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Année 2012
THÈSE
Pour le
DOCTORAT VÉTÉRINAIRE
Présentée et soutenue publiquement devant
LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE CRÉTEIL
le……………
par
Thomas JACOB
Né le 24 septembre 1986 à Nancy (Meurthe-et-Moselle)
JURY
Président : Pr
Professeur à la Faculté de Médecine de CRÉTEIL
Membres
Directeur : Dominique RÉMY
Maître de conférences à l’ENVA
Assesseur : Loïc DESQUILBET
Maître de conférences à l’ENVA
LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT
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contractuel,
* responsable d’unité
REMERCIEMENTS
A mon père,
Pour arriver à me supporter
Pour ce qu’il représente
A Céline,
Pour avoir ouvert la voie
A ma Grand-mère,
Pour m’avoir hébergé pendant la rédaction
A Didier,
Pour avoir porté les affaires,
Pour son éclairage littéraire
A Juju Dahan,
To give me assistance
Au Trio Magic,
Pour m’avoir fait rêver pendant 5 ans
A mes Anciens,
Pour tous les bons moments partagés
A mon Poulot,
Pour être lamentablement génial
Au groupe 10 et aux Ananas, à Florent, Julie, Noémie, Kéké, Jon, et les autres…
Sans qui le Grisby ne serait pas le Grisby, et mes années d’études bien différentes
1
3. Alimentation et état corporel.................................................................................. 26
4. Type d’élevages ..................................................................................................... 26
5. Age de la vache ...................................................................................................... 27
6. Poids et sexe du veau ............................................................................................. 27
7. Maladies concomitantes ......................................................................................... 27
8. Race........................................................................................................................ 28
9. Génétique ............................................................................................................... 28
B. Observation clinique et épidémiologique .............................................................. 28
C. Tendance actuelle ................................................................................................... 29
IV. Gérer la torsion sur le terrain ......................................................................................... 30
A. Diagnostic .............................................................................................................. 30
1. Signes cliniques ..................................................................................................... 30
2. Palpation ................................................................................................................ 30
B. Complications ........................................................................................................ 33
C. Intérêt des examens complémentaires.................................................................... 34
D. Traitements ............................................................................................................ 35
1. Réduction manuelle ............................................................................................... 35
2. Roulement .............................................................................................................. 36
3. Barre à détorsion .................................................................................................... 38
4. Césarienne .............................................................................................................. 39
5. Bilan ....................................................................................................................... 40
V. Conclusion ..................................................................................................................... 40
Deuxième partie : Enquête terrain ............................................................................................ 41
I. Introduction ................................................................................................................... 43
II. Matériels et méthodes .................................................................................................... 44
A. Choix de l’échantillon : choix des vétérinaires ...................................................... 44
B. Présentation du questionnaire ................................................................................ 44
1. Réalisation.............................................................................................................. 44
2. Les points abordés .................................................................................................. 44
a. Fiche explicative ................................................................................................ 44
b. Questionnaire individuel .................................................................................... 45
c. Questionnaires d’élevages .................................................................................. 45
C. Diffusion du questionnaire ..................................................................................... 46
D. Méthode d’analyses ............................................................................................... 46
1. Recueil des données et mise sous forme informatique .......................................... 46
2
2. Recueils des cas particuliers .................................................................................. 47
3. Mise en forme des résultats.................................................................................... 48
a. Carte ................................................................................................................... 48
b. Tableaux ............................................................................................................. 48
c. Diagrammes en barres ........................................................................................ 49
d. Histogrammes ..................................................................................................... 49
4. Méthode statistique ................................................................................................ 49
III. Résultats ........................................................................................................................ 51
A. Partie descriptive .................................................................................................... 51
1. Répartition des clientèles ayant répondu ............................................................... 51
2. Généralités ............................................................................................................. 51
a. Population source et motif de consultation ........................................................ 51
b. Description des systèmes d’élevages présents ................................................... 54
c. Description de la densité .................................................................................... 56
3. Comparaison des élevages à une et plus d’une torsion .......................................... 56
4. Description de la vache atteinte et de son veau ..................................................... 57
a. Description de la vache ...................................................................................... 57
b. Description du veau ............................................................................................ 57
5. Description de la torsion ........................................................................................ 59
6. Traitements ............................................................................................................ 60
7. Complications ........................................................................................................ 63
8. Résumé des principaux résultats de la partie descriptive ....................................... 63
B. Partie analytique ..................................................................................................... 64
1. La race peut-elle être envisagée comme un facteur de risque ? ............................. 64
2. La vache au point de vue individuel et dans l’élevage .......................................... 64
3. Veaux lourds et types de production ...................................................................... 64
4. Evaluation des associations brutes pouvant exister entre les différents
paramètres de la torsion ................................................................................................. 65
5. Analyse de la facilité de traitement en fonction des situations rencontrées........... 66
6. Association brute entre la présentation de la torsion et la viabilité du veau .......... 68
IV. Discussion ..................................................................................................................... 70
A. Évaluation de la population source et de l’échantillon .......................................... 70
1. Évaluation des biais de description ........................................................................ 70
a. Le biais d’échantillonnage.................................................................................. 70
b. Le biais d’observation ou de mesure .................................................................. 72
3
2. Évaluation des biais de l’analyse des associations................................................. 73
a. Le biais de sélection ........................................................................................... 73
b. Le biais de confusion .......................................................................................... 73
B. Évaluation de la population des élevages .............................................................. 73
C. Type de torsion observé et littérature ..................................................................... 74
D. Le veau : son poids, son sexe. ................................................................................ 75
E. Viabilité ..................................................................................................................... 76
F. Traitement .................................................................................................................. 77
1. Réduction manuelle ............................................................................................... 77
2. Césarienne .............................................................................................................. 78
G. La torsion précoce, différence… ............................................................................ 78
H. Perspective d’amélioration du questionnaire ......................................................... 79
1. Amélioration de la recherche de cas ...................................................................... 79
2. Question à poser différemment ou en supplément ................................................. 79
a. Quelques questions mal exprimées ou mal comprises ....................................... 79
b. Quelques questions manquantes......................................................................... 80
CONCLUSION ........................................................................................................................ 81
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 82
ANNEXES ............................................................................................................................... 87
4
TABLE DES ILLLUSTRATIONS
5
Figure 25 : Représentation du nombre de veaux en fonction du poids et de la race
(à gauche) et du type de production (à droite) ......................................................................... 59
Figure 26 : Répartition des 6 races majeures dans les départements où l’effectif est le plus
important (toujours >10 000 têtes). .......................................................................................... 71
Figure 27 : Répartition des races rustiques dans les départements où l’effectif est
supérieur à 10 000 têtes : plein, et supérieur à 1000 têtes : hachure. ....................................... 71
Figure 28 : Place en stabulation entravée en 2001 en France (Capdeville et al, 2004) ........... 74
6
Tableau 23 : Tableau récapitulatif des associations brutes entre la facilité d’intervention
et le choix du traitement en fonction de la situation ................................................................ 67
Tableau 24 : Tableau récapitulatifs des associations brutes entre la durée d’intervention
(en XXX) et la présentation ..................................................................................................... 68
Tableau 25 : Associations brutes avec la viabilité (vs mortalité) et les différentes
présentations de torsion possibles ............................................................................................ 68
Tableau 26 : Population bovine dans les clientèles de l’étude. ................................................ 72
Tableau 27 : Poids moyen des veaux en fonction de la race .................................................... 76
7
8
INTRODUCTION
La torsion utérine est décrite chez la plupart des espèces domestiques. Mais elle est rencontrée
le plus fréquemment chez les bovins. L’expulsion du fœtus est impossible tant que cette
condition n’est pas corrigée. Boutrolle en 1766 (Savre, 1931) l’a décrite pour la première fois.
Depuis, son diagnostic et son traitement sont bien connus des praticiens, mais son étiologie et
ses facteurs de risque restent toujours mal élucidés. Elle survient généralement à la fin de la
première ou au début de la deuxième phase de la parturition. Des cas précoces, au cours de la
gestation sont également décrits. L’instabilité de l’utérus est probablement la cause
prédisposante la plus impotante, mais d’autres facteurs de la fin de gestation peuvent
également intervenir. Notre sentiment est que la fréquence de cette pathologie diffère entre les
races. Nous aborderons, uniquement les torsions diagnotiquées lors de la parturition.
Dans une première partie bibliographique, nous rappellerons les mécanismes mis en jeu pour
l’installation de la torsion, ses facteurs de risques et ses méthodes de correction.
Puis, nous rapporterons une étude sur 145 cas, réalisée au cours de la période de vêlage 2010-
2011. Dans cette seconde partie personnelle, nous décrirons, les torsions présentées aux
praticiens, les méthodes de correction utilisées selon la situation clinique d’une part, et
étudierons les relations existantes entre les différents paramètres de la torsion. L’objectif est
de fournir au praticien les éléments, pour donner un pronostic à l’éleveur et choisir la
meilleure option thérapeutique le plus rapidement possible.
9
10
Première partie : La torsion utérine
11
12
I. Les particularités de l’organe reproducteur et de la physiologie de
la parturition chez la vache
La torsion utérine est une dystocie d’origine maternelle qui se traduit par une rotation du
corps de l’utérus autour de son axe longitudinal et par la fermeture complète ou incomplète du
conduit vagino-utérin. Elle se produit à la fin de la première phase ou au début de la seconde
phase de la parturition. On peut remarquer que cette dystocie est fréquente dans l’espèce
bovine par rapport aux autres espèces animales. En effet, elle est rarissime chez les
carnivores, et les suidés, un peu moins chez les équidés, et reste tout aussi rare chez les petits
ruminants tels que les chèvres ou les moutons. Chez les buffles, qui sont des ruminants
sauvages et domestiques de même gabarit, celle-ci est la dystocie la plus fréquente (Ali et al.,
2011 ; Arthur et al., 2001). Ce qui amène à penser que la cause de la torsion, peut être
environnementale, mais également intrinsèque à l’espèce.
A. Rappels anatomiques
L’anatomie du tractus génital présente quelques particularités qu’il convient de rappeler pour
comprendre comment l’utérus subit aisément une torsion
1. L’utérus
L’utérus des ruminants, dont celui de la vache, est un utérus bipartitus, unifié sur une courte
partie caudale : le corps (Barone, 2001). Celui-ci possède une communication simple et
médiane avec le vagin et se prolonge crânialement par deux très longues cornes d’une
quarantaine de centimètres chacune (15 à 20 cm chez la jument), qui forment la partie
majeure de l’organe. Celles-ci, possèdent deux bords. Le bord mésométrial, ou petite
courbure, est concave et donne insertion au ligament large. Les cornes ont une disposition
spiroïdale en corne de bélier, dirigés vers l’extérieur, d’abord vers le bas, pour remonter
ensuite latéralement au niveau du corps utérin (Figures 1B et 1C). Cette disposition
particulière est liée à la migration très caudale des ovaires lors de l’organogenèse chez les
ruminants. Le bord libre, (Mardo liber), convexe est libre de toute attache. La base des cornes
s’adossent l’une à l’autre sous une enveloppe séreuse et conjonctive commune, où elles
restent accolées sur une certaine longueur, de sorte que le corps paraît plus long qu’il ne l’est.
Particularité aux ruminants, les cornes sont reliées crânialement à leur accolement par deux
ligaments intercornuaux (Ligamentum intercornuale), l’un ventral, l’autre dorsal. Enfin le col
de l’utérus (Cervix uteri), cylindrique et épais, est facilement reconnaissable à la palpation. Il
est beaucoup plus long que le corps utérin chez la vache, (environ 10 cm), alors qu’il est plus
court chez les carnivores et les équidés (Barone, 2001).
Le corps et le col de l’utérus sont situés dans la cavité pelvienne entre dorsalement le rectum
et ventralement la vessie, alors que les cornes reliées aux ovaires sont dans la cavité
abdominale. Les cornes sont repliées sur elles-mêmes et très caudales, par rapport aux autres
espèces où elles sont tirées crânialement par les ovaires.
13
Figures 1A, 1B, 1C : Aspect externe de l’utérus
L’utérus est fixé par continuité au vagin et de part et d’autre à la paroi abdominale dorsale et
du bassin par une paire de mésos d’origine pelvienne : les ligaments larges (Ligamentum
latum uteri).
Chaque ligament large forme une lame viscérale, qui s’attache, par sa partie supérieure, au
niveau de l’angle externe de l’ilium jusqu’en regard de la cavité cotyloïde. Cette partie dorsale
est très caudale par rapport aux autres espèces. Sa partie ventrale s’attache à la petite courbure
de l’utérus. De plus, à la différence de la plupart des espèces où le ligament large est dorsal,
chez les ruminants il est latéral, puis ventral par rapport à l’utérus (Figure 1A). Enfin, sa partie
crâniale est libre chez la vache ce qui permet une très grande mobilité des ovaires.
Ainsi on a une sorte de « V » sur l’angle duquel repose uniquement le corps utérin, sa largeur
ne permettant pas de contenir les cornes. (Figure 2)
14
Normalement, il est épais et solide, renforcé par un fort tractus de collagènes et de fibres
musculaires.
Le ligament rond de l’utérus (Ligamentum teres uteri), est un long cordon de fibres de
collagènes et de fibres musculaires lisses qui relie l’apex de la corne à l’anneau inguinal, très
peu important chez les ruminants.
Figure 2 : L’utérus repose sur le ligament large (BUDRAS et HABEL, 2003, p94)
Ainsi, l’utérus n’est pas vraiment suspendu sur ses attaches, mais il repose sur ses organes de
fixation.
La gestation dure en moyenne 283 jours. La corne gravide s’incurve sur elle-même, de sorte
que sa partie moyenne occupe la région crâniale et que l’extrémité ovarique ploie fortement
en direction dorso-caudale. De plus l’ovaire et la trompe sont plus crâniales du côté gravide,
la corne non gravide distale reste relativement petite au cours de la gestation. Ainsi l’utérus
gravide est asymétrique et entreprend physiologiquement une légère rotation par-dessus la
corne non gravide (Zaborski et al., 2009).
Au court de la gestation, l’inertie de l’utérus augmente. Son volume passe d’en moyenne un
litre à 55 L, d’une circonférence de 20 cm à 120 cm et sa longueur totale dépliée atteint 2 m à
2 m 50 (Pavaux, 1982).
15
Figures 3 A et 3 B : Utérus gravide de 5 mois.
A : PAVAUX, 1982, p125, La corne droite (3) est gravide et bascule au dessus de la corne
gauche au niveau de la bifurcation matérialisée par la flèche blanche. B : Utérus de la vache,
1981, p27. La corne droite gravide s’enroule sur la corne gauche
L’utérus s’insinue doucement à droite, puis sous le rumen pour occuper la partie basse du
flanc gauche et la région du ventre, et tout le flanc droit en plongeant dorso crânialement, sous
l’hypochondre droit jusqu’à l’appendice xyphoïde. Les intestins, la caillette et le feuillet, sont
refoulés dorsalement et crânialement (Figure 4). En réalité, la mobilité des organes est réduite.
Ainsi l’utérus est contenu entre le rumen à gauche, les intestins à droite et le plancher de
l’abdomen ventralement.
Figure 4 : Topographie des organes abdominaux d’une vache gravide coté droit.
(Barone, 2001, p806)
16
4. Modifications du ligament large au court de la
gestation
Au court de la gestation, le ligament large s’étend sous l’effet du poids et du volume croissant
de l’utérus. Il s’étend essentiellement suivant l’axe dorso-ventral et très peu suivant l’axe
crânio-caudal, ce qui participe au ploiement de l’utérus autour de son axe longitudinal. De
plus, en fin de gestation l’inversion du rapport œstrogènes sur progestérone induit une
modification de la structure du collagène, ce qui se traduit par une perte d’élasticité et de
tension des ligaments. L’effacement du ligament sacro-iliaque précéde la parturition en est
l’exemple le plus flagrant. Il faut imaginer le même phénomène au niveau des ligaments
larges.
De plus certains auteurs (Savre, 1927, Larre, 1931), estiment que la baisse d’activité en fin de
gestation contribue au relâchement des muscles lisses du ligament large, ou tout au moins à
une perte de tonus.
