Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
La Charte des Nations unies, parfois appelée Charte de San Francisco, est le traité qui définit
les buts et les principes de l'Organisation des Nations unies ainsi que la composition, la mission et
les pouvoirs de ses organes exécutifs (le Conseil de sécurité), délibératifs (l'Assemblée générale),
judiciaires (la Cour internationale de justice) et administratifs (le Conseil économique et social,
le Conseil de tutelle et le Secrétariat). Elle a été adoptée à la fin de la conférence de San
Francisco, le 26 juin 1945.
Histoire
La Charte est le fruit d'un long processus, dont les prémices se trouvent dans les divers traités
internationaux, notamment en matière de droit de la guerre, de droit maritime et des frontières et
de droit international signés à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, actant l'échec de la Société
des Nations créée en 1919. Elle fait suite à plusieurs traités et déclarations, plus ou moins
formels, publiés entre 1941 et 1944 entre les Alliés de la Seconde Guerre mondiale :
La Charte
Le texte intégral de la charte est librement accessible sur le site de l'Organisation des Nations
Unies1.
Préambule
Préambule de la Charte.
Voici son préambule, datée du 26 juin 1945 :
« Nous, Peuples des Nations Unies
Résolus
à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie
humaine a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances,
à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la
valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des
nations, grandes et petites,
à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des
traités et autres sources du droit international,
à favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus
grande,
Et à ces fins
à pratiquer la tolérance, à vivre en paix l’un avec l’autre dans un esprit de bon voisinage,
à unir nos forces pour maintenir la paix et la sécurité internationales,
à accepter des principes et instituer des méthodes garantissant qu’il ne sera pas fait usage de
la force des armes, sauf dans l’intérêt commun,
à recourir aux institutions internationales pour favoriser le progrès économique et social de tous
les peuples,
Avons décidé d’associer nos efforts pour réaliser ces desseins
en conséquence, nos gouvernements respectifs, par l’intermédiaire de leurs représentants, réunis
en la ville de San Francisco, et munis de pleins pouvoirs reconnus en bonne et due forme, ont
adopté la présente Charte des Nations Unies et établissent par les présentes une organisation
internationale qui prendra le nom de Nations Unies. »
La formulation du préambule a été principalement inspirée par Jan Christiaan Smuts, qui était
le Premier ministre d'Afrique du Sud, et un soldat, juriste, philosophe, homme d'Etat, et pionnier
du Commonwealth. À une réunion sur la vieille de la Conférence de San Francisco, son
préambule proposé, qui a déclaré une « foi commun », a été bien accueilli par les ministres du
Commonwealth. À San Francisco, Smuts a souligné le besoin d'une déclaration des idéaux qui
rallierait l'opinion mondiale en faveur du Charte. La question du préambule a été adressée à une
commission, qui a amendé le brouillon de la délégation d'Afrique du Sud.2
Le préambule contient des idées qui ne sont pas mentionnées dans les autres parties de la
Charte, telles que l'égalité de droits des hommes et des femmes, la dignité et la valeur de la
personne humaine, et «pratiquer la tolérance». L'objectif du sous-comité à la Conférence de San
Francisco pour leur inclusion a été de « donner au Préambule les termes et un ton qui
conduiraient leur direction aux cœurs des hommes »3
Composition de la Charte
Elle comporte un préambule, 19 chapitres et 111 articles, ainsi qu'une note préliminaire sur les
amendements ultérieurs. Les chapitres forment six ensembles :
1. Les chapitres I à III définissent les buts et principes (chap. I), le statut des membres et les
conditions d'admission à l'Organisation (chap. II), enfin les organes de l'Organisation et les
conditions d'admission de leurs membres ;
2. Les chapitres IV, V, X, XIII, XIV et XV traitent (dans cet ordre) des cinq organes principaux :
l'Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social, le Conseil
de tutelle, la Cour internationale de Justice et le Secrétariat. Sauf pour les deux derniers,
chacun de ces chapitres est divisé en quatre sous-parties :
o Composition
o Fonctions et pouvoirs
o Vote
o Procédure
3. Les chapitres VI à IX et XI à XII définissent les attributions propres à trois de ces organes :
o Chapitres VI à VIII : attributions du Conseil de sécurité
o Chapitre IX et X : attributions du Conseil économique et social y compris sur le plein
emploi et droits de l'homme
o Chapitres XI et XIII : attributions du Conseil de tutelle chargé des territoires sous
tutelle des Nations Unies (en), concept ayant remplacé les mandats de la SDN. Ces
dispositions ont aussi été utilisées par la suite dans le cadre d'administration transitoire
de territoires par les Nations unies, par exemple avec la MINUK au Kosovo, créée par
la résolution 1244 du Conseil de sécurité (1999), ou au Timor oriental, avec
l'ATNUTO créée au même moment.
