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Revue Internationale des Sciences de Gestion

ISSN: 2665-7473
Numéro 2 : Janvier 2019

L’évaluation de l’entreprise selon l’administration


fiscale marocaine : Convergences et divergences de
méthodes

The evaluation of the company according to the


Moroccan tax administration: Convergences and
divergences of methods

Bouchra EL KHAMLICHI
Docteur en Sciences Economiques et de Gestion, FSJES-OUJDA ;
Laboratoire de recherche d’Economie et de Management des Organisations (EMO)

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Numéro 2 : Janvier 2019

Résumé

L’évaluation de l’entreprise peut être, perçue comme un ensemble de concepts et de


méthodes, dont la finalité principale et de donner une valeur à l’entreprise. Il existe
plusieurs méthodes d’évaluation, la plupart d’entre elles se rattachent à trois
approches fondamentales : l’approche patrimoniale, l’approche financière et
l’approche comparative. L’administration fiscale marocaine chargée de collecter les
impôts, est tenue de contrôler l’évaluation des entreprises, dans des contextes
spécifiques. De ce fait, elle privilégie certaines de ces méthodes d’évaluation.

L’objectif de cette recherche est de connaitre sur le plan théorique, les caractéristiques
des méthodes d’évaluation privilégiées par l’administration fiscale. Sur le plan
empirique, une étude a été faite sur un échantillon de cinquante entreprises
marocaines, pour montrer si ces méthodes aboutissent à des résultats satisfaisants pour
les entreprises.

Mots clés : Evaluation de l’entreprise, Contrôle fiscal, Méthodes patrimoniales,


Méthodes comparatives, Méthodes financières.

Abstract
The evaluation of the company can be seen as a set of concepts and methods, the main
purpose of which is to give a value to the company. There are several evaluation
methods, most of them relate to three basic approaches: the patrimonial approach, the
financial approach and the comparative approach. The Moroccan tax administration
responsible for collecting taxes, is required to control the valuation of companies, in
specific contexts. As a result, it favors some of these evaluation methods.

The objective of this research is to know theoretically, the characteristics of the


valuation methods favored by the tax administration. And empirically, a study was
conducted on a sample of fifty Moroccan companies, to show whether these methods
lead to satisfactory results for companies.

Keywords : Company valuation, Tax control, Asset methods, Comparative methods,


Financial methods.

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Introduction
Au cours des trente dernières années, l’évaluation de l’entreprise a connu de
profondes évolutions, dans un environnement économique et financier en plein
expansion. En effet, sous l’effet conjoint de la mondialisation des échanges et de la
structuration de la théorie financière, l’évaluation de l’entreprise s’est vue accordée
une attention particulière, initiée dans un premier temps par les professionnels de la
finance, puis développée par le monde académique et scientifique.
L’évaluation de l’entreprise peut être, perçue comme un ensemble de concepts et de
méthodes, dont la finalité principale et de donner une valeur à l’entreprise. Selon
Chérif M (2007), « La valeur d’une entreprise dépend non seulement de sa capacité à
générer des bénéfices, mais également de ses caractéristiques financières et
opérationnelles ». Dans ce sens, on distingue parmi les principales méthodes
d’évaluation, les modèles actuariels, les approches comparatives, et les méthodes
patrimoniales.
Dans le domaine fiscal, le traitement de plusieurs opérations nécessite la
détermination d’une valeur acceptable. En effet, l’évaluation de l’entreprise est une
opération obligatoire, quand il s’agit de faire face à des événements exceptionnels de
la vie de l’entreprise, comme le changement dans la structure du capital et les
opérations de croissance externe. Ainsi, elle est fortement conditionnée par les
contraintes à caractère fiscale.
Dans le cadre de la fiscalité marocaine, la valeur de l’entreprise sert de base
d’imposition au titre de plusieurs impôts (Droits de mutation, Impôts sur les plus
values...Etc). L’administration fiscale marocaine, chargée de collecter les impôts
calculés sur la base des valeurs de l’entreprise, est tenue de vérifier que la base
taxable n’a pas été sous-évaluée. Par ailleurs, elle procède à des évaluations
d’entreprises, ou bien à la vérification des évaluations d’entreprises. Pour ce faire,
l’administration fiscale privilégie certaines méthodes d’évaluations, celles-ci sont
souvent jugées par les évaluateurs comme statiques et arbitraires contrairement aux
méthodes de la finance moderne qui sont plus adaptées au fonctionnement des
marchés financiers. Par ailleurs, il existe des divergences profondes entre les
méthodes retenues par l’administration fiscale et celles issues de la finance moderne. .
De ce fait, la problématique de recherche soulevée est la suivante : Le recours aux
méthodes d’évaluation privilégiées par l’administration fiscale permet-il

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d’obtenir une valeur fiable de l’entreprise ? Ou il fausse la réalité de


l’entreprise?
Dans ce travail, on va tout d’abord présenter les caractéristiques des différentes
méthodes d’évaluation, ainsi que celles privilégiées par l’administration fiscale
marocaine. Ensuite, à travers une étude empirique, on va montrer si l’utilisation des
méthodes d’évaluation de l’administration fiscale permettent d’obtenir des résultats
satisfaisant pour les entreprises.