Il s’agit de l’étape qui prépare l’organe génital et le fœtus son expulsion. La structure du
collagène commence par changer et l’incorporation d’eau augmente, ce qui rend les tissus
beaucoup plus déformables, et plus souples (Akers et Denbow, 2008). Ainsi, le col de l’utérus
se dilate, d’abord par l’orifice externe, puis l’interne. Cette étape marque le début des
contractions myométriales régulières et coordonnées, ce qui contribue à la fois à la dilatation
du cervix, et au détachement des enveloppes de la matrice (Arthur et al., 2001). Enfin, le
fœtus change de position, pour se placer en position parturiente physiologique (position
antérieure sacro-dorsale) en tournant autour de son axe longitudinal et en étendant ses
membres. D’après Abusineima (Arthur et al., 2001), le veau a d’abord les membres repliés et
l’extension de ceux-ci vient du fait qu’il tente de « se tenir debout » in utero, ce qui engendre
des mouvements importants et spontanés du fœtus. Ces mouvements fœtaux induiraient
également un renforcement des contractions myométriales. Cette phase dure généralement
entre 4 à 6h, parfois jusqu’à 24h.
Cette phase, qui peut durer d’une demi-heure à trois heures, correspond à l’expulsion du fœtus
et à la rupture des enveloppes. Le début de cette phase est marqué par l’apparition des
contractions abdominales. L’expulsion est due pour 90% aux contractions myométriales et
seulement pour 10% aux contractions abdominales. Chez la vache, les contractions du canal
cervical s’arrêtent au court de cette phase. C’est l’allantochorion qui se rompt en premier,
avant même l’expulsion du fœtus, ce qui réduit le volume des fluides totaux par rapport au
volume du veau, puis il y a rupture de l’amnios, et enfin expulsion du fœtus. La vache vêle la
plupart du temps couchée, une fois la tête sortie, le reste du corps suit facilement, même si
17
chez la vache des efforts intenses sont associés au passage du thorax et des hanches. Au cours
du vêlage, le veau peut être amené à tourner de 45° pour lui permettre de profiter du diamètre
le plus large du bassin (Arthur et al., 2001).
En résumé, l’utérus n’est pas fixé, mais repose sur son appareil suspenseur. L’utérus gravide
croît de manière asymétrique tout comme l’élongation du ligament large. L’élongation du
ligament large est proportionnellement plus courte que l’élongation de l’utérus. Ainsi, lors de
la gestation, la portion la plus volumineuse et lourde est repliée sur elle-même et lâche dans
l’abdomen (Zaborski et al., 2009). L’utérus est donc uniquement contenu par ses rapports
avec la masse digestive et le plancher de l’abdomen, et non maintenu, dans une position
d’équilibre de plus en plus instable au fur et à mesure de l’avancée de la gestation. L’anatomie
particulière dans l’espèce bovine permet d’expliquer pourquoi cette espèce est prédisposée à
la torsion utérine. De même le déroulement de la parturition, avec des mouvements importants
et désordonnés de fœtus associé à un col utérin qui se dilate lentement et progressivement
d’arrière en avant, ce qui offre un point de pivot solide assez longtemps (Figure 5), prédispose
à la torsion. La diminution du tonus utérin au début de la parturition associée à une position
plus haute du fœtus, met l’utérus dans un état instable plus sujet à la rotation.
De plus il a été montré que chez les Prim’Holstein allemandes que la faible inclinaison du
bassin augmente l’incidence de la torsion utérine (Kruse, 2004), ce qui pourrait être généralisé
à l’ensemble de l’espèce.
Figure 5 : Le col offre un point de pivot important pour l’utérus gravide. (Barone, 2001,
p352)
18
II. Les différentes étiologies et le mécanisme de torsion
L’utérus est en équilibre instable, particulièrement en fin de gestation. Nous allons chercher à
comprendre ce qui peut initier, déclencher la rotation, la torsion.
D’après Priouzeau (Gaborieau et Sollogoub, 1981), la torsion se produit le plus souvent sans
le moindre recours de forces extérieures. Pour lui, il suffit que 3 conditions soit réunies :
- Le grand développement du fœtus et sa mobilité résultant de ses mouvements actifs
- La rumination et les importants mouvements de brassage qu’elle provoque
- Le synchronisme entre les mouvements de brassage du rumen, les mouvements
concomitants de la corne gravide et l’accroissement de l’amplitude de ces mêmes
mouvements, résultant de l’action de déplacements désordonnés du fœtus.
Cette explication est insuffisante et un peu simpliste, même si elle reste un bon point de départ
pour comprendre ce qui ce passe réellement. Les liquides fœtaux, les enveloppes, et les
cotylédons amortissent et tendent à s’opposer (car cela implique une augmentation de la
pression intra-utérine par diminution du volume utérin) aux mouvements du veau, qui ne sont
pas transmis à l’utérus. (Figure 6). Pour que le veau transmette son mouvement à l’utérus, il
faudrait qu’il prenne appui sur une surface solide à travers la paroi utérine, ce qui peut être
possible sous certaines conditions, notamment lorsque l’animal est couché. Ou, lorsque la
quantité des liquides fœtaux diminue par rapport au volume du fœtus, dans ce cas
l’amortissement est moins important et la torsion peut survenir. Ainsi, Gaborieau et
Sollogoub, (1981), excluent la possibilité de torsion complète sur vache debout.
Figure 6 : Les cotylédons amortissent les mouvements du fœtus. (Gaborieau et
Sollogoub, 1981, p260)
Cette hypothèse repose sur la laxité du contenu abdominal qui augmente au cours de la
gestation. Cette laxité augmente si le volume disponible dans l’abdomen augmente, par
exemple si le rumen est petit. Cela est mis en évidence par l’augmentation de la prévalence
lors des années de disette (notamment au cours de la seconde guerre mondiale et les années de
19
sécheresses). Kruse a démontré en 2004, chez les Brunes des Alpes allemandes que les vaches
atteintes de torsion utérine avaient une note d’état corporel significativement (p=0.004)
inférieure de 0.21, aux vaches saines de la même race. Ainsi tout ce qui amènerait une
diminution de la taille du rumen favoriserait la torsion utérine, comme n’importe quelle
maladie qui conduit à une dysorexie. Parallèlement, tout ce qui conduirait à une augmentation
du volume de la cavité abdominale, augmente la probabilité de la torsion.
L’utérus est en rapport avec le rumen qui présente sur le coté droit un plan incliné dorso-
ventral de droite à gauche au cours de la gestation (Figure 7). Ce plan, permet à l’utérus de
glisser facilement sous le rumen, tout en initiant le début d’une torsion.
Figure 7 : Coupe transversale d’une vache gravide passant par L3 (Barone, 2001, p802)
Les vaches présentant une torsion utérine diffèrent significativement au niveau de la poitrine,
de la hauteur au garrot et de la croupe, de la profondeur du corps au sein d’une même race, et
ce quelle que soit la classe d’âge (Kruse, 2004). Cela n’a pas pu être démontré en intra-
espèce. Existe-t-il une différence entre les races en fonction du gabarit ? (Tableau 1).
20
Tableau 1 : Evolution du format des vaches en fonction des races (Institut de l’élevage
juin 2011)
21
B. Les causes extrinsèques
Il s’agit de toutes les causes accidentelles qui peuvent perturber l’équilibre instable de l’utérus
gravide. On peut citer :
- Les glissades, les chutes (dans le pré, sur le racleur automatique…)
- Les luttes entre les animaux
- Le cabrer sur une vache en chaleur
- …
Elles ont longtemps été décrites (Savre, 1927 ; Larre, 1931) comme des causes d’apparition
des torsions mais ce ne sont finalement que des facteurs de risques (Aubry et al., 2008 ;
Frazer et al., 1996). En effet, finir sa gestation en terrain montagneux ou en plaines
accidentées, ou encore des terrains glissant augmentent la fréquence d’apparition des causes
accidentelles.
3. Le lever en solipède
On met ce changement d’attitude dans les causes extrinsèques, car il n’est pas naturel mais
dépendant de l’espace dont dispose la vache pour se relever (Larre, 1931). Comme tout
changement d’attitude il est lent, avec des phases d’arrêt et modifie l’angulation de l’axe
longitudinal de l’utérus. (Savre, 1927)
Comme vu précédemment, les torsions sur vaches debout ne sont pas possibles spontanément,
mais elles restent possibles si la cause est accidentelle, par rupture de l’équilibre instable.
(Gaborieau et Sollogoub, 1981).
Ainsi, si la vache chute, son corps peut être amené à tourner autour de son axe longitudinal,
axe sur lequel se retrouve l’utérus gravide. Dans ce cas, c’est la vache qui tourne autour de
son utérus, créant ainsi la torsion. Ce cas reste exceptionnel. Mais une simple chute de sa
hauteur, sans roulement de la vache ou une chute sur le train postérieur que l’on peut voir sur
des terrains glissants, provoque une rupture de l’équilibre de l’utérus qui peut continuer à
tourner autour de son axe après la chute et engendrer une torsion.
Dans cette position la paroi abdominale est au contact du sol, il y a beaucoup de tensions, et la
paroi utérine supporte moins le poids du veau et des liquides fœtaux, les mouvements latéraux
deviennent alors plus faciles. Les torsions peuvent apparaitre quand la vache est couchée sur
son le flanc gauche ou en décubitus sternal car l’utérus n’est pas totalement contraint, il lui
reste un bord libre. Quand elle est sur le flanc droit, l’utérus est prisonnier entre le rumen et le
sol, et ne possède ni de laxité ni de mobilité suffisante pour permettre la torsion.
22
a. La vache couchée sur son flanc gauche.
L’utérus gravide repose sur le plan incliné formé par le rumen (Figure 7). L’aire de
recouvrement du rumen par l’utérus est variable en fonction de la taille de l’animal, la taille
du rumen, son état de réplétion et le moment de son cycle de contraction, et évidemment de la
taille de l’utérus. Lorsque que cette surface diminue, l’instabilité augmente (Figure 8). Sous
certaines conditions, la convexité du sac dorsal du rumen et la grande courbure de l’utérus
peuvent devenir tangentielles, ce qui rend l’équilibre de l’utérus encore plus précaire
(Gaborieau et Sollogoub, 1981). Le moindre stimulus peut provoquer la torsion. C’est ce qui
se passe lors du relever de la mère dans ces conditions favorables à la torsion.
Dans ces conditions, la torsion s’effectue dans le sens antihoraire, mais le veau et les
propriétés physiques de l’utérus tendent à s’opposer à ce mouvement, cf. ci-dessus. Trois cas
sont alors envisageables (Gaborieau et Sollogoub, 1981) :
- La torsion se résout spontanément
- Le veau est enclavé sous le rumen et la torsion persiste
- La détorsion spontanée s’effectue, mais le mouvement continue et une torsion horaire
se met en place, souvent complète (>180°).
Il faut remarquer que dans ce cas, l’axe de l’utérus est conservé, ce qui facilite les manœuvres
obstétricales. (Figure 9B)
23
Figures 9 A et 9B : Axe de la rotation en fonction du sens de torsion (Gaborieau et
Sollogoub , 1981, p258)
Le veau est relativement libre de pencher à gauche ou à droite. S’il bascule à gauche, on
revient au cas précédent. S’il bascule à droite, deux éventualités se présentent (Gaborieau et
Sollogoub, 1981) :
- Si le veau est en présentation antérieure : le centre de gravité est très bas (Figure 10),
car il est assis ou allongé contre le sol, et la torsion peut intervenir dans n’importe quel
sens, mais elle reste très rare.
- Si le veau est en présentation postérieure : le bassin du veau relève son centre de
gravité (Figure 10) et le veau peut basculer facilement à droite. A gauche le rumen
rend cette bascule plus difficile. On parle alors de basculement car l’axe de l’utérus est
perturbé, par le volume que prend l’arrière train du veau (Figure 9A). Dans ce cas, les
manœuvres obstétricales sont plus difficiles et facilitées par un taxis externe (Figure
11) ou par le coucher de la vache.
Figure 10 : Centre de gravité du veau en fonction de sa présentation. (Gaborieau et
Sollogoub , 1981, p263)
24
Figure 11 : Taxis externe à l’aide d’une planche avec appui sur le sol (L’utérus
Gaborieau et Sollogoub , 1981, p256).
c. Bilan
Quel que soit le cas de figure, la possibilité d’apparition de la torsion va tenir compte de la
position de la vache, de la taille du rumen, de la juxtaposition rumen-fœtus, de la taille de
l’ensemble utérus gravide-fœtus. Les différents facteurs prédisposants à l’instabilité utérine,
cités plus haut, peuvent évoluer, selon les facteurs de risques rencontrés, ce que nous verrons
plus tard. De plus, la rythmicité des contractions ruminales initie un mouvement pendulaire à
l’utérus et modifie son centre de gravité, ce qui peut suffire pour induire une torsion au
moment de la modification d’attitude que ce soit le relever ou le coucher.
Toutes les causes citées, peuvent intervenir à un moment quelconque de la gestation, mais la
probabilité de torsion augmente d’autant plus que l’on s’approche du terme.
La corne gravide ploie naturellement sur elle-même, et engage quasiment une rotation. La
partie la plus lourde de l’utérus gravide n’est pas attachée à l’appareil suspenseur, qui est lui-
même très lâche et asymétrique. La mobilité réduite de l’utérus peut augmenter en fonction de
la vacuité du rumen, et du format de l’animal. Les mouvements brusques du fœtus associés à
la réduction du tonus utérin et à une perte progressive du liquide amniotique au cours du
vêlage, facilitent la torsion d’un utérus dont le fœtus est en position haute en début de
parturition. Vanderplasche, dans ses communications personnelles en 1982, indique que
l’instabilité et tous ces phénomènes passifs ne permettent pas d’expliquer les torsions
complètes de plus de 180°, on rajoutera même jusqu’à 360° : l’instabilité permet d’installer la
torsion sur la vache couchée, qui va s’accuser lors du relever et pourra alors être complète.
Mais les rotations sévères et occasionnelles de 720° ou plus, ne peuvent être expliquées sans
des phénomènes actifs, comme de violents mouvements du fœtus concomitants à la mise en
place des contractions, qui reste l’explication la plus probable (Momont, 2005).
L’anatomie, la mécanique du changement d’attitude et la mécanique du vêlage, permettent de
mieux comprendre la prédisposition de l’espèce bovine à la torsion utérine.
Comme nous l’avons vu, la torsion est facile à mettre en place mais l’inverse est vrai d’autant
qu’elle est de faible amplitude.
25
III. Connaissances actuelles sur la situation de la torsion utérine en
élevage bovin
La prévalence de la torsion utérine n’est pas identique autour du monde. D’après différentes
études la prévalence en Australie est seulement de 1 à 3% des dystocies, en Europe elle est de
3 à 4% et de 3 à 7% en Amérique du Nord. La Prim’Holstein est la race prédominante dans
toutes ces régions, mais les conditions d’élevage sont bien différentes d’une région à l’autre
(Frazer et al., 1996). Il existe donc des facteurs de risques dépendant de la régie d’élevage et
ou de l’animal lui-même.
Le risque de torsion augmente lorsque la réduction des liquides fœtaux par rapport au volume
des fœtus est important (Gaborieau et Sollogoub, 1981 ; Ali et al., 2011). La diminution de la
capacité d’amortissement des mouvements du fœtus en fin de gestation par les liquides fœtaux
explique ce constat.
En outre, plus la corne non gravide est petite, plus la rotation de la corne gravide est
fréquente, on remarque d’ailleurs que les torsions d’utérus sur les gestations gémellaires sont
rares, seules 9% sont gémellaires (Friedli, 1965).
La diminution du tonus utérin lors de moment de la parturition, facilite également l’apparition
d’une torsion, ce qui peut être aggravé par la présence d’une hypocalcémie (Aubry et al.,
2008 ; Arthur et al, 2001)
2. Saison
Il n’y a pas d’effet saison, le pic de torsion apparaît simultanément au pic de vêlage quel que
soit la saison ou le type d’élevage.
