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CHAPITRE III : PRINCIPES FONDAMENTAUX DE L’ASSURANCE

3.1. CADRE JURIDIQUE ET REGLEMENTAIRE


3.1.1. Le contrat d’assurance
a. Définition
Le produit d'assurance est vendu par les entreprises d'assurance sous la forme d'un
contrat passé généralement entre l'assureur et l'assuré. Toutefois, ce contrat peut faire
intervenir d'autres parties, tant en ce qui concerne sa formation que son exécution.
Comme tout contrat, il exprime l'accord de volonté entre les différentes parties.
Avec Christian SAINRAPT1 on peut donner à l’assurance la définition suivante :
« L'assurance est une convention ou un contrat de caractère synallagmatique et
aléatoire selon les termes duquel une partie appelée assureur s'engage en échange du
paiement d'une prime ou cotisation, unique ou périodique, à fournir à une autre partie
appelée assuré, une prestation spécifique en cas de survenance d'un événement
déterminé tel que décrit par le contrat »
On peut schématiser l’assurance comme suit :
Assuré

Paie la prime Contrat paie la prestation en cas de


survenance d’un sinistre
Assureur
b. Caractéristiques juridiques du contrat d'assurance
Le contrat d'assurance revêt les caractéristiques de diverses conventions
prédéterminées par le droit civil. C’est un contrat :
o synallagmatique : conférant à chacune des parties contractantes des droits
réciproques. L'assuré à une obligation de payer la prime et l'assureur à payer les
prestations en cas de survenance du risque assuré.
o à titre onéreux : il n'est ni gratuit pour l'assureur, ni gratuit pour l'assuré. Il est
conclu moyennant une contrepartie financière réciproque.
o aléatoire : Ce caractère est celui qui particularise le contrat d'assurance. L'aléa
n'intervient pas pour l'assuré qui engage une dépense certaine (prime), prix de
sa sécurité, sans jamais pouvoir s'enrichir par le jeu de l'assurance. Ce qui est
différent de la position de l'assureur qui présente un risque de gain ou de perte
caractéristiques des contrats aléatoires.
o Successif : il se renouvelle en général chaque année. En tout état de cause, le
contrat d’assurance ne peut être annulé avec effet rétroactif mais simplement

1 Christian Sainrapt, Dictionnaire Général de l'Assurance, Arcature, 91130 Ris-Orangis, 1996


résilié, c'est-à-dire, annulé pour l'avenir. Ce caractère successif constitue le
fondement de la divisibilité de la prime.
o solennel : le document remis à l'assuré est un mode de preuve de l'accord
intervenu, mais n'est aucunement une condition d'existence d'un tel contrat ;
o consensuel : sa conclusion est parfaite dès l'accord des parties sur les
caractéristiques du risque garanti et sur le montant de la prime à payer. Mais ce
caractère tend à s'estomper du fait de l'exigence d'un écrit (article 7 du code des
assurances CIMA).
o d'adhésion : Les parties au contrat d'assurance ne définissent pas un ensemble et
à armes égales les termes du contrat. Ceux si sont parfaitement connus de
l'assureur. Quant à l'assuré, il ne peut qu'y adhérer ou non.
o de bonne foi : l'assureur a confiance en l'assuré. Aussi accepte-t-il d'établir le
contrat d'assurance sur la base des déclarations de celui-ci. En acceptant de payer
la prime en contrepartie de la promesse que lui fait l'assureur de régler les
sinistres qui pourraient survenir, l'assuré exprime également sa confiance en
l'assureur. La bonne foi est donc fondamentale pour la conclusion du contrat
d'assurance.
c. Les documents contractuels
Comme toute convention, le contrat d’assurance est parfait dès l’accord des parties sur
son objet et ses modalités. Même conclu verbalement, le contrat d’assurance pourrait
engager l’assureur et l’assuré, mais la preuve des engagements réciproques serait
difficile à établir. C’est pourquoi le législateur exige que les contrats d’assurances fassent
l’objet d’un écrit :
Article 7 du code des assurances : « Le contrat d'assurance est rédigé par écrit dans la ou
les langues officielles de l'Etat membre de la CIMA en caractères apparents… ».
i. La notice d’information
L'assureur est tenu avant la conclusion du contrat de fournir une fiche d'informations
sur le prix, les garanties et les exclusions (article 6 du code des assurances).
ii. La proposition d’assurance
C’est un document écrit par lequel le futur souscripteur ou proposant demande à
l’assureur de garantir le risque dont les caractéristiques sont précisées. En règle
générale, la proposition est un pré-imprimé comportant des questions sur les
caractéristiques du risque nécessaires pour l’évaluation et la tarification par l’assureur.
Il est établi par l’assureur au proposant qui le remplit et le signe.
La proposition d'assurance n'engage ni l'assuré, ni l'assureur, seule la police ou la note
de couverture constate leur engagement réciproque (article 6 du code des assurances).
iii. Les conditions générales
Les conditions générales regroupent l’ensemble des dispositions communes à tous les
assurés pour un type de contrat. Elles décrivent les garanties proposées ainsi que les
obligations de l’assuré et de l’assureur.
L’article 8 du code des assurances prescrit les mentions obligatoires à faire figurer dans
le contrat d’assurance. Les conditions générales définissent en particulier les risques
couverts, les exclusions, les obligations des parties, les dispositions relatives aux
sinistres ainsi que les règles de compétence et de la prescription en cas de litige.
iv. Les conditions particulières
C’est le seul document signé conjointement par l’assureur et l’assuré. Il est la preuve de
l’engagement des parties et partant de l’existence du contrat.
Les conditions particulières sont spécifiques à chaque assuré. Elles précisent la situation
et les choix de l’assuré (risque souscrit, renseignements concernant l’assuré, garanties
choisies, cotisation, durée du contrat…).
Elles peuvent comporter des clauses qui dérogent aux conditions générales, sauf aux
dispositions impératives d’ordre public imposée par la réglementation des assurances
(article 2 du code des assurances).
v. La note de couverture
C’est un document qui constate une garantie provisoire accordée par l’assureur et pour
une durée limitée, en attendant que le contrat définitif ait pu être rédigé et signé.
vi. L’attestation d’assurance
L’attestation d’assurance est un document remis à l’assuré et qui lui permet de justifier
sa couverture en cas de besoin. L’application la plus usuelle se fait en assurance
automobile où l’assurance est obligatoire. Pour ne pas avoir à circuler avec l’ensemble
de son contrat, l’automobiliste reçoit une attestation d’un format et au contenu
réglementé qui lui permet d’apporter la preuve de son assurance en cas de contrôle.
La détention d’une attestation d’assurance fait présumer la souscription d’une garantie
d’assurance, mais n'implique pas une obligation de garantie de la part de l'assureur, qui
peut faire valoir la nullité ou la résiliation en cas de non-paiement des primes et de
fraude à la souscription par exemple.
3.1.2. Définitions de quelques termes usuels
a. Assuré
C’est celui dont les biens ou la personne sont exposés au risque, c'est-à-dire qui a recourt
au contrat d'assurance pour garantir sa vie, ses actes ou ses biens. C’est lui qui le plus
souvent paie la prime et reçoit les prestations en cas de survenance du risque.
Cette hypothèse est la plus simple car, la plupart du temps, trois personnes pouvant être
confondues interviennent à la souscription et dans la vie du contrat :
o Assuré, dont les biens ou la personne sont exposés au risque ;
o Souscripteur : C’est celui qui signe le contrat et s’engage envers l’assureur à payer
les primes ;
o Bénéficiaire : C’est celui qui perçoit la prestation en cas de réalisation du risque.
b. Assureur
L'assureur est celui qui s'oblige à payer la prestation prévue au contrat. L'assureur est
en, règle générale, une personne morale (société anonyme ou société à forme mutuelle
ou mutuelle), mais ce peut être aussi un groupement de personnes physiques, tel le
Lloyd'S de Londres.
En zone CIMA, la forme des entreprises d'assurance est définie par l'article 301 du code
des assurances qui précise : « Toute entreprise d'assurance d'un Etat membre
mentionnée à l'article 300 doit être constituée sous forme de société anonyme ou de
société d'assurance mutuelle ».
c. Prime ou cotisation
C'est le prix de l'assurance, la somme payée par l'assuré en contre partie des garanties
accordées par l'assureur. Prime et cotisation ont la même signification sauf que les
sociétés par action ont adopté le mot prime alors que dans les mutuelles on lui a préféré
cotisation.
L'échéance est la date à laquelle il faut payer la prime d'assurance. La prime peut être
unique et payée une seule fois ou périodique (annuelle, semestrielle ou trimestrielle).
d. Police
La police d'assurance est le document contractuel qui constate l’engagement réciproque
de l’assureur et de l’assuré (ou souscripteur) et régit leurs relations. Elle constitue la
preuve matérielle du contrat passé entre l'assureur et l'assuré.
Elle est composée au moins des conditions particulières et des conditions générales.
e. Sinistre
C'est la réalisation de l'événement dommageable (incendie, décès, naufrage du navire…)
qui a motivé la souscription du contrat d'assurance et susceptible d'entraîner la garantie
de l'assureur.
Pour les assureurs de responsabilité civile, il n 'y a sinistre que si la victime réclame un
dédommagement au responsable assuré.
f. Dommage
Il s’agit d’une perte, destruction, une atteinte corporelle, un manque à gagner. Le
dommage peut être de trois ordres :
o dommages matériels : dégâts causés à des immeubles, à des objets, à des
animaux ;
o dommages immatériels : Conséquences de la perte ou de la destruction de
l'objet ;
o dommages corporels : Atteinte corporelle à la suite d'un accident, et leurs
conséquences.
g. Contrat collectif ou contrat groupe
C’est un contrat d’assurance souscrit par une personne morale, ou par un chef
d’entreprise, qui a alors la qualité de souscripteur, au profit d’un groupe d’adhérents et
de leurs éventuels bénéficiaires.
Le contrat d’assurance pourra être modifié entre le souscripteur et l’assureur, sans avoir
à solliciter l’accord individuel des adhérents.
h. Intermédiaires
Les intermédiaires sont les structures ou personnes qui présentent les contrats
d’assurance au public. Au nombre des intermédiaires figurent :
o L’agent général : C’est une personne physique ou morale nommée au travers d’un
traité par la compagnie pour être son mandataire auprès des assurés. Les
rapports entre l’assureur et son agent général sont régis par la règle d’exclusivité
qui oblige l’agent général à réserver l’exclusivité de sa production à l’assureur qui
l’a nommé ;
o Le courtier d’assurance ou assureur conseil : Il peut être une personne physique
ou une personne morale. C’est un commerçant qui exerce son activité en dehors
de tout lien d’exclusivité contractuelle avec une ou plusieurs entreprises
d’assurance. Mandataire de ses clients, en cas de faute, il engage en principe sa
responsabilité professionnelle ;
o Le mandataire non salarié : Entre dans cette catégorie la personne physique non
salariée ou personne morale, autre qu’agent général d’assurances, mandatée par
une entreprise d’assurances avec ou sans lien d’exclusivité contractuelle.
L’activité d’intermédiaires d’assurances est réglementée par le code des assurances des
Etat membres de la CIMA en son livre V.
Pour vendre des contrats d’assurance, le courtier a l’obligation de disposer d’un
agrément, de souscrire une assurance de responsabilité civile professionnelle et de
justifier d’une garantie financière auprès d’une banque ou d’une société d’assurance.
L’agent général ou le mandataire non salarié doivent, préalablement à la présentation
des opérations d’assurances, disposer d’une carte professionnelle délivrée par le
Ministre en charge du secteur des assurances. Comme le courtier, l’agent général doit
justifier également d’une assurance de responsabilité civile professionnelle et d’une
garantie financière.
3.1.3. Typologie des garanties en assurance
On distingue fondamentalement deux catégories d’assurances selon l’objet sur lequel
porte le risque : les assurances dommages et les assurances de personnes.
a. Les assurances dommages
Elles ont pour but d’indemniser l’assuré contre les pertes ou les dommages subis par ses
biens. L’assureur de dommages garantit, sous les conditions du contrat, qu’après
survenance du sinistre, le patrimoine de l’assuré sera reconstitué en valeur comme si le
sinistre n’avait pas eu lieu.
Les assurances de dommages reposent sur le principe indemnitaire. Le contrat
d'assurance est un contrat aléatoire qui n'a rien à voir avec le jeu ou le pari. La mise en
jeu du contrat d'assurance ne peut en aucun cas être une occasion d'enrichissement sans
cause pour l'assuré ou sa victime dont la réparation doit être strictement
proportionnelle au dommage qu'elle a subi. Le bénéficiaire de l’indemnité ne peut donc
recevoir une indemnité supérieure au montant du préjudice effectif. Le principe
indemnitaire est d'ordre public.
Malgré le principe indemnitaire, très souvent, le risque supporté par l’assuré peut n’être
que partiellement pris en charge par l’assureur. En effet, il est fréquent qu’il soit stipulé
dans la police d’assurances des clauses de franchise et de plafond de garantie. La
franchise est un découvert absolu ou relatif qui reste à la charge de l’assuré dans
l’indemnisation d’un sinistre. Le plafond de garantie est le montant maximum
d’intervention de l’assureur par sinistre.
Les assurances de dommages se subdivisent en deux grandes catégories :
o Les assurances de choses qui garantissent les biens appartenant directement à
l’assuré ;
o Les assurances de responsabilités civiles qui garantissent les dommages que
l’assuré ou les personnes dont il répond pourraient causer à d’autres personnes.
Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par
la faute duquel il est arrivé à le réparer (article 1382 du code civile).
b. Les assurances de personnes
Elles ont pour objet le versement de prestations forfaitaires en cas d’événement
affectant la personne même de l’assuré. Les assurances de personnes se subdivisent
également en deux grandes catégories :
o Si le risque est la maladie ou l’accident on parle d’assurance dommage corporel ;
o Si le risque est la survie ou le décès, on parle d’assurance vie.
o Le principe indemnitaire ne s’applique pas dans le cas des assurances survie ou
décès mais s’applique en cas de maladie. En assurance vie, la prestation est
forfaitaire dans la mesure où le montant de la prestation versée, le cas échéant,
par l’assureur est fixé au contrat. L’idée du principe forfaitaire est que la vie
humaine n’a pas de prix.
3.1.4. Typologie des sociétés et principe de spécialisation
La réglementation des assurances en zone CIMA distingue deux grands ensembles
d’opérations d’assurances directes :
o les opérations d’assurances dommages de toutes natures (y compris la maladie et
l’accident), communément désignées sous les termes Incendie, Accident et
Risques Divers (IARD) ou d’assurances non vie (1) ;
o les opérations d’assurances vie (2).
Le législateur, dans le but de protéger les intérêts des assurés relevant d’engagements
de nature très différente, a interdit à une même entreprise de pratiquer des opérations
d’assurances relevant de la rubrique 1 et des opérations relevant de la rubrique 2.
Les entreprises d’assurance, qu’elles aient le statut de société anonyme ou de société
d’assurance mutuelle ne peuvent donc prendre que l’une des formes suivantes :
o les sociétés d'assurance vie et capitalisation, appelées sociétés vie ;
o les sociétés d'assurance non vie IARD ou sociétés dommages.
La raison de cette spécialisation tient au fait que le contrat vie court le plus souvent une
longue période et les contrats dommages sont le plus souvent annuels. Il faut empêcher
que l’assureur paie les prestations dommages avec les primes vie.
3.1.5. Répartition et capitalisation
Pour être en mesure de tenir son engagement, payer aux assurés les prestations prévues
dans les contrats, l’assureur utilise deux techniques de gestion : la répartition ou la
capitalisation.
a. La technique de répartition
Dans la gestion en répartition, la masse des primes payées par la mutualité des assurés
au cours d’une période donnée est repartie entre les sinistrés. La gestion de la mutualité
se fait donc par année d’assurance.
Peuvent être gérés selon la technique de répartition, les risques présentant les
caractéristiques suivantes :
o le risque doit être constant : constance de la probabilité de réalisation, si la
probabilité de réalisation peut connaître des variations saisonnières, elle reste
sensiblement identique au cours d’une période de temps ;
o la constance de la prime : les risques sont couverts moyennant une prime
constante pour une courte période, l’année en général ;
o l’indemnisation est quasi immédiate et se fait en un versement unique.
Ce schéma idéal de la répartition ne se rencontre qu’exceptionnellement (les caisses de
sécurité sociales étatiques en général) :
o Pour les contrats allant au-delà de la fin de l’exercice, l’assureur doit affecter à
l’exercice suivant la part de prime de la période restant à courir pour lui
permettre de tenir ses engagements.
o Si certains sinistres peuvent être payés immédiatement (dommages matériels,
maladie, etc.), la liquidation d’autres sinistres peut prendre du temps (pollution,
accident corporel,…). Pour pouvoir payer ces sinistres en suspens, l’assureur doit
constituer des provisions.
b. La technique de la capitalisation
Certaines catégories d’assurances ne peuvent pas être gérées à l’intérieur d’une
mutualité annuelle. Les engagements y relatifs sont de long terme, ils peuvent porter sur
un aspect d’épargne plutôt que de risque, et le risque lui-même varie tout au long de la
durée du contrat. La probabilité de décès par exemple augmente avec l’âge de la
personne assurée au fur et à mesure que sa probabilité de survie lui décroit.
Le risque étant variable, la prime devrait en principe varier d’une année sur l’autre. Ce
qui serait commercialement difficile à faire accepter par l’assuré. Il est peu agréable
pour lui, en cas de décès, de se voir réclamer une prime plus élevée chaque année sous
prétexte que sa probabilité de décès augmente régulièrement. Au lieu donc d’une prime
variable, l’assureur uniformise la prime en demandant à l’assuré un montant constant ou
moyen. On parle alors de nivellement de la prime. Ce qui signifie qu’à certains moments
l’assuré paie une prime supérieure au montant correspondant à son risque et qu’à une
autre période il paie une prime inférieure à ce qu’il devrait acquitter compte tenu de la
nature de son risque. Ainsi, lorsque le risque croit avec l'âge, l'assureur doit mettre de
côté une fraction des primes des premières années pour compenser l'insuffisance de la
prime nivelée en fin de contrat (provision mathématique).
Pour réaliser l'équilibre de ces recettes et de ces dépenses l'assureur doit effectuer :
o Une compensation individuelle (contrat par contrat dans le temps) : L'assureur
provisionne le trop perçu des premières années, et comme il s'agit des sommes
importantes et d'un nombre élevé d'années, il doit créditer ce dépôt d'un intérêt.
Les excédents ainsi provisionnés combleront en fin de contrat l'insuffisance de la
prime moyenne ;
o Soit une compensation collective : Au sein d'une collectivité dont l'âge moyen
varie peu, l'assureur répartit la charge du groupe au prorata des capitaux assurés,
ce qui le conduit à réclamer une prime plus élevée pour les éléments les plus
jeunes du groupe et une prime moins élevée pour les éléments les plus âgés du
groupe.
3.2. STATISTIQUES ET COMPENSATION DES RISQUES
L’assurance a été établie de sorte que la perte pèse légèrement sur beaucoup plutôt que
lourdement sur peu. La prestation servie par l’assureur revient à répartir sur tous les
assurés les conséquences des sinistres qui surviennent à quelques-uns. On parle de
mutualisation des risques.
3.2.1. La nécessité d’une mutualisation
Réduite à un seul contrat avec un assuré unique, l’opération d’assurance ne serait qu’un
pari pour l’assureur. En effet, la prime est certaine et connue d’avance. En l’encaissant,
l’assureur s’engage à verser une prestation dont il ignore le montant. Cette prestation
n’est versée que s’il y a sinistre. Il est donc aléatoire. Si le risque ne se réalise pas
l’assureur fait un bénéfice au niveau du montant de la prime. Dans le cas où le risque se
réalise, il fait une perte importante, voire insupportable pour lui selon l’ampleur des
dommages.
Pour une police d’assurance automobile couvrant la responsabilité civile de l’assuré par
exemple, la garantie est illimitée par principe. Pour une prime de l’ordre de 120 000
F CFA, le sinistre peut atteindre des milliards de francs CFA. Supposons par exemple que
la voiture assuré cale sur un passage à niveau et fait déraillé un train. L’assureur prendra
en charge les dommages au véhicule assuré, ceux subis par le train et les voies ferrées,
mais aussi les dommages causés aux chargements des rames, ce qui peut atteindre
facilement le milliard de F CFA de dommages. Pour pouvoir payer ce sinistre, l’assureur
doit avoir encaissé des primes sur de nombreux contrats sur lesquels aucun sinistre
n’est enregistré. En supposant le portefeuille que l’assureur n’a connu qu’un seul sinistre
de 1 200 000 000 F CFA par exemple, l’assureur doit avoir souscrit au moins 10 000
contrats.
Pour que chaque opération d’assurance ne soit pas un pari entraînant la faillite de
l’assureur dès lors qu’un sinistre survient, l’assureur doit réunir un grand nombre
d’assurés de manière à ce qu’ils se compensent au sein d’une mutualité. Par ce
mécanisme, l’assureur transforme les aléas de chaque risque en certitude pour
l’ensemble grâce à la mutualisation. Il paie le sinistre avec les primes reçues de tous les
assurés les indemnités à verser aux sinistrés.
C’est la loi des grands nombres qui permet à l’assureur de pouvoir organiser la
mutualité afin de pouvoir tenir son engagement.
3.2.2. Assurance et loi des grands nombres
Notons n le nombre d’assurés de la mutualité, la prime payé par le ième assuré et
la prestation que peut recevoir un assuré i. La prestation peut être nulle ou positive
en cas de sinistre. C’est donc une variable aléatoire.
L’assureur encaisse la somme connue d’avance ∑