1. Méthodes d’évaluation de l’entreprise : Revue de la littérature.

Il existe une multitude de méthodes d’évaluation d’entreprise, la plupart d’entre elles


se rattachent, à trois approches fondamentales : l’approche patrimoniale qui regroupe
l’ensemble des méthodes reposant sur les valeurs qui composent le bilan de
l’entreprise ; l’approche financière qui regroupe l’ensemble des méthodes actuarielles
basées sur l’actualisation des flux futures, et les méthodes comparatives fondés sur
les multiples de valorisation tirées des entreprises jugées comparables.
Face à cette multitude de méthodes d’évaluation, l'évaluateur est donc tenu de
chercher des valeurs fiables et convaincants, en utilisant les méthodes d’évaluation
les plus adaptées et acceptées, en fonction du contexte de l'évaluation (cession
d’entreprise, fusion, scission…etc.), et en prenant en compte plusieurs critères
comptables, financiers et fiscales.

1.1. L’approche patrimoniale

L’approche comptable appelée souvent approche patrimoniale, regroupe l’ensemble


des méthodes ayant un caractère historique, basées sur les éléments patrimoniales de
l’entreprise. Cette approche tend à fournir une évaluation objective, elle était
longtemps utilisée au XIXe siècle et au début du XXe siècle, dans une économie
caractérisée par une lente évolution technique, des marchés stables et un faible taux
de croissance ( Pirolli,1981). A cet égard, l’introduction de la rentabilité dans
l’évaluation était inutile et ne pouvait modifier la valeur du capital.

Aujourd’hui, l’approche patrimoniale est souvent utilisée pour fournir la valeur


globale de l’entreprise, dans une perspective de continuité d’exploitation. Elle
considère l’entreprise comme un ensemble d’actifs et de dettes qu’il convient de
valoriser indépendamment, pour aboutir à la valeur globale de l’entreprise. Cette

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méthode statique repose sur les valeurs des éléments composant le bilan de
l’entreprise, elle ne constitue pas la méthode la plus appropriée pour valoriser les
entreprises, elle est souvent utilisée pour les entreprises en phase de maturité, achetées
pour leurs actifs et leur savoir-faire et non pour le potentiel de croissance de leur
rentabilité.

Généralement, l’évaluation par l’approche patrimoniale est très lourde, elle implique
des investigations longues des différents postes du bilan, et nécessite le recours à des
spécialistes dans des domaines variés. Ses méthodes ne permettent pas d’obtenir la
totalité de la valeur de l’entreprise, elles font l’objet de nombreuses critiques, tout
d’abord elles ignorent la capacité de croissance de l’entreprise, sa rentabilité future
ou encore sa capacité à générer des flux sur le long terme (Pierre,2004). En effet les
revenus futurs ne sont égaux au patrimoine de l’entreprise que dans un contexte de
liquidation de l’entreprise. A cet égard, l’approche patrimoniale convient mal dans
notre époque de mutations très rapides.

1.2. L’approche financière

L’approche comptable permet de déterminer la valeur de l’entreprise,


indépendamment de son niveau de rentabilité ou de sa capacité à générer des revenus
futurs. Ainsi, elle néglige les décisions importantes que l’entreprise doit prendre en
compte, dans les domaines du choix des investissements, des sources de financement,
et de la politique de dividendes, etc. par ailleurs son application reste limitée à
certains types de sociétés. En effet, lorsque l’acheteur acquiert une entreprise, c’est
dans l’espoir de tirer un profit sous forme de bénéfices distribués à court terme, et
sous forme d’une plus-value sur la revente de l’affaire à moyen terme/long terme.
C’est ainsi qu’est née l’approche financière courante chez les gestionnaires des
portefeuilles de titres cotés en bourse (Rafféageau & Dubois, 1988).

L’évaluation de l’entreprise par l’approche financière s’est beaucoup développée à


partir des années soixante-dix, elle s’appuie sur des techniques issues des travaux
publiés dans les années 1950 à 1970 ( Gordon et Shapiro, 1956 ; Modigliani et Miller,
1958, 1961 ; Hamada 1974). Cette approche est aujourd’hui très largement utilisée par
l’ensemble des professionnels, et est considérée la plus pertinente, dans la mesure où
elle est cohérente avec la théorie financière, contrairement à l’approche comptable
patrimoniale. En effet, la mise en œuvre de cette approche nécessite une étude

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approfondie de l’entreprise afin de mettre en évidence ses principaux inducteurs de


valeur et les relations qui les lient. Elle est, en fait plus adaptée aux sociétés qui ont
plusieurs activités car elle permet de valoriser chacune d’elles, en fonction de leurs
capacité de croissances et de leurs niveaux de risques propres (Thauvron, 2002).

