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C'est comme ça
Paroles et Musique: Jacques Brel 1955
Bruxelles
Paroles et Musique: J. Brel/G Jouannest 1962 Dans les campagnes y a les filles
Les filles qui vont chercher l'eau
A tire larigot
C'était au temps où Bruxelles rêvait
Les filles font la file gentille
C'était au temps du cinéma muet
Et tout en parlant tout haut
C'était au temps où Bruxelles chantait
Les filles font la file gentille
C'était au temps où Bruxelles bruxellait
Et tout en parlant tout haut
Du feu et de l'eau
Place de Broukère on voyait des vitrines
Avec des hommes des femmes en crinoline
C'est comme ça depuis que le monde tourne
Place de Broukère on voyait l'omnibus
Y a rien à faire pour y changer
Avec des femmes des messieurs en gibus
3
C'est comme ça depuis que le monde tourne Musique: Jacques Brel 1966
Et il vaut mieux ne pas y toucher
9
Dis-le-toi bien souvent
C'est trop facile Faut voir grand-mère
De faire semblant. {2x} Quand elle se croit pécheresse
Un grand verre de grand-messe
Et un doigt de couvent
10
Des hommes qui ont peur
Par delà le vacarme
Des rues et des chantiers
Il neige sur Liège Des sirènes d’alarme
Des jurons de charretier
Paroles et Musique: Jacques Brel 1963
Plus fort que les enfants
note: du film "Belgique vue du ciel"
Qui racontent les guerres
Et plus fort que les grands
Qui nous les ont fait faire
Il neige il neige sur Liège
Et la neige sur Liège pour neiger met des gants Il nous faut regarder
Il neige il neige sur Liège L’oiseau au fond des bois
Croissant noir de la Meuse sur le front d'un clown blanc Le murmure de l’été
Il est brisé le cri Le sang qui monte en soi
Des heures et des oiseaux Les berceuses de mères
Des enfants à cerceaux Les prières des enfants
Et du noir et du gris Et le bruit de la terre
Il neige il neige sur Liège Qui s’endort doucement
Que le fleuve traverse sans bruit Les berceuses de mères
Les prières des enfants
Il neige il neige sur Liège Et le bruit de la terre
Et tant tourne la neige entre le ciel et Liège Qui s’endort doucement
Qu'on ne sait plus s'il neige s'il neige sur Liège
Ou si c'est Liège qui neige vers le ciel
Et la neige marie
Les amants débutants
Les amants promenant Il peut pleuvoir
Sur le carré blanchi Paroles et Musique: J. Brel/G. Powell 1955
Il neige il neige sur Liège
Que le fleuve transporte sans bruit Il peut pleuvoir
Sur les trottoirs
Ce soir ce soir il neige sur mes rêves et sur Liège Des grands boulevards
Que le fleuve transperce sans bruit Moi j'm'en fiche
J'ai ma mie
Auprès de moi
Il nous faut regarder Il peut pleuvoir
Sur les trottoirs
© Éditions Tropicales Des grands boulevards
Moi j'm'en fiche
Car ma mie
Derrière la saleté C'est toi
S’étalant devant nous
Derrière les yeux plissés Et au soleil là-haut
Et les visages mous Qui nous tourne le dos
Au-delà de ces mains Dans son halo de nuages
Ouvertes ou fermées Et au soleil là-haut
Qui se tendent en vain Qui nous tourne le dos
Ou qui sont poing levé Moi je crie bon voyage
Plus loin que les frontières
Qui sont de barbelés Il peut pleuvoir
Plus loin que la misère Sur les trottoirs
Il nous faut regarder Des grands boulevards
Moi j'm'en fiche
Il nous faut regarder J'ai ma mie
Ce qu’il y a de beau Auprès de moi
Le ciel gris ou bleuté Il peut pleuvoir
Les filles au bord de l’eau Sur les trottoirs
L’ami qu’on sait fidèle Des grands boulevards
Le soleil de demain Moi j'm'en fiche
Le vol d’une hirondelle Car ma mie
Le bateau qui revient C'est toi
L’ami qu’on sait fidèle
Le soleil de demain Aux flaques d'eau qui brillent
Le vol d’une hirondelle Sous les jambes des filles
Le bateau qui revient Aux néons étincellants
Qui lancent dans la vie
Par-delà le concert Leur postillons de pluie
Des sanglots et des pleurs Je crie en rigolant:
Et des cris de colère
11
Et aux gens qui s'en viennent Je m'y plonge le soir
Et aux gens qui s'en vont Et j'y plonge ma peine
Jour et nuit tournez en rond
Et aux gens qui s'en viennent Il pleut
Et aux gens qui s'en vont Et c'est ma faute à moi
Moi je crie à pleins poumons Les carreaux des usines
Sont toujours mal lavés
Y a plein d'espoir Il pleut
Sur les trottoirs Les carreaux des usines
Des grands boulevards Moi j'irai les casser
Et j'en suis riche
J'ai ma mie
Auprès de moi
Y a plein d'espoir Il y a
Sur les trottoirs
Des grands boulevards Il y a tant de brouillard dans les ports, au matin
Et j'en suis riche Qu'il n'y a de filles dans le cœur des marins
Car ma mie Il y a tant de nuages qui voyagent là-haut
C'est toi Qu'il n'y a d'oiseaux
C'est toi ... Il y a tant de labours il y a tant de semences
Qu'il n'y a de joie d'espérance
Il y a tant de ruisseaux il y a tant de rivières
Qu'il n'y a de cimetières
Il pleut (Les Carreaux)
Paroles et Musique: J. Brel/G. Powell 1955 Mais il y a tant de bleu dans les yeux de ma mie
Il y a dans ses yeux tant de vie
Il pleut Il y a dans ses cheveux un peu d'éternité
C'est pas ma faute à moi Sur sa lèvre tant de gaieté
Les carreaux des usines
Sont toujours mal lavés Il y a tant de lumières dans les rues des citées
Il pleut Qu'il n'y a d'enfants désolés
Les carreaux des usines Il y a tant de chansons perdues dans le vent
Y en beaucoup d'cassés Qu'il n'y a d'enfants
Il y a tant de vitraux, il y a tant de clochers
Les filles qui vont danser Qu'il n'y a de voix qui nous disent d'aimer
Ne me regardent pas Il y a tant de canaux qui traversent la terre
Car elles s'en vont danser Qu'il n'y a de rides au visage des mères
Avec tous ceux là
Qui savent leur payer
Pour pouvoir s'amuser
Des fleurs de papier
Ou de l'au parfumée Isabelle
Les filles qui vont danser Paroles et Musique: J. Brel/J. Brel-F. Rauber 1959
Ne me regardent pas
Car elles s'en vont danser
Avec tous ceux là Quand Isabelle dort plus rien ne bouge
Quand Isabelle dort au berceau de sa joie
Il pleut Sais-tu qu'elle vole la coquine
C'est pas ma faute à moi Les oasis du Sahara
Les carreaux des usines Les poissons dorés de la Chine
Sont toujours mal lavés Et les jardins de l'Alhambra
Les corridors crasseux Quand Isabelle dort plus rien ne bouge
Sont les seuls que je vois Quand Isabelle dort au berceau de sa joie
Les escaliers qui montent Elle vole les rêves et les jeux
Ils sont toujours pour moi D'une rose et d'un bouton d'or
Mais quand je suis Pour se les poser dans les yeux
Seul sous les toits Belle Isabelle quand elle dort
Avec le soleil
Et avec les nuages Quand Isabelle rit plus rien ne bouge
J'entends la rue pleurer Quand Isabelle rit au berceau de sa joie
Je vois les cheminées Sais-tu qu'elle vole la cruelle
De la ville fumer Le rire des cascades sauvages
Doucement dans mon ciel à moi Qui remplacent les escarcelles
La lune danse Des rois qui n'ont pas d'équipages
Pour moi le soir Quand Isabelle rit plus rien ne bouge
Elle danse danse Quand Isabelle rit au berceau de sa joie
Elle danse danse Elle vole les fenêtres de l'heure
Et son haleine Qui s'ouvrent sur le paradis
Immense halo me caresse
12
Pour se les poser dans le cœur De chrysanthèmes en chrysanthèmes
Belle Isabelle quand elle rit Les hommes pleurent les femmes pleuvent
{Refrain:} Jojo
Musique: Jacques Brel
Viens il me reste trois sous
On va aller se les boire Jojo,
Chez la mère Françoise Voici donc quelques rires
Viens il me reste trois sous Quelques vins quelques blondes
Et si c'est pas assez J'ai plaisir à te dire
Ben il me restera l'ardoise Que la nuit sera longue
Puis on ira manger A devenir demain
Des moules et puis des frites Jojo,
Des frites et puis des moules Moi je t'entends rugir
Et du vin de Moselle Quelques chansons marines
Et si t'es encore triste Où des Bretons devinent
On ira voir les filles Que Saint-Cast doit dormir
Chez la madame Andrée Tout au fond du brouillard
Parait qu'y en a de nouvelles
On rechantera comme avant Six pieds sous terre Jojo tu chantes encore
On sera bien tous les deux Six pieds sous terre tu n'es pas mort
Comme quand on était jeunes
Comme quand c'était le temps Jojo,
Que j'avais de l'argent Ce soir comme chaque soir
Nous refaisons nos guerres
Non Jef t'es pas tout seul Tu reprends Saint-Nazaire
Mais arrête tes grimaces Je refais l'Olympia
Soulève tes cent kilos Au fond du cimetière Jojo,
Fais bouger ta carcasse Nous parlons en silence
Je sais que t'as le cœur gros D'une jeunesse vieille
Mais il faut le soulever Nous savons tous les deux
Non Jef t'es pas tout seul Que le monde sommeille
Mais arrête de sangloter Par manque d'imprudence
Arrête de te répandre
Arrête de répéter Six pieds sous terre Jojo tu espères encore
Que t'es bon à te foutre à l'eau Six pieds sous terre tu n'es pas mort
Que t'es bon à te pendre
Non Jef t'es pas tout seul Jojo,
Mais c'est plus un trottoir Tu me donnes en riant
ça devient un cinéma Des nouvelles d'en bas
Où les gens viennent te voir Je te dis mort aux cons
Allez viens Jef viens viens Bien plus cons que toi
16
Mais qui sont mieux portants Que Franco est tout à fait mort
Jojo,
Tu sais le nom des fleurs Mais ce soir
Tu vois que mes mains tremblent Y a pas d'espagnoles
Et je te sais qui pleure Y a pas de casseroles
Pour noyer de pudeur Y pas de doute
Mes pauvres lieux communs Non ce soir
Il pleut sur Knokke-le-Zoute
Six pieds sous terre Jojo tu frères encore Ce soir comme tous les soirs
Six pieds sous terre tu n'es pas mort Je me rentre chez moi
Le cœur en déroute
Jojo. Et la bitte sous l'bras
Je te quitte au matin
Pour de vagues besognes Les soirs depuis Caracas
Parmi quelques ivrognes Je panama je partaguasse
Des amputés du cœur Je suis l'plus beau
Qui ont trop ouvert les mains Je pars en chasse
Jojo, Je glisse de palace en palace
Je ne rentre plus nulle part Pour y dénicher le gros lot
Je m'habille de nos rêves Qui n'attend que mon coup de grâce
Orphelin jusqu'aux lèvres Je la veux folle comme un travelo
Mais heureux de savoir Découverte de vieux rideaux
Que je te viens déjà Mais cependant "dévanescente"
Elle m'attendrait depuis toujours
Six pieds sous terre Jojo tu n'es pas mort Cerclée de serpents et de plantes
Six pieds sous terre Jojo je t'aime encore. Parmi les livres de Dufour
Mais ce soir
Y a pas de Caracas
Y a pas de dévanescentes
Knokke-le-Zoute Y a pas de doute
Paroles et Musique: Jacques Brel 1977 Mais ce soir
Il pleut sur Knokke-le-Zoute
Les soirs où je suis argentin Ce soir comme tous les soirs
Je m'offre quelques argentines Je me rentre chez moi
Quite à cueillir dans les vitrines Le cœur en déroute
Des jolis quartiers d'Amsterdam Et la bitte sous l'bras
Des lianes qui auraient ce teint de femme
Qu'exporte vos cités latines Demain oui
Ces soirs-là je les veux félines Peut être que ...
