l'usager dans le bâti.
Exemple d’approche fonctionnelle de la construction sémiologique C'est donc ce qui fait la différence entre une somme
Pour illustrer l’inversion totale de point de vue qu’introduit l’ingénie- aride de composants techniques et l'appropriation
rie concourante (et l’approche fonctionnelle) dans la construction, il du bâti.
suffit de se reporter à l’organisation d’une salle d’eau en habitat
résidentiel (figure 10).
Figure 9 – Comment définir un bâtiment sans préjuger
● Si l’on s’en tient au seul point de vue technique traditionnel, la
de la technique
rationalisation des moyens de production en béton armé a conduit à
une organisation spatiale très codifiée et qui place la salle d’eau en
aveugle entre la zone jour et la zone nuit. La trame constructive entre
refends transversaux est alors de 5,6 à 6 m, correspondant aux outils
de coffrage des planchers (figure 10a ).
● Si, au contraire, on cherche à répondre aux attentes des utilisa-
2. L’ingénierie concourante :
teurs finaux, il faut alors assurer un éclairage naturel à la salle de comment ?
bains (exigence d’ambiance lumineuse). Ceci suppose une nouvelle
disposition des espaces et surtout une nouvelle trame constructive qui
passe à 7 m (figure 10b ). L’enseignement principal de la pratique industrielle de l’ingénie-
L’expérience en vraie grandeur à montré que même si cette rie concourante est la nécessité de coupler les mesures relevant de
nouvelle configuration perturbe les habitudes constructives elle n’est la gestion du produit et celles relatives aux processus du projet.
pas plus coûteuse. La gestion de produit est centrée sur la création de l’objet. Il est
Cet exemple prouve que la construction ne doit plus être conduite désormais acquis que le produit résultant n’est pas seulement une
par les seuls impératifs technologiques, mais qu’au contraire la superposition d’interventions mais doit se raisonner. Sous une
technique doit être au service de l’usage. autre forme cela conduit à dire qu’un produit ne se construit pas

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Chambre Chambre Usager Activités Bâti


1 2

a
salle
Entrée
d'eau

Fonctions
Besoins
d'usage
Cuisine Living

Environ 5,6 m Usager Activités Bâti

Chambre salle Chambre


1 d'eau 2
Programmation Projetation Réalisation
Entrée

Cuisine Living Fonctions


Besoins
d'usage

Environ 7 m

Cet exemple prouve que la construction ne doit plus être conduite par Usager Activités Bâti
les seuls impératifs technologiques mais qu'au contraire la technique
doit être au service de l'usage.
c

Figure 10 – Organigrammes fonctionnels d’un appartement La construction consiste à fournir un bâti qui autorise les activités
des utilisateurs.
Pour cela elle doit nécessairement procéder en trois étapes de manière
à reconstituer la totalité des termes de l'échange a .
par accumulation de savoir-faire mais que sa valeur dépend de
l’intelligence dans l’emploi des ressources disponibles et des choix
opérés. Figure 11 – Comment s’entend l’activité de construction
La gestion du processus, dite gestion de projet, est axée sur les
conditions d’exercice de chacun des intervenants. L’expérience
montre que, traditionnellement, trop d’énergie est consommée
pour la seule résolution des conflits de pouvoir. Cela est souvent L’intérêt d’une telle démarche est de rester ouverte c’est-à-dire
dû à une définition insuffisante des interfaces. Ce souci de compatible avec la prise en compte de nouveaux points de vue tels
« fluidifier » le déroulement du projet participe lui aussi à l’écono- que ceux dégagés par les considérations environnementales.
mie d’ensemble de l’opération.
■ La mise en œuvre de l’ingénierie concourante suppose d’abord le
Ces deux volets recouvrent un certain nombre d’outils nouveaux respect d’un phasage dans l’élaboration d’un produit. Certains
pour les professionnels de la construction. pourraient considérer que cette précaution est superflue. Il n’en est
rien car elle résulte d’un mode d’acquisition de l’information qui est
incontournable.
2.1 Les outils relatifs au « produit » Cette progressivité, dont la justification est donnée par les

