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COLLECTION D'ORTHOPHONIE

S. DE SECHELLES
Colr-ecrtoN D'oRTHoPHoNIE
Sous la direction de A. MoncoN

CHEZ LE MEME ÉOrcNUN

Lr votx, par F. Ln HucHn


la parole' Co1-
-Tome l: Anatomie et physiologie des organes de.la voix et de
Phoniatri('. l9gl. 2' edition. 272 pages..95 lteures'
Ictiti,,n
- Tome2 : Pathologie Ë"*it"ie i' Se-iotogié' dysphonies fonctionnelles'
"à."r"'
1990. 208 pages. 2-planches en couleurs'
_ Tome3 : Therapeunq";;' ;;i;; ;;tca]ux. collectionPhoniatrie.l9S9,2" éclt-
tion revue et augmentée, 216 pages,44 figures'
L'articulation et la Parole
P' N'qncv' C' BE'quvtt-t"qN' 1990'
MenuRl PRATIQUE D'oRL, par F LecbNr, P' Fleunv'
3" édition revue et augmentée' 384 pages, 79 figures'
C)nrHopttoNte,locuMENlsE:llÉMolcNACEs' par A' MoncoN' P' Attr'tlno et collaborateurs' par
1988, 280 Pages'
ATI.AS AUDIoMÉTRIQUE,
CLINIQUE, AVÊC
par M' PonruaNN' C POnr
^ï;^", o,,quorol,rÉTRrE
PnÉCrs
;;;; ta cotlauoraiitn de D Daur'rlN'-M' pages'Nncnr'vencNE et D' Poxrw'qNN' Suzanne oe SÉCHELLES
et complétée, 336 196 figures'
;'5d; i9à8, e; eaition révisée
Orthophoniste
B' DucanNp- oe Rmeucount 1988' 2' édi-
RÉÉoucqrtoN sÉMIoLoGIQUE DE L'APrlAslE, par
tion,288 Pages, 39 figures'
Tnouer-BsDELAPARol.EnroEsHrrstlstÉSSoCIALES'par.L'Rusrn,A'KunnTraduitde
^"1;u""ËL"t
put A.M' Srr,,roN' 1992,224 pages' 35 tableaux

* li;ïtirr,'n+:i et
ii ',t,; ;i lt ltt I i-.r;;

Ce ntrale

MASSON M
Paris Milan Barcelone Bonn
1993
l

Table des matières

I
Introduction
l. Le cerveau..........................". -5

6
Audition
'7
La vue et le toucher.
1
Les messages kinesthésiques ..... "........ " "'
9
Désorienter la conscience phronologique

2. Le système Phonatoire ....... ll


Le souffle.....
l2
14
La glotte.......
t5
Le voile........
de reproduction par tous procédés 15
Tous clroits de traduction, d'adapatation et lnsffisance s vé\nires.........
réservés pour tous pays.
Attention ctux insffisances vélaires légères l9
ôu partietle' par quelque procédé que
Toute reproduction ou représeniation intégrale 25
fàite sans 1'autorisation de 1'éditeur Fosses nasales............'.......
ce soit, des pages publiées a""t ft'p'Jt*t
oiu'ugt'
d'une part' les repro- 25
est illicite et constitue un" tln*iuçon' Seulesiont.autorisées' destinées à une utilisa- Nez ...............
prive Ou copiste et non
ductions strictement rer"'uetJi'l;utàge justifiees par ie caractère scientifique La bouche 26
tion collective, et d,autre p^ri f", .ooi.r'.itotions
inco'poieet tart' L l22-4' L 122-5 Origines imprécises des malformations...."""""' 31
ou d'information a. r'*ou"'àu"n'1il;;11";ntt '"it
étl,.z'zs zdu code de la propriété intellectuelle)' La pharyngoplastie "....'...... 39
Des photocopie: px)irntes'p.uu.n,ètre
réali:ées avec l'ltcord de l'editeur. S'adresser
40
âu Centre lrunçais a'"^proitlion'i'-JÀit àt copie' '1' rrre Haulcleuille' 75u06 Parir' Chirurgie et orthodontie
Té1.43269535. Les interventions Précoces 4t

@ Masson, Pttris, 1993 43


ISBN :2-225-84100-4
ISSN : 0-3999- 1 8zt9 Guidance parentale.....'. """""""""""' 43
44
Éducation précoce
47
Le premier contact
I20. bd Saint-Germain' 75280 Paris Cedex 06 Intérêt de la précocité de la prise en charge
M,q.ssoN S.A.
MlssoN S.P.A. Via Statuto 2,20121 Milano quand l'enfarit en est capablé.....'..'. 49
Avenida Principe de Asturias 20, 08102 Barcelona
MASsoN S.A.
Maarweg 30,5342 Rheinbreirbach b Bonn Début de la rééducation 50
Dunn und Kssslsn
VI Table des Matières

Détoumer si possible i'attention du patient de son trouble """" 51 ,ii

Fréquence des séances..' 52

Organisation du travail de l'orthoponiste ...."""""" 52

Attention aux répétitions abusives et néfastes"..' 53 lntroduction


Préparation de la séance suivante......... 54

Durée de la rééducation 54

Arêt de la rééducation 56
Ce trayail est un hommage
Chaque cas, de même que chaque être, est unique""""""""""' 51 à Suzanne Bonnz_M,usouiv.
Évidence 58 Qu'elle soit remen:iée une .fois encore
59 pour ses recherch.es inLassables,
La famille, sa parole......'
sttn honnèteté intellacrurlle,
61 sa générosité sans limites,
4. La phonétique..................'. pour tous les c.hemins
La phonétique instrumentale....'.............. 61 qu'elle d outerts en orthoph.onie.
La phonétique historique'.. 64

65
Les phonèmes et leur rééducation..
Les voyelles 65 Passant des. largues au langage, cle la phonétique
11
à la parole,
Les consonnes ............."'.... l)our aboutir à I'orthophonie...
Phonèmes intermédiaires entre voyelles Comment citer tous les auteurs, professeurs, collègues,
16 amis qui
et consorules constrictives rrr'ont aidée à penser, donc à vivrô?
6. Le travail en groupe 19 Ma reconnaissance aussi va vers eux.
84 Les études d'orthophonie n'étaient pas encore créées.
La rééducation.................'.. Les ou-
vrages que Suzanne Borel-Maisonny a écrits, seule
89
ou en coliabo_
7. Le matériel
89
'.tion, ses travaux,
spécialistes,
ses échanges avec une grande variété de
m'ont formée pou.i" métier.
Les glaces en acier inoxydable"..
Les guide-langue................ 90 ll y a de nombreuses années, j,ai été accueillie dans son groupe
tlc collaboratrices. Et M'" Borel va forcément reconnaîtrelr"r
Glace-miroir 93
93 lrr, des choses qu'elle a pensées, dites, écrites
*
Le métronome................... avant moi.
Dans I'ensemble des sciences humaines, l'orthophonie
95 tient une
8. Psychologie et orthophonie.'.......'....' Place très modeste. Pa.rmi toutes_les composantes de l'orthophonie,
Les dessins 98 l. parole et I'articuration est celle qui pâraît la ptur riÀpi"';;;"
\ 100 lyser, la plus facile à éduquer ou à'rééàuquer.
Le cotps existe...............
En choisissant ce métier d,orthophoniste, j'imaginais
Conclusion... 103 un gagne_
pain tÈs << humain > mais sans prè@ntion, que
1à Aomin"rîiJ ia_
pidement et qui me laisserait du iemps pour
un tiavail passionnant
sur les'sons et le langage que je venaii d,entrevoir.
Et puis,_ p^:u à peu, le travail ofthophonique a dévoilé sa
complexité. chaque question résolue entraînait d'autres
qu"riionr.
Chaque cas exigeait réflexion et recherche.
Introduction Introduction

ceci n'est pas un traité de phonétique, mais une incitation à étudier Il est difficile de transmettre son expérience par des mots. << Les
la phonétiquè a"to"ll" et historique et à se tenir au courant de tous cxcmples vivants sont d'un autre pouvoir. >> Les rééducations
les^appareils concemant la parole qui s'inventent de jour en
jour' commentées aussi, sans doute. Cependant, un inconvénient d'im_
potrance existait : les démonstrations ne pouvaient se faire que sur
Ceci n'est pas un traité de médecine, mais une incitation à
les cas qui se présentaient pendant les stages. Et chaque fin de
s'intéresser atx recherches médicales en neurologie, anatomie,
stage laissait le regret du travail inachevé et inachevabl,e.
physiologie, chirurgie qui sont de plus en plus approfondies et
évoluent perpéruellement. Ce livre essaie d'effectuer un balayage aussi large que possible
des cas courants mais variés que I'on peut rencontrer, dès questions
Ceci n'est pas un traité de psychologie mais le psychisme imprègne
que I'on peut se poser, dans le cadre de I'orthophonie, au sujet de
toute la vie, il faut être conscient de son impact sur la pirole'
la parole er l'articulation qti, humblement, tiennent une plaôe in_
Toutes ces sciences approfondissent, affinent, d'année en année dispensable dans les composantes de I'orthophonie.
la connaissance de la Parole. ,, Que le problème soit examiné sous l'angle neuro-psychiatri_
Ce qui est proposé : un peu de I'expérience acquise pendant des que, neurologique, physiologique, otolaryngologique, il n'en n,est
années d'un pasiionnant travail. Je ne parle ici que de ce que
j'ai
p.as moins vrai que le trouble du langage, pour être corrigé par
vu, de q.r" j'ai fait, avec le désir d'aider les orthophonistes I'orthophoniste, doit être, avant tout, claire.ment défini dans-sa
débutants"" : ôe qui est expliqué dans ce livre n'a pas été aussi clair cause et dans sa naftire >> (lournal Français d'Oto-Rhino_Laryn_
et évident dès lès premières rééducations... ; avec le désir aussi de gologie, Bulletin de la Société Françaisè de phoniatrie, Volume
présenter aux parents, aux éducateurs, quelques aperçus sur la VII, Janvier 1958, p. 4).
complexité de la parole, sur ce qui peut en gôner I'acquisition, et La parole est une entité complexe. Il n'est pas toujours facile
cominent, dans la mesure du possible, seconder ies orthophonistes d'analyser le pourquoi et le comment des troubles présentés par
auprès des enfants dont ils ou elles ont la charge. les enfants amenés en rééducation.
L'intérêt porté à l'étude de la parole est fi.ès récent. 11 est déconcer- Les symptômes se présentent sous des formes multiples.
tant de l'ignorance générale des mécanismes qui sont à la Les causes peuvent aussi en être multiples :
"otritut"t
base de la parole, pourtant par excellence, une réalisation humaine.
A mesure qu'une science s'approfondit, on remplace, à juste ti-
- psychiques aa organiques,
tre, certains mots de tradition populaire, réalistes ou imagés, par - psychiques e/ organiques,
des termes plus scientifiques et aussi moins blessants. Par exemple - organiques er psychiques.
<< bec de lièvre > par << fente labiale >.
On peut faire une comparaison, simpliste mais évidente, entre :

pour exprimer sans périphrase les expériences, les connaissances 1. le psychisme une force
nouvelles, créer des mots devient nécessaire. Et l'on assiste à la 2. le cerveau et le moteur
naissance d'un nouveau langage, riche et précis' mais qui, bientôt, 3. le système tous les rouages
n'est compréhensible que pour les initiés' phonatoire d'un appareil
Toute participation, même superficielle, exige des non-initiés Pour activer une machine composée d'un moteur, de différents
l,étude du vocâbulaire donnant accès à la pensée. Souvent rebuté rrrécanismes, de courroies de transmission, la nécessité d'une force
par l'effort, chacun reste confiné dans sa spécialité, supprimant t'st évidente.
ainsi échange et enrichissement mufuel.
Si une courroie est cassée ou le moteur en mauvais état, le cou-
Le style employé ici peut étonner par sa simplicité"' C'est en runt seul ne mettro pas la machine en marche. On ne peut lout
fait une que I'orthophoniste engage, en imagination, t'um.ener au psychisme el seulement au psychisme.
"onu"rsuiiotr
avec toute personne intéressée par les cas présentés, quelle que
soit sa formation.
Introduction

Personne ne Peut en douter,


le PSYCHISME imPrègne toute la vie

Le cerveau
1
- reçoit des messages auditifs, visuels, tactiles,
kinesthésiq ues,
décode, invente, construit le langage,
émet les influx nerveux qui vont animer :
Le cerveau
Le système Phonatoire

- le souffle (montant des Poumons), Du cerveau partent les influx neryeux qui vont animer les or-
- la glotte, ganes et les muscles nécessaires à la parole, peu à peu adaptés par
- le voile, l'homme à cet usage : les praxies.
- le nez, Pour être capable de cette animation, il faut que le cerveau ait
- la bouche, capté les différents messages venus de I'extériêur : les gnosies,
pour atteindre les oreilles de l'auditeur par la chaîne parlée, par I'audition, par la vue, à un degré moindre par le touchir mais
succession de phonèmes. aussi par des messages kinésthésiques.

Des lésions des centres cérébraux peuvent pefiurber :


Les praxies :

- troubles moteurs des LM.C.,


- paralysies labio-glosso-laryngées,
Tout doit être étudié et explicité. Toute recherche est utile et à - dysphonies variées, dysphasies, etc.
encourager. Mais l'époque actuelle : Les gnosies :
- privilégie le point 1, - par des atteintes des centres du langage, et tout spécialement
- s'intéresse aussi au Point 2, lcs surdités d'audition et de perception, etc.
- mais tend à occulter le Point 3. on constate aussi des anomalies qui, sans présenter une telle
Le trouble psychique, pour s'extérioriser, s'ingénie à trouver une gravité, gênent les mécanismes normaux.
faille dans le mécanisme organique. Il peut se manifester de mille
manières : I'asthme, la migraine, l'énurésie, les éruptions cutanées
et autres allergies ou déficiences.
Quand il s'extériorise par un trouble de parole, on peuî penser
qu'il existe une faille dans ce mécanism.e-là...
Le cerveau M e s sa ge s kine sthés ique s

Audition La vue et le toucher

La surdité et l'éducation des sourds n'est pas le sujet de notre étude. En rééduquant des aveugles, on se rend compte du rôle important
cle la vue dans I'acquisition de la parole, et du rôle du ioucher
Mais, entre les entendants et les non-entendants, il existe les
rlars la rééducation.
mal-entendants à tous les degrés.
En rééduquant la parole des enfants, on décèle fréquemment des une petite aveugle, après une opération très bien réussie de division
hypoacousies, graves ou légères, séquelles de rhumes, d'otites, de lralatine, prononçait tous les phonèmes, sauf les labiales, p.b.m.f.v. qui
(:taient remplacés par t.d.n.s.z. un essai de répétition n'avaii
rhinopharyngites. Les hypoacousies sont souvent instables, et donc servi à rién.
Ary9g un temps de réflexion, la raison en parut évidente à l'orthophoniste r
tr" sotrt pas évidentes pour I'entourage. Les troubles apparaissant, l,a rééducation a consisté (en se lavant fréquemment les maini I'une et
disparaiJsant, selon l'état des oreilles et du rhino-pharynx' et selon I'autre) à poser les mains sur les lèvres de I une, puis de I'autre, à suivre
les saisons. L'otite séreuse, tout spécialement, est redoutable, pas- irvec un doigt le tracé des lèvres, à sentir le mouvement d'ouvefture. le
sant inaperçue. Ces hypoacousies sont fréquentes quand il y a mal- soulÏle émis, les vibrations ou les non-vibrations de la glotte, les légères
formatiôns organiques au niveau du cavum et des fosses nasales. vibrations des ailes du nez pour les nasales. La petite fllé était passio-nnée
ct les labiales se sont posées très vite.
Et I'on reproche à I'enfant son inattention, son entêtement alors
qu'il n'a pas entendu, dans les cas graves' ou pas bien compris c'est cette rééducation qui a appris à l'orthophoniste I'utilité de
dans les cas légers, ce qu'on veut lui faire répéter. L'audiogramme préciser les rééducations de parole, même chez les enfants sans
+ phonétique de M-" Borel peut rendre grand service en permettant Irandicap sensoriel, en développant I'attention visuelle et tactile, et
à l'orthophoniste de préciser ses intuitions. Et d'attirer, s'il y a cn se servanl de miroir tantôt pour Je regarder après noas avoir
lieu, l'attention des parents, des enseignants, des médecins, sur la lcgardés, tantôt en se regardant ensemble dans le même miroir.
nécessité d'un audiogranlme et de soins médicaux' Si I'enfant a
ce qui peut développer les aptitudes du cerveau apporte un
passé des mois, voire des années, à mal entendre' une fois guéri, .Tout
il présente parfois une sorte d'inertie auditive très compréhensible, ltlus à tuur individu.
puisque les centres cérébraux intéressés n'ont pas correctement
fonctionné, par manque de stimulation.
I1 faut alors I'aider à développer son attention auditive' à re- Les messages kinesthésiques
connaître des phonèmes sourds ou sonores, le bruit des objets, les
cris d'animaux, les sons dans les mots, etc. bien qu'il soit main- Normalement, comme cela peut paraître évident si l,on réfléchit,
tenant entendant. lrr parole s'installe par I'enchaînement suivant :

Il est important que les orthophonistes soient conscients de cette


possibilité cl'inertie, ou tout au moins d'hypotonie, dans la réception t Audition
auditive du cerveau d'un enfant guéri d'une longue hypoacousie'
- perception de I'image auditive,
Par contre, on peut avoir I'impression d'une baisse de I'audition, - évocation d'une image motrice,
alors qu'il peut s'agir d'une représentation mentale insuffisante, nop -- commande motrice du mouvement producteur du son.
lente ôu imprécise, des phonèmes à reproduire. Sufiout dans les Mais, en sens inverse :
groupes consonantiques, d'où inversions et confusions de sons. Des
mouvement producteur de son,
à^"tôicer d'attention auditive sont à recommander, d'abord fÈs lents
image motrice,
puis de plus en plus rapides si les progrès le permettent. On pourra
ainsi éviter peut-être de futures dyslexies et dysorthographies. image auditive du son produit.
Le t:erveau Désorienter la conscience phonologique

Donc un mouvement producteur de son va préciser la perception Pour cela, on fait répéter un son déjà acquis, aussi voisin que
de ce son et aider à son émission. possible du son cherché, tout en changeant délicatement la position
Les petits entendent, gazouillent, essaient de reproduire ce qu'ils tles lèvres et de la langue jusqu'à I'obtention du son voulu. Ce
ont déjà émis, de répéter ce qu'ils ont entendu, font de nombreux n'est pas toujours facile, mais le résultat est en général gratifiant.
essais avant d'émettre les sons de leur langue matemelle' Clela paraît un peu magique !
De même, dans l'apprentissage des langues étrangères, formées Dans les cas d'enfants très handicapés, c'est en déclenchant des
de phonèmes différents de ceux de notre langue. C'est en les sons involontaires, puis en suscitant leur répétition que I'on peut << es-
anaiysant, en les prononçant que nous arrivons à les percevoir et sayer >> de leur faire prendre conscience du son et du môuvement
à les émettre facilement, quand nous n'avons pas une oreille assez pour le faire prononcer peu à peu volontairement. euand les
fine pour le faire spontanément. commandes cenfales so.,nt atteintes, les neurologues qui soignent les
cnfants indiqueront aux orthophonistes où se situent rès lésiôns et ce
Cette évidence est apparue en début de carrière orthophonique
grâce à une patiente adulte. rlue I'on peut espérer récupérer.
Dans les débuts de I'orthophonie, il arrivait fréquemment des cefiaines lésions semblent entraîner des troubles irrécupérables...
Mais la plasticité du cerveau de I'enfant nous réserve qùelquefois
adultes dans les services hospitaliers. Les échanges avec les pa-
rlcs surprises. Ainsi un enfant atteint d'encéphalite herpétique, qui
tients étaient très instructifs.
était suivi au Centre Franchemont, est arrivé à communiquer par
Il s'est agi d'une jeune femme, pratiquement sans parole, présentant une la parole.
division palatine opérée, mais non rééduquée. D'un milieu rural, elle ffa-
vaillait sur la ferme de ses parents et avait passé toute sa scolarité à l'école
Il faut s'armer de patience pour de longues rééducations...
du village, au fond de la classe. Elte était considérée comme débile, à cause
des quelques sons rauques qu'elle émettait à I'occa'sion.
Le chirurgien parisien qui l'avait opérée à Saint-Michel avait l'excellente * Désorienter la conscience phonologique
habitude de faire des toumées en province pour visiter ses anciens opérés
I
(saluons-le au passage!). I'avait incitée à venir à Paris suivre une réédu-
cation (l'orthophonie était à ses débuts). Elle vivait seule dans une chambre Parfois, I'enfant n'a pas trouvé le mouvement nécessaire à
et gagnait sa vie, sans parler, en débarrassant 1es plateaux dans un libre-ser- l'émission d'un phonème; mais un mouvement défectueux s'est
vice. Elle était fine et intelligente. Toutes ses attentions envers son ortho- lié à ce phonème et il y a conditionnement.
phoniste ne peuvent s'oublier... Elle faisait des progrès rapides, mais_butait
Quand le son entendu déclenche un mouvement moteur défec-
iur le k... qu'elle qu'en soit I'approche tentée. Puis, un beaujour, elle I'avait tueux, les exercices de répétition sont rarement suivis d'un résultat
bien prononcé, et pendant un moment, concentrée, elle I'avait repété tout
valable...Ils selvent plutôt à renforcer les automatismes que l,on
bas < k... k... k... >> d'un air perplexe et enchanté.
c'est ça que vous vouliez me faire dire : k"' veut supprimer.
i'k...Puis elle a dit: <Ahl
je
k... maintenant, I'entends. > C'est alors qu'il faut < désorienter la conscience phonologique >.
Ce qu'elle voulait dire, sans doute, c'était: <je le perçois>. Et elle a
L'exemple le plus frappant est le cas d'une petite fille de six à
; expliqué que ce n'était que depuis qu'elle le prononçait qu'elle le re- sept
' connaissait auditivement.
irns, d'un niveau intellectuel normal, capable de suivre une scolarité noi-
rnale si sa parole n'avait pas été incompréhensible.
Le cerveau n'intègre pas facilement ce qu'il n'a pas perÇu et
'*analysé
unique enfant de sa mère qui l'avait attendue très tard. Grossesse nor-
à sa manière. nrale, début d'accouchement normal, et puis, le travail s'étant arrêté,
tésarienne faite en dernier ressort, un peu tardivement sans doute...
, Il ne faut pas que I'orthophoniste s'achame à essayer de faire Que s'était-il passé dans son ceryeau pendant cet arrêt de travail?
, répéter. Il faut s'ingénier à faire émettre le son cherché sans que L'enfant s'était élevée facilement, était en très bonne santé. Rien à
i le patient s'en doute. signaler du point de vue médical, rien à signaler du point de vue de
10 [,e cerveau

I'audition. C,était une jolie petite fille, un peu triste, avec une mère plus
très jeune, très angoissée, mais faisant confiance'
Examen rle sa parole : L'organisation cérébrale récepteur-émetteur
s'était faite de telle façon que :

- s z perçus devenaient t d prononcés,


- t d ôh j perçus devenaient k g prononcés, 2
- k g trèi postériorisés devenaient presque un léger coup de glotte'

peut imaginer les difficultés rencontrées dans sa scolarité et dans


on
,., av-ec les autres enfants. On aurait pu penser à,ure..baisse
,uppottt Le système Phonatoire
des aigus, mais l'ensemble de la parole n'était pas une parole d'hypoa-
cousiq-ue. ce que la rééducation a confirmé. Après des essais variés,
infruciueux et àngoissés, voici finalement comment s'est faite cette ré-
éducation. choix d'images représentant des objets usuels, des animaux
familiers dont le norn co-mençait par k : cahier, camet, collier, canard, Souffle, glotte, voile, bouche, fosses nasales, tout doit être
étudié
cochon...
*,,ccessiveirent. Mais cela ne peut jamais être fait isolément à
L'orthophoniste les montrait à tour de rôle en disant : tahier... tamet...
cause des réactions réciProques.
tollier... tânard... tochon... et Ia petite disait sans hésitation, et padaite- jus-
ment prononcé : cahier, carnet... etc. L'expiration est le mouvement de I'air depuis les poumons
la parlicipation des joues
,, Très bien, très bien, répète, répète >, disait I'orthophoniste' qu;JilrtOrieur. Mais le souffle demande
A la séance suivante, même exercice, avec les mêmes images' Au bout ct des lèvres...
de quelques séances, I'enfant évoquait canard, cahier, etc. en voyant les C'est I'insuffisance du voile qui va déclencher le coup de
glotte
images. rnais celui-ci entraîne un mouvement inhabituel de la langue...
Eile demandait à I'orthophoniste de répéter et peu à peu elle s'est
habituée à entendre canard, cahier, etc. et à répéter ce qu'elle entendait. Ce sont des mouvements combinés et synchronisés donc
Puis à reconnaître k dans n'importe quel mot et à le répéter à bon escient complexes qui produisent les sons'
et bien prononcé. que.i
Mêmé travail pour t : sable pour table, sapis pour tapis, etc' C'est par un courant d'air montant des poumons du locuteur |
puis on est pâssé des sourdes aux sonores, puis des occlusives aux se constitue la parole, qui va ensuite atteindre les oreilles de l'âu-
cliteur. Ce courant d'air passe par le larynx et traverse
la glotte
constrictives en faisant souffler.
C'était tout un travail de préparation et un immense efforl d'atten- protégée par l'épiglotte du bol alimentaire' Là, il se charge ou non
-
tion : aucune erreur n'étaii permise à l'orthophoniste sous peine d'un ae soioriié, et dulondamental de la voix parlée. Le larynx ensuite
échec ! Peu à peu les circuits récepteurs-émetteurs se sont mis en
place le souffle au caffefour naso-pharyngé'
conduit
-
conectement. i" uolt" du palais en se baissant laisse passer I'air,par le.nez'
cn se levant diiige le souffle vers la bouche' L'air se charge donc'
Mais l,orlhophoniste n'a jamais oublié cette rééducation, la plus ()u non, de nasalité.
difficile du genre, et peut-être la plus épuisante. Mais quel intérêt
Pendant ce trajet, la parole va choisir'un mode d'articulation
:"
que la recherche de lâ méthode à employer, et quelle joie que la
sourd ou sonore, nasal ou oral. 'i
, réussite... des phonèmes,
Dans la bouche, le souftfe s'enrichit des formants
Les rapports sont complexes entre nos centres neryeux cérébraux
prâce aux mouvements de la langue. dans le cadre lormé par le palais
et tes aiiivités qu'ils commandenr. L'étude des milliards de neu-
l,* i" les mâchoires ei les dents, les lèvres, les joues, qui
rones et autres celluleS du cerveau réServe encore, SanS aucun "r un "îile.
rôle à jouer dans la phonation'
doute, de passionnantes découvertes aux scientifiques' ont tous
I
12 Système phonatoire Glotte 13