et

versera la somme des prestations aléatoires ∑


{

Le rôle originel de l’actuariat était de prévoir cette charge de prestation avec le


maximum de précision.
La situation de l’assureur s’est-elle améliorée par rapport à celui qui n’aurait qu’un seul
contrat ?
La loi des grands nombres répond à cette question. Elle affirme que, sous certaines
conditions, plus le nombre de risques assurés est élevé plus l’incertitude sur le montant
total de prestation diminue et se rapproche de l’espérance mathématique :

E (∑ ) qui n estpas une variable aléatoire

Pour que la mutualité des assurés réponde aux caractéristiques d’un portefeuille saint,
elle doit obéir aux conditions d’application de la loi des grands nombres. Les risques
doivent être identiques et indépendants les uns des autres. La loi des grands nombres
est valable pour des risques assez homogènes et assez indépendants.
Les risques sont homogènes s’ils sont de même nature (fréquence et intensité du risque
de même ordre) et de montants comparables.
Exemple : Temporaire décès.
Capital en cas de décès : K = 10 millions FCFA, na = 10 000 assurés, q = 1% (probabilité
de décéder dans l’année).
On note Nd le nombre de décès dans l’année.
Quelle est la loi suivie par Nd ?
Calculer E( ), ( ),  ( ) et donner un intervalle de à 99,8%. Valeur
correspondante de (0,1) est 3,1.
Réponse :
est le nombre de décès dans l’année. suit une loi binomiale de paramètres :
(n , q). En effet on peut écrire :

1 avec la probabilité q
Où { et
0 avec la probabilité 1 q
est donc la somme d’une loi de Bernoulli.
E( ) n q 100
( ) n q (1 q) 100 0,

( ) √n q (1 q) √ ,
Intervalle de confiance de à 99,8%, t = 3,1 :
E( )
suit une loi ormale de paramètres (0,1). On sait que si la variable aléatoire
( )
U suit (0,1) alors ,1 ,1 à ,8
E( )
Soit ,1 ,1
( )
,1 ( ) E( ) ,1 ( )
E( ) ,1 ( ) E( ) ,1 ( )
A.N :
100 ,1 , 100 ,1 ,
100 ,1 , 100 ,1 ,
,1 1 0,8
Il y a 99,8% de chance que appartienne à l’intervalle [ 1 1].
0,8
L’incertitude relative sur le nombre de décès est de 1 .
100
On peut montrer que si on multiplie le nombre d’assurés par 100, l’incertitude relative
est de l’ordre ,1 .
Un intervalle de confiance de est toujours de la forme [E( ) a E( ) a]. Avec
un tel intervalle, l’incertitude dans la détermination de est de l’ordre de a.
On voit qu’en multipliant le nombre d’assurés par 100, on a divisé l’incertitude relative
par 10.
Plus généralement, si on multiplie le nombre de risques par n, l’incertitude absolue est
multipliée par √n et l’incertitude relative divisée par √n.
Lorsque les risques sont identiques et indépendants, la loi des grands nombres dit, sous
certaines conditions, que le montant aléatoire des prestations à payer par l’assureur
peut être d’autant mieux prévu que le nombre d’assurés est plus grand.
La loi des grands nombres permet donc de diminuer l’incertitude relative qui pèse sur
les comptes de l’assureur.
Quand l’assureur couvre un grand nombre d’assurés, il n’y aura pas trop de variation
relative dans le nombre de sinistré estimé initialement.
Remarque :
L’impératif d’homogénéité, notamment sur la valeur des risques, exige que l’assureur
fixe un montant maximum qu’il peut garantir par risque pour rester dans les normes de
ses prévisions statistiques.
Si les risques assurés ne sont pas suffisamment nombreux, homogènes et indépendants
pour que l’assureur puisse prévoir correctement la somme des sinistres, en d’autres
termes, si la loi des grands nombres ne peut pas s’appliquer, l’assureur ne refuse pas
pour autant de souscrire le risque.
Pour assurer l’homogénéité de son portefeuille, l’assureur dispose de deux techniques, la
coassurance et la réassurance.
Lorsque le montant à garantir sur un risque dépasse la valeur moyenne des risques de
son portefeuille de contrats, l’assureur a deux possibilités. Soit il se contente de
souscrire une fraction du risque, le reste étant garanti par d’autres assureurs, soit il
souscrit la totalité du risque et place le montant excédentaire auprès d’un réassureur.
3.3. LES MOYENS DE NIVELLEMENT DU RISQUE
3.3.1. La coassurance
La coassurance consiste à partager le risque en un certain nombre de parts, égales ou
non, réparties entre plusieurs assureurs.
Dans cette opération, l’assuré est juridiquement lié à chacun des coassureurs. En effet, la
police unique est signée de chacun d’eux. Chaque coassureur est garant de la part qu’il a
acceptée, sans solidarité avec les autres coassureurs. Il en perçoit une prime
correspondante.
En pratique, les coassureurs choisissent l’un parmi eux pour régler toutes les questions
avec l’assuré. Celui-ci, appelé apériteur, établit la police, les quittances, encaisse les
primes et les répartit entre les coassureurs. Il reçoit pour ce faire une commission
d’apérition.
3.3.2. La réassurance
Selon les caractéristiques propres de son portefeuille de contrats, l’assureur va chercher
à se prémunir contre :
o le sinistre de montant exceptionnellement élevé (en distinguant les cas où le
montant maximum est connu ou inconnu) ;
o l’écart entre le résultat possible et le résultat attendu (mutualisation insuffisante
ou insuffisance de fonds propres) ;
o le risque de cumul.
Ainsi les entreprises d’assurance bâtissent-elles, en fonction des caractéristiques
propres à leur activité (début d’activité, branches pratiquées, …), leur programme de
réassurance. Celui-ci consiste en la combinaison de plusieurs traités de réassurance de
différentes sortes et de facultatives (accords de réassurance pour certaines affaires hors
norme nécessitant une couverture spéciale en réassurance).
L’assureur, ou entreprise cédante, se réassure donc auprès d’une ou plusieurs
entreprises cessionnaires, ou réassureurs. Eux-mêmes peuvent rétrocéder une partie
des risques qu’ils ont pris en charge à d’autres réassureurs, qualifiés alors de
rétrocessionnaires.
a. Définition
Un contrat de réassurance (ou traité de réassurance) est un contrat par lequel un
réassureur (cessionnaire) s'engage moyennant rémunération à prendre en charge tout
ou partie des risques garanties par un assureur (cédante).
Une partie des primes
Primes