Pour ce qui concerne la gestion de produit, l’ingénierie


P P P
schémas a , b et c de la figure 11, conduit à distinguer pour la
construction trois étapes qui se définissent comme des « états
concourante se caractérise par deux classes d’outils qui s’organi- stables » c’est-à-dire marquant pour le futur produit des choix
sent avant tout autour de la spécification : comment, en effet, défi- définitifs qui dureront tout au long de son cycle d’exploitation. Ce
nir le mieux possible les résultats à atteindre sans interférer avec sont :
la désignation des moyens pour y parvenir.
— la programmation qui définit le cahier des charges du bâtiment
Cela est possible de par une connaissance de facto de l’apport fixant les principes de fonctionnement offerts aux utilisateurs finaux
de chaque spécialiste du seul fait de sa capacité à répondre à une dans le respect des ressources mobilisables ;
question parfaitement circonstanciée. L’ingénierie concourante
— la projetation qui détermine l’organisation spatiale de la
privilégie aussi le dialogue dans une relation client-fournisseur arti-
construction et précise les performances des ouvrages consécutifs ;
culée à partir d’un cahier des charges de référence.
— la réalisation qui délivre le bâti en conformité avec les
Toutefois, cette construction progressive des caractéristiques du spécifications précédentes.
produit ne peut s’opérer qu’en respectant une formulation
commune à tous et comprise de chacun. Cette communication Dans la mesure où ce chaînage s’opère sans solution de
s’effectue à l’aide d’un code établi sur la base de l’analyse fonction- continuité, alors l’usager disposera d’un support adapté à ses acti-
nelle. Ce travail de structuration de l’information autorise alors un vités. Toute la difficulté est d’assurer cet enchaînement en antici-
large emploi de l’informatique. pant sur ses réactions.

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Choix des activités Feed back


(le fonctionnement)
Choix des ouvrages
fonctionnels N ouvrages
(l'architectonique) Programme
Programmation fonctionnel
Choix des modes
de production
(la logistique) Les fonctions Spécifications
Projetation d'usage comme fonctionnelles
référentiel
Ouvrages
Réalisation fonctionnels

(MOA) (MOE) (REA)


A B C
La valeur ajoutée à chacune des étapes du projet suppose un champ 1
d'action spécifique.
Il consiste chaque fois à opérer un choix de principe qui enrichit 2
le travail collectif. 3
4
Figure 12 – Les apports successifs aboutissant à la caractéristique 5
du produit final 6
7
N

