S. DE SECHELLES
Colr-ecrtoN D'oRTHoPHoNIE
Sous la direction de A. MoncoN
* li;ïtirr,'n+:i et
ii ',t,; ;i lt ltt I i-.r;;
Ce ntrale
MASSON M
Paris Milan Barcelone Bonn
1993
l
I
Introduction
l. Le cerveau..........................". -5
6
Audition
'7
La vue et le toucher.
1
Les messages kinesthésiques ..... "........ " "'
9
Désorienter la conscience phronologique
Durée de la rééducation 54
Arêt de la rééducation 56
Ce trayail est un hommage
Chaque cas, de même que chaque être, est unique""""""""""' 51 à Suzanne Bonnz_M,usouiv.
Évidence 58 Qu'elle soit remen:iée une .fois encore
59 pour ses recherch.es inLassables,
La famille, sa parole......'
sttn honnèteté intellacrurlle,
61 sa générosité sans limites,
4. La phonétique..................'. pour tous les c.hemins
La phonétique instrumentale....'.............. 61 qu'elle d outerts en orthoph.onie.
La phonétique historique'.. 64
65
Les phonèmes et leur rééducation..
Les voyelles 65 Passant des. largues au langage, cle la phonétique
11
à la parole,
Les consonnes ............."'.... l)our aboutir à I'orthophonie...
Phonèmes intermédiaires entre voyelles Comment citer tous les auteurs, professeurs, collègues,
16 amis qui
et consorules constrictives rrr'ont aidée à penser, donc à vivrô?
6. Le travail en groupe 19 Ma reconnaissance aussi va vers eux.
84 Les études d'orthophonie n'étaient pas encore créées.
La rééducation.................'.. Les ou-
vrages que Suzanne Borel-Maisonny a écrits, seule
89
ou en coliabo_
7. Le matériel
89
'.tion, ses travaux,
spécialistes,
ses échanges avec une grande variété de
m'ont formée pou.i" métier.
Les glaces en acier inoxydable"..
Les guide-langue................ 90 ll y a de nombreuses années, j,ai été accueillie dans son groupe
tlc collaboratrices. Et M'" Borel va forcément reconnaîtrelr"r
Glace-miroir 93
93 lrr, des choses qu'elle a pensées, dites, écrites
*
Le métronome................... avant moi.
Dans I'ensemble des sciences humaines, l'orthophonie
95 tient une
8. Psychologie et orthophonie.'.......'....' Place très modeste. Pa.rmi toutes_les composantes de l'orthophonie,
Les dessins 98 l. parole et I'articuration est celle qui pâraît la ptur riÀpi"';;;"
\ 100 lyser, la plus facile à éduquer ou à'rééàuquer.
Le cotps existe...............
En choisissant ce métier d,orthophoniste, j'imaginais
Conclusion... 103 un gagne_
pain tÈs << humain > mais sans prè@ntion, que
1à Aomin"rîiJ ia_
pidement et qui me laisserait du iemps pour
un tiavail passionnant
sur les'sons et le langage que je venaii d,entrevoir.
Et puis,_ p^:u à peu, le travail ofthophonique a dévoilé sa
complexité. chaque question résolue entraînait d'autres
qu"riionr.
Chaque cas exigeait réflexion et recherche.
Introduction Introduction
ceci n'est pas un traité de phonétique, mais une incitation à étudier Il est difficile de transmettre son expérience par des mots. << Les
la phonétiquè a"to"ll" et historique et à se tenir au courant de tous cxcmples vivants sont d'un autre pouvoir. >> Les rééducations
les^appareils concemant la parole qui s'inventent de jour en
jour' commentées aussi, sans doute. Cependant, un inconvénient d'im_
potrance existait : les démonstrations ne pouvaient se faire que sur
Ceci n'est pas un traité de médecine, mais une incitation à
les cas qui se présentaient pendant les stages. Et chaque fin de
s'intéresser atx recherches médicales en neurologie, anatomie,
stage laissait le regret du travail inachevé et inachevabl,e.
physiologie, chirurgie qui sont de plus en plus approfondies et
évoluent perpéruellement. Ce livre essaie d'effectuer un balayage aussi large que possible
des cas courants mais variés que I'on peut rencontrer, dès questions
Ceci n'est pas un traité de psychologie mais le psychisme imprègne
que I'on peut se poser, dans le cadre de I'orthophonie, au sujet de
toute la vie, il faut être conscient de son impact sur la pirole'
la parole er l'articulation qti, humblement, tiennent une plaôe in_
Toutes ces sciences approfondissent, affinent, d'année en année dispensable dans les composantes de I'orthophonie.
la connaissance de la Parole. ,, Que le problème soit examiné sous l'angle neuro-psychiatri_
Ce qui est proposé : un peu de I'expérience acquise pendant des que, neurologique, physiologique, otolaryngologique, il n'en n,est
années d'un pasiionnant travail. Je ne parle ici que de ce que
j'ai
p.as moins vrai que le trouble du langage, pour être corrigé par
vu, de q.r" j'ai fait, avec le désir d'aider les orthophonistes I'orthophoniste, doit être, avant tout, claire.ment défini dans-sa
débutants"" : ôe qui est expliqué dans ce livre n'a pas été aussi clair cause et dans sa naftire >> (lournal Français d'Oto-Rhino_Laryn_
et évident dès lès premières rééducations... ; avec le désir aussi de gologie, Bulletin de la Société Françaisè de phoniatrie, Volume
présenter aux parents, aux éducateurs, quelques aperçus sur la VII, Janvier 1958, p. 4).
complexité de la parole, sur ce qui peut en gôner I'acquisition, et La parole est une entité complexe. Il n'est pas toujours facile
cominent, dans la mesure du possible, seconder ies orthophonistes d'analyser le pourquoi et le comment des troubles présentés par
auprès des enfants dont ils ou elles ont la charge. les enfants amenés en rééducation.
L'intérêt porté à l'étude de la parole est fi.ès récent. 11 est déconcer- Les symptômes se présentent sous des formes multiples.
tant de l'ignorance générale des mécanismes qui sont à la Les causes peuvent aussi en être multiples :
"otritut"t
base de la parole, pourtant par excellence, une réalisation humaine.
A mesure qu'une science s'approfondit, on remplace, à juste ti-
- psychiques aa organiques,
tre, certains mots de tradition populaire, réalistes ou imagés, par - psychiques e/ organiques,
des termes plus scientifiques et aussi moins blessants. Par exemple - organiques er psychiques.
<< bec de lièvre > par << fente labiale >.
On peut faire une comparaison, simpliste mais évidente, entre :
pour exprimer sans périphrase les expériences, les connaissances 1. le psychisme une force
nouvelles, créer des mots devient nécessaire. Et l'on assiste à la 2. le cerveau et le moteur
naissance d'un nouveau langage, riche et précis' mais qui, bientôt, 3. le système tous les rouages
n'est compréhensible que pour les initiés' phonatoire d'un appareil
Toute participation, même superficielle, exige des non-initiés Pour activer une machine composée d'un moteur, de différents
l,étude du vocâbulaire donnant accès à la pensée. Souvent rebuté rrrécanismes, de courroies de transmission, la nécessité d'une force
par l'effort, chacun reste confiné dans sa spécialité, supprimant t'st évidente.
ainsi échange et enrichissement mufuel.
Si une courroie est cassée ou le moteur en mauvais état, le cou-
Le style employé ici peut étonner par sa simplicité"' C'est en runt seul ne mettro pas la machine en marche. On ne peut lout
fait une que I'orthophoniste engage, en imagination, t'um.ener au psychisme el seulement au psychisme.
"onu"rsuiiotr
avec toute personne intéressée par les cas présentés, quelle que
soit sa formation.
Introduction
Le cerveau
1
- reçoit des messages auditifs, visuels, tactiles,
kinesthésiq ues,
décode, invente, construit le langage,
émet les influx nerveux qui vont animer :
Le cerveau
Le système Phonatoire
- le souffle (montant des Poumons), Du cerveau partent les influx neryeux qui vont animer les or-
- la glotte, ganes et les muscles nécessaires à la parole, peu à peu adaptés par
- le voile, l'homme à cet usage : les praxies.
- le nez, Pour être capable de cette animation, il faut que le cerveau ait
- la bouche, capté les différents messages venus de I'extériêur : les gnosies,
pour atteindre les oreilles de l'auditeur par la chaîne parlée, par I'audition, par la vue, à un degré moindre par le touchir mais
succession de phonèmes. aussi par des messages kinésthésiques.
La surdité et l'éducation des sourds n'est pas le sujet de notre étude. En rééduquant des aveugles, on se rend compte du rôle important
cle la vue dans I'acquisition de la parole, et du rôle du ioucher
Mais, entre les entendants et les non-entendants, il existe les
rlars la rééducation.
mal-entendants à tous les degrés.
En rééduquant la parole des enfants, on décèle fréquemment des une petite aveugle, après une opération très bien réussie de division
hypoacousies, graves ou légères, séquelles de rhumes, d'otites, de lralatine, prononçait tous les phonèmes, sauf les labiales, p.b.m.f.v. qui
(:taient remplacés par t.d.n.s.z. un essai de répétition n'avaii
rhinopharyngites. Les hypoacousies sont souvent instables, et donc servi à rién.
Ary9g un temps de réflexion, la raison en parut évidente à l'orthophoniste r
tr" sotrt pas évidentes pour I'entourage. Les troubles apparaissant, l,a rééducation a consisté (en se lavant fréquemment les maini I'une et
disparaiJsant, selon l'état des oreilles et du rhino-pharynx' et selon I'autre) à poser les mains sur les lèvres de I une, puis de I'autre, à suivre
les saisons. L'otite séreuse, tout spécialement, est redoutable, pas- irvec un doigt le tracé des lèvres, à sentir le mouvement d'ouvefture. le
sant inaperçue. Ces hypoacousies sont fréquentes quand il y a mal- soulÏle émis, les vibrations ou les non-vibrations de la glotte, les légères
formatiôns organiques au niveau du cavum et des fosses nasales. vibrations des ailes du nez pour les nasales. La petite fllé était passio-nnée
ct les labiales se sont posées très vite.
Et I'on reproche à I'enfant son inattention, son entêtement alors
qu'il n'a pas entendu, dans les cas graves' ou pas bien compris c'est cette rééducation qui a appris à l'orthophoniste I'utilité de
dans les cas légers, ce qu'on veut lui faire répéter. L'audiogramme préciser les rééducations de parole, même chez les enfants sans
+ phonétique de M-" Borel peut rendre grand service en permettant Irandicap sensoriel, en développant I'attention visuelle et tactile, et
à l'orthophoniste de préciser ses intuitions. Et d'attirer, s'il y a cn se servanl de miroir tantôt pour Je regarder après noas avoir
lieu, l'attention des parents, des enseignants, des médecins, sur la lcgardés, tantôt en se regardant ensemble dans le même miroir.
nécessité d'un audiogranlme et de soins médicaux' Si I'enfant a
ce qui peut développer les aptitudes du cerveau apporte un
passé des mois, voire des années, à mal entendre' une fois guéri, .Tout
il présente parfois une sorte d'inertie auditive très compréhensible, ltlus à tuur individu.
puisque les centres cérébraux intéressés n'ont pas correctement
fonctionné, par manque de stimulation.
I1 faut alors I'aider à développer son attention auditive' à re- Les messages kinesthésiques
connaître des phonèmes sourds ou sonores, le bruit des objets, les
cris d'animaux, les sons dans les mots, etc. bien qu'il soit main- Normalement, comme cela peut paraître évident si l,on réfléchit,
tenant entendant. lrr parole s'installe par I'enchaînement suivant :
Donc un mouvement producteur de son va préciser la perception Pour cela, on fait répéter un son déjà acquis, aussi voisin que
de ce son et aider à son émission. possible du son cherché, tout en changeant délicatement la position
Les petits entendent, gazouillent, essaient de reproduire ce qu'ils tles lèvres et de la langue jusqu'à I'obtention du son voulu. Ce
ont déjà émis, de répéter ce qu'ils ont entendu, font de nombreux n'est pas toujours facile, mais le résultat est en général gratifiant.
essais avant d'émettre les sons de leur langue matemelle' Clela paraît un peu magique !
De même, dans l'apprentissage des langues étrangères, formées Dans les cas d'enfants très handicapés, c'est en déclenchant des
de phonèmes différents de ceux de notre langue. C'est en les sons involontaires, puis en suscitant leur répétition que I'on peut << es-
anaiysant, en les prononçant que nous arrivons à les percevoir et sayer >> de leur faire prendre conscience du son et du môuvement
à les émettre facilement, quand nous n'avons pas une oreille assez pour le faire prononcer peu à peu volontairement. euand les
fine pour le faire spontanément. commandes cenfales so.,nt atteintes, les neurologues qui soignent les
cnfants indiqueront aux orthophonistes où se situent rès lésiôns et ce
Cette évidence est apparue en début de carrière orthophonique
grâce à une patiente adulte. rlue I'on peut espérer récupérer.
