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La schistosité… structure tectonique

SCHISTOSITE et CINEMATIQUE
Vue que la notion de schistosité en tant que structure tectonique est
entachée de certaines confusions, notamment le fait de la confondre
avec la notion du métamorphisme en tant que transformation des
roches à l’état solide, nous allons l’aborder avec plus de détails et
beaucoup de soins pour bien clarifier les idées.

Remarque : pour l’illustration voir « diaporama »

A- Définitions
La schistosité est une structure tectonique planaire, pénétrative à
l’échelle mésoscopique. Il s’agit d’une déformation tectonique ductile
acquise par les roches (portées à une certaine température),
postérieurement à leur genèse, sous l’action de contraintes tectoniques.
C’est une structure qui résulte d’un aplatissement qui correspond à une
déformation continue homogène (Fig ). On l’appelle également
« clivage » ou « feuilletage » et elle correspond à des plans de faiblesse
qui sont généralement discrets (non apparents) dans le cas de roches
saines, mais qui sont révélés par le choc du marteau ou, avec le temps,
par les phénomènes d’altération météoriques (interface roches
atmosphère).
La caractéristique majeure d’un clivage schisteux correspond à la
disposition des plans en un faisceau, plus ou moins parfaitement
parallèles entre eux, jamais sécants. Il faut retenir que la schistosité ne
résulte en aucune manière d’un procesus de fracturation, elle
correspond à l’apparition dans la roche d’une anisotropie qui provient
d’une déformation par fluage (s.l). Elle correspond fondamentalement à
un aplatissement ; les plans de schistosité sont donc confondus avec le
plan XY de l’ellipsoïde de déformation (Fig. ).
Le mécanisme d‘aplatissement aboutit à une réorientation généralisée,
ou plus ou moins localisée, des grains existants dans la roche. Ainsi, ils
finissent par se disposer d’une manière caractéristique typique : le plus
grand axe dirigé selon l’axe X de l’ellipsoïde de déformation, alors que le
plus petit axe se parallélise avec l’axe Z. Ce phénomène détermine une
1 A. Lakhloufi----- Relation schistosité et métamorphisme
La schistosité… structure tectonique

anisotropie linéaire (linéation). Si les « grains » sont de forme tabulaire,


ils finissent par se disposer à plat dans le plan XY de l’éllipsoïde de
déformation, avec le plus grand axe disposé selon l’axe X (Fig. ). S’il s’agit
de minéraux et de cristaux néoformés (minéraux de métamorphisme
qu’on appelle BLASTES), leur disposition a plat dans le plan XY détermine
une foliation. Dans les deux cas, il s’agit d’une ANISOTROPIE PLAINAIRE.
Selon le type de schistosité, les plans de clivage font débiter la roche en
MICROLITHONS Qui ont la forme de minces plaquettes, d’aiguilles, de frites,
de crayons ou d’écailles (Figs. ). Un microlithon est un volume rocheux
d’échelles mésoscopique et microscopique, délimité par deux plans de
schistosité adjacents. L’épaisseur et la forme des microlithons sont des
éléments utiles à la caractérisation de la schistosité.

B- Processus créateurs de la schistosité


Quatre principaux processus sont à l’origine du processus de « fluage »
créateur de la schistosité.

1- La rotation et le glissement des terrains


Il s’agit d’une rotation passive dans un contexte tectonique actif. C’est le
cas des argiles, surtout quand elles renferment des fluides lubrifiants qui
facilitent le déroulement de ce phénomène.

2- Fracturation des grains eux-mêmes


Ce phénomène est observable au microscope ; c’est la cataclase. Elle
peut se faire de façon plus discrète, à l’échelle des atomes, à la faveur de
glissement « intracristallins ».