Avec un rien de brillantine Peut être que demain je serai argentin ... oui
Collé aux cheveux de la langue Je m'offrai des argentines
Elles seraient fraiches comme des mangues Quite à cueillir dans les vitrines
Et compenseraient leur maladresse Des jolis quartiers d'Amsterdam
À coups de poitrine et de fesses Des lianes qui auraient ce teint de femme
Qu'exporte vos cités latines
Ah mais ce soir Demain je les voudrai félines
Y a pas d'argentines Avec ce rien de brillantine
Y a pas d'espoir Collé aux cheveux de la langue
Y a pas de doute Elles seront fraiches comme des mangues
Non ce soir Et compenseront leur maladresse
Il pleut sur Knokke-le-Zoute À coups de poitrine et de fesses
Ce soir comme tous les soirs
Je me rentre chez moi Demain je serai espagnol
Le cœur en déroute Petites fesses grande bagnole
Et la bitte sous l'bras Elles passeront toutes à la casserole
Quite à pourchasser dans Hambourg
Les jours où je suis espagnol Des Carmencitas de faubourg
Petites fesses grande bagnole Qui nous reviendront de vérole
Elles passent toutes à la casserole Je les voudrai fraiches et joyeuses
Quite à pourchasser dans Hambourg Bonnes travailleuses sans parlotes
Des carmencitas de faubourg Mi andalouses mi anguleuses
Qui nous reviennent de vérole De ces femelles qu'on gestapote
Je me les veux fraiches et joyeuses Parce qu'elles ne savent pas encore
Bonnes travailleuse sans parlotes Que Franco est tout à fait mort
Mi andalouses mi anguleuses
De ces femelles qu'on gestapote Les soirs depuis Caracas
Parce qu'elles ne savent pas encore Je panama je partaguasse
Je suis l'plus beau
17
Je pars en chasse Qu'on regarde la lumière
Je glisse de palace en palace Et ses nuages pendus
Pour y dénicher le gros lot L'âge d'or c'est après l'enfer
Qui n'attend que mon coup de grâce C'est après l'âge d'argent
Je la veux folle comme un travelo On redevient petit enfant
Découverte de vieux rideaux Dedans le ventre de la terre
Mais cependant dévanescente L'âge d'or c'est quand on dort
Elle m'attendrait depuis toujours Dans sa dernière caserne
Cerclée de serpents et de plantes
Parmi les livres de "Dufour"
L'Air de la Bêtise
Paroles et Musique: Jacques Brel 1957
L'âge idiot
1966 "Jef"
Mère des gens sans inquiétude
Mère de ceux que l'on dit forts
L'âge idiot, c'est à vingt fleurs Mère des saintes habitudes
Quand le ventre brûle de faim Princesse des gens sans remords
Qu'on croit se laver le cœur Salut à toi, dame Bêtise
Rien qu'en se lavant les mains Toi dont le règne est méconnu
Qu'on a les yeux plus grands que le ventre Salut à toi, Dame Bêtise
Qu'on a les yeux plus grands que le cœur Mais dis-le moi: "Comment fais-tu
Qu'on a le cœur encore trop tendre Pour avoir tant d'amants,
Qu'on a les yeux encore pleins de fleurs Et tant de fiancés,
Mais qu'on sent bon les champs de luzerne Tant de représentants
L'odeur des tambours mal battus Et tant de prisonniers
Qu'on sent les clairons refroidis Pour tisser de tes mains
Et les lits de petite vertu Tant de malentendus
Et qu'on s'endort toutes les nuits Et faire croire au crétin
Dans les casernes Que nous sommes vaincus
Pour fleurir notre vie
L'âge idiot, c'est à trente fleurs De basses révérences
Quand le ventre prend naissance De mesquines envies
Quand le ventre prend puissance De nobles intolérances
Qu'il vous grignote le cœur De mesquines envies
Quand les yeux se font plus lourds De nobles intolérances
Quand les yeux marquent les heures De mesquines envies
Eux qui savent qu'à trente fleurs De nobles intolérances
Commence le compte à rebours
Qu'on rejette les vieux dans leur caverne Mère de nos femmes fatales
Qu'on offre à Dieu des bonnets d'âne Mère des mariages de raison
Mais que le soir on s'allume des feux Mère des filles à succursales
En frottant deux cœurs de femmes Princesse pâle du vison
Et qu'on regrette déjà un peu Salut à toi, Dame Bêtise
Le temps des casernes Toi dont le règne est méconnu
Salut à toi, Dame Bêtise
L'âge idiot c'est soixante fleurs Mais dis moi: "Comment fais-tu
Quand le ventre se ballotte Pour que point l'on ne voit
Quand le ventre ventripote Le sourire entendu
Qu'il vous a bouffé le cœur Qui fera de vous et moi
Quand les yeux n'ont plus de larmes De très nobles cocus cocus
Quand les yeux tombent en neige Pour me faire oublier
Quand les yeux perdent leurs pièges Que les putains les vraies
Quand les yeux rendent les armes Sont celles qui font payer
Qu'on se ressent de ses amours Pas avant mais après
Mais qu'on se sent des patiences Pour qu'il puisse m'arriver
Pour de vieilles sur le retour De croiser certains soirs
Ou des trop jeunes en partance Ton regard familier
Et qu'on se croit protégé Au fond de mon miroir
Par les casernes Ton regard familier
Au fond de mon miroir
L'âge d'or c'est quand on meurt Ton regard familier
Qu'on se couche sous son ventre Au fond de mon miroir.
Qu'on se cache sous son ventre
Les mains protégeant le cœur
Qu'on a les yeux enfin ouverts
Mais qu'on ne se regarde plus
18
L'aventure Et l'aurore nous guide en chemin
L'aventure c'est le trésor
Que l'on découvre à chaque matin
Pour Martin c'est le fer sur l'enclume
L'aventure commence à l'aurore Pour César le vin qui chantera
A l'aurore de chaque matin Pour Yvon c'est la mer qu'il écume
L'aventure commence alors C'est le jour qui s'allume
Que la lumière nous lave les mains C'est le blé que l'on bat
19
M'font des manières Pourvu que nous vienne un homme
De leur chaland Aux portes de la cité
J'aimerais leur jeu Que l'amour soit son royaume
Sans cette guerre Et l'espoir son invité
Qui m'a un peu Et qu'il soit pareil aux arbres
Trop abimé Que mon père avait plantés
Dans mon métier Fiers et nobles comme soir d'été
C'est au printemps Et que les rires d'enfants
Qu'on prend le temps Qui lui tintent dans la tête
De se noyer L'éclaboussent d'un reflet de fête
20
Qui vont me revenir
Tant pis si ces seigneurs
Me laissent à terre
Je serai saoul dans une heure
Je serai sans colère L'Ostendaise
Paroles et Musique: J. Brel/F. Rauber 1968
Ami remplis mon verre
Encore un et je vas
Encore un et je vais Une Ostendaise
Non je ne pleure pas Pleure sur sa chaise
Je chante et je suis gai Le chat soupèse
Mais j'ai mal d'être moi Son poids d'amour
Ami remplis mon verre Dans le silence
Ami remplis mon verre Son chagrin danse
Et les vieux pensent
Buvons à ma santé Chacun son tour
Que l'on boive avec moi À la cuisine
Que l'on vienne danser Quelques voisines
Qu'on partage ma joie Parlent de Chine
Tant pis si les danseurs Et d'un retour
Me laissent sous la lune À Singapore
Je serai saoul dans une heure Une Javanaise
Je serai sans rancune Devient belle-sœur
De l'Ostendaise
Buvons aux jeunes filles
Qu'il me reste à aimer Il y a deux sortes de temps
Buvons déjà aux filles Il y a le temps qui attend
Que je vais faire pleurer Et le temps qui espère
Et tant pis pour les fleurs Il y a deux sortes de gens
Qu'elles me refuseront Il y a les vivants
Je serai saoul dans une heure Et ceux qui sont en mer
Je serai sans passion
Notre Ostendaise
Ami remplis mon verre Que rien n'abaise
Encore un et je vas De chaise en chaise
Encore un et je vais Va sa blessure
Non je ne pleure pas Quelques commères
Je chante et je suis gai Quelques compères
Mais j'ai mal d'être moi Battent le fer
Ami remplis mon verre De sa blessure
Ami remplis mon verre Son capitaine
Sous sa bedaine
Buvons à la putain De bière pleine
Qui m'a tordu le cœur Bat le tambour
Buvons à plein chagrin Homme de devoir
Buvons à pleines pleurs Homme d'étoiles
Et tant pis pour les pleurs Il prend l'escale
Qui me pleuvent ce soir Pour un détour
Je serai saoul dans une heure
Je serai sans mémoire Il y a deux sortes de temps
Il y a le temps qui attend
Buvons nuit après nuit Et le temps qui espère
Puisque je serai trop laid Il y a deux sortes de gens
Pour la moindre Sylvie Il y a les vivants
Pour le moindre regret Et ceux qui sont en mer
Buvons puisqu'il est l'heure
Buvons rien que pour boire Notre Ostendaise
Je serai bien dans une heure Au temps des fraises
Je serai sans espoir Devient maîtresse
D'un pharmacien
Ami remplis mon verre Son capitaine
Encore un et je vas Mort sous bedaine
Encore un et je vais Joue les baleines
Non je ne pleure pas Les sous-marins
Je chante et je suis gai Pourquoi ma douce
Tout s'arrange déjà Moi le faux mousse
Ami remplis mon verre Que le temps pousse
Ami remplis mon verre T'écrire de loin
Ami remplis mon verre
21
C'est que je t'aime
Et tant je t'aime
Qu'ai peur ma reine
D'un pharmacien La bière
Paroles et Musique: Jacques Brel
Il y a deux sortes de temps
Il y a le temps qui attend
Et le temps qui espère Ça sent la bière
Il y a deux sortes de gens De Londres à Berlin
Il y a les vivants Ça sent la bière
Et moi je suis en mer Dieu qu'on est bien
Ça sent la bière
De Londres à Berlin
Ça sent la bière
La Bastille Donne-moi la main
22
C'est plein de mains d'hommes Et nous nous offrirons
Aux croupes des femmes Tout l'amour que l'on a
C'est plein de mèmères Pavoiserons tous deux
Qui ont depuis toujours Notre vie de soleil
Un sein pour la bière Avant que d'être vieux
Un sein pour l'amour Avant que d'être vieille
Non ce n'est pas toi
Ça sent la bière La fille que j'aimerons
De Londres à Berlin Non ce n'est pas toi
Ça sent la bière La fille que j'aimera
Dieu qu'on est bien
Ça sent la bière La fille que j'aimera
De Londres à Berlin Vieillira sans tristesse
Ça sent la bière Entre son feu de bois
Donne-moi la main Et ma grande tendresse
La fille que j'aimera
C'est plein d'horizons Sera comme bon vin
À vous rendre fous Qui se bonifiera
Mais l'alcool est blond Un peu chaque matin
Et le diable est à nous Et moi je l'aimerons
Les gens sans Espagne Et elle m'aimera