Contrat d'assurance Traité de réassurance


ASSURE ASSUREUR REASSUREUR

Prestations Une partie des prestations


Et des commissions de
Remarque : réassurance

o Le seul responsable vis-à-vis de l'assuré est l'assureur ;


o Une affaire cédée par l'assureur constitue une acceptation pour le réassureur ;
o Lorsque le risque est cédé est 100%, on parle de fronting.
On distingue classiquement les traités de réassurance dits proportionnels des traités
non proportionnels.
b. Réassurance proportionnelle
L'assureur cède au réassureur une fraction des primes en échange de la prise en charge
par le réassureur d'une même fraction du montant des sinistres. Deux types de traités
proportionnels sont rencontrés :
o les traités en quote part ;
o les traités en excédent de plein.
i. La réassurance en quote part
C’est la forme la plus simple de la réassurance. Le réassureur prend en charge sur tous
les risques du portefeuille une proportion constante de ceux-ci. En échange de ce
service, il reçoit la même proportion de primes.
L’assureur cédant la même part sur des risques faibles et des risques plus importants, on
constate que le profil de portefeuille conservé par l’assureur est semblable :
o au portefeuille initial ;
o au portefeuille accepté par le réassureur.
Seul le niveau des engagements a été alors modifié.
Soit le taux de rétention du risque par l'assureur. Dans un traité de réassurance quote-
part.
π 1 π
ASSURE ASSUREUR REASSUREUR

(1 )
Avec un traité de réassurance proportionnelle, le sort de l'assureur et du réassureur
sont liés. Ils courent les mêmes risques, l'assureur prenant à sa charge une fraction de
ces risques et le réassureur une fraction (1 ).

L assureur cède une fraction (1 ) de l’ensemble des primes, soit (1 )∑ .

Il cède donc une fraction (1 ) du chargement de gestion incluse dans la prime


commerciale,

soit (1 ) ∑ où est le chargement de gestion.

Comme les frais de gestion de l'assureur ne sont pas diminués par la réassurance, il est
normal que le réassureur rembourse une partie des chargements cédés.
Il est donc d’usage que le réassureur reverse à l'assureur, une commission de
réassurance notée :

C (1 )∑ où C est le taux de commission de réassurance.

Si C , la commission de réassurance vaut (1 ) ∑ , le réassureur rembourse

exactement à l'assureur la fraction des primes commerciales correspondant aux


chargements de gestion.
ii. L’excédent de plein (ou excédent de capitaux, ou excédent de risque)
Le traité en excédent de plein peut s’appréhender comme une quote part appliquée
risque par risque.
L’assureur définit pour chaque catégorie d’assurances son plein de conservation. Le
réassureur prend en charge uniquement la portion des risques dépassant le plein de
conservation et au plus du niveau de la capacité du traité fixé en nombres de pleins
(plein de conservation et capacité donne le plein de souscription). En échange de ce
service le réassureur reçoit, sur chaque risque concerné, la proportion de prime
correspondant à la même proportion du dépassement accepté dans le capital assuré.
En cas de sinistre, la répartition de l’indemnité se fait à l’aide de la clé qui à servir à
répartir les capitaux et la prime.
c. Réassurance non proportionnelle
Dans un traité de réassurance non proportionnel, le réassureur prend l’engagement de
payer à l’assureur un certain montant du sinistre ou de perte. En contrepartie, le
réassureur perçoit une prime pour compenser le risque qu’il prend.
Les traités non-proportionnels sont :
o les traités en excédent de sinistres
o les traités en excédent de pertes
i. Réassurance en excédent de sinistre (Excess of loss)
L’excédent de sinistre est défini par une priorité ou franchise et un plafond. Le
réassureur prend en charge la partie de tout sinistre qui excède la priorité du traité et
dans la limite de la portée ou capacité du traité (différence entre le plafond et la
priorité). Ce qui est traduit par la notation : Capacité XS Priorité (C XS P).
Cette notation signifie que dès que l’événement dépasse le niveau indiqué par la priorité,
le réassureur prend à sa charge ce qui dépasse ce niveau. Mais sa prise en charge sur cet
événement ne peut pas être supérieure à la portée.
Pour chaque sinistre X, le réassureur n'intervient que si X>C et dans la limite de la
portée P.
Exemple. X=500 000, priorité =400 000, capacité =50 000
Le réassureur n'intervient que sur la fraction du sinistre qui excède la priorité c'est-à-
dire sur X-C = 100 000. De plus, il n'intervient que dans la limite de la portée c'est-à-dire
qu'il verse à l'assureur au maximum un montant P par sinistre. Dans l'exemple, il
versera 50 000 à l'assureur.
Généralement, les plans de réassurance sont composés d’un empilement de plusieurs
traités en excédent de sinistres comportant plusieurs tranches où la dernière peut être
illimitée.
Le traité en excédent de sinistres existe sous deux formes : le traité en excédent de
sinistres par risque et le traité en excédent de sinistre par événement (ou catastrophe).
ii. Réassurance en excédent de perte annuelle
Le traité en excédent de pertes annuelles prévoit l’intervention du réassureur lorsque la
charge annuelle globale de sinistres sur une branche donnée dépasse un seuil
déterminé : ce seuil est défini comme un montant (aggregate loss) ou comme un niveau
S S
de ( ). Ces traités ont également une portée limitée ( maximum).
P P
3.4. CADRE COMPTABLE ET REGIME FINANCIER DES ENTREPRISES D’ASS RA CE
Les activités de la société d’assurance s’exercent dans un cycle de production inversé.
Elle encaisse les primes avant de fournir les prestations, longtemps après, si le risque
assuré se réalisait. Contrairement à une entreprise classique, la société d’assurance ne
connaît donc pas son prix d’achat (le montant des sinistres qui surviendront) au
moment où elle fixe son prix de vente (le montant de la prime payée par les assurés).
La gestion comptable et financière de l’entreprise d’assurance exige par conséquent
qu’elle soit toujours en mesure de tenir ses engagements envers les assurés et
bénéficiaires de contrats.
Aussi, pour assurer la protection des assurés et bénéficiaires de contrats, le Législateur a
enserré les opérations d’assurances dans un ensemble de réglementations en vue de
garantir une plus grande sécurité.
La société d’assurance se voit donc imposer un cadre comptable et un régime financier
qui visent sa sécurité financière et sa solvabilité. En effet, il est important de s’assurer
que la société est solvable actuellement et qu’elle le restera jusqu’à ce qu’elle ait fini de
remplir ses engagements en cours.
Les règles régissant la comptabilité et le régime financier particuliers applicables aux
sociétés d’assurance sont édictées par les Livre IV et Livre III, Titre III du code des
assurances CIMA.
3.4.1. Les principes généraux
L'information la plus complète et la plus fiable d’une entreprise est d'origine comptable,
pourvu que la comptabilité réponde à des normes et qu'elle s'attache à fournir une
image fidèle de l’activité.
Du fait de son cycle de production inversée qui induit des risques particuliers, le
législateur a défini un plan comptable spécifique qui fixe les normes d’enregistrement
des différents opérations résultant de l’activité des sociétés d’assurances. En plus des
états de synthèses annuels classiques, les entreprises d’assurance doivent établir des
états statistiques d’analyse portant sur les différents aspects de leurs activités.
L’ensemble du dossier composé de ces éléments, complétés par des informations
administratives et des rapports sur la gouvernance sont transmis annuellement aux
autorités de contrôle. Il sert de base au contrôle sur pièces.
La réglementation des assurances à adopter l’approche du prix d’achat ou coût
historique pour l’évaluation des éléments d’actifs.
En ce qui concerne l'objectif de restitution d'une image fidèle, il faut retenir que
l'assurance a une comptabilité dite de « droits constaté », ce qui veut dire qu'elle
enregistre dès leur naissance les engagements donnés, et qu'au surplus elle doit pouvoir
montrer que l'assureur est en état de faire face à ces promesses.
En ce qui concerne le passif, la nature aléatoire des engagements de l'assureur, ainsi que
leur durée parfois très longue, sont deux caractéristiques qui peuvent complexifier
l’arrêté des chiffres. En effet, s’il est facile d'enregistrer le montant d'un paiement
effectué, il est beaucoup plus complexe d'évaluer des paiements futurs lorsque
l'éventualité qui les provoquera est incertaine et que les montants sont entachés d'aléas.
Pour apporter la preuve que les engagements seront tenus, il faut pouvoir anticiper à la
fois les charges futures et les recettes futures. Pour ce faire des techniques actuarielles
spécifiques doivent être utilisées, avec un souci de prudence et une nécessité de
transparence pour le choix des hypothèses.
La difficulté de la tâche et sa technicité peu accessible est à la base de l'intervention le
contrôle sous la surveillance de l'Etat.
3.4.2. L’inversion du cycle de production et la traduction comptable de l’opération
d’assurance
Comme toute entité économique, un assureur est tenu de retracer ses opérations sous
forme d’une comptabilité dont l’un des aspects est d’être patrimonial. Lors de chaque
arrêté des comptes, il faut recenser l’ensemble des actifs et des passifs de l’assureur. La
différence constitue sa richesse propre (capitaux propres ou situation nette). Le tout est
représenté sous forme d’un bilan.