3- La dissolution et la recristallisation
Il s’agit de la combinaison des phénomènes de dissolution-
recristallisation qui n’engendre pas de changement dans la nature des
minéraux existants. Ce phénomène consiste à la migration de la matière
dissoute, à l’état de solution, depuis les points (endroits) exposés à la
contrainte principale (donc qui se trouvent en surpression) dans le
champ des contraintes tectoniques, vers ceux qui sont à l’abri (direction
de la contrainte minimale). C’est le même processus qui est à l’origine

2 A. Lakhloufi----- Relation schistosité et métamorphisme


La schistosité… structure tectonique

de la formation des « houppes » par « nourrissage » des grains dans la


direction de l’allongement général. La dissolution – cristallisation
caractérise surtout les roches calcaires et siliceuses.

4- La recristallisation métamorphique
Ce processus engendre la formation de cristaux (minéraux) à l’état
solide; il s’agit d’un phénomène métamorphique qui s’ajoute au
développement de la schistosité; il y a alors apparition de la foliation
métamorphique dans la roche. La foliation métamorphique n’est pas
toujours synonyme du clivage de la roche ; le gneiss est un exemple
typique, en effet «l’engrenage» des minéraux néoformés dans cette
roche métamorphique empêche le débit (débitage) selon le plan de la
schistosité.

Remarque importante
Une roche métamorphique peut être accompagnée d’une schistosité ou non (la
schistosité peut être, également, accompagnée de métamorphisme ou non). Dans le
cas de l’absence de la schistosité, la roche métamorphique est de type cornéenne
(roche massive) si les grains sont de dimension inférieure à 1/10 mm ; quand ils
sont supérieurs à cette taille, il s’agit de granofels (Kornprobst, 1996).
Dans le cas de la présence de la schistosité dans une roche métamorphique, on parle
de schistes (les plans de schistosité sont relativement serrés, l’épaisseur des
microlithons est d’ordre du mm). Dans le cas des gneiss, l’espacement (donc
l’épaisseur des microlithons) est de l’ordre du cm (Kornprobst, 1996). Le terme de
micashistes désigne des schistes micacés à biotite et/ou muscovite.
Par ailleurs, il n’existe aucune raison d’admettre à priori qu’un gneiss correspond à
un degré métamorphique plus élevé que celui d’un micaschiste. Ces termes
(micaschiste, gneiss) doivent conserver un caractère strictement descriptif qui
renseigne plutôt sur la composition et la nature de la roche qui a subit le
métamorphisme. Dans le cas des roches métamorphiques carbontées, si la
schistosité est peu ou pas marquée, on parle de marbres, dans le cas contraire on
parle de calcschistes.

C- Morphologie de la schistosité
La morphologie des plans de schistosité fournit une première
classification de celle-ci. Cette morphologie correspond grossièrement à
différents stades de son développement.

3 A. Lakhloufi----- Relation schistosité et métamorphisme


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1- La schistosité fruste
Elle correspond à des surfaces irrégulières, discontinues, se relayant les
unes les autres, donnant à la roche un débit difficile en esquilles
irrégulières. Son attitude est souvent difficile à mesurer correctement.
2- La schistosité en queue de cheval
C’est une structure planaire, imparfaite, formée par un très fin réseau de
surfaces anastomosées, visibles à la loupe. Elle induit dans la roche un
débit en « frites » ou en « crayons » (microlithons). Elle donne par
intersection avec la stratification une linéation grossière.

3- La schistosité ardoisière
C’est une structure planaire parfaite, pénétrative même à l’examen à la
loupe, voire au microscope. Elle donne à la roche un débit en fines
plaques à faces parallèles.

D- Expression de la schistosité
En plus des facteurs physiques (T et P) qui conditionnent l’expression de
la schistosité, la nature lithologique des roches constitue un autre
facteur, mais de moindre importance. Selon le stade de la schistosité,
celle-ci peut ne s’exprimer que dans les niveaux les moins compétents
(incompétents) d’un empilement de couches de lithologie différente; on
a alors affaire à une schistosité dicontinue, on parle alors de la
REFRACTION DE LA SCHISTOSITE. La schistosité peut affecter toutes les couches
d’une succession lithologique différente, mais elle peut être espacée et
redressée dans les niveaux compétents, alors qu’elle faiblement inclinée
dans les niveaux incompétents (formant avec la stratification un angle
d’autant plus petit que le niveau est incompétent) ; là aussi on parle de
la réfraction de la schistosité. Enfin, la schistosité peut affecter
également des niveaux lithologiques différents, sans changement
d’angle ; il s’agit d’une schistosité continue « homogène » (parfois plus
difficile à mettre en évidence dans les niveaux les plus compétents,
sains).

