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13/11/2021 18:46 Tenseur des contraintes — Wikipédia

Tenseur des contraintes


Le  tenseur des contraintes  est un  tenseur  d'ordre  2 utilisé en  mécanique des milieux
continuspour caractériser l'état de contrainte, c'est-à-dire les efforts intérieurs mis en jeu entre les
portions déformées d'un milieu. Le terme a été introduit par Cauchy vers 1822.

Comme les efforts intérieurs sont définis pour chaque surface coupant le milieu (on parle d'ailleurs
également d'efforts surfaciques), le tenseur est défini localement, en chaque point du solide. L'état
de contrainte du solide est donc représenté par un  champ tensoriel. On parle aussi de ce fait de
champ de contrainte.

Dans le cadre de l'élasticité linéaire, le champ de contrainte est relié au champ de déformation par
la  loi de Hooke  généralisée, c'est-à-dire que l'on peut écrire l'équation
tensorielle  σ = εE  où  σdésigne le tenseur des contraintes,  ε  le  tenseur des
déformations et E le tenseur des constantes élastiques.

Dans le cadre de la géologie structurale et de la tectonique, on parle fréquemment de  tenseur des
paléo-contraintes. Il représente la partie anisotrope du tenseur des contraintes, responsable des
déformations comme les  plis, les  failles  ou les  schistosités. La valeur absolue des termes de la
matrice n'est pas accessible, mais il est possible de retrouver l'orientation du triaxe principal, ainsi
que le rapport d'intensité entre ces trois axes.

Dans certains cas, il est possible de visualiser ces contraintes par la méthode
de photoélasticimétrie.

Sommaire
Construction du tenseur
Conventions de signe
Symétrie du tenseur des contraintes
Contrainte moyenne et pression isostatique
Principe de la coupure
Calcul des vecteurs-contrainte
Contraintes principales
Invariants du tenseur des contraintes
Déviateur
Contrainte équivalente
Triaxialité des contraintes
Linéarisation des contraintes
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes

Construction du tenseur

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tenseur_des_contraintes 1/7
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Dans le cas de certaines sollicitations simples (traction ou compression uniaxiale, flexion, torsion),
la contrainte peut être représentée par un simple nombre (scalaire). Dans le cas général, on peut
définir une contrainte équivalente (ou effective) qui est aussi un scalaire, mais qui ne définit que
très incomplètement l'état de contrainte. Pour le décrire complétement il faut utiliser
un tenseurd'ordre 2 ou, dans un référentiel donné, une matrice 3×3.

Prenons une base   et un point  M de la pièce. Considérons un cube  de matière autour
de M, d'arête infinitésimale dx = a, et dont les arêtes sont parallèles aux axes du repère.

Numérotons ses faces :

les faces i et −i sont les faces normales à  , en partant


du centre du cube,   pointe vers i, la face −i étant la
face opposée.

Nous ne considérons que les faces numérotées positivement. Numérotation des faces du cube.
En effet si l'on considère que le milieu reste globalement au
repos (ou non accéléré), les forces sur des faces opposées sont
elles aussi opposées (dans la limite des très petits volumes).

Sur la face  j  s'exerce un vecteur-force    qui a trois


composantes :

Indices des composantes du


Fij  étant la composante selon    du vecteur-force s'exerçant tenseur.
sur la face j.

La surface de chaque facette étant  a2, on peut définir neuf composantes  σij  homogènes à des
contraintes :

On décrit donc l'état de contrainte par le tenseur :

T est un tenseur d'ordre 2, à 3 lignes et 3 colonnes. Il est défini localement pour un point M donné.

En mécanique, on n'utilise pas toujours la notation généralisée    pour la base. Si l'on note la
base  , les composantes du tenseur se notent alors :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tenseur_des_contraintes 2/7
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Les termes hors diagonale correspondant à du cisaillement, on les note souvent τij, les composantes
du tenseur se notent alors :

Conventions de signe

L'exposé ci-dessus est le plus naturel en termes de construction mathématique. On remarque que
les contraintes normales (les éléments diagonaux du tenseur) sont positives quand le cube
considéré subit une extension, et négatives quand il subit une compression. Ce choix est
généralement adopté dans les articles et ouvrages de mécanique des milieux continus.

On trouve toutefois aussi la convention de signe contraire (contraintes normales positives en


compression, négatives en extension), notamment dans les articles et ouvrages de  sciences de la
Terre, les roches situées à grande profondeur étant presque toujours en compression. Le signe des
éléments non diagonaux du tenseur est également permuté. Dans l'exposé ci-dessus cela
correspond à définir   comme la valeur algébrique de la force   exercée sur la face  −i  au lieu
de i.

La convention de signe n'est pas toujours indiquée dans les textes, mais il est facile de voir laquelle
a été adoptée à partir des commentaires du texte, notamment quand il est question de pression.

Symétrie du tenseur des contraintes


Le tenseur des contraintes est toujours symétrique, c'est-à-dire que :

ce qui traduit l'équilibre en moment d'un volume infinitésimal.

Le tenseur s'écrit donc :

Du fait de cette symétrie, on peut écrire le tenseur comme un vecteur, selon la notation de Voigt :
en définissant

σ1 = σ11, σ2 = σ22, σ3 = σ33 ;
σ4 = σ23 = σ32, σ5 = σ13 = σ31, σ6 = σ12 = σ21 ;

On peut alors mettre le tenseur sous la forme :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tenseur_des_contraintes 3/7
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Ceci facilite l'écriture de la loi de Hooke généralisée. On voit aussi que l'espace des contraintes est
un espace vectoriel à six dimensions.