Dans les débuts de I'orthophonie, il arrivait fréquemment des cefiaines lésions semblent entraîner des troubles irrécupérables...
Mais la plasticité du cerveau de I'enfant nous réserve qùelquefois
adultes dans les services hospitaliers. Les échanges avec les pa-
rlcs surprises. Ainsi un enfant atteint d'encéphalite herpétique, qui
tients étaient très instructifs.
était suivi au Centre Franchemont, est arrivé à communiquer par
Il s'est agi d'une jeune femme, pratiquement sans parole, présentant une la parole.
division palatine opérée, mais non rééduquée. D'un milieu rural, elle ffa-
vaillait sur la ferme de ses parents et avait passé toute sa scolarité à l'école
Il faut s'armer de patience pour de longues rééducations...
du village, au fond de la classe. Elte était considérée comme débile, à cause
des quelques sons rauques qu'elle émettait à I'occa'sion.
Le chirurgien parisien qui l'avait opérée à Saint-Michel avait l'excellente * Désorienter la conscience phonologique
habitude de faire des toumées en province pour visiter ses anciens opérés
I
(saluons-le au passage!). I'avait incitée à venir à Paris suivre une réédu-
cation (l'orthophonie était à ses débuts). Elle vivait seule dans une chambre Parfois, I'enfant n'a pas trouvé le mouvement nécessaire à
et gagnait sa vie, sans parler, en débarrassant 1es plateaux dans un libre-ser- l'émission d'un phonème; mais un mouvement défectueux s'est
vice. Elle était fine et intelligente. Toutes ses attentions envers son ortho- lié à ce phonème et il y a conditionnement.
phoniste ne peuvent s'oublier... Elle faisait des progrès rapides, mais_butait
Quand le son entendu déclenche un mouvement moteur défec-
iur le k... qu'elle qu'en soit I'approche tentée. Puis, un beaujour, elle I'avait tueux, les exercices de répétition sont rarement suivis d'un résultat
bien prononcé, et pendant un moment, concentrée, elle I'avait repété tout
valable...Ils selvent plutôt à renforcer les automatismes que l,on
bas < k... k... k... >> d'un air perplexe et enchanté.
c'est ça que vous vouliez me faire dire : k"' veut supprimer.
i'k...Puis elle a dit: <Ahl
je
k... maintenant, I'entends. > C'est alors qu'il faut < désorienter la conscience phonologique >.
Ce qu'elle voulait dire, sans doute, c'était: <je le perçois>. Et elle a
L'exemple le plus frappant est le cas d'une petite fille de six à
; expliqué que ce n'était que depuis qu'elle le prononçait qu'elle le re- sept
' connaissait auditivement.
irns, d'un niveau intellectuel normal, capable de suivre une scolarité noi-
rnale si sa parole n'avait pas été incompréhensible.
Le cerveau n'intègre pas facilement ce qu'il n'a pas perÇu et
'*analysé
unique enfant de sa mère qui l'avait attendue très tard. Grossesse nor-
à sa manière. nrale, début d'accouchement normal, et puis, le travail s'étant arrêté,
tésarienne faite en dernier ressort, un peu tardivement sans doute...
, Il ne faut pas que I'orthophoniste s'achame à essayer de faire Que s'était-il passé dans son ceryeau pendant cet arrêt de travail?
, répéter. Il faut s'ingénier à faire émettre le son cherché sans que L'enfant s'était élevée facilement, était en très bonne santé. Rien à
i le patient s'en doute. signaler du point de vue médical, rien à signaler du point de vue de
10 [,e cerveau
I'audition. C,était une jolie petite fille, un peu triste, avec une mère plus
très jeune, très angoissée, mais faisant confiance'
Examen rle sa parole : L'organisation cérébrale récepteur-émetteur
s'était faite de telle façon que :
- luettes bifides,
cirs-là, le chirurgien décide d'opérer, ce qui perrnettra au voile de
- divisions sous-muqueuses, jouer son rôle.
- voiles trop courts, une rééducation orthophonique sera peut-ôtre nécessaire dans
- voiles longs mais hypotoniques qui se relèvent et s'abaissent l'rrn et l'autre cas.
plus lentement que le débit de la parôle Voir le chapitre << les insuffisances vélaires non décelées >>'
* Il faut savoir que certains systèmes vocaliques n'ont pas le zzn. Cet exercice se fait avec une certaine force, vérifier qu'il n'en-
Par exemple, chez beaucoup de parisiens, le un se coniond avec llaîne pas un mouvement inconscient de fermeture de la glotte et
le in. ces deux phonèmes sont généralement différenciés chez les lcs coups de glotte.
Méridionaux.
Le souffle, dirigé vers la bouche, va aider à empêcher la déper-
si une intervention chirurgicale est en vue, plus le voile sera tlition nasale.
musclé et tonique, meilleur sera le résultat final-.
Voir le tableau des consonnes et faire des exercices d'assimila-
. Pl gur
de pharyngoplastie, il faudra entraîner les sphincters ar_ tion en passant d'une consonne à une consonne voisine.
tificiels à s'ouvrir et à se fermer. D'où utilité de ce typà d,exercice.
Il est déconseitlé cte faire des exercices de fermetur, ,iiqrr- t L'insuffisance vélaire et le sigmatisme nasal
ment : ainsi, après des exercices uniques er exagérés d'étévition
du voile, on a constaté des voiles qui se baissàent dfficilement Quand I'air sort par le nez, 7l peut y avoir :
et des sphincters qui manquaient d'élasticité. Ils se déperdition nasale ....' Passive
fermaient mais
ne s'ouvraient plus. souffle nasal ..........'... actif
Quel que soit le résultat obtenu par la rééducation, on constate Il peut y avoir aussi le lig-ry,4!!q11Lg 139a1, produ.it par un mau-
qu'après ces exercices d'opposition (qu'il faudra faire un certain vcmènt défectueux de la languè, et non-lar une ipquftisance v_é-
temps...), I'enfant perçoit mieux la différence enfte nasales et laire.
orales, qu'il reconnaît plus facilement les phonèmes dans les mots Pour savoir les reconnaître et faire la rééducation à bon escient,
(dictées par exemple) et qu'il émet des voyelles sinon parfaites, sc rappelèr ilue 1a déperdition nasale peut se constater sur I'en-
du moins différenciées et reconnaissables. semble de la parole, tandis quq le sigmat! m9 se pr-o-d-rgt
Le but recherché est de faciliter la communication. Même si la "?s31ry
que sur les constrictives.
perfection n'est pas obtenue, il faut se rejouir des progrès. vélaires peu audibles (voir les cas décrits
Il y a des insuffisanèês
-tVlobilisation du voile par assimilation tlans le chapitre qui y est consacré); là aussi une audition exercée
p voyelle la plus ouverte est en général celle qui s,oralise le rend service, de même, à un autre niveau, qu'une grande glace.
plus vite pendant la rééducation, On invente maintenant de multiples appareils pour de multiples
cxamens. C'est une aide remarquable. Mais cela ne peut remplacer
E lu plus antérieure, également. cntièrement l'expérience humaine.
. Faire prononcer ap... a, âp... â, avec la tenue du < p > la plus
longue possible. En se servant de la glace pour vérifier la non-
sortie de l'air par le nez.
Peu à peu, remplacer le << a > final par une voyelle de plus en Attention aux insuffisances vélaires légères
plus fermée, en maintenant la tenue dr ,. p >>, et en modifiant in- (non décelées comme telles au premier abord)
sensiblement le mouvement de la langue sans changer la position
du voile. S'il est important d'insister sur ces cas, c'est que I'un des dan-
gers de I'orthophonie est la spécialisation trop prématurée des or-
ap ....-a thophonistes.
-----------
I L'utilité des stages de fentes palatines, insuffisances vélaires, et
ap ..... ô up ..... oè ap .....è autres malformations, peut ne pas paraître évidente puisque ce type
i up ..... O ap ..... oé ap .....é de rééducation se présente ralement en libéral. Il est cependant
{ ap ..... ou ap ..... u ap ..... i indispensable, sinon d'apprendre à rééduquer les troubles afférents
20 Système phonatoire Voile 21
prescrits.
- aqs_qp"$lsserneq!,
explications de l'orthophoniste. Certains sont revenus quelques an- nc rien entendre... et ne voyaient pas d'intérêt à cette remarque.
nées après. Seuls les résultats scolaires les intéressaient. La rééducation de lecture
el orthographe ayant bien réussi, la rééducation s'était arrêtée d'un
cornmun accord.
t Retard de parole
Quand la petite a eu quatorze ans environ. sa mère l'a ramenée pour
Un enfant catalogué comme retard de parole avait suivi une rééducation tlcs difficultés de lecture et aussi d'expression orale dont se plaignaient
trois fois par semaine pendant dix-huit mois dans un dispensaire. lcs professeurs. Elle n'ouvrait pas la bouche, paraît-il, en classe.
Avant cette rééducation il ne disait à peu près rien, aussi les parents A I'examen, la technique de la lecture paraît parfaitement acquise. læ
avaient beaucoup apprécié le travail de l'orthophoniste du dispènsaire langage est bon. Mais elle présente un voile trop court et peu mobile et
qui avait posé toutes les voyelles et les constrictives et les nasales. trrrc légère rhinolalie ouverte à laquelle son entoufage familial et scblaire
Mais il ne prononçait aucune occlusive, et ne les remplaçait par rien, ,l'u pui porté la moindre attention et qui ne lui a jamais atriréla moi,ndre
disait-on. rrroqueriè, la moindre remarque. I1 est vrai qu'elle parle peu'
En réalité, on pouvait entendre, ou plutôt deviner, une légère contrac- Sa parole, comme sa lecture, est peu audible, hâc!ée'i"fal9lante. Elle
tion glottale. n'a iamais assez de iouffIè"potn arriver à la fin d'une ihèse. Leïoile ne
A I'examen, on constatait une hypotonie généralisée des muscles qui lcrme pas, l'air se répand dans les cavités naso-buccales et perd sa force.
servent à la parole et tout spécialement un voile très hypotonique, Ces troubles avaient empiré récemment. Avec la croissance, le cavum
-
laissant filtrer une légère nasalité à peine audible et qui n'avait pas Ie s'était développé, des végétations avaient peut-être fondu et le voile
tonus nécessaire à l'émission des occlusives. rr'arvait pas grandi, ou pas grandi suffisamment. La légère teinte de na-
I1 a suffi de quelques semaines pour rééduquer le Voile comme dans salité décelée quelques années auparavant était devenue une vraie déper-
un cas de division palatine et poser les occlusives. tlition nasale, légère mais généralisée pour tous les phonèmes car le voile
Et l'enfant s'est mis à parler parfaitement. rro fermait en aucun cas.
Un chirurgien consulté a jugé une pharyngoplastie nécessaire.
Ce qui a été far't après quelques mois de rééducation chez une ortho-
t Parole feutrée phoniste très intéressée par ce type de rééducation.
Une jeune fille de 18 ans est vendeuse chez un libraire. Après I'intervention, quelques mois de rééducation ont été encore né-
Son patron, ses collègues, se plaignent de q4 y,o!1 très feutrée, très éteinte. ccssaires pour l'entraîner à parler et à lire à haute voix. Ce qu'elle s'est
Elle-même se sent malheureuse dans son travaii. nrise à faire très volontiers et parfaitement.
Pendant trois mois, elle est rééduquée par une orthophoniste qui lui Elle a fait ensuite une bonne scolarité secondaire et d'excellentes
fait faire des exercices de voix, surtout de la lecture indirecte. Sans études supérieures.
aucun résultat.
A l'examen, elle présente une légère déperdition nasale.
t Pseudo-bégaiement - dfficultés de parole
!a pression pulmonaire qui aurait dû porter lès 1ihônèmes jus- Une jeune fille de 18 ans se présente, adressée par une psychiaffe amie
qu'aux oreilles des interlocuteurs pgrd toute sa force en sg rép-an- rle sa lamille.
dant dans les cavités naso-buccales. Motif : trouble de parole se rapprochant du bégaiement.
Elle vient seule. Sa mère, sur l'avis du docteur, veut lui laisser son
Une rééducation du voile est indispensaUle si elle veut conserver
irutonomie. Elle appartient à une famille très nombreuse, très gaie, spor-
un métier exigeant des échanges verbaux constants. tive. Elle me dit que ses frères et sæurs se plaignent de sa parole, ainsi
(pre ses parents. Elle n'a jamais entendu dire ailleurs qu'elle parlait mal.
t Troubles de lecture et d'expression orale Ni ses amis, ni ses professeurs ne se moquent d'elle, ni ne la font répéter.
l)u reste, ce n'est que lorsqu'elle s'énerve que sa famille lui fait des
Une petite fille avait suivi avec succès une rééducation de lecture et rcmarques.
d'orthographe au début de sa scolarité. Pendant I'examen. on constate des difficultés dans la structure des
On pouvait alors déceler, dans sa parole, une légère teinte de nasalité. llhrases. Elle commence une phrase, s'arrête, change, ponctue de eu...