4. Type d’élevages
Sur ce point, aucun consensus n’est établi. Une étude du NY State College of Veterinary
Medecine, portant sur 1555 dystocies traitées entre 1943 et 1953 a montré que la prévalence
est de 8,6% en stabulation contre 2,7% au pâturage. Il semblerait que l’élevage en bâtiment
soit un facteur de risque et ce pour différentes raisons :
26
- Les vaches font moins d’exercice, d’autant plus qu’elles sont à l’attache. Dans ces
conditions, la sangle abdominale et le ligament large seraient plus relâchés, ce qui
facilite l’apparition de torsions.
- Elles reçoivent une alimentation plus concentrée, et une compétition à l’auge peut
exister (relation de dominance)
- La densité animale est plus importante ce qui favorise le lever en solipède par manque
de place de couchage adéquate, et les luttes entre animaux.
- La présence de béton trop lisse et de racleurs automatique favorisent les chutes
- De plus, les vaches à l’attache sont plus à risque notamment les génisses que l’on met
à l’attache pour vêler (Aubry et al., 2008). En effet, il faut un temps d’adaptation aux
génisses pour savoir bien se coucher et se relever. En attendant, comme vu
précédemment, les mouvements sont plus brusques et saccadés, ce qui facilite
l’apparition des torsions.
Cependant l’élevage en plein air n’est pas idéal non plus. Si le terrain est pentu, escarpé,
montagneux, cela va favoriser les causes accidentelles.
5. Age de la vache
Les multipares, dont le tonus utérin est diminué, le ligament large plus lâche et la cavité
abdominale plus grande et plus large (Aubry et al., 2008 ; Schönfelder et Sobiraj, 2005)
seraient plus atteintes de torsion utérine que les nullipares. Mais une analyse sur 655 bovins
âgés de 1,5 à 18 ans n’a montré aucune prédisposition d’âge (Tamm, 1997). En outre, dans la
littérature récente aucune prédisposition n’est citée (Kruse, 2004). Une vache ayant eut une
torsion utérine ne semble pas plus à risque dans à la gestation suivante (Momont, 2005).
Un veau de poids excessif et une gestation allongée seraient en cause, d’après Aubry et al.,
2008 et Frazer et al., 1996. Le poids des veaux impliqués dans une torsion est en moyenne de
48,6kg. Dans l’étude de Frazer, 89% des veaux ont un poids supérieur au poids moyen. Kruse,
2004, montre également que les veaux issus de torsions pèsent significativement 4.8kg de
plus que les veaux témoins et ont un tour de poitrine de 2,5 cm plus large. Les mâles seraient
également plus fréquemment impliqués.
7. Maladies concomitantes
Les vaches qui souffrent d’urovagin présentent souvent des faiblesses au niveau des ligaments
et sont prédisposées aux torsions utérines (Swissgenetics, 2006).
Les vaches ayant des problèmes locomoteurs sont significativement (p<0.05) plus à risque,
l’abdomen est souvent en mouvement pendulaire latéral. (Kruse, 2004)
De plus, toutes maladies intercurrentes comme une fièvre de lait latente, ou une mammite
suraiguë… qui conduisent à un remplissage insuffisant du rumen représentent des facteurs de
risques.
27
8. Race
Sur ce point il n’y a pas non plus de consensus, mais dans leur étude Frazer et al., 1996, ont
mis en évidence que les Brunes des alpes ont significativement un risque plus important que
les Prim'Holsteins et les Charolaises (Momont, 2005), à présenter une torsion utérine. Par
contre, les Jersiaise, les Angus et les Hereford auraient le risque le plus faible (Frazer, 1996).
En outre, Kruse a montré que chez les Prim’Holstein allemandes, la faible inclinaison du
bassin augmente l’incidence de la torsion utérine. D’autres races sont aussi connues pour
avoir cette inclinaison du bassin, comme la montbéliarde (Derville et al., 2009), mais toutes
ne l’ont pas. L’hypothèse que ce soit un facteur de risque dépendant des races est légitime.
Kruse et al., 2007, ont également montré que les brunes des alpes avaient plus de risque que
les Prim'Holsteins de faire une torsion utérine, (2,38% des Brunes font une torsion contre 0.52
% pour les Prim'Holsteins). Ce qui serait lié à un abdomen plus profond et des veaux plus
lourds. Kruse montre en effet que lors de torsions la durée de gestation est plus élevée de 2.9
jours quelle que soit la race, par rapport aux vaches témoins et de 7 jours pour les Brunes des
Alpes. L’hypothèse que la race soit un facteur de risque est confortée par le fait que les
buffles sont plus prédisposés aux torsions que les vaches, de part leurs veaux en moyenne plus
lourds et la quantité de liquides amniotiques plus faible, (Ali et al., 2011) favorisant comme
on l’a vu plus haut la torsion. Des différences identiques existent entre les races de vaches. On
peut donc légitimement penser que certaines races sont plus prédisposées que d’autres.
En outre, dans leur étude, Frazer et al., 1996, n’ont mis en évidence aucune torsion sur des
races descendantes de Bos indicus, ce qui est probablement lié aux différences anatomiques
entre Bos indicus et Bos taurus. En effet, sur Bos indicus, le ligament large ne s’insère pas
ventro-latéralement aux cornes utérines, mais il est plus dorsal, ce qui stabilise un peu plus
l’utérus. De plus, chez les races descendantes de Bos indicus, les veaux sont en général plus
petits.
9. Génétique
Le troupeau a une influence sur l'incidence de la torsion utérine dans la race Holstein en
Allemagne. Les estimations de l'héritabilité pour la torsion utérine sont h2 = 0,0003 ± 0,0006
pour les Brunes des Alpes allemandes, et h2 = 0.013 ± 0.008 pour les Holstein allemandes.
Ainsi, il semble n’y avoir aucune prédisposition génétique à la torsion utérine au sein de ces
races sur dix clientèles allemandes participant à l’étude réalisée par Kruse, 2004. Une
corrélation génétique (rg = 0,569 ± 0,256) entre l'incidence de la torsion de l'utérus et la durée
de gestation a été trouvée pour les Holstein allemandes et pour les brunes des alpes
allemandes (rg = 0,851 ± 0,17). Une autre enquête réalisée par Distl, 1992, a estimé
l'héritabilité de la fréquence de torsion utérine de la race Brunes des Alpes allemandes à h2 =
0,01 ± 0,03.
Ainsi, il existerait une héritabilité faible pour la torsion utérine.
Les chiffres sont variables suivant la région et les études Une différence apparait entre les cas
référés et des études terrains, mais des tendances ressortent. La torsion utérine représente
entre 3 à 14% des dystocies (Arthur et al., 2001). Le cas typique est une torsion post-
cervicale, dans le sens antihoraire de moins de 180° et en présentation antérieure.
28
En effet, on trouve dans la littérature que :
- Une prévalence de 1.34% d’après Kruse et al., 2007 sur le cheptel allemand.
- Le vagin est impliqué lors de présentations post-cervicales qui surviennent entre 50 et
83 % des cas .
- La majorité des torsions, entre 63 et 90%, sont antihoraires. Dans ces cas, le veau est
principalement en présentation antérieure. Les torsions horaires ont lieu
préférentiellement avec des veaux en présentation postérieure.
- Une torsion dans le sens antihoraire est souvent associée à une corne droite gravide et
inversement, car la corne gravide roule en général au dessus de la corne non gravide.
- La corne droite impliquée dans 80% des cas.
- Une présentation antérieure dans 80 à 90% des cas.
- 60 à 75% des torsions sont inférieures à 180°, 20 à 25% des torsions sont comprises
entre 180° et 270°.
- Les torsions supérieures ou égales à 360° restent exceptionnelles
- La gestation gémellaire stabilise l’utérus si elle est bicornualle (Aubry et al., 2008), la
torsion reste plus probable si les deux veaux sont dans la même corne. Ces cas de
torsions sont rares et ne représentent que 3 à 7% du total des torsions.
- Les veaux sont souvent lourds et sont des mâles dans 60% des vêlages.
- Entre 14 et 63% des veaux sont viables après la détorsion. Le pronostic diminue après
12h et avec l’augmentation du degré de torsion.
- Dans 50% des cas, le col de l'utérus a été totalement ou partiellement dilaté permettant
aux membres et à la tête du fœtus d’entrer dans le canal cervical.
- La torsion est plus rare chez les génisses présentant une disproportion foeto-pelvienne
(Aubry et al., 2008).
Cependant les vêlages sans torsion présentent 5 % de présentations postérieures (Arthur et al.,
2001), alors qu’avec torsion ils représentent 20% des vêlages. Le sens torsion varie en
fonction de la présentation.
La torsion est qualifiée de légère si elle est inférieure à 180°, modérée entre 180° et 270°, et
sévère si elle est supérieure à 270°.
C. Tendance actuelle
29
IV. Gérer la torsion sur le terrain
A. Diagnostic
1. Signes cliniques
Jusqu’au moment du vêlage, il n’y a généralement aucun signe. Le signe d’appel le plus
fréquent est un part languissant. Néanmoins, les symptômes sont non spécifiques (Frazer et
al., 1996) : anorexie (18%), une stase ruminale, de la constipation, une augmentation des
fréquences cardiaque à 95 bpm (+-21)(93%) et respiratoires à 48 mpm (+-19) (84%) et de la
température (23%), voire des pertes vaginales (13%), présence du bouchon muqueux (9%).
On peut mettre en évidence un inconfort avec plus ou moins de coliques (6%) associées dans
50% des cas à du bruxisme dûe à l’élongation du ligament large. Dans quelques cas on
retrouve des pertes séro-hémorragiques, une odeur fétide, de la diarrhée ou de la constipation,
de l’œdème vulvaire uni ou bilatéral. Lorsque la torsion est inférieure à 180° les signes
cliniques sont rarement présents.
Le diagnostic de certitude se fait par palpation.
2. Palpation
30
.Figure 12 : Torsion post-cervicale. (Tavernier, 1954, p168)
31
Figure 14 : Le mouvement de la main indique le sens de la rotation. (Jackson, 2004)
32
Figure 16 : Vascularisation de l’appareil génital. (Barone, 2001, p415)
Dans le cas de torsion de moins de 180° où un membre est engagé, la dystocie peut être
attribuée à tort à un défaut de disposition du fœtus. Lors du diagnostic, il est important tout
d’abord de déterminer la localisation et le sens de la torsion, puis d’estimer la gravité de celle-
ci. La position du veau nous oriente sur le degré de rotation, mais il faut compter le nombre de
plis par palpation transrectale pour différentier une torsion à 180° avec col partiellement
fermé, d’une torsion à 540° avec le col dilaté. La palpation transrectale devrait être pratiquée
systématiquement car elle permet de compter le nombre de tours et de connaitre la
localisation de la torsion avec certitude.
B. Complications
L’animal est dans un état calme apparent, les efforts expulsifs et les coliques cessent souvent
dans les 48h, mais les altérations d’ordre circulatoire que subit l’utérus provoquent la mort
rapide du fœtus.
Lorsque que la torsion se met en place les veines et les vaisseaux lymphatiques sont
comprimés, ce qui provoque la formation d’œdème et une congestion de la paroi utérine. Plus
le degré de torsion est important, plus la compression veineuse et la tension sur les mésos
augmentent. Dans les cas très sévères de torsions (>360°), les artères peuvent être elles aussi
comprimées, ce qui conduit à l’hypoxie de l’utérus, pouvant même mener à des thromboses et
dans certains cas jusqu'à la gangrène. Dans ce cas, la tachycardie est toujours présente, et
l’hyperthermie souvent. Ces mécanismes conduisent à la désinsertion des enveloppes fœtales,
ce qui conduit à la mort du fœtus, et éventuellement à un veau emphysémateux et à une
endotoxémie, s’il y a eu contamination bactérienne.
La fragilisation de l’utérus peut conduire à la rupture de l’organe, suivi de la dégradation
rapide de la vache due soit à une péritonite fibrineuse, même si l’autolyse du fœtus est stérile,
33
soit à une hémorragie. Il s’en suit que le fœtus peut venir reposer sur le plancher abdominal
après avoir quitté l’utérus, les intestins peuvent s’incarcérer à travers le col utérin…
Exceptionnellement, il y a éversion de la vessie, parfois accompagnée d’une incarcération
intestinale (Frazer, 1988). Le fœtus se momifie (Moore et Richardson, 1995) et les
symptômes s’atténuent. Parfois, si la torsion survient lors du premier trimestre, elle peut
même passer inaperçue.
Comme pour toutes les dystocies, le risque de rétention placentaire est augmenté, (57% des
cas) (Frazer et al., 1996). (Figure 17).
Entre 93 et 96% des torsions sont réductibles. Le pronostic est bon aussi bien pour la mère
que pour le veau, avec un taux de survie supérieur à 75% (Frazer et al., 1996). La viabilité du
veau et de la mère dépendent indirectement de la sévérité (ou degré) de la torsion qui
provoque une compression vasculaire d’où une hypoxie et ou un risque d’infection
bactérienne. Les complications sont rares mais graves, les 3 principales étant la mort fœtale, la
rupture de l’utérus et l’hémorragie (Gaborieau et Sollogoub, 1981). Il faut agir vite.
34
congestive. Lorsque les CPK sont supérieures à 450 UI/L elles sont significativement
associées (p<0.05) à une rupture de l’utérus, de même des CPK élevées et des ASAT
supérieurs à 100UI/L sont significativement (p<0.05) associés à une mort fœtale. Une
augmentation de l’urée et de la créatinine (Amin et al., 2011 et Ali et al., 2011) est due à la
déshydratation et ou à la décharge d’endotoxines. Une diminution des globulines, est
expliquée par la toxémie, une diminution de l’alimentation, la malabsorption, le passage dans
le colostrum. La modification de l’albumine et des protéines totales, n’est pas démontrée.
Une augmentation des monocytes (Ali et al., 2011), associée à une anémie normochrome
normocytaire (Amer H.A. et Hashem M.A., 2008), peut également être trouvée, mais cela
peut s’expliquer par simplement l’état physiologique de la vache en fin de gestation.
L’échographie est également utilisée pour apprécier l’aspect des liquides fœtaux au moment
de l’intervention (Ali et al., 2011).
Tout ces examens ont peu d’intérêt pour le praticien. Ils sont utiles essentiellement pour les
torsions qui apparaissent en milieu de gestation et qui sont plus difficiles à mettre en
évidence. Les examens complémentaires permettent de donner un pronostic et d’envisager la
meilleure alternative thérapeutique.
D. Traitements
La chronicité de la torsion induit de graves complications. Pour les éviter il faut intervenir le
plus vite possible, d’autant que la difficulté de réduction augmente avec le temps. Il existe
des cas de réduction spontanée mais uniquement lors de torsions précoces survenant avant le
part, mais pour les cas de torsions tardives comme dans notre cas, une intervention extérieure
s’impose. Différentes méthodes de réduction existent, il convient de choisir la mieux adaptée
à chaque situation. Une revue des principales méthodes est présentée ci-dessous.
1. Réduction manuelle
L’objectif est d’atteindre le fœtus en passant la main, puis le bras à travers le col de l’utérus
partiellement dilaté et de le saisir avec suffisamment de fermeté afin d’imprimer une force de
rotation suffisante à l’utérus par l’intermédiaire du fœtus. Il y a plusieurs conditions pour que
cela soit possible :
- le passage doit être assez large pour pouvoir passer le bras et atteindre le fœtus, il est
généralement d’autant plus étroit que la rotation est complète et que le col est fermé.
- il faut préférentiellement pouvoir atteindre un point du foetus, par exemple le thorax, les
épaules ou les hanches mais ni la tête ni les membres. Parfois on ne peut faire autrement, et la
rotation des membres entraine tout de même la rotation complète du fœtus. (Tavernier, 1954).
- enfin, le fœtus doit être vivant.
Il faut faire attention pendant cette manipulation à ne pas percer les enveloppes fœtales car
cela diminue considérablement la viabilité du fœtus et oblige à sortir le veau le plus vite
possible.
35
Dans un premier temps, il s’agit d’imprimer au fœtus un mouvement de balancier puis de
donner une impulsion dans le sens inverse de la torsion (Figure 18). Généralement, le plus
difficile est de réduire les premiers 180° (Sloss et Bufty, 1980). Ensuite, l’utérus continue le
mouvement initié de lui-même.