Selon le mouvement de_ la langue, le point d,articulation pourra


La glotte
. être apical ou dorsal, antérieur ou postérieur.
Dans chaque cas à rééduquer, ce sont ces stades du trajet la consé-
pho_ Les coups de glotte, les souffles rauques sont en général
latgire que I'orthophoniste doit analyser, pou, comprendie âussi (
luonce d'une insuffisance vélaire.
clairement que possible I'origine des troubles incriminés. Les
t,a postériorisation de I'articulation produit le souffle rauque'
Tout le long de ce parcours, des influx neryeux venant du voile, inconsciemment
du cerveau
dirigent ce courant d'air à son terme, qui est I'air extérieur, .,ccluiions ne pouvant se faire au niveau
mettant des ondes jusqu,aux oreilles de l,auditeur.
,r*r_ ,. e ssaie d'ocôlure au niveau de la glotte. T a détente de l'occlusion
pxrduit le couP de glotte'
Et tous ces circuits baignent dans notre psychisme. que l'on
Cette détente résonne comme un petit bruit de clapet
1,"içoit plus ou moins bien. Il
peut être à l'état simple' ou être
Si,r]utt-e à une articulation normale. cela arrive souvent au début
rl'r-rne rééducation. Les lèvres peuvent articuler un
<< p >> tandis
Le souffle
(lLr'un coup de glotte se Produit.
Le souffle est le << m.oye,n de fansport >> indispensable de la pa. En général, il n'y a pas d'émission de phonèmes'
role normale. Il a besoin de plus ou moins de force s"ton
t"s pt L'articulation est postériorisée : la langue rejetée en arrière est
o-
nèmes. rrbaisséesurtoutesonétendue,mâchoiresentrouveftesetlèvres
iriertes. En posant la main de I'enfant sur son larynx' il
peut sentir
Une orthophoniste amène un enfant en disant : < je lui fais poser
-langue' les lèvres,
la lc petit choc de la détente.
les mâchoires exactement comme vous m,avez monfré
à le faire et pourtant son c/z est mauvais. Le coup de glotte est difficile à percevoir quand il est léger, ou
eue faire ? >
ce qu'il fallait faire, c'était obtenir un souffle plus fort, nécessaire cluand il est càmouflé par I'afiiculation du phonème'
à
l'émission du c/2. Ce qui fut fait. C'est pourquoi un stage, même courl, dans un service hospitalier
Il est souvent nécessaire de travailler le souffle à sa sortie des pou- ,pJcialise, t è. utilà. Même si on ne veut pas se spécialiser
"ri
dun, ." type de rééducation, il faut être capable d'un-diagnostic
mons. Préciser la respiration. Faire faire des exercices
et jeui de cxactpournepasselancerdansdesrééducationsinadéquates.
souffle variés. Ils seront ét'diés plus loin. L'utilité de ces
eierci""s
de souffle-est de diriger le souffle vers la bouche. Même
s'il subsiste
une insuffisance vélaire en fin de rééducation, il y u*u
b"uu*up t Assourdissement des sonores
moins de déperdition nasale.
Cet assourdissement est quelquefois dû à des crises de spasmo-
Ensuite, ces exercices de souffle vont immobiliser la glotte philie : traitement médical nécessaire'
et
aider à la suppression des coups de glotte et souffles rauq"ues,
yena. s,il Ilpeutêtredûàunétatgénéraldetension:desexercicesde
relaxation sont indiqués. Faire les exercices de souffle' d'articula-
Donc diriger le souffle vers la bouche, immobiliser la glotte. tion, étendu sur un divan, un taPis'
Bilan.Il I1 peuty avoir assourdissement des sonores dans des cas de légères
- est facile de se rendre compte de la force du souffle
i,rsuifisan"es vélaires. Le voile remplit mal son rôle de fermeture.
En
en mettant de petits cotons ou une feuille de papier très
légère compensation inconsciente, la glotte se tend, se resserre' d'où assour-
devant la bouche du locureur quand on fait repeieiaes pt
o,refiLr. dissément. Les exercices du voile sont alors recommandés'
Le souffle peut être faible de façon chronique. Mais l,enfant
aussi peut être intimidé et avoir
<< leiouffle par l'émotion >> Rééducationdelaglotte:mobiliserlaglotteenprononçantou
au moment du bilan. "oupe
en chantant des voyelles' Puis, par assimilation, prononcer des
? 14 Système phonatoire Voile 15

consonnes intervocaliques sonores en posant les mains


sur le pha_ tlLr voile par un muscle consfricteur appelé << Bourrelet de Passa-
rynx pour faire sentir les vibrations. vilnl >>. I1 peut y avoir aussi participation des parois latérales du pha-
vzJ constrictives |ynx.
puisbdg occlusives llxtrémité du voile, bourelet de Passavant et parois latérales for-
t)lcnt ensemble I'occlusion rhino-pharyngée, d'où l'impoftance des
- Quan{ le sujet est capable de sonoriser, lui dire de se boucher
les oreilles et de parler. contractions du PharYnx.
Les sourdes seront inaudibres; pour les sonores on entend
dans
la tôte un bruit très fort, une sortè de roulement de tambour.
Le patient prend ainsi conscience des mouvements o, de lnsuffisances vélaires
l,im-
mobilité de la glotte. Et il apprend à en moduler les mouvements.
Les enfants sont naturellemènt tuès intéressés... Les interventions chirurgicales sur les divisions palatines évo-
Iucnt, se perfectionnent, eise font de plus en plus tôt' Les opéra-
ti'ns réusiies pemettent de commencer à parler à l?ge normal et
t Coups de glotte, souffies rauques à prononcer correctement. Les coups de glotte, souffles rauques et
Quelquefois sonorisation des sourdes rléperditions nasales ne vont pas s'installer. Il n'y aura donc.pas
Il
faut immobiliser la glotte par des exercices de souffle sans à effectuer de déconditionnemànt et une rééducation orthophonique
émission de phonèmes. puis, avec émission de nc sera nécessaire que dans des cas ra-res et graves'
sourdes f. s. ch. chuchotées, puis prononcées. Ensuit","orrrt
i.tiu", c'est pourquoi, à l,heure actuelle, les orthophonistes disenl Qu'il
occlusives sourdes p. t. chuchotées puis prononcées. "rru'",
i", cst inutiie de faire faire des stages de divisions palatines et insuf-
Puis les faire prononcer très doucement en finales l'isances vélaires...
: ap, at, etc. Ce n'est malheureusement pas exact. On n'a pas encore trouvé
Poser les mains du- patient sur son propre larynx,
sui celui de lc moyen de lutter contre l'hypotonie musculaire du système oro-
I'orthophoniste : la glotte ne doit pas boug"..
truccai. Et cette hypotonie entraîne des cas variés, assez fréquents'
Naturellement, faire des exercices de voile, des exercices
- de souffle. mais difficilement discemables si on n'a pas I'oreille exercée et
Pour varier les exercices, faire de ra discrimination
auditive, en- I'attention attirée suI ces déficiences. Il faut affiner l'audition et
tre sourdes et sonores, sans faire parler, est un très bon la capacité d'analyse pour pouvoir détecter les nombreux cas d'in-
"^"rôi"". suffiôance vélairq qul sont très variés dans leurs symptômes, et
Sourde Sonore sont souvent classés sous d'autres rubriques'
Faire sentir le souffle Le souffle est beaucoup Dans les troubles profonds I'importance du voile est évidente et
sur une main moins fon. sa rééducation égalément. Mais lès insuffisances mineures se ré-
Faire sentir de l'autre main La glotte vibre. éduquent mal n'èmnt souvent pas décelées comme telles'
l'immobilité de la glotte. Également, les cas d'agrandissement du cavum au moment de
la cioissance, alors que le voile reste tel quel'
Ëffe conscient des dilférentes causes de l'insuffisance vélaire.
Le voile autres que les malformations congénitales'

Le- voile, quand il


est rerevé, sépare la cavité buccale de ra cavité t Causes de I'insuffisance vélaire
nasale. II est horizontal et ra luetie se rétracte. Il s'apprique
I1 y a des malformations congénitales :
la paroi postérieure du larynx. En général le ptrarynx "orri."
aiae'a t,aciiln fentes vélo-palatines, perforations palatines,
-
l6 Système phonatoire Voile I7

- luettes bifides,
cirs-là, le chirurgien décide d'opérer, ce qui perrnettra au voile de
- divisions sous-muqueuses, jouer son rôle.
- voiles trop courts, une rééducation orthophonique sera peut-ôtre nécessaire dans
- voiles longs mais hypotoniques qui se relèvent et s'abaissent l'rrn et l'autre cas.
plus lentement que le débit de la parôle Voir le chapitre << les insuffisances vélaires non décelées >>'

Mais il existe d'autres cas :


01 a pu ne pas s'apercevoir du voile trop couft qui s'est appliqué s Lutte contre l'insuffisance vélaire
pendant des années sur des végétations. puis ces végétatiôns ont
fondu et une déperdition nasale s'est installée. Mobilisation du voile par opposition : en cas d'insuffisance
Ou encore, avec la croissance, la taille du cavum a augmenté et vélaire on constate souvent que si les orales sont imprégnées de
le voile n'a pas grandi. rrasalité, les nasales par contre sont imprécises.
Il peut y avoir aussi des paralysies ou parésies qui sont d'origine Cela s'explique par I'hypotonicité du voile, qui' peu mobile' reste
neurologique ou qui sont conséqu"tr""s â"s faumatisires srrr une position médiane.
- de la routedes
crâniens (accidents entre autres). Il faut donc mobiliser, tonifier le voile en faisant faire des mou-
Il arrive de voir des rétractions cicatricielles, après des amygda- vements d'ouverture et de fermeture du cavum, autrement dit
lectomies et des adénoidectomies faites sur des iujets très;euî"s, rl'abaissement et d'élévation du voile.
aux tissus fragiles. Dans certains cas, d'otites sérzuses p*""r"-- Un voile court, mais tonique, remplit mieux son rôle qu'un voile
ple, ces inter-ventions sont absolument nécessaires mais sont sûre- Iong et mou.
ment très délicates. Commençons par la nasale, dans l'intention d'encourager
I'enfant en début d'exercice. comme il a une déperdition nasale,
Bilan : le voile.."I a glace""de*métal permet de constater la sortie
de I'air par le nez. rl peut n'y avoir àucune déperdition pour les il v aura de la buéç sur la glace et on pour:ra donc le féliciter, ce
phonèmes isolés ou les syllabes, tout en en constatant dans une .1ui l'"n"o.rtagera à faire ensuite I'effort demandé.
En mettant la glace sous le nez de I'enfant pour qu'il se rende
ç[ège' dans I'ensemble de la chaîne parrée ou brusquement une
fuite d'air à la fin d'une phrase. (CÈst dans ces câs_là qu'une compte de la buêe qui sort ou ne sort pas. En mettre une aussi
grande glace est nécessaire). sous celui de I'orthophoniste et on prononce et fait prononcer très
C'est ce qui se passe quand le voile est hypotonique et que ses l'ort an... an...
mouvements ne suivent,pas le débit de la parole, spécialemeni s,il y On fait baisser le voile autant que possible grâce à ce an"' pro-
a beaucoup de nasales dans la phrase. Le voile se relève trop lente- r-roncé aussi fort et aussi longtemps que possible pour obtenir autant
ment et insuffisamment enffe les nasales, ce qui nasalise les orales. cle buée que possible...
une lampe spécialisée nous perïnet d'étudier le voile lui-même Après cet efforl, il se produira un mouvement inverse spontané
au fond de la gorge. clui lera remonter le voile pour obtenir la voyelle orale a"' a"'
Cet examen est nécessaire quand on se pose des questions au Si le voile est rééducable, cet exercice est excellent'
sujet de l'ablation des amygdales ou des vêgétations.^
Si le voile est couft et peu mobile, le chirurgien n'opère pas. - Opposition
On fera prononcer de cette manière :
sauf dans les cas urgents, où il aura la ressource de laire ïne
pharyngoplastie. an....... a
on ....... o
contre, de grosses amygdales peuvent gêner le voile, un ....... oe
I'empêcher de se déployer jusqu'à la paioi du phàrynx. Dans ces in ....... è .......
l8 Système phonatoire Voile t9

* Il faut savoir que certains systèmes vocaliques n'ont pas le zzn. Cet exercice se fait avec une certaine force, vérifier qu'il n'en-
Par exemple, chez beaucoup de parisiens, le un se coniond avec llaîne pas un mouvement inconscient de fermeture de la glotte et
le in. ces deux phonèmes sont généralement différenciés chez les lcs coups de glotte.
Méridionaux.
Le souffle, dirigé vers la bouche, va aider à empêcher la déper-
si une intervention chirurgicale est en vue, plus le voile sera tlition nasale.
musclé et tonique, meilleur sera le résultat final-.
Voir le tableau des consonnes et faire des exercices d'assimila-
. Pl gur
de pharyngoplastie, il faudra entraîner les sphincters ar_ tion en passant d'une consonne à une consonne voisine.
tificiels à s'ouvrir et à se fermer. D'où utilité de ce typà d,exercice.
Il est déconseitlé cte faire des exercices de fermetur, ,iiqrr- t L'insuffisance vélaire et le sigmatisme nasal
ment : ainsi, après des exercices uniques er exagérés d'étévition
du voile, on a constaté des voiles qui se baissàent dfficilement Quand I'air sort par le nez, 7l peut y avoir :

et des sphincters qui manquaient d'élasticité. Ils se déperdition nasale ....' Passive
fermaient mais
ne s'ouvraient plus. souffle nasal ..........'... actif
Quel que soit le résultat obtenu par la rééducation, on constate Il peut y avoir aussi le lig-ry,4!!q11Lg 139a1, produ.it par un mau-
qu'après ces exercices d'opposition (qu'il faudra faire un certain vcmènt défectueux de la languè, et non-lar une ipquftisance v_é-
temps...), I'enfant perçoit mieux la différence enfte nasales et laire.
orales, qu'il reconnaît plus facilement les phonèmes dans les mots Pour savoir les reconnaître et faire la rééducation à bon escient,
(dictées par exemple) et qu'il émet des voyelles sinon parfaites, sc rappelèr ilue 1a déperdition nasale peut se constater sur I'en-
du moins différenciées et reconnaissables. semble de la parole, tandis quq le sigmat! m9 se pr-o-d-rgt
Le but recherché est de faciliter la communication. Même si la "?s31ry
que sur les constrictives.
perfection n'est pas obtenue, il faut se rejouir des progrès. vélaires peu audibles (voir les cas décrits
Il y a des insuffisanèês
-tVlobilisation du voile par assimilation tlans le chapitre qui y est consacré); là aussi une audition exercée
p voyelle la plus ouverte est en général celle qui s,oralise le rend service, de même, à un autre niveau, qu'une grande glace.
plus vite pendant la rééducation, On invente maintenant de multiples appareils pour de multiples
cxamens. C'est une aide remarquable. Mais cela ne peut remplacer
E lu plus antérieure, également. cntièrement l'expérience humaine.
. Faire prononcer ap... a, âp... â, avec la tenue du < p > la plus
longue possible. En se servant de la glace pour vérifier la non-
sortie de l'air par le nez.
Peu à peu, remplacer le << a > final par une voyelle de plus en Attention aux insuffisances vélaires légères
plus fermée, en maintenant la tenue dr ,. p >>, et en modifiant in- (non décelées comme telles au premier abord)
sensiblement le mouvement de la langue sans changer la position
du voile. S'il est important d'insister sur ces cas, c'est que I'un des dan-
gers de I'orthophonie est la spécialisation trop prématurée des or-
ap ....-a thophonistes.
-----------
I L'utilité des stages de fentes palatines, insuffisances vélaires, et
ap ..... ô up ..... oè ap .....è autres malformations, peut ne pas paraître évidente puisque ce type
i up ..... O ap ..... oé ap .....é de rééducation se présente ralement en libéral. Il est cependant
{ ap ..... ou ap ..... u ap ..... i indispensable, sinon d'apprendre à rééduquer les troubles afférents
20 Système phonatoire Voile 21

- et les confusions possibles entre la déperdition nasale et le


Conseils à donner aux lamilles sigmatisme nasal qui nécessitent deux rééducations différentes.
en cas d'insuffisance vélaire On ne peut peut-être pas savoir tout rééduquer parfaitement' mais
il faut avoir des aperçus sur tout pour être capable de poser un
La rééducation du voile est l0ngue, elle demande des exer- tliagnostic.
cices fréquents et de la persévérance. Il faut éviter les classifications trop rigides, les jugements trop
La famille et I'entourage peuvent être d'une grande aide rapides, car tout se tient, tout s'imbrique. L'importance du voile
pour l'orthophoniste et l'enfant, cst minimisée dans la formation des orthophonistes. Des rééduca-
.-ll fau! faii,e 5ouffter. tions échouent pour cette raison.
- La musique : leiinstitmentia vent : flûtes, trompettes, C'est peu à peu qu'on le constate au long de sa carrière.
pipeaux.
Il faut insister sur ce sujet. Quand les cas peu évidents se pré-
ll est excellent de faire prendre des leçons, de mettre les scntent, les orlhophonistes remercient d'avoir été alerlés.
enfants dans de petits orchestres.
Les mécanismes phonatoires échappent en général aux pa- Blles sont diagnostiquées en tant que :

rents. Ne pas hésiter à leur donner quelques explications,


pour que la famille c0mprenne le pourquoi des exercices
- troubles de lecture,

prescrits.
- aqs_qp"$lsserneq!,

Je me permets de citer Madame Borel, donnant le conseil


- retard de parole,

de faire souffler dans une flûte.


- parole f_e'.utrée,
- raucilé vocale,
La mère de I'enfant avait répondu que celui-ci préférait jouer
- troubles de lecture et d'expression otale, pseudo-bégaiement'
du tambour...
- Les jeux: avec frères, sæurs 0u ( copains > on peut 0r-
t Assourdissement
ganiser des jeux, genLg Billard-Nicolas, 0ù l'on souffle sur les
boules q travels utle*Bailiê. Un enfant est amené par son orthophoniste pour un cas d'assourdisse-
Trouver au bes0in des idées dans le chapître du u Groupe u. rurent qu'elle n'arrive pas à rééduquer.
- Les lccasizns ne manquent pas de sluffler, ne serait-ce A I'examen : reconnaissance auditive parfaite.
Pas de nasalité dans les phonèmes isolés, mais un léger nasonnement
qu'aux anniversaires.
tlans la parole courante et rapide. Le voile tient mal fermé et il y a une
Toute la famille peut aussi prendre l'habitude de boire avec
légère sortie d'air par le nez.
une pqille, ce qui fortifie les lèvres et les joues. Ni coup de glotte, ni souffle rauque, mais l'effort de fermeture de la
Attention : ne pas changef ces êxèicices-jeùx en de véri- glotte enlraîne une tension, empêche les vibrations, ce qui cause
tables corvées, dégoûtant l'enfant de I'orlhophonie. sement de s phonème s sonores-ds -Ia-pa+ole.
I' as sourdis
Donc, nécessité d'ùnë réédu'catiôn du v-oile, en même temps que celle
tlc la glotte.
à ces malformations, mais d'affiner son audition et d,avoir I'at_
tention attirée sur : t Lecture
- les coups de glotte à peine ébauchés, Un certain nombre d'enfants venus pour une 1éq{p-ç-ation-de'lec-
- les insuffisances vélaires peu audibles mais qui sont parfois ture présentait une légère insuffisance vélaire qui lp.t gê.nait. Bn
le résultat d'une fissure sous-muqueuse non décelêe, général, parents et enseignants étaient assez réticents devant les
22 Système phonatoire Voile 23

explications de l'orthophoniste. Certains sont revenus quelques an- nc rien entendre... et ne voyaient pas d'intérêt à cette remarque.
nées après. Seuls les résultats scolaires les intéressaient. La rééducation de lecture
el orthographe ayant bien réussi, la rééducation s'était arrêtée d'un
cornmun accord.
t Retard de parole
Quand la petite a eu quatorze ans environ. sa mère l'a ramenée pour
Un enfant catalogué comme retard de parole avait suivi une rééducation tlcs difficultés de lecture et aussi d'expression orale dont se plaignaient
trois fois par semaine pendant dix-huit mois dans un dispensaire. lcs professeurs. Elle n'ouvrait pas la bouche, paraît-il, en classe.
Avant cette rééducation il ne disait à peu près rien, aussi les parents A I'examen, la technique de la lecture paraît parfaitement acquise. læ
avaient beaucoup apprécié le travail de l'orthophoniste du dispènsaire langage est bon. Mais elle présente un voile trop court et peu mobile et
qui avait posé toutes les voyelles et les constrictives et les nasales. trrrc légère rhinolalie ouverte à laquelle son entoufage familial et scblaire
Mais il ne prononçait aucune occlusive, et ne les remplaçait par rien, ,l'u pui porté la moindre attention et qui ne lui a jamais atriréla moi,ndre
disait-on. rrroqueriè, la moindre remarque. I1 est vrai qu'elle parle peu'
En réalité, on pouvait entendre, ou plutôt deviner, une légère contrac- Sa parole, comme sa lecture, est peu audible, hâc!ée'i"fal9lante. Elle
tion glottale. n'a iamais assez de iouffIè"potn arriver à la fin d'une ihèse. Leïoile ne
A I'examen, on constatait une hypotonie généralisée des muscles qui lcrme pas, l'air se répand dans les cavités naso-buccales et perd sa force.
servent à la parole et tout spécialement un voile très hypotonique, Ces troubles avaient empiré récemment. Avec la croissance, le cavum
-
laissant filtrer une légère nasalité à peine audible et qui n'avait pas Ie s'était développé, des végétations avaient peut-être fondu et le voile
tonus nécessaire à l'émission des occlusives. rr'arvait pas grandi, ou pas grandi suffisamment. La légère teinte de na-
I1 a suffi de quelques semaines pour rééduquer le Voile comme dans salité décelée quelques années auparavant était devenue une vraie déper-
un cas de division palatine et poser les occlusives. tlition nasale, légère mais généralisée pour tous les phonèmes car le voile
Et l'enfant s'est mis à parler parfaitement. rro fermait en aucun cas.
Un chirurgien consulté a jugé une pharyngoplastie nécessaire.
Ce qui a été far't après quelques mois de rééducation chez une ortho-
t Parole feutrée phoniste très intéressée par ce type de rééducation.
Une jeune fille de 18 ans est vendeuse chez un libraire. Après I'intervention, quelques mois de rééducation ont été encore né-
Son patron, ses collègues, se plaignent de q4 y,o!1 très feutrée, très éteinte. ccssaires pour l'entraîner à parler et à lire à haute voix. Ce qu'elle s'est
Elle-même se sent malheureuse dans son travaii. nrise à faire très volontiers et parfaitement.
Pendant trois mois, elle est rééduquée par une orthophoniste qui lui Elle a fait ensuite une bonne scolarité secondaire et d'excellentes
fait faire des exercices de voix, surtout de la lecture indirecte. Sans études supérieures.
aucun résultat.
A l'examen, elle présente une légère déperdition nasale.
t Pseudo-bégaiement - dfficultés de parole

!a pression pulmonaire qui aurait dû porter lès 1ihônèmes jus- Une jeune fille de 18 ans se présente, adressée par une psychiaffe amie
qu'aux oreilles des interlocuteurs pgrd toute sa force en sg rép-an- rle sa lamille.
dant dans les cavités naso-buccales. Motif : trouble de parole se rapprochant du bégaiement.
Elle vient seule. Sa mère, sur l'avis du docteur, veut lui laisser son
Une rééducation du voile est indispensaUle si elle veut conserver
irutonomie. Elle appartient à une famille très nombreuse, très gaie, spor-
un métier exigeant des échanges verbaux constants. tive. Elle me dit que ses frères et sæurs se plaignent de sa parole, ainsi
(pre ses parents. Elle n'a jamais entendu dire ailleurs qu'elle parlait mal.
t Troubles de lecture et d'expression orale Ni ses amis, ni ses professeurs ne se moquent d'elle, ni ne la font répéter.
l)u reste, ce n'est que lorsqu'elle s'énerve que sa famille lui fait des
Une petite fille avait suivi avec succès une rééducation de lecture et rcmarques.
d'orthographe au début de sa scolarité. Pendant I'examen. on constate des difficultés dans la structure des
On pouvait alors déceler, dans sa parole, une légère teinte de nasalité. llhrases. Elle commence une phrase, s'arrête, change, ponctue de eu...
La remarque faite aux parents les avait laissés indifférents. Ils disaient cr.l,.. eu...