4 A. Lakhloufi----- Relation schistosité et métamorphisme


La schistosité… structure tectonique

Un examen attentif, éventuellement à la loupe, permet souvent


d’observer les déformations que la schistosité provoque sur les plans
pré-existants [S0 (plan de stratification) et S1 schistosité antérieure), …]:
-elle peut la recouper sans qu’elle soit affectée d’une déformation
visible;
-elle peut provoquer un décalage du niveau (planaire) repère d’un
microlithon à l’autre sans que les « segments » de ce niveau n’y soient
déformés; ce dispositif traduit un « glissement » (deplacement) des
microlithons sur les plans de schistosité;
- elle peut déformer intimement la structure planaire, ou niveau repère
initial qui tend à prendre la forme de petits sigmoïdes à l’intérieur des
microlithons et / ou participer à la formation de microplis; lorsque l’on a
affaire à une fine structure planaire initiale (feuilletage sédimentaire,
schistosité antérieure,…), il peut se former de minuscules kinks bands ou
de microplis en chevron;
- la schistosité peut transposer une structure planaire pré-existante,
c'est-à-dire on aura affaire à un réalignement plus ou moins complet des
plans initiaux dans la schistosité.
Quand la transposition est très poussée, elle peut n’être décelable qu’au
microscope ou même uniquement à partir d’interprétation à l’échelle
régionale. Néanmoins, le plus souvent, un examen attentif permet
d’apporter des arguments de terrain par toute une série d’indices dont
notamment la présence, à l’intérieur des microlithons, de restes de
surfaces initiales formant un angle faible avec la schistosité. Il n’est pas
rare de retrouver dans le corps de la roche des résidus des strates
initiales sous forme de lambeaux de plis isoclinaux (Figs. ), de boudins
très aplatis ou de charnières de plis complètement isolées.

E- Classification de la schistosité
La classification adoptée a le défaut d’être de connotation génétique
alors qu’il est souvent impossible, à leur seul examen de préciser avec
certitude quel mécanisme a donné naissance aux différents types de
schistosité. Une description détaillée précise de la morphologie de la
schistosité reste donc un caractère important à noter. Néanmoins, les

5 A. Lakhloufi----- Relation schistosité et métamorphisme


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différentes catégories proposées par les différents auteurs sont


devenues tellement classiques; leur définition s’impose alors.

1- Schistosité de fracture
Elle est souvent employée pour désigner une « micro-fissuration » de la
roche par de très fines « fractures » parallèles entre elles. La schistosité
de fracture proprement dite correspond à plusieurs types différents.
Elle désigne souvent les plans très discontinus qui affectent les bancs
compétents dans les séries alternantes. Elle est aussi utilisée pour
désigner les schistosités très frustes, mal formées, n’affectant que les
lithologies les moins compétentes (incompétentes). Elle s’applique
souvent à une schistosité « en queue de cheval » qui est dans ce cas
fortement réfractée par les variations lithologiques.

2- Schistosité de flux
C’est une schistosité parfaitement planaire, très pénetrative,
accompagnée souvent de transposition et, le plus souvent, d’une
néogenèse de minéraux lamellaire (blastes) dans ses plans. Elle est donc
pratiquement synonyme de la schistosité ardoisière (qui est préférable
puisque cette dernière est purement descriptive, sans connotation
génétique). Cette schistosité est différente de la foliation
métamorphique par le fait que la transformation minéralogique
(responsable de la formation des minéraux néoformés) n’affecte qu’une
partie des constituants, qui se trouvent au niveau des plans de
schistosité, alors que la foliation est caractérisée par une
réorganisation chimique généralisée des constituants de la roche.