Dans un second temps, si la réduction est difficile, plusieurs astuces existent pour la faciliter :
- on peut s’aider d’une anesthésie épidurale ou également d’un spasmolytique comme le
clenbutérol (0,6 à 0,8 µg/kg PV IV).
- Lorsque la tête du fœtus est accessible, on peut presser sur ses globes oculaires ce qui
entraîne une réaction vive permettant d’initier la correction de la torsion, comme on l’a vu
pour les mouvements initiant la rotation ci-dessus.
- Lors de rotation à droite l’axe de la torsion est différent, plus vertical que l’axe vagino-utérin
(Figure 9A). Un taxis externe à droite par la méthode de la planche (Figure 11) permet de
remonter l’utérus et facilite ainsi la réduction manuelle (Gaborieau 1981).
- La manipulation est beaucoup plus facile lorsque l’arrière train de la vache est surélevé par
rapport à l’avant. Cela permet de mettre l’axe de la torsion plus parallèle à l’axe vagino-
utérin, ce qui réduit les forces en jeu et facilite la rotation. Ceci a amené certains praticiens à
suspendre la vache par un postérieur à une fourche de tracteur par exemple.
- La méthode du ballotement est aussi possible. Par exemple pour une torsion antihoraire, un
aide se place à gauche de la vache et imprime des mouvements latéraux dans le haut du flanc,
un autre aide se place à droite et imprime des mouvements latéraux dans le bas du flanc, les
mouvements intra-abdominaux sont inverses aux sens de torsion et aident l’obstétricien pour
ses manœuvres (Kumar, 2009).
2. Roulement
Cette méthode exige l’aide d’au moins trois personnes pour rouler la vache sur le dos dans le
sens de la torsion en supposant que l’utérus garde une certaine inertie durant la manipulation.
Il faut tout d’abord coucher la vache du coté de la torsion. Un aide est situé à la tête qu’il
36
plaque au sol tandis que les deux autres personnes prennent les pattes antérieures et
postérieures avec deux cordes de 2,5 à 3 m, sur lesquelles on tire pour rouler la vache sur le
dos. On vérifie ensuite par palpation vaginale que la torsion a bien été réduite.
Si ce n’est pas le cas, il faut remettre la vache dans sa position originale, soit en la roulant
lentement sur le dos dans le sens contraire, soit la en roulant de 180° sur le ventre. La
manœuvre est répétée et le vétérinaire peut garder une main dans le vagin pendant la
manœuvre pour fixer le fœtus pendant la correction (Figure 19). La procédure peut être
répétée jusqu’à résolution de la torsion.
Figure 19 : Réduction par roulement de la vache. (Tavernier, 1954, p173)
Schäffer propose de s’aider d’une planche ou d’une échelle. Avec cette technique le premier
roulage est généralement fructueux, car elle permet de fixer l’utérus par taxis externe lors du
roulage, et l’augmentation de la pression intra-abdominale (Roberts, 1986).
Si la torsion est à droite, la vache est couchée en décubitus latéral droit. La planche est placée
sur le coté gauche. Un assistant monte dessus pour toute la manœuvre, la vache est roulée
(Das et al., 2010). Dans un premier temps, la vache est en position dorsale, la planche est
horizontale. Puis la vache est placée en décubitus latéral gauche, et la planche sur le côté
droit. Une variante est de garder toujours la planche du coté gauche. (Figure 20).
Figure 20 : Réduction par la méthode de Schäffer. (Roberts, 1986)
Les flèches orientées vers la planche, représente la personne. Les flèches parallèles à la
corde indiquent le sens de rotation. La tête du veau garde la même position tout au long de la
manœuvre. Elle convient à un col fermé et une rotation de plus de 360° (Baker 1998).
37
3. Barre à détorsion
Cette technique peut être réalisée seul, mais elle est plus facile à deux opérateurs et nécessite
que le col soit suffisamment dilaté pour atteindre les pattes du veau avec le bras.
Le principe est d’introduire la barre (Figure 21) entre deux membres, soit les antérieurs, soit
les postérieurs, dépendant de la configuration. Puis d’imprimer un mouvement de balancier au
fœtus à travers la barre, la force appliquée au fœtus est ainsi démultipliée.
38
4. Césarienne
Lorsque les traitements précédents ont échoué, dans environ 10% des cas, on peut réaliser une
césarienne, afin d’effectuer des manipulations intra-abdominales, mais également quand le col
est fermé ou le veau est inaccessible. On peut réaliser une césarienne selon la méthode de son
choix, mais la méthode de choix est la laparotomie oblique par le flanc gauche, qui offre un
accès à l’utérus le plus facile.
Une fois les incisions réalisées, on repousse le grand omentum vers l’avant et on confirme le
sens de la torsion. Dans le cas d’une torsion à gauche, la main est insérée entre l’utérus et le
flanc gauche, on saisit délicatement une partie du fœtus et on imprime un mouvement de
balancier à l’utérus, puis on le soulève et on le pousse vers la droite de l’abdomen. Lors d’une
rotation à droite, on passe la main au-dessus de l’utérus et on redescend entre ce dernier et le
flanc droit. Comme précédemment, on commence par imprimer un mouvement de balancier
puis on tire l’utérus vers le haut et vers la gauche. Parfois, suite à l’œdème de ses parois,
l’utérus est friable et il se forme un transsudat péritonéal abondant. Si la paroi semble trop
fragile, il faut d’emblée réaliser une césarienne et ne pas tenter de réduire la torsion utérine en
intra-abdominal. Lorsque l’on effectue la césarienne alors que la torsion n’a pas été réduite, il
est possible que, après avoir sorti le veau, la plaie d’hystérotomie soit peu accessible pour la
suture.
En cas de torsion compliquée, c'est-à-dire une torsion est en place depuis longtemps et un
degré de torsion important, et des conséquences d’ischémie visibles en per-opératoire, il est
souvent nécessaire de réaliser une ovariohystéréctomie (OVH) pour augmenter les chances de
survie de la vache (Schönfelder et Sobiraj, 2006). De plus si on sait déjà que des
complications sont présentes et que l’OVH est indiquée, il est intéressant de réaliser une
césarienne par abord ventro-latéral sur vache couchée (Figure 22) qui permet une meilleure
extériorisation de l’utérus : en effet, quand la torsion est importante l’utérus est plus
difficilement extériorisable. C’est la même technique que pour les veaux emphysémateux.
Cependant le risque de complication est plus important que lors d’un abord para-mammaire
qui pourrait également être utilisé pour ces cas compliquées.
Figure 22 : Incision pour césarienne par voie para-mammaire sur vache couchée
(Schönfelder et Sobiraj, 2006).
39
5. Bilan
V. Conclusion
L’élongation du ligament large est proportionnellement plus courte que l’élongation de
l’utérus. L’utérus est dans une position d’équilibre de plus en plus instable au fur et à mesure
de l’avancée de la gestation. L’anatomie particulière dans l’espèce bovine permet d’expliquer
pourquoi cette espèce est prédisposée à la torsion utérine. Des facteurs morphologiques
individuels, comme l’inclinaison du bassin ou encore la profondeur de l’abdomen,
interviennent dans la mise en place de la torsion utérine. Mais ce sont les changements
d’attitudes, lents et interrompus, associés à la modification de l’axe du corps et donc de
l’utérus, qui induisent la torsion. D’autres facteurs extrinsèques, comme le poids du veau,
l’état d’engraissement, le type de stabulation, ou encore l’âge de la parturiente entrent en
considération. Il existe différents moyen de réduction de la torsion, la césarienne par voie
para-mammaire et la barre à détorsion sont peu utilisées et gagneraient à l’être plus. Quoiqu’il
en soit, il faut intervenir le plus rapidement possible pour éviter toutes les complications liées
à l’anoxie et l’ischémie des tissus utérins et fœtaux, pouvant conduire à la mort de la
parturiente et du veau.
40
Deuxième partie: Enquête terrain
41
42
I. Introduction
43
II. Matériels et méthodes
B. Présentation du questionnaire
1. Réalisation
L’enquête était réalisée en adressant trois questionnaires vétérinaires via le Bulletin des GTV,
qui ont été renvoyés sous forme papier ou informatique.
L’objectif de ces questionnaires est d’évaluer à la fois, si la race est un facteur de risque de la
torsion utérine chez les bovins et de faire un bilan sur les conditions d’apparition et de
résolution de celles-ci. Pour cela, il a fallu faire des questionnaires pour les élevages allaitants
et les élevages laitiers. Les conditions d’élevages y sont différentes, et représentent des biais
potentiels pour l’enquête.
Les questionnaires mis en annexes 2, 3 et 4 ont été élaborés en collaboration avec le Dr.
Dominique REMY, maître de conférences en reproduction animale rattaché au DPASP et
Loïc DESQUILBET, maître de conférences en Biostatistique et en épidémiologie de l’Ecole
Nationale Vétérinaire de Maisons-Alfort. Ils ont été soumis à des confrères (au nombre de 2)
qui ont été ensuite exclues de l’enquête et à des étudiants de dernières années (au nombre de
4) et modifiés selon leurs suggestions.
Chacun ne comporte qu’une seule page. La première question concerne l’identification de
l’élevage et des vaches, toutes les questions suivantes proposées dans cette enquête sont de
type questions à choix multiples (QCM) avec possibilité de laisser des commentaires en cas
de difficulté ou besoin du praticien de laisser plus de détail pour expliquer la situation.
Aucune question à réponse ouverte n’a été intégrée.
a. Fiche explicative
Une fiche explicative (annexe 1) accompagnant les questionnaires a été envoyée pour exposer
aux praticiens les objectifs de l’étude et comment y participer. C’est à dire comment et
pourquoi remplir deux questionnaires, et où les faire parvenir dûment rempli. De plus l’apport
44
des schémas a permis d’uniformiser le vocabulaire, notamment pour la position de la torsion,
(ante ou post-cervicale), et la notation de l’état corporel des vaches.
b. Questionnaire individuel
c. Questionnaires d’élevages
45
rédigé deux questionnaires, un pour les élevages de productions allaitantes (annexe 3) et un
pour les élevages de productions laitières (annexe 4), ils doivent être remplsi pour tous les
élevages où plus d’une vache est atteinte.
Les critères d’élaboration ont été (1) la facilité et (2) la rapidité à le comprendre et à le
remplir. Il s’agit d’un questionnaire à choix multiples, qui pour caractériser au mieux
l’élevage rencontré est subdivisé en 3 parties, seuls le nom de l’élevage, l’effectif de
l’élevage, et la race appelle une réponse qualitative.
i. L’effectif de l’élevage
Les questions concernant l’effectif permettent de différencier les élevages pures races et les
élevages mixtes, de connaître la population de l’élevage en nombre et densité.
ii. Tarissement ou vaches sevrées.
Les questions concernant le tarissement permettent d’évaluer les facteurs de risques liés au
logement et à l’alimentation, évaluables par l’état d’engraissement le dernier mois de
gestation. La notation des vaches allaitantes et des vaches laitières est différente, c’est
pourquoi nous avons élaboré un questionnaire allaitant (annexe 3) et un questionnaire laitier
(annexe 4).
iii. Le vêlage.
Les questions relatives au vêlage permettent de savoir où et dans quelles conditions se
déroulent le vêlage.
C. Diffusion du questionnaire
D. Méthode d’analyses
Les questionnaires ont été renvoyés par fax, courrier ou par mails. Les questionnaires
élevages et individuels ont été triés par race et par élevage, puis leurs données entrées dans un
questionnaire informatique, permettant d’effectuer un contrôle des données, grâce au logiciel
d’épidémiologie EpiData® version 3.1. Toutes les réponses ont été prises en compte. Ces
deux fichiers ont été ensuite importés dans un logiciel d’analyse statistique : Epi info®
version 3.5.1.
Les questions posées dans le questionnaire ont conduit à créer quatre types de variable :
- binaire : la réponse attendue est souvent une variable en oui/non, ou du type
« antérieure/postérieure »…
- qualitative (variable en plusieurs classes) :
o ordinale : par exemple, la durée de réduction de la torsion (5’, 10’, 15’, >15’)
o nominale : par exemple, la race …
46
- quantitative : par exemple, l’effectif de l’élevage
Les réponses enregistrées sont pour la plupart sous forme de variable qualitative nominale. Il
a fallu les transformer sous format numérique afin de pouvoir les analyser sous Epi Info.
Chaque ligne du questionnaire créée sous Epi Data, qui attend une réponse numérique ou
alphanumérique constitue une variable. Le nom de cette variable est donné par le premier mot
de la ligne d’écriture amenant la réponse. Lorsque deux lignes commencent par le même mot,
la première variable prend le nom du mot, la seconde prend le nom du mot suivi d’un 1 ;
aucune ligne ne commence une 3ème fois par le même mot.
Par exemple : « Sens de la torsion : # (1) a droite (sens horaire) (2) a gauche (sens
antihoraire) », le nom de la variable est : « sens ».
De plus pour convertir les réponses pour chaque question, un code numérique a été attribué à
la réponse, selon les exemples suivants :
- 0 = oui
- 1 = non
Les seules variables qualitatives nominales restant sont les variables relatives à l’identification
des vaches et des élevages. Les seules variables quantitatives sont les variables du
questionnaire élevage relatives à l’effectif du troupeau et à l’effectif de torsion par élevage.
Les questionnaires créés sous EpiData dans le masque « questionnaires » sont joints dans les
annexes 5 et 6.
Puis, des contrôles ont été créés dans le masque « contrôle » d’EpiData pour chaque question
en ne permettant d’inscrire que les chiffres permis à chaque question. Cette fonction permet
de limiter le nombre d’erreurs lors du remplissage des questionnaires.
Enfin les questionnaires ont été remplis dans le masque « saisie » d’EpiData, avant d’être
importés dans le logiciel Epi Info une fois totalement complétés.
47
gestation. Dans ce cas, les élevages sont inscrits à la fois dans la variable « box » et ou à la
variable « au pré», et/ou « dans stabulation », et ou « entrave » du questionnaire.
Lorsque la tentative de réduction manuelle a été réalisée, mais qu’elle est restée infructueuse
et a nécessité une césarienne, la vache est inscrite à la fois dans la variable « réduction », car
celle-ci a été tentée, mais aussi dans la variable « durée », car l’intervention a échoué au bout
d’un certain temps, et enfin dans la variable « césarienne », car une césarienne est pratiquée
par la suite
Aucune question relative à une gestation gémellaire n’a été posée, cependant le cas s’est
produit deux fois. Une possibilité du logiciel EpiData est de pouvoir modifier le questionnaire
tout en gardant les données déjà entrées. Afin de pouvoir les compter dans l’étude, les valeurs
et les contrôles de la variable « sexe » ont été modifiés. Ainsi la manière de répondre à la
question du sexe du veau est la suivante :
- 1 = femelle
- 2 = mâle
- 3 = les 2
- 4 = 2 mâles
- 5 = 2 femelles.
Une fois les calculs relatifs aux gestations gémellaires réalisés, la partie du questionnaire
relatif aux veaux a été exclu des analyses, car il s’agit d’un cas particulier d’obstétrique et le
nombre de cas est insuffisant pour en tirer quelque chose pour simplifier l’analyse de données,
notamment pour les statistiques analytiques.
a. Carte
Une carte représentant les localisations d’où est extrait l’échantillon, permet de donner une
idée de la portée de l’étude et de la population source de l’enquête.
b. Tableaux
Les tableaux sont présents pour mieux résumer les réponses des vétérinaires ayant
répondu au questionnaire. Ils sont regroupés par thèmes principaux et en général, un texte en
est associé même s’ils sont à eux seuls dans la plupart des cas suffisants. Lorsque des
48
pourcentages sont utilisés, des diagrammes en barres horizontales représentant les
pourcentages sont ajoutés sur la droite du tableau, et étalonnés sur 100%. De cette manière les
tableaux chargés gagnent en lisibilité.
c. Diagrammes en barres
Les diagrammes en barres sont utilisés pour représenter les variables qualitatives nominales
en effectif, pour les variables qualitatives ordinales.
d. Histogrammes
Les histogrammes sont utilisés pour représenter les variables quantitatives en effectifs. Ils
permettent notamment de savoir si une variable suit une loi normale ou non.
