Introduction au raisonnement mathématique

Préparation à l’entrée dans l’enseignement supérieur

Module I

THÉORIE NAÏVE DES

ENSEMBLES
Partie II
Opérations sur les ensembles

2020

Henri Lemberg, Magali Rocher

Docteurs en Mathématiques,
Professeurs agrégés en classes préparatoires.
Lycée Stanislas,
Paris.
III - Complémentaire

III.1 - Définition

Soit E un ensemble (non vide), et A un sous-ensemble de E. On appelle complémentaire de A dans

E, le sous-ensemble de E noté A des éléments de E qui n’appartiennent pas à A.

A = {x ∈ E | x ∈
/ A}.

Exemple
Soient N l’ensemble des entiers naturels, P le sous-ensemble des entiers pairs alors :
P = {1, 3, 5, 7, 9, 11, . . .}, c’est à dire le sous-ensemble des nombres impairs.

III.2 Propriétés

III.2.1 - Propriétés immédiates 1

Rassemblons-les dans un tableau (avec E un ensemble et A un sous-ensemble de E) :

Ensemble Complémentaire
E ∅
∅ E
A A
A A

III.2.2 - Autre propriété

Soient E un ensemble (non vide 2 ) et A un sous-ensemble (non vide 3 ) de E alors :

A=A

1. Immédiates car leurs démonstrations sont évidentes, mais faites-les tout de même.
2. Si E est vide, c’est immédiat, il n’y a, là non plus, rien à prouver.
3. Sinon, voir le 2.1 ci-dessus.

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 Preuve :
En effet, prouvons cette assertion par double inclusion :
• Soit x ∈ A alors x ∈
/ A donc x ∈ A, par suite : A ⊂ A.
• Soit x ∈ A alors x ∈
/ A, donc x ∈ A, par suite A ⊂ A.

C.Q.F.D.

IV - Union

IV.1 - Définition

Soient E un ensemble, A et B deux sous-ensembles de E. On appelle union 4 des sous-ensembles A

et B, le sous-ensemble noté A ∪ B des éléments de E qui appartiennent à A ou à B.

A ∪ B = {x ∈ E | x ∈ A ou x ∈ B}

Attention !
L’élément x peut appartenir aussi aux deux sous-ensembles en même temps, ici le ou est inclusif.
Exemple
Reprenons l’ensemble E défini précédemment et considérons les sous-ensembles A des multiples de 3
et B des multiples de 5, alors :
A = {3, 6, 9, 12, 15, 18, 21, 24},
B = {5, 10, 15, 20, 25}
et donc :
A ∪ B = {3, 5, 6, 9, 10, 12, 15, 18, 20, 21, 24, 25}.

IV.2 - La différence symétrique A∆B

Il existe une autre forme d’union, celle qui utilise un ou exclusif.

4. Cette opération entre sous-ensembles est aussi dite réunion.

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 Elle est définie par l’ensemble des éléments de A qui n’appartiennent pas à B et des éléments de B
qui n’appartiennent pas à A 5 . On la note A∆B. C’est ce qu’il reste de A ∪ B lorsque l’on a enlevé les
éléments communs à A et B.

IV.3 - Propriétés

Soient A, B, C des sous-ensembles de E, nous avons alors les propriétés suivantes :

P1 : A ⊂ A ∪ B.
P2 : A ∪ A = E.
P3 : A ∪ B = B ∪ A, on dit que l’union est commutative.
P4 : (A ∪ B) ∪ C = A ∪ (B ∪ C), on dit que l’union est associative.
P5 : A ∪ E = E 6.
P6 : A ∪ ∅ = A, on dit que l’ensemble vide est neutre pour l’union.
P7 : Si A ⊂ B alors A ∪ B = B.
Preuve
Prouvons à titre d’exemple, les propriétés 6 et 7, par double inclusion, les autres sont, soit immédiates,
soit se démontrent de la même manière.
P6 :
• Si x ∈ A alors évidemment x ∈ A ∪ ∅ donc A ⊂ A ∪ ∅.
• Si x ∈ A ∪ ∅ alors x ∈ A ou x ∈ ∅ or x ne peut appartenir à ∅ donc x ∈ A, par suite A ∪ ∅ ⊂ A.
P7 :
• On sait par P1 que B ⊂ A ∪ B ;
• Si x ∈ A ∪ B alors :
soit x ∈ A or A ⊂ B donc x ∈ B,
soit x ∈ B et... et c’est fini !