Ont besoin des deux Et ferons des chansons
On fait des montagnes De nos anciennes joies
Avec ce qu'on peut Et quitterons la terre
Les yeux pleins l'un de l'autre
Ça sent la bière Pour fleurir tout l'enfer
De Londres à Berlin Du bonheur qui est nôtre
Ça sent la bière Ah qu'elle vienne à moi
Donne-moi la main La fille que j'aimerons
Ah qu'elle vienne à moi
La fille que j'aimera
La bourrée du célibataire
Paroles et Musique: Jacques Brel 1957
La chanson de Jacky
Paroles et Musique: J. Brel, G. Jouannest 1966
La fille que j'aimera
Aura le cœur si sage
Qu'au creux de son visage Même si un jour à Knocke-le-Zoute
Mon cœur s'arrêtera Je deviens comme je le redoute
La fille que j'aimera Chanteur pour femmes finissantes
Je lui veux la peau tendre Que je leur chante " Mi Corazón "
Pour qu'aux nuits de décembre Avec la voix bandonéante
S'y réchauffent mes doigts D'un Argentin de Carcassonne
Et moi je l'aimerons Même si on m'appelle Antonio
Et elle m'aimera Que je brûle mes derniers feux
Et nos cœurs brûleront En échange de quelques cadeaux
Du même feu de joie Madame je fais ce que je peux
Entrerons en chantant Même si je me saoule à l'hydromel
Dans les murs de la vie Pour mieux parler de virilité
En offrant nos vingt ans A des mémères décorées
Pour qu'elle nous soit jolie Comme des arbres de Noël
Non ce n'est pas toi Je sais qu' dans ma saoulographie
La fille que j'aimerons Chaque nuit pour des éléphants roses
Non ce n'est pas toi Je chanterai la chanson morose
La fille que j'aimera Celle du temps où je m'appelais Jacky
23
J'y sois devenu maître chanteur
Et que ce soit les autres qui chantent Mais de bière en bière
Même si on m'appelle le beau Serge De foire en foire
Que je vende des bateaux d'opium De verre en verre
Du whisky de Clermont-Ferrand De boire en boire
De vrais pédés de fausses vierges Je mords encore
Que j'aie une banque à chaque doigt À pleines dents
Et un doigt dans chaque pays Je suis un mort
Que chaque pays soit à moi Encore vivant
Je sais quand même que chaque nuit
Tout seul au fond de ma fumerie
Pour un public de vieux Chinois
Je rechanterai ma chanson à moi
Celle du temps où je m'appelais Jacky La chanson des vieux amants
Paroles et Musique: Jacques Brel
{au Refrain} autres interprètes: Luce Dufault (2000)
24
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour Que d'une moitié d'amour
Je t'aime encore tu sais je t'aime.
Nous n'irons plus au bois la colombe est blessée
Nous n'allons pas au bois nous allons la tuer
La colombe
Paroles et Musique: Jacques Brel 1959
La dame patronnesse
Pourquoi cette fanfare © Éditions Musicales Tutti
Quand les soldats par quatre
Attendent les massacres
Sur le quai d'une gare Pour faire une bonne dame patronnesse
Pourquoi ce train ventru Il faut avoir l'œil vigilant
Qui ronronne et soupire Car comme le prouvent les événements
Avant de nous conduire Quatre-vingt-neuf tue la noblesse
Jusqu'au malentendu Car comme le prouvent les événements
Pourquoi les chants les cris Quatre-vingt-neuf tue la noblesse
Des foules venues fleurir
Ceux qui ont le droit de partir Et un point à l'envers et un point à l'endroit
Au nom de leurs conneries Un point pour saint Joseph un point pour saint Thomas
Nous n'irons plus au bois la colombe est blessée Pour faire une bonne dame patronnesse
Nous n'allons pas au bois nous allons la tuer Il faut organiser ses largesses
Car comme disait le duc d'Elbeuf
Pourquoi l'heure que voilà " C'est avec du vieux qu'on fait du neuf "
Où finit notre enfance Car comme disait le duc d'Elbeuf
Où finit notre chance " C'est avec du vieux qu'on fait du neuf "
Où notre train s'en va
Pourquoi ce lourd convoi Et un point à l'envers et un point à l'endroit
Chargé d'hommes en gris Un point pour saint Joseph un point pour saint Thomas
Repeints en une nuit
Pour partir en soldats Pour faire une bonne dame patronnesse
Pourquoi ce train de pluie C'est qu'il faut faire très attention
Pourquoi ce train de guerre A ne pas se laisser voler ses pauvresses
Pourquoi ce cimetière C'est qu'on serait sans situation
En marche vers la nuit A ne pas se laisser voler ses pauvresses
C'est qu'on serait sans situation
Nous n'irons plus au bois la colombe est blessée
Nous n'allons pas au bois nous allons la tuer Et un point à l'envers et un point à l'endroit
Un point pour saint Joseph un point pour saint Thomas
Pourquoi les monuments
Qu'offriront les défaites Pour faire une bonne dame patronnesse
Les phrases déjà faites Il faut être bonne mais sans faiblesse
Qui suivront l'enterrement Ainsi j'ai dû rayer de ma liste
Pourquoi l'enfant mort-né Une pauvresse qui fréquentait un socialiste
Que sera la victoire Ainsi j'ai dû rayer de ma liste
Pourquoi les jours de gloire Une pauvresse qui fréquentait un socialiste
Que d'autres auront payés
Pourquoi ces coins de terre Et un point à l'envers et un point à l'endroit
Que l'on va peindre en gris Un point pour saint Joseph un point pour saint Thomas
Puisque c'est au fusil
Qu'on éteint la lumière Pour faire une bonne dame patronnesse
Tricotez tout en couleur caca d'oie
Nous n'irons plus au bois la colombe est blessée Ce qui permet le dimanche à la grand-messe
Nous n'allons pas au bois nous allons la tuer De reconnaître ses pauvres à soi
Ce qui permet le dimanche à la grand-messe
Pourquoi ton cher visage De reconnaître ses pauvres à soi
Dégrafé par les larmes
Qui me rendait les armes Et un point à l'envers et un point à l'endroit
Aux sources du voyage Un point pour saint Joseph un point pour saint Thomas
Pourquoi ton corps qui sombre
Ton corps qui disparaît La Fanette
Et n'est plus sur le quai Paroles et Musique: Jacques Brel 1963
Qu'une fleur sur une tombe
Pourquoi ces prochains jours
Où je devrais penser Nous étions deux amis et Fanette m'aimait
A ne plus m'habiller La plage était déserte et dormait sous juillet
25
Si elles s'en souviennent les vagues vous diront Comme des sourcils de géant
Combien pour la Fanette j'ai chanté de chansons Leurs crachats de lumière
Les moulins tournent, tournent sans trêve
Faut dire Emportant tout notre argent
Faut dire qu'elle était belle Et nous donnant un peu de rêve
Comme une perle d'eau Pour que les hommes soient contents
Faut dire qu'elle était belle
Et je ne suis pas beau Ça sent la graisse où dansent les frites
Faut dire Ça sent les frites dans les papiers
Faut dire qu'elle était brune Ça sent les beignets qu'on mange vite
Tant la dune était blonde Ça sent les hommes qui les ont mangés
Et tenant l'autre et l'une Partout je vois à petits pas
Moi je tenais le monde Des couples qui s'en vont danser
Faut dire Mais moi sûrement je n'irai pas
Faut dire que j'étais fou Grand-mère m'a dit de me méfier
De croire à tout cela
Je le croyais à nous Et lorsque l'on n'a plus de sous
Je la croyais à moi Pour se faire tourner la tête
Faut dire Sur les manèges aux chevaux roux
Qu'on ne nous apprend pas Au son d'une musique bête
A se méfier de tout On rentre chez soi lentement
Et tout en regardant les cieux
Nous étions deux amis et Fanette m'aimait On se demande simplement
La plage était déserte et mentait sous juillet S'il n'existe rien de mieux
Si elles s'en souviennent les vagues vous diront
Comment pour la Fanette s'arrêta la chanson J'aimais la foire où pour trois sous
L'on pouvait se faire tourner la tête
Faut dire Sur les manèges aux chevaux roux
Faut dire qu'en sortant Au son d'une musique bête
D'une vague mourante
Je les vis s'en allant Il nous faut regarder
Comme amant et amante Derrière la saleté
Faut dire S'étalant devant nous
Faut dire qu'ils ont ri Derrière les yeux plissés
Quand ils m'ont vu pleurer Et les visages mous
Faut dire qu'ils ont chanté Au-delà de ces mains
Quand je les ai maudits Ouvertes ou fermées
Faut dire Qui se tendent en vain
Que c'est bien ce jour-là Ou qui sont poings levés
Qu'ils ont nagé si loin Plus loin que les frontières
Qu'ils ont nagé si bien Qui sont de barbelés
Qu'on ne les revit pas Plus loin que la misère
Faut dire Il nous faut regarder
Qu'on ne nous apprend pas
Mais parlons d'autre chose Il nous faut regarder
Ce qu'il y a de beau
Nous étions deux amis et Fanette l'aimait Le ciel gris ou bleuté
La place est déserte et pleure sous juillet Les filles au bord de l'eau
Et le soir quelquefois L'ami qu'on sait fidèle
Quand les vagues s'arrêtent Le soleil de demain
J'entends comme une voix Le vol d'une hirondelle
J'entends... c'est la Fanette Le bateau qui revient
Par-delà le concert
Des sanglots et des pleurs
Et des cris de colère
Des hommes qui ont peur
La foire Par-delà le vacarme
Paroles: Jacques Brel. Musique: Jacques Brel, Lou Logist Des rues et des chantiers
1953 "Le Plat Pays" Des sirènes d'alarme
Des jurons de charretier
Plus forts que les enfants
J'aime la foire où pour trois sous Qui racontent les guerres
L'on peut se faire tourner la tête Et plus forts que les grands
Sur les manèges aux chevaux roux Qui nous les ont fait faire
Au son d'une musique bête
Il nous faut écouter
Les lampions jettent au firmament L'oiseau au fond des bois
Alignés en nombre pair Le murmure de l'été
Le sang qui monte en soi
26
Les berceuses des mères
Les prières des enfants La lumière jaillira
Et le bruit de la terre Et la reconnaîtrai
Qui s'endort doucement Pour l'avoir tant de fois
Chaque jour espérée
La lumière jaillira
Et de la voir si belle
La haine Je connaîtrai pourquoi
Paroles et Musique: Jacques Brel 1955 J'avais tant besoin d'elle
La lumière jaillira
Comme un marin je partirai Et nous nous marierons
Pour aller rire chez les filles Pour n'être qu'un combat
Et si jamais tu en pleurais Pour n'être qu'une chanson
Moi j'en aurais l'âme ravie