4. Méthode statistique
L’analyse des résultats se fait en deux temps. Dans un premier temps, une description des
résultats bruts du questionnaire est faite, avant de s’intéresser dans un deuxième temps
analytique aux associations statistiques entre différentes situations (par exemple, entre la
facilité de réduction de la torsion utérine et la présentation de celle-ci) qui peuvent être mises
en évidence de façon significative, dans un deuxième temps analytique.
L’objectif premier de l’enquête proposée est de mettre en évidence une association entre la
race et la fréquence d’apparition de la torsion utérine. Celle-ci est une enquête
obsevationnelle. Cependant avoir des informations sur des vaches tirées au hasard n’ayant pas
de torsion, ou connaître le nombre exact de vaches présentes et éligibles sur la période donnée
dans la clientèle, c'est-à-dire l’effectif de la population source, reste difficile si les vétérinaires
ne possèdent pas des logiciels adaptés, tel VetElevage®, et encore faut-il que les données
soient actualisées. L’incertitude sur ce nombre étant inconnue, il a été décidé de prendre
comme individus les élevages, permettant par la même occasion d’exclure les variations
individuelles liées à chaque vache. Restent les différences inter élevages, dont la race, ce qui
nous intéresse prioritairement, le type de stabulation, l’alimentation et la régie au vêlage.
Malgré tout, il reste difficile de recueillir toutes les informations relatives aux questionnaires
d’élevages d’une clientèle donnée. En outre, la torsion utérine est un événement rare, (3 à
14% des dystocies), et toute vache peut en souffrir. L’hypothèse qu’un élevage ne comptant
qu’une seule vache atteinte peut être considéré comme un accident, ainsi comme l’individu
est l’élevage, seuls les élevages de race pure seront pris en compte, c'est-à-dire les élevages
comportant 90% ou plus de ses effectifs d’une même race, pour que l’élevage soit
représentatif d’une race Il a donc été décidé de prendre comme témoin tout élevage de race
pure pour lequel une seule vache a présenté une torsion utérine, et comme cas tout élevage de
race pure pour lequel plusieurs vaches ont présenté une torsion utérine sur une saison de
vêlage. Ainsi, l’étude a porté sur 9 cas et 120 témoins.
Dans la partie analytique, les associations brutes seront quantifiées à l’aide de l’odds ratio
(OR) associé à son intervalle de confiance à 95 % (IC 95 %). Les tests statistiques
correspondant aux associations estimées seront soit le test du Chi deux si les effectifs attendus
sont supérieurs ou égaux à 5, soit le test de Fisher si l’un des effectifs attendus est inférieur à
5.
49
Une association entre une exposition et un événement est significative, au seuil d’erreur de
5% (p<5%), si l’intervalle de confiance à 95% de l’OR ne comprend pas 1. Si l’OR est
supérieur à 1, et significativement différent de 1, on dira que l’exposition sera plus
fréquemment associé à l’événement (et inversement si l’OR est < 1 et significativement
différent de 1).
Afin de pouvoir calculer les associations brutes entre le type de l’élevage (« allaitant » versus
« laitier ») et la torsion utérine, il a fallu créer une nouvelle variable que l’on a codée « 1 »
pour un élevage de type laitier, « 2 » pour le type allaitant ; cette variable était manquante si le
veau était issu de croisement.
Pour estimer la difficulté d’une présentation de torsion à être réduite, par exemple une
présentation postérieure, par rapport à une présentation antérieure, on compare en moyenne
combien l’obstétricien prend de temps pour réduire la torsion. La moyenne ainsi calculée est
un chiffre compris entre 1 et 4, la variable « durée » est une variable qualitative ordinale
comptant 4 classes :
- 1 = moins de 5 minutes
- 2 = entre 5 et 10 minutes
- 3 = entre 10 et 15 minutes
- 4 = plus de 15 minutes.
La comparaison des moyennes sera effectuée à l’aide du test de Student qui permet de
déterminer si les moyennes sont significativement différentes, et du test de Bartlett qui permet
de déterminer si les variances sont significativement différentes, c'est-à-dire si la population
de l’échantillon est suffisamment représentative pour interpréter la comparaison des
moyennes.
Le poids des veaux est classé en trois catégories dans le questionnaire : « moins de 40 kg »,
« entre 40 et 50 kg » et « plus de 50 kg ». Cette variable est qualitative ordinale, mais pour
l’étude d’associations entre le poids et les présentations de torsions utérines, ou la parité par
exemple, il est nécessaire de réaliser une dichotomie entre les poids légers et les poids lourds.
La dichotomie idéale serait au seuil de 45 kg,mais ce n’est pas possible car le statut des veaux
de plus ou moins de 45 kg compris dans l’intervalle poids de 40 à 50 kg, n’est pas connu.
Pour simplifier l’analyse des résultats deux nouvelles variables ont été créées :
- « poids_lourd » : pour laquelle les veaux légers sont ceux de moins de 40 kg et les
veaux lourd, ceux de plus de 40kg ; on minore ainsi le rôle des veaux réellement
lourds
- « petitpoids » : pour laquelle les veaux légers sont ceux de moins de 50 kg et les veaux
lourds ceux de plus de 50 kg ; on minore ainsi le rôle des veaux réellement légers
50
III. Résultats
A. Partie descriptive
1. Répartition des clientèles ayant répondu
Treize clientèles ont participé à l’enquête, elles sont représentées sur la carte ci-dessous.
Les régions représentées dans cette étude sont les régions allaitantes du centre ouest avec 5
clientèles (St Désiré (03),Epinac (12), Vitré (35), St Benin d’Azy (58)), les régions laitières de
l’ouest avec 4 clientèles (Ste Geneviève-Valdahon (25), Sellières (39), St Mars la jaille (44),
Andouillé (53)) et enfin 4 clientèles mixtes réparties sur la nord (Hazebrouck (59)), le nord-
est (Lunéville 54), le centre (Allanche (15)) et le sud-ouest (Amou-Peyrehorade (40)).
2. Généralités
Un total de 145 torsions a été observé entre la période de vêlage s’étendant du 1er septembre
2010 au 30 avril 2011, réparties dans 134 élevages, dont 129 de races pures, qui forment
l’échantillon de l’étude. De plus, 6,7% des élevages (soit 9 élevages) présentent plus d’un cas
de torsions, huit élevages présentent 2 cas, et un seul 3 cas. Parmi ces élevages, il y a un seul
51
élevage de montbéliarde et de blonde d’aquitaine, deux élevages de limousines, et cinq
élevages de charolaises. Pour seulement 6,9% des cas, les éleveurs ont appelé pour des
torsions. La plupart du temps, il s’agissait d’un part languissant (41,4%), ou de coliques sans
efforts expulsifs (38,6%). Seulement 13,1% des vaches ont présenté des efforts expulsifs. Il
est à noter qu’au cours d’une des interventions, une tumeur utérine obstruant le col d’une
vache a été découverte.
Tableau 3 : Répartition des races chez les vaches avec torsions observées.
52
Tableau 4 : Répartition des races pures dans les élevages où les torsions sont observées.
Race dominante >90% de Nombres Nombre de Nombre de Taux de
l'élevage : d’élevages vaches cas prévalence
de TU*
Prim’Holstein 19 1238 20 1.6%
Montbéliarde 20 1177 20 1,6%
Normande 8 564 7 1,2%
Charolaise 51 4805 57 1,1%
Limousine 7 699 8 1,1%
Salers 9 555 8 1,4%
Aubrac 11 858 10 1,3%
Blonde d’Aquitaine 1 100 2 2%
Maine Anjou 2 80 2 2,3%
Brune des Alpes 1 100 1 1%
Elevage mixte 5 155 5 3,2%
Total 134 10331 140
*TU, torsion utérine
Figure 24 : Répartition des élevages de l’échantillon en fonction de leur taille (nombre
de vaches / élevage)
Nombre de vache/élevage
53
b. Description des systèmes d’élevages présents
Il est intéressant de savoir si les taries sont séparées des autres pour avoir à la fois une idée sur
leur alimentation et sur leur exposition au stress produit par la présence des vaches en
production ou des génisses. Le tableau 7, montre que dans seulement 69,2% des élevages les
taries sont séparées des autres. Cette information n’est cependant disponible que pour 65 des
134 élevages visités. L’évaluation de l’alimentation reçue par les vaches taries est réalisée en
donnant la note d’état corporel du troupeau. Cette évaluation est reportée dans le tableau 8 ci-
dessous. La majorité des troupeaux (81,3%) ont un état corporel adéquat de 3,5/5 durant le
tarissement, seulement 8,2% des élevages ont une note inférieure à 3.
54
Tableau 7 : Répartition des lieux de couchages des taries séparées des autres
Les données relatives au site de vêlage sont disponibles pour l’ensemble des élevages. Il est à
noter que dans deux élevages un box de vêlage est présent mais n’est pas toujours utilisé,
quand plusieurs vaches vêlent en même temps. En outre, dans cinq élevages qui n’utilisent
pas de box, les vaches peuvent aussi bien vêler au pré que dans la stabulation, dans un élevage
les génisses vêlent à l’attache, les multipares vêlent dans la stabulation libre. Le tableau 9, ci-
dessous, présente les lieux de vêlage. Seulement 43,3% des élevages utilisent un box de
vêlage, et parmi ceux qui n’en utilisent pas, le vêlage se produit la plupart du temps à l’attache
(56,4%). En outre, parmi les vêlages qui se déroulent au pré, plus de la moitié des prés (11/20)
sont accidentés ou en pente.
Fréquence Pourcentage
Box de vêlage :
Oui 58 43,3%
Non 76 56,7%
Total 134 100,0%
Dans la stabulation:
En liberté (logettes) 21 (4) 26,9% (4,7%)
Au pré (en pente) 20 (11) 25,6% (12.9%)
A l’attache 44 56,4%
Total 85 100,0%
Il est à noter que la répartition des vaches qui vêlent sur un terrain en pente ou accidenté par
rapport à celles qui vêlent sur un terrain plat (11/10) est comparable à la répartition de celles
55
qui vivent leur dernier mois de gestation au pré (30/31). Il en est de même pour la part des
logettes dans les stabulations libres lors du dernier mois de gestation (11/61) et au moment du
part (4/21).
c. Description de la densité
Dans la majorité des cas rencontrés, la densité animale est satisfaisante. Seuls 29,7% des
élevages ont une densité trop élevée, comme le montre le tableau 10. De plus, dans tous les
élevages où il y a des logettes, celles-ci sont d’un format adéquat, alors que 3 des 41 stalles
entravées sont trop étroites.
Le nombre de vaches moyen ( écart-type) de ces élevages est de 107,6 têtes (± 37,7) et une
médiane à 100.
56
4. Description de la vache atteinte et de son veau
a. Description de la vache
Les données relatives à la parité sont disponibles pour 144 des vaches atteintes de torsion
utérine. Les multipares représentent 69,4% des vaches atteintes, les génisses n’en représentent
que 30,6%. Une seule des vaches atteintes a un antécédent de torsion au cours des gestations
précédentes soit moins de 1%. Six vaches, soit moins de 5% ont fait un épisode de faux travail
au cours de cette gestation.
Tableau 12 : Répartition de la parité chez les vaches ayant eu une torsion utérine
Dans la partie 1, nous avons vu que l’état corporel des vaches au vêlage semblait un facteur
de risque de la torsion utérine. Dans la population étudiée, une majorité (65,9%) des cas
possède un état corporel (EC) idéal (c'est-à-dire, EC=3,5) au vêlage, 11,4% possède un état
corporel insatisfaisant (cad, EC≤ 3), et 22,7% un état corporel trop important (cad, EC ≥ 4),
comme le montre le tableau 13.
Tableau 13 : Evaluation de la note d’état corporel des vaches ayant eu une torsion
utérine
b. Description du veau
Les informations relatives à la description des veaux de l’étude sont réunies dans le tableau
14. Dans 5 cas, les informations concernant le poids et le sexe ne sont pas disponibles car le
vétérinaire n’était pas présent au moment de l’expulsion des fœtus (celles-ci ayant été
retardées). La majorité des veaux (53,9%) ont un poids compris entre 40 et 50 kg, 24,8% sont
des petits veaux (poids ≤ 40 kg) et 21,3% sont considérés comme de gros veaux (poids ≥ 50
kg). Les veaux pure race représentent 79,9% des veaux totaux. Les veaux mâles au nombre de
90, sont plus fréquemment impliqués dans une torsion, que les femelles qui ne sont que 48
soit 34,3%. Le sexe ratio est de 90/48=1,875. Les deux gestations gémellaires observées dans
l’échantillon comportaient chacune un mâle et une femelle. Les tableaux 14 et 15, permettent
de mettre en évidence que les veaux femelles sont plus légers que les mâles : 31% pèsent
57
moins de 40 kg contre 21% pour les mâles, et 15% des femelles pèsent plus de 50 kg contre
25% des mâles
Mâle 19 48 22 89
%lignes 21,3 53,9 24,7 100,0
TOTAL 34 74 29 137
%lignes 24,8 54,0 21,2 100,0
Parmi les races les plus représentées, on note que 36 des veaux charolais sur 57 ont un poids
compris entre 40 et 50 kg, et 17pèsent plus de 50kg, comme le montre le tableau 16 et la
figure 25. Pour les autres races allaitantes comme le montre la figure 25, ce sont
principalement de petits veaux (poids ≤ 40 kg) et il y a très peu de gros veaux (poids ≥ 50 kg),
70% (7/10) des veaux aubracs pèsent moins de 40 kg, et pour l’ensemble des veaux aubracs,
limousins et salers 1 seul veau parmi 26 pèse plus de 50 kg. Une différence existe entre la
répartition des veaux laitiers et des veaux allaitants. En effet, 31% des veaux laitiers pèsent
moins de 40 kg, contre 21,2% des veaux allaitants, et 18,4% des veaux laitiers pèsent plus de
50kg, contre 18,4% des veaux allaitants. Les veaux allaitant sont donc globalement plus
58
lourds que les laitiers, et les veaux lourds allaitant sont à 80% les veaux charolais. Le poids
moyen dans chaque race est présenté dans le tableau 27.
RACE :
Al La
Poids : PH Mo No Ch Li Sa Au BlA MA BrA Cr TOTAL
<40 kg 8 4 2 4 4 3 7 0 0 1 1 34 19 15
%lignes 23,5 11,8 5,9 11,8 11,8 8,8 20,6 0,0 0,0 2,9 2,9 100,0 55,8 44,2
40 à 50 kg 8 14 2 36 4 4 3 1 1 1 1 75 50 25
%lignes 10,7 18,7 2,7 48,0 5,3 5,3 4,0 1,3 1,3 1,3 1,3 100,0 66,7 34,3
>50kg 4 3 2 17 0 1 0 1 1 0 1 30 21 9
%lignes 13,3 10,0 6,7 56,7 0,0 3,3 0,0 3,3 3,3 0,0 3,3 100,0 70 30
TOTAL 20 21 6 57 8 8 10 2 2 2 3 139 90 49
%lignes 14,4 15,1 4,3 41,0 5,8 5,8 7,2 1,4 1,4 1,4 2,2 100,0 64,7 35,3
PH : Prim’Hostein, Mo : Montbéliarde, No : Normande, Ch : Charolaise, Li : Limousin, Sa : Salers, Au : Aubrac, BlA : Blonde d’Aquitaine,
MA : Maine Anjou, BrA : Brune des Alpes, Cr : Croisée, Al : Allaitant, La : Laitier.
PH : Prim’Hostein, Mo : Montbéliarde, No : Normande, Ch : Charolaise, Li : Limousin, Sa : Salers, Au : Aubrac, BlA : Blonde d’Aquitaine,
MA : Maine Anjou, BrA : Brune des Alpes, Cr : Croisée, Al : Allaitant, La : Laitier.