L’ensemble des méthodes de l’approche financière, conduisent à actualiser les flux


futurs. Les flux retenus pour valoriser une société peuvent varier selon les acteurs.
Celles-ci peuvent être soit des bénéfices futurs de la société, des cash flows futurs, des
dividendes versés ou encore le profit économique. L’analyste financier chargé de
l’évaluation de l’entreprise choisira les flux qui semblent représenter la richesse
dégagée par une entreprise (Cherif, 2007).

1.3. L’approche comparative

L’approche comparative appelée aussi approche analogique, permet d’évaluer une


entreprise par comparaison avec d’autres entreprises (Thauvron, 2002), elle est fondée
sur le prix auquel des entreprises comparables sont négociées sur le marché, elle
permet de valoriser implicitement l’évolution de l’entreprise à court terme sur le
marché en fonction des principales références sectorielles, boursières et
transactionnelles. La volonté de recourir à cette approche d’évaluation empirique et
non normative, est de rechercher de nouveaux critères objectifs, contrairement aux
critères subjectifs liés à la prise en compte des résultats futurs (Cherif, 2007).

L’utilisation de l’approche comparative permet de se référer directement au prix du


marché, contrairement à l’approche par les flux, qui a pour but de déterminer la valeur
intrinsèque de l’entreprise, afin de pouvoir la comparer aux prix du marché. En
revanche, elle présente quelques inconvénients. D’abord, l’application de cette
approche est très influencée par les fluctuations importantes du marché. Ensuite, la
pertinence de certains multiples considérés comme des éléments fondamentaux pour
l’application de cette approche, peut être mise en doute dans certaines circonstances.
Enfin l’application de cette approche, donne souvent des résultats hétérogènes qui
mélangent le prix payé et la valeur de l’entreprise, alors qu’il existe une large
différence entre la valeur et le prix. Ceci remis en cause la fiabilité des résultats
obtenus par l’application des méthodes d’évaluation de l’approche comparative.
Généralement les analystes financiers utilisent cette approche d’évaluation comme un

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outil de contrôle, de cohérence et d’argumentation que comme méthode permettant de


préciser la valeur de l’entreprise (Chastenet & Castaing , 2011).

2. L’évaluation de l’entreprise selon de l'administration fiscale

Dans le cadre du contrôle fiscal, l’administration fiscale se réserve le droit de


contrôler l’évaluation des entreprises dans des contextes spécifiques (Cession, fusion,
absorption ou apport partiel d’actif…etc.), c’est un droit qu’elle exerce volontiers et
de manière systématique. Ainsi, pour contrôler les évaluations qui lui sont déclarées,
l’administration est elle-même conduite à procéder à ses propres évaluations (Pierrat,
1990). De ce fait, celle-ci privilégie certaines méthodes d’évaluation.

Au Maroc, il n’existe pas de documents ou de guide présentant l’évaluation de


l’administration fiscale marocaine. De ce fait, des entretiens ont été effectués auprès
des services de l’administration fiscale marocaine, afin de pouvoir collecter les
informations nécessaires sur ce sujet. Ainsi, le guide d’évaluation de l’administration
fiscale Française a été utilisé pour faire des comparaisons. En effet, en France à l’
occasion de la mise en place de l’IGF (Impôt sur les grandes fortunes) en 1981,
l’administration fiscale Française avait publié un guide détaillé sur l’évaluation fiscale
Française. Ce guide a été mis à jour, en Mars 2007, pour faciliter l'évaluation des
entreprises cotées ou non cotées ainsi que les sociétés de personnes.

2.1. Les méthodes d’évaluation privilégiées par l’administration fiscale

Selon les entretiens effectués auprès des services de l’administration fiscale


marocaine, ainsi que le guide d’évaluation fiscal Français. Au Maroc comme en
France les méthodes d’évaluation privilégiées par l’administration fiscale sont : les
méthodes patrimoniales, les méthodes de rendement, les méthodes de productivités, et
le goodwill (El Khamlichi & Dine-Dine, 2018). L’administration fiscale marocaine a
privilégié pendant longtemps les méthodes patrimoniales. Mais en tenant en compte
les critiques de l’approche patrimoniale, et sous la pression des méthodes plus
modernes et plus souples, qui prennent en compte la capacité de croissances de
l’entreprise, l’administration a ensuite retenu dans ses évaluations la valeur de
rendement (lorsque des distributions de dividendes permettent de la dégager) ainsi
que, la valeur de productivité (Paillusseau et al, 1993). Outre les valeurs
mathématiques de rendement et de productivité, l’administration fiscale admet que

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l’on puisse retenir des méthodes plus modernes telles que l’actualisation des bénéfices
ou la marge brut d’autofinancement.
L’administration fiscale Marocaine semble donc reconnaitre quatre composants à la
valeur d’une entreprise (Pierrat, 1990):

