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Foucher Jean-Pascal. La mise en place d’un plan d’urgence aux Archives départementales de l’Orne. In: La Gazette des
archives, n°209-210, 2008-1-2. La conservation préventive. pp. 165-179;
doi : 10.3406/gazar.2008.4471
http://www.persee.fr/doc/gazar_0016-5522_2008_num_209_1_4471
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1 « Modèle de plan de prévention des sinistres pour les musées, centres d’archives et
bibliothèques », Dijon, 1999, Office pour la Coopération et l’information muséographiques.
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L’élaboration du plan
Les contacts pris avec les pompiers nous ont rassurés sur le fait que la brigade
d’Alençon était très fortement sensibilisée à nos problématiques de
conservation et consciente qu’inonder les collections était aussi nocif qu’un
éventuel incendie. Nous savions pouvoir compter sur leur discernement, à
entretenir et cultiver, au-delà de leur mission première d’évacuation des
personnes et de neutralisation du sinistre. Mais la mobilisation probable
d’autres brigades en cas de sinistre majeur rend nécessaire l’élaboration et la
diffusion d’un document de synthèse exposant les problématiques de
protection des collections, qui serait également joint aux plans Établissement
recevant du public (ERP) à disposition des pompiers sur le site.
Des réunions ont également eu lieu avec les personnels du Pôle patrimoine et
logistique (services du Département) pour les questions de fournitures, de
matériel et d’assurance des agents en cas d’intervention hors de leurs heures de
travail ou dans les départements voisins ; avec les Affaires juridiques pour
l’élaboration d’une convention avec les départements de la Sarthe et de la
Mayenne ; avec la Direction des ressources humaines (DRH) pour les
questions d’indemnisation des personnels et de récupération horaire et un des
membres de ce bureau s’est déclaré volontaire en cas d’appel à volontaires pour
s’occuper du suivi horaire. Le projet a aussi été présenté au Comité hygiène et
sécurité pour validation des choix des matériels de protection des agents.
La rédaction des fiches du plan a pu être entreprise en commençant par les
étapes qui paraissaient les plus urgentes à mettre en place dans la perspective
des travaux d’extension : la phase d’alerte, le matériel à mettre en œuvre, le
déroulement de l’évacuation des collections sinistrées.
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L’état d’avancement
Le plan d’urgence commencé en 2004 n’est toujours pas achevé à ce jour. Les
travaux de construction sur le site des archives ont commencé en janvier 2006 ;
en septembre une première version du plan était achevée et la formation de
l’ensemble des personnels à l’évacuation de documents sinistrés a pu être
menée. Cette étape fut l’occasion de vérifier la pertinence des procédures
envisagées sur le papier. Ce ne fut évidemment pas le cas, aussi les corrections
ont-elles été immédiatement apportées.
Par ailleurs, la procédure de recours aux volontaires en cas de sinistre en
dehors des heures d’ouverture ou pendant des congés n’est pas encore
formalisée mais 14 personnes se sont déclarées volontaires pour être appelées à
leur domicile, parmi lesquelles 11 sont prêtes à intervenir chez nos voisins de la
Sarthe ou de la Mayenne. En effet, devant le coût des matériels à immobiliser
pour une hypothétique intervention en cas de sinistre, l’idée de mutualisation
avec les voisins s’est imposée à nous. Mais au-delà des coûts, c’est aussi la
compétence qu’ont les personnes travaillant dans un service d’archives, et quel
que soit leur niveau, qui est reconnue. En cas de sinistre ce n’est ni le lieu, ni le
moment d’expliquer ce qu’est un magasin, un épi, une travée, une cote, toutes
choses qui nous semblent à tous évidentes mais qui sont bien énigmatiques
pour le profane. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’intervention de
bénévoles n’a pas été retenue pour une évacuation des documents, mais sera
envisagée pour la logistique en cas de sinistre majeur, en fonction de nos
besoins.
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Les trois dernières fiches action indiquent les opérations à réaliser pour les
documents papier ou parchemins humides ou mouillés, les CD ou DVD
humides ou mouillés, les documents atteints par les suies et ceux non sinistrés
à protéger. Elles énumèrent les interventions et décrivent les chaînes de
traitement en fonction de la nature des dégâts et des supports.
La dernière partie du plan comporte en annexe l’ensemble des documents de
suivi : liste des personnes présentes avec le département d’origine (dans le cas
d’une intervention mutualisée) et les horaires d’arrivée et de départ, suivi des
bacs, réception et aiguillage des bacs pour traitement (congélation,
lyophilisation, séchage), réception des bacs sur les lieux de destination. Cette
dernière partie comprend également la liste des fournisseurs et prestataires avec
adresse et numéro de téléphone, réalisée de manière concentrique, afin de
contacter en premier les plus proches.
Le plan d’urgence est disponible sous forme papier en deux exemplaires : un
localisé dans le bureau du chef de service, proche du secrétariat, et un, avec un
certain nombre de fiches actions sous pochettes plastiques, dans une armoire
localisée en un espace facilement accessible de l’extérieur, avec le matériel de
première intervention. Le plan est aussi accessible sous forme numérique sur le
réseau Archives.
Les plans du bâtiment avec les circuits d’évacuation, qui, pour des raisons de
sécurité des personnes, n’avaient pas été joints au plan d’urgence, à cause de
trop fréquents changements pendant les travaux, sont à intégrer.
Mais le travail le plus lourd (en terme de temps à consacrer) qui reste à mener
consiste à contacter les éventuels prestataires susceptibles d’être appelés en cas
de sinistre majeur : transporteurs, entrepôts frigorifiques, etc. Le repérage de
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ces fournisseurs ou prestataires est certes quasiment achevé depuis plus d’un an
mais tout le travail de prise de contact, d’explication de nos besoins éventuels,
la création d’une sorte de répertoire de référents est encore à faire. Par la suite,
la mise à jour de ce répertoire sera une des opérations les plus chronophages.
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En guise de conclusion
Aspects positifs
La mise en place d’un plan d’urgence est une activité très consommatrice de
temps. Avoir pu mener ce projet dans le cadre d’une formation initiale
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Difficultés
Cet avantage présente aussi son revers : identifier un référent dans un service,
c’est aussi encourager la déresponsabilisation, à tous les niveaux de la
hiérarchie. L’investissement et la vigilance collectifs peuvent en souffrir. La
communication, la formation revêtent une importance capitale pour assurer
une adhésion de tous, en particulier de l’encadrement, au projet. Observée dans
d’autres domaines, la difficulté à inscrire des procédures nouvelles, portées en
mode « mission », dans les pratiques quotidiennes des agents est réelle. Elle est
accrue par le fait qu’il s’agit de maintenir le service en état de vigilance
permanente, pour des risques et des probabilités de sinistres qui restent très
faibles.
La définition d’un plan d’urgence nécessite un temps important. La
concentration d’autres missions sur son pilote ne permet ni une rédaction
linéaire du document, ni une mise à jour au fil de l’eau. Le plan d’urgence
avance ainsi par à-coups, ce qui peut nuire à sa qualité et à son efficacité.
Finalement, l’investissement est-il rentable ? Il faudrait pour contribuer au
débat donner la parole aux responsables de collections qui ont connu de graves
sinistres sans qu’un plan d’urgence ait été élaboré et assimilé en amont. Ou
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Jean-Pascal FOUCHER
Directeur des Archives départementales de l’Orne
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