5. Description de la torsion
Sur les 145 cas de torsions observées, 2 cas sont parvenus lors de gestation gémellaire, soit
1,4% des cas observés. Les informations relatives aux caractéristiques de la torsion sont
présentées dans le tableau 17. La majorité des torsions sont post-cervicale (83,8%), dans le
sens antihoraire (76,2%), avec un veau en présentation antérieure (88,0%) et complète dans
59
78,6% des cas. Cette dernière observation est différente de tout ce que l’on peut trouver dans
la littérature. Le col utérin est dilaté complètement dans 39,9% des situations avant
l’intervention du vétérinaire et dans 56,6% des situations après son intervention. Lorsque le
col n’est pas dilaté ou seulement partiellement avant l’intervention, la dilatation après la
réduction est nécessaire dans 60,7% des cas pour extraire le veau.
Fréquence Pourcentage
Localisation de la torsion :
Ante-cervicale 23 16,2%
Post-cervicale 119 83,8%
Total 142 100,0%
Sens de la torsion :
Sens horaire 34 23,8%
Sens antihoraire 109 76,2%
Total 143 100,0%
Degré de la torsion :
Incomplète (90°/180°) 30 21,4%
Complète (>180°) 110 78,6%
Total 140 100,0%
Présentation du veau :
Antérieure 125 88,0%
Postérieure 17 12,0%
Total 142 100,0%
Col dilaté avant l'intervention : 57 /143 39,9%
Col dilaté après l'intervention : 81 /143 56,6%
6. Traitements
Les informations relatives aux traitements mis en place sur les cas rencontrés sont présentées
dans le tableau 18. Le roulage de la vache qui était couramment utilisé autrefois, n’a été
réalisé que dans 3 cas. Le roulage n’a jamais été réducteur et une césarienne a du être
pratiquée sur 2 des 3 cas. C’est une technique qui tombe un peu en désuétude. Les techniques
les plus utilisées sont la réduction manuelle qui a été tentée sur 118 cas mais réductrice dans
seulement 109 cas. Une césarienne a été pratiquée sur les 9 échecs. L’arrêt de la tentative de
réduction manuelle pour réaliser une césarienne est variable : un cas dans les 5 minutes,
quatre cas dans les 10 minutes, un cas dans les 15 minutes et un cas après 15 minutes. La
césarienne est pratiquée dans 38,7% des cas (55/142). Sur les deux cas de torsions
60
gémellaires, l’un a été résolu par réduction manuelle en moins de 5 minutes, l’autre a
nécessité une césarienne directement, le col étant fermé.
Dans le cadre d’une réduction manuelle, la majorité (78,0%, 92/118) des torsions réduites le
sont en moins de 10 minutes. Lorsque la réduction persiste au-delà d’un quart d’heure, une
césarienne est pratiquée dans 71,4% des cas. Après réduction, la dilatation du col est
nécessaire dans 50% des cas pour pouvoir extraire le veau. Malgré cela la nécessité de faire
une césarienne après la réduction manuelle est importante, dans 22 cas la césarienne est
réalisée alors que la réduction a été fructueuse.
La césarienne est utile lorsque le col est fermé, que la réduction est impossible ou que le veau
est difficilement extractible. Ainsi, la césarienne est pratiquée dans 55 cas, soit un peu moins
de 40% des situations. Dans 24 cas (43,6%), elle est réalisée directement. Dans 9 (16,2%) cas,
elle fait suite à un échec de la tentative de réduction, et dans 22 (40%) cas la réduction
manuelle a été réussie, mais l’extraction a nécessité l’intervention chirurgicale. Globalement,
lorsque la réduction manuelle est réussie et que la césarienne est pratiquée, celle-ci fait suite
dans la moitié des cas à une tentative d’extraction forcée, qu’elle soit immédiate à la réduction
ou retardée. La préférence du praticien vis-à-vis d’une césarienne sur une torsion reste par un
abord gauche de laparotomie, même si 21,3% sont réalisée par un abord droit.
61
Tableau 18 : Informations relatives au traitement de cas rencontrés
Fréquence Pourcentage
Roulage : 3/140 2,1%
Réduction manuelle 109/142 76,8%
réussie 109/118 92,4%
Durée de la tentative (échec)
de réduction manuelle :
5’ 57 (1) 48,3%
10’ 35 (4) 29,7%
15’ 12 (1) 10,2%
>15’ 14 (1) 11,9%
Total 118 100,0%
Dilatation préalable du col 53/106 50,0%
Extraction immédiate 51/107 47,7%
après réduction
Intervention obstétricale 57/106 53,8%
immédiate après réduction
Césarienne : 55 /142 38,7%
Côté
Droit 12 21,8%
Gauche 43 78,2%
Total 55 100,0%
Sans tentative de réduction 24/55 43,6%
Juste après la réduction :
Sans extraction forcée 7 53,8%
Après essai 6 46,2%
Total 13 100,0%
Retardée :
Sans extraction forcée 5 55,6%
Après essai 4 44,4%
Total 9 100,0%
62
7. Complications
La seule complication à laquelle on s’est intéressé est la viabilité du veau. Ces résultats sont
présentés dans le tableau 19. Ainsi, 81,8% des veaux étaient vivants in utero, contre 78%
après l’intervention du vétérinaire, soit un taux de survie de 95,7% à la fin de l’intervention.
La viabilité du veau n’est pas connu pour tous les veaux, le vétérinaire ne l’extrait pas
nécessairement à la fin de chaque intervention. Les cinq veaux morts, sont des mâles issus de
présentations antérieures dans le sens antihoraire, dont les trois quart étaient complètes. A
propos des deux torsions gémellaires, trois des quatre veaux étaient morts in utero, le veau
vivant a été extrait vivant.
Fréquence Pourcentage
Veau vivant « in utero :
Oui 117 81,8%
Non 26 18,2%
Total 143 100,0%
Viabilité :
Oui 110 78,0%
Non 31 22,0%
Total 141 100,0%
Les clientèles ayant participé à l’étude sont des clientèles appartenant aux grands bassins
d’élevages allaitants et laitiers, mais elles ne sont que treize à avoir participé à l’enquête.
D’après l’échantillon de l’étude, la présentation classique est majoritairement un part
languissant ou des coliques sans efforts expulsifs. La torsion retrouvée le plus fréquemment
est une torsion antihoraire complète post-cervicale avec un veau en présentation antérieure.
Ce sont les vaches de races allaitantes qui sont les plus représentées, dont les vaches
charolaises qui représentent 40% des cas de torsions (tableau 3) et 7 cas sur 15 des vaches de
l’échantillon. Dans un peu plus de 30% les taries sont séparées du reste du cheptel et 57,7%
des élevages n’utilisent pas de box de vêlage. Les vaches arrivent au vêlage dans un état
corporel satisfaisant de 3,5 sur 5 dans 81,3% des cas. Un peu plus de 2 vaches sur 3 sont des
multipares. Le sexe ratio des veaux nés est de 1,875 en faveur des mâles et la majorité des
veaux ont un poids compris entre 40 et 50 kg. Les gros veaux sont principalement de race
charolaise (56,7%). La césarienne est pratiquée dans quasiment 40% des situations..
Seulement 78% des veaux naissent vivants.
63
B. Partie analytique
Dans cette partie, nous allons analyser les associations brutes qui existent entre les différents
paramètres présentés comme facteurs de risque dans la partie bibliographique. Les résultats
des associations brutes sont présentés sans prendre en compte la présence potentielle de biais
de confusion.
1. La race peut-elle être envisagée comme un facteur de
risque ?
Huit des 129 élevages cas (c'est-à-dire, des élevages où plus d’une vache est affectée) sont des
élevages de races allaitantes (5 charolais, 2 limousins, et 1 blond d’aquitain), et les taux de
prévalence pour les races allaitantes sont inférieurs à ceux des laitières (tableau 4), on cherche
à voir si il existe une association brute entre le type de production et la présence de torsion
utérine
Tableau 20 : Associations brutes entre les différentes races présentes dans l’échantillon
Race OR [ IC 95%] p
Allaitant vs Laitier 0,17 [0,02 ; 1,45] 0,09
Race principale vs Rustique 11,7% vs 0% 0,07
Dans l’échantillon, comme le montre le tableau 20, il n’y a pas de différence significative
entre les races laitières et les races allaitantes. La torsion utérine n’apparait pas plus
fréquemment chez les vaches allaitantes des trois races principales (charolaise, limousine et
blonde d’aquitaine), que chez les races rustiques, présentent dans l’étude (Aubrac, Salers,
Maine Anjou). Néanmoins, ces comparaisons, bien que non significatives, montrent que les
élevages allaitants ou bien les élevages « de race principale » auraient tendance à présenter
moins fréquemment de torsion utérine que les autres élevages.
Le nombre de vaches saines dans la population source est inconnue et les informations
relatives à la parité, à l’état d’engraissement, ou encore aux antécédents chez les vaches saines
des élevages de l’échantillon ne sont pas connues, l’analyse d’association brutes pertinentes
concernant ces paramètres est donc impossible.
Les élevages à effectif important (c'est-à-dire, supérieur à la médiane, qui est de 74 vaches)
ont été plus fréquemment confrontés à plus d’une torsion utérine que les élevages à effectif
faible (OR=8,98 ; IC95%, 1,09-74,04 ; p=0,03)
Nous allons dans cette partie essayer de mettre en évidence différentes associations brutes
entre le poids des veaux et les caractéristiques individuels de la mère ou du veau lui-même.
Les données brutes tendaient à montrer que les veaux allaitants étaient plus lourds que les
veaux laitiers. Nous étudions les associations brutes entre le poids de veaux à la naissance et
le type de production. Dans l’échantillon, nous observons que les veaux allaitants ne sont pas
plus fréquemment des veaux lourds (plus de 50 kg), que les veaux laitiers (OR = 1.34 ; IC
95% [0.51 ; 3.63] ; p = 0,67).
64
Dans l’échantillon, les multipares représentent 68,8% de la population, et elles produisent
86,7% des veaux lourds. Nous étudions alors les associations brutes entre le poids des veaux à
la naissance et la parité chez les mères. On remarque que les veaux de plus de 50 kg sont plus
fréquemment issus de mères multipares que de mère primipares (OR = 3,67 ; IC 95%, [1,11 ;
13,45] ; p=0,031). Pourtant les veaux de moins de 40 kg ne sont pas plus fréquemment issus
de primipares que de multipares (OR = 2,14 ; IC 95%, [0,89 ; 5,16] ; p=0,096).
Gaborieau, 1981 pensait que la rotation horaire était plus souvent associée à une présentation
postérieure, alors que la rotation antihoraire était plus souvent associée à la présentation
antérieure. De plus la fréquence d’apparition des différentes présentations de torsions (sens,
degré, localisation du site de torsion) serait due aux différents mécanismes mis en jeux
(présentation du veau, parité, dilatation du col, sens de torsion), on se propose d’essayer de les
vérifier par des associations brutes, qui sont récapitulées dans le tableau 21.
65
Dans l’échantillon, lorsque torsion sens horaire, est plus fréquente lorsque la torsion est
incomplète, que complète, sans que cela soit significativement montré (OR = 2,316 ; IC 95%,
[0,963 ; 5,568], p=0,057). La torsion se produit dans le sens horaire plus fréquemment lors
d’une présentation antérieure, qu’une présentation postérieure (OR = 0,089 (IC 95%, [0.029 ;
0,278]) ; p < 0,01). La dilatation du col n’est pas plus fréquente chez les multipares que chez
les primipares (OR = 0,463 ; IC 95%, [0,189 ; 1,132] ; p = 0,088). La différence que l’on
pensait observer vient de la proportion de primipares dans l’échantillon.
Le poids du veau est connu pour être un facteur de risque, et les différentes présentations de
torsions ne sont pas également représentées. La question qui se pose est de savoir si le poids
peut encourager l’une ou l’autre de ces présentations. Les associations brutes entre le poids du
veau et les différentes présentations sont récapitulées dans le tableau 22.
Dans l’échantillon, les veaux lourds ne présentent significativement pas de torsions utérines
différentes (sens, degré, localisation, dilatation du col) que les veaux légers.
Tableau 22 : Associations brutes avec les veaux de plus de 50 kg à la naissance (vs les
veaux de moins de 50kg) et le degré de la torsion, sa localisation, son sens, la dilatation
du col et la présentation du veau
Caractéristiques OR [ IC 95%] p
Degré incomplet de torsion (vs degré complet) 1,25 [0,49 ; 3,17] 0,64
Localisation ante-cervicale (vs post cervicale) 0,82 [0,28 ; 2,42] 0,72
Sens horaire de torsion (vs sens anti-horaire) 0,47 [0,17 ; 1,35] 0,15
Dilatation du col (vs dilatation incomplète) 0,93 [0,41 ; 2,06] 0,86
Présentation antérieure (vs présentation 2,70 [0,58 ; 12,45] 0,19
postérieure)
Lorsque la réduction manuelle est difficile, c'est-à-dire qu’elle dure plus de 15 minutes, dans
71,4% des cas une césarienne est pratiquée. Cela représente un tiers des césariennes
pratiquées lorsque la réduction manuelle est tentée. Il est intéressant de remarquer que la
césarienne à droite est pratiquée dans 9,1% des tentatives de réduction manuelle, et dans
30,3% des cas lorsque la réduction manuelle n’est pas tentée. Ces associations vont donc être
étudiées, ainsi que d’autres qu’il semble important de tester, pour apporter une aide éventuelle
au praticien de la démarche à utiliser et dans le pronostic à proposer en fonction de la situation
présente ; notamment les impacts sur la durée de l’intervention et la nécessité de réaliser une
césarienne. Ces associations sont récapitulées dans les tableaux 23 et 24.
Dans l’échantillon, les césariennes à droite sont moins fréquentes lorsque la torsion est réduite
que lorsque la torsion n’est pas réduite (OR = 0,23, IC 95% [0,03 ; 1,34]) ; p = 0,09), bien que
ce résultat soit non significatif (proche de la significativité cependant). Lorsque la tentative de
réduction dure plus de 15 minutes, la césarienne est pratiquée plus fréquemment que lorsque
la tentative dure moins de 15 minutes (OR = 9,88, IC 95%,[2,50 ; 42,17] ; p <0,05) ; il en est
de même lorsqu’elle dure plus de 10 minutes (versus moins de 10 min ; OR = 6,48, IC 95%,
66
[2.29 ; 18,70] ; p<0,05). A l’inverse, en deçà de ce délai, moins de cinq minutes, la césarienne
est moins souvent pratiquée que si la tentative dure plus de 5 minutes (OR = 0,27 ; IC 95%
[0.10 ; 0,72] ; p= 0,004), que la tentative de réduction soit réussie ou non. De plus la réussite
de la réduction est plus fréquente lorsque la tentative dure moins de 5 que lorsque la tentative
dure plus longtemps (OR = 8,45 ; IC 95% [1,01 ; 186,29] ; p = 0,020).
La césarienne n’est pas plus fréquente en fonction de la localisation du site de torsion (pré ou
post-cervicale), la dilatation du col avant l’intervention (ou non), le degré de torsion (complet
ou incomplet) ou la viabilité du veau (ou non), quelque soit le sens de la torsion. La
césarienne est moins fréquente lors d’une présentation antérieure que lors d’une présentation
postérieure (OR= 0,30, IC 95% [0,104 ; 0,866] ; p=0,02).