- Valeur mathématique : qui n’est rien d’autre que la valeur de l’actif net. Le fisc
précise encore que l’actif net comptable n’est pas vraiment représentatif de la
valeur mathématique et attend donc que celui-ci ait fait l’objet d’un minimum de
redressements.
- Valeur de rendement : qui est une valeur de l’entreprise obtenue par capitalisation
du dividende moyen.la capitalisation dont il’est question ici n’est rien d’autre
qu’une actualisation à l’infini et consiste à diviser l’indicateur de revenu par le taux
d’actualisation.
- La valeur de productivité : qui est une valeur de l’entreprise obtenue par
capitalisation du bénéfice moyen.
- Marge brute d’autofinancement (MBA): exprimant la capacité d’autofinancement
de l’entreprise, l’évaluation est formée par l’ensemble des disponibilités dégagées
par l’entreprise pendant une période déterminée.la valeur de l’entreprise est
obtenue en multipliant la MBA par un coefficient qui varie, suivant la nature de
l’investissement.

L’administration fiscale marocaine retient également la méthode de la survaleur ou


goodwill. Comme cela a été indiqué précédemment, cette méthode est considérée
comme une approche dualiste intermédiaire entre la valeur mathématique et les
valeurs de rentabilité. Selon la méthode du goodwill, la valeur de la société est égale à
son actif net réévalué, hors fonds de commerce, majoré d’une survaleur correspondant
au supplément de valeur de l’entreprise dû à sa réputation, à son savoir-faire, à sa
stratégie de distribution, ou encore à ses marques… (Gaudel, 2009). « Si la rentabilité
est supérieure à la rémunération des actifs corporels, il apparaît un « superprofit » qui
manifeste l’existence d’un autre actif, de nature incorporelle » : c’est ainsi que le
guide de l’évaluation fiscale français avait définit le goodwill. Inversement, si la
rentabilité est inférieure à celle attendue, on est en présence d’un badwill, c’est-à-dire
d’une destruction de valeur.

2.2. Convergences et divergences de méthodes

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Il existe des divergences profondes entre les méthodes retenues par l’administration
fiscale et celles issues de la finance moderne. Les approches et les méthodes
préconisées par l'administration fiscale semblent être dépassées par l'évolution des
techniques d'évaluation reconnues par la profession.
La méthodologie de l’évaluation chez les professionnels est axée sur le temps court,
ils utilisent des indicateurs qui correspondent à la réalité du marché. Tandis que la
pratique de l’évaluation de l’administration fiscale, basée sur le long temps, est
éloignée de la réalité du marché. Généralement, les praticiens privilégient les
méthodes d’actualisations des flux de trésorerie (DCF), et les méthodes comparatives.
Ils utilisent rarement la méthode de l’actif net comptable (sauf pour évaluer des
sociétés holding ou immobilières), parce qu'il est difficile d’évaluer la valeur du
fonds de commerce, en utilisant une méthode autre que la méthode d’actualisation des
flux futurs ou des multiples, résultant d’une approche analogique.
En effet, le groupe de travail Français présidé par M. Jean- Michel Naulot sur
l’expertise financière indépendante et constitué à l’initiative de l’Autorité des
Marchés Financiers avait constaté des observations, sur les méthodes d’évaluations
les plus répondues chez les praticiens. Celui-ci a relevé que les principales méthodes
d’évaluation utilisées se répartissent en deux catégories :
- Les méthodes d’évaluation de marché (ou analogiques), qui regroupent les
multiples, observés au sein d’un échantillon d’entreprises comparables ou lors de
transactions comparables.
- Les méthodes d’évaluation intrinsèque : l’actif net réévalué et surtout la méthode
de l’actualisation des flux de trésorerie futurs (DCF).
Selon ce groupe de travail, les principales méthodes d’évaluation utilisées par les
praticiens, que ce soit pour des sociétés cotées ou non, sont ainsi : la méthode DCF
(approche intrinsèque) et la méthode des comparables boursiers (approche de
marché).
Concernant la méthode DCF, D’après le rapport précité de M. Naulot (Membre de
l'Autorité des marchés financiers), à l’Autorité des Marchés Financiers : «La méthode
des flux de trésorerie actualisés (Discounted cash flows -DCF), en particulier,
représente un progrès important pour l'analyse multicritères car elle est basée sur des
perspectives d'avenir et permet d'avoir une analyse critique du plan d'affaires. Cette
méthode est aujourd'hui utilisée dans une très grande majorité de cas alors qu'elle