*4- -
24 Système phonatoire Nez 25

dé!i1 e.st accé$9, heurté, I'articularion


,LeL-9réSùltat esr !oue, les mots avalés. On peut constater une légère insuffisance vélaire chez des en-
èn effôi un !ènre de bégaiement, -âîec des contractions
est lants qui < s'égg_qitfgg! >>.
glottales, mais qui ne se produisent pas en début de phrase. r
L'entente entre collègues active les résultats.
Ce qui attire I'attention, c'est une respiration très bruyante avec des
aspirations très fréquentes. Deux orthophonistes, favaillant près I'une de I'autre pendant
En lecture à haute voix, il y a des ébauches de coup de glotte pour quelque temps, se sont aidées à l'occasion.
des phonèmes oraux voisins des nasales. X... rééduquait les voiles des enfants venus potrr la voix chezZ...
Par exemple : cette phrase qui a attiré I'attention par une série de 2... les voix rauques ou tonitruantes de certaines division5 pn13-
coups de glotte : << quelques dames romaines s'entretenaient... >>
tines rééduquées par X...
Cinq nasales rapprochées font baisser le voile qui ne se relève pas
assez vite pour les orales. Et Ie s et les 2 t de << s'enlretenaient, sortent A une table ronde sur la voix 2... voulut attirer I'attention de
en coup de glotte. I'auditoire sur ce problème de I'insuffisance vélaire non décelée.
Exqmen de nasalité Elle commença : <( X... m'a fait remarquer que... >> LJne voix
. - le voile ferme pour le p, s'éleva < Enfin, X... s'occupe des divisions palatines, nous sommes
- pour les occlusives sourdes soutenues par le p, mais il y a D.N. réunis pour étudier la voix. Ne mélangeons pas tout, ne nous écar-
pour les sonores, les constrictives, les voyelles !
lons pas du sujet. >
Le palais est ogival, le voile mobile mais court.
X... était dans la salle. Une remarque de Bernard Shaw lui vint
Téléphone au docteur qui I'avait adressée pour lui demander si elle à I'esprit :
savait exactement ce qui se passait quand cette jeune fille s'énervait. Les
< A force de se spécialiser, on finira par sdvoir
parents lui ont dit que sa parole se bloquait et qu'elle poussait des sortes
de cris rauques... Ce qui naturellement les bouleversait. TOUT sur RIEN. >
Tout confirmait l'insuffisance vélaire.
Il semblerait que c'était assez récent : agrandissement du cavum à Ia
croissance ? Fonte de végétations ? Elle n'avait jamais eu d'ablation
d'amygdales ou de végétations.
Fosses nasales
La jeune fille est donc adressée à un chirurgien qui confirme I'insuf-
fisance vélaire, mais demande une rééducation orthophonique avant I'in- Le pharynx nasal s'appelle cavum. Il communique de chaque
tervention. côté avec I'oreille moyenne par la trompe d'Eustache. Ce qui équi-
Donc rééducation du voile par des exercices de souffle, libre la pression de l'air sur le tympan.
rééducation de la parole par des exercices de rythme, etc.
Elle est très motivée, progresse beaucoup sous la direction de deux D'où la relative fréquence en cas de malformation, des rhinites
orthophonistes successives, pour une question d'horaire. ct des otites pouvant entraîner des troubles de I'audition.
Après quelques mois, une intervention chirurgicale : pharyngoplastie. M*" Borel a constaté que : en cas d'insuffrsance vélaire, si le cavum '
Aux demières nouvelles, résultat parfait. cst plus grand que la cavité bucale, il y a un fort nasonnement, si la
c:rvité buccale est plus grande que le cavum, la parole peut être bonne
t Raucité vocale ruôme si le voile ne ferme pas.

Certains cas de raucité vocale sont dûs à I'insuffisance vélaire.


Son voile ferme mal, le sujet sans pour autant occlure au niveau
de la glotte, conffacte machinalement les muscles du pharynx qui Nez ,,,.
se fatigue à la longue et donne une voix éraillée. Faire une réédu-
cation de la voix sans s'attaquer à celle du voile n'aura pas un Dans les fenteslunilatérales totales, on constate souvent une na-
résulrar définirif. line écrasée, imitilisable pour la respiration.
]
26 Système phonatoire Bouche 2't

.1 .
On appuie le doigt sur la narine normale et on essaie, tout douce- Si la voûte est ogivale, les phonèmes apicaux ne fouvent pas
ment, de faire souffler par la narine écrasée. Si le passage de I'air I'appui normal et sont souvent,g-ç.llintés. Les phonèmes dorsaux
est possible, on voit la narine se gonfler et se détendre peu à peu. ,'u.rté.iorir"nt ou se postériorisJnï.*"""*
L'enfant embellit et la respiration s'améliore.
Mais cet exercice est à essayer avec beaucoup de prudence; le Bilan :
i, passage de I'air peut être bloqué par une clois-on dé-v-ffu ou autre
malformation. - faire ouvrir la bouche,
Souvenir d'un petit garçon, commençant I'exercice avec x< fou-
- examiner l'intérieur.
La majorité des enfants n'aiment pas qu'on leur fasse ouvrir la
gue >> et dont les yeux se sont injectés de sang sous l'effort.
lrouche pour en examiner I'intérieur.
Exercice anêté immédiatement...
La consigne << tire la langue >> ne leut plaît pas non plus et cer-
tains enfants jettent des regards perplexes à leurs parents qui ont
clû leur interdire ce geste.
La bouche Il est une façon d'aborder cet examen qui en général réussit très
bien, les amuse et les prépare à une rééducation détendue.
La bouche est une cavité. On sort la glace-miroir, la leur présente en disant :
<< Tu vois ta bouche, c'est une petite porte, si tu I'ouvres tu vois
Le palais dur est le toît, ainsi que le voile ou palais mou quand
il est levé. la petite bonne femme qui est à I'intérieur. C'est ta langue. La bouche,
Le voile abaissé forme la paroi postérieure. c'est la maison (ou la chambre) de la langue. Elle s'étend, tu mets
un drap sur elle (guide-langue plat). Elle se redresse et voilà un petit
Les dents et les lèvres forment la fermeture et I'ouverture anté-
tabouret pour s'asseoir (guideJangue no 2). Elle peut aussi sortir sa
rieures, il ne faut pas négliger leur rôle ainsi que celui des joues.
tête par la porte... >
Le sol est formé par la langue, le tissu sous-lingual et la mâchoire
Et nous pouvons ainsi examiner les mouvements de la langue et
inférieure.
du voile, les parois de la cavité qu'est la bouche et préparer ainsi
Le rôle de la langue est primordial dans la formation des pho- I'enfant à un examen plus systématique et à une rééducation éven-
nèmes. luelle.
Pour tous les exercices du visdile, de la bouche, de la langue, le
t Irgr.uo,Qle,
9u palais dur
rniroir est souvent utile. Eviter son emploi, quand cela peut attirer
I'attention du patient sur des malformations enlaidissantes.
L'ntégrité et la forme de la voûte sont très importantes.
- Une fissure du palais suffit à rendre la parole inintelligible, t Les joues et les lèvres
car toute occlusion devient impossible.
* Une division sous-muqueuse peut s'étendre à la luette jusqu'à Certains enfants présentent une hypotonie de la mlsculature- des
la voûte : ligne médiane mince et translucide qui fragilise le voile. .joues et n'alrivent pas à souffler. Ils'n'ânivent pas à gonfler les
Quand la forme de la voûte est normale, la langue exécute fa- .loues.
cilement les mouvements nécessaires. L'exercice suivant est très utile, et aussi très apprécié.
Si le palais est plat et surbaissé, la langue n'a pas la place Mettre de I'eau dans la bouche, suffisamment pour gonfler les
d'évoluer, ses mouvements sont imprécis, la parole es-l, flouç. .joues.
L'enfant parle en sortant la langue, ou avec la bouche enirôu- Faire regarder dans le miroir pour constater le gonflement.
verte. Faire'1|4E:r pour constater le durcissement des joues.
28 Système phonatoire Bouche 29

Appuyer le bout des index sur chaque joue et faire jaillr l'eau A propos des voyelles << u >> et << ou >>, ne pas faire répéter les
brusquement... (nécessité d'un lavabo). cnfants sans s'être rendu compte que le mouvement arrondi des
Après cette prise de conscience visuelle, tactile, motrice, essayer lèvres va se transformer en un mouvement de légère occlusion
le même exercice avec de I'air. bilabiale quand ces deux voyelles deviennent des semi-consonnes
Le résultat cherché est rarement obtenu en une seule fois. En comme dans huit oui. Ne pas faire répéter u.i, ou.i
général, les enfants ne refusent pas de répéter I'exercice... SurJout
wi wi
si vous le faites aussi ! Noter la dffirence entre
Pour fortifier les joues, glisser un guide-langue plat entre les
- :

mâchoires et la joue. Tirer en faisant détendre la joue le plus pos- hublot et huître
sible et en disant : < je tire... je tire... >> Puis, au signal de << stop >>, lèvres arrondies légère occlusion bilabiale
le patient contracte la joue et immobilise le guide-langue. t
Les lèvres : Les exercices faits pour forlifier les joues fortifient
il loua et un louis, la loi
lèvres anondies légère occlusion bilabiale
\ aussi les lèvres. Gymnastiqug {e" ll-paglc pq.qculaire labiale.
L'inertie de la lèvre supériéure ési courante en'Cas-'de"inaffor- La rééducation de I'articulation est tout en nuÉInces, et I'ottho-
mations. Glisser le guide-langue no 2 entre la mâchoire supérieure graphe des mots ne faduit pas toujours les sons.
et la lèvre et faire seffer.
Faire serrer des objets entre les lèvres, une pièce de monnaie,
par exemple.
. Les mâchoirà
C'est le rayon dq,stomatologiste, mais il importe que I'ortho-
Opposition: lèvres arrondies et lèvres tendues phoniste surveille, pendânf lâîééducation, I'usage que l'enfant en

"V-'
o,/
--.-------.-é
l'ait.
La mâchoire inférieure est très mobile pendant la parole, mais
scs mouyements ne doivent se faire que de haut en bas et de bas
faire arrondir les lèvres sur le guide-langue no 24. rn haut.

Ne pas exagérer le mouvement en étirant anormalement les Il faut empêcher tout mouvement, en arrière, en avant, à gauche,
commissures des lèvres. à droite...
Ni le mouvement qui consiste à arrondir les lèvres. Dans l'émission des phonèmes qui demandent un écartement des
Évircr d'entraîner les enfants à parler en faisant des grimaces. rnâchoires, il est parfois utile de les immobiliser à l1écarternent
On insiste souvent sur le rôle secondaire des lèvres dans la pa- voulu, à l'aide d'un guide-langue no 12. Exercice utile ou même
role. Il est certain que ce sont les rapports des cavités, formées rrécessaire.
dans la bouche par les mouvements de la langue qui sont essentiels. Dans les cas de fissures sous-muqueuses et d'insuffisances vé-
La télévision qui propose de très gros plans de visages monffe lirires, on constate fréquemment une béance incisive. Ce qui pré-
de façon évidente qu'il existe des gens parlant parfaitement en tlispose au qigm4[igme interdental oq Tozo[9499111!.- "-/
ouvrant à peine la bouche, et sans presque remuer les lèvres... Ce Les anomalies de I'arcade, de I'articulé dentaire entraînent des
sont en général des étrangers, les Français antériorisent leur parole tlillicultés d'articulation, non seulement un s. z. interdental mais
et utilisent des mouvements de lèvres variés et prononcés, et lrn f. v. imprécis.
I'aperture buccale varie également. Tout spécialement pour les l,'équilibre des muscles buccaux et faciaux joue un rôle essentiel
voyelles, voir le tableau p 65 et les exercices proposés. strr I'alignement des dents.
;. . i, :

1 .1...1. \''t,
30 Système phonatoire Bouche 31

Les mâchoires sont étonnamment malléables. Nombre de leurs souvent d'une voix tonitruante, rauque ou perçante qu'il faudra
malformations viennent de mouvements erronés de la langue ou rdoucir. I1 éprouve én-général de la difficulté à sonoriser. L'ana-
de succion des doigts. Dans les exercices, faire appuyer l'apex sur tomie défectueuse de I'enfant est à I'origine de troubles. Mais ils
les alvéoles et non pas sur les dents. L'apex en s'appuyant forte- sont augmentés par les efforts désespérés de I'enfant pour se faire
ment sur les dents déforme la machoire. Et le pouce aussi... comprendre.
Il arrive que la rééducation orthophonique rende inutile la pose La déperdition nasale, passive au début, devient un souffle nasal.
d'un appareil. Sans pouvoir obtenir à tout coup un résultat aussi L'enfant s'imagine que plus il fera d'efforts, mieux il parlera !
gratifiant, prendre soin à ne pas déformer les mâchoires par des Le travail de I'orthophoniste va consister à activer I'hypotonique
positions et des mouvements défectueux pendant la rééducation... ct à détendre l'hypertonique.
Succion du pouce : La succion du pouce peut être passive ou Et étrangement, les mêmes exercices peuvent y parvenir.
active.
-Détente : L'un et I'aufre ressentent de I'angoisse.
Passive, elle n'est pas plus pernicieuse que la succion d'une té-
Pour I'un, l'angoisse qui bloque, qui annihile.
tine.
Pour I'aufre, I'angoisse qui pousse aux excès.
Active, elle est la cause de nombreuses déformations de la mâ-
choire, ou d'implantations défectueuses des dents. Il peut être indiqué, au départ, de faire quelques exercices de
relaxation : s'étendre, faire la poupée de chiffon, I'ours en peluche.
Une petite fille de I I mois présentait une mâchoire supérieure pro-
gnathe et des dents qui se chevauchaient. -Le miroir : faire connaissance avec soi-même. Se comparer à
Elle suçait son pouce avec.-coiTsfiIÏTee'et énergie. Ses parents se refu- l'orthophoniste, aux autres enfants s'ils sont plusieurs.
saient à lutter contre cette habitude de peur de la traumatiser. Beaucoup Faire très doucement, très légèrement, des exercices de souffle,
de membres de leurs familles avaient des dents mal plantées, disaient-ils !
de joues, de lèvres, de langue, déjà décrits en les isolant les
Malheureusement pour elle et heureusement pour sa mâchoire, on
uns des autres, en se regardant dans le -
miroir, en supprimant tous
la ramena de Turquie avec une fièvre aphteuse. Et les aphtes en
les mouvements associés du front, des yeux... tous les mouvements
s'étendant s'approchaient de ses yeux ! Il fallut absolument lui atta-
cher les mains. Ce qu'elle supporta sans traumatisme évident. inutiles des mâchoires.
Et sa mâchoire reprit une forme parfaite et ses dents la place voulue. Quand on constate que la bouche est toujours entrebaillée, mais
sans vraiment s'ouvrir pour les voyelles, penser à examiner
t Le visage, les syncinésies I'inspiration et I'expiration par le nez.
Selon le tempérament et le caractère, les réactions des enfants
devant leurs troubles et leur inadaptation vont varier. t La langue
En les classant de façon simpliste en voici deux catégories : La langue est un organe musculaire très mobile et très complexe.
les hypotoniques et les hypertoniques. Quand on ouvre la bouche on ne voit bien que sa partie anté-
. lieure.
L'hypotonique, devant ses difficultés de parole, a renoncé. Mu-
tisme complet ou émission d'un filet de voix, regard fixe, faciès La partie postérieure forme le mur antérieur du pharynx. Elle
immobile, il présente parfois une apparence de débilité. cst attachée à la mandibule ou mâchoire inférieure, et à l'os hyoide
rlui est un os en forme de fer à cheval situé au-dessus du larynx.
. L'hypertonique, lui, n'a pas renoncé. Il s'applique, d'où péta- La partie inférieure de la langue est attachée au plancher de la
rades de coups de glotte, éclats de voix rauque; dans son effort lrouche par un frein innervé, avec circulation sanguine. Il arrive
de parole, les muscles du visage se mettent en branle sans néces- parfois que le fiëin-immobilise la langue en l'attachant jusqu'à la
sité, déclenchant tics et grimaces. Une fois rééduqué, il parlera 1lointe...
-tz Système phonatoire Bouche JJ

Devant le fiein se trouve en général un filet qui n'est qu'une ques semaines de rééducation, son visage avait entièrement changé.
membrane. îiôp court ou trop antérieur, èe filet peut gêner le mou- Son comportement aussi.
vement apical de la langue. Si la langue ne présente ni paralysie, ni parésie, ni malposition
La langue est divisée en deux pafiies égales par un Eillon médian. cl'aucune sorte, uniquement une inertie due à une non-utilisation,
Les deux moitiés de la langue sont presque indépendantes I'une de la rééducation se fait vite et bien.
I'autre. On le constate de façon évidente quand se produisent certains Faire tirer la langue, bien droite, bien plate, les bords touchant
troubles allergiques, tel l'gedèmeirQuuçkç. Iæs manifestations al- Ies commissures des lèvres. Rentrer... sortir... rentrer... sortir... La
lergiques de gonflement n'apparaissent pas au même moment sur la I'aire tirer et lever, lui faire toucher la lèvre supérieure en posant
totalité de la langue et peuvent même n'en aflecter qu'une moitié. I'apex au milieu de la lèvre, aussi haut que possible;puis la faire
De même, en cas de paralysie ou de parésie, il arrive qu'une baisser aussi bas que possible vers le menton.
seule moitié de la langue soit atteinte Faire lever la langue à l'extérieur, puis lever à I'intérieur en
En étudiant I'anatomie, la physiologie de la langue, on comprend appuyant l'apex sur les alvéoles et non sur les dents, et en soute-
sa complexiré et sa mobilité grâce à ses dix--sept mugçleg-- striés nant au besoin la langue par le guide-langue no 2.
-
et à son inneruation subtile. Il est bon de faire cette étude et de Faire baisser la langue à l'extérieur, puis baisser à l'intérieur en
la refaire de temps en temps. appuyant l'apex sur les alvéoles et non sur les dents. Sans associer
Le rôle de la langue est essentiel dans la parole. aucun mouvement erroné des mâchoires... Tous ces exercices de-
C'est grâce aux positions prises, aux mouvements effectués que mandent attention et minutie.
se produit l'émission des phonèmes. Les mâchoires chez les enfants étant très malléables, ne les défor-
Mais avant de penser aux phonèmes, il est nécessaire d'étudier mons pas en laissant la langue appuyer sur les dents. Si un enfant
les mouvements de base de la langue, de les rectifier si nécessaire cst hypotonique ou débile, s'il n'a pas trouvé spontanément à faire
el d'entraîner les automatismes. sortir sa langue, inutile de lui apprendre ce mouvement, de crainte
qu'il ne sache plus la renfer ensuite.
Différents troubles à faire disparaître :
Former le sillon médian de la langue, avec le guide-langue no 6
- inertie de la langue, cn allant assez profondément, de façon à supprimer le mouvement
.) - mouvement interdental et adental, dorsal exagéré qui produit le schlintement bilatéral.
- Wbl!!!çpqUt bilatéral, Ses nombreux muscles permeftent à la langue de s'abaisser, de
- schlintement unilatéral. s'allonger, de s'étirer, d'élever l'apex, de soulever le dos, toutes
sortes de mouvements très fins, utilisés dans l'émission des pho-
Inertie de Ia langue : Chez des sujets présentant des malfor- nèmes.
mations, la langue est parfois totalement inerte. Ils se sont fait leur Dans de nombreux cas, après quelques exercices faits régulière-
propre système articulatoire composé en général de coups de glotte
ment, on arrive à activer la langue et à lui faire faire les mouve-
pour les occlusives et de souffles rauques pour les constrictives. ments nécessaires à une parole normale.
Tout est postériorisé et on ne constate aucun mouvement lingual.
En cas de très grande hypotonicité, ou dans les cas de troubles
La langue n'a jamais sewi pour la parole, elle est incapable de
neurologiques, certains mouvements, spécialement les apicaux ne
soulever la partie postérieure pour les dorsales, ni la partie anté-
sont pas récupérables. I1 faudra produire les phonèmes normale-
rieure pour les apicales.
ment apicaux, avec l'apex baissé et un mouvement dorsal antérieur.
Il en résulte parfois un mutisme complet. Avec I'inconvénient de produire des phonèmes peu différenciés
Souvenir d'une petite fille qui faisait penser à une statue de mar- les uns des autres, avec confusions fréquentes quand la parole est
bre, tant son visage très pâle semblait vidé de toute vie. En quel- rapide.
34 Système phonatoire Bouche 35

Utilisation des réflexes : Il est souvent difficile et quelquefois Il faut réfléchir... si la langue, le filet coupé, n'est pas suffisam-
impossible d'obtenir un mouvement précis, volontaire, sur ordre. ment tonique, et que les apicales souhaitées se ffansforment en
Dans ce cas : essayer de déclencher un réflexe. interdentales, on comprend les hésitations...