Les apports de chaque intervenant doivent pouvoir être transmis pour


À chaque étape, les spécialistes sont appelés à effectuer des autoriser le traitement de l'étape suivante.
choix qui vont caractériser le produit final (figure 12). Sur quoi Un formatage est donc indispensable de manière à disposer de
agissent-ils ? l'information la plus claire et la plus complète possible.
Le retour d'expérience est nécessaire pour parvenir à une vraie
L’objet de la programmation est de déterminer le mode de capitalisation des savoir-faire.
fonctionnement du bâtiment. Pour cela, il est nécessaire de définir
les activités qui seront susceptibles de se dérouler en prenant
appui sur les lieux qui leur seront affectés. En effet, aucun espace Figure 13 – La transcription des choix
n’est neutre. La sélection des activités est donc un acte primordial.
Il engage toute la vie du bâtiment.
En ce qui concerne la projetation, la matière des décisions est C. Comme les choix s’opèrent sur une décomposition de l’objet
constituée par l’agencement des différents sous-ensembles en sous-ensembles de plus en plus détaillés, il est indispensable de
fonctionnels puisqu’il s’agit de donner forme (spatialement) aux fixer les conditions aux limites des performances pour s’assurer
fonctionnements arrêtés à l’étape précédente. Ces choix archi- d’une cohérence de l’ensemble (dimension systémique).
tectoniques doivent conforter le parti fonctionnel et non se substi-
tuer à lui comme c’est actuellement le cas. Cette explicitation des choix se traduit donc par des tableaux
matriciels croisant chaque objet soumis à décision avec le référen-
Quant à la réalisation, les choix sont relatifs aux modalités de pro- tiel des fonctions d’usage (figure 13). De ce fait, le projet est trans-
duction. Il existe un large éventail dans la manière d’organiser la parent pour tous les acteurs.
logistique d’un chantier. La décision procède d’une vraie conception
qui ne concerne pas le parti architectural mais les moyens de ■ Si l’accent a été porté jusqu’à ce point sur le projet, c’est-à-dire
construction au service du projet. L’apport de « l’entrepreneur » sur la construction ou la reconstruction d’un bâtiment, il ne faut
réside dans l’articulation des fonctions logistiques. pas oublier qu’il ne s’agit alors que de l’initialisation d’un cycle de
vie généralement assez long. Les phases ultérieures d’exploitation
et de démolition sont prédéterminées par les choix opérés dans la
L’économie du produit final naît en fait de l’ajustement de ces construction d’où l’importance d’élargir le champ du projet quant
choix successifs aux possibilités offertes par le budget imparti à à la gestion des informations (figure 14).
l’opération. C’est donc la cohérence des décisions qui rend un
Cette démarche recouvre deux actions.
projet viable. En ce sens, il n’y a pas de projets coûteux et
d’autres économes. Il n’y a que des projets bien ou mal gérés. En premier lieu les choix initiaux seront d’autant plus faciles à
faire qu’un retour d’expérience sera organisé et ce à double titre :
d’abord comme pratique de la construction pour optimiser le tra-
■ L’analyse qui vient d’être développée privilégie un point de vue vail collectif, mais surtout comme connaissance du comportement
statique. Le projet étant aussi une dynamique, il apparaît alors des performances dans le temps (obsolescence et constructibilité).
nécessaire d’introduire un format d’échange des informations pour
assurer une continuité entre toutes les étapes. Cependant le second volet est peut-être encore plus important.
Il s’agit du fait de mettre à disposition des exploitants une véri-
Cet objectif est rempli en respectant les règles suivantes : table base documentaire leur permettant d’engager une mainte-
A. Les choix de chaque étape se transcrivent sous la forme de nance raisonnée. Trop souvent il y a une coupure entre le dossier
principes. Il faut entendre par ce vocable la désignation d’une des ouvrages exécutés (DOE) et la pratique courante de l’exploi-
classe de réponses qui caractérise un type de solution sans toute- tation. Une notice d’utilisation devrait diminuer les utilisations
fois déterminer au sein de cette famille un choix détaillé (classe contre-indiquées et prévenir les dégradations intempestives. Une
d’équivalence). notice environnementale semble aussi nécessaire pour garder la
mémoire des matériaux employés.
B. Ces principes sont explicités par des niveaux de performance
à respecter. Ce sont les résultats qui devront pouvoir être mesurés En fait, cet exercice ne doit pas être entrepris a posteriori mais
et vérifiés sur l’objet final. Cette liste constitue de fait la garantie de doit plutôt être engagé dès le lancement du projet (traçabilité
bon achèvement de la construction. intégrée).

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Phase de construction Phase d'utilisation, exploitation Phase de démolition


ou de reconstruction

Exigences R Exigences R R
utilisateurs utilisateurs

Informations issues
Processus de la construction
de création
Nouveau Nouvelles
bâtiment exigences

Processus Informations
RES d'entretien mises à jour
Bâtiment remis
en état/ amélioré

Processus de démolition
Informations
de démolition
Produits résultants

RES RES
R réglementation
RES ressources (les moyens accessibles ou mobilisables)
transmission d'informations

La construction n'est qu'une des phases dans le cycle de vie du produit.