Actif Passif
A = Valeurs de ce que la société Situation nette = A-B
possède (immeubles, obligations,
B = Valeurs des dettes
actions, trésorerie)
Total Bilan Total Bilan

L’inversion du cycle de production modifie dans une certaine mesure la perception du


bilan de la société d’assurance. Le bilan montre comment l’assureur couvre ses
engagements envers les assurés (les prestations à payer) par des placements en
investissant les primes fixées à priori et encaissées.
L’actif d’une entreprise d’assurance est donc composé essentiellement des placements
effectués avec les primes collectées.
Le passif réel (dettes contractées envers les tiers) est constitué essentiellement des
provisions correspondant aux engagements contractés envers les assurés.
La situation nette est la différence entre actif et passif réel. Ce sont les fonds propres de
l’assureur. La situation nette doit être positive, sinon, l’entreprise est en situation de
faillite virtuelle ou insolvable (elle ne peut plus honorer une dette exigible avec la
trésorerie disponible).
Les fonds propres s’accroissent avec les bénéfices et diminuent avec les pertes. Leur
niveau garantit donc, dans une certaine mesure, la solvabilité de l’assureur.
La variation de la situation nette sur une période (généralement année civile), appelée
exercice, forme le résultat de l’exercice. Le compte de résultat permet d’expliquer la
formation de ce résultat. Il est constitué de compte de charges et de produits. Le résultat
de l’assureur provient de la différence entre les produits de l’exercice (essentiellement
les primes émises) et les charges (essentiellement les sinistres payés ou à payer).
En zone CIMA, le résultat de la société d’assurance est résumé au travers du compte
d’exploitation générale, qui permet de dégager le résultat d’exploitation, et du compte de
perte et profits qui, à partir du résultat d’exploitation, évalue les opérations hors
exploitation pour dégager le résultat patrimonial net.
3.4.3. Le régime financier des sociétés d’assurance et le contrôle
L’inversion du cycle de production fait que l’assuré, quand il paie sa prime, ne sait pas si
l’assureur sera en mesure de respecter son engagement ou pas. Il achète une promesse
et ne peut en général contrôler la solvabilité de l’assureur. Or il existe un risque que
l’assureur fasse faillite et n’honore pas les engagements pris dans le cadre des contrats
souscrits par les assurés et déjà payés.
C’est pour lutter contre ces risques que les pouvoirs publics ont réglementé l’activité
d’assurance (existence d’une réglementation spécifique à cette activité, le code des
assurances CIMA) et soumettent les sociétés d’assurance à un contrôle permanent
(assuré par la Commission Régionale de Contrôle des Assurances dans la zone CIMA), de
manière à assurer le bon fonctionnement du secteur.
L’exercice de l’activité d’assurance est subordonné à l’obtention préalable d’une
autorisation administrative, l’agrément. Cet agrément peut être retiré à tout moment dès
lors que l’autorité juge que la société n’est plus apte à faire face à ses engagements.
L’objectif principal du contrôle est la sauvegarde de l’intérêt des assurés et bénéficiaires
de contrats.
Les éléments examinés par le contrôle constituent ce qui est convenu d’appeler les trois
piliers de la solvabilité des sociétés d’assurances :
o La suffisance des provisions techniques : les provisions techniques doivent être
prudemment calculées, suffisantes pour le règlement intégral des engagements
envers des assurés ou bénéficiaires de contrat (article 334 du code des
assurances) ;
o la qualité des placements : les actifs admis en représentation des engagements de
l’assureur doivent être sûrs (pas de risque de dépréciation), liquides (faciles à
vendre en cas de nécessité), rentables et congruents (exprimés dans la même
devise que les engagements) (article 335 du code des assurances) ;
o la marge de solvabilité : la société d’assurance se doit de disposer des fonds
propres de niveau suffisant, supérieurs en tout état de cause à un minimum
réglementaire exigé (article 337 du code des assurances).
3.4.4. Les opérations d’inventaires et de fin d’exercice
a. Les engagements envers les assurés : les provisions techniques
Les engagements de l’assureur envers les assurés au titre des contrats en cours qui n’ont
pas été réglés doivent être évalués au moment de l’inventaire. Ils sont inscrits au passif
du bilan sous le nom de provisions techniques.
Les provisions techniques généralement inscrites dans les comptes des sociétés
d’assurance de la zone CIMA et qui doivent être couvertes par des placements sont :
i. Société d’assurance dommages (article 334-8 du code des
assurances) :
o provision pour risques en cours (PREC) : provision destinée à couvrir les risques
et les frais généraux afférents, pour chacun des contrats à prime payable
d'avance, à la période comprise entre la date de l'inventaire et la prochaine
échéance de prime, ou à défaut, le terme fixé par le contrat. L’article 4-10 du
code des assurances pose les principes de calcul de cette provision et fixe son
montant minimum ;
o provision pour sinistres à payer (PSAP) : valeur estimative des dépenses en
principal et en frais, tant internes qu'externes, nécessaires au règlement de tous
les sinistres survenus et non payés, y compris les capitaux consécutifs des rentes
non encore mises à la charge de l'entreprise. Cette provision doit être évaluée
dossier par dossier (article 334-12 du code des assurances), inclure un
chargement de gestion (article 334-13 du code des assurances) et une estimation
des sinistres tardifs non encore déclarés.
L’assureur doit également constituer une provision pour annulation de primes (PAP),
qui n’est pas considérée comme engagement réglementé. Elle vient corriger le chiffre
d’affaires de l’entreprise des émissions qui seront annulées dans le futur. Elle se calcule
statistiquement, à partir de l’historique des annulations du passé (Circulaire
N°00090/CIMA/CRCA/PDT/2006 du 14 juillet 2006).
Avec les nouvelles dispositions de l’article 13, qui interdisent la souscription de contrat
dont la prime n’est pas payée, cette provision devrait être sans objet à l’avenir.
On regroupe sous le vocable « provision de primes », la dotation au titre de la provision
pour risque en cours et de la provision pour annulation de primes.
ii. Société d’assurance vie (article 334-2) :
o provision mathématique (PM) : différence entre les valeurs actuelles des
engagements respectivement pris par l'assureur et par les assurés (article 338 du
code des assurances) ;
o provision pour participation aux bénéfices (PB) : montant des participations aux
bénéfices attribués aux bénéficiaires de contrats (articles 81 et suivants du code
des assurances) lorsque ces bénéfices ne sont pas payables immédiatement après
la liquidation de l'exercice qui les a produits. Le code des assurances fixe un délai
de trois ans aux sociétés d’assurance pour les attribuer aux contrats.
b. Notions comptables de prime
i. Primes acquises
La notion de primes acquise peut être mise en exergue au niveau du compte
d’exploitation générale ou des états statistiques (états CIMA) :
o Primes acquises à un exercice comptable : Elle ressort du compte d’exploitation
générale et résulte de la correction des émissions nettes d’annulation par la
variation des provisions de primes :
Primes acquises comptables Primes et accessoires, nets d’annulation (tous
exercices) + PREC et PAP à l’ouverture de l’exercice-PREC et PAP à la clôture.
Les primes acquises à un exercice comptable ressortent au crédit du compte
d’exploitation générale sous la rubrique « primes de l’exercices ». Elles sont
rapprochées des prestations et frais payés pour déterminer le taux de sinistres à
S
primes, noté , de l’exercice comptable.
P
o Primes acquises à un exercice de compétence ou de référence : On parle aussi de
primes acquises statistiques, elles sont obtenues à travers le tableau A de l’état
statistique C10b. Elle est calculée comme suit :
Primes acquises à un exercice de compétence =Primes reportées de l’exercices
précédent Primes payables d’avance émises dans l’exercice primes payables
à terme échu + primes à émettre – PAP de l’exercice courant et primes à reporter
de l’exercice courant.
ii. Primes acquises et non émises (PANE)
Ce sont des primes qui auraient dû être émises au cours de l’exercice et qui ne le seront
effectivement qu’au cours de l’exercice suivant. Elles résultent de contrats dont les
primes sont calculées à partir d’éléments qui ne sont connus avec exactitude qu’à la fin
de l’année : masses salariales, chiffres d’affaires, …, et dont les déclarations ne
parviennent à la société d’assurance qu’au mois de janvier de l’exercice suivant. Elles
peuvent aussi provenir des omissions des centres de production ou des retards
administratifs. Elles peuvent être obtenues également au travers d’une évaluation
statistique.
En tout état de cause, le montant définitif à comptabiliser devra tenir compte de la PREC,
de la commission d’acquisition et des éléments de cession en réassurance.
c. Notions de charge de sinistres
i. Définitions
La charge de sinistres représente le coût pour l’assureur de l’indemnisation de l’assuré.
C’est la somme des éléments suivant :
o Règlement (sommes versées à l’assuré) ;
o Provision pour sinistres à payer (PSAP) ;
o Frais (frais divers de l’assureur pour la gestion des sinistres).
La charge de sinistre peut être calculée brute de recours ou nette de recours :
o Recours : somme perçue de la part de tiers responsables (subrogation de
l’assureur dans les droits de l’assuré indemnisé contre les tiers à l’origine du
sinistre) ;
o Prévisions pour recours : estimation de la somme restant à recevoir de la part de
tiers responsables.
De même, la charge de sinistres peut être calculée brute de réassurance ou nette de
réassurance :
o Sinistres cédés : somme reçue de la part des réassureurs au titre des sinistres en
application des traités de réassurance ;
o Part des réassureurs ou cessionnaires dans la provision pour sinistres à payer :
estimation de la somme restant à recevoir de la part des réassureurs au titre des
sinistres en application des traités de réassurance.
Le code des assurances prescrit la comptabilisation distincte :
o des PSAP brutes de recours et de réassurance ;
o des provisions de recours ;
o de la part des cessionnaires dans les PSAP.
ii. Charge de sinistres de l’exercice comptable
Elle ressort au débit du compte d’exploitation générale. La Charge de sinistres s’obtient
en ajoutant aux prestations et frais payés, nets de recours de l’exercice, la variation des
provisions de sinistres :
Charge de sinistres = Prestations et frais payés, nets de recours en N + PSAP nets de
recours fin N – PSAP nets de recours fin N-1.
iii. Charge de sinistres d’un exercice de compétence
Il s’agit d’une charge de sinistres statistique, obtenue à travers le tableau C de l’état
statistique C10b :
Charge de sinistres = prestations et frais payés au cours des exercices précédents au
titre de l’exercice de compétence prestations et frais payés dans l’exercice inventorié
et se rapportant à l’exercice de compétence provisions pour sinistres à payer à la
clôture de l’exercice inventorié au titre des sinistres de l’exercice de compétence.
iv. Liquidation des sinistres : boni et mali de liquidation
Les boni/mali de liquidation sont la variation, pour un même exercice de survenance, de
la charge de sinistres entre deux dates de vision.
On parle de boni de liquidation lorsque la charge de sinistres d’un exercice de
compétence vue fin N-1 est supérieure à la charge de sinistre de cet exercice vue à fin N.
Ce qui revient au même de dire que la PSAP à fin N-1 est supérieure à la somme des
règlements en N et de la PSAP à fin N.
L’étude des boni et mali de liquidation des sinistres permet :
o d’apprécier ex post si les PSAP étaient suffisantes ou non pour éventuellement
corriger les méthodes de provisionnement ;
S
o de suivre l’évolution de la sinistralité ( ) par exercice de règlement.
P
La charge de sinistre d'un exercice comptable peut se décomposer ainsi :
Charge comptable = charge de l'exercice courant - boni/mali sur exercices antérieurs.
v. La notion de ratio combiné
Le ratio combiné est une composante essentielle pour appréhender la performance des
sociétés d’assurance. Il permet de mesurer la rentabilité technique de l’activité
d'assurance. Le ratio combiné s'obtient en calculant le rapport des prestations et frais de
l’exercice et des frais généraux sur les primes émises :
Charges de sinsitres de l exercice Commission Autres charges
Ratio combiné
Primes émises Primes émises
Si le ratio combiné dépasse 100 %, cela signifie que les dépenses sont supérieures aux
recettes. L'assureur peut toutefois compenser ses pertes techniques par ses bénéfices
financiers (produit des placements disponibles entre le moment où sont encaissées les
primes et celui où les éventuels sinistres sont indemnisés).
3.4.5. La représentation des dettes privilégiées
En cas de mise en liquidation d’une société, ses actifs sont cédés pour régler les dettes
subsistantes.
Pour le cas particulier des sociétés d’assurance, leurs placements sont affectés par un
privilège général pour le règlement de leurs engagements envers les assurés et
bénéficiaires de contrats et certains autres engagements dits privilégiés. En cas de
liquidation, ces créanciers privilégiés sont remboursées avant les autres. Les créanciers
privilégiés en assurance sont les assurés, l’Etat et le personnel de la société. On désigne
ces engagements privilégiés sous les termes engagements réglementés.
Les engagements réglementés doivent à toute époque être représentés à l’actif par des
placements équivalents localisés dans le pays du risque. Ces placements doivent être
sûrs, liquides, rentables, congruents. Ils peuvent être localisés dans d’autres Etats
membres de la CIMA dans la quotité d’au plus 50 % des actifs représentatifs des
engagements réglementés.
Comme les autres actifs au bilan des sociétés d’assurance, le mode d'évaluation retenu
par la réglementation de la zone CIMA pour les placements est l’approche comptable
traditionnelle du coût historique. Elle présente l'avantage de ne pas prêter à discussion,
même si elle a l’inconvénient de ne pas suivre l'évolution des marchés, et encore moins
de l'anticiper. En moyenne, lorsque l'achat est ancien, on est en droit de penser que le
prix de vente des actifs sera supérieur à leur valeur comptable, c’est le cas des actifs
faisant l’objet d’une dépréciation comptable annuelle comme les immeubles par
exemple. Aussi, la réglementation ouvre la possibilité pour les sociétés d’assurance de
faire procéder à la réévaluation par une expertise de la valeur de tout ou partie de leurs
actifs, sous réserve de l’accord de la Commission Régionale de Contrôle des Assurances.
Les articles 335-1 et 335-4 du code des assurances définissent les classes d’actifs
admissibles pour la représentation des engagements réglementés et les limites de
détention par classe d’actifs et par émetteur (règles de limitation et de dispersion).
a. Règle de dispersion (article 335-4)

Types d'actifs Représentation maximale

5%, toutefois elle peut atteindre 10% pour les


Valeurs émises ou prêts obtenus par un titres d'un même émetteur à condition que la
même organisme valeur des titres de ce groupe d'émetteurs
n'excède pas 40% des engagements réglementés

