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Premières réflexions sur le sujet de dissertation de géographie.

Concours d'entrée à ENS/LSH de Lyon 04/2011 F Arnal

Transporter l'énergie

Introduction sur le décalage production consommation et problématique des flux et des réseaux
structurant les territoires de l’énergie.

Des échanges d'énergie très déséquilibrés et mondialisés.

Les fortes discordances entre zones de production et de consommation entraînent des échanges qui se traduisent
par des flux et exigent des systèmes de transport spécifiques. La production, la consommation et le transport de
l’énergie engendrent des nuisances et même des risques.

En quoi le fait de transporter l’énergie structure t-il les territoires de production et de consommation, quelles
sont les conséquences en terme d’aménagement, de conflit ou d’environnement ?

Raffinerie dans le Golfe de Corinthe Grêce 2010. Photo F Arnal


Les flux de transport d’énergie illustrent la dépendance énergétique des espaces de consommation qui ne
produisent pas sur place l’énergie –de stock- dont ils ont besoin. Cette dépendance a été construite par la
recherche de ressources, d’abord charbonnières puis pétrolières, pour répondre aux besoins croissants des
sociétés développées durant le XIX° et XXe siècle, et d’abord le besoin en carburants.

Les flux de transport de l’énergie sont donc une construction spatiale qui résulte en grande partie de
l’utilisation de l’énergie dans le transport, le pétrole, qui est l’énergie la moins substituable.

Cette dépendance explique l’importance prise par ces transports de l’énergie : valeur des cargaisons,
importance considérable des équipements logistiques, acceptation du risque, recherche de nouvelles ressources
ou diversification des approvisionnements qui démultiplient les flux d’énergie transportée.

Transporter l’énergie dessine un monde complexe en espaces interdépendants et parfois imbriqués.

Les énergies sont transportées selon des modalités diverses sur des espaces d’échelle variée.

Le pétrole : mondialisé dans ses flux où la voie maritime domine : rappel des grandes routes, tankers, rôle et
articulation spatiale des oléoducs…

Les autres énergies fossiles (gaz, charbon) : spécificité matérielle et contraintes de transport.

La spécificité de l’électricité : difficulté de stockage, pertes en ligne, réseaux nationaux, enjeux


d’interconnexion.

Des réseaux structurants et pour des durées longues (électricité, gaz) qui relient (gazoducs) ou divisent
(réseaux électriques non connectés)

A plus grande échelle, le transport de l’énergie est producteur de territoires fortement individualisés.
Pétrolier dans le port du Pirée. Grêce 2010. Photo F Arnal

Des installations logistiques d’ampleur exceptionnelle : espaces portuaires d’abord (pétrole, mais aussi gaz et
charbon). A échelle un peu plus petite, des processus de littoralisation sur les lieux de départ (port d’exportation
souvent monofonctionnel, mais exemples de tentatives d’industrie industrialisante) et ceux d’arrivée (ports :
espaces complexes, pôles de développement économique producteurs d’espaces structurants). Rôle des réseaux
de distribution : par points de distribution (essence) ou par réseau domestique (électricité, gaz).

Contrastes entre espaces desservis ou non, à différentes échelles : pays du N, peu de contrastes ; pays du S
contrastes à échelle d’un pays (villes/campagnes) ou d’une ville (quartiers informels non connectés), avec tous
les effets que cela produit : temps de collecte du bois –c’est aussi un transport d’énergie-, alphabétisation,
encadrement sanitaire, connexion « au monde »… Elément de différenciation socio-spatiale au S et de plus en
plus au N (augmentation des coûts et paupérisation de certains ménages).
Pétrolier dans le Golfe de Corinthe Grêce 2010. Photo F Arnal

I Les routes de l’énergie : par terre et par mer

A. Des flux très mondialisés : entre pléthore et dépendance énergétique.

• Les flux du charbon : proximité des marchés et des centres de production : les pays noirs de l'Europe
occidentale : l’invention du chemin de fer dans les bassins charbonniers ; (St Etienne Andrézieux)
• Les flux du pétrole et de gaz : de plus en plus lointains et massifs
• Les flux secondaires : l'uranium ou l'électricité

B. L’approche macro-régionale à travers deux ou trois exemples.

• La Caspienne ou la Russie/Europe
• La Méditerranée : des flux Sud Nord
• Le Golfe Persique ou l'Amérique du Nord
Les routes de l'énergie dans le Caucase Source P. Rekacewicz 2011

C. Les routes locales

• Vers les ports d’exportations. ex. de l'Algérie, du golfe Persique ou du Tchad


• Vers les foyers de consommation : l'approvisionnement de l'Europe (en gaz ou autres)

II. Comment transporter l’énergie ?

A. La nécessité de maîtriser des techniques de plus en plus sophistiquées

• Les navires « de l’énergie » : pétroliers et méthaniers


• La diversité des conduites : tubes et tuyaux
• Le transport de l’électricité : des lignes et des marchés libéralisés
Centrale hydroélectrique dans la montagne corse. F Arnal 2010

B. L’importance des réseaux

• Les ports, interfaces de l’énergie


• les réseaux, centres et périphéries (péninsules énergétiques: Bretagne)
• L’énergie comme facteur d’industrialisation : le cas des Alpes du Nord (houille blanche et
électrométallurgie)

C. Le nécessaire stockage de l’énergie

• Avant le transport
• Près des lieux de transformation (raffineries) ou de consommation
• le stockage des déchets (après leur transport)

III. Risques et enjeux autour du transport de l’énergie

A. Points névralgiques et routes stratégiques

• Les détroits (Malacca, Bosphore ou Ormuz)


• Les canaux transocéaniques (Suez)
• Les territoires à enjeux : l'île de Kharg.
Le terminal de l'île de Kharg en Iran (Golfe Persique) Source Google Earth 2011

B. Les accidents et les problèmes majeurs : transporter l'énergie présente des risques

• Les risques géopolitiques : l'ex de la crise ukrainienne ou de l’Asie centrale (approvisionnement de la


Chine ou du Pakistan)
• Les risques technologiques : les marées noires, dégazages, fuites des tubes.
• La contestation sur les transports à risque le combustible nucléaire à traiter (trains ou navires pour la
Hague).
Source P. Rekacewicz 2011

C. Sécuriser les approvisionnements

• Par une politique d’accords à long terme : les contrats gaziers, les consortiums
• Par une surveillance accrue des transports de l’énergie : la surveillance des côtes bretonnes le plan
Polmar, le rail d’Ouessant.
• Lutter contre les pillages ou gaspillages : le cas du Nigéria. Rôle de la contrebande (transport de
l’essence en bouteille, jerricans aux frontières de pays producteurs pauvres (Afrique occidentale ou
kurdes, Iran).

Conclusion :

L’énergie du transport, tout comme le transport de l’énergie génèrent des nuisances environnementales de plus
en plus identifiées et auxquelles les opinions sont de plus en plus sensibles.

La conflictuelle maîtrise de l’énergie génère des risques géopolitiques majeurs sur son transport. Les enjeux de
captation de la richesse se reportent sur le transport, maillon le plus vulnérable de la chaîne de l’énergie.

Plus que jamais la politique énegétique des Etats passe par la maîtrise du transport et de l'acheminement sécurisé
de l'énergie.

Article rédigé en collaboration avec Joël Rousselot (Khâgne Camille Jullian Bordeaux) et François Guyon
(Khâgne fustel de Coulanges Strasbourg)

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