4. Enfin, les chapitres XVI à XIX traitent des questions d'ordre général (dispositions diverses,
chap. XVI; Dispositions transitoires de sécurité, chap. XVII) ou concernant la Charte même
(Amendements, chap. XVIII ; ratification et signature, chap. XIX).
Chapitre VII
Le chapitre VII de la Charte (art. 39-51), intitulé « Action en cas de menace contre la paix, de
rupture de la paix et d'acte d'agression », est celui qui permet notamment l'entrée en guerre, et qui
a été utilisé, par exemple, pendant la guerre de Corée.
Les résolutions du Conseil de sécurité prises au titre du chapitre VII sont peut-être ce qui
s'approche le plus d'un gouvernement mondial, dans la mesure où elles possèdent une force
juridique contraignante. On peut citer, parmi celles-ci, la résolution 1 373 adoptée à l'unanimité
des membres du Conseil de sécurité le 28 septembre 2001, qui impose à tous les États Membres
de l'ONU des modifications de législation, en particulier en ce qui concerne la législation sur le
terrorisme, sur l'immigration et le contrôle aux frontières.
En septembre 2008, la Cour de justice des Communautés européennes, dans l'arrêt Kadi et
Yusuf, a jugé que l'application des résolutions du Conseil de sécurité par l'Union
européenne devait respecter les principes fondamentaux du droit communautaire.
En revanche, la Cour européenne des droits de l'homme s'était déclarée incompétente pour juger
d'actes attribués par les demandeurs aux États participant à la KFOR après la fin officielle de
la guerre au Kosovo (Behrami c. France et Saramati c. France, Allemagne et Norvège, 2006).
Organes
Ils sont définis dans le chapitre III, article 7, alinéa 1. Il existe six organes principaux :
Femmes
L'adoption d'une disposition en faveur de l'égalité femmes-hommes ainsi que la création d'une
commission spéciale sur les femmes, est due en grande partie au rôle de déléguées latino-
américaines, qui ont dû faire face à l'opposition de certaines déléguées occidentales. À l'époque
de l'adoption de la charte, les femmes ont le droit de vote dans 30 des 50 pays présents à la
conférence ; on compte par ailleurs seulement 3 % déléguées. Quatre femmes signent la charte
(la Brésilienne Bertha Lutz, la Dominicaine Minerva Bernardino (en), la Chinoise Wu Yi-
fang (en) et l'Américaine Virginia Gildersleeve) mais seules les deux premières soutiennent cette
insertion : Bertha Lutz se rappelle ainsi que sa demande avait été jugée « vulgaire » par Virginia
Gildersleeve. La Brésilienne lui avait répondu : « Nous savons aussi que l'on a toujours considéré
à travers les siècles que les femmes étaient comprises dans le terme général d'« homme », et
nous savons aussi que ceci a toujours eu pour résultat d'empêcher les femmes de prendre part
aux affaires publiques ». Les noms d'autres déléguées du Brésil, d'Uruguay, du Mexique, de la
République dominicaine et d'Australie qui poursuivirent ce combat lors de la conférence visant à
adopter la charte ne sont cependant pas mentionnés4.
En septembre 1975, l'ONU organisera la première conférence mondiale sur les femmes (première
conférence mondiale sur les femmes (en))5, alors que 1975 est déclaré « Année internationale
des femmes ». En 2010 est créé l'ONU Femmes.