:Système d’érosion en milieu tropical humide et équatorial
V-1 Système d’érosion en milieu tropical V-1-1- Processus d’érosion en milieu tropical V-1-2- Modelés en milieu tropical V-2 Système d’érosion en milieux forestiers (équatoriaux) V-2-1- Processus d'érosion en milieu équatorial V-2-2-Le modelé en milieu équatorial
V-1 Système d’érosion en milieu tropical
V-1-1Processus d’érosion en milieu tropical
Le processus d’érosion en milieu tropical se déroule en deux étapes : l’altération chimique et le ruissellement V-1-1-1 L’altération chimique En milieu tropical, la chaleur abondante et permanente favorise les bactéries qui détruisent l’humus qui assure le maintien en place des éléments utiles du sol (argile et sels minéraux). Cet argile se décompose en alumine et silice. La silice et tous les sels minéraux nutritifs sont facilement entrainés par les pluies. Dans les régions à longue saison sèche, les sels de fer entraînés en profondeur pendant la saison des pluies remontent par capillarité vers la surface lors de la saison sèche. Leur concentration croissante vers la surface aboutit à une précipitation des sels qui s’agrègent et forment une cuirasse latéritique absolument imperméable, très dure et infertile. Sur les surfaces planes, l'enrichissement en hydroxydes provient, en réalité, d'une élimination progressive de la silice. Dans les bas-fonds vers lesquels convergent les eaux de ruissellement et de lessivage, chargées en produits solubles, la précipitation, qui s'opère au niveau des engorgements saisonniers, réalise, au contraire, une accumulation absolue. L’existence d'une saison sèche entraîne donc la formation de sols le plus souvent ferrugineux.
V-1-1-2 Le transport par ruissellement
Le ruissellement n'a d'efficacité que lors des premières averses de la saison pluvieuse, qui frappent un sol dénudé et desséché au cours de la saison sèche. Il peut alors raviner les versants en roches meubles et provoquer des éboulements des corniches définies par des roches cohérentes, des carapaces ou des cuirasses
V-1-2Modelés en milieu tropical
Dans les roches cristallines se trouvant dans les pays de savanes, les pluies saisonnières entraînent l’arène formée sur les versants ; elles dégagent le noyau rocheux, qui apparaît au- dessus de la plaine comme une île au milieu de la mer ; d’où le nom d’inselberg
V-2 Système d’érosion en milieux forestiers (tropicaux)
Le milieu équatorial, en raison de l’abondance et la permanence de la chaleur et de l’humidité abondante est considéré comme un milieu de forêt dense.
V-2-1 Processus d'érosion en milieu équatorial
18 L’eau est l’agent essentiel, renforcé par le dioxyde de carbone de l'atmosphère et par les acides humiques issus de la décomposition rapide de la matière organique fournie en abondance par la puissante couverture forestière. La chaleur permanente l'attaque des roches, altération biochimique qui domine sur les actions mécaniques.
V-2-1-1 L’altération des roches
En milieu équatorial, les hautes températures provoquent la déshydratation et la précipitation des oxydes. Dans les régions équatoriales aux pluies presque permanentes, la couche supérieure de la latérite est lessivée
V-2-1-2 Le transport des altérites
En milieu équatorial, la forêt, avec son dense réseau de racines qui courent à fleur de sol, constitue une protection efficace contre la perte du matériau. Néanmoins, on assiste ici et là à des actions de mobilisation des altérites meubles. Divers modes de déplacement peuvent se distinguer - La reptation qui consiste en déplacements imperceptibles des particules superficielles, causés par des ruptures d'équilibre dues à des impacts des gouttes d'eau ou aux activités des animaux fouisseurs (vers, insectes, par exemple). - Le ruissellement hypodermique. Ici, l'évacuation des éléments solubles et des colloïdes se fait par le ruissellement hypodermique, qui se produit en subsurface le long des versants et alimente les marigots par les sourcins. - Le ruissellement de surface. Le rôle du ruissellement superficiel paraît plus négligeable, qu'il s'exerce selon les multiples filets anastomosés
V-2-1 Le modelé en milieu équatorial
La reptation et le ruissellement introduisent une certaine diversité sur les versants du milieu équatorial. Mais, les modelés observés ici varient avant tout en fonction de la nature plus ou moins argileuse ou sableuse des altérites fournies par des roches mères différentes. Très souvent, la prédominance des convexités signale la prédominance de la reptation. Dans les épaisses altérites dérivant de la pourriture de noyaux de granite ou de gneiss se manifestent des modelés peu fréquents en « demi-oranges » Ils confèrent aux basses plaines disséquées l'aspect d'un moutonnement de collines forestières, séparées par un dédale de vallons parfois élargis en cuvettes marécageuses. L'insignifiance de la concavité et du colluvionnement, à leur base, traduit la faiblesse du ruissellement par rapport aux infiltrations trahies par la fréquence des suintements et des sourcins. Dans les altérites très argileuses et compactes le ruissellement, relativement plus actif, même sous une forme concentrée, développe alors la concavité des profils aux dépens de la convexité sommitale. Les longs versants des montagnes en matériel cristallin sont accidentés par les coupoles, les dômes ou les pitons rocheux et qui dominent les plaines matelassées par les altérites. On sait maintenant que ces reliefs dénudés, aux versants lisses et abrupts, correspondent à des formes structurales dégagées par l'érosion différentielle dans des plates-formes granito-gneissiques, bien avant notre époque et selon des modalités différentes. Ces « pains de sucre » ou ces « 19 mornes » évoluent, désormais, en fonction d'une exfoliation qui détache les épaisses lames rocheuses définies par un réseau de diaclases courbes. Enfin, dans les karsts tropicaux (Chine du Sud, Cuba, Jamaïque), on trouve des dolines en cônes. Les dolines sont des dépressions plus ou moins arrondies de la surface dans laquelle le calcaire a été dissout par l’eau de pluie, provoquant l’affaissement du sous-sol. Les argiles de décalcification (résidus de la dissolution chimique du calcaire) s’accumulent au fond de ces dolines, retenant l’eau et rendant ces surfaces fertiles et cultivables. Si le fond de la doline continue à se creuser, on peut avoir formation d’un gouffre ou aven. Lorsque plusieurs dolines se réunissent, on parle d'ouvala. Les avens sont des gouffres caractéristiques des régions karstiques. Ils sont le plus souvent formés par l’effondrement de la voûte d’une cavité souterraine au cours de la dissolution du calcaire. Un aven communique généralement avec une grotte souterraine et tout un réseau de galeries. Les formes aériennes (exokarst) comprennent les canyon et avens, résultant de l'effondrement du toit de galeries et de salles proches de la surface, les dolines, dépressions circulaires où s'infiltrent les eaux de surface, les ouvalas, résultant de la coalescence de plusieurs dolines, les poljés, plaines karstiques endoréiques où s'observent des reliefs résiduels ou mogotes.