La lumière jaillira
Comme un novice je partirai Et je l'inviterai
Pour aller prier le bon Dieu A venir sous mon toit
Et si jamais tu en souffrais Pour y tout transformer
Je n'en prierais que mieux
La lumière jaillira
Tu n'as commis d'autre péché Et déjà modifié
Que de distiller chaque jour Lui avouerai du doigt
L'ennui et la banalite Les meubles du passé
Quand d'autres distillent l'amour
La lumière jaillira
Et mille jours pour une nuit Et j'aurai un palais
Voilà ce que tu m'as donné Tout ne change-t-il pas
Tu as peint notre amour en gris Au soleil de juillet
Terminé notre éternité
La lumière jaillira
Comme un ivrogne je partirai Et toute ma maison
Pour aller gueuler ma chanson Assise au feu de bois
Et si jamais tu l'entendais Apprendra ces chansons
J'en remercierais le Démon
La lumière jaillira
Comme un soldat je partirai Parsemant mes silences
Mourir comme meurent les enfants De sourires de joie
Et si jamais tu en mourais Qui meurent et recommencent
J'en voudrais revenir vivant
La lumière jaillira
Et toi tu pries et toi tu pleures Qu'éternel voyageur
Au long des jours au long des ans Mon cœur en vain chercha
C'est comme si avec des fleurs Mais qui était en mon cœur
On ressoudait deux continents
La lumière jaillira
L'amour est mort vive la haine Reculant l'horizon
Et toi matériel déclassé La lumière jaillira
Va-t-en donc accrocher Et portera ton nom
Ta peine au musée
Des amours ratées
27
Et qui m'attend déjà Mais c'est par elle que l'amour en fleurs
Ange ou démon qu'importe Souvent se meurt dans les salades
Au devant de la porte il y a toi La parlote la parlote
La quête
Musique: Jacques Brel
La parlote
Paroles et Musique: J. Brel/J. Brel/G. Jouannest 1963
Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
C'est elle qui remplit d'espoir Brûler d'une possible fièvre
Les promenades les salons de thé Partir où personne ne part
C'est elle qui raconte l'histoire Aimer jusqu'à la déchirure
Quand elle ne l'a pas inventée Aimer, même trop, même mal,
C'est la parlote, la parlote Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile
C'est elle qui sort toutes les nuits Telle est ma quête,
Et ne s'apaise qu'au petit jour Suivre l'étoile
Pour s'éveiller après l'amour Peu m'importent mes chances
Pour entre deux amants éblouis Peu m'importe le temps
La parlote la parlote Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
C'est là qu'on dit qu'on a dit oui Sans questions ni repos
C'est là qu'on dit qu'on a dit non Se damner
C'est le support de l'assurance Pour l'or d'un mot d'amour
Et le premier apéritif de France Je ne sais si je serai ce héros
La parlote la parlote Mais mon cœur serait tranquille
La parlote la parlote Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux
Marchant sur la pointe des lèvres Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé
Moitié fakir et moitié vandale Brûle encore, même trop, même mal
D'un faussaire elle fait un orfèvre Pour atteindre à s'en écarteler
D'un fifrelin elle fait un scandale Pour atteindre l'inaccessible étoile.
La parlote la parlote
28
La statue Je changerais d'ivresse
Je changerais de langage
Paroles et Musique: J. Brel/F. Rauber 1962 Pourquoi crois-tu la belle
Qu'au sommet de leurs chants
Empereurs et ménestrels
J'aimerais tenir l'enfant de Marie Abandonnent souvent
Qui a fait graver sous ma statue Puissances et richesses
" Il a vécu toute sa vie Pour un peu de tendresse
Entre l'honneur et la vertu "
Moi qui ai trompé mes amis Pour un peu de tendresse
De faux serment en faux serment Je t'offrirais le temps
Moi qui ai trompé mes amis Qu'il reste de jeunesse
Du jour de l'An au jour de l'An A l'été finissant
Moi qui ai trompé mes maîtresses Pourquoi crois-tu la belle
De sentiment en sentiment Que monte ma chanson
Moi qui ai trompé mes maîtresses Vers la claire dentelle
Du printemps jusques au printemps Qui danse sur ton front
Cet enfant de Marie je l'aimerais là Penché vers ma détresse
Et j'aimerais que les enfants ne me regardent pas Pour un peu de tendresse
29
Et Paris qui bat la mesure Sur le fleuve en amont
Me murmure murmure tout bas Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
{refrain:} Et j'en oublie le nom
Une valse à trois temps Et la nuit peu à peu
Qui s'offre encore le temps Et le temps arrêté
Qui s'offre encore le temps Et mon cheval boueux
De s'offrir des détours Et mon corps fatigué
Du côté de l'amour Et la nuit bleu à bleu
Comme c'est charmant Et l'eau d'une fontaine
Une valse à quatre temps Et quelques cris de haine
C'est beaucoup moins dansant Versés par quelques vieux
C'est beaucoup moins dansant Sur de plus vieilles qu'eux
Mais tout aussi charmant Dont le corps s'ensommeille
Qu'une valse à trois temps
Une valse à quatre temps La ville s'endormait
Une valse à vingt ans Et j'en oublie le nom
C'est beaucoup plus troublant Sur le fleuve en amont
C'est beaucoup plus troublant Un coin de ciel brûlait
Mais beaucoup plus charmant La ville s'endormait
Qu'une valse à trois temps Et j'en oublie le nom
Une valse à vingt ans Et mon cheval qui boit
Une valse à cent temps Et moi qui le regarde
Une valse à cent ans Et ma soif qui prend garde
Une valse ça s'entend Qu'elle ne se voit pas
A chaque carrefour Et la fontaine chante
Dans Paris que l'amour Et la fatigue plante
Rafraîchit au printemps Son couteau dans mes reins
Une valse à mille temps Et je fais celui-là
Une valse à mille temps Qui est son souverain
Une valse a mis le temps On m'attend quelque part
De patienter vingt ans Comme on attend le roi
Pour que tu aies vingt ans Mais on ne m'attend point
Et pour que j'aie vingt ans Je sais depuis déjà
Une valse à mille temps Que l'on meurt de hasard
Une valse à mille temps En allongeant les pas
Une valse à mille temps
Offre seule aux amants La ville s'endormait
Trois cent trente-trois fois le temps Et j'en oublie le nom
De bâtir un roman Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
Au deuxième temps de la valse La ville s'endormait
On est deux tu es dans mes bras Et j'en oublie le nom
Au deuxième temps de la valse Il est vrai que parfois près du soir
Nous comptons tous les deux une deux trois Les oiseaux ressemblent à des vagues
Et Paris qui bat la mesure Et les vagues aux oiseaux
Paris qui mesure notre émoi Et les hommes aux rires
Et Paris qui bat la mesure Et les rires aux sanglots
Nous fredonne fredonne déjà Il est vrai que souvent
La mère se désenchante
{refrain} Je veux dire en cela
Qu'elle chante
Au troisième temps de la valse D'autres chants
Nous valsons enfin tous les trois Que ceux que la mère chante
Au troisième temps de la valse Dans les livres d'enfants
Il y a toi y a l'amour et y a moi Mais les femmes toujours
Et Paris qui bat la mesure Ne ressemblent qu'aux femmes
Paris qui mesure notre émoi Et d'entre elles les connes
Et Paris qui bat la mesure Ne ressemblent qu'aux connes
Laisse enfin éclater sa joie. Et je ne suis pas bien sûr
Comme chante un certain
Qu'elles soient l'avenir de l'homme
La la la
La la la Mon ami est un type énorme
Il aime la trompette et le clairon
Je serai fui Tout en préférant le clairon
Comme un vieil hôpital Qu'est une trompette en uniforme
Par tous les ventres Mon ami est une valeur sûre
D'autres sociétés Qui dit souvent sans prétention
J'boirai donc seul ma pension de cigale Qu'à la minceur des épluchures
Il faut bien être lorsque l'on a été On voit la grandeur des nations
Je n'serai reçu que par les chats du quartier
À leur festin pour qu'ils ne soient pas treize Subséquemment subséquemment
Mais j'y chanterai Subséquemment que je ne comprends pas
Sur une simple chaise Pourquoi souvent ses compagnons
J'y chanterai L'appellent
Après le rat crevé L'appellent
Messieurs dans le lit de la Marquise Caporal casse-pompon
C'était moi les 80 chasseurs
La la la Mon ami est un vrai poète
Dans son jardin, quand vient l'été
Et quand viendra l'heure imbécile et fatale Faut le voir planter ses mitraillettes
Où il paraît que quelqu'un nous appelle Ou bien creuser ses petites tranchées
J'insulterai le flic sacerdotal Mon ami est homme plein d'humour
Penché vers moi comme un larbin du ciel C'est lui qu'a trouvé ce bon mot
Et je mourirai cerné de rigolos Que je vous raconte à mon tour
En me disant qu'il était chouette Voltaire Ich slaffen at si auuz wihr prellen zie
Et qu'si en a des qui ont une plume au chapeau
Y en a des qui ont une plume dans l' derrière Subséquemment subséquemment
La la la Subséquemment que je ne comprends pas
La la la Pourquoi souvent ses compagnons
L'appellent
Quand je s'rai vieux L'appellent
Je s'rai insup' portable Caporal casse-pompon
Sauf pour mon lit
Et mon maigre passé Mon ami est un doux rêveur
Mon chien s'ra mort Pour lui Paris c'est une caserne
Ma barbe sera minable Et Berlin un petit champ de fleurs
Toutes mes morues Qui va de Moscou à l'Auvergne
M'auront laissé tomber Son rêve revoir Paris au printemps
Redéfiler en tête de son groupe
En chantant comme tous les vingt-cinq ans
Baisse ta gaine Gretchen que je baise ta croupe (ein zwei)
31
je me suis variété
Subséquemment subséquemment Et depuis
Subséquemment que nous ne comprenons toutes les nuits
Comment nos amis les Franzosen Quand je chante: "Ne me quitte pas"
Ils osent ils osent l'appeler Je regrette mon écurie
Caporal casse-pompon (ein zwei) Et mes silences d'autrefois
33
Ça fait des morts sans confession Et c'est le fou qu'on pendit
Des confessions sans rémission ça va
{au Refrain}
Rien ne se vend mais tout s'achète
L'honneur et même la sainteté ça va
Les États se muent en cachette
En anonymes sociétés ça va
Les grands s'arrachent les dollars Le gaz
Venus du pays des enfants
L'Europe répète l'Avare