- Exercice amusant, bien accepté et... obtenant des résultats : Le syndrome de Pierre Robin (1923): C'est une malformation
Mettre une goutte de confiture ou de miel sur la lèvre supérieure congénitale, avec hyp-opla-qie de la la1ggg et fissure palatine et
de l'enfant et dire : << Tu n'as pas de serviette, pas de mouchoir, rétroposilion du maxillaire inférieur. GlossoptoSê, ô'ësËà:'dite un
'ce
lèche tes lèvres, enlève la confiture avec ta langue. >> refoulement èn ânièïê de la langue, qui Étrécit le larynx et
L'exercice répété à plusieurs séances, avec et sans miroir, a en produit des troubles respiratoires, très dangereux dâns les pre-
général des résultats. Sauf, nafurellement, en cas de paralysie ou mières semâineS de Ia vie dê l'enfant.
d'un filet court et trop antérieur. Il est recommandé de coucher I'enfant sur le venfre.
Un enfant en rééducation avait une langue très h)?otonique, et Dans certains cas, on fait une suture provisoire de la pointe de
toute sa famille, pour I'enfraîner à faire ses exercices, avait pris I'ha- la langue à la face postérieure de la langue. C'est sans doute assez
binrde de les faire avec lui à la fin des repas. A l'étonnement inquiet... rare.
puis à l'amusement des hôtes de passage. Ce trouble est ce qui s'appelle en langue populaire << avaler sa
Du mouvement spontané, il faut aller au mouvement conscient. langue ,,.
Toucher alors, avec l'extrémité d'un guide-langue, des points ici Remarque : la position de I'enfant sur le ventre s'appelle le dé-
et là, autour des lèvres où la langue doit se poser. Avec et sans cubitus ventral en termes techniques.
miroir.
Le sigmatisme nasal : A ne pas confondre avec la déperdition
Pendant tous ces mouvements de langue, veiller à ce que les
nasale et le souffle nasal.
mâchoires entrouvertes, restent immobiles, sans que la mâchoire
La langue se colle conffe le palais et renvoie I'air par le nez,
inférieure se déporte à droite ou à gauche, en avant ou en arrière.
d'où bruits variés.
Faisons preuve de circonspection en montrant des exercices aux Faire travailler le mouvement normal du phonème incriminé. Ce
parents. Il vaut mieux ne pas en faire que les mal faire. n'est pas une question d'insuffisance vélaire. Il peut cependant y
avoir hypotonie légère du voile.
Frein et filet : Le frein maintient la langue au plancher de la
bouche, mais, normalement, de façon à ne pas gêner les mouve- Mouvement interdental et adental : Faire faire les exerices
ments apicaux et dorsaux. Il peut arriver, mais c'est ffès rare, que indiqués pour lutter contre l'inertie de la langue.
la langue soit immobilisée par le frein, auquel cas une intervention Quand cela est possible, faire lever la langue extérieurement vers
chirurgicale est nécessaire, mais c'est une importante intervention la lèvre supérieure, puis la faire baisser vers la lèvre inférieure en
car le frein est innervé et parcouru de vaisseaux sanguins. indiquant avec la pointe d'un guide-langue le point précis où I'apex
Le filet, par contre, est une simple membrane placée à l'avant doit se poser. Il est bon aussi de toucher I'extrémité de I'apex avec
du frein. Le couper est une intervention minime qui n'est pas, la pointe d'un guide-langue et de les faire se rejoindre. C'est d'une
naturellement, du ressort des orthophonistes. Les avis sont partagés part pour éviter une déviation de I'apex et d'autre part pour aider
à son sujet; les uns disent qu'on n'a qu'à se < débrouiller >> avec le patient à percevoir le mouvement à obtenir.
les possibilités des patients, faisant faire des mouvements dorsaux Faire faire les mêmes mouvements à I'intérieur de la bouche en
quand les mouvements apicaux ne sont pas possibles. touchant les alvéoles supérieures puis inférieures.
Les autres, ayaît été confrontés à des complications insurmon- Lever la langue en la soutenant avec un guide-langue.
tables conseillent de couper le filet ce qui se fait très facilement. Baisser la langue en appuyant sur elle.
-
36 Système phonatoire Origines imprécises des malformations JI

Insister sur cette position, pow supprimer le mouvement inter- Faire les mêmes exercices que pour le schlintement bi-latéral,
médiaire, qui consiste à placer I'apex contre ou entre les dents. mais en essayant de trouver le point d'appui équilibrant l'apex.
Faire les mouvements d'élévation indiqués pour le sigmatisme in-
Schlintement bilatéral : Le schlintement est produit par une
terdental, avec le souci du point d'appui de I'apex.
tension musculaire qui fait bomber la langue et laisse passer le
souffle des deux côtés. Quand la racine de la langue est mal posée par rapport aux mâ-
En faisant tirer la langue, celle-ci se tend en un énorme muscle. choires, il faut essayer de trouver une position équilibrée même si
I'apex est déporté par rapport aux dents.
La tapoter avec un guide-langue plat, l'étaler bien plate, de façon
que ses bords touchent les commissures des lèvres, et qu'elle soit Une jeune fille qui présentait cette anomalie était venue en
bien centrée : nez, apex, menton. consultation demandant un conseil. Nous avions beaucoup discuté,
cherchant un remède. Elle avait des relations dans le milieu or-
Tracer la gouttière médiane avec le guide-langue allongé n' 8
lhodontiste et tout son entourage s'intéressait à son cas.
en faisant relever les deux bords. Aller assez profondément dans
la bouche pour que la langue ne puisse faire le mouvement dorsal, Après mûres réflexions on a fabriqué, en je ne sais plus quelle
pour empêcher que le gonflement ne se reforme. matière, une sorte de coussinet qui, posé sur quelques dents, a équi-
libré ses mâchoires. Sa parole, immédiatement, est devenue parfaite,
Faire travailler le mouvement apical et le mouvement dorsal.
rrais au prix d'une douleur insupportable, car cette nouvelle position
Quand la langue est levée intérieurement, la soutenir avec le cles mâchoires entraînait de fortes tensions musculaires, anormales.
guide-langue demi-sphérique no 2.
On a donc dû y renoncer.
Ce schlintement bi-latéral (langue équilibrée) se rééduque beau- Elle était adulte, très motivée, elle a fait son choix.
coup plus facilement que le schlintement uni-latéral (langue désé-
quilibrée). Quand un enfant pleure, refuse une nouveauté de rééducation,
réfléchissons avant de faire preuve d'autorité. Notre métier est
Schlintement unilatéral : Il y a schlintement unilatéral quand d'aider les enfants et non pas de les torturer !
l'apex de la langue se déporte à droite ou à gauche.
Un palais ogival facilite le schlintement unilatéral. Il pourra être
causé par une simple maladresse motrice, récupérable facilement. Origines imprécises des malformations
Faire des exercices de détente, d'équilibrage du sillon médian, et
donc de I'apex.
Le premier contact avec les parents demande un cefiain tact.
Voir les exercices déjà expliqués auparavant. Si I'enfant présente des malformations congénitales, l'orthopho-
Mais il se présente des cas variés, beaucoup plus longs et diffi- niste se renseigne sur les antécédents familiaux. Cela présente un
ciles à rééduquer. Le résultat n'est pas toujours parfait, mais la intérêt pour nous du point de vue intellectuel, mais non du point
rééducation apporte toujours une amélioration. de vue de noffe travail.
Un schlintement unilatéral peut être produit p4f .l4pa{é__sie-p.11 la Alors, évitons d'insister sur ce sujet. Les origines possibles ou
para\rsie d',uag-r!,q1t-ié".de laJangue. L'apex dévie q9 ge, cQté,-là. probables de ces malformations sont une source de drames dans
La racine de la langue est mal centrée sur I'os hyoide, par rapporl lcs familles. Ecoutons ce qu'on nous dit spontanément mais n'en
aux mâchoires. lajoutons pas.
Ou ce sont les mâchoires qui sont mal équilibrées. Parfois, mais très rarement, la cause de ces malformations paraît
"*f
Il peut être aussi la conséquence d'uue_fegq _gingivale-- Pendant évidente.
la grossesse, la petite langue du fætus s'est glissée dans la fente Au début de sa grossesse, une jeune femme est vaccinée conffe la
et n'a plus bougé de cette position. On voit parfois des bébés dont variole car une épidémie s'est déclarée. Une violente fièvre se déclare
I'extrémité de la langue est tordue en tire-bouchon. t:t dure quelques heures.
38 Système phonatoire Pharyngoplastie 39

Le bébé, à sa naissance, présentera des malformations multiples du Les parents passent de l'espoir à l'angoisse et de l'angoisse à
visage, de la cavité bucco-nasale et des mains. I'espoir : << Cette trace noire sur l'échographie, est-ce vraiment une
Dans une famille capable de remonter très loin une généalogie détaillée l-ente ? Si nous faisons faire une nouvelle échographie... Cette tache
sans avoir connaissance d'un cas semblable, un bébé naît présentant fente
aura peut-être disparu... n'est-ce pas ? >>
labiale et fente palatine. Au début de sa grossesse, la mère a été prise
dans un drame social qu'elle a ressenti violemment. Il est facile d'imaginer les problèmes posés alors, les décisions
àr prendre et la nécessité d'un soutien psychologique pendant les
En général, on constate la malformation mais on n'explique pas derniers mois de la grossesse.
sa cause.
Vox populi .' Tous ces merveilleux progrès scientifiques sont-ils
Une famille de sept enfants absolument normaux, sauf un qui présente toujours un bienfait?
une fente. Rien chez les frères et sæurs. Par contre, chez des cousins,
une malformation d'une main, qui se répète à plusieurs générations. Il n'est question jusqu'ici que des interventions sur des enfants
cn bas âge, dont les malformations ont été constatées dès la nais-
A I'hôpital, rééducation de parole d'un enfant porteur d'une fente ia- sance. Malformations des lèvres et du nez, évidentes. Malforma-
biale et d'une fente palatine. Il est copie conforme de sa mère qui pré-
sente les mêmes fentes, sur le même modèle. Ils viennent d'assez loin,
tions de la "y9ûL9 et du voile décelées par les difficultés de 7,, r
très régulièrement. respiration et d'atmentation de I'enfant.
Puis, un beau jour, en pleurs, elle annonce une nouvelle grossesse. Il existe aussi des troubles non-décelables chez le nouveau-né
Elle se désole de mettre au monde un malheureux. comme elle et son ou qui se produiront accidentellement après. Ainsi les innombra-
premier enfant. Elle devient dépressive. A chaque séance, on l'écoute, bles insuffisances vélaires dont il a été question précédemment.
on la réconforte.
Quand on ne peut les récupérer par un traitement orthophonique,
L'orthophoniste dit ne pas connaître de familles dans lesquelles plu- il y a la ressource des pharyngoplasties mises au point depuis des
sieurs enfants soient atteints... Ce n'est pas du tout évident que le bébé
années.
attendu sera comrne l'aîné...
L orthophoniste n'est pas sans se rendre compte qu'elle s'avance peut-être . \tl t,
beaucoup... Son expérience n'est pas très longue, se dit-elle.
tl L i\
(
Comme la grossesse avance et que le trajet à faire est long, on arrête
la rééducation. La pharyngoplastie i

Quelques mois après, une jeune femme se présente dans le service.


C'est une voisine de la famille en question. On I'envoie nous apprendre Bien que la pharyngoplastie soit du ressort du chirurgien et non
que le bébé vient de naître : une superbe petite fille, parfaitement consti- de I'orlhophoniste, quelques indications simplistes peuvent ôfre les
tuée, qui apporte la joie avec elle. Joie partagée... bienvenues, d'autant plus qu'il est souvent question de pharyngo ,
Tout en comprenant leur problème, essayer de ne pas ajouter à rlans ce chapitre.
l'angoisse des parents. Tant de choses nous échappent. Les pharyqg,opl1rfu sont souvent critiquées, et cependant elles
Pendant sa vie professionnelle, I'orthophoniste n'a jamais vu de rendent d'immenses services en cas d'insuffisance yÉlgife.
fratries présentant plusieurs cas de malformations palatines ou vé- L'intervention qonsiste d'abord en un pus[-b-,4ç! : c'est-à- dire'-
laires. Cette expérience très limitative n'exclut pas I'existence de rrn décollem.ni l. tong àes alvéoles trpéri.urt pour allônger Ie
cas semblables. voile vers la paroi du pharynx, que I'on fixe à.1.gxtrémité du voile.
Cela peut signifier, tout au plus, que ces cas ne sont pas courants. La béance est ainsi obstruée, ét I'air va passe1*p$ dçqx -sphinc=
Ce cas s'est présenté avant que I'utilisation de l'échographie se lcrs artificiels.
soit généralisée. C'est une intervention très délicate, car la largeur du lamb_eag, ..

Une échographie, bien lue, pemet de déceler une malformation sa longueur, ont une grande importance ainsi que l'endrq-it du pha-
probable, mais pas avec une certitude absolue. lynx d'où il est décollé, , , ,,. i{
t,t-' -' i
40 Système phonatoire I nterv entions pré c oc e s 41

Si le lambeau est trop large, les sphincters sont trop petits, il L'anesthésie, rendant possibles les interventions chirurgicales,
peut y avoir suppression des nasales d'une part, et des troubles leur a permis de vivre.
d'oto-rhinolaryngologie d'autre part. Le soulagement de la douleur était connu des anciens : infusions,
Si le lambeau est trop étroit, les sphincters sont trop larges et la poudres, sels à respirer. Mais c'est au xIXe siècle que des re-
déperdition nasale n'est pas supprimée, ni môme diminuée. De cherches faites sur I'inhalation des gaz pour obtenir l'anesthésie,
même si ces sphincters artificiels manquent de tonicité. permettent toutes sortes d'interventions chirurgicales.
On entend beaucoup de critiques venant de l'étranger : << avec C'est un Américain, Ferguson, qui aurait opéré pour la première
le temps qui passe, le lambeau se rétrécit, devient une vraie ficelle lbis une division palatine en 1845 ? Suivi peu à peu par d'autres
et ne sert plus à rien. >> Personnellement, je n'ai jamais vu de cas Américains, des Anglais, des Allemands, tout spécialement Len-
semblables. genberck qui a eu de nombreux disciples et a connu Ia célébité,
Ce sont des cas où le lambeau détaché a été trop étroit, ou feit et des Français. Parmi ceux-ci le plus répluJ'.é est le docteur Victor
d'un tissu muqueux pas assez résistant. Ils sont dus à I'inexpé- Veau assistant du docteur Jalaguier à l'Hôpital Saint-Vincent-de-
rience du chirurgien. Paul, à l'époque (1909), Hôpital des Enfants Assistés.
Il est important pour la réussite de l'intervention chirurgicale que Que ce soit du point de vue anatomique ou esthétique la chirurgie
l_9 y.qile et le larynx g,9,icnt aussi musclés que possible. Aussi bien
oro-faciale et l'orthodontie obtiennent des résultats remarquables.
en France qu'à l'étranger, on entend des orthophonistes dire qu'ils
Entre autres, les interventions sur les fentes labiales, préparées par
ou elles ne s'occupent plus des enfants quand une pharyngoplastie des calculs précis ont des résultats étonnants de perfection.
est prévue. Au contraire, il faut beaucoup d'exercices de muscu- Depuis des années, les techniques évoluent, se perfectionnent,
lature pour préparer l'interr,rention, qui en sera d'autant mieux réus- se diversifient, d'autant plus que le nombre des chirurgiens spé-
sie. C'est un travail parfois décourageant pour I'orthophoniste qui cialisés se multiplie, tous travaillant à améliorer les techniques des
n'en verra le résultat qu'après I'opération... prédécesseurs.
Mais une pharyngoplastie faite avec des tissus sans tonicité sera
inefficace. Les chirurgiens en sont d'accord. < Merci de bien pré-
parer mes interventions > a-t-il été dit à l'orthophoniste. C'est en- Les interventions précoces
courageant !

De même après l'opération, il faudra entraîner la fermefure et Une des tendances actuelles préconise les interventions précoces.
l'ouverture de ces sphincters artificiels pour qu'ils rendent les ser- Le but recherché : permetffe à la parole de s'installer à l'âge nor-
vices que I'on attend d'eux. Il faut continuer la rééducation un mal, avec une articulation normale dès le début.
certain temps, en général. Plus tardives sont les interventions, plus perturbée est la parole,
car l'enfant commence à parler avec des instruments inadéquats.
Et il faudra donc le déconditionner par une rééducation orthopho-
Chirurgie et orthodontie nique après les interventions chirurgicales.
Un autre avantage : le soulagement apporté à la peine et à l'in-
Le système phonatoire peut donc être affecté par de multiples quiétude des parents devant hlaidC_ur.-do-bébé s'il y a fente labiale,
malformations. Que devenaient autrefois les petits qui naissaient devant ses difficultés d'alimentation et de respiration dans les au-
avec un << bec de lièvre > et aufres malformations ? La plupart lres cas.
étaient rejetés et peu d'entre eux survivaient. Cela se passe encore Décider de l'âge auquel il faut opérer a toujours présenté des
ainsi çà et là dans le monde... difficultés. Le choix était d'aùIant plus difficile autrefois que le
I 1:',

,r; i .,t.:..i-' .\*,:-.


r
42 Système phonatoire

dsque de mortalité était plus grand pendant les premières années


de la vie d'un enfant.
Tout.ceci est expliqué avec une précision remarquable par le
docteur i_Viôtôr VèâùTn 1931 dans son Iivre Division Palatine écnI
aveq_la. -q-ollaboiatiôq dç MTI E-o^I* pour la partie touôhânfilIâ
phonétique. 3
Les immenses progrès de la médecine facilitent les interventions
précoces. La mortalité opératoire ou post-opératoire due à la bron-
cho-pneumonie, si fréquente autrefois, a pratiquement disparu. Les
techniques d'anesthésie, de réanimation se sont perfectionnées. La
Rééducation
microchirurgie s'est créée.
Tout milite en faveur de l'intervention précoce. .
Les dates de ces interventions sont fixées à 3 mois pour la fer-
meture du voile, à 6 mois pour la lèvre et le palais osseux. La Éédtcarion ortho-phonique, celle des sons de la chahe parlée
Tout étant fermé à 6 mois les coups de glotte ne s'installent pas. qui fransporte le langagè oral, peut paraître rébarbative si on s'ar-
I1 y aura probablement nécessité d'exercices de souffle. rête à sa monotonie apparente.
On ne soulève pas la fibro-muqueuse et les résultats dentaires En fait, en plus de son intérêt humain et utilitaile, elle présente
sont excellents. un grand intérêt intellectuel.
Un inconvénient éventuel : une suture qui lâche et la formation Il entre beaucoup de composantes dans cet ensemble de pho-
ultérieure de pertuis qu'il faudra obturer par une légère interven- nèmes, de mots, de phrases, porteurs de sens. Cela permet de met-
tion ou par la pose d'une pJ_e.S*9,_ tre au point des exèrcices variés qui renouvellent I'attention et
Il existe des cas où l'intervention précoce est contre-indiquée... l,intérêi des patients et rompent la monotonie de la rééducation.
Il existe aussi des méthodes chirurgicales d'inspiration différente, De même, pour l'orthophoniste qui tente de déceler les points où
qui ont fait leurs preuves et ont des résultats appréciés... achoppe la^parole et dé trouver le remède. Il ou elle doit tout le
Mais en discuter dépasse la compétence de I'orthophoniste. C'est t"-pi-êtt" sur le qui-vive. Ce n'est pas un travail mécanique'
du ressort des chirurgiens, avec leurs statistiques à I'appui.

Guidance parentale

Le problème de la relation à établir entle parents et orthopho-


nistes s'est posé dès le début de la profession, chaque orthopho-
niste s'y tiouvant confronté. Cette relation ou guidance
I.
,r, ,,
ir",.
\ parentalé s'ssf peu à peu imposée
-
comme importante dans les
".,_

paramètres- du travail orthophonique. Elle a été introduite dans la


nomenclature générale des actes professionnels d'orthophonie, en
-urrêté
1990, par ,rtt du ministère des Affaires Sociales et de la
Santé, de même que l'éducation précoce et la suppression de la
limite d'âge jusqu'alors fixée à trois ans.
Réétlucation 45
ErJut:at i ort parental e

ce titre recouvre plusieurs sortes de relations. Il y a la guidance


active qui explique, conseille, dirige. Il y a la Dévelopler I'attention en plongeant les enfants dans un bain de
-{uidance à'é"out"
qui permet aux parents d'exprimer reurs difficultés, lar-rgage - parler, chanter, leur faire toucher les objets familiers en
leurs an- leur usage' Parler
goisses, parlbis leur trouble psychique profond, et souvent leur 1r.,rirotçunf doucement leur nom, en expliquant
isolement << Oh, madame, grâce à vous je me sens moins seule... >. cn les baignant, en les habillant, en les nourrissant'.. et ne pas se
I,l V a aussi une guidance dans le sens contraire < parents _+ or_ lasser de répéter souvent, et brièvement chaque fois.
thophonistes > permettant de situer les réalisations dê I'enfant clans A mesure de leur développement, souffler sur la flammc d'une
son contexte familial et scolaire, et de mieux tirer parti des quei- lrougie, faire voler un coton, un papier léger. Faire sentir sur la
ques séances qui sont accordées pour s'occuper cle lui. ,nain le souffle qui sort de votre bouche, poser leur main sur votre
guidance parentale coll pour qu'ils sentent vibrer votre glotte, puis sur le leur'
^cetteune étude cornplexe, est commune à toute I'orthophonie.
C'est Poser un doigt légèrement sur le nez pour sentir les vibrations
à faire à foncl. Elle ne peut être qu'ef_
fleurée ici. tlc m. m. m.
Le terme << parents > désigne les géniteurs, mais aussi toute per_
'ktut.faire sans excès, at'ec dout:ettr et détente' comme wn.ieu'
sonne ayant la responsabilité de I'enfant. Na riei e-ragérer, ne pos les.fàtiguer et ne pas les dégoûtet'à tout
jrrntais clu iat,ail qui ittcombera ensuite à l'orthophonisre, si né-
t cssuire.

Éducation précoce C'est 1'orthophoniste qui guidera 1'entourage de l'enfant dont


clle a la charge en indiquant progressivement les exercices à faire
La prise en charge orthophonique peut crésormais, selon res cas, tlevant lui, puis à essaycr de les lui faire faire. Les possibilités
- ilil'fèrent avec chacun.
être accordée dès les premiers mois cre la vie cle I'enfant : tris'-
miques, sourds, hypoacousiques, hémiplégiques, etc. Les enfànts Dès que ce sera possible, lui montrer des images, lui lire des
présentant fcntes palatines, labiales et iiutres malfomations du sys- lristoirei. Choisir quelques livres avec des illustrzrtions belles mais
tème phonatoire nécessitent des soins d'hygiène méticul"r* o, ni- I[rx lignes simples et claires, sur des sujets au niveau de I'enfant,
veau oto-rhino-laryngologie. c'est-;-dire proches 6e sa vie quotidienne. Éviter au c1épart les
C'est du ressort de l'orthophoniste d'attirer I'atte'tion des pa_ ltistoires angoissantes qui vont des ioups aux extra-terrestres en
rents sur I'importance de ces soins. L'intégrité de cette partie de passant par les sorcières et les monstres de toute sorte'
I'organisme est indispensable à l'établissement de Ia paràle. peu importe le texte. c'est l'adulte qui lit ou raconte, simplifiant
Ia'époque est, presque, révolue où, dans I'esprit des aclultes, un pe tit ct moclifiant à loisir pour s'adapter à l'erfanl et à son niveau de
enfant était << un tube digestif > alternant rhumes et coliques et in.sen- compréhension du langage. On choisit un petit notnbre de livres,
sible à son environnement. on constate maintenant qu'il ett capable ,rn làs reprencl à tour de rôle. L'enfant est en général heureux de
de ressentir, d'enregistrer. Il est facile cle comprenclre tout ce quË cela rctrouvei de temps en temps les mêmes histoires, les mêmes
comporte pour la construction de son identité physique et psylhique. irnages, Ies mêmes personnages devenus ses amis. Bientôt, il les
D'où I'impofiance de la guidance parentale et àe l'éducation précoce. rl',,,itr"ru du doigt puis essaiera de les nommer. Susciter le désir
Il est recommandé de préparer de bonne heure I'installation de tlc parler... mais...
laparole chez les enfânts, qu'ils aient subi ou non une intervention lYe pas insister pour le.f'aire parler'. Cela viendta en son temps,
précoce. On peut les aider à développer chez eux tous les méca_ t'' t'st-à-dire quand il en sera t'apable.
nismes nécessaires à la parole ; attention auditive, visuelle et ki-
Fair:e participer ces enfants à une rythmique orthophonique .est
nesthésique, souffle et mouvements cles lèvres, que l'on fait vibrer
en produisant un léger bruit. cxcelleni. Le iair.e inscrire dans un petit groupe de rééducation
orthophonique s'il y en a à proximité.
46 Rééducation Premier (ontact 41

Quand I'orthophoniste le jugera capabre de suivre une réécluca- L'enfant vient au rendez-vous. Les labiales sont parfaites. C'est
tion individuelle, il ou elle le prendra en rééducation si nécessaire,
" I > qui n'est pas acquis.
Quand un ou une orthopho.iste prend en rééducation indivi- Le mouvement est dorsal et il y a émission du' yod. Le << I > et
duelle, ou en groupe, un enfant très jeune, il y a cle nombreux lcs autres apicales seront rapidernent précisés chez cet enfant, en
exercices à lui faire fàire. Au bout de quelque témps, on voit par-
cffet parfaitement nonnal, sauf légère hypotonie ou maladresse de
fbis la nécessité des mouvements de langue frès fins et précis qu'on la langue.
ne peut encore lui imposer.
Le compte-rendu envoyé au Docteur Un Tel n'utilisa pas le mot
Le mieux est d'arrêter la rééducation, et de faire revenir I'enfant
de temps en temps pour juger de son évolution. Le moment venu, " labiale >>, mais tout simplement << I >>.
Des mots dérivar-rt de labium (lèvres) et de lambda (l) font partie
on rcprcnd la rééduclliorr.
tlu vocabulaire orthophonique. Le lapsus est explicable et excusa-
C'est I'idéal, mais ce n'est pas toujours rézrlisable. blc quand on n'est pas du métier.
Un môme symptôme peut résulter cle causes variées. Vor populi : Pourquoi n'avoir rien dit au Docte ur Un Tel ?
Une même déficience peut être la cause de syrnptôrnes variés. L'orlhophomsle : Oralemenl, sans en avoir I'air, peut-être. Mais
Aussi, la conclusion de l'examen n'est pas toujours évidente à yrar écrit, c'est difficile.
100 pour 100.
si c'est u' bilan début de prise en char-ee, se dire que le dérou-
lement de la rééducal.ion va aider à préciser notre jugeme't et à
orienter la méthode. Le premier contact
Si c'est un bilan qui doit scrvir d'éclair.ge à un cas pris en
charge par Lln ou une collègue, expliquer s'il y a rieu ra comprexité Que ce soit pour un bilan ou pour une rééducation, le premier
du cas ct la prudence des afTrmations. contact avec le patient va varier selon l'âge, les troubles, le ca-
ractère du patient, tout au moins de ce que l'on peut en juger au
Des cas sont souvent adressés, cléjà étiquetés, et parfbis |exermen
premier abord. Ce premier contact est très jmportent.
modifie le point de vue proposé.
Téléphone du Dot'teur un tel: < pouvez-vous prendre er-r réédu- Se mettre à la place du patient. Place très peu confbrtable :
cation un de mes petits patients qui ne prononce pas les rabiales ? > l'impossibilité -d'un échange verbal détendu,
- frustratiot-r due à
orthophonisTe : << certainement. présente-t-il une malforrnatio' - habitude des reproches, moqueries, agacetnents. rejets de
labiale ? Une paralysie ? I'cntourage,
Doc:teur : Pas du tout. - Curiosité, pitié... pénibles aussi à supporter,
Orrhophonislc : Une difTiculté respiratoire ? Une baisse de vi- - et tous les souvenirs accumulés et angoissants des interventions
sion ? c,hirugicales, des séjours hospitaliers, des soins et traitements variés,
Docteur : Mais pas du tout. C'est un enfânt parfaitement nor- ct parfois inutiles, des bilans et exirmens subis.
mal. Il ne prononce pas Ies labiales, c'est tout (ton légèrement Ces enl'ants qui ne parlent pas ou parlent mal sont souvent sujets
agacé). iL des cauchemars, à des cris pendant leur sommeil. Symptômes
L'orthophoniste donne un rendez-vous. Elle est très intéressée à tl 'trngoisse qui disparaissent au fur et à mesure des progrès.
I'idée de voir un enfànt parf-aitement normal, et qui ne prononce
pas les labiales. Détente. C'est une évidence, on ne peut forcer personne à
parler, et la-moindre angoisse peut entraîner des courts-circuits.
Les labiales p. b. m.- étant par-mi les premiers phonèmes acquis
Il va falloir détendre le patient, le rassurer, le distraire si possible,
par la majorité des enfants.
lixer son attention.
48 Rééduc'ation Précocité cle la prise en charge quand l'enJant en est cupoble 49