Droits réels immobiliers d’une même


15%
société immobilière ou foncière

Actions non cotées émises par la même


2%
entreprise

Il faut ajouter qu’une entreprise d’assurance ne peut affecter à la représentation de ses


engagements réglementés plus de 50% des actions émises par une même société.
b. Règle de limitation globale (articles 335-1 et 335-2 du code des
assurances)
Représentation Représentation
Types d'actifs
minimale maximale

Valeurs d'Etat et assimilés 15% 50%

Autres obligations et actions - 40%

Droits réels immobiliers - 40%

Prêts garantis par un Etat


- 20%
membre de la CIMA

Autres prêts garantis - 10%

Trésorerie (dépôts en 40% (société dommages) ou


10%
banque et espèce) 35% (société vie)

En plus des actifs définis ci-dessus, sont aussi admises en représentation des
engagements réglementés des entreprises d’assurance les arriérés de primes, les
avances sur contrats, les recours et les créances sur les réassureurs avec des limitations
fixées par les articles 335-2, 335-3 et 335-10 du code des assurances.
3.4.6. La marge de solvabilité
Au terme de l’article 7 du code des assurances CIMA, les sociétés d’assurance doivent
justifier de l’existence d’une marge de solvabilité suffisante, relative à l’ensemble de
leurs activités. Il s’agit de s’assurer que la société d’assurance dispose de fonds propres
suffisants pour soutenir son activité et faire face aux imprévues inhérents à l’opération
d’assurance :
o insuffisance des tarifs résultant de frais généraux plus importants ou d’une
fréquence plus importante de sinistres que celle ayant servi de base au tarif ;
o dépréciation des placements par suite de circonstances imprévues telles qu’une
crise économique ;
o insuffisances des provisions techniques par suite d’une inflation, de la
survenance d’un sinistre exceptionnel, d’une hausse de la base d’évaluation du
sinistre comme le SMIG en automobile par exemple ;
o réassurance défectueuse.
La marge de solvabilité d’une société d’assurance est constituée essentiellement par les
fonds propres de la société, après retraitement et tient compte du niveau de l’activité de
la société et du risque porté.
a. Eléments constitutifs
La marge de solvabilité est essentiellement constituée de la somme des éléments
suivants :
o capital social effectivement versé (ou fonds d’établissement) ;
o 0 du capital (ou fonds d’établissement) non versé ;
o réserves libres de toute nature ;
o bénéfices reportés ;
o déduction des actifs incorporels ;
o titres subordonnés (considérés comme des « quasi – fonds propres »),
admissibles à hauteur de 50 % de la marge de solvabilité, dont 25 % seulement
pour les titres à durée indéterminée ;
o sur autorisation de la commission de contrôle, les plus-values latentes d’actif et
de passif.
b. Exigence minimale :
En partant de l’activité de l’entreprise qui ressort dans les provisions techniques ou le
chiffre d’affaires, le législateur a défini une marge minimale. Le calcul de la marge de
solvabilité minimale diffère selon la nature de l’activité de la société.
i. En non-vie
L’exigence minimale est le plus élevé des deux résultats suivants :
o Calcul fondé sur les primes :
MS 20 primes émises de l’exercice Max ( 0 taux de rétention)
Charge de sinistres à la charge de l assurueur
aux de retention
Charge totale de sinistres
o calcul fondé sur les sinistres :
MS = 25 % * moyenne des sinistres nets de recours sur les trois derniers exercices *
Max (50% ; taux de rétention).
Le montant minimal de la marge de solvabilité est donc égal à Max(MS MS ).
En zone CIMA, au regard de la faiblesses des charges de sinistres, la méthode des primes
donne en général un résultat plus élevé.
ii. En vie
L’exigence de marge de solvabilité des sociétés d’assurance vie se fonde sur le niveau
des provisions mathématiques :
MS = 5% * PM * max (85% ; taux de rétention).
Provision mathématique nette à la charge de l assureur
aux de retention
Provision mathématique totale
Le montant obtenu devra être complété le cas échéant par les provisions au titre des
garanties accessoires relevant des branches non vie (dommages corporels), calculées
selon les règles non vie qui s’applique à ces garanties.
La société est obligée de couvrir l’exigence minimale de marge de solvabilité avec les
éléments constitutifs, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’au retrait d’agrément.
Cependant, une couverture de 100 de la marge n’est pas un gage absolu de solvabilité,
une couverture beaucoup plus supérieure serait plus sûre. On fixe généralement la
norme à trois fois la marge minimale réglementaire.
3.5. ASSURANCE ET ECONOMIE
Henri Ford : « New York n'est pas la création des hommes, mais celle des assureurs. Sans
les assurances, il n'y aurait pas de gratte-ciel, car aucun ouvrier n'accepterait de
travailler à une pareille hauteur, en risquant de faire une chute mortelle et de laisser sa
famille dans la misère. Sans les assurances, aucun capitaliste n'investirait des millions
pour construire de pareils immeubles, qu'un simple mégot de cigarettes peut réduire en
cendres. Sans les assurances personne ne circulerait en voiture à travers les rues. Un
bon chauffeur est conscient de ce qu'il court à chaque instant le risque de renverser un
piéton ».
L'assurance a accompagné et favorisé le progrès et le développement de la société, tant
sur un plan économique que social. L'évolution des sciences et des techniques, du droit
et de la jurisprudence, l'élévation du niveau de vie et les besoins de protection croissants
sont à l'origine de son essor.
3.5.1. Le rôle social et économique de l'assurance
La première fonction de l'assurance est d'indemniser ceux qui ont été victimes
(particuliers et entreprises) d'un préjudice lors de la réalisation des risques assurés.
L'assuré particulier sait qu'il conservera, grâce à l'assurance, un minimum de moyens
d'existence, malgré les malheurs qui peuvent le frapper au cours de sa vie. Ceux qui sont
assurés et qui, par exemple, ont été victimes d'un vol, ont la garantie qu'ils seront
remboursés. Ceux dont le domicile a été incendié, savent que leur maison sera
reconstruite. L'assuré malade est certain d'une part, que les frais d'hospitalisation
seront pris en charge par l'assureur et d'autre part, que son salaire ou son traitement est
garanti.
D'un autre côté, l'assurance contribue à perpétuer l'activité économique et la capacité de
production du tissu industriel. L'entreprise peut redémarrer son activité
immédiatement après un sinistre grâce à la prise en charge de l’assureur.
Le rôle économique et social de l'assurance est donc évident. Il s'agit pour l'assureur de
garantir à l'entreprise, à l'individu et à sa famille, la sécurité de leurs revenus et de leur
patrimoine contre tous les risques auxquels ils sont exposés. En d'autres termes,
l'assurance contribue au bien-être social.
Par ailleurs, on considère les compagnies d'assurance comme des investisseurs
institutionnels. En effet, elles ont à leur disposition une masse énorme de capitaux
constituée des primes collectées sur les assurés. Elles doivent donc gérer ces sommes
pour le compte des assurés et parfois pendant un temps assez long. Cette masse d’argent
constitue une source de financement non négligeable pour l’économie.
Enfin, mentionnons que les compagnies d'assurances jouent un rôle assez appréciable
dans la prévention des risques et l’innovation technologique en matière de gestion des
risques (financement des programmes de préventions et de recherches dans la gestion
des risques de pointe, campagnes d'informations et de sensibilisation à la sécurité
routière pour susciter des changements de comportement chez les conducteurs, etc.).
3.5.2. La place de l'assurance dans l’économie
Il existe 3 indicateurs habituellement utilisés pour apprécier la position
macroéconomique du secteur de l’assurance :
o le volume du chiffre d’affaires ;
o la densité de l'assurance ;
o le taux de pénétration de l'assurance.
a. Le volume des primes émises
Malgré l’environnement économique difficile en 2011, le chiffre d’affaires mondial du
secteur des assurances a atteint un record de 4 595 1232 millions de dollars US, soit
environ 2 325 959 360 millions de F CFA, en croissance de 6% par rapport à son niveau
de 2010.
La part de l’Afrique dans ce chiffre reste marginal avec une émission de 68 080 millions
de dollars US, soit 34 460 734 millions de F CFA. Ce qui représente un peu moins de
1,5% du volume mondial des primes émises du secteur. L’Afrique du Sud représente à
elle seule 77% de la production africaine avec un niveau d’émission qui se situe à 52 376
millions de dollars US, soit 26 511 684 millions de F CFA.
Au niveau de la zone CIMA, le volume des primes émises se situe à 749 0553 millions de
F CFA en 2011 contre 693 586 millions de F CFA 2010, en hausse de 8%.

2 SIGMA N°3/2012, World insurance in 2011


3 CIMA, Rapport annuel 2011
b. La densité de l’assurance
La densité de l'assurance est la part du revenu consacré annuellement par un habitant
d'un pays pour sa consommation d'assurance (production d’assurances rapportée à la
population totale).
En 2011, la part du revenu consacré à l’assurance dans le monde se situe à 661 (SIGMA
N°3/2012) dollars US par habitant, soit 334 585 F CFA.
La zone CIMA avec une population de 94,44 millions d’habitants en 2010, la densité du
secteur des assurances est d’environ 7 935 F CFA. A titre de comparaison, la densité se
situe à 524 909 F CFA en Afrique du Sud, 5 062 F CFA au Nigéria et à 32 902 F CFA en
moyenne africaine.
Cet indicateur doit être manipulé avec précaution du fait de sa sensibilité au nombre
d'habitants d’un pays.
c. Le taux de pénétration de l’assurance
Le taux de pénétration de l'assurance dans une économie est la part que représente ce
secteur dans le PIB (Produit Intérieur Brut). Plus particulièrement, c’est la part du PIB
qui sera allouée à l’achat du produit assurance.
En 2011, cet indicateur se situe à 6,6% du PIB mondial. En Afrique, il est de 3,6%.
La zone CIMA, pour ce qui nous concerne, il est de 2,09%.
d. Autres statistiques de la zone CIMA
Les sociétés d'assurances emploient en 2011 environ 8 515 personnes, auxquelles
s'ajoutent les intermédiaires exerçant leur activité à titre principal, c'est-à-dire les
agents généraux et les courtiers d'assurances, leurs collaborateurs, les experts, les
commerciaux, le personnel qui, au sein des banques, exerce principalement une activité
d'assurances. Ce qui situe le niveau des emplois directs et indirects autour des 10 000
personnes.
Les placements des assureurs dans les économies de la zone CIMA s’élève à un peu plus
de 1 300 000 millions de F CFA en 2011.

4 Banque de France, Rapport annuel de la zone franc 2011


CHAPITRE IV : NOTIONS D’AC ARIA
4.1. TARIFICATION ET PROVISIONNEMENT EN ASSURANCE NON VIE
4.1.1. La tarification simple
En assurance, la tarification répond à plusieurs enjeux :
o Prévoir à l’avance la probabilité de survenance et le montant des sinistres à
indemniser ;
o S’appuyer sur un historique de données statistiques suffisamment long et précis
pour fonder les prévisions ;
o Lutter contre l’antiselection et l’aléa moral ;
o Permettre à l’assureur de payer les frais généraux nécessaires à son bon
fonctionnement, et notamment la rémunération des apporteurs d’affaires ;
o Limiter le risque de ruine en prévoyant une marge de sécurité dans le tarif ;
o Rémunérer les actionnaires pour les fonds propres immobilisés
o Respecter les contraintes commerciales posées par la concurrence afin que les
variations de tarif soient acceptées par les assurés sans bouleverser la base de la
mutualisation.
a. Principe de calcul de la prime pure
La prime pure est le prix du risque. C’est le montant du sinistre moyen auquel devra
faire face l'assureur pour le risque couvert. Il s’agit du montant dont doit disposer
l’assureur pour dédommager (en moyenne) les assurés suite aux sinistres survenus,
sans excédent, ni déficit. La totalité des primes pures collectées sur l’ensemble des
assurés en portefeuille doit donc permettre à l’assureur de remplir ses obligations de
garantie.
Soient :
o un ensemble homogène de contrats d’assurances offrant quelque soit le contrat
les mêmes garanties en contrepartie d’une prime identique ;
o n le nombre de sinistres survenus pendant l’exercice ;
o la prime pure du contrat ;
o le coût du sinistre pour le iè assuré, i 1, … , ;
L’assureur reçoit une prime pure globale égale à et le coût global des sinistres est

de ∑ .