Dans un décor de mil neuf cent Tu habites rue de la Madone
Ça fait des morts d'inanition Une maison qui se déhanche
Et l'inanition des nations ça va Une maison qui se tire-bouchone
Et qui pleure à grosses planches
Les hommes ils en ont tant vu L'escalier colimaçone
Que leurs yeux sont devenus gris ça va C'est pas grand non
Et l'on ne chante même plus Mais y a d'la place
Dans toutes les rues de Paris ça va
On traite les braves de fous Tu habites rue de la Madone
Et les poètes de nigauds Et moi je viens pour le gaz
Mais dans les journaux de partout Tu as un boudoir plein de boudhas
Tous les salauds ont leur photo Les bougies dansent dans leurs bougeoirs
Ça fait mal aux honnêtes gens Ça sent bon c'est sans histoire
Et rire les malhonnêtes gens. Ça ruiselle de tafetas
Ça va ça va ça va ça va C'est rempli de photos d'toi
Qui sommeillent devant la glace
Tu as un boudoir plein d'boudhas
Et moi et moi et moi
Le Fou du Roi Je viens pour le gaz
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Adieu ma femme je t'aimais bien Ça fait du bien d'être amoureux
Adieu ma femme je t'aimais bien tu sais
Mais je prends le train pour le Bon Dieu Je sais je sais que ce prochain amour
Je prends le train qui est avant le tien Sera pour moi la prochaine défaite
Mais on prend tous le train qu'on peut Je sais déjà à l'entrée de la fête
Adieu ma femme je vais mourir La feuille morte que sera le petit jour
C'est dur de mourir au printemps tu sais Je sais je sais sans savoir ton prénom
Mais je pars aux fleurs les yeux fermés ma femme Que je serai ta prochaine capture
Car vu que je les ai fermés souvent Je sais déjà que c'est par leur murmure
Je sais que tu prendras soin de mon âme Que les étangs mettent les fleuves en prison
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse Mais on a beau faire on a beau dire
Je veux qu'on s'amuse comme des fous Qu'un homme averti en vaut deux
Je veux qu'on rie On a beau faire on a beau dire
Je veux qu'on danse Ça fait du bien d'être amoureux
Quand c'est qu'on me mettra dans le trou
Je sais je sais que ce prochain amour
Ne vivra pas jusqu'au prochain été
Je sais déjà que le temps des baisers
Pour deux chemins ne dure qu'un carrefour
Je sais je sais que ce prochain bonheur
Sera pour moi la prochaine des guerres
Le plat pays Je sais déjà cette affreuse prière
Paroles et Musique: Jacques Brel 1962 Qu'il faut pleurer quand l'autre est le vainqueur
© 1964 Barclay - Ed. Semi/Plouchenel
Mais on a beau faire on a beau dire
Qu'un homme averti en vaut deux
Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague On a beau faire on a beau dire
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues Ça fait du bien d'être amoureux
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le cœur à marée basse Je sais je sais que ce prochain amour
Avec infiniment de brumes à venir Sera pour nous de vivre un nouveau règne
Avec le vent de l'est écoutez-le tenir Dont nous croirons tous deux porter les chaînes
Le plat pays qui est le mien Dont nous croirons que l'autre a le velours
Je sais je sais que ma tendre faiblesse
Avec des cathédrales pour uniques montagnes Fera de nous des navires ennemis
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne Mais mon cœur sait des navires ennemis
Où des diables en pierre décrochent les nuages Partant ensemble pour pêcher la tendresse
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir Car on a beau faire car on a beau dire
Avec le vent d'ouest écoutez-le vouloir Qu'un homme averti en vaut deux
Le plat pays qui est le mien On a beau faire on a beau dire
Ça fait du bien d'être amoureux
Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler
Le tango funèbre
Avec le vent du nord écoutez-le craquer Paroles et Musique: J. Brel/G. Jouannest 1964
Le plat pays qui est le mien
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Des anges fous se protégeant
Ah je les vois déjà Quand se retrouvent en courant
Compassés et frileux Les amants
Suivant comme des artistes Les amants de cœur
Mon costume de bois Les amants
Ils se poussent du cœur
Pour être le plus triste Ils s'aiment s'aiment à la folie
Ils se poussent du bras S'effeuillant à l'ombre des feux
Pour être le premier Se découvrant comme deux fruits
Z'ont amené des vieilles Puis se trouvant n'être plus deux
Qui ne me connaissaient plus Se dénouant comme velours
Z'ont amené des enfants Se reprenant au petit jour
Qui ne me connaissaient pas Et s'endormant les plus heureux
Pensent aux prix des fleurs Les amants
Et trouvent indécent Les amants de cœur
De ne pas mourir au printemps Les amants
Quand on aime le lilas
Ah Ah Ah Ah Ah Ah Ils s'aiment s'aiment en tremblant
Le cœur mouillé le cœur battant
Ah je les vois déjà Chaque seconde est une peur
Tous mes chers faux amis Qui croque le cœur entre ses dents
Souriant sous le poids Ils savent trop de rendez-vous
Du devoir accompli Où ne vinrent que des facteurs
Ah je te vois déjà Pour n'avoir pas peur du loup
Trop triste trop à l'aise Les amants
Protégeant sous le drap Les amants de cœur
Tes larmes lyonnaises Les amants
Tu ne sais même pas
Sortant de mon cimetière Ils s'aiment s'aiment en pleurant
Que tu entres en ton enfer Chaque jour un peu moins amants
Quand s'accroche à ton bras Quand ils ont bu tout leur mystère
Le bras de ton quelconque Deviennent comme sœur et frère
Le bras de ton dernier Brûlent leurs ailes d'inquiétude
Qui te fera pleurer Redeviennent deux habitudes
Bien autrement que moi Alors changent de partenaire
Ah Ah Ah Ah Ah Ah Les amants
Les amants de cœur
Ah je me vois déjà Les amants
M'installant à jamais
Bien triste bien au froid Qui s'aiment s'aiment en riant
Dans mon champ d'osselets Qui s'aiment s'aiment pour toujours
Ah je me vois déjà Qui s'aiment tout au long du jour
Je me vois tout au bout Qui s'aiment s'aiment s'aiment tant
De ce voyage-là Qu'on dirait des anges d'amour
D'où l'on revient de tout Des anges fous se protégeant
Je vois déjà tout ça Quand ils se retrouvent en courant
Et on a le brave culot Les amants
D'oser me demander Les amants de cœur
De ne plus boire que de l'eau Les amants
De ne plus trousser les filles
De mettre de l'argent de côté
D'aimer le filet de maquereau
Et de crier vive le roi
Ah Ah Ah Ah Ah Ah Les bergers
Paroles et Musique: Jacques Brel 1964
Les amants de cœur Parfois ils nous arrivent avec leurs grands chapeaux
Et leurs manteaux de laine que suivent leurs troupeaux
Paroles et Musique: Jacques Brel 1964 Les bergers
© Éditions Musicales Eddie Barclay Ils montent du printemps quand s'allongent les jours
Ou brûlés par l'été descendent vers les bourgs
Les bergers
Ils s'aiment s'aiment en riant Quand leurs bêtes s'arrêtent pour nous boire de l'eau
Ils s'aiment s'aiment pour toujours Se mettent à danser à l'ombre d'un pipeau
Ils s'aiment tout au long du jour Les bergers
Ils s'aiment s'aiment s'aiment tant
Qu'on dirait des anges d'amour Entre l'en est de vieux entre l'en est de sages
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Qui appellent au puits tous les vieux du village Alors que c'est de tout leur cœur
Les bergers Alors que c'est de tout leur corps
Ceux-là ont des histoires à nous faire telles peurs Qu'elles trichent
Que pour trois nuits au moins nous rêvons des frayeurs Lorsqu'elles broutent le mari
Des bergers Ou lorsqu'elles broutent le diamant
Ils ont les mêmes rides et les mêmes compagnes Sur l'asphalte bleu de Paris
Et les mêmes senteurs que leurs vieilles montagnes Les biches
Les bergers Qu'on les chasse à coups de rubis
Ou qu'elles nous chassent au sentiment
Entre l'en est de jeunes entre l'en est de beaux Elles sont notre plus bel ennemi
Qui appellent les filles à faire le gros dos Les biches de vingt ans
Les bergers
Ceux-là ont des sourires qu'on dirait une fleur Elles sont notre pire ennemi
Et des éclats de rire à faire jaillir de l'eau Lorsqu'elles savent leur pouvoir
Les bergers Mais qu'elles savent leur sursis
Ceux-là ont des regards à vous brûler la peau Les biches
A vous défiancer à vous clouer le cœur Quand un chasseur est une chance
Les bergers Quand leur beauté se lève tard
Quand c'est avec toute leur science
Mais tous ils nous bousculent qu'on soit filles ou garçons Qu'elles trichent
Les garçons dans leurs rêves les filles dans leurs frissons Trompant l'ennui plus que le cerf
Les bergers Et l'amant avec l'autre amant
Alors nous partageons le vin et le fromage Et l'autre amant avec le cerf
Et nous croyons une heure faire partie du voyage Qui biche
Des bergers Mais qu'on les chasse à la folie
C'est un peu comme Noël Noël et ses trésors Ou qu'elles nous chassent du bout des gants
Qui s'arrêteraient chez nous aux Équinoxes d'or Elles sont notre pire ennemi
Les bergers Les biches d'après vingt ans
Après ça ils s'en vont avec leurs grands chapeaux Elles sont notre dernier ennemi
Et leurs manteaux de laine que suivent leurs troupeaux Quand leurs seins tombent de sommeil
Les bergers Pour avoir veillé trop de nuits
Ils montent du printemps quand s'allongent les jours Les biches
Ou brûlés par l'été descendent vers les bourgs Quand elles ont le pas résigné
Les bergers Des pèlerins qui s'en reviennent
Quand leurs bêtes ont fini de nous boire notre eau Quand c'est avec tout leur passé
Se remettent en route à l'ombre d'un pipeau Qu'elles trichent
Les bergers les bergers les bergers Afin de mieux nous retenir
Nous qui ne servons à ce temps
Qu'à les empêcher de vieillir
Les biches
Mais qu'on les chasse de notre vie
Les biches Ou qu'elles nous chassent parce qu'il est temps
Paroles et Musique: J. Brel/G. Jouannest 1962 Elles restent notre dernier ennemi
Les biches de trop longtemps