5. Voir ci-dessous la différence de A et de B.

6. On dit aussi que E est absorbant pour l’union.

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V - Intersection

V.1 Définition

Soient A et B deux sous-ensembles d’un ensemble E. On appelle intersection de A et de B, le sous-

ensemble de E noté A ∩ B formé des éléments qui appartiennent à la fois à A et à B.

A ∩ B = {x ∈ E | x ∈ A et x ∈ B}

Exemple :
Reprenons E = {1, 2, 3, . . . , 25}, A = {3, 6, 9, 12, 15, 18, 21, 24}, B = {5, 10, 15, 20, 25} alors
A ∩ B = {15}.

V.2 - Propriétés

Soient A, B, C des sous-ensembles de E, nous avons alors les propriétés suivantes analogues à celles
de l’union :
P1 : A ∩ B ⊂ A.
P2 : A ∩ A = ∅.
P3 : A ∩ B = B ∩ A, on dit que l’intersection est commutative.
P4 : (A ∩ B) ∩ C = A ∩ (B ∩ C), on dit que l’intersection est associative.
P5 : A ∩ E = A, on dit que l’ensemble E est neutre pour l’intersection.
P6 : A ∩ ∅ = ∅ 7.
P7 : Si A ⊂ B alors A ∩ B = A.
Preuve
Prouvons à titre d’exemple, les propriétés 2 et 7, par double inclusion, les autres sont, soit immédiates,
soit se démontrent de la même manière.
P2 :
• On sait que ∅ ⊂ A ∩ A car ∅ est inclus dans tout ensemble 8 .
• Si x ∈ A ∩ A alors x ∈ A et x ∈ A donc x ∈ A et x ∈/ A, ce qui est contradictoire, x n’existe pas,
x ∈ ∅ par suite A ∩ A ⊂ ∅.
P7 :
• Soit x ∈ A ∩ B alors x ∈ A donc A ∩ B ⊂ A 9 .
• Si x ∈ A alors x ∈ B car A ⊂ B, donc x ∈ A ∩ B, conclusion A ⊂ A ∩ B.
7. Là encore, on dit que ∅ est absorbant pour l’intersection.
8. Cf. Module I, sous-ensembles.
9. ce qui démontre P1 , on aurait aussi pu l’utiliser directement.

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V.3 - Généralisation 10

Soient n ∈ N∗ et A1 , A2 , . . . , An , n sous-ensembles de E, alors

n
• ∪ Ai = {x ∈ E | x ∈ A1 ou x ∈ A2 ou . . . x ∈ An }.
i=1
Autrement dit x appartient à la réunion si x appartient au moins à l’un des Ai .
n
• ∩ Ai = {x ∈ E | x ∈ A1 et x ∈ A2 et . . . x ∈ An }.
i=1
C’est à dire : x appartient à l’intersection des Ai si x appartient à tous les Ai .

VI - Différence de A et de B

VI.1 - Définition

Soient A et B deux sous-ensembles d’un ensemble E. On appelle différence de A et de B (on dit aussi
A privé de B), le sous-ensemble noté A\B des éléments de A qui n’appartiennent pas à B.

A\B = {x ∈ E | x ∈ A et x ∈
/ B}.

Exemple
E = N, P est l’ensemble des nombres pairs et P est l’ensemble de nombres premiers, alors
P \P = {4, 6, 8, 10, . . .}.

VI.2 - Proposition

Si A, B sont deux sous-ensembles d’un ensemble E, alors :

A\B = A ∩ B

Preuve
• Si x ∈ A\B alors x ∈ A et x ∈
/ B donc x ∈ A et x ∈ B, soit donc x ∈ A ∩ B.
• Inversement, si x ∈ A ∩ B alors x ∈ A et x ∈ B donc x ∈ A et x ∈
/ B, c’est à dire x ∈ A\B.
Remarque :
A partir de cette notion de différence, on aurait pu définir directement A∆B par :

A∆B = (A\B) ∪ (B\A) .

10. Preuve par récurrence, voir le module III.