La remarque faite aux parents les avait laissés indifférents. Ils disaient cr.l,.. eu...
*4- -
24 Système phonatoire Nez 25
.1 .
On appuie le doigt sur la narine normale et on essaie, tout douce- Si la voûte est ogivale, les phonèmes apicaux ne fouvent pas
ment, de faire souffler par la narine écrasée. Si le passage de I'air I'appui normal et sont souvent,g-ç.llintés. Les phonèmes dorsaux
est possible, on voit la narine se gonfler et se détendre peu à peu. ,'u.rté.iorir"nt ou se postériorisJnï.*"""*
L'enfant embellit et la respiration s'améliore.
Mais cet exercice est à essayer avec beaucoup de prudence; le Bilan :
i, passage de I'air peut être bloqué par une clois-on dé-v-ffu ou autre
malformation. - faire ouvrir la bouche,
Souvenir d'un petit garçon, commençant I'exercice avec x< fou-
- examiner l'intérieur.
La majorité des enfants n'aiment pas qu'on leur fasse ouvrir la
gue >> et dont les yeux se sont injectés de sang sous l'effort.
lrouche pour en examiner I'intérieur.
Exercice anêté immédiatement...
La consigne << tire la langue >> ne leut plaît pas non plus et cer-
tains enfants jettent des regards perplexes à leurs parents qui ont
clû leur interdire ce geste.
La bouche Il est une façon d'aborder cet examen qui en général réussit très
bien, les amuse et les prépare à une rééducation détendue.
La bouche est une cavité. On sort la glace-miroir, la leur présente en disant :
<< Tu vois ta bouche, c'est une petite porte, si tu I'ouvres tu vois
Le palais dur est le toît, ainsi que le voile ou palais mou quand
il est levé. la petite bonne femme qui est à I'intérieur. C'est ta langue. La bouche,
Le voile abaissé forme la paroi postérieure. c'est la maison (ou la chambre) de la langue. Elle s'étend, tu mets
un drap sur elle (guide-langue plat). Elle se redresse et voilà un petit
Les dents et les lèvres forment la fermeture et I'ouverture anté-
tabouret pour s'asseoir (guideJangue no 2). Elle peut aussi sortir sa
rieures, il ne faut pas négliger leur rôle ainsi que celui des joues.
tête par la porte... >
Le sol est formé par la langue, le tissu sous-lingual et la mâchoire
Et nous pouvons ainsi examiner les mouvements de la langue et
inférieure.
du voile, les parois de la cavité qu'est la bouche et préparer ainsi
Le rôle de la langue est primordial dans la formation des pho- I'enfant à un examen plus systématique et à une rééducation éven-
nèmes. luelle.
Pour tous les exercices du visdile, de la bouche, de la langue, le
t Irgr.uo,Qle,
9u palais dur
rniroir est souvent utile. Eviter son emploi, quand cela peut attirer
I'attention du patient sur des malformations enlaidissantes.
L'ntégrité et la forme de la voûte sont très importantes.
- Une fissure du palais suffit à rendre la parole inintelligible, t Les joues et les lèvres
car toute occlusion devient impossible.
* Une division sous-muqueuse peut s'étendre à la luette jusqu'à Certains enfants présentent une hypotonie de la mlsculature- des
la voûte : ligne médiane mince et translucide qui fragilise le voile. .joues et n'alrivent pas à souffler. Ils'n'ânivent pas à gonfler les
Quand la forme de la voûte est normale, la langue exécute fa- .loues.
cilement les mouvements nécessaires. L'exercice suivant est très utile, et aussi très apprécié.
Si le palais est plat et surbaissé, la langue n'a pas la place Mettre de I'eau dans la bouche, suffisamment pour gonfler les
d'évoluer, ses mouvements sont imprécis, la parole es-l, flouç. .joues.
L'enfant parle en sortant la langue, ou avec la bouche enirôu- Faire regarder dans le miroir pour constater le gonflement.
verte. Faire'1|4E:r pour constater le durcissement des joues.
28 Système phonatoire Bouche 29
Appuyer le bout des index sur chaque joue et faire jaillr l'eau A propos des voyelles << u >> et << ou >>, ne pas faire répéter les
brusquement... (nécessité d'un lavabo). cnfants sans s'être rendu compte que le mouvement arrondi des
Après cette prise de conscience visuelle, tactile, motrice, essayer lèvres va se transformer en un mouvement de légère occlusion
le même exercice avec de I'air. bilabiale quand ces deux voyelles deviennent des semi-consonnes
Le résultat cherché est rarement obtenu en une seule fois. En comme dans huit oui. Ne pas faire répéter u.i, ou.i
général, les enfants ne refusent pas de répéter I'exercice... SurJout
wi wi
si vous le faites aussi ! Noter la dffirence entre
Pour fortifier les joues, glisser un guide-langue plat entre les
- :
mâchoires et la joue. Tirer en faisant détendre la joue le plus pos- hublot et huître
sible et en disant : < je tire... je tire... >> Puis, au signal de << stop >>, lèvres arrondies légère occlusion bilabiale
le patient contracte la joue et immobilise le guide-langue. t
Les lèvres : Les exercices faits pour forlifier les joues fortifient
il loua et un louis, la loi
lèvres anondies légère occlusion bilabiale
\ aussi les lèvres. Gymnastiqug {e" ll-paglc pq.qculaire labiale.
L'inertie de la lèvre supériéure ési courante en'Cas-'de"inaffor- La rééducation de I'articulation est tout en nuÉInces, et I'ottho-
mations. Glisser le guide-langue no 2 entre la mâchoire supérieure graphe des mots ne faduit pas toujours les sons.
et la lèvre et faire seffer.
Faire serrer des objets entre les lèvres, une pièce de monnaie,
par exemple.
. Les mâchoirà
C'est le rayon dq,stomatologiste, mais il importe que I'ortho-
Opposition: lèvres arrondies et lèvres tendues phoniste surveille, pendânf lâîééducation, I'usage que l'enfant en
"V-'
o,/
--.-------.-é
l'ait.
La mâchoire inférieure est très mobile pendant la parole, mais
scs mouyements ne doivent se faire que de haut en bas et de bas
faire arrondir les lèvres sur le guide-langue no 24. rn haut.
Ne pas exagérer le mouvement en étirant anormalement les Il faut empêcher tout mouvement, en arrière, en avant, à gauche,
commissures des lèvres. à droite...
Ni le mouvement qui consiste à arrondir les lèvres. Dans l'émission des phonèmes qui demandent un écartement des
Évircr d'entraîner les enfants à parler en faisant des grimaces. rnâchoires, il est parfois utile de les immobiliser à l1écarternent
On insiste souvent sur le rôle secondaire des lèvres dans la pa- voulu, à l'aide d'un guide-langue no 12. Exercice utile ou même
role. Il est certain que ce sont les rapports des cavités, formées rrécessaire.
dans la bouche par les mouvements de la langue qui sont essentiels. Dans les cas de fissures sous-muqueuses et d'insuffisances vé-
La télévision qui propose de très gros plans de visages monffe lirires, on constate fréquemment une béance incisive. Ce qui pré-
de façon évidente qu'il existe des gens parlant parfaitement en tlispose au qigm4[igme interdental oq Tozo[9499111!.- "-/
ouvrant à peine la bouche, et sans presque remuer les lèvres... Ce Les anomalies de I'arcade, de I'articulé dentaire entraînent des
sont en général des étrangers, les Français antériorisent leur parole tlillicultés d'articulation, non seulement un s. z. interdental mais
et utilisent des mouvements de lèvres variés et prononcés, et lrn f. v. imprécis.
I'aperture buccale varie également. Tout spécialement pour les l,'équilibre des muscles buccaux et faciaux joue un rôle essentiel
voyelles, voir le tableau p 65 et les exercices proposés. strr I'alignement des dents.
;. . i, :
1 .1...1. \''t,
30 Système phonatoire Bouche 31
Les mâchoires sont étonnamment malléables. Nombre de leurs souvent d'une voix tonitruante, rauque ou perçante qu'il faudra
malformations viennent de mouvements erronés de la langue ou rdoucir. I1 éprouve én-général de la difficulté à sonoriser. L'ana-
de succion des doigts. Dans les exercices, faire appuyer l'apex sur tomie défectueuse de I'enfant est à I'origine de troubles. Mais ils
les alvéoles et non pas sur les dents. L'apex en s'appuyant forte- sont augmentés par les efforts désespérés de I'enfant pour se faire
ment sur les dents déforme la machoire. Et le pouce aussi... comprendre.
Il arrive que la rééducation orthophonique rende inutile la pose La déperdition nasale, passive au début, devient un souffle nasal.
d'un appareil. Sans pouvoir obtenir à tout coup un résultat aussi L'enfant s'imagine que plus il fera d'efforts, mieux il parlera !
gratifiant, prendre soin à ne pas déformer les mâchoires par des Le travail de I'orthophoniste va consister à activer I'hypotonique
positions et des mouvements défectueux pendant la rééducation... ct à détendre l'hypertonique.
Succion du pouce : La succion du pouce peut être passive ou Et étrangement, les mêmes exercices peuvent y parvenir.
active.
-Détente : L'un et I'aufre ressentent de I'angoisse.
Passive, elle n'est pas plus pernicieuse que la succion d'une té-
Pour I'un, l'angoisse qui bloque, qui annihile.
tine.
Pour I'aufre, I'angoisse qui pousse aux excès.
Active, elle est la cause de nombreuses déformations de la mâ-
choire, ou d'implantations défectueuses des dents. Il peut être indiqué, au départ, de faire quelques exercices de
relaxation : s'étendre, faire la poupée de chiffon, I'ours en peluche.
Une petite fille de I I mois présentait une mâchoire supérieure pro-
gnathe et des dents qui se chevauchaient. -Le miroir : faire connaissance avec soi-même. Se comparer à
Elle suçait son pouce avec.-coiTsfiIÏTee'et énergie. Ses parents se refu- l'orthophoniste, aux autres enfants s'ils sont plusieurs.
saient à lutter contre cette habitude de peur de la traumatiser. Beaucoup Faire très doucement, très légèrement, des exercices de souffle,
de membres de leurs familles avaient des dents mal plantées, disaient-ils !
de joues, de lèvres, de langue, déjà décrits en les isolant les
Malheureusement pour elle et heureusement pour sa mâchoire, on
uns des autres, en se regardant dans le -
miroir, en supprimant tous
la ramena de Turquie avec une fièvre aphteuse. Et les aphtes en
les mouvements associés du front, des yeux... tous les mouvements
s'étendant s'approchaient de ses yeux ! Il fallut absolument lui atta-
cher les mains. Ce qu'elle supporta sans traumatisme évident. inutiles des mâchoires.
Et sa mâchoire reprit une forme parfaite et ses dents la place voulue. Quand on constate que la bouche est toujours entrebaillée, mais
sans vraiment s'ouvrir pour les voyelles, penser à examiner
t Le visage, les syncinésies I'inspiration et I'expiration par le nez.
Selon le tempérament et le caractère, les réactions des enfants
devant leurs troubles et leur inadaptation vont varier. t La langue
En les classant de façon simpliste en voici deux catégories : La langue est un organe musculaire très mobile et très complexe.
les hypotoniques et les hypertoniques. Quand on ouvre la bouche on ne voit bien que sa partie anté-
. lieure.
L'hypotonique, devant ses difficultés de parole, a renoncé. Mu-
tisme complet ou émission d'un filet de voix, regard fixe, faciès La partie postérieure forme le mur antérieur du pharynx. Elle
immobile, il présente parfois une apparence de débilité. cst attachée à la mandibule ou mâchoire inférieure, et à l'os hyoide
rlui est un os en forme de fer à cheval situé au-dessus du larynx.
. L'hypertonique, lui, n'a pas renoncé. Il s'applique, d'où péta- La partie inférieure de la langue est attachée au plancher de la
rades de coups de glotte, éclats de voix rauque; dans son effort lrouche par un frein innervé, avec circulation sanguine. Il arrive
de parole, les muscles du visage se mettent en branle sans néces- parfois que le fiëin-immobilise la langue en l'attachant jusqu'à la
sité, déclenchant tics et grimaces. Une fois rééduqué, il parlera 1lointe...
-tz Système phonatoire Bouche JJ
Devant le fiein se trouve en général un filet qui n'est qu'une ques semaines de rééducation, son visage avait entièrement changé.
membrane. îiôp court ou trop antérieur, èe filet peut gêner le mou- Son comportement aussi.
vement apical de la langue. Si la langue ne présente ni paralysie, ni parésie, ni malposition
La langue est divisée en deux pafiies égales par un Eillon médian. cl'aucune sorte, uniquement une inertie due à une non-utilisation,
Les deux moitiés de la langue sont presque indépendantes I'une de la rééducation se fait vite et bien.