Cet élargissement de l'échelle du temps montre l'importance de la mémorisation des informations.

Figure 14 – Le cycle de vie du produit

■ Un exemple de cahier des charges fonctionnel prenant en À la lecture des principes relatifs à la gestion du produit, il pour-
compte ce qui vient d’être dit dans ce paragraphe est présenté rait sembler que l’ingénierie concourante sous-entend un dérou-
dans la figure 15. lement séquentiel. En fait cela résulte de l’accent porté sur
l’acquisition progressive des caractéristiques du produit : il serait
illogique de revenir sur des choix antérieurs sinon à considérer
qu’ils étaient non fondés.
2.2 Les outils relatifs au « processus » Pour ne pas donner lieu à de tels errements, des itérations sont
indispensables. Toutefois elles demandent à être ordonnées et
En termes de gestion de projet, l’ingénierie concourante a pour c’est l’objet de la gestion de projet (figure 16).
objectif de définir les meilleures conditions d’un travail coopératif Le processus sera optimisé si chaque décision est minutieu-
c’est-à-dire de fournir les outils facilitant les interventions de sement préparée et résulte d’un raisonnement mûrement établi
tous. c’est-à-dire effectué en toute connaissance de causes. Dit sous une
autre forme, chaque choix doit être fait « sans regret ».
Les apports consistent essentiellement à mieux chaîner les
procédures qualité développées par ailleurs par chacune des Cela suppose une collecte de l’information très ordonnée et qui
professions du secteur. ne néglige aucun point de vue. Cette tâche est complexe et elle est
toujours relative à un niveau de connaissance. Il s’agit donc de
L’idée principale est de déployer une véritable démarche qua- trouver un équilibre satisfaisant entre exhaustivité et disponibilité.
lité sur l’ensemble des phases de l’opération immobilière En théorie, la réponse devrait être fournie par une analyse de
considérée. En effet le « projet » est un tout qui ne peut souffrir risque. Dans l’état actuel des pratiques de la construction, un souci
un manquement quelconque, et il serait illusoire de penser de rigueur est amplement suffisant. Aucun choix ne doit résulter
qu’une défaillance puisse être compensée ultérieurement au de la reconduction d’une routine. Il doit au moins être l’objet d’une
cours du processus. alternative grâce à une remise en cause par une discussion avec
Ce caractère collectif repose sur un constat maintenant éprouvé ceux qui auront à subir les conséquences de ce choix.
qu’il faut en toute occasion anticiper les difficultés plutôt que d’en ■ La dynamique du processus commence dès l’origine du projet.
repousser les effets à plus tard. Ce principe de précaution suppose Elle obéit à un « battement » en quatre temps (figure 17). Cette
donc que chacun des intervenants assume pleinement ses propres métaphore est utilisée pour marquer la rigueur d’une rythmique qui
choix sans toutefois empiéter sur la marge de manœuvre des s’applique à tous les cas.
suivants.
● Le premier temps correspond à la collecte des informations
Il faut noter que ces outils spécifiques ne préjugent en rien de relatives au contexte du projet. Cela va de la veille sur des opéra-
l’emploi des outils traditionnels de la gestion de projet en parti- tions similaires à la constitution d’un répertoire sur les compétences
culier ceux relatifs à la gestion des contrats et au contrôle budgé- éventuellement mobilisables. Il s’agit donc de mieux cerner le
taire. contexte et d’élaborer un premier cadre de travail général.