PendantI'examen, tout en notant res troubles et déficieni:es, plus, inutile de décourager le patient en attiranL son attention sur
chercher les.sons qu'il est capable d'émettre, les mouuÀ"ni.,
pr-,o tles clétails. Cela peut lui enlever de la spontanéité, le désir de
natoires qu'il est capable de laire. parler, et stopper les progrès futurs éventuels.
Il est commctde d'at,oir sou.s ra main querques images crassées C'est encore plus vrai si la rééducation a été couronnée de très
par p.honèmes, afin de présenTer (t,ec ,roturàl r:elles"qui
être évoc1uées (:zrreclenTent.
pir,rrr, peu de succès.

c.qla afin de pouvoir le fériciter de ce dont il est capable, et afin


.
de.l'ercourager à accepter I'effbrl qu'on va lui demancrer
ensuite. lntérêt de la précocité de la prise en charge
r-ui dire, bien sûr, que tout n'est pas parfait
et qu'ensemrrr. Jli .rt
d'accord, on améliorera cc qui nè u" p"r. quand I'enfant en est capable
D'atttre parl, c'est de r:e.t ar:quis qr,te le réérluc.ateur va
s,inspirer
pour débuter la réédut:ution. Cas d'unejeune f-ernme qui, après une enfance et une.jeunesse en
province. avait subi cles interventions chirurgicales et éfait arrivée en
t Le bilan r'ééclucation avec une phonation III.
H,lle avait pris un congé pour pouvoir suivre cette rééducation. Intel-
Le bilan doit indiquer : ligente, instruite, cultivée, elle était très motivée, s'entraînait au magné-
tophone, apprenait des poésies par cæur ef avait t'ait des progrès rapides.
- le Pcturcluor des froubles fonctionnels <ie la parole, Elle parlait parfaitement quand elle était avec nous.
- le Comment des techniques de rééducation à envisager. A la fin de cette rééducation si gratifiante pour I'orthophoniste. une
Étudier le cas à rééduquer en. comparant chaque composante rlcs stagiaires I'avait rencontr6e par hasarcl dans une librairie et entendue
de parler : un véritable feu d'artifice de coups de glotte... Puis, la jeune
I'articulation déf iciente à celre de ra parore normare. Le
bilan rnon_ li rnme l'evait vue ct rt'(onnue ù1 çonsçiemmenl ou inconscielnrnent
tre les effets d'un trouble. Essayer de remonter aux
ensuite décider de la rééducation"
causes pour -
s'était rnise à parler parfaitement.
Cette déconcefiante, pénible, mais utile, expérience avait montré
Les cattses sznr mulfiples ;
que les bons résultats en rééducation ne s'automatisaient pas fa-
- troubles d'origine psycho_affective : cilement chez les adultes.
- déflcit menral: Ce sont des expériences de ce genre qui ont donné I'idée d'uti-
- déficiences sensorielles : surdité, hyponcousie, cécité, etc.; liser un métronome dont il est question au chapitre du matériel.
- troubles moteurs,d'origrne neurologique : I.M.C., paralysies -
Cette difficulté à faire disparaître des conditionnements anciens
variées, dystonies, aphasies; rlonne raison aux rééducations précoces, quand elles sont possibles,
- malformations oryaniques atteignant le système phonatoire
:
ct bien adaptées à l'âge et à la fatigabilité des sujets. Elle
donne
fentes palatales, labiales, insufrisanies vélaircs, lussi raison aux interventions précoces.
etc. rnauvaise irn-
plantation de la langue, cles mâchoires...
On Tteut aussi remat'quer que les rutuveaut oulomutismes ronl
Magnétophone. Faire des enregistrements au magnétophone .t'irtstaller pufibis pLus .fucilemenl c:hez cles débiles légers que chez
-
en détrut de rééducarig.l tÈs utile four I'orthophonir;" tlcs su.jets brillants intellectuellement...
"r1
ra juger, ensuite, de l'évolution et du résultat final.
à;iî;;,
[-es anciens automatismes seraient moins solidement ancrés chez
Sauf-cas exceptionnels, ne pas faire ente'dre les enregistrements
Ics débiles que chez les autres. Ils s'efïaceraient donc sans laisser
au patient. Ce peut être très démoralisant.
tlc traces, et ce qui permettrait îu nouveau conditionnement de
si la rééducation a obtenu un résultat parfait, fàire entendre l,enrc- s'installer avec facilité ?
gistrement pour se rejouir ensemble I tMais si
le résultat est bon. r;un* Cette explication paraît plausible...
Détourner si possible I'attention du patient de son trouble
51
50 Rééducation

Début de la rééducation QuedequestionsSeposel'orthophoniste!qued'hésitations


uuàt d" prËndre une décision et d'essayer de I'imposer!
Il est impossible de donner un âge précis auquel commencer une
rééducation individuelle. Tout dépend de la maturité de I'enfant et
de ses possibilités d'attention. Détourner si possible I'attention
Une amie amène son fils, petit bègue de six ans, très intelligent et vif du patient de son trouble
d'esprit et de gestes, pour une rééducation.
L'orthophoniste après test et réflexion, dit qu'il faut attendre et revenir Au début de toute rééducation, quelle qu'elle soit, mais tout spé-
la voir de temps en temps jusqu'au moment où I'enfant sera mûr pour
cialement quand il s'agit de parole ou d'articulation, détoumer
une rééducation orthophonique individuelle.
La mère insiste. L'orthophoniste explique qu'elle ne peut pas rééduquer I'attention âu patient de son trouble, si possible'
P. pour le moment. < Il est très fantaisiste..., trop capricieux..., absolument Moins il sera conscient de ce qu'on veut lui faire faire, et plus
indiscipliné... ! (remarquer le crescendo). Il faut qu'il se calme, qu'il se làcilement le résultat sera obtenu. Il arrive qu'une obsession em-
stabilise. Mais on pourrait I'inscrire à une rythmique orthophonique ? > pé"ft" de progresser. L'enfant s'imagine.qu'il est incapable de. réa-
L'amie s'en va, un peu fâchée, sans trop le montrer. iir"i"" qu'on"attend de lui, et il renonce à s'améliorer, à s'exprimer'
Quelques semaines après, elle téléphone affolée... Entre temps, elle a maladresse
frappé à une autre porte qui, cette fois, s'est ouverte.
Qui de nous n'a été patalysé par des reproches.de
ou d'incapacité? on uèrra ,rn enfant essayer d'éviter les mots
On a accepté le petit P. On I'a installé devant un appareil. Un résultat incriminé et cela peut déclencher une sorte
ne s'est pas fait attendre. L'enfant ne bégaie plus, mais s'il ne bégaie contenant le phonème
plus, c'est qu'il ne parle plus... Quelques sons rauques et gutturaux sor- à" ùeÀui"-"nt, dn à l'hésitation, au temps de latence nécessaire à
tent avec effort de sa bouche grande ouverte. La mère, désespérée, la recherche du mot équivalent.
force les barrières hiérarchiques et va voir le P.D.G. du Centre, très gêné : Les phonèmes sont produits grâce à des mouvements combinés
n'a jamais vu ça, n'a jamais eu d'échecs... On a dû se tromper d'oreille nt ,ynrhronisés. Décomposer les mouvements complexes en mou-
en installant I'enfant devant l'appareil... etc. ,lri"n , primitifs, ,onrùt* quels mouvement primitifs sont faussés
ou inexistants, les travaillei isolément, puis reconstituer le mou-
- L'orthophoniste '. On ne peut se permettre de critiquer un ap- vement comPlexe.
pareil dont on ne s'est jamais servi. Pourquoi accuser de distraction
la personne chargée du travail ? 11se reconstituera souvent de lui-même'
Tandis qu'on peut facilement imaginer P. laissé seul devant Chaque phonème étant le résultat d'un ensemble de mouvements'
l'appareil et manipulant avec délectation les boutons, les maneffes, un seul mouvement mal effectué peut être la cause du défaut de
tout ce que I'on peut pousser, tirer, visser, dévisser et infligeant prononciation que l'on veut faire disparaître'
ainsi à son cerveau un surrnenage auditif insupportable. Donc, ne pas faire répéter indéfiniment un son mal prononcé'
* On laissa P. en paix, sa parole revint en son temps, il se rééduqua châcune des cômposantes en essayant d'atteindre la per-
travailler
plus tard son problème. fection.
Vox Populi : Une certaine dose de patience, de sérénité est Éviter les mouvements brusques, saccadés. Susciter des mouve-
- ments doux et précis qui aidenfà délier les muscles, à les mobiliser,
indispensable aux parents comme aux orthophonistes. Les graines
en évitant les sYncinésies.
tlI ont besoin de temps pour germer, les enfants aussi.
Faire comprendre à des parents quel est I'intérêt de I'enfant n'est ces exercices variés empêcheront monotonie et lassitude pendant
i la rééducation.
pas toujours facile. Les parents souffrent des imperfections de leurs
â enfants. Ils voudraient, pour le bien de l'enfant espérons-le, tout c,est inconsciemment que le patient sera délivré de ses mauvais
automatismes, et en créeia de bons. Il ne sera plus obnubilé
pat
t{ faire et très vite.
52 Réétlucatiott Aftenrion aux répétiti.ons abusives et néfastes 53

I'angoisse du phonème mal prononcé qui lui attire tant de désa- trois heures pariour. Ils ou elles étaient rémunérés au même tarif
gréments. tlue les médecins, c'est-à-dire un peu moins qu'un OS et iouis-
Il se détendra et reprendra
confiance en lui. suient d'avantages en nature concernant le logement.
Une enfant rééduquée selon cette technique était arrivée en fin En France, nous ne sommes pas seulement Ortho-Phonistes, mais
de rééducation. Sa mère qui assistait de ternps en temps aux également Logo-Pèdes. Notre travail est très varié. La rééducation
séances avec un air réprobateur dit alors : rlu langage écrit n'exige pas le môme effbrt physique que celle de
En effet, elle est réécluquée. Je me <iemande bien comment.
<<
lrr parole. Cela permet de moduler nc'tre emploi du temps, et de
Vous n'avez rien f-ait pour ça. > rrous détendre, non par du repos, mais par un changement d'efïort
Cette remarque, fianche et peu aimable, était en vérité un ma_
ct d'attention.
gnifique compliment, et a été reçue coilune telle en silence et avec tl faut que les orthophonistes débutants en soient conscients en
le sourire. organisant leurs journées. Non seulement pour leur équilibre, rnais
rrussi pour la valeur de leur travail.

Fréquence des séances


Attention aux répétitions abusives et nélastes
Théoriquement, des séances assez courtes et peu espacées sont
à recommander. Ce n'est pas toujours réalisable... Quand on a obtenu le résultat cherché : ce peut être un mouve-
r)rent, un son, un phonème, un groupe... éviter de faire répéter
A Saint-Vincent de Paul, quatre demi-journées de la semaine jrtsclu'à ce que la lassituda fasse dévier l'attention Essayer de
étaient consacrées, par I'orthophoniste, aux rééducations cle parole
r'oster sur un mouvement parfait, avec l'espoir qu'il sera mémorisé
et articulation. Bien rares étaient les enfants qu'on amer,ait plus
tlans sa perfection. Passer à autre chose. Puis, si besoin, reprendre
de deux lois par semaine.
I'cxercice le temps nécessaire aux séances suivantes, pour accorder
L'essentiel est la régularité et aussi que les séances aient lieu à rrr cerveau la possibilité de percevoir le son et d'enregistrer le
un moment de la journée où I'enfant ne soit pas trop fatigué. Une lnouvement.
séance tard le soir, après une joumée d'école n'est pas très valable.
Une orthophoniste étrangère, mais parfaitement francophone,
Il faudrait aussi que I'accompagnement puisse se faire sans éner- irvait assisté à une rééducation du K inspiratoire. EIIe s'était mon-
vement et fatigue excessive de I'entourage. Les enfants sont si lr'éc très intéressée et avait demandé à le faire làire elle-même, à
réceptifs. la petite fille en rééducation. Tout refus parut incornpatible avec
Le mieux est d'en discuter simplement, de ne pas être trop exi- lcs lois de I'hospitalité, et elle emmena la petite dans utt coin de
geant, mais d'insister pour obtenir la régularité. la salle.
Quelques minutes après, éclats de coups de glotte... ! Sur sa lan-
cée, elle lui faisait répéter < le coq fait cocorico >>.
Organisation du travail de I'orthophoniste Tout le travail préalable : immobilisation de la glotte, antériori-
sation du souffle, passage de I'airpar le nez bouche ouverle... était
La rééducation de I'arliculation est très fatigante pour I'ortho- i recommencer pour la pauvre petite.
phoniste. En 1916, un groupe d'orthophonistes avait organisé un l-'orthophoniste regretta sa faiblesse de caractère. Elle essaya de
voyage d'étude en URSS. rkrnner avec sérénité I'explication ci-dessus, qu'elle aurait mieux
Parmi les renseignements apportés : étant donné la fatigue oc_
lait de donner avant.
casionnée par ce travail, les orthophonistes ne rééduquaiént que
54 Rééducation Durée de la rééducation 55

Préparation de la séance suivante * manque de confiance en l'orthophonie ou en I'orthophoniste,


- au contraire, participation trop active, faite mal à propos, qui
Avant de retrouver I'enfant, ou le patient, se remémorer ce qui rebute l'enfant,
a été fait à la séance précédente. Que ce soit en bien ou en mal ! - ou bien entière confiance, soutien intelligent.
D'où allons-nous partir? Que devons,nous éviter? Où voulons- Il faut tenir compte de tout cela, et s'adapter! Les progrès peu-
nous aller ? vent être continus, le plus souvent on les constate par paliers. L'é-
Il est bon de se faire un programme de nombreux exercices va- volution sera parfois rapide, d'autres fois très lente.
riés. Mais il est nécessaire d'être disponible, de sentir ce dont le Il est déconcertant, au début d'une carrière d'orthophoniste, de
patient a besoin ce jour-là, de ce qu'il est capable de faire. A nous constater les différences de durée qui existent dans les rééducations
de nous adapter. de troubles qui peuvent sembler comparables au premier abord.
Est-il lassé de cefiains exercices ? Est-il prêt à se laisser mener par S'il n'y a pas de lésion organique, de trouble neurologique, de
nous? N'avons-nous pas, cette fois, à nous laisser mener par lui? difficultés perceptives, s'il s'agit seulement d'une erreur motrice
L'analyse d'un phonème nous montre la variété des exercices n'ayant pas enfraîné de conditionnement, on voit des rééducations
possibles. 11 faut savoir en jouer pour ranimer l'intérêt, et aussi se faire en quelques séances, en une unique séance parfois.
pour faire le tour du problème. On a quelquefois I'expérience d'enfant arrivé avec un trouble
Et non pas faire jouer I'enfant sans but sous prétexte de le détendre. d'articulation et réparti guéri une demi-heure après :
Exemples : -
clplprononcé s : faire lever I'apex de la langue et souffler fort.
Durée de la rééducation prononcé s j
f appuyer légèrement la lèvre inférieure contre les
dents et souffler fort.
Il est difficile d'établir un pronostic sur la durée de la rééducation. Assourdi.;sement : faire vibrer les cordes vocales en faisant bou-
Oufre le trouble lui-même et sa complexité pas toujours facile à cher les oreilles.
juger au premier abord, surtout quand il y a troubles neurologiques Déglutition primaire .' si l'enfant en a pris conscience et veut
ou psychiques graves, de nombreux paramètres entrent en ieu. corrigei iè'inôwgriient : faire relever I'apex de la langue, faire
déglutir à I'aide de quelques,gout!_e_s d'eau posées dans la bouche
Chez l'enfant : avec un compte-gouttes.
- santé robuste, Mais d'autres cas vont exiger des répétitions inlassables.
ou santé déficiente entraînant des absences et de I'inattention, Un exemple de rééducation rapide et sans problème dont le
- fatigue de longs trajets, l'enfant ne profite pas au maximum souvenir est très vivant est celle de deux enfants, de- quatre à
des exercices, cinq ans, garçon et fille, -sans lien de parenté enfre eux. Ils arrivent
- vivacité ou lenteur d'esprit, à I'hôpital presque en même temps.
- désir de réussir la rééducation ou non, A première we, (ou premrère audition), la rééducation paraît com-
plexe, leur parole est incompréhensible. Les voyelles sont acquises.
- atomes crochus avec I'orthophoniste ou non.
Quant aux consonnes, le garçon n'a que le t et la fille que le n.
Dans l'entourage : On ne peut oublier l'époque de I'année car :
- manque de régularité dû à de la légèreté ou à du surmenage, l'un disait : te te ti té tu tan ta tèt,
- I'un ou I'autre des parents nie I'utilité de la rééducation, et I'autre : ne ne ni né nu nan na nèn.
56 Réédut:ation Chaque cas, de même que chaque être, esr tuùque 5'7

Faut-ii traduire ? < le petit Jésus dans la crèche >>. Les familles organiseront plus fàcilement une rééducation en
Ils ne présentaient aucun trouble apparcnt. Paresse'/ Distraction?... blclc, ce que se conçoit, mais n'est pas I'idéal.
Toutes les consonnes se sont posées sans problème. Après deux Au rnoment des vacances d'été, il arrive de lâcher des enfants
mois environ, ils sont repartis avec une articulation parfaite. tlui semblent avoir encore besoin de nous, et puis de les voir re-
Remarques : Ils assistaient régulièrement à la rééducittion. Les vcnir à la rentrée, parlant parf"aitement.
parents étaient très motivés. L'environnement linguistique normal. Tous les progrès effectués se sont consolidés par une maturation
Bonne santé générale. llciiitée par le repos, la détente, le grand air, les jeux...
La petite lille est revenue pendant son adolescence. Il arrive aussi qu'ils reviennent en paraissant avoir tout oublié.
Elle présentait dcs difflcultés orthographiques. lrrr général. I'ancien acquis revient vite.
D'autres cas, par contre, ont une rééducation qui traîne en longueur. Autrefbis, quand Saint-Vincent de Paul était l'hôpital des enfants de
Ainsi, la petite 8... opérée d'une clivision palatine. l'Assistance Publique, des enfants arrivaient de province, placés en dépôt
Elle vivait à la campagne, avec des parents très occupés et des tières lx)ur foutes sofies de soins variés, et s'ils en avaient besoin, on les ame-
rr:rit irux orlhophonistes.
et sæurs pensionnaires. Il semble qu'elle passait ses journées, tapie bien
tranquillement sous la table de la cuisine, avec beaucoup d'allées et ve- On nous les confiait pour le temps c'lu dépôt, établi à I'avance par leur
rrréclecin et qui pouvait être insufïisant pour nous.
nues autour d'elle n'rais tles contacts linguisticlues très réduits. Le f'acteur,
LJn petit garçon, entre autres, dont le départ nous avait désolés. Quel-
tous les matins, en apportant le courrier, se courbait vers elle en disant :
< Bonjour, 8... > ce qLr'elle avait raconté avec un sourire reconnaissant r;ucs jours encore et sa parole serait parfàite, semblait-il. Et nous avions
quand elle avait pu parler. rticlamé, réclamé dans tous les services, dans le genre: <Mon Dieu,
rrron Dieu, laissezle moi encore un peu... > Mais l'administration a des
Amenée à Paris, chez une tante pour sa rééducation, elle fàisait des
progrès très lents. Elle était très hypotonique. En rééclucation le k se illrpriralifs el le petit était pilrti.
plaçait mais ne tenait pas... Et les sttrgiaires se demandaient si oui ou L'année suivante, il était revenu passer un bilan de santé, et le Service
Social avait eu l'attention de nous prévenir de son passage, pour faire
non l'orthophoniste finirait par accrocher ce k I Leur sfage terminé, on
r'orlsfater une parole parf'aite...
les voyait venir à tour de rôle pour juger des progrès.
Jusqu'au jour oùr le bruit courut : < B... prononce le k >. Il uvait fàllu Un peu comme une boule que I'on lance du bas d'une côte. L'élan
env.iron une année scolaire pour poser l'articulation de fàçon définitive. tkrnné va-t-il être assez foft pour la porterjusqu'en haut de la pente ?
( )u va-t-on la voir redescendre à quelques mètres du sommet ?
Environnement linguistique insufTisant au départ, peu de moti-
vation, tempérament lymphatique... manque de maturation généra- Il n'y a que des cas particuliers.
lisée et Ia rééducation avait été longue. Et surtout, au départ, une
lésion organique avec ce qu'elle laisse probablement comme sé-
quelles dans les circuits nerveux et musculaires. Chaque cas, de même que chaque être, est unique

ll n'y a pas de recettes à appliquer systématiquement. Se faire


Arrêt de Ia rééducation rrne méthode de réflexion et de travail à laquelle se référer. Etudier
lc cas et s'adapter.
Quand cela est possible, il est préférable de ne pas arrôter brus- Iln cas de malformation, la parole est souvent nasalisée : diriger
quement, mais de vérifler et consolider le résultat acquis par des Ic souflle vers la bouche...
séances de plus en plus espacées. Ce n'est pas toujours facile à Hlle est postériorisée : antérioriser 1'afticulation.".
organiser que ce soit avec l'école, I'accompagnement, les loisirs Hn cas de conditionnement : désorienter la conscience phonolo-
de l'enfant. On peut toujours le proposer. 1.lit1ue...
58 Rééducation La.famille, sa parole 59

Penser non seulement au système phonatoire, mais aider le cer- Chaque acquisition envisagée, chaque progrès nécessaire offre
veau à percevoir en développant l'attention auditive, visuelle, tac- une multiplicité d'exercices. Varier les exercices, passer de l'un à
tile, kinesthésique, psychomotrice, selon les besoins. I'autre. Certains seront vite et bien réalisés, d'autres demanderont
du temps pour des répétitions courtes et fréquentes. Savoir moduler
le travail. Comprendre la nécessité de la maturation. Ne pas faire
Évidence répéter n'importe quoi, n'importe comment.
Essayer de comprendre les difficultés particulières de parole, de
L'espèce humaine ne crée rien, elle utilise ce qui existe. Il faut rythme, d'articulation, décelées dans les cas qui se présentent. Ana-
donc chercher I'Acquis et partir de I'acquis. L'acquis peut êfre un lyser les erreurs, proposer des exercices précis de souffle, d'as-
phonème, un son, le souffle, un mouvement visible. sourdissement, de sonorisation, d'oralisation, de nasalisation, de
Utilité du miroir, l'enfant regarde l,orthophoniste, se regarde lèvres, de langue, de rythme, suivant le besoin.
dans le miroir, compare. Et détendre le patient, I'encourager, l'intéresser.
Il est utile de préciser l'acquis. puis de reprendre les exercices Grâce à la radio, à la lélé,les enfants comme les adultes sont
le concemant dans le courant de la rééducation, (encouragement, sensibilisés à la musique, aux performances sportives.
détente du patient). Si on prend la peine et le temps, peu à peu, de leur faire
comprendre que nous avons la chance d'avoir à notre disposition
t Partir de l'acquis et faire évoluer l,articulalion un instrument, notre corps, subtil et complexe, il arrive qu'ils
(par assimilation, par opposition) soient très intéressés d'apprendre à s'en servir.