I'autre. On le constate de façon évidente quand se produisent certains Faire tirer la langue, bien droite, bien plate, les bords touchant
troubles allergiques, tel l'gedèmeirQuuçkç. Iæs manifestations al- Ies commissures des lèvres. Rentrer... sortir... rentrer... sortir... La
lergiques de gonflement n'apparaissent pas au même moment sur la I'aire tirer et lever, lui faire toucher la lèvre supérieure en posant
totalité de la langue et peuvent même n'en aflecter qu'une moitié. I'apex au milieu de la lèvre, aussi haut que possible;puis la faire
De même, en cas de paralysie ou de parésie, il arrive qu'une baisser aussi bas que possible vers le menton.
seule moitié de la langue soit atteinte Faire lever la langue à l'extérieur, puis lever à I'intérieur en
En étudiant I'anatomie, la physiologie de la langue, on comprend appuyant l'apex sur les alvéoles et non sur les dents, et en soute-
sa complexiré et sa mobilité grâce à ses dix--sept mugçleg-- striés nant au besoin la langue par le guide-langue no 2.
-
et à son inneruation subtile. Il est bon de faire cette étude et de Faire baisser la langue à l'extérieur, puis baisser à l'intérieur en
la refaire de temps en temps. appuyant l'apex sur les alvéoles et non sur les dents. Sans associer
Le rôle de la langue est essentiel dans la parole. aucun mouvement erroné des mâchoires... Tous ces exercices de-
C'est grâce aux positions prises, aux mouvements effectués que mandent attention et minutie.
se produit l'émission des phonèmes. Les mâchoires chez les enfants étant très malléables, ne les défor-
Mais avant de penser aux phonèmes, il est nécessaire d'étudier mons pas en laissant la langue appuyer sur les dents. Si un enfant
les mouvements de base de la langue, de les rectifier si nécessaire cst hypotonique ou débile, s'il n'a pas trouvé spontanément à faire
el d'entraîner les automatismes. sortir sa langue, inutile de lui apprendre ce mouvement, de crainte
qu'il ne sache plus la renfer ensuite.
Différents troubles à faire disparaître :
Former le sillon médian de la langue, avec le guide-langue no 6
- inertie de la langue, cn allant assez profondément, de façon à supprimer le mouvement
.) - mouvement interdental et adental, dorsal exagéré qui produit le schlintement bilatéral.
- Wbl!!!çpqUt bilatéral, Ses nombreux muscles permeftent à la langue de s'abaisser, de
- schlintement unilatéral. s'allonger, de s'étirer, d'élever l'apex, de soulever le dos, toutes
sortes de mouvements très fins, utilisés dans l'émission des pho-
Inertie de Ia langue : Chez des sujets présentant des malfor- nèmes.
mations, la langue est parfois totalement inerte. Ils se sont fait leur Dans de nombreux cas, après quelques exercices faits régulière-
propre système articulatoire composé en général de coups de glotte
ment, on arrive à activer la langue et à lui faire faire les mouve-
pour les occlusives et de souffles rauques pour les constrictives. ments nécessaires à une parole normale.
Tout est postériorisé et on ne constate aucun mouvement lingual.
En cas de très grande hypotonicité, ou dans les cas de troubles
La langue n'a jamais sewi pour la parole, elle est incapable de
neurologiques, certains mouvements, spécialement les apicaux ne
soulever la partie postérieure pour les dorsales, ni la partie anté-
sont pas récupérables. I1 faudra produire les phonèmes normale-
rieure pour les apicales.
ment apicaux, avec l'apex baissé et un mouvement dorsal antérieur.
Il en résulte parfois un mutisme complet. Avec I'inconvénient de produire des phonèmes peu différenciés
Souvenir d'une petite fille qui faisait penser à une statue de mar- les uns des autres, avec confusions fréquentes quand la parole est
bre, tant son visage très pâle semblait vidé de toute vie. En quel- rapide.
34 Système phonatoire Bouche 35
Utilisation des réflexes : Il est souvent difficile et quelquefois Il faut réfléchir... si la langue, le filet coupé, n'est pas suffisam-
impossible d'obtenir un mouvement précis, volontaire, sur ordre. ment tonique, et que les apicales souhaitées se ffansforment en
Dans ce cas : essayer de déclencher un réflexe. interdentales, on comprend les hésitations...
- Exercice amusant, bien accepté et... obtenant des résultats : Le syndrome de Pierre Robin (1923): C'est une malformation
Mettre une goutte de confiture ou de miel sur la lèvre supérieure congénitale, avec hyp-opla-qie de la la1ggg et fissure palatine et
de l'enfant et dire : << Tu n'as pas de serviette, pas de mouchoir, rétroposilion du maxillaire inférieur. GlossoptoSê, ô'ësËà:'dite un
'ce
lèche tes lèvres, enlève la confiture avec ta langue. >> refoulement èn ânièïê de la langue, qui Étrécit le larynx et
L'exercice répété à plusieurs séances, avec et sans miroir, a en produit des troubles respiratoires, très dangereux dâns les pre-
général des résultats. Sauf, nafurellement, en cas de paralysie ou mières semâineS de Ia vie dê l'enfant.
d'un filet court et trop antérieur. Il est recommandé de coucher I'enfant sur le venfre.
Un enfant en rééducation avait une langue très h)?otonique, et Dans certains cas, on fait une suture provisoire de la pointe de
toute sa famille, pour I'enfraîner à faire ses exercices, avait pris I'ha- la langue à la face postérieure de la langue. C'est sans doute assez
binrde de les faire avec lui à la fin des repas. A l'étonnement inquiet... rare.
puis à l'amusement des hôtes de passage. Ce trouble est ce qui s'appelle en langue populaire << avaler sa
Du mouvement spontané, il faut aller au mouvement conscient. langue ,,.
Toucher alors, avec l'extrémité d'un guide-langue, des points ici Remarque : la position de I'enfant sur le ventre s'appelle le dé-
et là, autour des lèvres où la langue doit se poser. Avec et sans cubitus ventral en termes techniques.
miroir.
Le sigmatisme nasal : A ne pas confondre avec la déperdition
Pendant tous ces mouvements de langue, veiller à ce que les
nasale et le souffle nasal.
mâchoires entrouvertes, restent immobiles, sans que la mâchoire
La langue se colle conffe le palais et renvoie I'air par le nez,
inférieure se déporte à droite ou à gauche, en avant ou en arrière.
d'où bruits variés.
Faisons preuve de circonspection en montrant des exercices aux Faire travailler le mouvement normal du phonème incriminé. Ce
parents. Il vaut mieux ne pas en faire que les mal faire. n'est pas une question d'insuffisance vélaire. Il peut cependant y
avoir hypotonie légère du voile.
Frein et filet : Le frein maintient la langue au plancher de la
bouche, mais, normalement, de façon à ne pas gêner les mouve- Mouvement interdental et adental : Faire faire les exerices
ments apicaux et dorsaux. Il peut arriver, mais c'est ffès rare, que indiqués pour lutter contre l'inertie de la langue.
la langue soit immobilisée par le frein, auquel cas une intervention Quand cela est possible, faire lever la langue extérieurement vers
chirurgicale est nécessaire, mais c'est une importante intervention la lèvre supérieure, puis la faire baisser vers la lèvre inférieure en
car le frein est innervé et parcouru de vaisseaux sanguins. indiquant avec la pointe d'un guide-langue le point précis où I'apex
Le filet, par contre, est une simple membrane placée à l'avant doit se poser. Il est bon aussi de toucher I'extrémité de I'apex avec
du frein. Le couper est une intervention minime qui n'est pas, la pointe d'un guide-langue et de les faire se rejoindre. C'est d'une
naturellement, du ressort des orthophonistes. Les avis sont partagés part pour éviter une déviation de I'apex et d'autre part pour aider
à son sujet; les uns disent qu'on n'a qu'à se < débrouiller >> avec le patient à percevoir le mouvement à obtenir.
les possibilités des patients, faisant faire des mouvements dorsaux Faire faire les mêmes mouvements à I'intérieur de la bouche en
quand les mouvements apicaux ne sont pas possibles. touchant les alvéoles supérieures puis inférieures.
Les autres, ayaît été confrontés à des complications insurmon- Lever la langue en la soutenant avec un guide-langue.
tables conseillent de couper le filet ce qui se fait très facilement. Baisser la langue en appuyant sur elle.
-
36 Système phonatoire Origines imprécises des malformations JI
Insister sur cette position, pow supprimer le mouvement inter- Faire les mêmes exercices que pour le schlintement bi-latéral,
médiaire, qui consiste à placer I'apex contre ou entre les dents. mais en essayant de trouver le point d'appui équilibrant l'apex.
Faire les mouvements d'élévation indiqués pour le sigmatisme in-
Schlintement bilatéral : Le schlintement est produit par une
terdental, avec le souci du point d'appui de I'apex.
tension musculaire qui fait bomber la langue et laisse passer le
souffle des deux côtés. Quand la racine de la langue est mal posée par rapport aux mâ-
En faisant tirer la langue, celle-ci se tend en un énorme muscle. choires, il faut essayer de trouver une position équilibrée même si
I'apex est déporté par rapport aux dents.
La tapoter avec un guide-langue plat, l'étaler bien plate, de façon
que ses bords touchent les commissures des lèvres, et qu'elle soit Une jeune fille qui présentait cette anomalie était venue en
bien centrée : nez, apex, menton. consultation demandant un conseil. Nous avions beaucoup discuté,
cherchant un remède. Elle avait des relations dans le milieu or-
Tracer la gouttière médiane avec le guide-langue allongé n' 8
lhodontiste et tout son entourage s'intéressait à son cas.
en faisant relever les deux bords. Aller assez profondément dans
la bouche pour que la langue ne puisse faire le mouvement dorsal, Après mûres réflexions on a fabriqué, en je ne sais plus quelle
pour empêcher que le gonflement ne se reforme. matière, une sorte de coussinet qui, posé sur quelques dents, a équi-
libré ses mâchoires. Sa parole, immédiatement, est devenue parfaite,
Faire travailler le mouvement apical et le mouvement dorsal.
rrais au prix d'une douleur insupportable, car cette nouvelle position
Quand la langue est levée intérieurement, la soutenir avec le cles mâchoires entraînait de fortes tensions musculaires, anormales.
guide-langue demi-sphérique no 2.
On a donc dû y renoncer.
Ce schlintement bi-latéral (langue équilibrée) se rééduque beau- Elle était adulte, très motivée, elle a fait son choix.
coup plus facilement que le schlintement uni-latéral (langue désé-
quilibrée). Quand un enfant pleure, refuse une nouveauté de rééducation,
réfléchissons avant de faire preuve d'autorité. Notre métier est
Schlintement unilatéral : Il y a schlintement unilatéral quand d'aider les enfants et non pas de les torturer !
l'apex de la langue se déporte à droite ou à gauche.
Un palais ogival facilite le schlintement unilatéral. Il pourra être
causé par une simple maladresse motrice, récupérable facilement. Origines imprécises des malformations
Faire des exercices de détente, d'équilibrage du sillon médian, et
donc de I'apex.
Le premier contact avec les parents demande un cefiain tact.
Voir les exercices déjà expliqués auparavant. Si I'enfant présente des malformations congénitales, l'orthopho-
Mais il se présente des cas variés, beaucoup plus longs et diffi- niste se renseigne sur les antécédents familiaux. Cela présente un
ciles à rééduquer. Le résultat n'est pas toujours parfait, mais la intérêt pour nous du point de vue intellectuel, mais non du point
rééducation apporte toujours une amélioration. de vue de noffe travail.
Un schlintement unilatéral peut être produit p4f .l4pa{é__sie-p.11 la Alors, évitons d'insister sur ce sujet. Les origines possibles ou
para\rsie d',uag-r!,q1t-ié".de laJangue. L'apex dévie q9 ge, cQté,-là. probables de ces malformations sont une source de drames dans
La racine de la langue est mal centrée sur I'os hyoide, par rapporl lcs familles. Ecoutons ce qu'on nous dit spontanément mais n'en
aux mâchoires. lajoutons pas.
Ou ce sont les mâchoires qui sont mal équilibrées. Parfois, mais très rarement, la cause de ces malformations paraît
"*f
Il peut être aussi la conséquence d'uue_fegq _gingivale-- Pendant évidente.
la grossesse, la petite langue du fætus s'est glissée dans la fente Au début de sa grossesse, une jeune femme est vaccinée conffe la
et n'a plus bougé de cette position. On voit parfois des bébés dont variole car une épidémie s'est déclarée. Une violente fièvre se déclare
I'extrémité de la langue est tordue en tire-bouchon. t:t dure quelques heures.