Caractéristiques OR [ IC 95%] p
Durée >15’ (vs <15’)
Césarienne (vs pas de césarienne) 9,88 [2,50 ; 42,17] <0,05
Réduction réussie (vs échec de la réduction) 4,45 [0,75 ; 24,71] 0,04
Torsion horaire (vs torsion anti-horaire) 0,40 [0,11 ; 1,57] 0,13
Durée >10’ (vs <10’)
Césarienne (vs pas de césarienne) 6,48 [2.29 ; 18,70] <0,05
Réduction réussie (vs échec de la réduction) 3,16 [0.64 ; 15,22] 0,09
Durée <5’ (vs >5’)/ Sens horaire de torsion
Césrienne (vs pas de césrarienne) 0,27 [0,10 ; 0,72] 0,00
Réduction réussie (vs échec de la réduction) 8,45 [1,01 ; 186,29] 0,02
Torsion horaire (vs torsion anti-horaire) 0,36 [0,12 ; 1,04] 0,04
Césarienne abord droit (vs abord gauche)
Réduction réussie (vs échec de la réduction) 0,23 [0,05 ; 1,18] 0,10
Césarienne (vs pas de césarienne)
Présentation antérieure (vs postérieure) 0,30 [0,10 ; 0,87] 0,021
Localisation ante-cervicale (vs post-cervicale) 1,70 [0,68 ; 4,26] 0,25
Dilatation du col (vs non dilatation du col) 0.53 [0,26 ; 1,07] 0,07
Degré incomplet de torsion (vs torsion complète) 0,40 [0,169 ; 1,02] 0,05
Viabilité (vs mortalité) 0,48 [0,21 ; 1,09] 0,08
Torsion horaire (vs torsion anti-horaire)
Réduction réussie et présentation antérieure (vs 0,77 [0,25 ; 2,36] 0,65
échec de réduction et présentation antérieure)
Réduction réussie et présentation postérieure (vs 0,18 [0,02 ; 2,12] 0,29
échec de réduction et présentation postéieure)
Une présentation postérieure n’a pas une durée moyenne différente (moyenne = 10 min 30s)
de celle d’une présentation antérieure (moyenne = 9min 10s ; p=0,43). La torsion horaire est
moins fréquente lors d’une tentative de réduction inférieure à cinq minutes (versus >5min)
(OR = 0,36; IC 95% [0,12 ; 1,04] ; p =0,036). De même, les moyennes de temps entre la
réduction de la torsion dans le sens horaire [moyenne = 11 min 45s ; écart type = 1,129] et le
67
sens antihoraire [moyenne = 8 min 40s ; écart type = 0,960] sont significativement différentes
(pStudent = 0,010). C'est-à-dire que le praticien met en moyenne entre 10 et 15 minutes pour
réduire une torsion dans le sens horaire, et entre 5 et 10 minutes pour réduire une torsion dans
le sens antihoraire.
Il est important dans la pratique courante de l’obstétricien d’avoir une idée du pronostic de la
viabilité du veau vis-à-vis de la situation présente, c’est pourquoi nous étudierons ces
associations brutes dans cette partie.
Tableau 25 : Associations brutes avec la viabilité (vs mortalité) et les différentes
présentations de torsion possibles
Caractéristiques OR [ IC 95%] p
Présentation antérieure (vs postérieure) 2,86 [0,94 ; 8,64] 0,05
Localisation ante-cervicale (vs post-cervicale) 0,77 [0,26 ; 2,16] 0,62
Sens horaire (vs anti-horaire) 0,89 [0,36 ; 2,23] 0,80
Degré incomplet (vs complet) 0,89 [0,34 ; 2,33] 0,81
Dilatation du col (vs non dilatation) 1,82 [0,77 ; 4,32] 0,17
Sexe femelle (vs mâle) 3,31 [1,18 ; 9,31] 0,02
Césarienne (vs absence de césarienne) 0,35 [0,14 ; 0,84] 0,02
68
La viabilité du veau n’est pas associée à une présentation particulière, comme le montre le
tableau 25 ci-dessus. Par contre les femelles sont plus fréquemment viables que les mâles OR
= 3,31, IC 95% [1,175 ; 9,308] ;p =0,02). Le veau est moins fréquemment extrait par
césarienne lorsqu’il est vivant in utero que lorsqu’il est (OR = 0,35, IC 95% [0,14 ; 0,84] et p
= 0,02).
69
IV. Discussion
A la différence des erreurs vraies, qui sont aléatoires et qui apportent une imprécision sur la
valeur réelle, le biais apporte une erreur systématique sur cette valeur réelle en déformant la
réalité (Toma et al., 2001). Ce sont ces biais qu’il faut prendre en considération pour juger la
valeur des résultats obtenus. En épidémiologie descriptive, il y a deux types de biais : le biais
d’échantillonnage et le biais de mesure. En épidémiologie analytique, un biais est un écart
systématique de l’estimation de la valeur d’une association entre une exposition et une
maladie par rapport à la valeur vraie de cette association. Il en existe trois principaux : le biais
de sélection, de classement et de confusion.
a. Le biais d’échantillonnage
Les cartes des figures 26 et 27 ont été créées à partir d’une compilation de données issues
de plusieurs études des organismes de sélection : Derville et al., 2009 ; Douguet, 2010 ;
Guerrier, 2011.
70
Figure 26 : Répartition des 6 races majeures dans les départements où l’effectif est le
plus important (toujours >10 000 têtes)
Figure 27 : Répartition des races rustiques dans les départements où l’effectif est
supérieur à 10 000 têtes : plein, et supérieur à 1000 têtes : hachure
71
Tableau 26 : Population bovine dans les clientèles de l’étude
Ce biais est induit par un outil de mesure mal adapté au caractère mesuré, un questionnaire
mal conçu, un enquêteur mal formé. Dans notre cas, les enquêteurs sont des vétérinaires
praticiens, qui ont tous été formés dans les écoles vétérinaires. La torsion utérine leur a été
expliquée au cours de leur scolarité et ils connaissent les réalités de terrain. De plus une fiche
explicative a été associée à l’envoi du questionnaire pour reprendre les notations des vaches et
définir les termes pouvant être mal compris. Cependant, le poids des veaux à la naissance
reste une estimation, très peu d’éleveurs utilisent un peson pour l’évaluer. Pour limiter cette
erreur de mesure des intervalles suffisamment larges ont été donnés. Le questionnaire a été
testé par des étudiants de dernière année et deux vétérinaires praticiens. Le questionnaire a été
modifié en conséquence, ce qui permet de limiter les erreurs de mesure. Ces erreurs de mesure
étant de toute façon aléatoires, elles n’introduisent pas de biais dans l’estimation du poids des
veaux à la naissance, de la notation de l’état corporel des vaches, de la caractérisation de la
torsion, la durée d’intervention.
72
2. Évaluation des biais de l’analyse des associations
a. Le biais de sélection
b. Le biais de confusion
La prise en compte de ces biais dans les analyses n’a pas été effectuée. Nous avons donc fait
l’hypothèse qu’il n’y avait pas de biais de confusion, et les résultats fournis devront donc être
interprétés avec précaution dès lors que la relation causale serait envisagée.
Dans l’échantillon, 59,2% des élevages sont en stabulation libre, ce chiffre est plus faible que
la moyenne française, qui est de 82% des élevages en stabulation libre pour 12% en
stabulation entravée et 6% en plein air, (Bouesse M, 2008). Deux explications à cette
situation :
- Soit dans la population source, la proportion d’élevage en stabulation entravée est
supérieure à la moyenne. 44% des élevages en Soane et Loire, 20% en Nièvre (Bruley
2011), 36 à 55% en Auvergne (Dutheil B, 2010) et 23% en France Comté (Capdeville
et al., 2004) sont sur stabulations entravées. Les stabulations entravées sont pour la
majorité de petites exploitations de moins de 50 têtes, or la médiane est à 74 pour
notre échantillon. La carte des clientèles ayant participé à l’enquête se superpose en
partie avec la carte des zones à forte proportion de stabulation entravée (Figure 28),
même si la variabilité au sein des départements peut être très variable
- Soit la population source est représentative de la population française, et cela irait dans
le sens que la stabulation entravée favorise l’apparition de la torsion (Pascale et al.,
2008). Plus de 40% des élevages avec plus d’une vache atteinte de torsions sont en
stabulation entravée et les vaches n’y vêlent pas dans des box isolés, ce qui renforce
cette seconde explication. Par ailleurs, il a été montré que les primipares étaient moins
à risque lorsqu’elles vêlaient seules dans un box de vêlage plutôt qu’à l’entrave (OR =
0,2 ; p = 0,04) (Pascale et al., 2008). Cette affirmation peut être généralisée à
l’ensemble du troupeau, la mécanique du mouvement étant la même.
73
Figure 28 : Place en stabulation entravée en 2001 en France (Capdeville et al., 2004)
69,4% des vaches sont des multipares, il ne faut pas y voir un éventuel risque potentiel mais
plutôt la représentation de la population bovine actuelle (Agreste, 2010), ce qui correspond à
ce que l’on trouve dans la littérature récente (Frazer et al., 1996 ; Distl et al., 1991, Kruse et
al., 2004). Les études qui montrent que les multipares sont significativement plus à risque de
torsions comparent un groupe des vaches à torsion avec un groupe de vaches dystociques où
bien évidemment les primipares sont surreprésentées.
Dans la plupart des cas, la torsion est post-cervicale et le vagin est impliqué dans la torsion
(Arthur et al., 2001 ; Jackson et al., 2004). Les auteurs s’accordent à dire que le sens
antihoraire est le plus fréquent (63 à 90%). Dans notre étude, ces présentations sont
confirmées dans respectivement 83,8% et 76,2% des cas. En général la corne gravide tourne
autour de la corne non gravide, la corne droite étant gravide dans 80% des cas (Schönfelder et
Sobiraj, 2005).
Le degré de torsion varie considérablement d’une étude à l’autre, la différence se porte entre
les cas référés et les cas courants dans le champ. Presque toutes les études de cas référés
présentent moins de torsions inférieures à 180° (Frazer et al., 1996 ; Amin et al., 2011 ; Amir
et al., 2011), à l’inverse des cas de champ rapportés (Aubry et al., 2008). Dans notre étude
contrairement à ce à quoi l’on aurait pu s’attendre, les torsions de plus de 180° sont largement
plus représentées à hauteur de 78,6%. Notre étude semble donc assez représentative des cas
sévères. Une hypothèse qui expliquerait ce fait serait que les éleveurs arrivent à gérer de plus
en plus de dystocies, et a fortiori les torsions légères inférieures à 180°, 7% des éleveurs ont
appelé pour un motif de torsion. Par ailleurs, elles sont souvent prises pour des mal positions,
ce qui peut conduire à les sous-diagnostiquer. Les dystocies où le fœtus est en position dorso-
ilial ou dorso-pelvienne avec une torsion de 45° ne sont jamais vues par les vétérinaires.
Cette hypothèse rejoint l’hypothèse de Laven et Howe, 2005, pour expliquer l’augmentation
74
de l’incidence des torsions en Grande-Bretagne. Et si cette observation est vraie, cela signifie
que la torsion est beaucoup plus fréquente que les chiffres le laissent penser.
Les présentations postérieures (12% des cas) sont surreprésentées par rapport à la population
normale (5% des cas), ce qui vient confirmer l’importance de l’inertie du train postérieur et de
la force de gravité dans la mise en place de la torsion.
Certains auteurs ont mis en évidence que le col était significativement plus dilaté lorsque la
torsion était de fort degré (Amin et al., 2011). Nous ne retrouvons pas cette différence dans
notre étude, le tableau 21 ne montre aucune association significative entre le degré de torsion
et la dilatation du col. En outre, plus de la moitié des cols sont dilatés au moins partiellement
après l’intervention (tableau 17). Les manipulations entreprises pour la réduction de la torsion
participent efficacement à la dilation du col et expliquent la différence obtenue entre la
proportion de cols non dilatés avant et après l’intervention
La torsion horaire avait tendance à être associée à une torsion incomplète (p=0.06), et était
significativement associée à une présentation postérieure (p < 0,01). Cela rejoint l’étude de
Gloor (1973), qui dit que la gestation dans la corne gauche et la présentation postérieure du
veau sont des facteurs qui prédisposent à une torsion dans le sens horaire, et inversement. De
plus, comme le montre la figure 9A, lors de présentation postérieure et de torsion dans le sens
horaire, il y a un basculement plus qu’une torsion et la rotation devient plus difficilement
supérieure à 180° (Gaborieau, 1970). Ainsi, si l’on fait l’hypothèse d’une absence de facteurs
de confusion, on pourrait dire que la présentation postérieure semble induire la rotation
horaire et mécaniquement il est difficile qu’une torsion horaire soit supérieure à 180°, ce que
nous avons montré.
Dans l’échantillon, le sexe ratio n’est pas respecté, il est de 1,8 en faveur des mâles et il y a
proportionnellement plus de veaux lourds ou de poids intermédiaire mâles que de femelles.
Ce qui amène à penser que la torsion pourrait être associée, comme il est présenté dans la
partie bibliographique, aux mâles, plus lourds que les femelles. Malgré cela, on remarque que
les veaux mâles ne pèsent pas fréquemment plus de 50 kg que les femelles, (OR = 1,97, IC
95%, [0,70 ; 5,47], p=0,24).
Certains auteurs pensent que la déviation du sexe ratio est liée aux différences dans le
changement hormonal et les mouvements plus vigoureux des mâles au moment du part
(Rakuljic-Zelov et al., 2002), mais cela est plus probablement lié à la différence du poids
moyen des sexes. En effet, dans la littérature il est souvent noté que la torsion est associée à
des veaux de plus de 48,5 kg en moyenne, et que les veaux sont plus lourds que le poids
moyen de la race (Frazer et al., 1996).
Toutes les présentations sont possibles, quel que soit le poids du veau (Tableau 22), ainsi on
peut seulement noter que la fréquence d’apparition de la torsion utérine augmente avec le
poids du veau. Cependant comme le montre le tableau 27 ci-dessous (source : UPRA), il y a
une grande diversité entre les poids moyens des veaux à la naissance suivant les races. Les
buffles ont proportionnellement à leur gabarit des bufflons plus lourds que les vaches, et la
proportion de torsion est 10 fois supérieure à celle des vaches, entre 29,5% et 30% des
dystocies (Amer et al., 2008 ; Ali et al., 2011), ce qui confirmerait cette hypothèse. Ainsi,
pour obtenir des résultats fiables vis-à-vis d’association existant entre le poids et les différents
paramètres de la torsion, et elle-même, il conviendrait de comparer les veaux d’un poids plus
75
élevé que leur moyenne de race, plus que de prendre un poids moyen de l’espèce dans la
population cible. L’idéal serait même de prendre le poids moyen des différentes races dans la
population source, mais ce chiffre est parfois difficile à obtenir en fonction de l’origine des
animaux contrôlés ou non, et de leur type de production. Les veaux laitiers sont rarement
pesés, surtout de façon précise.
E. Viabilité
La viabilité est l’état du fœtus à être viable (Garnier et Delamare, 1976). En médecine bovine
on considère un veau qui meurt dans les 48 heures après sa naissance comme de la mortalité
néo-natale. Dans le cadre de l’enquête cette information n’est pas disponible. La viabilité dans
cette étude est considérée comme l’aptitude du fœtus à être extrait vivant de la mère. Tous les
veaux morts entre l’arrivée du vétérinaire et leurs extractions, sont issus d’une présentation
antérieure dans le sens antihoraire et étaient des mâles. Faut-il y voir une raison ou
simplement le fait du hasard ? Aucun avis tranché n’est à avoir, cependant les femelles sont
fréquemment viable que les mâles, (OR= 3,30, IC 95% [1,175 ; 9,308], p= 0,02).
La viabilité des veaux varie considérablement d’une étude à l’autre (de 24% à 58%), la
différence se porte entre les cas référés et les cas de champ plus courant. Bien évidemment la
viabilité diminue avec le délai d’intervention, et même si elle augmente avec le degré de
torsion, elle ne dépend pas directement de la sévérité de la torsion, mais de l’atteinte de la
vascularisation (Amer et al., 2008 ; Drost, 2007), de la perte des liquides fœtaux et de la
séparation du placenta (Frazer et al., 1996). Lors des études de cas référés, le délai
d’intervention est souvent plus long, et contrairement à notre étude, les cas de torsions
précoces, qui ont un moins bon pronostic, due à la difficulté de diagnostic, y sont rapportés.
Dans notre étude la viabilité est de 78%. Un veau vivant in utero, est extrait vivant par le
vétérinaire dans 95,7% des situations, et 57,7% des torsions sont réduites en moins de 10
minutes. Cette efficacité associée à l’amélioration de la lutte contre l’anoxie, depuis une
quinzaine d’années, contribuent fortement à augmenter le taux de survie des veaux.
76
F. Traitement
Il existe plusieurs méthodes disponibles pour réduire une torsion : rouler la vache, réduire
manuellement par voie vaginale, utiliser une barre à détorsion (quasiment jamais utilisée en
France), ou pratiquer une césarienne.