Assimilation : obtenir les phonèmes manquants en se servant


des phonèmes acquis que I'on iait évoluer. La famille, sa parole
_Si aucun phonème n'est acquis, commencer par,<. p z dont le
Éouvemenf peut être vu'dans iè miroii, ôn peut ioucher les lèvres
et sentir le souffle sur la main. (souffle qui se répand directement On amène quelquefois des enfants en rééducation, pour nason-
à I'extérieur, sans affaiblissement à I'intérieur de la bouche). nemen! schlintement, zozotement et autres...
Pyttr de la voyelle a. La bouche est grande ouverte et la position Et l'on constate les mêmes défauts chez les parents... Cela ne
de Ia langue visible. facilite pas la rééducation. C'est dans ces circonstances qu'on se
En cas de déperdition nasale, partir de << m >> et de. < an >. rend compte du bien-fondé de la méthode qui consiste à travailler
les mouvements de base avant de s'attaquer aux phonèmes, et pen-
Opposition : Les oppositions font prendre conscience de ce que dant toute la rééducation.
nous ressentons, de ce qui nous entoure. Les exercices précisant le souffle, les vibrations de la glotte, la
Que serait le jour pour nous, si la nuit n'existait pas ? la chaleur, l'ermeture du voile et tous les mouvements de la langue peuvent
sans le froid ? le silence sans le bruit ? rééduquer I'enfant sans qu'il soit vraiment conscient de son évo-
C'est le mouvement apical de la langue qui aide le ceryeau à lution, sans qu'il soit gêné par I'entourage.
enregistrer le mouvement dorsal. L'idéal serait de rééduquer aussi la famille.
De même, les vibrations et I'immobilité de la glotte, les fré_
quences graves ou aiguës des sons, les sourdes et les sonores...
Tout mouvement, toute sensation, est mieux perçu grâce à son
contraire. L'utilisation des oppositions est une source d'exercices
multiples et indispensables.
4

La phonétique

La phonétique instrumentale
. Le kymographe : Ils paraissent lointains les enregistrements
au kymograptre èt te faux palais recouvert de talc qui permettait
de vôt lù points d'articulation de la langue, tout ce qui était-pra-
tiqué dans l"r t.". laboratoires universitaires de phonétique. Mais
Ieur intérêt était déjà inappréciable. Ils permettaient de fixer,
d'analyser, grâce à un enregistrement dans le temps et dans l'es-
pu"", é"m" Jhaîne parlée, jusqu'alors insaisissable, qui s'évanouis-
sait à peine émise.
f Les ônregistrements étaient obtenus par des tracés sur un cylindre
recouvert àe noir de fumée, et cela grâce à des aiguilles, des
tuyaux, des embouchures, des olives nasales. La préparation du
-ôindt" enregistrement demandait des heures, le résultat était pro-
blématique.
Et cependant, c'éIait merveilleux de voir ainsi tracés en signes
visibles, présentant une permanence, ces sons évanescents, dispa-
raissant én dixièmes de seconde, qui ne se laissaient pas traquer
jusqu'alors.
On pouvait contempler, de visu, les tracés marqués par les
sourdô, les sonores, fes nasales, constater leur durée et celle de
leur détente, et toutes leurs interactions... Cet appareil fut utilisé
pendant des années dans les laboratoires de phonétiqrre universi-
iaires, à paris rue des Bernardins, à Rennes, à Grenoble... et autres
lieux sans doute.
Il représente le début de la Phonétique Expérimentale'
62 phonétique
Phonétique historique

Depuis, les appareils de toutes sorles se sont multipriés permet-


tant des approches variées de la parole : détentes d'occlusives et constrictives, se créent des assimilations,
des oppositions. Tout ce que I'on constate en étudiant la phonétique
- I'oscillographe, très apprécié et très utilisé par M-. Borel dans historique; tout se rejoint.
ses recherches,
le << visible speech >, On peut voir une voyelle nasale s'oraliser progressivement et
- une voyelle orale se nasaliser.
-_le sonographe, qui permet d,analyser les composantes du son
en fréquence et intensité, il a emporlé un livre
- I'analyse tomo-acoustique, grâce à la porte électronique, qui fait
On peut voir la détente d'une occlusive devenir une constrictive
entendre clairement, parce qu'au ralenti, leJ interférences dies'sons qui
se succèdent, leurs transifions d'un phonème à I'aufe,
il habite chez ses parents
- la parole synthétique, De même, la longueur d'un phonème va varier selon sa position
- les filtres passe-haut et passe-bas : d'après l,audiogramme du clansla phrase, dans le mot, et selon son entourage vocalique ou
cas à étudier et rééduquer, on peut adaptei les filtres ét entendre consonantique.
ainsi ce qu'entend le-mar-entendant. ce qui peut beaucoup affiner Et la parole devient vivante devant nos yeux...
les méthodes de rééducation, Cela aussi rend apte à juger si quelques cas nécessitent un exa-
.-
la radiographie montre les organes phonateurs en position sta- men approfondi et quel appareil répond à cette demande.
tique,
Tout cela fait comprendre la phonétique historique.
-,la cinéradiographie suit les déplacements rapides de la langue
et du voile,
---.I'endoscopie renseigne sur le pharynx et le larynx, sur
l'attitude des cordes vocales, sur le càvum et le voile,
.- l'électromyographie étudie I'activité électrique du voile et des
piliers et la tonicité musculaire,
- la vélographie étudie la phonation et la déglutition,
- l'aérophonoscopie, la déperdition nasale.
E ftl, il y a une prolifération d,appareils qui transforment et
approfondissent la connaissance de lâ-parole et du système pho-
natoire.
Ils se diversifient, se compliquent, s'améliorent d'arurée en année.
_Il-paraît impensable que la parole de chaque enfant amené en
rééducation soit ainsi disséquée. eue de locàux, que d'appareils,
que de frais et que de temps ! Et combien inutiles dans àà nom-
breux cas...
Par contre, il est important et bénéfique à chaque orthophoniste
de connaître ces appareils, de les étudier, de leô marripui", pou,
avoir une représentation mentale, auditive et visuerê de ôefie
chaîne parlée qu'il ou elle doit rééduquer.
-
on constate qu'elle ne se compose pas de phonèmes indépen-
dants les uns des autres. Entre nasàles ei orales, sourdes .t ro.rô."r,
64 Phonétique

La phonétique historique

L'9tude de la phonétique historique ou évolutive du français est


très intéressante et instructive pour les orthophonistes.
Les habitants de la Gaule : Celtes, Gaulois, Francs, etc. ont suivi
des règles inconscientes d'accenfuation, d'articulation, qui ont peu
à peu transformé en notre langue le latin vulgaire enrichi de divers
5
autres apports linguistiques.
L'écriture a forcément stoppé, tout au moins ralenti, l,évolution
des sons.
Les phonèmes et leur rééducation
Mais nos exercices orthophoniques s'inspirent des mêmes rè_
gles :

- I'affaiblissement et la sonorisation des consonnes intervocali-


Les voyelles
ques,
- la forte détente de l'occlusive qui permet d'obtenir la constric-
tive correspondante, après avoir fait disparaître l'occlusive initiale,
- I'accent tonique sur la demière syllable du mot, et le dernier Voyelles orales
mot de la phrase,
- les assimilations. 2

En faisant faire une dictée, I'orthophoniste va prononcer lente-


ment et distinctement pour aider l'enfant à retenir I'orthographe
du mot. Mais dans la parole courante le mot peut évoluer... pienàns oe
par exemple << cheval >> avec deux constrictives, I'une sourde
I'autre sonore. Il peut y avoir assimilation réciproque dans la pa_ oe
role, selon la place du mot par rapport à I'accènt fonique.
En position non accentuée : << Le cheval de papa ést dans le
pré.> - Colonne I :La bouche, largement ouverte pour le â (mouve-
Cheval va tendre vers JVAL... ment dorsal antérieur) se referme peu à peu pour è, é, i, en étirarrt
En position accentuée .' << Papa monte tous les jours son cheval. >>
les lèvres et en rapprochant les mâchoires. L'apex de la langue,
Cheval va tendre vers CHFAL... contre les alvéoles inférieurs pour â se relève progressivement.
En entraînant l'enfant à parler, faire prononcer tous les groupes - Colonne 3 : La bouche, largement ouverte pour le à (mouve-
consonantiques possibles. ment dorsal postérieur) se referme peu à peu pour ô,ô, ou, en
Ils n'existent pas tous, loin de là, dans le langage écrit. arrondissant les lèvres et en rapprochant les mâchoires. Le mou-
Ils existent tous dans le langage parlé : conséquence de la chute vement dorsal postérieur de la langue s'accentue progressivement.
des e muets. * Colonne 2 : Le mouvement de rapprochement des mâchoires
et d'arrondissement des lèvres est le même que poru la colonne
3. Le mouvement d'élévation de I'apex de la langue est le même
que pour la colonne 1.
66 Phonèmes et leur rééducation
Voyelles

t Désorienter la conscience phonologiqae


t Exemple de travail par opposition a... i
Le mouvement identique de langue des colonnes 1 et 2, et le
mouvement identique des lèvres des colonne s 2 et 3, permettent tr grande aperture buccale,
de passer facilement d'une voyelle à une autre. -
- apex de la langue abaissé,
Rééducation du i en partant du u : Il arrive assez souvent que - le a (postérieur) entraîne I'arrière de la langue vers la paroi
des orthophonistes fassent part de leur difficurté à obtenir postérieure du pharynx,
un i,
remplacé par une sorte de souffle rauque, dans des cas
de malfor-
I
I - et laisse une grande cavité antérieure.
mations, après avoir obtenu facilemeni les autres voyelles.
I
Cela s'explique car le i-est un phonème très fermé, et la langue, I
tendue, ne laisse au souffle qu'un passage étroit dans ra
boucîe. l
- petite aperfure buccale, avec lèvres légèrement étirées,
La seule différence dans l'émission du i et du u est la position !
- apex de la langue relevé,
des lèvres. - laisse une grande cavité postérieure.
En opposant ces deux phonèmes, on produit une opposition :
Faire prononcer u... en étirant doucement les lèvres. Dès que
patient émet i..., I'orthophoniste se tait afin que le patient
le - du mouvement labial,
prononcer i et prenne conscience du mouvement des
s,eniende - du mouvement lingual,
son qui l'accompagne.
lèvres et du - et des cavités.
La formation des cavités nécessaires aux deux voyelles est le
Pour obtenir un résultat définitif, il faut en génératplusieurs ; résultat inconscient de ces mouvements.
séances.
_Dans
les cas où répéter ne mène à rien, désorienter la conscience On peut se selir :
phonologique est un qr.o99ae remarquable. Les stagiair"._oahopho_
nisties sont souvent mal à I'aise devani ce type d'exeriice,
It - du miroir pour faire constater les mouvements buccal, labial,
et le disent. lingual,
Il est bon de s'entraîner enffe adultes de bonne volonté avant de - du guide-langue no 2 pour soutenir l'apex pour le i,
se risquer avec les patients, surtout les enfants. - d'un guide-langue plat pour maintenir I'apex abaissé du a.
Au cas où aucune voyelle n'est parfaitement acquise, commencer
par a. t Les voyelles
Faire sentir le souffle, res vibrations de ra glotte, faire regarder
dans la glace la bouche grande ouverte, la ran"gue apratie,
ur7""
re etE Les é, è ne semblent pas suivre des règles évidentes
léger mouvement dorsal, et |apex contre resâvéôles inférieurs, "" d'ouvefiure et de fermeture, tout spécialement quand il s'agit des
bien au milieu. articles << les >> et << des >>.
On constate en fait trois sortes de a. Cette petite phrase :
â comme patte, avec mouvement dorsal antérieur, < Se rappeler que pour pouvoir utiliser les laits en poudre, il faut
disposer d'eau potable >> avait servi à faire un petit test, et le ré-
à comme pâte, avec mouvement dorsal postérieur, cela
dans les sultat avait été étonnant:.
syllabes accentuées.
les laits avaient été prononcés :
On trouve un a médian, les syllabes inaccentuées, qui est
.dans
aussi I'unique a dans certains a""errti régionaux.
té té
Cette remarque est valable aussi pour o e æ qui sont ouverts
- ou tè lè
dans les syllabes accentuéès, et vont ère intermédiaires
lermé1 té lè
dans les syllabes inaccentuées.
tè lé
68 Phonèmes et leur rééducation Vot:elles 69

sans possibilité évidente de statistiques de région, ou de milieu


t Les accents régionaux
socio-cuhurel.
Seule remarque intéressante : toutes les personnes testées avaient une petite fille, avec fente palatine et insuffisance vélaire, était
insisté << mordicus >> sur le bien-fondé de leur prononciation !... hospitaiisée à Saint-Michel pour une rééducation de parole. Sa ré-
On peut constater beaucoup d'assimilations spontanées dans la éduèation n'avait pas posé de problèmes, sauf... les voyelles na-
parole courante des Français entre é et è, quelle qu'en soit I'or- sales qui avaient été obtenues à grand'peine.
thographe. La rééducation menée à bien, son père était venu la chercher'
Par exemple <<était>> s'écrit avec é qui se prononçe souvent è, Il habitait Perpignan et avait I'accent de la région !
pour ren-
prenant le timbre de la syllabe suivante qui porte l'accent tonique. Que d'énergie, de temps, et peut-être d'argent perdus,
L'accent tonique a beaucoup d'influence sur les assimilations. Ore ta petite fille ridicule en la faisant < parler pointu >>, se dit
I'orthophoniste effondrée.
Les nasales : Les voyelles a, e, æ, o, en se nasalisant vont de- seule consolation : elle allait vite reprendre ses bonnes habi-
venir an, in, un, on. Un se confond souvent avec in. tudes, de retour dans son milieu familial.
Quand les voyelles ne sont pas aussi nettes qu'elles devraient C'était au début de la vie professionnelle de l'orthophoniste, et
l'être, on peut inventer des exercices multiples d'assimilation, cette leçon ne fut pas perdue pour elle. < Ai-je le droit d'imposer
d'opposition, de désorientation inspirés par le tableau : mon accent ? >>

- mouvements de lèvres, << Vous vous prom'nez sur la Can'bièr >> n'est pas mieux
que
- mouvements de langue. << vous vous promenez sur la Canebière >>.

Préciser : Résolution de I'orthophoniste : se renseigner si possible sur les


- la sonorisation au niveau de la glotte, origines des patients.
- les points d'articulation de la langue, Si I'enfant vit ou doit vivre dans sa région d'origine, sauf désir
- I'aperture des mâchoires, clairement exprimé par lui-même ou par sa famille, ne pas faire
- la forme des lèvres. évoluer son aècent de force, ne pas imposer l'accent de I'ortho-
Selon les besoins, il faudra oraliser les nasales ou nasaliser les phoniste !
orales.
La majorité des francophones prononce ô ô - é è - oé - oè, très
Revoir les exercices de voile. différenôiés, mais un certain nombre, en général des méridionaux,
prononcent o é æ intermédiaires.
- Opposition
On le constate souvent car les Français sont de plus en plus mo-
a, e, æ, o : pas de buée sur la glace, ailes du nez immobiles
biles à I'intérieur de I'hexagone. Et la radio et la télévision nous
an, in, un, on : buée sur la glace, légères vibrations des ailes du
permettent d'entendre tous les accents régionaux.
nez (poser légèrement un doigt sur une narine).
L'occasion d'étudier, d'approfondir ces différents accents ne
- Assimilation s'était pas présentée autrefois pour I'orthophoniste. Aussi,- c'est
Nasaliser, grâce à la position interconsonantique avec étônnement, en rééduquant une jeune femme originaire du
m... an... m Midi, que I'orthophoniste entendait répéter un 6 quand elle avait
n... on... n prononcé un ô et vice-versa.
Oraliser, grâce à la position interconsonantique fjne << sole > frite dans la bouche de I'orthophoniste devenant
une << saule > frite dans celle de la patiente. Par contre, un << saule >>

p... 4...p...
pleureur, dans la bouche de I'orthophoniste ressortait en << sole >>

etc. pleureur de celle de la Patiente.


70 Phonèmes et leur rééducation Consonne,ç t1

En fait, cette jeune femme ém:ettait un o intermédiaire, le Les consonnes


, même
dans tous les cas. ce que l'orthophoniste n'avait pu. ÉÀeàrL-
ment saisi à l'oreille..-
Prononcer le son et non pas le nom des consonnes.
Les accents régionaux ne sont pas à combattre systématiquement.

,.M3if il se. trouve parfois des méridionaux, quittant leui région


d'origine qui désirent abandonner les traditions^articulatoi.es t Les phonèmes p.t.k: :

langue d'Oc, pour prendre celles de la langue d'Oil. il


oîla
est facile Ces trois consonnes occlusives qoqrdes sont les consonnes de
de les aider quand on sait utiliser le tabreaù des voyelles
;."b;. base de notre système phonétique dans sa structure actuelle.
La langue d'Oc a des voyelles plus simples :
Quand le système phonatoire est en << état de marche >> nomal,
ces trois occlusives sourdes se posent facilement :
- nécessité du souffle,

\i..'
Les nasales sont moins nettes. Le rythme de la phrase est
un
-
-
-
[]
immobilité de la glotte,
occlusion vélaire,
mouvements adéquats de langue, lèvres, mâchoires.

facile à obtenir, le mouvement d'occlusion et de détente des


peu différent à cause des æ rarement muets. lèvres est visible. Le souffle est facilement senti sur la main.
Dfficulté ; malformation ou paralysie labiales.
t Dfficultés de certains étrangers
fl lèvres et mâchoires enffouvertes. L'occlusion est produite
no-oreu1-é!1ang-ers parlant français prononcent : grâce à un mouvement apical de la langue. Poser I'apex contre les
-_o. alvéoles supérieurs et faire une détente brusque.
- ou pour u
La meilleure méthode ; si le I apical est acquis, à partir du
f
- é pour oe
Ir...
1...
j
!
- u et oe sont des voyelles complexes.
Au cas où lever la langue est difficile ou impossible, passer du
Ê
,.- facilementmême qu'on obtient facilement i à partir du u, on obtiendra paut.
-D.?
i u à partir de i, oe à partir du è (modification du mou- Prononcer p.p.p. en fermant et ouvrant les lèvres sur la langue
sortie et bien plate.
ctrtlcallon du mouvement Iinguall. Puis faire rentrer brusquement la langue sans bouger les lèvres :
Dans toute ré9d'ça1ign ag tToyeites, rechercher les positions
dans on obtient t.
le mor, où lç pËônème à etuaier esi le plus long, âri" âË mieux
le percevoir, et de mieux l'émettre- Inconvénient à éviter .' possibilité de déclencher un t interdental.
Fn général en syllabe accentuée, suivie par une sonore I moins facile à poser car on voit difficilement le mouvement
loup et louve lu et luge pas et part etc. clorsal de la langue.
Tendance à le faire trop postérieur.
Une méthode : partir du t. Avec un guide langue plat, abaisser
la langue en la repoussant de façon à obtenir le mouvement dorsal.
Une autre méthode, excellent, le k inspiratoire de M-"Borel dont
lc résultat est padait.
12 Phonèmes et leur rééducation
Consonnes t3

- k inspiratoire : Le s est produit soit par un mouvement apical, soit par un mou-
- faire prononcer a... a... a... vement dorsal, selon le locuteur mais le point d'articulation va
- maintenir à plat, avec un guide langue, la partie antérieure de aussi varier, chez le même locuteur, par assimilation selon I'envi-
la langue, ronnement consonantique ou vocalique. le t entraînera un mouve-
- faire souffler par le nez, ment apical, le k un mouvement dorsal.
- et pendant le souffle, pincer le nez. Cette articulation, si labile, présente de nombreuses mal-positions :
Le k obtenu est parfait. mouvement de langue interdental, adental, légers schlintements uni-
La démonstration de M-" Borel est toujours spectaculaire, mais latéraux, bilatéraux, manque de précision, articulation floue.
les orthophonistes qui veulent suivre son exemple sont souvent C'est le phonème le plus pénible à supporter, pour des oreilles
désappointés par le résultat obtenu. exercées, dans de nombreux discours, sermons, et autres modes
Là encore, il est important de décomposer le phonème en ses d'expression orale !
divers mouvements et de les travailler séparément. Il faut entraîner la langue à des positions nettes à I'aide de
Normalement, quand on souffle par le nez, on ferme spontané- consonnes occlusives, donc fortes. Préciser I'articulation dorsale
ment la bouche. Alors que pour obtenir le k inspiratoiré, il faut du s à l'aide du k et du a.
souffler par le nez, bouche ouverte. Là réside la difficulté. Pourquoi à I'aide du a? Parce que la bouche grande ouverte
Exercice à faire : souffler par le nez, bouche ouverte. Il peut permet de constater que la langue est bien équilibrée par rappol-t
être utile d'entraîner à souffler par le nez en se servant d'une giace à la mâchoire inférieure, qu'elle s'étale en touchant les alvéoles
et d'un coton léger. Le coton léger doit être volumin"ur, poù, ne et évite ainsi le schlintement bilatéral. Au besoin, la détendre avec
pas risquer qu'une inspiration maladroite ne le fasse pénétrer dans un guide langue plat et former la gouttière médiane avec le guide
le nez. Cela s'est vu. langue allongé.
En prononçant k, en prolongeant la détente on obtient un s dorsal
Les trois occlusives sonores bien placé. Puis on fait suivre d'un a qui soutient encore la position
et les trois constrictives sourdes de la langue : a. k. s. a...
Préciser l'articulation apicale du s grâce au t et au i : i. t. s. i...
lpTk-l Travailler par opposition ensuite aksa... itsi... et ensuite travailler
, lbd=l FS-hl s dans tous les entourages vocaliques et consonantiques possibles.
Chaque locuteur trouvera la position qui lui convient.
i',
Les trois occlusives sonores sont obtenues par assimilation grâce Contrairement au s, les mouvements de base de cft sont très précis :
à la position intervocalique :
-'-.! - lèvres arrondies,
le souffle freiné par les vibrations glottales est moins fort, * mâchoires légèrement écartées,
la glotte vibre, - souffle fort,
occlusion vélaire, - langue : mouvement élévateur apical chez la majorité des fran-
cophones.
- même position et mouvements de langue, des lèvres et des
mâchoires, mais moins tendus. . Le mouvement des lèvres sera facilité par les voyelles u et ou.
Les trois constrictives sourdes sont obtenues en émettant une l-a voyelle u obtenue par un mouvement apical de la langue est
détente forte et prolongée.
d'autant plus indiquée comme soutien.
Le mouvement bilabial du p. devient labio-dental pour f. Ap_ Si les lèvres manquent de souplesse, faire des oppositions lèvres
puyer << légèrement > la lèvre inférieure sur la mâchoirè inférieuie. tcndues... lèvres arrondies
74 Phonèmes et leur rééducation
Consonnes j5
1... ou
sans exagération
t Les trois constrictives sonores : v. .i. z.

e... u Les trois constrictives sonores peuvent être obtenues de deux


Si les lèvres manquent de tonus, les fortifier en les ar:rondissant l'açons.
autour du guide-langue no 24 maintenu par le seul effort des lèvres. Prononcer f. ch. s. en position intervocalique : assimilation
ou forte détente des occlusives sonores, b d g.
. Quand un effort d'attention est demandé, le réflexe habituel
est de serrer les dents. Le ch demande un léger écart entre les
mâchoires. On sera parfois obligé d'écarler légèrement les mâ-
t Les occlusives nasales : m. n. gn.
choires avec un guide-langue, et faire souffler. puis refaire l'exer- La seule différence entre les trois occlusives sonores b d g, et les
cice sans guide-langue en faisant regarder dans le miroir. Il faut occlusives nasales est I'ouverture du voile. Les obtenir grâce aux
surveiller également, pour les éviter, tous mouvements de progna- voyelles nasales, en les prononçant en position intervocalique : an...
thisme inférieur, dus à trop d'application de la part du paii"rri. b... an... deviendra... an... m... an... etc.
. Le courant d'air nécessaire à l'émission du ch doit être fort. Faire prendre conscience de la nasalité :
Travailler au besoin respiration et souffle. - buée sur la glace,
. Si le mouvement apical de la langue est acquis pour le t, un - léger frémissement des ailes du nez,
ch sera obtenu sans peine par une longue détente de t.
- poser un doigt légèrement sur une narine,
Si le ch n'est pas acquis, il est préférable de poser un ch apical
- pas de souffle sur la main ou sur un coton, I'air ne passant
pas par la bouche.
et de faire des exercices d'opposition avec le s dorsal.
On obtiendra les nasales à partir des occlusives sonores, mais à
Si le ch est déjà acquis et doit être précisé (tendance au flou, I'inverse, on pourra obtenir les occlusives sonores à partir des nasales
au schlintement) et que I'enfant fasse un ch dorsal, essayer d'étu-

{ ,_,--/.' FTll---.-
dier le ch de sa famille. Un ceûain nombre de francophones pro-
duisent le ch dorsal. Si c'est le cas, ne pas changer le mouvement -\ .--/ FTch-l
naturel, mais le préciser en opposant le ch dorsal au s apical, ou
le ch dorsal postérieur, au s dorsal antérieur.
fm. n- sn.l F.;a
Si dans une parole trop floue, chez un sujet à la psychomotricité t Les apicales
lente les ch et s se confondent facilement, s'il y a parfois émission
d'un phonème intermédiaire, faire les oppositions ch. s. avec des
Pour les consonnes, il est imporlant d'attirer I'attention sur les
apicales.
exercices de ralentissement puis d'activation de la parole (en se
sefl/ant au besoin du métronome). I
Si l'automatisme ne s'établit pas pour le ch conserver le mou- t. d. n.
vement dorsal et travailler l'opposion s... ch. ch.j.
s : dorsal antérieur ch : dorsal postérieur et occasionnellement s. z.
apex contre les dents apex contre les dents
inférieures
Il
est très important d'obtenir les apicales.
inférieures
Chez un sujet à la psychomotricité lente, si toutes les consonnes
le dos de la langue le dos de la langue sont dorsales, elles se confondront facilement. Dans la parole ra-
se posant contre un guide- s'élevant postérieurement pide entre un t dorsal antérieur et un k dorsal postérieur on verra
langue plat tenu verticalement comme pour k. se produire un phonème médian peu reconnaissable.
76 Phonèmes et leur rééducation Phonèmes intermédiaires entre voyelles et consonnes constrictives 7l

Le I dorsal, le j dorsal, tendent à devenir un yod. - Le yod, obtenu en général sans peine par l'aplatissement de
Pour améliorer les apicales, il est commode de travailler l'émis- la langue, en partant du i du j du l.
sion du l. - Le I ; le mouvement apical de la langue exige souvent un
L'apex doit être posé contre les alvéoles, exactement au milieu cntr4inepent. Revoir les exercices de la langue.
de la mâchoire supérieure. Si ce mouvement n'est pas acquis, re_ - Le.ri Dans les retard-s_de p-4lgle. [e r est souvent le phonème
faire les mouvements de base de la langue vus précèdemmènt. un rucquis en demier. É,Vitëi-bèïôut,rir l'obtenir à rôute lorce-en"Tai-
miroir est une aide. sant faire un raclement de la gorge dont on se débarrasse ensuite
La position intervocalique, en se servant de i et de u, est une tlilficilement.
aide. r post vocalique : tenir longtemps une voyelle en la terminant
On peut aussi soutenir la langue avec le guide-langue no 2 (celui l)ar un souffle. Le souffle se changera en r
que les enfants appellent le petit tabouret !). r initial : souffler doucement ef longtemps, puis prononcer la
Le I obtenu, on travaillera le t :...1 t... puis de même I n. voyelle.
.i1...Dans les groupes consonantiques, scinder le groupe : ap... ra
1...1r... r... rch...
ro doucement d'abord, puis plus vite... de façon à obtenir le
1... Id... d... dj...
groupe.
Avec ceftains petits, qui présentent de grandes difficultés de pa_
role, penser à varier les exercices. Mais toujours travailler le r en douceur.
Par exemple, pour obtenir le j : Avec les enfants, une facilitation : partir non pas du souffle, mais
du soupir...
- assimilation à partir d'un ch intervocalique, très doux, On peut leur dire << encore ce même exercice, quel ennui >> et on
- assimilation pa-r le souffle vibré de la détente du d, pousse un soupir qui doit se terminer en r ! En général, cela les
* travailler par opposition : 2.................... j iunuse...
apex baissé apex levé.
Pour tous les phonèmes, on invente facilement des exercices va-
riés.
Penser aussi à refaire tous les exercices de base : souffle, glotte,
voile, langue, lèvres...