38 Système phonatoire Pharyngoplastie 39
Le bébé, à sa naissance, présentera des malformations multiples du Les parents passent de l'espoir à l'angoisse et de l'angoisse à
visage, de la cavité bucco-nasale et des mains. I'espoir : << Cette trace noire sur l'échographie, est-ce vraiment une
Dans une famille capable de remonter très loin une généalogie détaillée l-ente ? Si nous faisons faire une nouvelle échographie... Cette tache
sans avoir connaissance d'un cas semblable, un bébé naît présentant fente
aura peut-être disparu... n'est-ce pas ? >>
labiale et fente palatine. Au début de sa grossesse, la mère a été prise
dans un drame social qu'elle a ressenti violemment. Il est facile d'imaginer les problèmes posés alors, les décisions
àr prendre et la nécessité d'un soutien psychologique pendant les
En général, on constate la malformation mais on n'explique pas derniers mois de la grossesse.
sa cause.
Vox populi .' Tous ces merveilleux progrès scientifiques sont-ils
Une famille de sept enfants absolument normaux, sauf un qui présente toujours un bienfait?
une fente. Rien chez les frères et sæurs. Par contre, chez des cousins,
une malformation d'une main, qui se répète à plusieurs générations. Il n'est question jusqu'ici que des interventions sur des enfants
cn bas âge, dont les malformations ont été constatées dès la nais-
A I'hôpital, rééducation de parole d'un enfant porteur d'une fente ia- sance. Malformations des lèvres et du nez, évidentes. Malforma-
biale et d'une fente palatine. Il est copie conforme de sa mère qui pré-
sente les mêmes fentes, sur le même modèle. Ils viennent d'assez loin,
tions de la "y9ûL9 et du voile décelées par les difficultés de 7,, r
très régulièrement. respiration et d'atmentation de I'enfant.
Puis, un beau jour, en pleurs, elle annonce une nouvelle grossesse. Il existe aussi des troubles non-décelables chez le nouveau-né
Elle se désole de mettre au monde un malheureux. comme elle et son ou qui se produiront accidentellement après. Ainsi les innombra-
premier enfant. Elle devient dépressive. A chaque séance, on l'écoute, bles insuffisances vélaires dont il a été question précédemment.
on la réconforte.
Quand on ne peut les récupérer par un traitement orthophonique,
L'orthophoniste dit ne pas connaître de familles dans lesquelles plu- il y a la ressource des pharyngoplasties mises au point depuis des
sieurs enfants soient atteints... Ce n'est pas du tout évident que le bébé
années.
attendu sera comrne l'aîné...
L orthophoniste n'est pas sans se rendre compte qu'elle s'avance peut-être . \tl t,
beaucoup... Son expérience n'est pas très longue, se dit-elle.
tl L i\
(
Comme la grossesse avance et que le trajet à faire est long, on arrête
la rééducation. La pharyngoplastie i
Une échographie, bien lue, pemet de déceler une malformation sa longueur, ont une grande importance ainsi que l'endrq-it du pha-
probable, mais pas avec une certitude absolue. lynx d'où il est décollé, , , ,,. i{
t,t-' -' i
40 Système phonatoire I nterv entions pré c oc e s 41
Si le lambeau est trop large, les sphincters sont trop petits, il L'anesthésie, rendant possibles les interventions chirurgicales,
peut y avoir suppression des nasales d'une part, et des troubles leur a permis de vivre.
d'oto-rhinolaryngologie d'autre part. Le soulagement de la douleur était connu des anciens : infusions,
Si le lambeau est trop étroit, les sphincters sont trop larges et la poudres, sels à respirer. Mais c'est au xIXe siècle que des re-
déperdition nasale n'est pas supprimée, ni môme diminuée. De cherches faites sur I'inhalation des gaz pour obtenir l'anesthésie,
même si ces sphincters artificiels manquent de tonicité. permettent toutes sortes d'interventions chirurgicales.
On entend beaucoup de critiques venant de l'étranger : << avec C'est un Américain, Ferguson, qui aurait opéré pour la première
le temps qui passe, le lambeau se rétrécit, devient une vraie ficelle lbis une division palatine en 1845 ? Suivi peu à peu par d'autres
et ne sert plus à rien. >> Personnellement, je n'ai jamais vu de cas Américains, des Anglais, des Allemands, tout spécialement Len-
semblables. genberck qui a eu de nombreux disciples et a connu Ia célébité,
Ce sont des cas où le lambeau détaché a été trop étroit, ou feit et des Français. Parmi ceux-ci le plus répluJ'.é est le docteur Victor
d'un tissu muqueux pas assez résistant. Ils sont dus à I'inexpé- Veau assistant du docteur Jalaguier à l'Hôpital Saint-Vincent-de-
rience du chirurgien. Paul, à l'époque (1909), Hôpital des Enfants Assistés.
Il est important pour la réussite de l'intervention chirurgicale que Que ce soit du point de vue anatomique ou esthétique la chirurgie
l_9 y.qile et le larynx g,9,icnt aussi musclés que possible. Aussi bien
oro-faciale et l'orthodontie obtiennent des résultats remarquables.
en France qu'à l'étranger, on entend des orthophonistes dire qu'ils
Entre autres, les interventions sur les fentes labiales, préparées par
ou elles ne s'occupent plus des enfants quand une pharyngoplastie des calculs précis ont des résultats étonnants de perfection.
est prévue. Au contraire, il faut beaucoup d'exercices de muscu- Depuis des années, les techniques évoluent, se perfectionnent,
lature pour préparer l'interr,rention, qui en sera d'autant mieux réus- se diversifient, d'autant plus que le nombre des chirurgiens spé-
sie. C'est un travail parfois décourageant pour I'orthophoniste qui cialisés se multiplie, tous travaillant à améliorer les techniques des
n'en verra le résultat qu'après I'opération... prédécesseurs.
Mais une pharyngoplastie faite avec des tissus sans tonicité sera
inefficace. Les chirurgiens en sont d'accord. < Merci de bien pré-
parer mes interventions > a-t-il été dit à l'orthophoniste. C'est en- Les interventions précoces
courageant !
De même après l'opération, il faudra entraîner la fermefure et Une des tendances actuelles préconise les interventions précoces.
l'ouverture de ces sphincters artificiels pour qu'ils rendent les ser- Le but recherché : permetffe à la parole de s'installer à l'âge nor-
vices que I'on attend d'eux. Il faut continuer la rééducation un mal, avec une articulation normale dès le début.
certain temps, en général. Plus tardives sont les interventions, plus perturbée est la parole,
car l'enfant commence à parler avec des instruments inadéquats.
Et il faudra donc le déconditionner par une rééducation orthopho-
Chirurgie et orthodontie nique après les interventions chirurgicales.
Un autre avantage : le soulagement apporté à la peine et à l'in-
Le système phonatoire peut donc être affecté par de multiples quiétude des parents devant hlaidC_ur.-do-bébé s'il y a fente labiale,
malformations. Que devenaient autrefois les petits qui naissaient devant ses difficultés d'alimentation et de respiration dans les au-
avec un << bec de lièvre > et aufres malformations ? La plupart lres cas.
étaient rejetés et peu d'entre eux survivaient. Cela se passe encore Décider de l'âge auquel il faut opérer a toujours présenté des
ainsi çà et là dans le monde... difficultés. Le choix était d'aùIant plus difficile autrefois que le
I 1:',
Guidance parentale
Quand I'orthophoniste le jugera capabre de suivre une réécluca- L'enfant vient au rendez-vous. Les labiales sont parfaites. C'est
tion individuelle, il ou elle le prendra en rééducation si nécessaire,
" I > qui n'est pas acquis.
Quand un ou une orthopho.iste prend en rééducation indivi- Le mouvement est dorsal et il y a émission du' yod. Le << I > et
duelle, ou en groupe, un enfant très jeune, il y a cle nombreux lcs autres apicales seront rapidernent précisés chez cet enfant, en
exercices à lui faire fàire. Au bout de quelque témps, on voit par-
cffet parfaitement nonnal, sauf légère hypotonie ou maladresse de
fbis la nécessité des mouvements de langue frès fins et précis qu'on la langue.
ne peut encore lui imposer.
Le compte-rendu envoyé au Docteur Un Tel n'utilisa pas le mot
Le mieux est d'arrêter la rééducation, et de faire revenir I'enfant
de temps en temps pour juger de son évolution. Le moment venu, " labiale >>, mais tout simplement << I >>.
Des mots dérivar-rt de labium (lèvres) et de lambda (l) font partie
on rcprcnd la rééduclliorr.
tlu vocabulaire orthophonique. Le lapsus est explicable et excusa-
C'est I'idéal, mais ce n'est pas toujours rézrlisable. blc quand on n'est pas du métier.
Un môme symptôme peut résulter cle causes variées. Vor populi : Pourquoi n'avoir rien dit au Docte ur Un Tel ?
Une même déficience peut être la cause de syrnptôrnes variés. L'orlhophomsle : Oralemenl, sans en avoir I'air, peut-être. Mais
Aussi, la conclusion de l'examen n'est pas toujours évidente à yrar écrit, c'est difficile.
100 pour 100.
si c'est u' bilan début de prise en char-ee, se dire que le dérou-
lement de la rééducal.ion va aider à préciser notre jugeme't et à
orienter la méthode. Le premier contact
Si c'est un bilan qui doit scrvir d'éclair.ge à un cas pris en
charge par Lln ou une collègue, expliquer s'il y a rieu ra comprexité Que ce soit pour un bilan ou pour une rééducation, le premier
du cas ct la prudence des afTrmations. contact avec le patient va varier selon l'âge, les troubles, le ca-
ractère du patient, tout au moins de ce que l'on peut en juger au
Des cas sont souvent adressés, cléjà étiquetés, et parfbis |exermen
premier abord. Ce premier contact est très jmportent.
modifie le point de vue proposé.
Téléphone du Dot'teur un tel: < pouvez-vous prendre er-r réédu- Se mettre à la place du patient. Place très peu confbrtable :
cation un de mes petits patients qui ne prononce pas les rabiales ? > l'impossibilité -d'un échange verbal détendu,
- frustratiot-r due à
orthophonisTe : << certainement. présente-t-il une malforrnatio' - habitude des reproches, moqueries, agacetnents. rejets de
labiale ? Une paralysie ? I'cntourage,
Doc:teur : Pas du tout. - Curiosité, pitié... pénibles aussi à supporter,
Orrhophonislc : Une difTiculté respiratoire ? Une baisse de vi- - et tous les souvenirs accumulés et angoissants des interventions
sion ? c,hirugicales, des séjours hospitaliers, des soins et traitements variés,
Docteur : Mais pas du tout. C'est un enfânt parfaitement nor- ct parfois inutiles, des bilans et exirmens subis.
mal. Il ne prononce pas Ies labiales, c'est tout (ton légèrement Ces enl'ants qui ne parlent pas ou parlent mal sont souvent sujets
agacé). iL des cauchemars, à des cris pendant leur sommeil. Symptômes
L'orthophoniste donne un rendez-vous. Elle est très intéressée à tl 'trngoisse qui disparaissent au fur et à mesure des progrès.
I'idée de voir un enfànt parf-aitement normal, et qui ne prononce
pas les labiales. Détente. C'est une évidence, on ne peut forcer personne à
parler, et la-moindre angoisse peut entraîner des courts-circuits.
Les labiales p. b. m.- étant par-mi les premiers phonèmes acquis
Il va falloir détendre le patient, le rassurer, le distraire si possible,
par la majorité des enfants.
lixer son attention.
48 Rééduc'ation Précocité cle la prise en charge quand l'enJant en est cupoble 49
PendantI'examen, tout en notant res troubles et déficieni:es, plus, inutile de décourager le patient en attiranL son attention sur
chercher les.sons qu'il est capable d'émettre, les mouuÀ"ni.,
pr-,o tles clétails. Cela peut lui enlever de la spontanéité, le désir de
natoires qu'il est capable de laire. parler, et stopper les progrès futurs éventuels.
Il est commctde d'at,oir sou.s ra main querques images crassées C'est encore plus vrai si la rééducation a été couronnée de très
par p.honèmes, afin de présenTer (t,ec ,roturàl r:elles"qui
être évoc1uées (:zrreclenTent.
pir,rrr, peu de succès.
I'angoisse du phonème mal prononcé qui lui attire tant de désa- trois heures pariour. Ils ou elles étaient rémunérés au même tarif
gréments. tlue les médecins, c'est-à-dire un peu moins qu'un OS et iouis-
Il se détendra et reprendra
confiance en lui. suient d'avantages en nature concernant le logement.
Une enfant rééduquée selon cette technique était arrivée en fin En France, nous ne sommes pas seulement Ortho-Phonistes, mais
de rééducation. Sa mère qui assistait de ternps en temps aux également Logo-Pèdes. Notre travail est très varié. La rééducation
séances avec un air réprobateur dit alors : rlu langage écrit n'exige pas le môme effbrt physique que celle de
En effet, elle est réécluquée. Je me <iemande bien comment.