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Fonctions Principe Performances Interfaces


Espace - Panneau rapporté - Manuportable - Fixation mécanique
autostable - Épaisseur maxi 20 cm sur nez de dalle
- +
Hauteur de 2,7 m 1 cm - Remplacement à l'unité
- Calepinage au pas de 30 cm - Autonettoyant
Ambiance - Isolation thermique - Valeur du K moyen - Doublage intérieur
extérieure - Étanchéité eau/vent complémentaire
- Incorporation - Niveau acoustique
d'ouvrants (lumière)
Protection - Sécurité des - Conformité aux - Calfeutrement en nez
personnes règles NV de dalle pour incendie
- Classement feu - Anti-graffiti
Biens et - Pas d'incorporation - Possibilité de plinthe
outils technique technique en applique
Âme
Maîtrise - Capacité - Dimensionnement - Positionnement suivant
relations d'incorporation et géométrie des baies loggia ou balcon
Parement de tout type
architecturé d'ouvrants
(accès à l'extérieur)
Insertion, - Capacité d'incorporer - Penser à la
site des matériaux de déconstruction
recyclage
Plancher
Sémiologie - Affirmer sa modernité - Joints creux - Doublage intérieur en
- Architecture de joints - Surface architecturée continuité par plaque
pour chaque projet de plâtre
Panneau isolant - Support de parement

Figure 15 – Le cahier des charges fonctionnel

Utilisateur Programmation

Projetation

Réalisation

Produit

Le cadre de processus de projet


Le projet n'est pas une suite de séquences dont le déroulement est linéaire.
En fait la définition du produit ne s'opère efficacement que dans le cadre
d'une organisation globale : la gestion du processus.

Figure 16 – Le processus à l’appui du produit

● À partir de ce recensement, la rédaction du programme ■ L’étape de projetation s’articule elle aussi suivant une logique à
fonctionnel peut être engagée. En effet, les choix de principes et le quatre temps. Elle se distingue de la précédente en ce sens que son
niveau des performances doivent tenir compte des capacités de contour est plus précis puisqu’il s’agit de formuler une réponse à un
réponse accessibles. L’objectif est de bâtir un cahier des charges questionnement détaillé (le programme).
adapté aux besoins et plausible au vu de ses exigences. À ce stade d’une opération immobilière, cette organisation
● Cependant les décisions inscrites dans ce document doivent être retrouve les « réflexes » de bonne construction (figure 18) :
corroborées par un suivi dans le temps. Cette mobilisation suppose ● En ➀, il s’agit de bien connaître la capacité technique des entre-
un travail interne au MOA de façon à ce que tous s’approprient et prises. Un projet ne se dessine pas seulement, il anticipe sur les
adhèrent aux mesures fixées par anticipation dans le programme. difficultés constructives. Mais pour cela le concepteur doit être
Cette démarche relève d’un plan qualité particulier à chaque familier des pratiques de chantier et ne doit pas s’en remettre au
opération. sens de l’improvisation des hommes de terrain.
● Enfin, l’ensemble du projet ainsi cadré doit être transmis aux ● En ➁, le souci est d’expliciter les choix architecturaux de façon à
spécialistes des étapes suivantes. Ces derniers sont sollicités pour ce qu’ils ne soient par remis en cause par incompréhension du
leurs compétences particulières et n’ont pas à improviser les contexte au cours de l’étape de réalisation. Cette démarche est à la
modalités de leurs interventions. fois pédagogique (transcription du dessin) mais aussi un mode

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2 1

4
3

Schéma qualité travaux


Schéma directeur d'opération
La réalisation du projet (certains disent travaux) a pour objet de
L'organisation générale
L'organisation s'articule
générale enen
s'articule quatre temps
quatre : :
temps
matérialiser les choix architecturaux en optimisant les ressources
1 scénario patrimonial fixant les types d'intervenants et les modes disponibles.
de mobilisation ; Son organisation est cadrée par un document fixant les modalités
de travail : le schéma qualité travaux.
2 écriture du programme fonctionnel en tenant compte des options Pour établir cet outil de coopération, il est possible de se référer
retenues en 1 ; à la Tl 87 ou à la Tl 89 (recommandations de la CCM - Commission
centrale des marchés).
3 validation des choix par une démarche qualité interne ainsi que
suivi des engagements ;
Figure 19 – Organisation de la production
4 élaboration d'un cadre de travail propice pour la MOE et le REA.