3- Schistosité de cisaillement
Cette schistosité se caractérise par le décalage des marqueurs
préexistants qu’elle engendre (mouvement relatif des microlithons les
uns par rapport aux autres).

6 A. Lakhloufi----- Relation schistosité et métamorphisme


La schistosité… structure tectonique

4- Schistosité de cisaillement - aplatissement


Elle se caractérise par la présence concomitante de décalage et de
déformation des marqueurs qui prennent des formes sigmoïdales ou en
microplis.

5- Schistosité de crénulation
Elle est caractéristique de la surimposition d’une schistosité à une
schistosité préexistante planaire, pénétrative (ou une stratification sous
forme de strates très fines tels que dans les « shalles »). Elle est
caractérisée par de très fines bandes de kinks ou de plis en chevron. La
schistosité de crénulation s’accompagne souvent d’une néogenèse de
minéraux (blastes) orientés dans les plans limites des micro-kinks, mais
elle se distingue clairement de la schistosité de flux par l’épaisseur des
microlithons.

6- Schistosité de pression-solution ou hydroschistosité


Ce type de schistosité est peu (rarement) reconnu dans la classification
en langue française et correspond au « dewartering cleavage » des
auteurs anglais. Ce type est pourtant très fréquent à proximité du
« front de la schistosité ». Elle est applicable à tous les cas où la
schistosité des roches à forte teneur en argile est remplacée par des
joints stylolithiques dans les roches plus pures et plus solubles (calcaires
par exemple). Elle produit aux limites des niveaux les plus solubles des
images « en queue de cheval » très typiques.
De manière plus générale, les schistosités de type « queue de cheval »
sont le plus souvent liées à des expulsions des fluides sédimentaires. A
l’échelle microscopique, on y observe souvent des réorientations
mécaniques des minéraux phylliteux et des concentrations d’éléments
insolubles qu’il ne faut pas confondre avec des phénomènes de
néogenèse minérale (métamorphique).

7- La foliation métamorphique ou foliation minérale


Elle résulte de la recristallisation de la roche à l’état solide. Les minéraux
néoformés (blastes) montrent des orientations préférentielles très
marquées, allongés selon l’axe X de l’ellipsoïde de déformation et/ou

7 A. Lakhloufi----- Relation schistosité et métamorphisme


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disposés à plat dans le plan XY. Elle est pénétrative même à l’examen
microscopique et elle ne correspond pas toujours à des plans selon
lesquels la roche se débite aisément. Quand les éléments sédimentaires
(S0) y sont conservés, ils sont intensément déformés et presque
complètement transposés dans le plan de foliation.
Remarque : La « foliation » est différente du « feuilletage » ; la foliation
est synonyme de métamorphisme (les minéraux du métamorphisme qui
sont les blastes se disposent suivant les plans de schistosité ; le grand
axe selon X, le petit axe selon Z alors que le feuilletage est synonyme du
débit de la roche en feuillets, plus ou moins épais, suivant les plans de
schistosité.

F- Conclusion
En guise de conclusion, il est primordial de savoir que :
- la schistosité est une structure tectonique à l’instar des plis et des
failles ;
- tant que les minéraux néoformés (blastes, minéraux métamorphiques),
quand ils existent, restent limités aux plans de la schistosité, on ne peut
pas parler de roches métamorphiques ;
- une roche peut être métamorphique, mais sans présenter de
schistosité, ou le contraire ; dans le cas où elle présente une schistosité
on parle de schistes (terme global) ;
- clivage schisteux, débit schisteux, feuilletage ou foliation, sont autant
de qualificatifs, d’appellation et de synonymes pour parler de la
schistosité.