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n'était utilisée que dans la moitié des évaluations, il y a dix ans…». Cette méthode
semble effectivement intéressante.
La méthode DCF est privilégiée lorsque l’entreprise est fortement endettée ou si le
taux d’endettement de l’entreprise risque de se diminuer dans le temps. En effet, cette
méthode tient compte de l’effet temps, et du risque financier lié à l’endettement de
l’entreprise grâce à l’actualisation (Armand, 2013).
Malgré les différents avantages de la méthode DCF, celle-ci n’est pas privilégiée par
l’administration fiscale pour les raisons suivantes: Premièrement, les contraintes
légales exigent que l’impôt soit liquidé sur la base des éléments existants à la date du
fait générateur, l’utilisation des données rétrospectives est ainsi privilégiée (Bonnet,
2013). Or, la méthode DCF n’utilise que des éléments prévisionnels existant à la date
de l’évaluation ; les données prospectives sont utilisées avec réticence.
Deuxièmement, il n’est pas réaliste de considérer que l’administration fiscale puisse
établir des plans d’affaires à des fins de contrôle, cela correspond pourtant à la
pratique, largement répandue, des commissaires à la fusion ou aux apports
(Commentaires de la Société Française des Evaluateurs ).
En France, le guide de l’évaluation de l’entreprise et des titres publié en 2006, intègre
la méthode DCF comme approche de cohérence entre les praticiens et
l’administration fiscale, et non comme méthode principale. Celle-ci permet à
l’administration fiscale d’examiner les business plans, d’affiner son analyse et
éventuellement d’ajuster les valeurs qu’elle a dégagées lorsque les documents sont
transmis par l’entreprise évaluée (Gaudel, 2009).
En conclusion, l'administration fiscale se trouve, dans la plupart des cas, incapable
d'analyser les forces et les faiblesses de l'entreprise, c'est-à-dire incapable de
déterminer une valeur qui reflète au mieux la capacité de l’entreprise à créer de la
richesse économique dans le futur, ce ci est du principalement au manque des agents
ou des vérificateurs compétents, qui visent dans leur contrôle à augmenter l'assiette
fiscale des entreprises sans prendre en compte leurs intérêts et leurs capacité de
croissance. En effet, une bonne évaluation basée sur un raisonnement financier est
difficile à mettre en œuvre et demande souvent le recours à des professionnels de la
finance.

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3. Cadre empirique de l’étude

Selon le cadre théorique, il existe différentes méthodes d’évaluation de l’entreprise.


L’évaluateur choisi les méthodes d’évaluation qui optimisent mieux la situation
fiscale de son entreprise, et l’administration fiscale chargée de collecter les impôts,
préfère les méthodes qui permettent d’augmenter l’assiette fiscale de l’entreprise .
Dans cette approche nous allons essayer de montrer empiriquement, à travers une
étude sur un ensemble d’entreprises marocaines, si le recours aux méthodes
d’évaluation de l’administration fiscale, permet d’obtenir des valeurs fiables, Ou il
fausse la réalité de l’entreprise.

3.1. Méthodologie

La démarche méthodologique employée dans le cadre de notre analyse consiste à


présenter, les caractéristiques de l’échantillon du travail empirique, et les bases
théoriques de l’hypothèse à tester.

3.1.1. Echantillon
Les données de cette étude ont été colletées à l’aide d’un questionnaire envoyé à des
entreprises marocaines. Généralement, les entreprises ne procèdent à l’évaluation de
leur valeur, que dans un contexte spécifique (Introduction en bourse, Augmentation
de capital, Fusion, Transmission d’entreprise,…Etc.). Au final notre échantillon
comprend cinquante entreprises. Il convient de signaler que nous avons travaillé sur
un échantillon non probabiliste plus précisément un échantillon de convenance vu la
difficulté de déterminer le nombre des entreprises marocaines évaluées.

Toutes les entreprises de l’échantillon ont fait l’objet d’une évaluation dans un
contexte spécifique, selon le tableau suivant :

Tableau 1 : Répartition des entreprises en fonction du contexte de l’évaluation

Contexte de l’évaluation de Nombre Pourcentage


l’entreprise d’entreprises en %
Augmentation de capital 7 14
Cession 16 32
Introduction en bourse 19 38
Fusion Absorption 8 16
Total 50 100
Source : Tableau confectionné par nous-mêmes sur la base des résultats de l'étude

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L’échantillon final est composé de 50 entreprises marocaines, réparties en fonction


du contexte de l’évaluation en 4 groupes, 7entreprises évaluées dans un contexte
d’augmentation de capital, 16 entreprises évaluées dans un contexte de cession
d’actions, 19 entreprises évaluées dans un contexte d’introduction en bourse, et 8
entreprises évaluées dans un contexte de fusion ou absorption. Cette répartition des
entreprises en fonction du contexte de l’évaluation est importante, elle permet de faire
des comparaisons au niveau des résultats.

3.1.2. Hypothèse à tester

Le recours aux méthodes d’évaluation privilégiées par l’administration fiscale, permet


le plus souvent aux entreprises, d’éviter tout risque de refus de la valeur déclarée au
fisc lors du contrôle fiscal. De ce fait, utilisation de ces méthodes permet de
minimiser les désaccords avec l’administration fiscale. En revanche, selon le cadre
théorique, ces méthodes présentent plusieurs inconvénients : Premièrement, elles
ignorent le contexte dans lequel l’entreprise est évaluée. Deuxièmement, elles ne
prennent pas en compte la rentabilité future, la capacité de croissance et les risques de
l’entreprise (El Khamlichi & Dine-Dine, 2018). Ainsi, les coefficients de pondération
des méthodes d’évaluation imposées par l’administration fiscale, mettent trop en
avant les méthodes inadaptées. De ce fait, l’hypothèse centrale de notre recherche est
la suivante.