Contrainte moyenne et pression isostatique


La contrainte moyenne est la moyenne arithmétique des contraintes normales, donc le tiers de
la trace du tenseur :

{\displaystyle {\bar {\sigma


}}={\frac {\mathrm {tr}

Sa valeur ne dépend pas du repère {x, y, z} utilisé (la trace est un invariant du tenseur).

La pression isostatique  p est la pression hydrostatique qui, dans le cas d'un matériau  isotrope,


produirait la même variation de volume (par rapport à l'état de repos) que le tenseur des
contraintes T :

avec la convention usuelle de la mécanique des milieux continus (contraintes normales


positives en extension) :

 ;

avec la convention contraire (contraintes normales positives en compression) :

La pression isostatique est une généralisation de la notion de pression hydrostatique dans les
liquides. En sciences de la Terre, on parle de pression lithostatique (avec souvent la convention des
contraintes normales positives en compression).

Principe de la coupure
Une manière simple de déterminer le tenseur des contraintes consiste à employer le « principe de
la coupure ». Il s'agit d'une opération de pensée dans laquelle on scie l'objet selon un plan donné.

Supposons un solide se déformant sous l'effet de deux forces extérieures opposées. Si l'on coupe le


solide en deux et que l'on sépare les moitiés, alors chaque moitié n'est soumise qu'à une seule force
et donc n'est plus déformée mais mise en mouvement. Pour que chaque moitié retrouve sa
déformation, il faut exercer une pression sur chacune des faces de la coupure.

Lorsqu'il y a des symétries évidentes à un problème, le choix de plans de coupe judicieux permet de
déterminer de manière simple le tenseur des contraintes. C'est ainsi que l'on peut déterminer que
dans le cas de la torsion d'un tube, on a un cisaillement pur.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tenseur_des_contraintes 4/7
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Calcul des vecteurs-contrainte


Considérons le petit  élément de volume    délimité par le
tétraèdre de sommets  O,  (dx1,0,0),  (0,dx2,0),  (0,0,dx3). Les
vecteurs normaux aux faces sont donc    et le vecteur
de composantes  . La force   s'exerçant
sur une face vérifie

où   le vecteur caractéristique de la face, c'est-à-dire le vecteur


normal ayant pour norme l'aire de la face.
Tétraèdre permettant de calculer le
On a par exemple sur la face  [O, (dx1,0,0), (0,dx2,0)], la vecteur-contrainte normal à une
relation face quelconque

Contraintes principales
Puisque le tenseur des contraintes est une matrice symétrique réelle, il existe (au moins) une base
orthonormée de l'espace dans laquelle le tenseur des contraintes est une matrice diagonale :

Les valeurs  σ1,  σ2 et  σ3 sont appelées contraintes principales (il ne faut pas les confondre avec les
contraintes en notation de Voigt).

On rencontre également souvent la notation :

où σI, σII et  σIII sont les contraintes principales et   un repère principal, c'est-à-dire un
repère dans lequel la représentation matricielle du tenseur est diagonale.

Invariants du tenseur des contraintes


Les contraintes principales  ,   et   permettent de déterminer les invariants du tenseur, c'est-à-
dire les grandeurs caractéristiques qui ne dépendent pas de la base choisie :

 ;

 ;

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tenseur_des_contraintes 5/7
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Notons que l'on a :

Déviateur
Le tenseur des contraintes peut se décomposer en une somme de deux tenseurs  :
le déviateur (sij )et la pression isostatique p ⋅ (δij ) :

Cette décomposition simplifie l'expression des énergies de déformation élastique, de changement


de volume et de distorsion.

Le déviateur a les mêmes directions principales que le tenseur des contraintes, on a alors dans ce
repère :

On peut définir des invariants pour le déviateur :

 ;
 ;
.

Notons que l'on a aussi :

 ;

 ;

Ces invariants sont utiles pour définir le domaine élastique et la contrainte de comparaison.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tenseur_des_contraintes 6/7
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Contrainte équivalente
Il est souvent utile de synthétiser le tenseur des contraintes par un scalaire, appelé «  contrainte
équivalente », σe :

On peut ensuite comparer cette valeur avec les paramètres du matériau établis par l'essai de
traction uniaxial, et notamment la limite d'élasticité Re et la résistance à la traction Rm. Les deux
contraintes équivalentes les plus utilisées sont celles de Tresca et de von Mises.

Cette approche est toutefois insuffisante dans les cas d'endommagement complexe, comme
la fatigue pour des contraintes triaxiales.

Triaxialité des contraintes


La triaxialité des contraintes, notée  η  (lettre grecque «  êta  »), est le rapport entre la contrainte
isostatique et la contrainte équivalente de von Mises :

Ce paramètre est important dans l'étude de l'endommagement et de la  mécanique de la rupture.


Dans les cas simples, on a :

cisaillement pur : 
traction uniaxiale : 
équi-bitraction : 
compression uniaxiale : 
pression hydrostatique : 

Linéarisation des contraintes


La linéarisation des contraintes est une méthode utilisée pour l'étude des enveloppes minces et en
particulier des appareils sous pression. Elle consiste à décomposer le tenseur des contraintes en
une contrainte de membrane et une contrainte de flexion.

Pour cela, on définit une ligne perpendiculaire à la surface libre, désignée ci-dessous comme l'axe x,
et dont la longueur L est l'épaisseur de la paroi :

contrainte de membrane : 

contrainte de flexion : 

où  σ  est une composante du tenseur des contraintes. On linéarise ainsi chaque composante du
tenseur.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tenseur_des_contraintes 7/7

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