+
Niveau de performance
Figure 17 – Organisation générale d’une opération

0 Objectif commun

2 1 Écart économique

4
3 Gamme produits
N+1

Achat terrain
Schéma directeur de projet

L'élaboration
L'élaboration dudu projet
projet enen réponse
réponse auau programme
programme fonctionnel
fonctionnel sese fait
fait
dans
dans les
les limites
limites fixées
fixées par
par lele "SDq
"SDq (schéma
(schéma directeur
directeur dede qualité
qualité)
opération" Programme et
opération" etet suivant
suivant unun enchaînement
enchaînement dede quatre
quatre étapes
étapes : : coût technique
1 prise en compte des capacités de production disponibles ;

2 explicitation du "projet" par des spécifications fonctionnelles ;


Livraison clé en main
3 validation des choix retenus par un plan qualité interne MOE ; pour un seul mandataire

4 transfert du dossier aux entités de production en sollicitant leurs


capacités d'innovation.
b

Figure 18 – Organisation du projet Figure 20 – Exemple de partenariat industriel

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d’approfondissement des spécifications puisqu’il est plus complet et


ne concerne que le produit (pas de clauses juridiques préventives). 3. Conclusion :
● En ➂, le projet doit être vérifié de manière à prévenir des de nouvelles perspectives
incohérences entre les plans. C’est en général une relecture par un
œil neuf. Cette procédure s’inscrit bien sûr dans la démarche qualité
de la maîtrise d’œuvre. Cette présentation qui privilégie une présentation académique
de l’ingénierie concourante ne saurait être sans s’interroger sur
● En ➃, le dossier projet peut être transmis aux entreprises de
son déploiement.
construction dans le cadre d’un partenariat parfaitement défini.
Sa pratique a maintenant dépassé les seuls cas d’expérimenta-
■ La gestion des travaux est elle-même une gestion de projet tion trop souvent considérés comme des exceptions. Cependant, il
puisqu’elle suppose une coopération entre différents collectifs. Le faut encore opposer l’expérience américaine à celle de l’hexagone.
débat est souvent orienté à ce sujet sur l’opposition de deux scénarios
Pour les observateurs avertis les principes de l’ingénierie
de dévolution : l’entreprise générale ou les lots séparés.
concourante étaient sous-jacents aux démarches conception-réali-
Du point de vue du processus de construction cette confron- sation ou METP. Une assimilation trop rapide entre la méthodo-
tation est fallacieuse car elle repose avant tout sur des clauses juri- logie de travail et les conditions particulières du contexte de
diques qui occultent une même logique constructive. certaines opérations a conduit à une restriction drastique de son
emploi dans les marchés publics français. C’est ce qui explique un
En effet, un chantier se définit toujours comme l’articulation certain désintérêt intellectuel pour la question. En somme « on a
entre des entreprises spécialisées et un collectif intégrateur jeté le bébé avec l’eau du bain ». Seuls de grands donneurs
(figure 19). Chaque prestation doit prendre place au sein d’une d’ordres privés se sont appropriés cette méthode de travail col-
coordination qui a la charge d’ordonnancer la construction du lectif.
tout. C’est d’ailleurs pourquoi en ingénierie concourante l’étape
de réalisation est définie comme celle qui articule les fonctions Aux États-Unis le pragmatisme anglo-saxon a conduit à des
logistiques c’est-à-dire celle qui organise et distribue les moyens conclusions inverses. À l’heure actuelle plus de la moitié des
de production. Le problème posé est celui de sa juste rémuné- contrats de construction est passée selon « l’appel d’offres sur
ration. performances » tant en secteur public que privé. Son formalisme a
été fortement élaboré pour conduire à des « formats » garantissant
Dès lors la préparation de ce travail coopératif est indispensable. les intérêts de toutes les parties.
La recommandation TI 87 offre un cadre de réflexion intéressant
mais elle doit être complétée par la prise en compte des nuisances Dès lors une question se pose sur le marché national :
environnementales suscitées par l’activité foraine du chantier.
La dévolution des marchés doit-elle traduire une gestion des
Là encore il s’agit bien de distinguer le cadre contractuel défini conflits ou favoriser une coopération ?
par les positions communes et son animation au quotidien qui est
La comparaison des deux schémas (de la figure 21) illustre toute
conditionnée à un vrai climat de confiance mutuelle entre les inter-
la différence des pratiques dans chacune des configurations
venants.
d’opération.