Hypothèse centrale : Le recours aux méthodes d’évaluation de l’administration


fiscale ne permettrait pas d’obtenir une valeur fiable de l’entreprise, il fausse la
réalité de l’entreprise.

L’hypothèse formulée, découle de la synthèse théorique présentée. L’objectif de la


présente étude empirique est de tester cette hypothèse à travers les résultats obtenus
via l’étude des données d’entreprises marocaines.

3.2. Analyse et interprétation des résultats

Pour vérifier la problématique, il convient de faire une analyse statistique croisée


reliant le choix des méthodes d’évaluation de l’administration fiscale et la fiabilité de
la valeur de l’entreprise suivi d’une analyse par régression linéaire entre ces deux
variables.

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3.2.1. Analyse croisée

Cette méthode d’analyse descriptive croisée permet de présenter la relation entre les
modalités des deux variables : le choix des méthodes d’évaluation et la fiabilité de la
valeur de l’entreprise. Notre objectif est de savoir le niveau de satisfaction des
entreprises ayant choisi les méthodes d’évaluation de l’administration fiscale par
rapport au niveau de satisfaction des entreprises ayant choisi librement les méthodes
d’évaluation ou encore d’autres ayant choisi les méthodes d’évaluation en prenant en
compte les contraintes fiscales. Le tableau suivant présente une analyse croisée de la
relation entre le choix des méthodes d’évaluation et la fiabilité de la valeur de
l’entreprise basée sur les résultats de notre étude.

Tableau 2 : Tableau croisé sur la relation entre le choix des méthodes


d’évaluation et la fiabilité de la valeur de l’entreprise.

Choix des méthodes d'évaluation Total


Méthodes Méthodes Méthodes
d’évaluation d'évaluation privilégiées
choisies en choisies sous par
fonction des influence des l'administrati
objectifs et mesures on fiscale
intérêts de fiscales
l’entreprise
Insatisfaisante 2% 6% 4% 12%
la fiabilité Peu
10% 8% 10% 28%
de la satisfaisante
valeur de Moyennement
14% 4% 4% 22%
l'entrepris satisfaisante
e Satisfaisante 16% 4% 4% 24%
obtenue, Très
14% 0 0 14%
satisfaisante
Total 56% 22% 22% 100%
Source : tableau fourni par le SPSS sur la base des résultats de l’étude

Selon ce tableau, on remarque que les entreprises qui choisissent les méthodes
d’évaluation en fonction des objectifs et des intérêts de l’entreprises, sont plus
satisfaites de la fiabilité de la valeur de l’entreprise, que celles qui utilisent les
méthodes privilégiées par l’administration fiscale ou encore celles qui choisissent des

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méthodes en tenant compte des contraintes fiscales. Pour tester la significativité de la


relation entre ces variables, le SPSS fourni le tableau suivant :

Tableau 3 : Mesures symétriques sur la relation entre le choix des méthodes


d’évaluation et la fiabilité de la valeur de l’entreprise.

Valeur Erreur T Signification


b
standard approximé approximée
a
asymptotique
Intervalle par
R de Pearson -,432 ,106 -3,320 ,002c
Intervalle
Ordinal par Corrélation de
-,456 ,109 -3,548 ,001c
Ordinal Spearman
a. L'hypothèse nulle n'est pas considérée.
b. Utilisation de l'erreur standard asymptotique dans l'hypothèse nulle.
c. Basé sur une approximation normale.
Source : Tableau fourni par le logiciel SPSS sur la base des résultats de l’étude

Selon ce tableau, la relation entre les deux variables est significative, puisque la
valeur de R de Pearson (-0,432) est significative et le degré de signification est à
0,02<0,05. De ce fait, on constate qu’il existe une relation significative entre le choix
des méthodes d’évaluation et la fiabilité de la valeur obtenue.

3.2.2. Analyse par régression linéaire

Dans cette analyse par régression linéaire, nous commençons par vérifier s’il existe
statistiquement une relation entre la fiabilité de la valeur obtenue et le choix des
méthodes d’évaluation et nous déduisons ensuite la relation entre la fiabilité de la
valeur obtenue et le recours aux méthodes d’évaluation de l’administration fiscale.
L’analyse de la variance est la première étape, elle permet de vérifier qu’il existe une
relation entre la variable explicative et à expliquer.