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Les bigotes Il a fait jaillir des jets d'eau
Et patati et patata Qui mieux qu'un geste
Mes oreilles commencent à siffler Mieux qu'un mot
Les bigotes Rafraichiront ton amoureux
Penchée vers le sol
Vêtues de noir comme Monsieur le Curé Tu gerbes le blé
Qui est trop bon avec les créatures Et si parfois ton jupon vole
Elles s'embigotent les yeux baissés Pardonne-moide regarder
Comme si Dieu dormait sous leurs chaussures Les trésors que vient dévoiler
De bigotes Pour mon plaisir le vent frivole
Donne-moi la main
Le soleil a paru
Il nous faut prendre le chemin Les bonbons (version 1964)
Le temps des moissons est venu Paroles et Musique: Jacques Brel 1964
Le blé nous a tant attendu
Et nous attendons trop de pain
Ta main sur mon bras Je vous ai apporté des bonbons
Pleine de douceur Parce que les fleurs c'est périssable
Bien gentiment demandera Puis les bonbons c'est tellement bon
De vouloir épargner les fleurs Bien que les fleurs soient plus présentables
Ma faucille les évitera Surtout quand elles sont en boutons
Pour éviter que tu ne pleures Mais je vous ai apporté des bonbons
39
Je vous ai apporté des bonbons
Je viens rechercher mes bonbons Les bourgeois c'est comme les cochons
Quand père m'agace moi je lui fais zop la Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Je traite ma mère de névropathe Les bourgeois c'est comme les cochons
Faut dire que père est vachement bat Plus ça devient vieux plus ça devient c...
Alors que mère est un peu snob
Enfin tout ça c'est le conflit des générations Le cœur au repos
Les yeux bien sur terre
Je viens rechercher mes bonbons Au bar de l'hôtel des "Trois Faisans"
Et tous les samedis soir que j'peux Avec maître Jojo
Germaine, j'écoute pousser mes ch'veux Et avec maître Pierre
Je fais glou glou je fais miam miam Entre notaires on passe le temps
Je défile criant: paix au Vietnam Jojo parle de Voltaire
Parce qu'enfin enfin j'ai des opinions Et Pierre de Casanova
Et moi, moi qui suis resté le plus fier
Je viens rechercher mes bonbons Moi, moi je parle encore de moi
Mais c'est ça votre jeune frère Et c'est en sortant vers minuit Monsieur le Commissaire
Mademoiselle Germaine, c'est celui qu'est flamingant Que tous les soirs de chez la Montalant
De jeunes "peigne-culs" nous montrent leur derrière
Je vous ai apporté des bonbons En nous chantant
Parce que les fleurs c'est périssable
Les bonbons c'est tellement bon Les bourgeois c'est comme les cochons
Bien que les fleurs soient plus présentables Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Surtout quand elles sont en boutons Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient c...
Je vous ai apporté des bonbons ...
40
Les désespérés
42
Les amants à s'aimer Ça se joue de vous
{2x} Les filles
Ça joue à jouer
Ça joue à aimer
Ça joue pour gagner
Les filles
Qu'elles jouent les petites femmes
Les filles et les chiens Qu'elles jouent les grandes dames
Paroles et Musique: J. Brel/G. Jouannest 1963 Ça se joue en drames
Mais les chiens
Ça ne joue à rien
Les filles Parce que ça ne sait pas
C'est beau comme un jeu Comment faut tricher
C'est beau comme un feu Les chiens
C'est beaucoup trop peu Ça ne joue a rien
Les filles C'est peut-être pour ça
C'est beau comme un fruit Qu'on croit les aimer
C'est beau comme la nuit
C'est beaucoup d'ennuis Les filles
Les filles Ça donne à rêver
C'est beau comme un renard Ça donne à penser
C'est beau comme un retard Ça vous donne congé
C'est beaucoup trop tard Les filles
Les filles Ça se donne pourtant
C'est beau tant que ça peut Ça se donne un temps
C'est beau comme l'adieu Ça donnant donnant
Et c'est beaucoup mieux Les filles
Mais les chiens Ça donne de l'amour
C'est beau comme des chiens A chacun son tour
Et ça reste là Ça donne sur la cour
A nous voir pleurer Les filles
Les chiens Ça vous donne son corps
Ça ne nous dit rien Ça se donne si fort
C'est peut-être pour ça Que ça donne des remords
Qu'on croit les aimer Mais les chiens
Ça ne vous donne rien
Les filles Parce que ça ne sait pas
Ça vous pend au nez Faire semblant de donner
Ça vous prend au thé Les chiens
Ça vous prend les dés Ça ne vous donne rien
Les filles C'est peut-être pour ça
Ça vous pend au cou Qu'on doit les aimer
Ça vous pend au clou
Ça dépend de vous Et c'est pourtant pour les filles
Les filles Qu'au moindre matin
Ça vous pend au cœur Qu'au moindre chagrin
Ça se pend aux fleurs On renie ses chiens
Ça dépend des heures
Les filles
Ça dépend de tout
Ça dépend surtout
Ça dépend des sous
Les flamandes
Mais les chiens Paroles et Musique: Jacques Brel 1959
Ça ne dépend de rien
Et ça reste là
A nous voir pleurer Les Flamandes dansent sans rien dire
Les chiens Sans rien dire aux dimanches sonnants
Ça ne nous dit rien Les Flamandes dansent sans rien dire
C'est peut-être pour ça Les Flamandes ça n'est pas causant
Qu'on croit les aimer Si elles dansent c'est parce qu'elles ont vingt ans
Et qu'à vingt ans il faut se fiancer
Les filles Se fiancer pour pouvoir se marier
Ça joue au cerceau Et se marier pour avoir des enfants
Ça joue du cerveau C'est ce que leur ont dit leurs parents
Ça se joue tango Le bedeau et même Son Eminence
Les filles L'Archiprêtre qui prêche au couvent
Ça joue l'amadou Et c'est pour ça et c'est pour ça qu'elles dansent
Ça joue contre joue Les Flamandes
Les Flamandes
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Les Fla - Les Fla - Les Flamandes L'érotisme et la gymnastique
Tout ça dresse une muraille de Chine
Les Flamandes dansent sans frémir Entre le pauvre ami Pierrot
Sans frémir aux dimanches sonnants Et sa fugace Colombine
Les Flamandes dansent sans frémir Dans les jardins du casino
Les Flamandes ça n'est pas frémissant
Si elles dansent c'est parce qu'elles ont trente ans Les musiciens frétillent des moustaches
Et qu'à trente ans il est bon de montrer Et du violon et du saxo
Que tout va bien que poussent les enfants Quand la polka guide la démarche
Et le houblon et le blé dans le pré De la beauté du casino
Elles font la fierté de leurs parents Quelques couples protubérants
Et du bedeau et de Son Eminence Dansent comme des escalopes
L'Archiprêtre qui prêche au couvent Avec des langueurs d'héliotropes
Et c'est pour ça et c'est pour ça qu'elles dansent Devant les faiseuses de cancan
Les Flamandes Un colonel encivilé présente
Les Flamandes À de fausses duchesses
Les Fla - Les Fla - Les Flamandes Compliments et civilités
Et baise-main et rond de fesses
Les Flamandes dansent sans sourire Tout ça n'arrange pas on le devine
Sans sourire aux dimanches sonnants Les affaires du pauvre Pierrot
Les Flamandes dansent sans sourire Cherchant fugace Colombine
Les Flamandes ça n'est pas souriant Dans les jardins du casino
Si elles dansent c'est qu'elles ont septante ans
Qu'à septante ans il est bon de montrer Et puis le soir tombe par taches
Que tout va bien que poussent les petits-enfants Les musiciens rangent leurs saxos
Et le houblon et le blé dans le pré Et leurs violons et leurs moustaches
Toutes vêtues de noir comme leurs parents Dans les jardins du casino
Comme le bedeau et comme Son Eminence Les jeunes filles rentrent aux tanières
L'Archiprêtre qui radote au couvent Sans ce jeune homme ou sans ce veuf
Elles héritent et c'est pour ça qu'elles dansent Qui devait leur offir la litière
Les Flamandes Où elles auraient pondu leur œuf
Les Flamandes Les vieux messieurs rentrent au bercail
Les Fla - Les Fla - Les Flamandes Retrouver le souvenir jauni
De leur madame Bovary
Les Flamandes dansent sans mollir Qu'ils entretiennent vaille que vaille
Sans mollir aux dimanches sonnants Il ne demeure que l'opaline
Les Flamandes dansent sans mollir De l'âme du pauvre Pierrot
Les Flamandes ça n'est pas mollissant Pleurant fugace colombine
Si elles dansent c'est parce qu'elles ont cent ans Dans les jardins du casino
Et qu'à cent ans il est bon de montrer Du casino
Que tout va bien qu'on a toujours bon pied
Et bon houblon et bon blé dans le pré
Elles s'en vont retrouver leurs parents
Et le bedeau et même Son Eminence
L'Archiprêtre qui repose au couvent Les Marquises
Et c'est pour ça qu'une dernière fois elles dansent Paroles et Musique: Jacques Brel 1977
Les Flamandes
Les Flamandes Ils parlent de la mort
Les Fla - Les Fla -Les Flamandes. Comme tu parles d'un fruit
Ils regardent la mer
Comme tu regardes un puit
Les femmes sont lascives
Les jardins du casino Au soleil redouté
Et s'il n'y a pas d'hiver
Paroles et Musique: J. Brel/G. Jouannest 1964 Cela n'est pas l'été
La pluie est traversière
Elle bat de grain en grain
Les musiciens sortent leurs moustaches Quelques vieux chevaux blancs
Et leurs violons et leurs saxos Qui fredonnent Gauguin
Et la polka se met en marche Et par manque de brise
Dans les jardins du casino Le temps s'immobilise
Où glandouillent en papotant Aux Marquises
De vieilles vieilles qui ont la galatouille
Et de moins vieilles qui ont la chatouille Du soir montent des feux
Et des messieurs qui ont le temps Et des pointes de silence
Passent aussi indifférents Qui vont s'élargissant
Quelques jeunes gens faméliques Et la lune s'avance
Qui sont encore confondant Et la mer se déchire
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Infiniment brisée J'aime pas les troupeaux
Par des rochers qui prirent Qui ne voient pas plus loin
Des prénoms affolés Que le bout de leur coteau
Et puis plus loin des chiens Qui avancent en reculant
Des chants de repentance Qui se noient dans un verre d'eau bénite
Des quelques pas de deux Et dès que le vent se lève
Et quelques pas de danse Montrent le bas de leur dos
Et la nuit est soumise Désolé, bergère