Selon le principe de la prime pure, la différence entre le coût global et la prime pure
globale est supposée nulle. On a alors :

Ainsi, la prime pure entrainant un résultat technique nul pour l’assureur vaut :

E( )

Cette équation s’interprète :


Prime pure = coût moyen par contrat dans le portefeuille.
n ∑
On peut aussi écrire avec 0.
n
Ce qui s’interprète :
Prime pure fréquence coût moyen, où :
n
fréquence nombre moyen de sinistres par contrat
et

coût moyen coût moyen par sinistre
{ n
Remarques :
o Résultat asymptotique : n doit être grand ;
o Indépendance : cette approche ne marche pas pour les catastrophes naturels ;
o Homogénéité des risques : nécessité de segmenter le portefeuille et établir un
tarif segmenté ;
Insuffisance de la prime pure :
Soit un portefeuille composé de n assurés et la variable aléatoire, indépendants et
identiquement distribués, de paramètres ( , ) et décrivant le coût du sinistre. Si
l’assureur n’encaisse que la prime pure, le théorème de la limite centrale implique que la
loi du résultat d’exploitation

(n ∑ ) converge vers une loi ormale (0, n ), d’où :

1
P(déficit) P [(n ∑ ) 0]
2

Si l’assureur encaisse par police une prime , alors :


P(déficit) P [(n ∑ ) 0] P [( ) 0]

P(déficit) P [( ) ]

√ ∑ √
P(déficit) P[ ( ) ( )] 1

Pour améliorer sa solvabilité, l’assureur à sa disposition plusieurs leviers :


o Chargement de la prime pure (pour obtenir la prime de risque) ;
o Augmentation du nombre d’assurés : l’augmentation du nombre d’assurés peut
autoriser un chargement plus faible, nécessaire dans un marché concurrentiel ;
o Réserve de stabilisation ou capital initial (au moins la première année et par la
législation) ;
o Réassurance.
b. Chargement de sécurité et prime de risque
La prime de risque s’obtient par chargement (safety loading) de la prime pure. Le
chargement de sécurité vient pour se faire s'ajouter à la prime pure. Il permet à
l'assureur de pouvoir résister à la volatilité naturelle des sinistres en corrigeant les
écarts entre la réalité observée et l’approximation induite par la loi des grands nombres.
La hauteur du chargement de sécurité dépend du principe de calcul de prime retenu par
la compagnie.
Classiquement, le chargement de sécurité est exprimé sous forme d’un pourcentage de la
prime pure, de sorte que :
(1 ) E( ).
C’est le principe de l’espérance.
En reprenant notre modèle ci-avant, on a :

√n ∑ √n
P(déficit) P[ ( ) ( (1 ) )]
n
On sait que , donc :

√n ∑ √n
P(déficit) P[ ( ) ] 0
n
Le chargement selon le principe de l’espérance est le plus simple, mais il n’apporte
aucune information sur les fluctuations de la distribution du coût du sinistre autour de
sa moyenne. Ce qui peut être dangereux pour l’assureur.
De même pour des sinistres dont le montant est constant, on s’attend à ce que la prime
de risque soit égale au montant du sinistre. Ce qui n’est pas le cas ici.
On pourrait donc lui préférer le chargement selon le principe de l’écart-type :
( )
c. Détermination de la prime commerciale
Si l’assureur tarifait à la prime pure, il ne pourrait pas couvrir ses frais de
fonctionnement, à savoir :
o Frais d’acquisition (commissions à verser aux réseaux, frais des services chargés
de la conception des contrats, marketing et publicité) ;
o Frais de règlement des sinistres (frais des services chargés de la gestion des
sinistres, frais des contentieux et des recours) ;
o Frais d’administration (frais des services comptables, actuariat, juridique,
direction générale, etc.) ;
o Frais des placements (honoraires de gestion, frais de courtage)
L’assureur doit donc majorer la prime pure à l’aide des chargements nécessaires à la
couverture de ses frais de fonctionnement.
L’assuré paie donc une prime totale ou prime commerciale, qui est la somme de la prime
pure et des chargements :
Prime commerciale = prime pure + chargements
C
Les chargements sont calculés comme une proportion de la prime commerciale. Avec θ
le taux de chargements, on obtient :
C .
On peut ainsi écrire ;

(1 )

1
4.1.2. Asymétrie d’information et tarification
La fréquence et le coût moyen des sinistres doivent être estimés à partir de l’historique
des observations sur les exercices précédents. Il est souvent nécessaire d’utiliser des
modèles statistiques, afin d’estimer les paramètres des lois usuelles suivies par les
variables aléatoires.
Cette estimation à priori de variables aléatoires est rendue difficile par l’asymétrie
d’information entre l’assureur et l’assuré :
o L’assuré a une meilleure connaissance que l’assureur de son profil de risque
(probabilité de survenance du sinistre) et ne me dévoile pas en général ;
o L’assuré peut modifier la probabilité de survenance d’un sinistre en modulant ses
efforts de prévention et de prudence (efforts futurs non dévoilés).
L’assureur fixant ses primes à priori (en vertu de l’inversion du cycle de production), il
ne peut pas tarifer en fonction d’informations ou d’efforts futurs que l’assuré ne lui a pas
dévoilés au moment de la souscription.
La réticence ou la fausse déclaration intentionnelle entraine la nullité du contrat sans
remboursement des primes (article 18 du code des assurances).
La fausse déclaration non intentionnelle entraine la réduction proportionnelle de
l’indemnité versée ou la résiliation du contrat (article 1 du code des assurances).
a. Antiselection et segmentation tarifaire
L'expression antisélection désigne les dysfonctionnements des marchés d'assurance qui
résultent de l'information cachée dont les assurés peuvent disposer sur leurs propres
risques et qui n'est pas accessible aux assureurs. L'assureur n'est alors pas en mesure de
différencier les primes en fonction du profil des risques. Les primes demandées
refléteront donc le coût moyen des sinistres des individus ayant souscrit le contrat en
question.
En fixant un tarif moyen pour l’ensemble des contrats, les bons risques
subventionnent les mauvais risques. Pour des individus à bas risque, c'est-à-dire dont le
coût moyen des sinistres est faible, la prime demandée apparaîtra élevée par rapport à
la prime actuarielle, tandis qu'elle sera considérée comme relativement faible par
les hauts risques. En présence d'information cachée sur les risques, les hauts risques
seront donc particulièrement demandeurs d'assurance (d'où l'expression antisélection).
Quant aux bons risques, ils peuvent être conduits à demander moins d'assurance, voire
même à annuler totalement leur demande d'assurance.
Si un assureur concurrent parvient à distinguer les assurés et propose un tarif
pour les bons risques et un tarif pour les mauvais risques, les bons risques vont
quitter le premier assureur. Le premier assureur va voir la proportion de mauvais
risques dans son portefeuille augmenter, entraînant une sous-tarification et des
résultats négatifs.
Si le premier assureur réajuste à la hausse le tarif moyen sans parvenir à distinguer les
assurés, l’incitation des bons risques à le quitter va encore augmenter.
La question se pose donc de savoir comment segmenter la population assurable et quels
critères de tarification retenir, et comment construire la grille tarifaire résultant de ce
découpage, sachant que :
o présenter un seul tarif à tous les assurés induit des risques d’antisélection, qui
justifient la nécessité d’une segmentation la plus fine possible de la population
assurable ;
o plus le découpage est fin, moins les observations effectuées pour chacune des
cases de la grille sont statistiquement significatives (la loi des grands nombres).
La construction d’une grille de tarification nécessite de définir des classes de risques
suffisamment homogènes. Pour cela, on dispose de deux types de variables (appelées
critères de tarification) :
o De variables exogènes observables de l’individu et des biens assurés, qui
apportent des informations relatives au risque (sexe, âge, activité
professionnelle, catégorie de véhicule, zone géographique du risque, etc…) ;
o Des variables endogènes, qui apportent des informations sur les réalisations
individuelles passées du risque : ces informations sont obtenues en interrogeant
l’assuré, notamment dans le formulaire de déclaration du risque (article 7 du
code des assurances).
Ces données permettent de :
o fixer des primes pour chaque classe de risque (ou segment de clientèles), et non
pas de manière globale ;
o choisir les variables de classification en fonction des tests de significativité
(régression de la sinistralité par les moindres carrés ordinaires) et des
paramètres utilisés par la concurrence.
b. Aléa moral et tarification avec franchise
Le fait d’être assuré influence le comportement en matière de risque. La prise en charge
des risques par l’assureur peut en effet diluer les responsabilités individuelles et
décourager la prévention. Quelqu’un qui est couvert par un contrat d’assurance maladie
par exemple sera enclin à se faire hospitaliser pour subir un traitement qui n’est pas
strictement nécessaire ou plus onéreux. Ainsi, à côté du risque normal assuré, naît un
risque supplémentaire qui est appelé risque ou aléa moral.
Plusieurs solutions s’offrent à l’assureur pour prévenir le risque moral :
o Mettre en place des franchises en cas de sinistre, afin que les assurés aient une
incitation économique à limiter la fréquence des sinistres et aussi la fréquence de
déclaration (on parle de moralisation du risque) : le niveau des franchises doit
être fixé selon la nature de la garantie, en gardant un juste équilibre entre un
montant minimum (efficacité de l’incitation) et un montant maximum
(acceptabilité par les assurés) ;
o Mettre en place un système de modulation des primes pour chaque assuré, afin
d’intégrer l’information sur la sinistralité passée dans la tarification et d’affiner la
prévision de la sinistralité future : en assurance automobile par exemple, des
coefficients de bonus-malus sont prévus et en assurance maladie les contrats
prévoient en général un réajustement automatique de la prime en fonction de la
sinistralité constatée.
Soit , i 1, … , n, le montant du iè sinistre. En cas d’application de franchise uniforme
de montant F, le coût du iè sinistre à charge de l’assureur vaut :
0 si F
{
F si F
Avantages de l’application d’une franchise :
o Les sinistres d’un montant inférieur à la franchise ne sont pas déclarés à
l’assureur, limitant les frais de gestion ;
o L’assuré est incité à prévenir les sinistres (efficacité du point de vue de la lutte
contre l’aléa moral).
Inconvénients de l’application d’une franchise :
o L’assuré n’est pas couverte à 100 , puisque le montant de la franchise reste à sa
charge après chaque sinistre (non optimalité du point de vue de l’aversion au
risque de l’assuré) ;
o La franchise diminue les indemnités versées par l’assureur et par voie de
conséquence les primes collectées.
Par rapport au calcul standard, l’application d’une franchise revient à évaluer la prime
pure selon le même principe fréquence coût moyen sous les réserve suivantes :
o La fréquence de sinistre reste identique, en supposant que les assurés déclarent
tous les sinistres, y compris ceux dont le coût est inférieur au montant de la
franchise ;
o Le coût moyen par sinistre est abaissé d’une certaine quantité qui dépend de 2
paramètres : d’une part de la répartition statistique des montants de sinistres ,
d’autre part du montant de la franchise F.
4.1.3. L’évaluation de la provision pour risques en cours
Elle est déterminée selon plusieurs méthodes :
o La règle réglementaire des 36% : Le montant minimal de la provision pour
risques en cours s'obtient en multipliant par le pourcentage de 36 % les primes
ou cotisations de l'exercice inventorié, non annulées à la date de l'inventaire, et
déterminées comme suit :
 primes ou cotisations à échéance annuelle émises au cours de l'exercice ;
 primes ou cotisations à échéance semestrielle émises au cours du deuxième
semestre ;
 primes ou cotisations à échéance trimestrielle émises au cours du dernier
trimestre ;
 primes ou cotisations à échéance mensuelle émises au cours du mois de
décembre.
Les primes ou cotisations à terme échu sont exclues du calcul. Les primes ou cotisations
payables d'avance s'entendent y compris les accessoires et coûts des polices.
o La règle du prorata temporis : En cas d'inégale répartition des échéances de
primes ou fractions de primes au cours de l'exercice, le calcul de la provision pour
risques en cours peut être effectué par une méthode de prorata temporis. La
provision est alors égale à la portion de la prime payée correspondant à la durée
de garantie restant due, calculée prorata temporis, multipliée par un coefficient
de 72 %, selon la méthode de calcul du code CIMA. Si la sinistralité et le taux de
frais généraux observée dans une branche donnent un coefficient supérieure à
72 , c’est ce ratio réel que l’on utilise à la place de 72 %.
Exemple :
Une société d’assurances dommages prévoit dans une branche le paiement de deux
primes semestrielles de 50 000 F CFA. La société émet 240 contrats pour chaque mois
du deuxième semestre et 220 contrats au cours du quatrième trimestre, les
souscriptions se répartissent de manière uniforme à l’intérieur de chaque mois.
Calculer la provision pour risque en cours sachant que le taux de sinistralité de la société
est de 48% et le taux des autres charges de 60% (on suppose que les frais de gestion se
répartissent également entre les charges administratives exposées à l’émission et les
charges administratives de gestion courante).
4.1.4. L’évaluation statistique des sinistres à payer
a. L’évaluation des sinistres déclarés
La PSAP est fondée sur le calcul dossier par dossier de la charge de sinistres à payer. Dès
la déclaration d’un sinistre (dans les cinq jours ouvrés selon le délai minimum
réglementaire), l’assureur ouvre un dossier et doit effectuer son évaluation en principal
et en frais, tant internes qu’externes nécessaires au règlement du sinistre. Cette
évaluation est affinée régulièrement au cours de l’avancement du dossier. Si la méthode
réglementaire est l’inventaire permanent, les sociétés prévoient en général deux
inventaires complets par an pour une révision générale des dossiers de sinistres pour la
mise à niveau des provisions.
Pour chaque dossier, la différence entre l’évaluation totale et les règlements effectués
correspond au montant restant à payer. La somme de ces montants sur tous les dossiers
de sinistres non clos constitue la PSAP calculée selon la méthode dossier par dossier
(méthode réglementaire).
Par dérogation, l'entreprise peut, avec l'accord de la Commission Régionale de Contrôle
des Assurances, utiliser des méthodes statistiques pour l'estimation des sinistres
survenus au cours des deux derniers exercices :
o Les méthodes de coût moyen, qui font l'hypothèse que les coûts moyens des
sinistres sont prévisibles (évolution régulière, selon un indice externe etc.). Dès
lors, il suffit de multiplier le nombre de sinistres de l'année (après avoir évalué le
nombre de sinistres survenus mais non déclarés) par le coût moyen retenu pour
l'année ;
o Les méthodes de cadences de règlement, qui reposent sur l'idée que le rythme
des paiements, exprimé en pourcentage de la charge finale de sinistres, est stable
d'une année de survenance à l'autre. Dès lors les paiements effectués suffisent à
faire une évaluation des provisions pour sinistres à payer ;
o Les méthodes liquidatives sont utilisées lorsque l'on a des raisons de penser que
la liquidation d'une charge de sinistres présente toujours un profil du même type
par suite d'habitudes permanentes des évaluateurs. On peut alors reproduire
dans le futur les liquidations du passé.
Toutes ces méthodes ont des limites qu'il convient d'avoir toujours à l'esprit.
En premier lieu, ces méthodes doivent être appliquées à des ensembles de sinistres dont
on aura écrêté les sinistres trop élevés : les sinistres important vont en effet créer des
distorsions sur les coûts moyens, les cadences de règlement et les profils de liquidation.
En deuxième lieu, toutes les méthodes sont sensibles à l'hypothèse selon laquelle les
exercices de survenance anciens, qui servent de référence, sont exactement connus : une
erreur dans la charge de sinistre d'un exercice ancien est démultipliée par les méthodes
statistiques.
Enfin, chaque méthode dépend de la qualité de certains paramètres :
o les méthodes de coût moyen sont sensibles à la qualité du dénombrement des
sinistres (et à la permanence des règles utilisées pour effectuer ce
dénombrement).
o Les méthodes de cadences doivent être utilisées avec précaution dans les
branches à cadence de règlement lente : en effet, toute variation d'une cadence
faible à des effets fortement amplifiés sur l'évaluation de la charge totale.
o Les méthodes liquidatives sont généralement fiables, tant que les procédures en
vigueur dans les services de gestion des sinistres sont stables et respectées : elles
seront donc impuissantes à détecter une erreur si celle-ci n'est pas habituelle.
i. La méthode de Chain Ladder
On estime le rapport entre les règlements cumulés après X+1 années et les règlements
cumulés après X années, appelé coefficient de passage. On applique de manière itérative
ces coefficients de passage aux règlements cumulés par exercice de survenance.
Pour chaque exercice de survenance, la PSAP à constituer est égale à la différence entre
l’estimation de la charge finale de sinistres et les règlements cumulés à la date
d’inventaire.
Année de développement
Origine 1 2 3 4 5 6 7 Réserve
Année 1 802 1 516 2 029 2 318 2 496 2 553 2 596
Année 2 857 1 745 2 166 2 394 2 511 2 574 2 617 43
Année 3 804 1 691 2 089 2 313 2 474 2 533 2 576 102
Année 4 837 1 722 2 045 2 290 2 439 2 497 2 539 249
Année 5 870 1 596 2 092 2 340 2 492 2 551 2 594 502
Année 6 807 1 623 2 045 2 287 2 436 2 494 2 536 913
Année 7 827 1 644 2 071 2 317 2 467 2 526 2 569 1 742
Provision de sinistres estimée 3 551
Facteurs 1,988 1,260 1,118 1,065 1,024 1,017
Produits des
3,106 1,563 1,240 1,109 1,041 1,017
facteurs

