L’écart à l’équilibre x(t) d’un chariot de masse m attaché à un ressort de raideur k > 0
satisfait
mx′′ + λx′ + kx = 0
λ k
où λ > 0 modélise les frottements. On posera pour simplifier α = 2m
et ω02 = m
3. Calculer une forme réduite de etA (c’est-à-dire P etA P −1 pour une matrice de
changement de base P ), puis donner sur un dessin l’allure des solutions de
X ′ = AX en tant que courbes paramétrées de R2 (i.e. le portrait de phase)
dans chacun des cas suivants :
(a) frottements importants, i.e. α2 > ω02 ; on montrera que les courbes X(t)
solutions de l’équation différentielle présentent alors une asymptote pour t →
∞
(b) frottements faibles, i.e. 0 < α2 < ω02
(c) mouvement sans frottements, i.e. α = 0; on montrera que les solutions X(t)
sont des ellipses.
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4. Mêmes questions dans le cas intermédiaire α2 = ω02 . Montrer en particulier que
les solutions X(t) présentent une asymptote pour t → ∞
Corrigé du problème :
2. Les valeurs propres sont solutions de PA (λ) = λ2 + 2αλ + ω02 = 0 où PA (λ) =
det(A − λI) est le polynôme caractéristique de A. On distingue donc 3 possibilités,
selon le signe du discriminant ∆ = α2 − ω02 :
√
(a) si ∆ > 0 : les valeurs propres sont λ± = −α ± ∆, toutes deux réelles et
distinctes (et négatives). La matrice A est donc diagonalisable dans R.
(b) si ∆ = 0 : −α est valeur propre double. La matrice A ne peut pas être diag-
onalisable, sinon elle serait égale à −αI car on aurait alors A = P (−αI)P −1
√
(c) si ∆ < 0 : les valeurs propres sont µ± = −α ± i −∆, imaginaires conjuguées.
La matrice A est donc diagonalisable dans C mais pas dans R.
(a) α2 > ω02 . On est dans le cas du 2. (a). Il existe une base de R2 formée de
vecteurs propres v− , v+ de la matrice A et, en notant P la matrice dont les
colonnes sont v+ , v− , on obtient
( )
λ+ 0
A=P P −1 , P ∈ GLn (R)
0 λ−
2
Les fonctions y1 (t) et y2 (t) sont donc monotones, tendent vers 0 quand t →
+∞ et vers +∞ quand t → −∞. De√plus :
• si y10 ̸= 0, alors y2 (t)/y1 (t) = e−2t ∆ → 0, donc l’axe Oy1 est asymptote
pour t → +∞.
• si y10 = 0, la trajectoire est contenue dans l’axe Oy2 , qui est alors asymptote
pour t → +∞.
Ces propriétés permettent de donner l’allure des solutions en tant que courbes
paramétrées de R2 , comme indiqué dans la figure 2.1 cas α2 > ω02 :
(b) 0 < α2 < ω02 . On est dans le cas 2. (c) et nous allons utiliser le même
raisonnement que pour obtenir la réduction de Jordan réelle. Soit w = a+ib ∈
C2 un vecteur propre non nul de A associé à µ+ . On sait que a et b ∈ R2 sont
linéairement indépendants (sinon a ou b serait un vecteur propre réel associé
à la valeur propre non réelle µ+ , ce qui est impossible). De plus, en identifiant
les parties réelles et imaginaires de l’expression Aw = µ+ w, on obtient
Aa = ℜe (µ+ ) a − ℑm (µ+ ) b, et Ab = ℑm (µ+ ) a + ℜe (µ+ ) b
En notant P la matrice dont les vecteurs colonnes sont a et b, il vient
( ) ( √ )
−1 ℜe (µ+ ) ℑm (µ+ ) −α
√ −∆
P AP = = , P ∈ GLn (R)
−ℑm (µ+ ) ℜe (µ+ ) − −∆ −α
Pour calculer etA , il suffit de remarquer que w = a+ib√ est aussi vecteur
√ propre
de etA associé à la valeur propre etµ+ = e−αt (cos( −∆t) + i sin( −∆t)). Le
raisonnement ci-dessus s’applique donc aussi à etA et on obtient :
( )
−1 tA ℜe (etµ+ ) ℑm (etµ+ )
P e P =
−ℑm (etµ+ ) ℜe (etµ+ )
( √ √ )
−αt cos( √−∆t) sin( √−∆t)
=e
− sin( −∆t) cos( −∆t)
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Pour Y (t) = P −1 X(t), on obtient
( √ √ )
−αt cos( √−∆t) sin( √−∆t) √
Y (t) = e Y (0) = e−αt Rot(− −∆t)Y (0)
− sin( −∆t) cos( −∆t)
où Rot(θ) désigne la rotation d’angle θ. Les courbes Y (t) ”spiralent” donc
vers 0 quand t → +∞, le sens de rotation dans les coordonnées Y étant le
sens trigonométrique inverse (voir figure 2.2 ).