Et l'alizé se brise J'aime pas les troupeaux
Aux Marquises
Désolé, bergère
Le rire est dans le cœur J'aime pas les bergers
Le mot dans le regard Désolé, bergère
Le cœur est voyageur J'aime pas les bergers
L'avenir est au hasard Il pleut, il pleut, bergère
Et passent des cocotiers Prends garde à te garder
Qui écrivent des chants d'amour Prends garde à te garder, bergère
Que les sœurs d'alentour Un jour tu vas bêler
Ignorent d'ignorer Désolé, bergère
Les pirogues s'en vont J'aime pas les bergers
Les pirogues s'en viennent
Et mes souvenirs deviennent
Ce que les vieux en font
Veux tu que je dise
Gémir n'est pas de mise Les paumés du petit matin
Aux Marquises Paroles et Musique: J. Brel/F. Rauber 1962
Les remparts de Varsovie Madame promène son chien un boudin noir nommé Byzance
Paroles et Musique: Jacques Brel 1977 Madame traîne son enfance et change selon les circonstances
Madame promène partout son accent russe avec aisance
C'est vrai que Madame est de Valence
Madame promène son cul sur les remparts de Varsovie
Madame promène son cœur sur les ringards de sa folie
Madame promène son ombre sur les grand-places de l'Italie
Je trouve que Madame vit sa vie
Les singes
Madame promène à l'aube les preuves de ses insomnies Paroles et Musique: Jacques Brel 1961
Madame promène à ch'val ses états d'âmes et ses lubies
Madame promène un con qu'assure que madame est jolie
Je trouve que Madame est servie Avant eux avant les culs pelés
La fleur l'oiseau et nous étions en liberté
Tandis que moi tous les soirs je suis vestiaire à l'Alcazar Mais ils sont arrivés et la fleur est en pot
Madame promène l'été jusque dans le midi d'la France Et l'oiseau est en cage et nous en numéro
Madame promène ses seins jusque dans le midi de la chance Car ils ont inventé prisons et condamnés
Madame promène son spleen jusqu'au bord du lac de Constance Et casiers judiciaires et trous dans la serrure
Je trouve Madame de circonstances Et les langues coupées des premières censures
Et c'est depuis lors qu'ils sont civilisés
Madame promène son chien un boudin noir nommé Byzance Les singes les singes les singes de mon quartier
Madame traîne son enfance et change selon les circonstances Les singes les singes les singes de mon quartier
Madame promène partout son accent russe avec aisance
C'est vrai que Madame est de Valence Avant eux il n'y avait pas de problème
Quand poussaient les bananes même pendant le Carême
Tandis que moi tous les soirs je suis barman à l'Alcazar Mais ils sont arrivés bardés d'intolérances
Madame promène son ch'veu qu'a la senteur des nuits de Chine Pour chasser en apôtres d'autres intolérances
Madame promène son regard sur tous les vieux qui ont des Car ils ont inventé la chasse aux Albigeois
usines La chasse aux infidèles et la chasse à ceux-là
Madame promène son rire comme d'autres promènent leur La chasse aux singes sages qui n'aiment pas chasser
vaseline Et c'est depuis lors qu'ils sont civilisés
Je trouve que Madame est coquine Les singes les singes les singes de mon quartier
Les singes les singes les singes de mon quartier
Madame promène ses cuites de verre en verre de fine en fine
Madame promène les gènes de vingt mille officiers de marine Avant eux l'homme était un prince
Madame raconte partout qu'on m'appelle Tata Jacqueline La femme une princesse l'amour une province
Je trouve Madame mauvaise copine Mais ils sont arrivés le prince est un mendiant
La province se meurt la princesse se vend
Tandis que moi tous les soirs je suis chanteuse légère à Car ils ont inventé l'amour qui est un péché
l'Alcazar L'amour qui est une affaire le marché aux pucelles
Madame promène ses mains dans les différents corps d'armée Le droit de courte-cuisse et les mères maquerelles
Madame promène mes sous chez des demi-selles de bas Et c'est depuis lors qu'ils sont civilisés
quartiers Les singes les singes les singes de mon quartier
Madame promène carosse qu'elle voudrait bien me voir tirer Les singes les singes les singes de mon quartier
Je trouve que Madame est gonflée
Avant eux il y avait paix sur terre
Madame promène banco qu'elle veut bien me laisser régler Quand pour dix éléphants il n'y avait qu'un militaire
Madame promène bijoux qu'elle veut bien me laisser facturer Mais ils sont arrivés et c'est à coups de bâtons
Madame promène ma Rolls que pour suivre quelque huissier Que la raison d'État a chassé la raison
Je trouve que Madame est pressée Car ils ont inventé le fer à empaler
Et la chambre à gaz et la chaise électrique
Tandis que moi tous les soirs je fais la plonge à l'Alcazar Et la bombe au napalm et la bombe atomique
Madame promène son cul sur les remparts de Varsovie Et c'est depuis lors qu'ils sont civilisés
Madame promène son cœur sur les ringards de sa folie Les singes les singes les singes de mon quartier
Madame promène son ombre sur les grand-places de l'Italie Les singes les singes les singes de mon quartier
Je trouve que Madame vit sa vie
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Ça sautille Juste un soupir
Ça se met en vrille Et ils meurent
Ça se recroqueville Une valise sur le cœur
Ça rêve d'être un lapin
Peu importe
D'où ils sortent
Mes feuilles mortes
Quand le vent les porte Les toros
Devant nos portes 1963
On dirait qu'ils portent © Éditions Musicales Pouchenel, Bruxelles
Une valise dans chaque main
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Elle est tellement tout ça
Elle est toute ma vie Ay Marieke Marieke revienne le temps
Madeleine qui ne viendra pas Revienne le temps de Bruges et Gand
Ay Marieke Marieke revienne le temps
Demain j'attendrai Madeleine Où tu m'aimais de Bruges à Gand
Je rapporterai du lilas
J'en rapporterai toute la semaine Ay Marieke Marieke le soir souvent
Madeleine elle aimera ça Entre les tours de Bruges et Gand
Demain j'attendrai Madeleine Ay Marieke Marieke tous les étangs
On prendra le tram trente-trois M'ouvrent leurs bras de Bruges à Gand
Pour manger des frites chez Eugène De Bruges à Gand de Bruges à Gand
Madeleine elle aimera ça
Madeleine c'est mon espoir
C'est mon Amérique à moi
Tant pis si elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Gaspard Mathilde
Demain j'attendrai Madeleine Paroles et Musique: J. Brel, G. Jouannest 1964
On ira au cinéma
Je lui dirai des "je t'aime"
Madeleine elle aimera ça Ma mère voici le temps venu
D'aller prier pour mon salut
Mathilde est revenue
Bougnat tu peux garder ton vin
Ce soir je boirai mon chagrin
Marieke Mathilde est revenue
Paroles et Musique: J. Brel/J. Brel-G. Jouannest 1961 Toi la servante toi la Maria
Vaudrait peut-être mieux changer nos draps
Mathilde est revenue
Ay Marieke Marieke je t'aimais tant Mes amis ne me laissez pas
Entre les tours de Bruges et Gand Ce soir je repars au combat
Ay Marieke Marieke il y a longtemps Maudite Mathilde puisque te v'là
Entre les tours de Bruges et Gand
Mon cœur mon cœur ne t'emballe pas
Zonder liefde warme liefde Fais comme si tu ne savais pas
Waait de wind de stomme wind Que la Mathilde est revenue
Zonder liefde warme liefde Mon cœur arrête de répéter
Weent de zee de grijze zee Qu'elle est plus belle qu'avant l'été
Zonder liefde warme liefde La Mathilde qui est revenue
Lijdt het licht het donk're licht Mon cœur arrête de bringuebaler
En schuurt het zand over mijn land Souviens-toi qu'elle t'a déchiré
Mijn platte land mijn Vlaanderland La Mathilde qui est revenue
Mes amis ne me laissez pas
Ay Marieke Marieke le ciel flamand Dites-moi dites-moi qu'il ne faut pas
Couleur des tours de Bruges et Gand Maudite Mathilde puisque te v'là
Ay Marieke Marieke le ciel flamand
Pleure avec moi de Bruges à Gand Et vous mes mains restez tranquilles
C'est un chien qui nous revient de la ville
Zonder liefde warme liefde Mathilde est revenue
Waait de wind c'est fini Et vous mes mains ne frappez pas
Zonder liefde warme liefde Tout ça ne vous regarde pas
Weent de zee déjà fini Mathilde est revenue
Zonder liefde warme liefde Et vous mes mains ne tremblez plus
Lijdt het licht tout est fini Souvenez-vous quand je vous pleurais dessus
En schuurt het zand over mijn land Mathilde est revenue
Mijn platte land mijn Vlaanderland Vous mes mains ne vous ouvrez pas
Ay Marieke Marieke le ciel flamand Vous mes bras ne vous tendez pas
Pesait-il trop de Bruges à Gand Sacrée Mathilde puisque te v'là
Ay Marieke Marieke sur tes vingt ans
Que j'aimais tant de Bruges à Gand Ma mère arrête tes prières
Ton Jacques retourne en enfer
Zonder liefde warme liefde Mathilde m'est revenue
Lacht de duivel de zwarte duivel Bougnat apporte-nous du vin
Zonder liefde warme liefde Celui des noces et des festins
Brandt mijn hart mijn oude hart Mathilde m'est revenue
Zonder liefde warme liefde Toi la servante toi la Maria
Sterft de zomer de droeve zomer Va tendre mon grand lit de draps
En schuurt het zand over mijn land Mathilde m'est revenue
Mijn platte land mijn Vlaanderland Amis ne comptez plus sur moi
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Je crache au ciel encore une fois Et c'est Paris l'ennui
Ma belle Mathilde puisque te v'là te v'là La gare où s'accomplit
La dernière déchirure
Et c'est Paris fini
Loin des yeux loin du cœur
Chassé du paradis
Mes prénoms de Paris Et c'est Paris chagrin
Paroles et Musique: J. Brel/G. Jouannest 1961 Mais une lettre de toi
Une lettre qui dit oui
Et c'est Paris demain
Le soleil qui se lève Des villes et des villages
Et caresse les toits Les roues tremblent de chance
Et c'est Paris le jour C'est Paris en chemin
La Seine qui se promène Et toi qui m'attends là
Et me guide du doigt Et tout qui recommence
Et c'est Paris toujours Et c'est Paris je reviens.