Exemple de partenariat « industriel »

Le secteur hôtelier est très certainement celui qui a été le plus


novateur quant à la gestion du processus de construction. Le cas d’un
grand opérateur est particulièrement significatif puisqu’il se déploie Des demandes Les utilisateurs
depuis deux décennies et se traduit par un succès économique, non
démenti auprès des utilisateurs.
Dans un premier temps, l’objet du partenariat est un engagement de (MOA)
l’entreprise sur un cahier des charges fonctionnel et un coût d’objectif
Le programme
a été la mise au point et la réalisation d’un produit répétitif (gamme
grand public).
Le graphique de la figure 20a ci-contre montre les ajustements (MOE)
progressifs qui ont été opérés d’un commun accord puisque chaque
partie se trouve gagnante dans cette interaction : le MOA a pu disposer Le projet
d’un produit très compétitif et conforme à son cahier des charges.
L’entrepreneur a bénéficié d’un effet de série.
Dans un second temps, et après analyse du retour d’expérience sur (REA)
une décennie, un nouveau partenariat a été engagé. Celui-ci ne
concerne pas la reproduction d’un produit mais la reconduction d’une
Le produit
équipe projet pour répondre à un cahier des charges produit. En effet,
il s’agit maintenant de réaliser une série d’opérations toutes distinctes
les unes des autres mais dont le mode de gestion est reconduit
à l’identique (figure 20b ). Cette organisation est actuellement en Vers l'utilisateur final Une réponse satisfaisante
déploiement sur l’ensemble de l’Europe avec trois entreprises
a le processus traditionnel b l'apport de l'ingénierie
générales. concourante
Pour le MOA une telle pratique est « triplement positive puisqu’elle
lui permet de réduire ses frais administratifs de montage d’opération,
de comprimer les délais de réalisation et de garantir un niveau de Figure 21 – Comparaison des processus avec ou sans l’apport
qualité constant ». de l’ingénierie concourante

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Le poids de plus en plus important des usagers dans les proces- qui en permettra alors le transfert continu de l’un à l’autre. Ces
sus de décision s’accommode plus facilement des dispositions de recherches sont regroupées sous le terme de « knowledge
l’ingénierie concourante. management ». Le rapprochement avec l’ingénierie concourante
Mais au-delà de cette comparaison des comportements, une est patent, en particulier l’approche fonctionnelle du produit
autre conclusion s’impose. Si l’ingénierie concourante se révèle devrait ouvrir un nouveau champ d’applications très prometteur en
efficace, tout son potentiel n’a pas encore été épuisé. enrichissant les points de vue attachés aux « objets CAO ».

Cette remarque résulte des travaux de recherche sur l’inter- Et sous cet angle une nouvelle école française peut se déployer.
opérabilité des logiciels de métier. Il apparaît désormais indispen- À l’intégration des métiers elle devrait ajouter une reformulation
sable de structurer l’ensemble des données manipulées par de l’ingénierie de conception permettant une authentique valori-
chaque corps de métier suivant une logique identique pour tous ce sation de notre cadre bâti.

Bibliographie

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