8 A. Lakhloufi----- Relation schistosité et métamorphisme


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SCHISTOSITE et METAMORPHISME
[Relation schistosité (déformation) et développement
des minéraux métamorphiques (blastes) ; notion de
cinématique]
Lorsqu’une phase de déformation affectant une région donnée génère
de la schistosité et du métamorphisme, les minéraux néoformés
peuvent présenter trois cas de figures, selon qu’ils soient antérieurs,
syn ou postérieurs à la déformation (matérialisée par la schistosité dans
ce cas). Pour pouvoir rendre compte de ces différents cas de figures et
dresser la chronologie relative des événements, on examine les
relations géométriques entre la déformation (schistosité) et les blastes,
notamment les porphyroblastes. Ces derniers s’avèrent fort utiles vue
leur grande taille et, vue qu’ils croissent progressivement dans le tissu
cristallophylien par remplacement chimique dans un état solide. De ce
fait, ils fossilisent l’évolution de cet environnement, dont notamment les
figures de déformation (schistosité, microplissement, rotation,..).
Lorsque la roche est affectée de schistosité et, selon que la schistosité
soit interne ou externe aux porphyroblastes, deux cas de figures se
présentent: une schistosité « interne » (Si) et une schistosité
« externe » (Se). La Si représente un vestige de la Se qu’elle fossilise. Les
relations qui lient Si et Se, ainsi que leurs allures comparées constituent
des critères fiables pour l’établissement de la chronologie relative de la
déformation (schistosité notamment) par rapport aux porphyroblastes.
Quels sont alors les principaux critères pour l’établissement de la
chronologie anté, syn, et post?

1- Cas d’une schistosité anté métamorphisme (déformation


anté porphyroblastèse)
Les porphyroblastes post-déformation (post cinématiques) sont dits
« statiques », ce fait qui se caractérise par :
- une orientation aléatoire (orientation non préférentielle) des minéraux
néoformés quels que soient leurs formes (texture isotrope) ;

9 A. Lakhloufi----- Relation schistosité et métamorphisme


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- une fossilisation de toutes les figures de déformation enregistrées par


la roche, puisqu’ils s’accroissent uniquement par remplacement
chimique progressif de leur environnement solide ; ils vont donc
« mouler » ce qui existe comme figures de déformation antérieurs. Les
porphyroblastes qui fossilisent des microplis antérieurs sont dits
hélicitiques (tels que les grenats).

2- Cas d’une schistosité syn métamorphique (déformation


syn porphyroblastèse) ou métamorphisme syn-cinématique
Dans ce cas, on aura affaire aux cas de figures suivants :
- Les minéraux néoformés croissent en se disposant préférentiellement
dans le plan XY de schistosité et allongés selon l’axe X ; il apparait une
foliation cristallophyllienne plan axial des plis ;
- la porphyroblastèse qui accompagne le développement d’un
plissement (microplissement) ou d’un aplatissement enregistre tous les
stades du développement de cette déformation ;
- l’étirement préférentiel et le tronçonnement des « objets »
antémétamorphiques dans la direction de l’axe X s’accompagne d’une
cristallisation préférentielle des minéraux prismatiques néoformés selon
cette direction ;
- les ombres de pression correspondent aux vides potentiels crées à
l’abri des extrémités de corps compétents au sein desquels cristallisent
des phases phylliteuses ou fibreux (calcite, quartz, micas, amphiboles,…);
ces ombres de pression constituent d’excellents marqueurs de
l’allongement selon X et XY. C’est lors de l’étirement selon l’axe X que le
contraste de ductilité entre les objets plus compétents (porphyroblastes
ou porphyroclastes) que la matrice cristallophyllienne (dans laquelle ils
baignent) entraine des décollements créateurs de vides potentiels au
niveau des interfaces avec ces corps ; deux cas de figures peuvent
s’observer alors :
*soit que la déformation est coaxiale et, dans ce cas les phases
phylliteuses ou fibreuses sont symétriques aux extrémités des objets
compétents et leur direction d’allongement marque bien la direction
structurale X,