Phonèmes intermédiaires
entre voyelles et consonnes constrictives

Il existe des phonèmes intermédiaires, ni tout à fait consonnes,


ni tout à fait voyelles :
- Les w de oi, de ui : oui.
ce sont des ou et des u dont le mouvement labial arrondi est
devenu une légère occlusion labiale; ils s'obtiennent facilement,
sauf en cas de malformation ou de paralysie labiales : revoir les
exercices de lèvres page 29.
6

Le travail en groupe

t Sa genèse
Le travail en groupe pour la rééducation de la parole et de
l'articulation s'est organisé non par raisonnement intellectuel, mais
par un concours de circonstances et I'essai s'est révélé fructueux.
M-" Borel dirigeait alors le service d'Orthophonie de I'Hôpital
Saint-Vincent de Paul. Le Professeur petit était à la tête de la
chirurgie et beaucoup de patients se présentaient pour se faire ré-
éduquer.
L'habitude était de prendre chaque patient (enfants et adultes)
pendant une demi-heure. Une demi-heure à chacun ! L'accueil et
la mise en train... les adieux et les recommandations... laissaient
un temps très court au travail.
En ce temps-là, car cela remonte loin, il y avait peu d'orthopho-
nistes et les enfants venaient de partout pour suivre des rééduca-
tions de divisions palatines, d'insuffisances vélaires et de troubles
variés d'articulation et de parole.
Cerlains enfants étaient hospitalisés à Paris pour quelques mois,
d'autres étaient amenés régulièrement de grande banlieue, de pro-
vince, de l'étranger.
On voyait arriver des mères, avec leur progéniture déjà fatiguée,
après avoir fait des trajets incroyables, à pied, à bicyclette, jusqu'à
un arrêt de cars, une gare, un métro. Les uns anivaient trop tôt et
s'énervaient en attendant; les autres arrivaient trop tard et gênaient
le déroulement du fravail. Que faire quand il existe des horaires,
tles embouteillages, des grèves, des mères surmenées ? Et la demi-
1
Travail en groupe

heure allouée à chaque enfant paraissait bien dérisoire en compa-


raison de I'effort foumi pur et par les familles pour arriver
En s'écoutant et en se regardant, ils prenaient eux aussi
jusqu'à nous. "ù^ conscience des mouvements et des sons à obtenir et à éviter. Et
chaque déficience donnait I'idée d'un nouvel exercice.
I es enfants présentant des malformations, des troubles de la pa-
role et ne pouvant s'exprimer normalement inspirent la curiosité, Un avantage considérable aussi, par rapport au contact individuel
rrrthophoniste-patient, était l' accueil chaleureux par le groupe. On
la pitié, I'agacement. L'atmosphère familial" ert sor,u"nt chargée
d'angoisse. soit indifférence, soit crainte, les autres enfants màn-
laisait place au nouveau, on lui redonnait ainsi courage, et
confiance en lui-même, dans les autres et dans la vie.
quent de naturel avec eux, c'est heureux s'il n'y a pas moquerie.
Ils ont passé de service en service, ils ont subi examens et inter- L'orthophoniste n'était plus la seule bouée de sauvetage, bien
ventions, et se voient avec inquiétude confiés une fois de plus à éphémère, à laquelle I'enfant se raccroche :
une femme en blouse blanche, dans un décor d'hôpital. Ils ie de- < je suis bien avec toi, je veux rester ici... >
mandent ce qui les attend... pendant quelques demi-heures de sa vie. Et il n'était plus seul
Ils arrivaient donc souvent avec un petit visage d'enfant traqué dans son cas.
ou avec une attitude tÈs nette d'opposition. La parole s'installe Mais toufe rééducation ne peut se faire collectivement.
mal chez un enfant contracté et tendu. Et on ne peut rééduquer
personne de force. t Détente des parents
Que I'enfant soit fatigué, buré, intimidé, à peine était-il détendu Les parents, les accompagnateurs, se retrouvaient dans la salle
et le vrai travail commencé que le suivant était déjà là. Le temps
tl'attenle, faisaient connaissance, se rassérénaient en constatant les
réel de rééducation était insuffisant. c'était très décevant et cul-
résultats obtenus par ceux des enfants en fin de rééducation. C'était
pabilisant.
très utile, car les méthodes de jeux les déconcertaient souvent. Ils
Aussi, peu à peu, I'habitude s'est prise de faire entrer les enfants échangeaient soucis et espoirs, réconfortés en sentant qu'ils
au fur et à mesure de leur arrivée et de les garder tout le temps n'étaient pas isolés.
disponible avant leur départ. Il fallait les apprivoiser, les dérendre,
les épanouir.
Le meilleur moyen était de prendre les enfants ensemble
t Les adultes
les
anciens rassuraient les nouveaux arrivants -
et ceux-ci faisaient Il n'y avait pas que des enfants parmi les patients. euelques
- les progrès obtenus.
toucher du doigt (ou plutôt de I'oreille) tous adultes, opérés récemment ou opérés anciennement et non réédu-
Il arrivait que des agités perturbent le groupe, que le désespoir qués, se joignaient parfois au groupe. Ils disaient qu'ils étaient
de certains déprime l'ambiance. C'étaitrare etèn generalpurrug"r. cncouragés dans leur effort, que cela les poussait à faire ces exer-
Dans I'ensemble, cette organisation était très satisfaisante-, et siest cices lassants, monotones, fatigants. Leur handicap perdait son côté
révélée très rentable. lungoissant, humiliant, disaient-ils. Cela les entraînait à parler en
rlehors de I'hôpital, avec des inconnus. Ils faisaient des progrès,
communiquaient, étaient plus heureux, mieux adaptés à la vie.
t Avantages Et les enfants, fiers de travailler avec des adultes, s'appliquaient
Connaissance plus précise des troubles présentés. rl'autant mieux.
Les enfants se détendaient, s'amusaient, parlaient enfe En évoquant tous ces souvenirs, ressurgit celui d'une religieuse
e'x spon-
c;ui, après être restée pratiquement muette toute son existence, dans
tanément. cela permettait à l'orthophonisie de juger des troubles
et des possibilités beaucoup mieux qu'en consultaiion et en tête à sa famille, puis dans son couvent, avait enfin le courage de faire,
tête. cluand venait son tour, la lecture à haute voix au réfectoire. C'est
cc qu'elle nous avait raconté...
82 Travail en groupe Visite.s 83

t Visites Elle contemplait I'orthophoniste d'un air enchanté, avec le sourire aux
lèvres et les yeux pleins de joie. Celle-ci se demandait parfois si le refus
La rééducation en tête à tête, rééducateur et rééduqué, suppofte de participer aux exercices n'était pas une sorte de jeu. Un jeu du type
mal le bruit extérieur, les intemrptions . La rééducation en giôup", < je te tiens par la barbichette >. Mais cela durait si longtemps que
avec ses exercices, ses jeux souvent bruyants, le mouvemént des I'orthophoniste se disait aussi : < la maturation de tous les circuits n'est
allées et venues de ceux qui arrivent et qui repafient, n'interdit peut-être pas suffisante, et la petite C. a peur de se lancer dans cette
pas quelques intrusions étrangères. activité nouvelle pour elle : la parole. >
Parfois, d'anciens rééduqués, passant dans le quartier, venaient C'était un peu angoissant. Les quelques mots échangés avec sa mère,
ilans la salle d'attente, étaient un réconfort.
prendre des nouvelles des uns et des autres, fairè constater leurs
Voici ce qu'elle disait : C. venait à I'hôpital avec grand plaisir, elle
progrès ou reprendre au besoin un peu de courage pour les exer_ repartait très détendue. A Ia maison, elle s'installait devant une glace,
cices quotidiens souvent nécessaires. tirait la langue, faisait toutes sortes de mouvements avec ses lèvres
certaines de ces rééducations étaient longues, avec << inlassable- c1u'elle amondissait, étirait, et elle faisait sortir de vagues phonèmes. Et
ment >> les mêmes efforts vers le même but, en essayant de varier ce qui était encourageant pour la famille, elle essayait de parler. Et sa
les exercices. En général, la patience et l'achamemént étaient ré- rrrère, très contente, remerciait.
compensés. L'image motrice s'accrochait enfin à I'endroit voulu Par contre, les stagiaires étaient scandalisés par cette attitude : << Pour-
rluoi ne pas I'envoyer en psychothérapie ? > L orthophoniste approuvait
du cerveau, et I'influx nerveux jouait le rôle nécessaire.
leur franchise, leur répétait les paroles de la mère de C. et gardait la
, De nombreux stagiaires, leur stage terminé, passaient aussi voir petite fille.
l'évolution de celles des rééducations qui leJ avaient intéressés, Ce qui ne veut pas dire qu'elle ne se posait pas de questions au sujet
mais dont ils n'avaient pas vu la fin. cle son travail... et de ses responsabilités vis-à-vis de I'enfant. Et voici
ce qu'elle se disait : < C. est heureuse ici, elle voit qu'elle n'est pas seule
Le cas de c. Parmi tous ces enfants présentant une malformation, à avoir des difficultés, elle refuse les exercices proposés, mais elle re-
- une atteinte
un trouble perceptif, neurologique légère, manifestant du garde, elle écoute ce qui se passe autour d'elle, elle répète tant bien que
désintérêt ou de I'apathie et dont les rééducafions sjéternisent, le cas de rnal toute seule devant un miroir. A la maison, elle commence à parler,
la petite C. est I'un des plus frappants. ici elle est très fière d'être la championne des jeux de souffle. Une psy-
c' petite fille de cinq ans est amenée à r'hôpital car elle ne parle pas. chothérapie ne I'entraînerait pas à parler I Peut-on en quelques séances
Renseignements donnés par sa mère : rattraper des années, d'abord de surdité, ou tout au moins d'hypoacousie,
grossesse normale. L'accouchement aurait été normal si C. n,avait pas puis de non-parole ? >
aspiré par le nez du tiquide amniotique. Après l,accouchement, pas de Le temps passait, c'était toujours un mutisme complet avec nous.
chambre libre immédiatement. Mère et enfant attendent, mal insiallées. Sa mère me disait que la veille des séances à l'hôpital C. émettait d'un
Le bébé a pris froid, a eu de la peine à boire, le nez bouché. air satisfait quelques sons qui ressemblaient à : < demain... hôpital... Sé-
_
Ne parle pas. A deux ans, on s'aperçoit qu'elre a une otite séreuse aux chelles..- !> ?
deux oreilles, et qu'elle présente dès complications au niveau naso-pha- Enfin arriva la fin du stage et presque celle de I'année scolaire. A la
rynx. Elle est opéré, on lui ouvre le palais. clemière séance de présence des stagiaires, brusquement, au milieu d'un
I ginq ans, elle ne parlait toujours pas, on la confie à l,onhophoniste
qui s'occupe du petit groupe, on l'y intègre. La famille habitaii la ban-
.jcu, une phrase entière, compréhensible, sortit des lèvres de C.... Un petit
garçon du groupe, tout étonné, tendit le bras vers elle en criant : < elle
lieue, sa mère la conduisait une fois par semaine à l'hôpital, rès régu- parle ! >. Et il y eut un << mouvement de foule > parmi les assistants.
lièrement. Quelque chose s'était-il enfin déclenché en elle? Avait-elle oublié que
C. refusait tous les exercices proposés, n'émettait pas un seul son. le jeu consistait à ne pas parler?
Mais elle acceptait de souffler, les jeux de souffle I'amusaient. Elle en
devint vite la championne. Elle était arrivée à souffler très bien. très fort Cette fin en apothéose ne signifie pas que C. parlait parfaitement.
et en sachant diriger le souffle. Elle a continué à ôtre suivie. Mais c'est le premier << mot > qui
C'était tout ce qu'elle faisait! coûte, et le premier mot était dit.
Mais elle regardait avec intérêt les activités des autres enfants. Réflexion : le groupe permet la maturation nécessaire...
;11
64 Travail en groupe
Rééducation 85

.si le patient s'intéresse aux activités du groupe, tout au moins On joue aussi au tennis en se renvoyant le coton d'une glace
visuellement et auditivement, supportons sei refus, ses lubies,
phobies, tirons-en parti dans les-éxercices.
ses sur I'autre. Il y a des jeux sans fin de football ou autres sur la
Le résultat final rend en général notre effort valable. table avec des boules.
L'orthophoniste ne 1'avait-pas compris au début... et elle regrette Pendant des années, nous avons eu de petites voitures, munies
en pensant à cerlaines rééducations arrêtées sans doute trofi cl'un ballon de caoutchouc que I'on gonflait, et qui en se dégonflant
tôt, laisait avancer la voiture. Et des courses passionnantes s'organi-
sous le p.rétexte que |enfant n'en tirait pas profit immédiatement.
I e travail avec, de petits groupes facilite les progrès serient sur toute la longueur de la table. Mais nous n'avons plus
J" lult.rrti." relrouvé de ces petites voitures.
visuelle et auditive : regarder, écouter les autres enfants
travailler,
dans la détente, est un exercice très utile et qui se rait
inconsciàm-
Enfin, il y a des jeux à l'infini : cercles, carrés tracés à la craie
ment, ce qui est le but à poursuivre dans lei rééducations, quelles sur la table, sur lesquels on écrivait des nombres. On dirigeait le
qu'elles soient. >> soufï'le vers I'un, vers I'autre et l'on additionnait les nombres sur
Iesquels tombait le coton.
Sans oublier les flûtes, les sifflets, etc. pour former un orchestre.
La rééducation Les oiseaux siffleurs qui se répondent, les bulles de savon, etc.
Tout ce qui ressemble à la vie qui les entoure, aux sports qu'ils
contemplent en réalité ou à la télévision, les amuse et les encourage
- une-très grande table est indiquée. Tout autour vont s'asseoir
les enfants et autres participants. Il faut aussi un lavabo, dans leur effort.
dans la
pièce ou dans ses parages. Les exercices décrits uu Il y a mille mouvements à faire pour développer le souffle, le diriger
tu
rééducation vont être adaptés selon l'âge des enfants "rrupitrràà ct immobiliser la glotte en cas de coups de glotte et de souffles rau-
et lËs troubles
qu'ils présentent. c1ues. Les enfants eux-mômes ont des idées et nous en donnent.
Autrefois, les rééducations commençaient assez tard, maintenant Dans les cas d'insuffisance vélaire, des exercices de souffle très
on prend les enfants en rééducation beaucoup plus tôi, ce qui I'orts, qui dirigent le souffle vers la bouche, diminuent la déperdi-
est
très bien' mais il faut savoir moduler res exerclces s"ton tion nasale. Ce qui est un résultat valable.
t"'s-por-
sibilités de l'enfanr. Toujours, dans les cas d'insuffisance vélaire, les exercices d'op-
position orale-nasale sont faciles à faire faire en groupe. Chaque
t Les exercices de souffle cnfant a une glace et examine la buée qui sort ou non de ses
rrarines pendant I'exercice.
- Ne pas se borner à distribuer des instruments aux enfants et à
leur dire de souffler, tout en ne s,occupant plus d,eux. Ils Ce qu'il fait en général avec intérêt et amusement :
en au_
raient vite assez. Il faut organiser des jéux dà souffle qri an... la buée sort
,ur"it"rrt
leur intérêt. a... la buée ne devrait pas softir,
Poser un petit coton sur une glace et dire : c'est un petit sort de moins en moins à mesure de la rééducation
nuage,
souffle pour faire du vent et le faire avancer dans le ôiel. ne sorl plus I résultat final, à obtenir si possible.
Faire avancer lentement un.coton sur la glace en faisant p.p.p.p. A mesure des progrès, on complique les exercices :
comme un_bruit de pas. Anivé au bord de rà glace, le coton
c'est un plongeur.
io-i" , man... man... man... pa.pa.pa.
non... man... man... oui.pa.pa.
Au contraire, on souffle très fort et on imagine un skieur qui
prend son élan avant de sauter. on fait des coniours Et on cherche d'autres petits groupes ne comportant que des
à qui soufile nasales (beaucoup dé buée sur la glace) ou que des orales (pas de
le plus fort.
buée !).

Travail en groupe
Rééducation 8l
Ne pas insister sur ces exercices en cas d'échec, si |enfant est
petit. Ne pas susciter de découragement. Les exercices Les guêpes aussi aiment la confiture ! En voilà une : j j j j.
seront repris Attention, quand une guêpe pique, cela fait très mal. Allons plutôt
plus tard' Pour les grands, revoir res chapitres de rééducation
et rnanger nos taftines dans la maison en fermant poftes et fenêtres.
adapter les exercices aux enfants (et non pàs les enfants
aux exer-
cices !).
Les mères ne comprennent pas immédiatement le pourquoi
E U" cheval est dans un pré. Le fermier est dans un champ
des tout près. Un serpent rampe à côté du cheval en sifflant s s s s
exercices quand elles les entendent en amenant les enfanis (mouvement d'une main sur la table, comme un serpent qui glisse
ou en
revenalrt les chercher. dans I'herbe).
L'une d'elles, un jour, fit une remarque courroucée :
<< Enfin, madame, je vous
entends faire répéter aux enfants ..oui
E rc cheval a peur, il fait br br br br (on fait vibrer fortement
les lèvres). Le fermier I'entend eit veut aller voir, il marche sur le
papa, non maman". C'est inadmissible. >>
sentier, la terre est dure, ses pas font p p p p... (imiter le bruit des
Ce qui a suscité un échange intéressant sur les <( non pas avec les deux index, sur la table). Puis le fermier marche dans
maman )>
n'exprimant ni refus, ni contestation tels que : << non, maman, je Il
I'herbe qui est mouillée et ses pas font pf pf pf. met le pied
ne suis pas fatiguée >o etc. clans un trou d'eau, I'eau gicle en faisant f f f.
Il arrive près du cheval, plus de serpent, le cheval à I'air content,
t Les points d'articulation le fermier repart, pf pf p p...

Susciter l'émission de bruits ou de sons isolés, proches Raconter ainsi de petites histoires.
des pho-
nèmes, mais que les enfants ne conçoivent pas comme
tels. On le bruit des portes qui se ferment dans le métro : ch...
peut se servir des gestes de M-" Borel.
le vent qui souffle la nuit et empêche de dormir : v...
envie de participer, rie s'exprimer, de commuriquer. Et
Po"1e1 Oh ! la belle glace I qu'elle a l'air bonne : m...
cela suffisamment pour qu'ils fassent i'effort mentar
de se replacer
dans la situation voulue, de se rappeler le bruit, de l,évoquer, Regarder des images, celles suggérant des bruits, ou représen-
a,"r_
sayer de le reproduire. lant des animaux.
On commence par poser des questions : Savez_vous ce que
c,est,
un moustique ? Avez-vous été piqués par des moustiques
?
L'âne : hi han opposition orale-nasale (mode
Quand ? Où? le soir ? à la campagne, etc. d'articulation)
vous avez allumé une lampe tout en laissant la fenêtre ouverte... opposition fermée-ouverle
et vous avez entendu un petit bruit : z z z 2... (mouvement buccal)
opposition apicale-dorsale (point
Hélas, ce sont les moustiques qui entrent et vont peut_être
nous d'afiiculation).
piquer.
Le cheval : br... faire vibrer foftement les lèvres
pour les assouplir
lz )Tracer z.enl'air avec l,index, le faire faire aux enfants, choisir (mouvement assez difficile).
un enfant qui sera le moustique. Celui_ci fait z z z puis
ment, dit < pique > en touchant la main d'un autre qri
bilq;;
uu fulr" aboiement, miaulement, chant du coq, etc., etc.
< al'e
', Le travail d'évocation des sons simples permet à I'orthophoniste
l'été, on esr dans le jardin. C'esr I'heure du goûrer. cl'analyser les acquis, les troubles de base de I'articulation du pa-
-l_iJ. 9'"f, lient, tout spécialement d'analyser les constrictives et les sigma-
Voilà de bonnes tartines de confiture.
tismes éventuels.
,"1 N

88 Travail en groupe

Cela permet aussi de déceler de légères hypoacousies.


,.lortlfglr, on prenait les enfants en rééducation d,articulation à
l'âge où ils étaient capables d'attention et de se plier à
u"" ,Jàar-
cation individuelle.
Les petits grgupes pemettent de les prendre plus tôt.
.. On travaille
I'attention auditive, visuelle, la psychornotricitè, le souffle.
ÈiJur*
certains cas on poura obtenir ïne parole parfaite. Dans
d,autres 7
cas, l.es,pho1è-mes qui demandent unè positi,on précise
a"uÀ"iàt
travaillés ultérieurement et individuéilement. par exemple, "
les
mouvements apicaux de la langue. Le matériel
Le travail de I'orthophoniste ne se limite pas à organiser des
jeux et laisser faire. Il faut être tout le
temps iur le qui-vive, afin
que les sons travaillés.re soient parfaitement, et pour
îaire évoluer
les jeux selon les besoins. Les eiercices doivent'êtr"
uurie,
et se renouveler. Si on raisse les enfants émettre des sons
"ourtr,
n'r*port" - les glaces en acier inoxydable,
comment, les répétitions du mouvement mar fait peuvent
des catastrophes, en renforçant les troubles. ".rtÂin",
- les guide-langue,

Avec deux ou trois enfants, r'orthophoniste peut arriver


- les miroirs,
à faire * les métronomes,
du bon travail. L'idéal serait de group"r les eniants nécessitant
le - et les images.
même type de rééducarion et d'êtie deïx orthophonistes
e t*uuiir",
ensemble. Sans doute par ordre d'importance, pour leur utilité en rééduca-
On fait tion d'articulation et de parole.
le1arquer, à juste titre, à l,heure actuelle, que les inter_ Mais aussi les tambourins, tous les jeux qui peuvent développer
ventions chirurgicales réalisées sur des enfants tre, j""r",
âiÀi
nuent le nombre des cas d'articulation et de parole I'attention, la perception auditive, la motricité : les oiseaux sifflèurs,
dûs à des malformations congénitales.
; ;Jârq*r, les pailles, les bulles de savon, l'ouate, les papiers, les boules de
cotillon, les trompettes, les petites autos munies de ballons gonflables,
- Mais il y a beaucoup d'autres causes possibles, ne serait_ce que
les hémiplégies,les accidents de 1a route, 1", t ypou.o*i;,.l;--l; les flûtes, tous les petits jeux de souffle.
vaise implantation de la langue, des dents... -Ii y a purioir, a Et aussi, une petite lampe conçue pour examiner le voile et le
I'hôpital, des sragiaires pleinJd'idées et de viralité, qur"u ïbnd de la bouche-
les enfants dans la joie er onr beaucoup aidé t,ortnàpnoni;;;. ^-
""iiui"uiËnt
Merciàeux.àelles.
Les glaces en acier inoxydable

Les glaces que I'on peut acheter dans le commerce sont trop
petites, elles ne permettent de juger que la nasalité d'un phonème
isolé.
Une grande glace de 25 cm sur 10 cm pemet de juger de la
nasalité d'une rhèse entière.
Elle permet aussi une quantité d'exercices variés en rééducation.
90 Maftriel
Matériel Guide-langue 91

Les faire découper dans une plaque d'acier inoxydable. On choi_


.
sit un acier léger, on fait polii les surfaces, limei les côtés et ar-
rondir les angles, afin d'éviter tout accident avec les enfants.