<<
lrr parole. Cela permet de moduler nc'tre emploi du temps, et de
Vous n'avez rien f-ait pour ça. > rrous détendre, non par du repos, mais par un changement d'efïort
Cette remarque, fianche et peu aimable, était en vérité un ma_
ct d'attention.
gnifique compliment, et a été reçue coilune telle en silence et avec tl faut que les orthophonistes débutants en soient conscients en
le sourire. organisant leurs journées. Non seulement pour leur équilibre, rnais
rrussi pour la valeur de leur travail.
Faut-ii traduire ? < le petit Jésus dans la crèche >>. Les familles organiseront plus fàcilement une rééducation en
Ils ne présentaient aucun trouble apparcnt. Paresse'/ Distraction?... blclc, ce que se conçoit, mais n'est pas I'idéal.
Toutes les consonnes se sont posées sans problème. Après deux Au rnoment des vacances d'été, il arrive de lâcher des enfants
mois environ, ils sont repartis avec une articulation parfaite. tlui semblent avoir encore besoin de nous, et puis de les voir re-
Remarques : Ils assistaient régulièrement à la rééducittion. Les vcnir à la rentrée, parlant parf"aitement.
parents étaient très motivés. L'environnement linguistique normal. Tous les progrès effectués se sont consolidés par une maturation
Bonne santé générale. llciiitée par le repos, la détente, le grand air, les jeux...
La petite lille est revenue pendant son adolescence. Il arrive aussi qu'ils reviennent en paraissant avoir tout oublié.
Elle présentait dcs difflcultés orthographiques. lrrr général. I'ancien acquis revient vite.
D'autres cas, par contre, ont une rééducation qui traîne en longueur. Autrefbis, quand Saint-Vincent de Paul était l'hôpital des enfants de
Ainsi, la petite 8... opérée d'une clivision palatine. l'Assistance Publique, des enfants arrivaient de province, placés en dépôt
Elle vivait à la campagne, avec des parents très occupés et des tières lx)ur foutes sofies de soins variés, et s'ils en avaient besoin, on les ame-
rr:rit irux orlhophonistes.
et sæurs pensionnaires. Il semble qu'elle passait ses journées, tapie bien
tranquillement sous la table de la cuisine, avec beaucoup d'allées et ve- On nous les confiait pour le temps c'lu dépôt, établi à I'avance par leur
rrréclecin et qui pouvait être insufïisant pour nous.
nues autour d'elle n'rais tles contacts linguisticlues très réduits. Le f'acteur,
LJn petit garçon, entre autres, dont le départ nous avait désolés. Quel-
tous les matins, en apportant le courrier, se courbait vers elle en disant :
< Bonjour, 8... > ce qLr'elle avait raconté avec un sourire reconnaissant r;ucs jours encore et sa parole serait parfàite, semblait-il. Et nous avions
quand elle avait pu parler. rticlamé, réclamé dans tous les services, dans le genre: <Mon Dieu,
rrron Dieu, laissezle moi encore un peu... > Mais l'administration a des
Amenée à Paris, chez une tante pour sa rééducation, elle fàisait des
progrès très lents. Elle était très hypotonique. En rééclucation le k se illrpriralifs el le petit était pilrti.
plaçait mais ne tenait pas... Et les sttrgiaires se demandaient si oui ou L'année suivante, il était revenu passer un bilan de santé, et le Service
Social avait eu l'attention de nous prévenir de son passage, pour faire
non l'orthophoniste finirait par accrocher ce k I Leur sfage terminé, on
r'orlsfater une parole parf'aite...
les voyait venir à tour de rôle pour juger des progrès.
Jusqu'au jour oùr le bruit courut : < B... prononce le k >. Il uvait fàllu Un peu comme une boule que I'on lance du bas d'une côte. L'élan
env.iron une année scolaire pour poser l'articulation de fàçon définitive. tkrnné va-t-il être assez foft pour la porterjusqu'en haut de la pente ?
( )u va-t-on la voir redescendre à quelques mètres du sommet ?
Environnement linguistique insufTisant au départ, peu de moti-
vation, tempérament lymphatique... manque de maturation généra- Il n'y a que des cas particuliers.
lisée et Ia rééducation avait été longue. Et surtout, au départ, une
lésion organique avec ce qu'elle laisse probablement comme sé-
quelles dans les circuits nerveux et musculaires. Chaque cas, de même que chaque être, est unique
Penser non seulement au système phonatoire, mais aider le cer- Chaque acquisition envisagée, chaque progrès nécessaire offre
veau à percevoir en développant l'attention auditive, visuelle, tac- une multiplicité d'exercices. Varier les exercices, passer de l'un à
tile, kinesthésique, psychomotrice, selon les besoins. I'autre. Certains seront vite et bien réalisés, d'autres demanderont
du temps pour des répétitions courtes et fréquentes. Savoir moduler
le travail. Comprendre la nécessité de la maturation. Ne pas faire
Évidence répéter n'importe quoi, n'importe comment.
Essayer de comprendre les difficultés particulières de parole, de
L'espèce humaine ne crée rien, elle utilise ce qui existe. Il faut rythme, d'articulation, décelées dans les cas qui se présentent. Ana-
donc chercher I'Acquis et partir de I'acquis. L'acquis peut êfre un lyser les erreurs, proposer des exercices précis de souffle, d'as-
phonème, un son, le souffle, un mouvement visible. sourdissement, de sonorisation, d'oralisation, de nasalisation, de
Utilité du miroir, l'enfant regarde l,orthophoniste, se regarde lèvres, de langue, de rythme, suivant le besoin.
dans le miroir, compare. Et détendre le patient, I'encourager, l'intéresser.
Il est utile de préciser l'acquis. puis de reprendre les exercices Grâce à la radio, à la lélé,les enfants comme les adultes sont
le concemant dans le courant de la rééducation, (encouragement, sensibilisés à la musique, aux performances sportives.
détente du patient). Si on prend la peine et le temps, peu à peu, de leur faire
comprendre que nous avons la chance d'avoir à notre disposition
t Partir de l'acquis et faire évoluer l,articulalion un instrument, notre corps, subtil et complexe, il arrive qu'ils
(par assimilation, par opposition) soient très intéressés d'apprendre à s'en servir.
La phonétique
La phonétique instrumentale
. Le kymographe : Ils paraissent lointains les enregistrements
au kymograptre èt te faux palais recouvert de talc qui permettait
de vôt lù points d'articulation de la langue, tout ce qui était-pra-
tiqué dans l"r t.". laboratoires universitaires de phonétique. Mais
Ieur intérêt était déjà inappréciable. Ils permettaient de fixer,
d'analyser, grâce à un enregistrement dans le temps et dans l'es-
pu"", é"m" Jhaîne parlée, jusqu'alors insaisissable, qui s'évanouis-
sait à peine émise.
f Les ônregistrements étaient obtenus par des tracés sur un cylindre
recouvert àe noir de fumée, et cela grâce à des aiguilles, des
tuyaux, des embouchures, des olives nasales. La préparation du
-ôindt" enregistrement demandait des heures, le résultat était pro-
blématique.
Et cependant, c'éIait merveilleux de voir ainsi tracés en signes
visibles, présentant une permanence, ces sons évanescents, dispa-
raissant én dixièmes de seconde, qui ne se laissaient pas traquer
jusqu'alors.
On pouvait contempler, de visu, les tracés marqués par les
sourdô, les sonores, fes nasales, constater leur durée et celle de
leur détente, et toutes leurs interactions... Cet appareil fut utilisé
pendant des années dans les laboratoires de phonétiqrre universi-
iaires, à paris rue des Bernardins, à Rennes, à Grenoble... et autres
lieux sans doute.
Il représente le début de la Phonétique Expérimentale'
62 phonétique
Phonétique historique
La phonétique historique
- mouvements de lèvres, << Vous vous prom'nez sur la Can'bièr >> n'est pas mieux
que
- mouvements de langue. << vous vous promenez sur la Canebière >>.
p... 4...p...
pleureur, dans la bouche de I'orthophoniste ressortait en << sole >>
\i..'
Les nasales sont moins nettes. Le rythme de la phrase est
un
-
-
-
[]
immobilité de la glotte,
occlusion vélaire,
mouvements adéquats de langue, lèvres, mâchoires.
- k inspiratoire : Le s est produit soit par un mouvement apical, soit par un mou-
- faire prononcer a... a... a... vement dorsal, selon le locuteur mais le point d'articulation va
- maintenir à plat, avec un guide langue, la partie antérieure de aussi varier, chez le même locuteur, par assimilation selon I'envi-
la langue, ronnement consonantique ou vocalique. le t entraînera un mouve-
- faire souffler par le nez, ment apical, le k un mouvement dorsal.
- et pendant le souffle, pincer le nez. Cette articulation, si labile, présente de nombreuses mal-positions :
Le k obtenu est parfait. mouvement de langue interdental, adental, légers schlintements uni-
La démonstration de M-" Borel est toujours spectaculaire, mais latéraux, bilatéraux, manque de précision, articulation floue.
les orthophonistes qui veulent suivre son exemple sont souvent C'est le phonème le plus pénible à supporter, pour des oreilles
désappointés par le résultat obtenu. exercées, dans de nombreux discours, sermons, et autres modes
Là encore, il est important de décomposer le phonème en ses d'expression orale !
divers mouvements et de les travailler séparément. Il faut entraîner la langue à des positions nettes à I'aide de
Normalement, quand on souffle par le nez, on ferme spontané- consonnes occlusives, donc fortes. Préciser I'articulation dorsale
ment la bouche. Alors que pour obtenir le k inspiratoiré, il faut du s à l'aide du k et du a.
souffler par le nez, bouche ouverte. Là réside la difficulté. Pourquoi à I'aide du a? Parce que la bouche grande ouverte
Exercice à faire : souffler par le nez, bouche ouverte. Il peut permet de constater que la langue est bien équilibrée par rappol-t
être utile d'entraîner à souffler par le nez en se servant d'une giace à la mâchoire inférieure, qu'elle s'étale en touchant les alvéoles
et d'un coton léger. Le coton léger doit être volumin"ur, poù, ne et évite ainsi le schlintement bilatéral. Au besoin, la détendre avec
pas risquer qu'une inspiration maladroite ne le fasse pénétrer dans un guide langue plat et former la gouttière médiane avec le guide
le nez. Cela s'est vu. langue allongé.
En prononçant k, en prolongeant la détente on obtient un s dorsal
Les trois occlusives sonores bien placé. Puis on fait suivre d'un a qui soutient encore la position
et les trois constrictives sourdes de la langue : a. k. s. a...
Préciser l'articulation apicale du s grâce au t et au i : i. t. s. i...
lpTk-l Travailler par opposition ensuite aksa... itsi... et ensuite travailler
, lbd=l FS-hl s dans tous les entourages vocaliques et consonantiques possibles.
Chaque locuteur trouvera la position qui lui convient.
i',
Les trois occlusives sonores sont obtenues par assimilation grâce Contrairement au s, les mouvements de base de cft sont très précis :
à la position intervocalique :
-'-.! - lèvres arrondies,
le souffle freiné par les vibrations glottales est moins fort, * mâchoires légèrement écartées,
la glotte vibre, - souffle fort,
occlusion vélaire, - langue : mouvement élévateur apical chez la majorité des fran-
cophones.
- même position et mouvements de langue, des lèvres et des
mâchoires, mais moins tendus. . Le mouvement des lèvres sera facilité par les voyelles u et ou.
Les trois constrictives sourdes sont obtenues en émettant une l-a voyelle u obtenue par un mouvement apical de la langue est
détente forte et prolongée.
d'autant plus indiquée comme soutien.
Le mouvement bilabial du p. devient labio-dental pour f. Ap_ Si les lèvres manquent de souplesse, faire des oppositions lèvres
puyer << légèrement > la lèvre inférieure sur la mâchoirè inférieuie. tcndues... lèvres arrondies
74 Phonèmes et leur rééducation
Consonnes j5
1... ou
sans exagération
t Les trois constrictives sonores : v. .i. z.
{ ,_,--/.' FTll---.-
dier le ch de sa famille. Un ceûain nombre de francophones pro-
duisent le ch dorsal. Si c'est le cas, ne pas changer le mouvement -\ .--/ FTch-l
naturel, mais le préciser en opposant le ch dorsal au s apical, ou
le ch dorsal postérieur, au s dorsal antérieur.
fm. n- sn.l F.;a
Si dans une parole trop floue, chez un sujet à la psychomotricité t Les apicales
lente les ch et s se confondent facilement, s'il y a parfois émission
d'un phonème intermédiaire, faire les oppositions ch. s. avec des
Pour les consonnes, il est imporlant d'attirer I'attention sur les
apicales.
exercices de ralentissement puis d'activation de la parole (en se
sefl/ant au besoin du métronome). I
Si l'automatisme ne s'établit pas pour le ch conserver le mou- t. d. n.
vement dorsal et travailler l'opposion s... ch. ch.j.
s : dorsal antérieur ch : dorsal postérieur et occasionnellement s. z.
apex contre les dents apex contre les dents
inférieures
Il
est très important d'obtenir les apicales.
inférieures
Chez un sujet à la psychomotricité lente, si toutes les consonnes
le dos de la langue le dos de la langue sont dorsales, elles se confondront facilement. Dans la parole ra-
se posant contre un guide- s'élevant postérieurement pide entre un t dorsal antérieur et un k dorsal postérieur on verra
langue plat tenu verticalement comme pour k. se produire un phonème médian peu reconnaissable.