(c) α = 0. On est à nouveau dans le cas 2. (c). Comme au (b), la matrice A peut
se mettre sous la forme
( )
0 −ω0
A=P P −1 , P ∈ GLn (R)
ω0 0
Ainsi les courbes Y (t) décrivent des cercles, et les courbes X(t) = P Y (t)
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décrivent des ellipses (voir figure 2.3 ).
4. Quand α2 = ω02 , on est dans le cas 2. (b). Soient v ∈ R2 un vecteur propre non nul
de A (associé à −α ) et w ∈ R2 tels que (v, w) forme une base de R2 . L’image de
w par A s’écrit Aw = βw + γv, avec γ ̸= 0 puisque w ne peut pas être un vecteur
propre. Quitte à remplacer v par v/γ, on peut de plus supposer γ = 1. D’autre
part on a forcément β = −α : en effet, d’après le théorème de Cayley-Hamilton,
PA (A) = (A + αI)2 = 0, d’où (A + αI)2 w = (β + α)2 w + (β + α)v = 0, ce qui
implique β = −α puisque v et w sont linéairement indépendants. En notant P la
matrice dont les vecteurs colonnes sont v et w, on obtient donc
( )
−α 1
A=P P −1 , P ∈ GLn (R)
0 −α
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Les fonctions y1 (t) et y2 (t) tendent vers 0 quand t → +∞, vers +∞ quand t →
−∞, mais y1 (t) n’est pas monotone. De plus :
- si y20 ̸= 0, alors, pour t suffisamment grand,
y2 (t) y20 1
= 0 0
∼ →0
y1 (t) y1 + ty2 t
donc l’axe Oy1 est asymptote et les fonctions y1 et y2 ont même signe pour
t → +∞
- si y20 = 0, la trajectoire est contenue dans l’axe Oy1 , qui est à nouveau asymptote.
On obtient alors l’allure des solutions de la figure 2.4 .
(a) Si λ1 ̸= λ2 sont toutes les deux réelles, A est diagonalisable dans R, c’est-à-
dire qu’il existe P ∈ GL2 (R) telle que
( )
−1 λ1 0
P AP =
0 λ2
On a alors ( )
etλ1 0
etA
=P P −1
0 etλ2
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et l’allure des solutions dépend des signes respectifs de λ1 et λ2 . On a
représenté les différentes possibilités dans la figure 2.5, où E1 (resp. E2 )
est le sous-espace caractéristique - ici égal au sous-espace propre - associé à
la valeur propre λ1 (resp. λ2 ).
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(c) Si les valeurs propres sont égales, λ1 = λ2 := λ, alors elles sont réelles, et il
existe P ∈ GL2 (R) telle que
( )
−1 λ a
P AP = , a = 0 ou 1
0 λ
et donc, [ ( )]
1 at
etA
=P e tλ
P −1
0 1
Les solutions peuvent avoir plusieurs formes différentes, représentées dans la
figure 2.7, selon le signe de λ et la valeur de a :
- si a = 0 et λ ̸= 0, A est diagonalisable et s’écrit donc comme A = λI; les
solutions décrivent des demi-droites et tendent vers 0 ou s’en éloignent selon
le signe de λ;
- si a = 0 et λ = 0, A est la matrice nulle et les solutions sont toutes
constantes;
- si a = 1, A est non diagonalisable, c’est-à-dire que le sous-espace propre
∆ = ker(A − λI) associé à λ est de dimension 1.
Si λ ̸= 0, l’étude est la même qu’à la question 4.
Si λ = 0, les trajectoires sont des droites parallèles à ∆ et leur équation, en
coordonnées y = P −1 x, est y1 (t) = y1 (0) + ty2 (0), y2 (t) = y2 (0)
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