Selon les résultats de notre étude, le SPSS nous fournit le premier tableau de
l’ANOVA de régression suivant, sur la relation entre la fiabilité de la valeur obtenue
et le choix des méthodes d’évaluation :

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Tableau 4: Analyse de la variance sur la fiabilité de la valeur de l’entreprise et le


choix des méthodes d’évaluation

ANOVAa
Modèle Somme des ddl Moyenne des D Sig.
carrés carrés
Régression 14,570 1 14,570 11,025 ,002b
1 Résidu 63,430 48 1,321
Total 78,000 49
a. Variable dépendante : la fiabilité de la valeur de l'entreprise
b. Valeurs prédites : (constantes), choix des méthodes d'évaluation
Source : Tableau fourni par le logiciel SPSS sur la base des résultats de l’enquête

Dans ce tableau, la valeur de F est de 11,025 est très significative à p < 0,0005. Ceci
signifie qu’il y a donc une relation statistiquement significative entre la fiabilité de la
valeur de l’entreprise et le choix des méthodes d’évaluation. Ce modèle apporte donc
une amélioration significative, on doit donc analyser dans l’étape suivante, dans
quelle mesure les données sont ajustées à ce modèle, à travers les données du tableau
récapitulatif du modèle.

Dans notre cas, le tableau suivant représente le « récapitulatif des modèles »


concernant la relation entre la fiabilité de la valeur de l’entreprise et le choix des
méthodes d’évaluation.

Tableau 5 : Récapitulatif des Modèles sur la relation entre la fiabilité de la


valeur de l’entreprise et le choix des méthodes d’évaluation.

R R- R-deux Erreur Changement dans les statistiques


deux ajusté standard Variation Variatio ddl1 ddl2 Sig.
de de R- n de F Variation
l'estimati deux de F
on
,432a ,187 ,170 1,150 ,187 11,025 1 48 ,002
Source : Tableau fourni par le logiciel SPSS sur la base des résultats de notre étude.

Selon ce tableau, la valeur de R-deux est de 0,187, le choix des méthodes d’évaluation
peut donc expliquer 18,7% de la variation du choix des méthodes d’évaluation. Enfin
la valeur de F (11,025) est significative.

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La dernière étape de la régression simple permet d’analyser les résultats du modèle de


régression, elle permet de montrer si le choix des méthodes d’évaluation a un effet
sur la fiabilité de la valeur de l’entreprise. Ces résultats nous permettent de savoir si le
choix des méthodes d’évaluation de l’administration fiscale permet ou non d’obtenir
une valeur fiable et satisfaisante pour les entreprises. Le tableau des coefficients
suivant permet d’évaluer les paramètres de l’équation de régression et de déduire les
résultats de notre objectif.

Tableau 6 : Tableau des coefficients sur l’effet du choix des méthodes


d’évaluation sur la fiabilité de la valeur de l’entreprise

Coefficientsa
Modèle Coefficients non Coefficient t Sig.
standardisés s
standardisé
s
A Erreur Bêta
standard
(Constante) 4,099 ,369 11,114 ,000
1 choix des méthodes
-,662 ,199 -,432 -3,320 ,002
d'évaluation
a. Variable dépendante : la fiabilité de la valeur de l'entreprise
Source : Tableau fourni par le SPSS sur la base des résultats de l’enquête

Selon ce tableau, les valeurs des coefficients standardisées Beta, le test de student (t)
et le test de significativité, montrent que la variable choix des méthodes d’évaluation
a un effet négatif et significatif sur la variable fiabilité de la valeur de l’entreprise.

3.2.3. Analyse des résultats

Les résultats de l’analyse croisée permettent de présenter la relation entre les


modalités des deux variables : le choix des méthodes d’évaluation et la fiabilité de la
valeur de l’entreprise. Notre objectif est de vérifier si le recours aux méthodes
d’évaluation de l’administration fiscale permet ou non, aux entreprises d’obtenir une
valeur fiable. Le diagramme suivant résume les résultats de l’analyse croisée, il
montre la relation entre le choix des méthodes d’évaluation et la fiabilité de la valeur
de l’entreprise basé sur les résultats de notre étude.

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Figure 1 : Le niveau de satisfaction des entreprises de la valeur obtenue en


fonction du choix des méthodes d’évaluation.

Source : diagramme fourni par le SPSS sur la base des résultats de l’enquête

Selon ce diagramme, les entreprises qui utilisent les méthodes d’évaluation de


l’administration fiscale sont les moins satisfaites de la valeur obtenue, par rapport aux
autres entreprises qui choisissent les méthodes d’évaluation librement en fonction des
objectifs de l’entreprise. Ces résultats confirment notre hypothèse : le recours aux
méthodes d’évaluation de l’administration fiscale ne permettrait pas d’obtenir une
valeur fiable, il fausse la réalité de l’entreprise.