76 Phonèmes et leur rééducation Phonèmes intermédiaires entre voyelles et consonnes constrictives 7l
Le I dorsal, le j dorsal, tendent à devenir un yod. - Le yod, obtenu en général sans peine par l'aplatissement de
Pour améliorer les apicales, il est commode de travailler l'émis- la langue, en partant du i du j du l.
sion du l. - Le I ; le mouvement apical de la langue exige souvent un
L'apex doit être posé contre les alvéoles, exactement au milieu cntr4inepent. Revoir les exercices de la langue.
de la mâchoire supérieure. Si ce mouvement n'est pas acquis, re_ - Le.ri Dans les retard-s_de p-4lgle. [e r est souvent le phonème
faire les mouvements de base de la langue vus précèdemmènt. un rucquis en demier. É,Vitëi-bèïôut,rir l'obtenir à rôute lorce-en"Tai-
miroir est une aide. sant faire un raclement de la gorge dont on se débarrasse ensuite
La position intervocalique, en se servant de i et de u, est une tlilficilement.
aide. r post vocalique : tenir longtemps une voyelle en la terminant
On peut aussi soutenir la langue avec le guide-langue no 2 (celui l)ar un souffle. Le souffle se changera en r
que les enfants appellent le petit tabouret !). r initial : souffler doucement ef longtemps, puis prononcer la
Le I obtenu, on travaillera le t :...1 t... puis de même I n. voyelle.
.i1...Dans les groupes consonantiques, scinder le groupe : ap... ra
1...1r... r... rch...
ro doucement d'abord, puis plus vite... de façon à obtenir le
1... Id... d... dj...
groupe.
Avec ceftains petits, qui présentent de grandes difficultés de pa_
role, penser à varier les exercices. Mais toujours travailler le r en douceur.
Par exemple, pour obtenir le j : Avec les enfants, une facilitation : partir non pas du souffle, mais
du soupir...
- assimilation à partir d'un ch intervocalique, très doux, On peut leur dire << encore ce même exercice, quel ennui >> et on
- assimilation pa-r le souffle vibré de la détente du d, pousse un soupir qui doit se terminer en r ! En général, cela les
* travailler par opposition : 2.................... j iunuse...
apex baissé apex levé.
Pour tous les phonèmes, on invente facilement des exercices va-
riés.
Penser aussi à refaire tous les exercices de base : souffle, glotte,
voile, langue, lèvres...
Phonèmes intermédiaires
entre voyelles et consonnes constrictives
Le travail en groupe
t Sa genèse
Le travail en groupe pour la rééducation de la parole et de
l'articulation s'est organisé non par raisonnement intellectuel, mais
par un concours de circonstances et I'essai s'est révélé fructueux.
M-" Borel dirigeait alors le service d'Orthophonie de I'Hôpital
Saint-Vincent de Paul. Le Professeur petit était à la tête de la
chirurgie et beaucoup de patients se présentaient pour se faire ré-
éduquer.
L'habitude était de prendre chaque patient (enfants et adultes)
pendant une demi-heure. Une demi-heure à chacun ! L'accueil et
la mise en train... les adieux et les recommandations... laissaient
un temps très court au travail.
En ce temps-là, car cela remonte loin, il y avait peu d'orthopho-
nistes et les enfants venaient de partout pour suivre des rééduca-
tions de divisions palatines, d'insuffisances vélaires et de troubles
variés d'articulation et de parole.
Cerlains enfants étaient hospitalisés à Paris pour quelques mois,
d'autres étaient amenés régulièrement de grande banlieue, de pro-
vince, de l'étranger.
On voyait arriver des mères, avec leur progéniture déjà fatiguée,
après avoir fait des trajets incroyables, à pied, à bicyclette, jusqu'à
un arrêt de cars, une gare, un métro. Les uns anivaient trop tôt et
s'énervaient en attendant; les autres arrivaient trop tard et gênaient
le déroulement du fravail. Que faire quand il existe des horaires,
tles embouteillages, des grèves, des mères surmenées ? Et la demi-
1
Travail en groupe
t Visites Elle contemplait I'orthophoniste d'un air enchanté, avec le sourire aux
lèvres et les yeux pleins de joie. Celle-ci se demandait parfois si le refus
La rééducation en tête à tête, rééducateur et rééduqué, suppofte de participer aux exercices n'était pas une sorte de jeu. Un jeu du type
mal le bruit extérieur, les intemrptions . La rééducation en giôup", < je te tiens par la barbichette >. Mais cela durait si longtemps que
avec ses exercices, ses jeux souvent bruyants, le mouvemént des I'orthophoniste se disait aussi : < la maturation de tous les circuits n'est
allées et venues de ceux qui arrivent et qui repafient, n'interdit peut-être pas suffisante, et la petite C. a peur de se lancer dans cette
pas quelques intrusions étrangères. activité nouvelle pour elle : la parole. >
Parfois, d'anciens rééduqués, passant dans le quartier, venaient C'était un peu angoissant. Les quelques mots échangés avec sa mère,
ilans la salle d'attente, étaient un réconfort.
prendre des nouvelles des uns et des autres, fairè constater leurs
Voici ce qu'elle disait : C. venait à I'hôpital avec grand plaisir, elle
progrès ou reprendre au besoin un peu de courage pour les exer_ repartait très détendue. A Ia maison, elle s'installait devant une glace,
cices quotidiens souvent nécessaires. tirait la langue, faisait toutes sortes de mouvements avec ses lèvres
certaines de ces rééducations étaient longues, avec << inlassable- c1u'elle amondissait, étirait, et elle faisait sortir de vagues phonèmes. Et
ment >> les mêmes efforts vers le même but, en essayant de varier ce qui était encourageant pour la famille, elle essayait de parler. Et sa
les exercices. En général, la patience et l'achamemént étaient ré- rrrère, très contente, remerciait.
compensés. L'image motrice s'accrochait enfin à I'endroit voulu Par contre, les stagiaires étaient scandalisés par cette attitude : << Pour-
rluoi ne pas I'envoyer en psychothérapie ? > L orthophoniste approuvait
du cerveau, et I'influx nerveux jouait le rôle nécessaire.
leur franchise, leur répétait les paroles de la mère de C. et gardait la
, De nombreux stagiaires, leur stage terminé, passaient aussi voir petite fille.
l'évolution de celles des rééducations qui leJ avaient intéressés, Ce qui ne veut pas dire qu'elle ne se posait pas de questions au sujet
mais dont ils n'avaient pas vu la fin. cle son travail... et de ses responsabilités vis-à-vis de I'enfant. Et voici
ce qu'elle se disait : < C. est heureuse ici, elle voit qu'elle n'est pas seule
Le cas de c. Parmi tous ces enfants présentant une malformation, à avoir des difficultés, elle refuse les exercices proposés, mais elle re-
- une atteinte
un trouble perceptif, neurologique légère, manifestant du garde, elle écoute ce qui se passe autour d'elle, elle répète tant bien que
désintérêt ou de I'apathie et dont les rééducafions sjéternisent, le cas de rnal toute seule devant un miroir. A la maison, elle commence à parler,
la petite C. est I'un des plus frappants. ici elle est très fière d'être la championne des jeux de souffle. Une psy-
c' petite fille de cinq ans est amenée à r'hôpital car elle ne parle pas. chothérapie ne I'entraînerait pas à parler I Peut-on en quelques séances
Renseignements donnés par sa mère : rattraper des années, d'abord de surdité, ou tout au moins d'hypoacousie,
grossesse normale. L'accouchement aurait été normal si C. n,avait pas puis de non-parole ? >
aspiré par le nez du tiquide amniotique. Après l,accouchement, pas de Le temps passait, c'était toujours un mutisme complet avec nous.
chambre libre immédiatement. Mère et enfant attendent, mal insiallées. Sa mère me disait que la veille des séances à l'hôpital C. émettait d'un
Le bébé a pris froid, a eu de la peine à boire, le nez bouché. air satisfait quelques sons qui ressemblaient à : < demain... hôpital... Sé-
_
Ne parle pas. A deux ans, on s'aperçoit qu'elre a une otite séreuse aux chelles..- !> ?
deux oreilles, et qu'elle présente dès complications au niveau naso-pha- Enfin arriva la fin du stage et presque celle de I'année scolaire. A la
rynx. Elle est opéré, on lui ouvre le palais. clemière séance de présence des stagiaires, brusquement, au milieu d'un
I ginq ans, elle ne parlait toujours pas, on la confie à l,onhophoniste
qui s'occupe du petit groupe, on l'y intègre. La famille habitaii la ban-
.jcu, une phrase entière, compréhensible, sortit des lèvres de C.... Un petit
garçon du groupe, tout étonné, tendit le bras vers elle en criant : < elle
lieue, sa mère la conduisait une fois par semaine à l'hôpital, rès régu- parle ! >. Et il y eut un << mouvement de foule > parmi les assistants.
lièrement. Quelque chose s'était-il enfin déclenché en elle? Avait-elle oublié que
C. refusait tous les exercices proposés, n'émettait pas un seul son. le jeu consistait à ne pas parler?
Mais elle acceptait de souffler, les jeux de souffle I'amusaient. Elle en
devint vite la championne. Elle était arrivée à souffler très bien. très fort Cette fin en apothéose ne signifie pas que C. parlait parfaitement.
et en sachant diriger le souffle. Elle a continué à ôtre suivie. Mais c'est le premier << mot > qui
C'était tout ce qu'elle faisait! coûte, et le premier mot était dit.
Mais elle regardait avec intérêt les activités des autres enfants. Réflexion : le groupe permet la maturation nécessaire...
;11
64 Travail en groupe
Rééducation 85
.si le patient s'intéresse aux activités du groupe, tout au moins On joue aussi au tennis en se renvoyant le coton d'une glace
visuellement et auditivement, supportons sei refus, ses lubies,
phobies, tirons-en parti dans les-éxercices.
ses sur I'autre. Il y a des jeux sans fin de football ou autres sur la
Le résultat final rend en général notre effort valable. table avec des boules.
L'orthophoniste ne 1'avait-pas compris au début... et elle regrette Pendant des années, nous avons eu de petites voitures, munies
en pensant à cerlaines rééducations arrêtées sans doute trofi cl'un ballon de caoutchouc que I'on gonflait, et qui en se dégonflant
tôt, laisait avancer la voiture. Et des courses passionnantes s'organi-
sous le p.rétexte que |enfant n'en tirait pas profit immédiatement.
I e travail avec, de petits groupes facilite les progrès serient sur toute la longueur de la table. Mais nous n'avons plus
J" lult.rrti." relrouvé de ces petites voitures.
visuelle et auditive : regarder, écouter les autres enfants
travailler,
dans la détente, est un exercice très utile et qui se rait
inconsciàm-
Enfin, il y a des jeux à l'infini : cercles, carrés tracés à la craie
ment, ce qui est le but à poursuivre dans lei rééducations, quelles sur la table, sur lesquels on écrivait des nombres. On dirigeait le
qu'elles soient. >> soufï'le vers I'un, vers I'autre et l'on additionnait les nombres sur
Iesquels tombait le coton.
Sans oublier les flûtes, les sifflets, etc. pour former un orchestre.
La rééducation Les oiseaux siffleurs qui se répondent, les bulles de savon, etc.
Tout ce qui ressemble à la vie qui les entoure, aux sports qu'ils
contemplent en réalité ou à la télévision, les amuse et les encourage
- une-très grande table est indiquée. Tout autour vont s'asseoir
les enfants et autres participants. Il faut aussi un lavabo, dans leur effort.
dans la
pièce ou dans ses parages. Les exercices décrits uu Il y a mille mouvements à faire pour développer le souffle, le diriger
tu
rééducation vont être adaptés selon l'âge des enfants "rrupitrràà ct immobiliser la glotte en cas de coups de glotte et de souffles rau-
et lËs troubles
qu'ils présentent. c1ues. Les enfants eux-mômes ont des idées et nous en donnent.
Autrefois, les rééducations commençaient assez tard, maintenant Dans les cas d'insuffisance vélaire, des exercices de souffle très
on prend les enfants en rééducation beaucoup plus tôi, ce qui I'orts, qui dirigent le souffle vers la bouche, diminuent la déperdi-
est
très bien' mais il faut savoir moduler res exerclces s"ton tion nasale. Ce qui est un résultat valable.
t"'s-por-
sibilités de l'enfanr. Toujours, dans les cas d'insuffisance vélaire, les exercices d'op-
position orale-nasale sont faciles à faire faire en groupe. Chaque
t Les exercices de souffle cnfant a une glace et examine la buée qui sort ou non de ses
rrarines pendant I'exercice.
