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Fiche à jour au
I. Cas pratique 2
II. Correction 3
A. La régularité du licenciement de Mme Lautusse 3
B. Le licenciement de M. Labelle 5
I. Cas pratique
II. Correction
B. Le licenciement de M. Labelle
Nous sommes ici dans le cadre d’un licenciement pour motif personnel
disciplinaire car une faute est reprochée au salarié.
A défaut de précisions sur la procédure de licenciement, nous
considérerons que celle-ci est régulière. Nous allons concentrer notre
étude sur le motif de licenciement : la dégradation du distributeur et le
vol de marchandise entraînant un licenciement pour faute grave.
- Analyse du vol
Une jurisprudence constante indique que l’on peut considérer que le
salarié a commis un vol passible d’une sanction dès lors que la valeur de
ce vol est supérieure à 15€ (Soc, 19.05.1993 ou Soc, 24.05.2000). Or en
l’espèce, M. Labelle aurait dérobé des marchandises à un distributeur. La
valeur de ces marchandises est en général de quelques euros. Sauf à ce
que M. Labelle ait dérobé à plusieurs reprises des marchandises, il sera
difficile de qualifier ses actes de vol constitutif d’une faute grave.
Cependant, une décision récente (Soc, 5.05.2011) a considéré que tout
vol de marchandise pouvait être constitutif d'une faute grave et fondé un
licenciement. L’employeur pourrait donc voir son raisonnement validé.
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Dans tous les cas, l’employeur peut utiliser d’autres sanctions comme
l’avertissement ou la mise à pied qui seront versés au dossier du salarié
et éventuellement réutilisable dans le futur. Comme la jurisprudence est
fluctuante sur ce point, une sanction autre que le licenciement pour faute
grave paraît être le plus raisonnable.
- Le problème de la vidéosurveillance
Dans notre cas d’espèce, l’employeur sanctionne son salarié pour des
dégradations et un vol sur la base d’images obtenues par vidéo
surveillance. Peut-il utiliser ces images de manière licite ?
D’après l’article L.1121-1 du Code du travail, « nul le peut apporter aux
droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives des
restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à
accomplir ni proportionnées au but recherché ». Cet article fonde les
limites à l’utilisation de la vidéo surveillance en entreprise.
Pour que l’employeur puisse engager des actions contre ses salariés sur
la base de la vidéo surveillance, les salariés doivent être mis au courant
de ce procédé ainsi que les représentants du personnel. La CNIL doit
également être informée. En l’espèce, M. Labelle n’avait pas été informé
de l’existence de ce système.
Les éléments recueillis via des systèmes de vidéosurveillance illicites ne
pourront servir de preuve des fautes commises par un salarié (Soc.,
20.11.1991, Soc., 7.06.2006).En l’espèce, l’employeur ne peut donc pas
se baser sur les images vidéos pour licencier M. Labelle. Au-delà du
problème de la valeur du vol et de la sanction éventuelle, l’employeur ne
peut pas prouver légalement ses accusations. Le licenciement de M.
Labelle est donc sans cause réelle et sérieuse.