Les guide-langue

M-" Borel est à I'origine des guide-langue. Autrefois, on alrait


les commander chez un fabricant de bàutons dans le quarlier
d'Alésia. on apportait à cet artisan des aiguilles à tricoter en a.ie,
inoxydable-sur lesquelles il fixait les petiti modèles créés par M-"
Bg*l Et chaque guide-langue avait à nos yeux un peu de person_
nalité, de fantaisie, de poésie...
on les fransporte dans des boîtes métalliques destinées à un
usage médical. Mais la matière dont ils sont labriqués interdit
re
passage à I'autoclave, dans I'alcool ou I'eau bouillante.
Il faut donc
être très méticuleux dans ra façon de les laver, de les sécher, de
les transporler. Quand on rééduque chez soi, on peut disposei'des
guide-langue dans un pique-fleurs. Les adultes aâmirent
ces petits
objets originaux : << D'où viennent-ils ? de Chine ? > Ils perdent
ainsi leur agressivité et les enfants intrigués ont envie de ies tou-
cher.
Les guide-langue sont souvent critiqués. A juste titre, quand ils
sont utilisés maladroitement. certains orthoph"onistes disent ne ja-
mais s'en servir. Ils sont pourtant indispeniabres pour un certain
nombre d'exercices, tels ceux décrits dâns re chapitre sur le sys-
tème phonatoire.
Tout dépend de la manière dont la rééducation avec guide_langue
est abordée.
Ne jamais metffe le guide-langue de force ou par surprise dans
la bouche d'un enfant.
certains, traumatisés par les examens, piqûres, interventions chi-
rurgicales déjà subis, s'inquiètent de toui ce qui peut les rapperer.
Il faut leur laisser le temps de faire conrraiss'ancl uu.. cei perirs
instruments.

. Au début, on peut pemettre aux enfants de toucher les guide_


langue, de les manier, les mettre dans leur bouche. S'il y-a
un
danger possible de gestes brusques de certains enfants. on
capuchon d'ouate à I'extrémité du guide_langue. -"t ur,
FIc. l. Les guide-langue
92 Matériel
Glace-miroir 93
On demande :
- << Est-ce que cela pique?... Glace-miroir
- << Est-ce que cela griffe,/...
- << Est-ce que cela mord ?... L'expérience acquise par la rééducation de parole d'une petite
- << Est-ce que cela pince ?... aveugle avait fait comprendre I'utilité d'un miroir.
- << Est-ce que cela brûle ?... > etc. Cette petite fille présentait une division palatine opérée. Toute
Ce questionnaire a en généralle don de beaucoup l'articulation s'était bien posée, sauf p.b.m.f.v., c'est-à-dire les la-
les amuser, tout biales et labio-dentales. Aucune malformation, aucune lésion or-
au moins de les détendre. L'orthophoniste en
met un dans sa bouche ganique ou neurologique n'expliquait cette déficience. Et il parut
et dit que c'est comme une sucefié... On peut
même, O*r, te, gr*Ae,
occasions, appofier des sucettes et s,en ,"-i, évident que la vue était impofiante dans les acquisitions de parole.
guirl â" gui;"iËgr"
(pas trop souvent caï trop de sucre ".,
n'est pas indiqué Ce sont les perceptions auditives, les perceptions tactiles qui ont
pour la dentition).
Plus ou moins vite, mais pratiquement toujours, compensé l'absence de perception visuelle chez l'enfant. Comme
les guide_langue
sont acceptés. elle était intelligente et attentive, tout a été obtenu très vite.
Une fois bien établie.l'inocuité des guide_langue Depuis, les miroirs ont beaucoup servi à faire comparer le visage
en tant que tels,
i'utilisation va poser d'autres probrèires. Il faut d'un patient et celui de l'orthophoniste, à attirer I'attention sur les
s'en seryir avec
précaution car une expérience douloureuse mouvements nécessaires, sur ceux qui sont exagérés ou inutiles en
ou tout au moins dé-
sagréable peut entraîner un refus absolu cas de syncinésies par exemple
de leur emploi.
Il est indispensable de comprendre, que, mettre un guide_langue :-
Eviter de s'en servir si l'enfant est enlaidi par ses malformations.
dans la bouche, n,importe comment, en
obligeant fu iurrgu" îin"
position inhabituelle, peut être non seulement
désagréable mais
douloureux. Et cela à un millimètre près.
Recommandation aux.étudiants-orthophonistes
Le métronome
: se faire faire ré-
ciproquement des exercices d'articulatiôn
uu"" guide-langue, avant r Ses avantages
de les imposer à leurs << patients >>.
un refus du patient serait regrettable car res guide-langue Il est décourageant, quand on a obtenu l'émission parfaite d'un
, rendent
des.services incomparables àans la plupart phonème isolé, de I'entendre se transformer en un son inintelligible
des rééducations de
I'orifice oro-buccal. Irs permettent toute'sorte o'"*"r"i""r dans Ia parole courante.
obtenir tonicité des jouei, des lèvres, écaftement ,-po*
des mâchoires, En fin de rééducation d'arliculation, il arrive que les patients
aplatissement, redressement de la langue...
aient certaines difficultés à synchroniser langage pensé et langage
Comme toujours, partir de I'acquis, c,est_à_dire parlé.
d,un mouvement
spontané co.'ect de la langue ou d'un
mouvement visible. Ils sont capables de trouver rapidement les mots nécessaires et
On peut raconter beaucoup d,histoires avec les de structurer les phrases. Mais la parole ne suit pas la pensée. Les
guide_langue :
- le no 4 sera un drap blanc à poser sur la langue cou"hZe, phonèmes n'ont pas le temps de s'articuler, ils se chevauchent,
- le no 2 sera un petit tabouret pour la langue s'imbriquent, s'assimilent. Et la chaîne parlée devient floue et in-
àressée,
l" no B sera un petit bateau qui vogue sur le sillon médian
,la .langue... compréhensible.
de
ou encore un poisson ,r, ."" même sillon. Tout spécialement dans les cas de Phonation III. L'arliculation
peut être devenue parfaite quand le débit est lent, mais dès que le
.Grâce-à I'imagination, transformer en amusement utile des exer-
cices rébarbatifs et répétitifs. sujet parle à une allure normale, les anciens conditionnements de
coups de glotte et de souffles rauques refont leur apparition.
94 Mûériel
Metériel

ne pas à grand'chose de dire :


,.IIque lefi

<< Ralentis,
le métronome rend un service inappréciable
ralentis... > C,est
varier la rapidité du débit a" i"C- pre"i." en aidant à
progressive. Grâce
à ce perir insrrumenr-.on peur pur."i ",
i" l:erirriJ"î*ru,i.'à""prr"
nème isolé à son utilisation dans l,expressron
orale.
c'est une prise de conscience du o tËmps >
et les patients aiment
cet exercice dont ils comprennent la raiion
d,être.
On fait articuler la phrase très lentement,
mouvement du métronome, en laissant
bien scandée par le
si possible passer ui-out-
I
tement au momenr de pa,ses significativèr.
F;i; iîî"pËro r"
phrase plus vite, encore-plus vitef.
Mais il faut arrêter_,la progression avant que
Psychologie et orthophonie
la netteté de l,arti_
culation ou la compréhension du langage
ne soit plus u.qrlr". Ëut
on recommence I'exercice pff le dé-bui.

r Ses inconvénients L orthophonie est une science très récente. Comme toutes les
Par quoi le remplacer après les exercices sciences, comme toutes les recherches, elle évolue par paliers.
du début ?
ne faut pas abuser du.métronome, sous peine
I1 Les chercheurs s'efforcent de créer de nouveaux modes de pen-
parole trop artificielle et mécanique. de rendre la sée qui viennent enrichir les méthodes employées jusqu'alors et
Pour éviter cet inconvénielt éventuel, tracer de nouveaux chemins d'exploration.
reprendre le même type
d'exercices. non plus avec le métronoÂe, Il est parfois des engouements tels pour ces idées nouvelles qu'ils
mals avec les mains. font passer tout le reste au second plan pendant un cefiain temps.
Battre des mains en mesure, taper des
mains sur la table, ;;;'r,
tambourin. Il y a quarante ans environ, on ne parlait pas de latéralisation,
Et aussi sur les mains cle .- que des gauchers contrariés et des troubles qui en découlaient. Tant
qui a son tour tapera
su.r tes mains du parienr --'orthophoniste
uur." façon et si bien qu'on rencontrait des enfants, droitiers ou ambidextres,
laisanr percevoir
d.aci;;; i;';;;;;:'"" obligés de se servir de la main gauche, à leur corps défendant, pour
le rythme urtr"r"ni qr" pm l.audition.
cents toniques, les pauses sont ainsi f*if"i Les ac_ qu'ils ne soient pas contrariés.
a inOlquer, iù*"r"
devient normale, si elle p"r'pf* Ce n'est pas une exagération...
-êm"
est aussi un très bon exercice. "rt; r I lente. Faire chanbr
Quand on parcourt les nouvelles parutions de livres, de revues,
Donc, quand I'articulation des phonèmes on ne voit plus guère discuter de latéralisation. C'est un acquis
est acquise, penser à
rythmer la phrase, à moduler qui, bien compris et utilisé, enrichit diagnostics et rééducations.
Mais cé ,tripi"r'r"
rôle du métronome. 'intonutià"-. Que de malheureux échecs, que de catastrophes, au début, à cause
de théories mal interprétées, mal situées dans un ensemble.
Maintenant, c'est la psychologie, le psychisme qui règne en
maître dans la rééducation orthophonique. Il est hors de question
de douter de I'emprise du psychisme sur nos attitudes, nos actes
et... notre parole. Chez qui, à un moment quelconque de sa vie,
la timidité, la peur, I'angoisse, n'a produit une impossibilité à
trouver le mot voulu, un genre de bégaiement, une extinction de
voix ?
I
96 psychologie et orthophonie
Psychologie et orthophonie 9l
C'était un symptôme passager, qui a disparu de lui_même
er.r soudre. Quelle est I'origine de ces troubles de parole? Est-ce un
même temps que sa cause.
lraumatisme psychique qui a déclenché le trouble organique ?
Un choc psychique très fort ou très prolongé (mauvais N'est-ce pas sa difficulté à s'exprimer qui déclenche chez I'enfant
traite_
ment, séparation brutale d'avec la familie... p""i aâl*"h.r des troubles du comportement plus ou moins accusés ?
un mutisme chez un elfanl ne présentant pas"tËde r
âéfi"i"n"e orgu_ Quand une rééducation de parole <ne tient pas> ne s'est-on pas
nique à proprement parler. Mais si ce choi s'est produit
attaqué au lrouble de parole de Jaçon superficielle, sens étudier
ment important du développement, si cet étit de à un -o_
choc s,est à fond Ia base organique du mouvement en cause?
prolongé, tous les mouvements complexes nécessaires
de la parole, qui n'ont pas été utiliséi à certe
a t;eÀisslon Il est toujours intéressant d'échanger, et pendant les stages les
fin, se rorr, - remarques des stagiaires étaient bien accueillies, plus semblables
sorte rouillés. Ils vont demander des exercice. '"*-
uduptJ.."n-quËiqr" parfois à des reproches de leur part qu'à des questions sur le travail
Un trouble perma_ryent cle parole, même lié de
ur1 é1at psychique déficient, nécessite ra
façon éviclente à en cours.
mise en" iarche d'un ,u Entre autres : faire Épéter les enfants, les interrompre, c'est
plusieurs organes immobilisés jusqu'alors, dont:
d,une aicle iiino inadmissible...
phonique dans la plupart des"cas'.
Il y a comme toujours des cas particuliers. Il est certain qu'interrompre un enfant qui essaie de parler risque
de le bloquer, sufiout s'il présente un retard de langage. Il ne faut
Il arrive, dans les rééducations d'articulation et de parole, qu,un
pas le lasser en faisant répéter, ou en le reprenant à tout propos.
enfant.soit rééduqué très vite, si l,orthophoniste
sait ,. ,"ruir'J,r' Le problème se pose différemment quand il s'agit d'un retard
g.uide-langue pour poser la Iangue^à la place
voulue. dans-ia"po_ de parole, d'un trouble d'articulation provenant d'une malforma-
silion voulue. er si d'un gesre rés fin oe'ta main ii"î
les joues, les lèvres. "rr"ï"aer. tion, d'une position défectueuse de la langue, d'une mauvaise syn-
Tout cela pendant des séances rapprochées, trois chronisation ou coordination des mouvements nécessaires.
fois par semaine Dans cerlains cas, laisser les enfants parler n'importe comment,
en général. L'enfanr semble rééduqùé. Livré
à lui-mêm'e'i;;;;"r"
queique temps les bqls reflexes. Eipuis, tout c'est comme leur apprendre à chanter faux en s'accompagnant sur
se dégrade a nËuu"uu
et il reprend ses vieilles habihrdes. un piano désaccordé...
Inciter à parler, ne pas arrêter les élans, tenir compte également
vox ptpuli .' < L'orthophonie ! Ça ne sert à rien r on a des ré- du psychique et du physique, demande une perpétuelle remise en
sultats rapides mais cela ne tient pas. ,,
question du travail de I'orthophoniste.
-leL'orth,phoniste ; << cet enfant trouve dans son défaut de parole Essayer de comprendre les réactions du patient, s'y adapter au-
moyen : tant que faire se peut, varier les exercices, éviter la lassitude...
- de rester un bébé accroché à sa mère, Encourager en valorisant ce qui est acquis...
- d'exaspérer des parents trop exigeants, Il est des enfants qui comprennent l'utilité des exercices. Cela
- de se faire remarquer, leur paraît encore plus évident quand ils sont dans des groupes, à
- de ne jamais être interrogé en classe, etc., etc. même de constater les défauts des autres. Il est souvent utile de
Donc, aidons-le au point de vue psychique et tout discuter avec eux.
ira bien. >>
Et I'orthophoniste est tenté de raisser tomber l'orthophonie Quand ils apprennent la musique, on leur fait faire des gammes,
prement dite pour se lancer dans une pseudo_psycfrotie.upl. nro- des arpèges, des trilles, des accords... Ils déchiffrent des partitions,
laquelle il ou elle n'esr pas suffisamment fbrmé. ôoo, s'entraînent à produire des sons parfaits, à aller vite, à aller douce-
ment, à nuancer. Parfois à retenir de mémoire.
Vox Populi .. << Alors, pourquoi faire appel à l,orthophoniste
et A-t-on jamais critiqué cette façon de faire et décidé de supprimer
non pas au psychologue?>> C'est là que Éside
te proUtèÀ"-a-.e- les exercices pour ne pas perturber les enfants?
98 psychologie et orïhophonie
Dessins 99

En sport, suivre.un moniteur de ski, apprendre les différentes


nages, faire des balles pour améliorer .on Les dessins sont révélateurs aussi de I'adresse ou de la mala-
jamais entraîné de tranmatismes psychiques. 1àr, O. t"nrrir, n,ont dresse motrice de la main, de l'attention visuelle, de la rétention
"i".
des détails observés, de I'organisation de l'espace.
Lès enfants sont capables d,apprétie, .o.puraisons. Ils sont Un enfant qui était resté des années sans parler, dont le retard
même amusés et charmés pénsarrt à"",
l,instrument ae muslque
"r,sons variés
qu'ils porlent en eux, et aux de parole avait été suivi d'une difficulté de lecture importante,
qu,ils peuvent en tirer. avait dessiné à l'âge de six ans, au tableau noir, une locomotive
C'est dans notre
_métier_même que nous pouvons frouver le à vapeur, remarquable par la perfection des détails et des propor-
moyen de les détendre, de les réconforter tout en améliorant arti- tions. Mais il I'avait dessinée sans dessus dessous, ce qui était
culation et parole.
< stupéfiant > et faisait toucher du doigt et ses possibilités men-
Le.métier de psychologue exige des études approfondies, tales, et ses immenses difficultés.
une
grande expérience humaine er saÀs doure.
,r.rl. .li p"; à; ., ,y, Les conclusions tirées de l'étude des dessins vont aussi dépendre
pathie > : sym-pathie, capacité cre sentir,
de souffriràvec... les"au_ en partie de l'état d' esprit de l'examinateur.
tres.
On ne peut s'improviser psychologue. Qu'il se défie donc de ses propres jugements et qu'il soit cir-
conspect.
Lire des livres de psychologie, suivre si possible des << Circon...spect >, dans le sens premier de << regarder... autour >>.
, cours de psy_
chologie est passionnant. c'eit une ouvertrire
d'esprit q"i upportJ * C'est-à-dire. qu'il se renseigne sur ce qui se passe dans la vie,
plus dans tout métier comportant un contact
humain. dans I'entourage de l'<< examiné >.
Mais il faut ôtre conscient de la subtilité de ce qu,on
essaie de Une néophyte psychologue, de formation médicale, a depuis peu
découvrir, de comprendre, et ne pas se faire, à
la va_vite, q;"ù"", découvert I'intérêt des dessins, dans le désir d'affiner sa connais-
idées préconçues que l'on ressert à toute occasion.
c'est lË aaiger sance des enfants, utile dans sa profession. Passionnée par cette
d'une culture psychologique superficielle. nouvelle approche, elle fait part volontiers de ses remarques.
<< Regardez ce dessin. M... a dessiné sa maison, un immeuble à

appartements. Il a installé l'aide ménagère au premier étage, et sa


Les dessins famille tout en haut. Il doit être très attaché à l'aide ménagère,
peut-être môme en est-il amoureux ! En tout cas, il la considère
Les dessins tiennent un rôle important dans les bien supérieure à sa propre famille qu'il relègue au demier étage.
psychothérapies. Ce n'est pas étonnant que cet enfant présente un tel déséquilibre. >
Ils ont.,aussi leur place.dans I'apprentissage du langage, partie
,
du travail de I'orthophoniste qui n;est pas notre propos Vox Populi .' << Peut-être... si cette famille loge dans un immeu-
dans ce
livre. ble ancien, comme vous, où le plus bel appartement est au premier
Mais- ils ne peuvent être un moyen de rééducation et les chambres de service sous les combles. Mais elle loge peut-
de la parole
et de l'articulation. être dans un immeuble modeme où les chambres de service sont
Par contre. les dessins enrichissent les bilans en bas, et les plus beaux appafiements en haut, avec des terrasses.
car ils apportent
beaucoup dans la connaissance de l'enfant. L'étude
de ces dessins
Il faudrait vous renseigner pour pouvoir tirer une conclusion va-
jette un éclairage souvent révérateur lable. >
sur sa vie intérieure, ,*.on
environnemenr. Mais il faul reconnaîrre qu'ils
dépeno"riàr f"rii" Plus tard, téléphone : < Après plus amples renseignements, tel
de I'humeur du moment si chang"unt" les enfants, Aà ,o, est le cas. Je panais sur une fausse piste. Merci du conseil. >>

état physique au moment où il deisine, de "h",


l'ambiance familiale et
scolaire où il est plongé à I'instant. Néophyte psychologue .' << Regardez ce dessin, remarquablement
intéressant. L'enfant a dessiné son père en clown, et sa mère en
r00 P sy cholo gie et orthop honi e Corps existe

amazone.Il doit considérer son père comme


un pauvre type. euant M'"' Borel. Quand I'orthophoniste parle sans geste, l'enfant la
à sa mère, elle doit tout décidei dans la famille.
> contemple, fixe ses lèvres, prend un air désolé. Quand elle reprend
Vox Populi ; << peut_ôtre... mais êtes_vous les mêmes consignes, en désignant les objets de la main, le petit
sûre que le mot se détend, parlicipe, assemble ce qui doit être assemblé, suggère
<<clown > ait la même corurotation pour lui
qu" po,ii-uous ? ff même par ses gestes d'autres assemblages, sourit, s'épanouit.
trouve peut-être que c'est amusant, ûn clown,
monde, il mer de I'ambiancf. C'esr génial,
it fàit ,ir" tùt te Donc, il n'entend pas, ou il ne comprend pas le langage. Les
u,, .torni Ë,;;;;, parents sont dans la salle d'attente. L'orthophoniste demande à
ce moment, la piste- aux Fto'es passe à ra ",
téré. t-'.rrruii-u-t-it leur parler.
regardé l'émission? N'assimile-t-ii pas
son père et sa mère aux
acteurs les plus connus, aux actrices ies plus jàties Voici ce qu'ils disent : I'enfant a eu deux fois dans I'année écou-
donc-
f O"_arràer-fui lée, de violentes crises d'acétone avec vomissements et suivies
Plus tard, téléphone : << En effet ! Merci ! > d'une soûe de coma. Et il a perdu progressivement I'usage de la
Soyons donc circonspects. Réfléchissons parole.
avant de piétiner des
plates-ba:rdes avec nos gros sabots.
c'est avec angoisse et respect Diagnostic .' I'enfant est aphasique.
qu'il nous-faut pénétrer-dans le jardin secret
des Jnfant, qur ioo,
sont confiés et de leurs familles. Ne nors permetton.s
Il sera dirigé vers un centre spécialisé et rééduqué comme tel,
que dans les limites de leur nécessité.
c;;";-;;i.", assez rapidement.
Etj évidemm"rrt, s-ilon Médecins et psychologues ont été intéressés par l'explication des
confronté à un cas dramatique. "., examens : parole sans geste, parole avec gestes, gestes sans parole.
En passant, saluons l,esprit de recherche de
la néophyte psycho_ Examens à la portée de tous et qui peuvent aider à diriger vers
logue, et sa rectitude inteilectuelle.
le spécialiste voulu.
L'orthophoniste a expliqué en détail son approche orthophonique
du trouble de I'enfant. Elle aurait vivement souhaité entendre dis-
Le corps existe cuter de l'approche médicale eî de I'approche psychologique du
CAS :
* Quelle est la cause de ces montées d'acétone et de ces pres-
, Si les orthophonistes
la pointe des pieds
et autres spécialistes doivent s,avancer sur
que-comas chez un enfant qui n'est pas présenté comme diabéti-
dans le domaine des psychologu"l i", pry.fr"_
logues doivenr savoir que : le Corps existô, que'/
et qri,it ,i"nr Ju piu""
dans un être humain. * Un comportement exigeant des parents peut-il être un facteur
Il est étonnant d'entendre une excelrente psychologue chevron- de déclenchement ?

à une orrhophonisre, d'un ron réprôbâteur


:::1i: vous
oarne, ne vous intéressez qu,au symptôme > alors
,",, enfi,r, ma_ Vox populi .' < Souhaitons que les parents rendus conscients de
que ceile_ci la sensibilité de leur petit garçon, aussi bien du point de vue phy-
vientd'expliquer que tel enfani pa.t"îai parce
qu,il a un pertuis siologique que psychique, aient limité leurs exigences, si exigences
dans le palais.
il y avait.
errfant de sept ans, après avoir parlé normalement,
,Un ne parle Il ne faudrait pas qu'un psy ignore tout de I'orthophonie quand
plus. Il esr amené dans un cenre où médecin. prv"tàf"igL, il accepte en psychothérapie ou en bilan un patient présentant des
et leurs ",
étudient son cas. Les parents de
la cause de ce blocage, disent_ils. ,"riËrrt troubles de parole.
'enfant "rrgË.r.o
4.:T-" Il ne faudrait pas qu'un ou une orthophoniste se lance dans de
, ïatre unune
oe
orthophoniste est dans les parages, on lui
examen. Elle propose à l,enfant lé test
demande pseudo-psychothérapies quand il ou elle n'a pas la formation adé-
de langage de quale.
1
102 P sy c ho lo gie e t orthophonie

Que chacun s'enrichisse dans la réciprocité, en se persuadant


dc
ses propres rimites et de ses responsabilités
et conscient de ra ,pe-
cificité et de ra vareur du travàil cle |autre. Il faut
interactions qui existent entre les professions,
u"""pt"ii.,
et ,rr.it"i i",
échanges.
I,e travail orthophonique, basé sur des réalités
organiques et des
techniques précises, n,exclut pas écoute et chateuî -'
huàaine.

Conclusion

Ce travail propose une approche de la rééducation des troubles,


ou des retards, de la parole et de I'articulation. Que l'on excuse
son côté dogmatique :

Faire ceci... Faire cela


inspiré par des évidences qui se sont imposées peu à peu à 1'or-
thophoniste, sinon au lecteur.
<< Tout est solidaire, tout est môlé à tout >> a écrit Michelet. Et

on peut jeter sur la parole unc multitude d'éclairages.


11 ne faudrait rien négliger, mais c'est impossible. D'autant plus
impossible que chaque science est en perpétuelle recherche et que
chaque progrès scientifique entraîne d'autres points d'interroga-
tion.
L'écriture est un merveilleux mode de communication. Mais elle
risque de figer dans son imperfection la pensée du moment, si elle
ne provoque pas l'échange ou le doute.
L'impofiant est de savoir que chacun de nous ne saisit c1u'une
partie du réel, que la vie dépasse notre entendement.
Chaque nouvelle expérience devrait être un enrichissement et
non pas un rejet de ce qui existe déjà.
Tout ce qui suscite réflexion, approfondissement et critique a sa
raison d'être.
C'est cette raison d'être que l'auteur souhaite à ce livre.

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