- Ne pas se borner à distribuer des instruments aux enfants et à
leur dire de souffler, tout en ne s,occupant plus d,eux. Ils Ce qu'il fait en général avec intérêt et amusement :
en au_
raient vite assez. Il faut organiser des jéux dà souffle qri an... la buée sort
,ur"it"rrt
leur intérêt. a... la buée ne devrait pas softir,
Poser un petit coton sur une glace et dire : c'est un petit sort de moins en moins à mesure de la rééducation
nuage,
souffle pour faire du vent et le faire avancer dans le ôiel. ne sorl plus I résultat final, à obtenir si possible.
Faire avancer lentement un.coton sur la glace en faisant p.p.p.p. A mesure des progrès, on complique les exercices :
comme un_bruit de pas. Anivé au bord de rà glace, le coton
c'est un plongeur.
io-i" , man... man... man... pa.pa.pa.
non... man... man... oui.pa.pa.
Au contraire, on souffle très fort et on imagine un skieur qui
prend son élan avant de sauter. on fait des coniours Et on cherche d'autres petits groupes ne comportant que des
à qui soufile nasales (beaucoup dé buée sur la glace) ou que des orales (pas de
le plus fort.
buée !).
'â
Travail en groupe
Rééducation 8l
Ne pas insister sur ces exercices en cas d'échec, si |enfant est
petit. Ne pas susciter de découragement. Les exercices Les guêpes aussi aiment la confiture ! En voilà une : j j j j.
seront repris Attention, quand une guêpe pique, cela fait très mal. Allons plutôt
plus tard' Pour les grands, revoir res chapitres de rééducation
et rnanger nos taftines dans la maison en fermant poftes et fenêtres.
adapter les exercices aux enfants (et non pàs les enfants
aux exer-
cices !).
Les mères ne comprennent pas immédiatement le pourquoi
E U" cheval est dans un pré. Le fermier est dans un champ
des tout près. Un serpent rampe à côté du cheval en sifflant s s s s
exercices quand elles les entendent en amenant les enfanis (mouvement d'une main sur la table, comme un serpent qui glisse
ou en
revenalrt les chercher. dans I'herbe).
L'une d'elles, un jour, fit une remarque courroucée :
<< Enfin, madame, je vous
entends faire répéter aux enfants ..oui
E rc cheval a peur, il fait br br br br (on fait vibrer fortement
les lèvres). Le fermier I'entend eit veut aller voir, il marche sur le
papa, non maman". C'est inadmissible. >>
sentier, la terre est dure, ses pas font p p p p... (imiter le bruit des
Ce qui a suscité un échange intéressant sur les <( non pas avec les deux index, sur la table). Puis le fermier marche dans
maman )>
n'exprimant ni refus, ni contestation tels que : << non, maman, je Il
I'herbe qui est mouillée et ses pas font pf pf pf. met le pied
ne suis pas fatiguée >o etc. clans un trou d'eau, I'eau gicle en faisant f f f.
Il arrive près du cheval, plus de serpent, le cheval à I'air content,
t Les points d'articulation le fermier repart, pf pf p p...
Susciter l'émission de bruits ou de sons isolés, proches Raconter ainsi de petites histoires.
des pho-
nèmes, mais que les enfants ne conçoivent pas comme
tels. On le bruit des portes qui se ferment dans le métro : ch...
peut se servir des gestes de M-" Borel.
le vent qui souffle la nuit et empêche de dormir : v...
envie de participer, rie s'exprimer, de commuriquer. Et
Po"1e1 Oh ! la belle glace I qu'elle a l'air bonne : m...
cela suffisamment pour qu'ils fassent i'effort mentar
de se replacer
dans la situation voulue, de se rappeler le bruit, de l,évoquer, Regarder des images, celles suggérant des bruits, ou représen-
a,"r_
sayer de le reproduire. lant des animaux.
On commence par poser des questions : Savez_vous ce que
c,est,
un moustique ? Avez-vous été piqués par des moustiques
?
L'âne : hi han opposition orale-nasale (mode
Quand ? Où? le soir ? à la campagne, etc. d'articulation)
vous avez allumé une lampe tout en laissant la fenêtre ouverte... opposition fermée-ouverle
et vous avez entendu un petit bruit : z z z 2... (mouvement buccal)
opposition apicale-dorsale (point
Hélas, ce sont les moustiques qui entrent et vont peut_être
nous d'afiiculation).
piquer.
Le cheval : br... faire vibrer foftement les lèvres
pour les assouplir
lz )Tracer z.enl'air avec l,index, le faire faire aux enfants, choisir (mouvement assez difficile).
un enfant qui sera le moustique. Celui_ci fait z z z puis
ment, dit < pique > en touchant la main d'un autre qri
bilq;;
uu fulr" aboiement, miaulement, chant du coq, etc., etc.
< al'e
', Le travail d'évocation des sons simples permet à I'orthophoniste
l'été, on esr dans le jardin. C'esr I'heure du goûrer. cl'analyser les acquis, les troubles de base de I'articulation du pa-
-l_iJ. 9'"f, lient, tout spécialement d'analyser les constrictives et les sigma-
Voilà de bonnes tartines de confiture.
tismes éventuels.
,"1 N
88 Travail en groupe
Les glaces que I'on peut acheter dans le commerce sont trop
petites, elles ne permettent de juger que la nasalité d'un phonème
isolé.
Une grande glace de 25 cm sur 10 cm pemet de juger de la
nasalité d'une rhèse entière.
Elle permet aussi une quantité d'exercices variés en rééducation.
90 Maftriel
Matériel Guide-langue 91
Les guide-langue
r Ses inconvénients L orthophonie est une science très récente. Comme toutes les
Par quoi le remplacer après les exercices sciences, comme toutes les recherches, elle évolue par paliers.
du début ?
ne faut pas abuser du.métronome, sous peine
I1 Les chercheurs s'efforcent de créer de nouveaux modes de pen-
parole trop artificielle et mécanique. de rendre la sée qui viennent enrichir les méthodes employées jusqu'alors et
Pour éviter cet inconvénielt éventuel, tracer de nouveaux chemins d'exploration.
reprendre le même type
d'exercices. non plus avec le métronoÂe, Il est parfois des engouements tels pour ces idées nouvelles qu'ils
mals avec les mains. font passer tout le reste au second plan pendant un cefiain temps.
Battre des mains en mesure, taper des
mains sur la table, ;;;'r,
tambourin. Il y a quarante ans environ, on ne parlait pas de latéralisation,
Et aussi sur les mains cle .- que des gauchers contrariés et des troubles qui en découlaient. Tant
qui a son tour tapera
su.r tes mains du parienr --'orthophoniste
uur." façon et si bien qu'on rencontrait des enfants, droitiers ou ambidextres,
laisanr percevoir
d.aci;;; i;';;;;;:'"" obligés de se servir de la main gauche, à leur corps défendant, pour
le rythme urtr"r"ni qr" pm l.audition.
cents toniques, les pauses sont ainsi f*if"i Les ac_ qu'ils ne soient pas contrariés.
a inOlquer, iù*"r"
devient normale, si elle p"r'pf* Ce n'est pas une exagération...
-êm"
est aussi un très bon exercice. "rt; r I lente. Faire chanbr
Quand on parcourt les nouvelles parutions de livres, de revues,
Donc, quand I'articulation des phonèmes on ne voit plus guère discuter de latéralisation. C'est un acquis
est acquise, penser à
rythmer la phrase, à moduler qui, bien compris et utilisé, enrichit diagnostics et rééducations.
Mais cé ,tripi"r'r"
rôle du métronome. 'intonutià"-. Que de malheureux échecs, que de catastrophes, au début, à cause
de théories mal interprétées, mal situées dans un ensemble.
Maintenant, c'est la psychologie, le psychisme qui règne en
maître dans la rééducation orthophonique. Il est hors de question
de douter de I'emprise du psychisme sur nos attitudes, nos actes
et... notre parole. Chez qui, à un moment quelconque de sa vie,
la timidité, la peur, I'angoisse, n'a produit une impossibilité à
trouver le mot voulu, un genre de bégaiement, une extinction de
voix ?
I
96 psychologie et orthophonie
Psychologie et orthophonie 9l
C'était un symptôme passager, qui a disparu de lui_même
er.r soudre. Quelle est I'origine de ces troubles de parole? Est-ce un
même temps que sa cause.
lraumatisme psychique qui a déclenché le trouble organique ?
Un choc psychique très fort ou très prolongé (mauvais N'est-ce pas sa difficulté à s'exprimer qui déclenche chez I'enfant
traite_
ment, séparation brutale d'avec la familie... p""i aâl*"h.r des troubles du comportement plus ou moins accusés ?
un mutisme chez un elfanl ne présentant pas"tËde r
âéfi"i"n"e orgu_ Quand une rééducation de parole <ne tient pas> ne s'est-on pas
nique à proprement parler. Mais si ce choi s'est produit
attaqué au lrouble de parole de Jaçon superficielle, sens étudier
ment important du développement, si cet étit de à un -o_
choc s,est à fond Ia base organique du mouvement en cause?
prolongé, tous les mouvements complexes nécessaires
de la parole, qui n'ont pas été utiliséi à certe
a t;eÀisslon Il est toujours intéressant d'échanger, et pendant les stages les
fin, se rorr, - remarques des stagiaires étaient bien accueillies, plus semblables
sorte rouillés. Ils vont demander des exercice. '"*-
uduptJ.."n-quËiqr" parfois à des reproches de leur part qu'à des questions sur le travail
Un trouble perma_ryent cle parole, même lié de
ur1 é1at psychique déficient, nécessite ra
façon éviclente à en cours.
mise en" iarche d'un ,u Entre autres : faire Épéter les enfants, les interrompre, c'est
plusieurs organes immobilisés jusqu'alors, dont:
d,une aicle iiino inadmissible...
phonique dans la plupart des"cas'.
Il y a comme toujours des cas particuliers. Il est certain qu'interrompre un enfant qui essaie de parler risque
de le bloquer, sufiout s'il présente un retard de langage. Il ne faut
Il arrive, dans les rééducations d'articulation et de parole, qu,un
pas le lasser en faisant répéter, ou en le reprenant à tout propos.
enfant.soit rééduqué très vite, si l,orthophoniste
sait ,. ,"ruir'J,r' Le problème se pose différemment quand il s'agit d'un retard
g.uide-langue pour poser la Iangue^à la place
voulue. dans-ia"po_ de parole, d'un trouble d'articulation provenant d'une malforma-
silion voulue. er si d'un gesre rés fin oe'ta main ii"î
les joues, les lèvres. "rr"ï"aer. tion, d'une position défectueuse de la langue, d'une mauvaise syn-
Tout cela pendant des séances rapprochées, trois chronisation ou coordination des mouvements nécessaires.
fois par semaine Dans cerlains cas, laisser les enfants parler n'importe comment,
en général. L'enfanr semble rééduqùé. Livré
à lui-mêm'e'i;;;;"r"
queique temps les bqls reflexes. Eipuis, tout c'est comme leur apprendre à chanter faux en s'accompagnant sur
se dégrade a nËuu"uu
et il reprend ses vieilles habihrdes. un piano désaccordé...
Inciter à parler, ne pas arrêter les élans, tenir compte également
vox ptpuli .' < L'orthophonie ! Ça ne sert à rien r on a des ré- du psychique et du physique, demande une perpétuelle remise en
sultats rapides mais cela ne tient pas. ,,
question du travail de I'orthophoniste.
-leL'orth,phoniste ; << cet enfant trouve dans son défaut de parole Essayer de comprendre les réactions du patient, s'y adapter au-
moyen : tant que faire se peut, varier les exercices, éviter la lassitude...
- de rester un bébé accroché à sa mère, Encourager en valorisant ce qui est acquis...
- d'exaspérer des parents trop exigeants, Il est des enfants qui comprennent l'utilité des exercices. Cela
- de se faire remarquer, leur paraît encore plus évident quand ils sont dans des groupes, à
- de ne jamais être interrogé en classe, etc., etc. même de constater les défauts des autres. Il est souvent utile de
Donc, aidons-le au point de vue psychique et tout discuter avec eux.
ira bien. >>
Et I'orthophoniste est tenté de raisser tomber l'orthophonie Quand ils apprennent la musique, on leur fait faire des gammes,
prement dite pour se lancer dans une pseudo_psycfrotie.upl. nro- des arpèges, des trilles, des accords... Ils déchiffrent des partitions,
laquelle il ou elle n'esr pas suffisamment fbrmé. ôoo, s'entraînent à produire des sons parfaits, à aller vite, à aller douce-
ment, à nuancer. Parfois à retenir de mémoire.
Vox Populi .. << Alors, pourquoi faire appel à l,orthophoniste
et A-t-on jamais critiqué cette façon de faire et décidé de supprimer
non pas au psychologue?>> C'est là que Éside
te proUtèÀ"-a-.e- les exercices pour ne pas perturber les enfants?
98 psychologie et orïhophonie
Dessins 99
Conclusion