ii. Cadence pour plusieurs exercices

Survenance
Inventaire
2009 2010 2011 2012
Règlement 307

2009 Provisions 610


Primes
1 352
acquises
Règlement 630 355

2010 Provisions 300 700


Primes
1 352 1 488
acquises
Règlement 762 728 409

2011 Provisions 200 400 800


Primes
1 352 1 488 1 636
acquises
Règlement 917 881 840 471

2012 Provisions 100 300 450 800


Primes
1 352 1 488 1 636 1 800
acquises

Cadence en %
Année
du coût total

1ère Année 29
2ème Année 60
3ème Année 72
4ème Année 87
5ème Année 91
6ème Année 93
7ème Année 100

1. Analyser la liquidation des sinistres de cette branche.


2. A partir de l’estimation statistique des cadences de règlement, procéder à une
évaluation de la provision pour sinistres à payer.
b. Les sinistres tardifs
Par définition, les sinistres tardifs sont inconnus de l’assureur. Leur évaluation est donc
statistique, fondée sur l’observation du taux de sinistres tardifs enregistrés sur les
exercices précédents (Circulaire N° 00230/CIMA/CRCA/PDT/2005). Elle se fait en
quatre étapes :
o Elaboration des statistiques de déclaration des sinistres de la société, par
exercice de survenance, à partir des différents tableaux C des états C10b :
o Calcul des cadences de tardifs : elle s’obtient en faisant la moyenne arithmétique
des cadences de tardifs par rapport aux déclarations de l’exercice de survenance ;
o Nombre de tardifs par exercice de survenance : Le nombre de tardifs à inscrire à
la fin de l'exercice d'inventaire, sera l'estimation de tous les sinistres qui seront
déclarés selon les différents exercices de survenance, en fonction de la durée des
déclarations tardives qui ressort des statistiques de déclaration ;
o Calcul de la provision pour tardifs : Pour connaître la provision correspondante, il
suffit de multiplier le nombre de tardifs estimé pour chaque exercice de
survenance par le coût moyen des sinistres déclarés, vu à la fin de l'exercice
d'inventaire. Les sinistres déclarés s'entendent hors estimation de tardifs.
c. Les frais de gestion
Le code CIMA prévoit un montant de provision pour frais de gestion au moins égal à 5 %
des PSAP.
4.2. ELEME S D’ACTUARIAT VIE
4.2.1. Paramètres techniques
Le calcul de tarifs et de provisions mathématiques en assurance vie fait intervenir un
taux d’actualisation des garanties (le taux technique) et les probabilités de vie et de
décès, données par les tables de mortalité.
La prudence du tarif réside dans le choix de la table de mortalité et du taux technique.
a. Taux d’intérêt
En assurance, il existe un délai important entre le début de versement des primes et la
date de paiements des prestations par l'assureur. L'assureur va placer les primes reçues
sur les marchés financiers. Ce placement produira des intérêts qui doivent profiter aux
assurés. Pour cela, le calcul de la prime et des provisions techniques doit intégrer ces
intérêts par la prise en compte d'un taux d'intérêt. Ce taux est appelé taux d'intérêt
technique.
Dans la pratique, compte tenu de la durée très longue des contrats vies, les assureurs
garantissent en général à leurs assurés un niveau de taux assez faible pour être sûr de le
couvert en permanence par le rendement financier des placements qu’ils ont en
portefeuille.
Le taux d’actualisation doit être assez faible pour être couvert en permanence par le
rendement financier des placements de l’assureur. L’assureur ne peut en effet pas
rémunérer les contrats (au passif) à un taux supérieur à celui procuré par les loyers,
coupons et dividendes de ses placements.
Le code CIMA prévoit que le taux technique du tarif ne peut être supérieur à 3,5 % dans
le cas général.
b. Tables de mortalité
En assurance vie, l’aléa repose sur la durée de la vie humaine. Il est donc important de
pouvoir la modéliser. Il faut notamment pourvoir estimer les probabilités de décès ou de
survie des assurés entre deux dates. En pratique, ces probabilités sont estimées à partir
des tables de mortalité.
Une table de mortalité se présente comme la donnée, pour chaque âge, de la probabilité
de décès annuelle. Elle est établie d’après les statistiques de la population. Dans la
pratique, on utilise des nombres de vivants au lieu de taux. On suit une population
virtuelle depuis la naissance (âge 0) jusqu’au décès. Partant d’un nombre standard
d’individus, on donne, année après année, le nombre d’individus encore en vie, appelé
nombre de vivants à l’âge x et noté l .
Le nombre de décès annuels sur cette population est noté d et s’obtient comme la
différence entre le nombre de vivants d’âge x et le nombre de vivants d’âge x 1 :
d l –l .
d
Le taux de mortalité annuel à l’âge x est donnée par q . Il s’agit de la probabilité de
l
La probabilité pour une personne d’âge x d’être encore en vie à l’âge x+k est donnée
l
par p .
l
l
La probabilité de survie à un an est notée par abréviation p
l
La probabilité pour une personne d’âge x de décéder entre les âges x k (inclus) et
x k k’ (exclu) est :
l l
q
l
La probabilité annuelle de décès est notée par abréviation, comme on l’a vu :
l l d
q .
l l
Le Code CIMA fournit deux tables de mortalité, TD établie d’après la mortalité masculine,
et la table TV établie d’après la mortalité féminine, à employer en assurance vie. Ces
tables sont une reprise pure et simple de tables élaborées à partir de la population
française entre 1960 et 1964.
La mortalité des hommes étant supérieure à celle des femmes, la première table, TD,
surestime les décès sur une population mixte. Elle est utilisée pour les garanties en cas
de décès. La seconde, la table TV, surestime la longévité. Elle doit être utilisée pour les
garanties en cas de vie.
Au cours de sa session d’octobre 2012, le Conseil des Ministres des assurances a adopté
de nouvelles tables de mortalité d’expérience construites pour la zone CIMA et baptisées
table CIMA H et table CIMA F. A compter de la date de publication du règlement portant
adoption de ces nouvelles tables de mortalité, les compagnies d’assurance doivent :
o les utiliser dans la tarification des nouvelles affaires et les renouvellements des
contrats annuels par tacite reconduction ;
o lors de l’arrêté des comptes, calculer les provisions mathématiques en cours de
service et les droits en cours de constitution au titre de tous les contrats, en
retenant ces nouvelles tables ;
o conserver les anciennes primes jusqu’à leur échéance pour les polices à primes
périodiques souscrites avant la date d’application des nouvelles tables de
mortalité et qui sont toujours en cours.
c. Primes uniques et périodiques
Le contrat d’assurance vie peut être payé soit par une prime unique versée à la
souscription, soit par une série de versements périodiques.
Dans ce dernier cas, le versement de toutes les primes prévues n’est pas certain puisque
l’assuré peut décéder avant la dernière échéance. Il conviendra donc de tenir compte de
cette incertitude dans le calcul de la valeur actuelle probable de l’engagement de
l’assuré : le versement d’une prime annuelle pendant n années par l’assuré tant qu’il est
en vie est un engagement de rente viagère limitée à n années envers l’assureur.
4.2.2. Calcul de la prime pure
La prime pure est le montant que doit verser l’assuré pour que l’assureur puisse couvrir
le risque qui lui a été transféré. Elle correspond à une tarification au juste prix, c’est-à-
dire en faisant là la fois abstraction des chargements de gestion, d’acquisition et de
sécurité.
a. Principe
En assurance vie, le principe général de détermination de la prime pure est le suivant :
VAP (engagement assureur en début de contrat) = VAP (engagement assuré en début de
contrat).
Engagement de l’assuré est de payé les primes prévues au contrat et celui de l’assureur
é è .
AP (flux) montant du flux facteur d’actualisation probabilité (survie ou décès).
b. Engagements en cas de vie
i. le capital différé
L’assureur s’engage à verser à l’assuré un capital K si celui-ci est en vie dans n années.
On considère un assuré d’âge x à la souscription du contrat.
Prime unique :
Quelle prime pure unique l’assuré doit-il verser à l’assureur ?
VAP (Assuré à la souscription) = 1(facteur d’actualisation)
Probabilité de survie de l’assuré probabilité que l’assuré atteigne l’âge x n sachant
qu’il a atteint l’âge x.
1 l
D où AP (Assureur à la souscription) K
(1 i) l
1 l
L’expression est noté E et désigné par capital différé de n années.
(1 i) l
On a donc K E
A.N :
K = 100 000
X = 40 ans
N = 8 ans
I = 3%
1 2
100 000 77 42
(1 0,0 ) 21
Prime périodique :

1 l
AP(assuré) ∑
(1 i) l

On note :

1 l
ä ∑ et on le désigne par annuité temporaire payable d avance
(1 i) l

Par suite on a :
E
K

ii. La rente viagère différée
L’assureur s’engage à verser à l’assuré une rente d’arrérage annuel a aussi longtemps
que l’assuré est en vie et avec une différé de n années.
souscription souscription + n années

assuré d’âge x verse l’assureur verse un arrérage


une prime unique à l’assuré si celui est encore en vie

Prime unique :
VAP (assuré) =

1 l
AP (assureur) a ∑
(1 i) l

On note :

1 l
ä ∑ et on le désigne par annuité viagère de différé n payable
(1 i) l
d’avance.