1. Réduction manuelle
La réduction manuelle est décrite comme n’être faisable que si la torsion est post-cervicale.
Or 83,8% des torsions sont post-cervicales et la réduction manuelle est pratiquée dans 81,1%
des cas, mais dans 12 cas elle est pratiquée et fructueuse sur des présentations ante-cervicale.
Il faut donc tempérer cette affirmation. Dans la population générale cette technique est
efficace dans 96% des cas (Frazer et al., 1996). Dans notre cas l’efficacité est de 92,4%, soit
pour 76,8% des cas totaux de torsions. Lorsque la réduction est difficile, que le veau est
vivant et le col suffisamment dilaté pour permettre son passage, il est recommandé de ne pas
déchirer les enveloppes fœtales, le temps de survie en serait considérablement réduit. Par
ailleurs, l’étude a montré que lorsque la durée de la tentative de réduction dépasse 5 minutes
(p = 0,02), l’échec de la réduction manuelle est plus fréquent et après 10 minutes la césarienne
est plus fréquemment pratiquée (p <0.05). Par contre si le fœtus est mort la réduction sera
plus facile car l’utérus déchargé des liquides fœtaux sera moins lourd et la vacuité abdominale
plus grande. Lorsque le veau est vivant in utero, il est significativement moins fréquemment
extrait par césarienne (OR = 0,35, IC 95% [0,14 ; 0,84], p = 0,02). Ce qui peut signifier deux
choses : d’une part la torsion est plus facile à réduire le veau vivant, on sait que les
mouvements du veau peuvent faciliter la réduction, et d’autre part l’obstétricien finit plus
fréquemment par faire une césarienne qui arrive souvent en seconde attention, lorsque la
torsion est difficile à réduire, que l’intervention traine en longueur, que le col ne se dilate pas,
que l’extraction est difficile, et par conséquent la viabilité s’en trouve forcément affectée. Ce
que montre l’étude sans que ce soit significatif (p =0,08).
Une fois la torsion réduite, c’est la dilatation du col qui conditionne la possibilité d’extraire le
fœtus. Amin et al., 2011 ont montré que plus la rotation est sévère, plus la dilatation du col est
importante. Cependant on ne retrouve pas cela dans notre étude. En effet, la dilatation du col
est moins fréquente lors de torsion (OR = 0,9 , IC 95% [0,37 ; 2,21]) mais ce n’est pas
significatif (p = 0,50), et la différence entre les durées moyennes de réduction d’une torsion
complète et incomplète est faible et non significative. Les manœuvres obstétricales à travers
le col utérin pour réduire la torsion n’ont pas été plus rapides pour une torsion complète par
rapport à une torsion incomplète. Ainsi la dilatation du col par taxis n’a pas été réalisée plus
dans un cas que dans l’autre.
Gaborieau dit que la présentation postérieure dans le sens horaire est plus difficile à réduire
que les autres. Dans notre échantillon cette affirmation n’est pas retrouvée. En effet, il n’y a
pas de différence significative entre le sens de la torsion dans une présentation ou une autre et
la réussite de la réduction (Tableau 23). Cependant deux paramètres indirects utilisés dans
notre étude viendraient conforter l’affirmation de Gaborieau.
la présentation postérieure est en moyenne plus longue à réduire qu’une présentation
antérieure, mais la différence n’est pas significative. En outre, la césarienne est moins
fréquente lorsque le veau est en présentation antérieure, que postérieure (OR=0,30 ; IC
95% [0,104 ; 0,866] ; p = 0,02), ce qui nous amène à penser qu’il est plus facile de la
réduire que la présentation postérieure.
la torsion horaire est significativement moins fréquemment associée à une tentative de
réduction inférieure à cinq minutes que la torsion anti-horaire (OR = 0,36; IC 95%
77
[0,12 ; 1,04] ; p =0,036). De même, les moyennes de délai entre la réduction de la
torsion horaire (moyenne = 12 min 30s) et antihoraire (moyenne = 6 min 45s) sont
significativement différentes. La réduction de la torsion horaire est donc plus difficile
à réaliser, ce qui s’explique par le basculement de l’utérus dans le sens horaire. Ces
deux éléments nous amènent dans le même sens que Gaborieau.
La durée d’intervention n’est pas significativement différente selon les autres présentations de
la torsion.
2. Césarienne
Lorsque la torsion est non réductible ou que le col ne peut être franchi la césarienne est
nécessaire. Elle est réalisée dans 38,7% (55/142) des situations. Dans 9 cas elle fait suite à
l’échec de la réduction manuelle. Dans 75% des cas, la réduction manuelle est fructueuse
mais le col n’est pas suffisamment dilaté pour permettre l’extraction du veau, même si celle-ci
est retardée (4/9). Le fait d’attendre peut permettre la dilatation du col, mais attendre 2h ou 3h
peut également tuer le veau. Le choix revient à l’obstétricien, il y a une part d’empirisme. Le
choix de césarienne revient également à l’obstétricien. Globalement lorsque la réduction
manuelle est réussie, la césarienne est pratiquée plus fréquemment à gauche qu’à droite (OR =
0,23 , IC 95% [0,03 ; 1,34] ; p =0,10). Ainsi, il existe peut être une association réelle entre le
côté de la laparotomie de césarienne et la réduction ou non de la torsion, mais l’échantillon de
cette étude ne permet pas de le démontrer. Les questions du questionnaires n’ont pas permis
de savoir si la césarienne était réalisée par le flanc ou par voie para-mammaire, qui est
souvent indiquée pour réduire les torsions difficile (Schönfelder et Sobiraj, 2006), or il aurait
été intéressant de connaître plus en détails les pratiques des obstétriciens.
Les torsions peuvent également survenir entre 5 et 8 mois de gestation, dans moins de 10%
des situations chez les vaches. Cependant il est admis que nombre de ces torsions, peuvent se
résoudre spontanément, les chiffres sous-estiment probablement la part réelle de ces torsions.
Pendant la gestation, le fœtus occupe une corne et laisse libre le corps utérin très distendu. Le
col est fermé et rigide. Les torsions, survenant à ce moment siègent au niveau du corps utérin
et sont donc anté-cervicales. Lors du part, le corps de l’utérus est au contraire occupé par le
fœtus alors que le col se relâche puis s’efface. C’est dans la zone cervico-vaginale que se
produisent les torsions.
Le pronostic avant terme est plus sombre de ces torsions, à la fois pour la mère et pour le
veau, car les signes sont frustres, le site de torsion peut être très crânial et non palpable. Le
délai de diagnostic est allongé. Il faut donc toujours prendre en compte cette pathologie dans
les troubles digestifs d’une vache dans le dernier tiers de gestation. Les différences avec les
torsions à terme, sont très bien mises en évidence sur le buffle. Le buffle est un grand
ruminant particulièrement disposé aux torsions, et tout particulièrement les précoces, le
bufflon est proportionnellement plus lourd que le veau par rapport au poids de la mère et le
liquide amniotique est moins important (Ali et al., 2011).
Par ailleurs, une torsion sur un pyomètre a déjà été observée (Amer et al., 2008).
78
H. Perspective d’amélioration du questionnaire
Si à l’avenir, le même type d’enquête devait être réalisé, quelques questions peuvent être
améliorées.
Au final, les différences entre le questionnaire laitier et allaitant sont minimes, il faudrait
utiliser un unique questionnaire en incluant une question « type de production ». Il faudrait
ajouter une grille de notation pour l’état corporel des animaux, pour permettre de mieux
harmoniser les réponses.
La question « pas d’intervention obstétricale immédiatement après la réduction », a peu été
remplie, probablement à cause de sa forme négative, elle serait mieux posée ainsi : « temps
d’attente avant l’extraction », ce qui permettrait par ailleurs d’avoir une meilleure idée du
déroulement réel de l’intervention.
Il faudrait faire une dichotomie plus précise entre les poids des veaux, par exemple tous les 5
kg, ou entrer cette variable de manière qualitative, comme dans la plupart des études. Comme
on l’a vu, le poids moyen varie énormément en fonction des races. Ainsi un seuil et des
classes plus précis pourraient être utilisés en fonction des races et en globalité pour étudier les
différentes associations.
79
Il conviendrait de fixer un seuil objectif pour évaluer si la densité est élevée ou satisfaisante,
car dans notre cas, on se fie plus à l’impression générale qui peut être fausse et différente
d’une région à l’autre.
Compter les cols partiellement dilatés parmi les cols non dilatés a induit une confusion et n’a
pas permis de prouver certaines associations. Quatre classes devraient être créées : « non
dilaté », « partiellement dilaté ne permettant pas le franchissement du col », « partiellement
dilaté et permettant le franchissement du col », « col non dilaté ».
Il serait bon également de demander plus de précision sur la voie d’abord de la césarienne, par
exemple en demandant si elle est réalisée par le flanc droit, en para-mammaire, ou encore
latéro-ventrale. Cela permettrait d’avoir une idée plus précise de la pratique courante dans le
champ et du type d’intervention en fonction de la situation.
Dans un monde idéal, il faudrait avoir des informations sur l’inclinaison du bassin, la
profondeur et la largeur de flanc et ce sur des lots de cas/témoins, afin de voir si au niveau
individuel la modification de la morphologie agit sur l’incidence de la torsion. Sur le terrain
cela semble difficilement réalisable, mais sur des cas référés en université cela pourrait être
applicable
80
CONCLUSION
La vache est prédisposée à la torsion utérine par son anatomie et ses modalités de
changements d’attitudes (relever, coucher). Le poids excessif des veaux, une stabulation
entravée, et la race semblent être des facteurs de risque. Avec regret, l’échantillon insuffisant
de notre étude n’a pas permis de le confirmer. Des perspectives d’amélioration de l’enquête
sont proposées pour y apporter une réponse. Des appariements entre élevages de race pure
sains, et des élevages atteints de torsions sont indispensables pour étudier la prédisposition
raciale.
Notre étude est représentative des cas présentés à l’obstétricien avec 78,6% de cas sévères
(supérieure à 180°), ce qui est supérieur aux données trouvées dans la littérature. L’hypothèse
que les éleveurs corrigent certaines torsions reste la plus probable. L’enquête sous-estime
l’importance globale de cette pathologie. En général, la torsion est post-cervicale (83,8%),
dans le sens anti-horaire (76,2%), avec un veau en présentation antérieure (88%) et le col est
dilaté dans environ un cas sur deux.
La torsion horaire associée à une torsion incomplète et à une présentation postérieure parait
plus difficile à réduire. Les multipares en souffrent plus que les primipares. Les veaux mâles
sont surreprésentés (sexe ratio = 1,8), et le poids des veaux n’a pas d’impact sur le type de
présentation, seulement sur l’apparition des torsions. La viabilité des veaux est bonne (78%).
La césarienne reste indispensable dans 38,1% des situations. Le taux de réussite de la
réduction manuelle est élevé (92,4% des cas, soit pour 76,8% des cas totaux). Malgré tout, la
pratique de la médecine gagnerait à développer l’utilisation de la barre à détorsion et de la
césarienne par voie para-mammaire ou oblique.
Il est important de s’occuper à découvrir exactement l’influence des différents facteurs de
risque environnementaux et individuels pour les limiter. En effet, si l’incidence de cette
pathologie augmente depuis une dizaine d’années, l’incidence des torsions précoces pourrait
très bien augmenter également. Leur pronostic est beaucoup plus sévère.
81
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EpiInfo 3.5.1 (2008) Atlanta : Centers for Disease Control and Prevention
85
86
ANNEXES
87
88
ANNEXE 1 :
Fiche explicative
Il y a deux buts à cette étude. Le premier est d’arriver à définir si la race est un facteur de
risque de la torsion utérine chez la vache. Le second est d’établir la prévalence de la torsion
utérine et l’importance de certains facteurs favorisants.
Le questionnaire élevage laitier ou allaitant permet de répondre au premier but, et doit être
rempli pour tous les élevages ayant au moins une torsion utérine. Le second questionnaire, le
questionnaire individuel, permettra de calculer la prévalence et de caractériser les torsions
aujourd’hui. Celui-ci doit être compléter à chaque fois qu’une torsion est observée.
De plus pour des raisons épidémiologiques l’étude s’étendra du 1er septembre 2010 au 31 avril
2011. Si l’étude commence plus tard dans votre clientèle, merci de le préciser et de noter
combien de vaches ont présentées une torsion depuis le 1er septembre
J’ai ajouté pour mémoire un schéma sur la localisation de la torsion, et une échelle de notes
d’état corporel.
Si vous décidez de participer à cette étude, merci de m’envoyer un mail de confirmation.
Les questionnaires sont disponibles sous forment excel à remplir directement et facilement sur
l’ordinateur, sous forme word ou pdf, pour ne pas oublier de questions au moment de
l’intervention et/ou pour remplir sous forme papier. Vous pouvez, ainsi me faire parvenir les
résultats sous forme informatique, par courrier ou par fax.
Cordialement,
JACOB Thomas
Elève de T1 pro bovine à l’ENVA
tjacob@etudiants.vet-alfort.fr
89
La Torsion post-cervicale : le vagin est pris dans la torsion (Schmitt, 2005)
La Torsion anté-cervicale : seul l’utérus est pris dans la torsion (Schmitt, 2005)
90
Notes d’état corporel
91
ANNEXE 2
92
ANNEXE 3
93
ANNEXE 4
94
ANNEXE 5
95
ANNEXE 6
96
LA VACHE, UN ANIMAL PRÉDISPOSÉ À LA
TORSION DE L’UTÉRUS : ÉTUDE DE 145 CAS
Résumé
La vache est un animal prédisposé à la torsion utérine, de par son anatomie et ses
changements d’attitudes. D’autres facteurs peuvent prédisposer à la torsion utérine
(alimentation, poids du veau, race, génétique…), mais aucun consensus n’est encore établi.
L’augmentation de l’incidence des cas au cours des 15 dernières années nous amène à
réfléchir sur la part réelle de chacun d’entre eux, car l’impact d’une torsion sur la lactation à
venir est non négligeable. Dans cette optique, une enquête a été réalisée auprès de 13
clientèles vétérinaires, réparties sur l’ensemble du territoire français, pour tenter de montrer
que la race est un facteur de risque. Cette enquête porte sur une population de 145 cas (vaches
avec torsion utérine). Des questions sur la régie d’élevage (alimentation, bâtiment, conduite
du période péri-partum) et sur les circonstances d’apparition (site de torsion, sens, degré,
poids du veau, sexe, viabilité…) sont posées pour cerner au mieux chaque situation. L’étude
des résultats montre que les cas présentés aux vétérinaires sont sévères dans 78,6% des
interventions. Cette étude est représentative des cas sévères de torsion et des traitements mis
en place dans le champ. Cependant, la prévalence de la torsion est telle que le nombre de cas
est insuffisant pour obtenir des corrélations exactes et établir des facteurs de risque.
Jury :
Président : Pr.
Directeur : Dr. REMY Dominique
Assesseur : Dr. DESQUILBET Loïc
COW, A SPECIES PREDISPOSED TO THE
UTERINE TORSION : STUDY ON 145 CASES
Summary
Cow is a species predisposed to the uterine torsion, due to its anatomy and its postural
changes. Other factors can predispose to uterine torsion (diet, calfs weight, breed, genetic…),
but there is still no consensus. The increase of cases incidence during the last 15 years make
us think about the real influence of each factors, because uterine torsion impact on future
lactation is significant. To emphasize this point, a study has been done in collaboration with
13 veterinary costumers, through the french territory, with the aim to show that breed is a risk
factor. This study includes 145 cases. Questions about breeding management (diet, cowshed,
peri-partum management) and about circumstances they appear (localisation, direction,
degree, calfs weight, gender, viability…) are asked to define in the best way each situation.
Results show that cases brought to veterinary are severe in 78,6% of cases. This study is
representative of severe uterine torsion cases and of treatments done in the field. Yet, torsion
prevalence isn’t high enough to get exact correlation and to establish risk factors.
Jury :
President : Pr.
Director : Dr. REMY Dominique
Assessor : Dr. DESQUILBET Loïc