Ainsi, les résultats de l’analyse par régression rejoignent les résultats de l’analyse
croisée. En effet, les valeurs du tableau des coefficients Beta, le test de student (t) et le
test de significativité, permettent de déterminer les paramètres de l’équation de
régression. Dans notre cas l’équation de régression est la suivante :

La fiabilité de la (Y) = 4,099 – 0,662(X) Choix des méthodes


valeur de l’entreprise d’évaluation

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Cette équation montre que la variable « choix des méthodes d’évaluation » a un effet
négatif et significatif sur la variable « fiabilité de la valeur de l’entreprise ». Le sens
de l’équation de régression est négatif (coefficient Négatif), ceci veut dire que plus les
entreprises choisissent les méthodes d’évaluation 1 (Méthodes d’évaluation choisies
en fonction des objectifs et des intérêts de l’entreprises), plus elles sont satisfaites de
la fiabilité de la valeur obtenue. Et inversement, ces entreprises plus ils choisissent les
méthodes d’évaluation 3 (Méthodes d’évaluation de l’administration fiscale), moins
elles sont satisfaites de la valeur obtenue. Ces résultats confirment la problématique
de départ : le recours aux méthodes d’évaluation de l’administration fiscale ne permet
pas d’obtenir une valeur fiable, il fausse la réalité de l’entreprise.

Conclusion

Nous arrivons au terme de cette recherche à présenter un cadre théorique permettant


de mieux décrire en générale, l’évaluation de l’entreprise, et en particulier la relation
entre la fiscalité et l’évaluation de l’entreprise. L’évaluation de l’entreprise n’est pas
une science exacte, elle conduit généralement à plusieurs valeurs à cause des
différentes méthodes d’évaluation de la théorie financière. De ce fait dans le contexte
fiscal, le contribuable peut choisir la valeur qui optimise mieux sa situation fiscale en
tenant en compte des différentes contraintes de la législation fiscale, et
l’administration fiscale est tenue de vérifier que cette valeur est acceptable.
Dans le cadre du contrôle fiscal, l’administration fiscale privilégie certaines méthodes
d’évaluation (la méthode patrimoniale, de rendement, de productivité et du goodwill).
L’utilisation de ces méthodes d’évaluation permet aux entreprises de minimiser les
désaccords avec l’administration fiscale. En revanche, elles présentent des
inconvénients, elles conduisent dans la plupart des cas à des résultats peu satisfaisants
pour les entreprises. Ceci pour plusieurs raisons :
- Elles sont statiques et arbitraires, par ce qu’elles ignorent la capacité de croissance
et la rentabilité future de l’entreprise.
- Elles ne prennent pas en compte les risques encourus par l’entreprise,
- Elles ignorent la taille de l’entreprise et le contexte de l’évaluation,
- Les coefficients de pondération entre ces méthodes mettent trop en avant les
méthodes inadaptées.

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Ces méthodes sont plus utilisées par les entreprises dont l’évaluation est soumise au
contrôle fiscal. En effet l’objectif principal du contrôle de l’évaluation par
l’administration fiscale est d’augmenter l’assiette fiscale de l’entreprise contrôlée,
sans tenir compte de ses intérêts et ses objectifs. De ce fait, l’utilisation de ces
méthodes demeure inadaptée pour certaines entreprises et dans certains contextes, et
aboutit généralement à des résultats peu satisfaisants pour les entreprises.

Bibliographie

Ouvrages

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Paillusseau J, Caussain J-J, Lasarski H, Peyramaure P, (1993), La cession


d’entreprise, Paris : Dalloz.

Pierrat C, (1990), Evaluer une entreprise, Paris : Nathan.

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d’organisation.

Pirolli R, (1981), l’évaluation des entreprises dans les opérations de concentration,


Paris : Masson.

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universitaire de France.

Thauvron A, (2002), Evaluation d’entreprise, Paris : Economica.

Articles

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N°17.

Gaudel P-J, (2009), L’évaluation fiscale des titres de société, revue Economie &
Comptabilité, N°242.

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El Khamlichi B, & Dine-Dine N, (2018), Contrôle fiscal et Evaluation de l’entreprise,


Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit, Numéro 4.

Thèses

Chastenet & Castaing E, (2011), Proposition pour l’amélioration de la pertinence de la


méthode des multiples en évaluation des entreprises : Etude empirique portant sur la
sélection des multiples de références, la sélection des sociétés comparables et la
combinaison de multiples sur le marché européen (2006, 2008). Thèse de doctorat en
science de gestion, Université Jean Moulin Lyon 3.

Autres documents

Armand J-C, (2013), Les Méthodes modernes d’évaluation présentent-elles un intérêt


pour déterminer la valeur vénale fiscale d’une entreprise ? , Cabinet JCA & associés.

Autorité des Marchés Financiers, (2005), Pour un renforcement de l’évaluation


financière indépendante dans le cadre des offres publiques et des rapprochements
d’entreprises cotées, Groupe de travail présidé par Jean-Michel Naulot, www.amf-
france.org.

Commentaires de la Société Française des Evaluateurs, (2006), sur le guide de


l’évaluation des l’entreprises et des titres de la société. Disponible sur le site :
http://www.sfev.org.

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