Soit a ä

Prime périodique :

a

c. Engagements élémentaire en cas de décès


i. la temporaire décès
L’assureur s’engage à payer un capital C aux bénéficiaires si l’assuré décède entre les
âges (x+n) et (x+m), m>n.
souscription n années après souscription n années après souscription

période de garantie
assuré d’âge x verse assuré âgé de x+n assuré âgé de x+m
la prime à l’assureur
L’assureur verse sa prestation au moment du décès de l’assuré. Ce décès peut intervenir
à tout moment. Par simplification on fait l’hypothèse que l’assuré ne peut décéder qu’en
milieu d’année : aucun décès avant et après le 30 juin.
1
Le premier décès peut intervenir quand l’assuré atteint l’âge (x n ) et la dernière
2
1
date date possible de décès da la période de garantie intervien à l âge (x m )
2
Comme les prestations sont versées au moment du décès, elles interviennent également
en milieu d’années.
AP(assuré)

1 d
AP(assureur) C ∑
l
(1 i)
En écrivant l’égalité des AP des engagements de l’assuré et de l’assureur au moment de
la souscription du contrat, on obtient :

1 d
C ∑
l
(1 i)
Si n = 0, alors on note :

1 d
A ∑ qu on désigne par temporaire décès de durée m années
l
(1 i)
On obtient donc :

A
{ ä

ii. La vie entière


Lorsque m tend vers l’infini, on obtient un contrat vie entière telle que :
A

A
{ ä

1 d
Où A ∑ et est appelé capital vie entière
l
(1 i)
4.2.3. Provisions mathématiques
Ce sont les provisions que doit constituer l’assureur pour tenir ses engagements relatifs
aux garanties en cas de vie et aux garanties en cas de décès.
Pour tarifer le contrat d’assurance vie, on a écrit :
VAP (Assuré à la souscription)= VAP (assureur à la souscription)
Par contre, à une date quelconque, t après la souscription du contrat, on peut avoir et on
a dans le cas général :
AP (Assuré à la souscription) AP (assureur à la souscription)surla durée résiduelle
du contrat.
La VAP (assuré) diminuant plus vite que la VAP (assureur), on en en général :
AP (assureur) AP (assuré)
La provision mathématique à la date t est égale à :
PM AP (assureur) AP (assuré)
4.2.1. Participation aux bénéfices
Comme la réglementation impose un tarif prudent à travers la limitation du taux
technique et l’usage de tables de mortalités qui ont tendance à surestimer le risque,
l’assureur est en général amené à réaliser des bénéfices plus ou moins importants sur
les contrats d’assurance vie. Pour rétablir la balance en faveur des assurés et rendre plus
intéressant financièrement ce produit qui est souvent un moyen d’épargne, le code CIMA
impose à l’assureur de rendre aux assurés une grande partie des bénéfices qu’il a ainsi
réalisés.
L’assureur doit en effet distribuer annuellement aux assurés au moins : 0 du
bénéfice technique (bénéfices de mortalité et bénéfice de gestion des contrats) plus 85
% des produits financiers (y compris les intérêts techniques, garantis au contrat).
Cette distribution ne s’opère pas individuellement pour chaque contrat mais
globalement, pour l’ensemble des assurés : la répartition des bénéfices reste
discrétionnaire si elle n’est pas précisément stipulée par les contrats. Elle peut être
immédiate, sous forme usuellement d’augmentations des garanties, ou différée : dans ce
cas, le montant de participations aux bénéfices reportées est doté à la « provision pour
participation aux excédents » pour être distribué dans les trois de sa dotation.
4.2.2. Droit de rachat
La réglementation prévoit que lorsque le contrat ne risque pas d’anti-sélection
(comportement de l’assuré contraire à l’intérêt de l’assureur, par exemple volonté de
résilier – contre compensation - une rente viagère par un assuré estimant n’avoir plus
beaucoup de temps à vivre), l’assuré a droit à tout moment au rachat du contrat, c’est-à-
dire à la résiliation de ce contrat en contrepartie du versement à l’assuré de la provision
mathématique du contrat constituée dans les comptes de l’assureur. Ce droit de rachat
concerne donc les contrats vie entière, par exemple, ou encore les contrats de capital
différé avec contre-assurance en cas de décès (contrats d’épargne).
L'assureur ne peut refuser le rachat lorsque 15 % des primes prévues au contrat ou au
moins deux primes annuelles ont été versés (article 74 du code des assurances).
4.3. MODELE SIMPLE DE L’ASS RANCE
4.3.1. Hypothèses du modèle et notations
On considère un assureur qui commercialise des contrats d’assurance annuel à n
assurés.
Pour chaque assuré i (i 1,…, n), l’assureur garantit le paiement d’une prestation en
cas de sinistre dans l’année.
La prime commerciale payée par l’assuré i est noté .
On suppose que les n risques assurés sont indépendants et identiquement distribués,
c’est-à-dire suivent la même loi.
On considère que E( ) l’espérance mathématique de la prestation aléatoire relative à
chaque assuré i est connue ex ante. Par hypothèse E( ) E i j.
On a également E( ) prime pure et chargements.
4.3.2. Etude générale
a. Charge de prestations
On cherche à écrire le résultat de l'assureur. Pour cela on s'intéresse aux produits qu'il a
encaissés au cours de l'exercice et aux charges auxquelles il a dû faire face.
Dans l’année, l’assureur encaisse :
o Primes émises = n ;
o Les produits financiers (PF).
Il supporte en charge :
o Les prestations : ∑ ;
o Les frais généraux (FG).
Son résultat R est donc donné par :

R n PF (∑ FG)

On suppose que les produits financiers et les frais généraux sont connus et on notera :
FG – PF = FNG, Fonds net de gestion
On a alors :

R n ∑ F G

Dans cette modélisation, R et ∑ sont des variables aléatoires et n et F G

sont supposés connus.


On s’intéresse à la somme des prestations ∑

On a :

(∑ ) ∑ ( ) ( )

(∑ ) ∑ ( ) ( )

(∑ ) √ (∑ ) √ ( ) √ √ ( ) √ ( )
{
Avec X la variable aléatoire distribuée suivant la même loi que les .
En appliquant le théorème de la limite centrale, on a :
∑ (∑ ) ∑ ( )
(0, 1)
(∑ ) √ ( )

Déterminons un intervalle de confiance de ∑ à 8 en fonction de n, E( )et ( ).

A partir de la table de la loi (0, 1), on obtient l’intervalle

[ E( ) ,1 √ ( ) E( ) ,1 √ ( )]
b. Primes

R n ∑ F G

n ∑ F G

On peut ainsi décomposer la prime commerciale en trois termes :

1) ∑ sommes des prestations

C'est donc aussi, l'engagement pris par l'assureur pour couvrir les risques des n assurés.

Par définition, ∑ correspond à la somme des primes pures versées par les n assurés.

2) FNG = Frais de gestion nets de produits financiers


Il correspond aux chargements de gestion. Donc :
o Chargements de gestion = Frais de gestion - Produits financiers
o Frais de gestion = Chargements de gestion + Produits financiers
En pratique, dans ce modèle, l'assureur couvre ses frais de gestion :
o En prélevant un chargement de gestion qui vient s'ajouter à la prime pure ;
o Avec des produits financiers, qu'il a accumulés au cours de l'exercice.
3) Le terme R correspond au chargement de sécurité que l'assureur prélève sur la prime
commerciale.
Pour un contrat, le chargement de sécurité vient s'ajouter à la prime pure et est payé par
l'assuré.
Hypothèses :
o L'assureur prélève un chargement de sécurité proportionnel à la prime pure.
Pour chaque contrat, ce chargement s'écrit: . Donc pour l'ensemble des n
contrats, le chargement de sécurité prélevé par l'assureur vaut : n .
o On suppose que les FNG sont proportionnelle à la prime commerciale payée par
l'assuré.
o Pour chaque contrat, ce chargement s'écrit: g . Donc pour l'ensemble des n
contrats, le chargement de sécurité prélevé par l'assureur vaut: ng , g 1
Ainsi, pour un contrat unique, on a :
1
g , soit
1 g
c. Résultat de l’assureur

Le résultat de l assureurest donné par la formule R n ∑ F G

Avec les hypothèses faites ci-avant, on peut réécrire :

R n ng n ∑ ng

Soit :

R n(1 ) ∑

n(1 ) étant une constante, la seule variable aléatoire dans cette expression de R est

∑ .

On déduit :
( ) n(1 ) nE( )

( ) ( )

{ ( ) √ ( )
En appliquant le théorème central limite au résultat, on obtient que :
( )
(0, 1)
( )
4.3.3. Le risque de perte de l’assureur
On appelle risque de perte de l'assureur au cours d'un exercice considéré la probabilité
que le résultat de l'assureur soit négatif.
Par définition, le risque de perte de l'assureur est P(R<0).
En appliquant le théorème de la limite centrale, on a :
R E(R) E(R)
P(R 0) P R E(R) E(R) P( )
(R) (R)

Or E(R) n e t (R) √n ( ), on obtient donc

R E(R) n R E(R) E(R)


P(R 0) P( ) P(R 0) P( √n )
(R) √n ( ) (R) (R)

L'assureur cherche à avoir un risque de perte aussi petit que possible. On suppose les
caractéristiques du risque assuré connues (c'est-à-dire que E( ) et ( ) sont connues).
Que peut faire l'assureur pour réduire son risque de perte ?
E(R)
Pour que le risque de perte soit faible, il faut que √n soit aussi petit que p
(R)
E(R)
c est à dire que √n soit le plus grand possible.
(R)
Or E(X) et ( )sont supposés fixés, l'assureur ne peut donc jouer que sur le nombre n et
(taux prélevé sur la prime pure pour le chargement de sécurité).
On en déduit que pour minimiser le risque de perte l'assureur a intérêt à :
o Augmenter le nombre de ses assurés ;
o Augmenter le taux qui caractérise le chargement de sécurité.
Comme on l’a vu plus haut, si l'assureur ne prélève pas de chargement de sécurité
( 0) :
R E(R) 1
P(R 0) P( 0)
(R) 2
n risque de perte de 0 est beaucoup trop élevé pour un assureur. D’où l'intérêt de
prélever un chargement de sécurité >0, sur chaque contrat.
4.3.4. Risque de ruine de l’assureur
Le risque de ruine de l'assureur est la probabilité qu'il réalise au cours d'un exercice
donné une perte d'un montant supérieur à ses réserves ou fonds propres (FP).
Par définition, l’assureur est en ruine si P(R FP 0) avec R 0 et FP 0. Ce qui
signifie que les réserves constituées par l'assureur ne suffisent pas à compenser la perte
qu'il a réalisée au cours de l'exercice considéré.
Remarque :
La probabilité de perte d'un assureur est toujours supérieure à sa probabilité de ruine.
En effet, deux cas sont possibles si l'assureur réalise une perte :
o Ou bien le montant de la perte peut être compensé par les réserves de l'assureur,
R FP 0 FP R 0
o Ou bien le montant de la perte ne peut pas être compensée par les réserves
constituées par l'assureur, et dans ce cette hypothèse il y a ruine R+FP<0
R E(R) FP E(R)
P(R FP 0) P(R FP) P( ) , soit
(R) (R)
R E(R) FP n
P(R FP 0) P( )
(R) √n ( )
Dans le cas général, le risque de perte s’écrit :
R E(R) FP n
P( ) , où , est appelé coefficient de sécurité de l assureur
(R) √n ( )
L'assureur cherche à réduire son risque de ruine. Pour cela il cherche à avoir un
coefficient de sécurité aussi grand que possible.
Remarque :
est toujours positif ( 0) pour un assureur. En effet si 0 alors la probabilité de
ruine de l'assureur serait 0, , qui serait trop prélevé.
On souhaite limiter le risque de perte à 0,1 . Quelle est la valeur de qui peut être toleré
R E(R)
On a P ( ) 0,1
(R)
En utilisant la table de la loi normale centrée réduite, on obtient 3,1.
Le risque de ruine d'un assureur est 0,1% si son coefficient de sécurité est de ,1.
Pour réduire le risque de ruine, l'assureur cherche à obtenir un coefficient de sécurité
aussi grand que possible.
E(R) et (R) sont fixés, l'assureur ne peut que jouer sur le FP, n et .
Pour avoir un grand , l’assureur peut chercher à :
o augmenter ses fonds propres FP, cette façon d’augmenter est limitée, les
actionnaires ne peuvent indéfiniment injecter des capitaux dans la société,
surtout lorsqu’elle est en faillite ;
o augmenter son chargement de sécurité , il ne peut le faire dans des proportions
importantes sans courir le risque que ses assurés partent à la concurrence ;
o augmenter le nombre d’assuré n, cette technique est aussi limitée.
4.3.5. Diminution du risque ruine par la réassurance
a. Prise en compte de la réassurance dans le modèle
Rappel:

R n ∑ F G

On suppose maintenant que l'assureur choisit de réassurer par un traité en quote part
prévoyant un taux de rétention de .

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