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* soit que la déformation est cisaillante (cisaillement simple),


donc non axiale, et dans ce cas, lorsque les porphyroblastes se
développent, ils tourneront sur eux-mêmes au cours de la croissance
donnant ainsi naissance aux spectaculaires figures de minéraux
« sigmoïdes » ou en « spirale » ou encore en « boule de neige » (grenat
en particulier, mais aussi les chloritoïdes, l’andalousite, la staurotide,…).
L’allure du sigmoïde renseigne de manière fiable sur le sens du
cisaillement. Par ailleurs, dans le cas des « ombres de pression », elles
présentent une allure dissymétrique dont la géométrie globale est un
bon critère du sens du cisaillement. Lorsque l’objet compétent tourne
lui-même dans le sens de cisaillement, on aura affaire alors à des
« ombres de pression » « sigmoïdes » ou en « crochet ».

3- Cas d’une déformation post-porphyroblastèse (la


porphyroblastèse est antécinématique)
Il est évident que les porphyroblastes peuvent être eux-mêmes
déformés. Une déformation postérieure à une foliation
cristallophyllienne (XY) replissera évidemment la foliation et les
minéraux du métamorphisme. Si les minéraux ont un comportement
souple (tels les micas, par exemple), ils seront pliés (plissés) au niveau
des charnières et, éventuellement décalés par le nouveau clivage de
plan axial s’il existe.
Par contre, si la foliation antérieure (XY) est soulignée par des minéraux
à comportement ruptuel (tels que les amphiboles), ils ne seront pas
plissés, mais brisés au niveau des charnières. Les porphyroblastes
antérieurs au plissement sont intéressants sur un autre plan ; ils peuvent
fossiliser la schistosité antérieure (Si) avant son plissement (Se).
Dans le cas de l’aplatissement d’une roche contenant des
porphyroblastes ou des porphyroclastes (phénocristaux hérités,
magmatiques par exemple) moins ductiles que la matrice
cristallophyllienne, il y a déviation de la schistosité naissante qui va
contourner ces corps compétents, d’où un aspect caractéristique en
« œil ».
Les orthogneiss dits « œillés » doivent leur aspect à ce phénomène
d’aplatissement post cristallin. Les porphyroblastes d’orthose

11 A. Lakhloufi----- Relation schistosité et métamorphisme


La schistosité… structure tectonique

(phénocristaux) du granite porphyroïde initial ont un comportement


compétent au regard de la matrice quartzo-micacée qui dévie à leur
contact, ce qui confère au gneiss qui en dérive un aspect œillés très
caractéristique.
D’autres cas de figures peuvent être également observés :
- les porphyroblastes ou les porphyroclastes anté-déformation tendent à
s’orienter préférentiellement dans la foliation (XY) naissante et peuvent
finir par s’étirer et se boudiner dans la direction X ;
- en cas de cisaillement simple, la composante de cisaillement peut
entrainer une rotation des boudins issus du tronçonnement des objets
compétents dans un sens conforme à celui du cisaillement ;
- la rotation peut affecter les porphyroblastes anté-cisaillement et, dans
ce cas, la (Se) et la (Si) ne sont pas en continuité ; la Se subit alors une
rotation brutale d’ensemble en abordant la Si. Dans ce cas et celui
d’avant, il est aisé de polariser la déformation en déterminant le sens de
transport de la matière. Dans le cas de rotations exagérées (cisaillement
très important), il arrive que la (Si) se disjoint totalement de la (Se) ;
dans ce cas, on ne peut donc évaluer ni l’angle de la rotation des
porphyroblastes ni son sens.

REMARQUE :
Vous avez vu que la schistosité n’est pas le métamorphisme ; la
confusion est donc levée. La schistosité est une structure tectonique
planaire. Le métamorphisme est une espèce de « métamorphose » de la
roche, celle-ci se transforme alors à l’état solide ; la roche de départ
devient méconnaissable. La relation schistosité - métamorphisme (cas
de la foliation s.l) permet de préciser la chronologie des phases
tectoniques et des phénomènes métamorphiques…

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