Et mon cœur qui s'arrête
Sur ton cœur qui sourit
Et c'est Paris bonjour
Et ta main dans ma main
Qui me dit déjà oui Mon enfance
Et c'est Paris l'amour
Le premier rendez-vous
A l'Ile Saint-Louis Mon enfance passa
C'est Paris qui commence De grisailles en silences
Et le premier baiser De fausses révérences
Volé aux Tuileries En manque de batailles
Et c'est Paris la chance L'hiver j'étais au ventre
Et le premier baiser De la grande maison
Reçu sous un portail Qui avait jeté l'ancre
Et c'est Paris romance Au nord parmi les joncs
Et deux têtes qui se tournent L'été à moitié nu
En regardant Versailles Mais tout à fait modeste
Et c'est Paris la France Je devenais indien
Pourtant déjà certain
Des jours que l'on oublie Que mes oncles repus
Qui oublient de nous voir M'avaient volé le Far West
Et c'est Paris l'espoir
Des heures où nos regards Mon enfance passa
Ne sont qu'un seul regard Les femmes aux cuisines
Et c'est Paris miroir Où je rêvais de Chine
Rien que des nuits encore Vieillissaient en repas
Qui séparent nos chansons Les hommes au fromage
Et c'est Paris bonsoir S'enveloppaient de tabac
Et ce jour-là enfin Flamands taiseux et sages
Où tu ne dis plus non Et ne me savaient pas
Et c'est Paris ce soir Moi qui toutes les nuits
Une chambre un peu triste Agenouillé pour rien
Où s'arrête la ronde Arpégeais mon chagrin
Et c'est Paris nous deux Au pied du trop grand lit
Un regard qui reçoit Je voulais prendre un train
La tendresse du monde Que je n'ai jamais pris
Et c'est Paris tes yeux
Ce serment que je pleure Mon enfance passa
Plutôt que ne le dis De servante en servante
C'est Paris si tu veux Je m'étonnais déjà
Et savoir que demain Qu'elles ne fussent point plantes
Sera comme aujourd'hui Je m'étonnais encore
C'est Paris merveilleux De ces ronds de famille
Flânant de mort en mort
Mais la fin du voyage Et que le deuil habille
La fin de la chanson Je m'étonnais surtout
Et c'est Paris tout gris D'être de ce troupeau
Dernier jour, dernière heure Qui m'apprenait à pleurer
Première larme aussi Que je connaissais trop
Et c'est Paris la pluie J'avais L'œil du berger
Ces jardins remontés Mais le cœur de l'agneau
Qui n'ont plus leur parure
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Mon enfance éclata Et Londres n'est plus
Ce fut l'adolescence Comme avant le déluge
Et le mur du silence Le poing de Bruges
Un matin se brisa Narguant la mer
Ce fut la première fleur Londres n'est plus
Et la première fille Que le faubourg de Bruges
La première gentille Perdu en mer
Et la première peur Perdu en mer
Je volais je le jure
Je jure que je volais Mais mon père disait
Mon cœur ouvrait les bras C'est le vent du nord
Je n'étais plus barbare Qui portera en terre
Mon corps sans âme
Et la guerre arriva Et sans colère
C'est le vent du nord
Et nous voilà ce soir. Qui portera en terre
Mon corps sans âme
Face à la mer
C'est le vent du nord
Qui me fera capitaine
Mon Père disait D'un brise-lames
Paroles et Musique: Jacques Brel 1967 Ou d'une baleine
C'est le vent du nord
Qui me fera capitaine
Mon père disait D'un brise-larmes
C'est l'vent du nord Pour ceux que j'aime
Qui fait craquer les digues
A Scheveningen
À Scheveningen, petit
Tellement fort
Qu'on ne sait plus qui navigue Ne me quitte pas
La mer du nord Paroles et Musique: Jacques Brel 1959
Ou bien les digues
C'est le vent du nord
Qui transperce les yeux Ne me quitte pas
Des hommes du nord Il faut oublier
Jeunes ou vieux Tout peut s'oublier
Pour faire chanter Qui s'enfuit déjà
Des carillons de bleus Oublier le temps
Venus du nord Des malentendus
Au fond de leurs yeux Et le temps perdu
A savoir comment
Mon père disait Oublier ces heures
C'est le vent du nord Qui tuaient parfois
Qui fait tourner la tête A coups de pourquoi
Autour de Bruges Le cœur du bonheur
Autour de bruges, petit Ne me quitte pas
C'est le vent du nord Ne me quitte pas
Qu'a raboté la terre Ne me quitte pas
Autour des tours Ne me quitte pas
Des tours de Bruges
Et qui fait qu'nos filles Moi je t'offrirai
Ont l'regard tranquille Des perles de pluie
Des vieilles villes Venues de pays
Des vieilles villes Où il ne pleut pas
Qui fait qu'nos belles Je creuserai la terre
Ont le cheveu fragile Jusqu'après ma mort
De nos dentelles Pour couvrir ton corps
De nos dentelles D'or et de lumière
Je ferai un domaine
Mon père disait Où l'amour sera roi
C'est le vent du nord Où l'amour sera loi
Qu'a fait craquer la terre Où tu seras reine
Entre Zeebruges Ne me quitte pas
Entre Zeebruges, petit Ne me quitte pas
C'est le vent du Nord Ne me quitte pas
Qu'a fait craquer la terre Ne me quitte pas
Entre Zeebruges et l'Angleterre
Ne me quitte pas
52
Je t'inventerai Au cinéma de son whisky
Des mots insensés
Que tu comprendras Ni tout cela ni rien au monde
Je te parlerai Ne sait pas nous faire oublier
De ces amants-là Ne peut pas nous faire oublier
Qui ont vu deux fois Qu'aussi vrai que la terre est ronde
Leurs cœurs s'embraser On n'oublie rien de rien
Je te raconterai On n'oublie rien du tout
L'histoire de ce roi On n'oublie rien de rien
Mort de n'avoir pas On s'habitue c'est tout
Pu te rencontrer
Ne me quitte pas Ni ces jamais ni ces toujours
Ne me quitte pas Ni ces je t'aime ni ces amours
Ne me quitte pas Que l'on poursuit à travers cœurs
Ne me quitte pas De gris en gris de pleurs en pleurs
Ni ces bras blancs d'une seule nuit
On a vu souvent Collier de femme pour notre ennui
Rejaillir le feu Que l'on dénoue au petit jour
D'un ancien volcan Par des promesses de retour
Qu'on croyait trop vieux
Il est paraît-il Ni tout cela ni rien au monde
Des terres brûlées Ne sait pas nous faire oublier
Donnant plus de blé Ne peut pas nous faire oublier
Qu'un meilleur avril Qu'aussi vrai que la terre est ronde
Et quand vient le soir On n'oublie rien de rien
Pour qu'un ciel flamboie On n'oublie rien du tout
Le rouge et le noir On n'oublie rien de rien
Ne s'épousent-ils pas On s'habitue c'est tout
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas Ni même ce temps où j'aurais fait
Ne me quitte pas Mille chansons de mes regrets
Ne me quitte pas Ni même ce temps où mes souvenirs
Prendront mes rides pour un sourire
Ne me quitte pas Ni ce grand lit où mes remords
Je ne vais plus pleurer Ont rendez-vous avec la mort
Je ne vais plus parler Ni ce grand lit que je souhaite
Je me cacherai là A certains jours comme une fête
A te regarder
Danser et sourire Ni tout cela ni rien au monde
Et à t'écouter Ne sait pas nous faire oublier
Chanter et puis rire Ne peut pas nous faire oublier
Laisse-moi devenir Qu'aussi vrai que la terre est ronde
L'ombre de ton ombre On n'oublie rien de rien
L'ombre de ta main On n'oublie rien du tout
L'ombre de ton chien On n'oublie rien de rien
Ne me quitte pas On s'habitue c'est tout
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas.
Orly
Paroles et Musique: Jacques Brel 1977
On n'oublie rien
Paroles et Musique: J. Brel/G. Jouannest 1961 Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
On n'oublie rien de rien La pluie les a soudés
On n'oublie rien du tout Semble-t-il l'un à l'autre
On n'oublie rien de rien Ils sont plus de deux mille
On s'habitue c'est tout Et je ne vois qu'eux deux
Et je les sais qui parlent
Ni ces départs ni ces navires Il doit lui dire: je t'aime
Ni ces voyages qui nous chavirent Elle doit lui dire: je t'aime
De paysages en paysages Je crois qu'ils sont en train
Et de visages en visages De ne rien se promettre
Ni tous ces ports ni tous ces bars C'est deux-là sont trop maigres
Ni tous ces attrape-cafard Pour être malhonnêtes
Où l'on attend le matin gris
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Ils sont plus de deux mille L'amour le lui a dit
Et je ne vois qu'eux deux Revoilà l'inutile
Et brusquement ils pleurent Elle vivra ses projets
Ils pleurent à gros bouillons Qui ne feront qu'attendre
Tout entourésqu'ils sont La revoilà fragile
D'adipeux en sueur Avant que d'être à vendre
Et de bouffeurs d'espoir Je suis là je le suis
Qui les montrent du nez Je n'ose rien pour elle
Mais ces deux déchirés Que la foule grignote
Superbes de chagrin Comme un quelconque fruit
Abandonnent aux chiens
L'exploir de les juger