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Les zones

humides
au Maroc
Pour une meilleure
gouvernance

Janvier 2018
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Les zones
humides

2 Les zones humides, une importance


vitale pour le développement du Maroc

3 L’état des zones humides en


dégradation avancée

4 Les grands défis que rencontrent les


zones humides :
• Vision
• Stratégie
• Inventaire
• Législatif
• Institutionnel
• Gestion
• Suivi et évaluation
• Gouvernance
• Participation de la société civile

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5 Les perspectives
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Les zones
humides dans
le monde
La convention de Ramsar, première Au niveau mondial, Les zones humides
convention intergouvernementale relative occupent la deuxième place, après les
à un écosystème naturel, défini les zones forêts équatoriales, en matière de richesse
humides comme étant «des étendues de en biodiversité. Elles jouent des rôles
marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux socio-écologiques multiples selon leurs
naturelles ou artificielles, permanentes natures et leurs situations :
ou temporaires, où l’eau est stagnante • Stockage des eaux pluviales
ou courante, douce, saumâtre ou salée, y excédentaires et protection contre
compris des étendues d’eau marine dont la les inondations des villes, et des
profondeur à marée basse n’excède pas six infrastructures et contribuent à
mètres». l’alimentation graduelle des nappes
Au Maroc, la stratégie nationale des zones souterraines en eau.
humides 2015- 2024, élaborée par le Haut • Assurent le développement agricole par
Commissariat aux Eaux et Forêts et à la l’irrigation,
Lutte Contre la Désertification (HCEFLCD) • Assurent l’approvisionnement des
point focal de la convention, défini une zone marchés locaux en poisson
humide comme « unité d’espace couverte • Sites privilégiés pour :
d’eau ou humectée en permanence ou par • La recherche, l’Education et la
intermittence, de façon à constituer un sensibilisation
système vivant, caractérisé par un réseau • La recréation, la détente et le
trophique établi et maintenu surtout par tourisme écologique, combien
les composantes et les facteurs internes à utiles pour la population marocaine
cet espace ». qui sera d’ici 2030 à 70% urbaine
Ces écosystèmes naturels, étroitement • Protection du littoral et de la cote
liés à la présence de l’eau, peuvent être • Indispensable pour l’hivernage, la
d’origine naturelle (cours d’eau, sources, nidification et le repos des oiseaux
marécages, estuaires, lacs de montagnes migrateurs.
etc.) ou crées par l’homme (lacs de barrage,
étang etc.)
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Les zones
humides :
une importance
vitale pour le
développement
durable du Maroc
Les zones humides répertoriées au Maroc
sont au nombre de 84 d’après l’étude sur
les aires protégées qui date de 1997. Une
étude en cours fait état d’environ 300
sites couvrant une superficie de 400 000
Ha. Parmi ces sites 24 sites sont inscrits
dans la liste Ramsar des zones humides
d’importance internationale, quatre en 1980
date d’adhésion du Maroc à la convention et planétaire, ces valeurs à 50% de
20 en 2015. la valeur globale de l’ensemble des
écosystèmes.
En plus de leur valeur économique résultant
de leurs fonctions écologiques et naturelles Œuvrer à la protection, la conservation
ces zones ont des valeurs culturelle, et l’exploitation rationnelle des
esthétique, biologique d’une très grande ressources naturelles de ces zones,
importance pour l’humanité. doit revêtir une priorité nationale pour
le développement durable du pays.
Au Maroc les valeurs économiques de nos
zones humides ne sont pas disponibles.
La convention Ramsar estime, à l’échelle

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L’état des lieux
Les zones humides sont
elles en dégradation
avancée
Au niveau mondial, de nombreuses sont dans des stades de dégradation
études et observations font état d’une assez avancés. En plus des conditions
dégradation accélérée des zones climatiques, les actions de l’homme
humides « Les tendances négatives qui se restent prédominantes et accélèrent le
dégagent des études récentes devraient rythme de dégradation de ces zones.
sonner l’alarme et inciter les Parties Parmi les causes, citons en particulier :
contractantes à éviter toute nouvelle
Le surpâturage ;
perte et dégradation des zones humides
et à renforcer l’évaluation, le suivi et La surexploitation des ressources
naturelles : plantes, poisson, faune
la restauration des zones humides » terrestre et aquatique ;
(Convention Ramsar) Pompage excessive de l’eau pour les
besoins agricoles ;
Au Maroc, selon les spécialistes, plus La pollution par le rejet de déchets
de 50% des superficies des zones solides et liquides ;
humides ont disparus depuis le début Les extensions urbaines et le
du XX siècle. Notons cependant que la développement des complexes
disparation constitue le stade ultime touristiques ;
de dégradation. La plupart de zones Les infrastructures routières, et
ferroviaires ;
humides répertoriées, y compris les sites
Ramsar ou celles reconnues comme sites Le drainage et la conversion en
terres agricoles ;
d’intérêt biologique et écologique (SIBE)
La sur-fréquentation et les usages
sont soumises à une forte exploitation des pour des fins de recréation.
ressources naturelles. Certaines zones
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l’élaboration et la mise en œuvre
d’un programme de communication
d’éducation et de sensibilisation
participative (PCESP) spécifique aux
zones humides.
La société civile contribue dans une
large mesure à la mise en œuvre de ces
activités dans le cadre de partenariat
avec le HCEFLCD ou de projets financés
par des bailleurs de fond. Ces activités
se limitent cependant à quelques rares
zones humides et sont limitées dans le

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temps, à l’exception du Centre National
d’Education Environnementale de Sidi
Les grands Boughaba dont le fonctionnement est
assuré, sans interruption depuis 1992,
défis que par une association nationale.
Les causes de cette situation sont
rencontrent multiples, citons en particulier :
les zones humides • Absence d’un programme CESP et
d’une stratégie nationale d’Education
et de sensibilisation à la protection
de l’environnement en général et des
Communication éducation zones humides en particulier ;
• Non affectation de moyens financiers
et sensibilisation : de la part des collectivités et les
départements concernés pour assurer
L’expérience a montré que parmi les le fonctionnement des infrastructures
problèmes majeurs des zones humides dédiées à la CES. Des moyens financiers
figure le manque d’appropriation et énormes sont souvent réservés à la
d’adhésion de la population locale, des construction et à l’équipement des
décideurs locaux et du public en général centres qui demeurent inactifs faute de
à leur protection par ignorance de leurs budget de fonctionnement ;
valeurs et de leurs fonctions, d’où l’intérêt
• Les difficultés et la cherté du transport
de l’information de la sensibilisation et de
pour se rendre aux centres d’accueil et
l’éducation.
d’éducation situés généralement dans
les périphéries des centres urbains ;
La convention de Ramsar accorde à
ce volet une importance capitale et • Les activités d’éducation et de
demande aux pays contractants de sensibilisation sont focalisées sur les
designer deux correspondants, un du jeunes et concernent rarement les
point focal de l’administration et un de adultes et les décideurs ;
la société civile, pour superviser • Manque de couverture médiatique
professionnelle et efficace.

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membres et par manque de
Stratégie (vision) : coordination entre ses membres ;
- Au niveau local (d’une zone humide),
Malgré l’existence d’une stratégie – la convention Ramsar recommande la
plan d’action des zones humides pour constitution d’un comité local. Jusqu’à
la période 2015-2024, et les efforts présent, ces comités n’ont pas été
déployés en matière de préparation créés ;
des plans de gestion des zones - La gestion déléguée de ces zones
humides, la mise en œuvre d’actions par des organes non étatiques, prévue
concrètes sont insuffisantes et/ par la loi relative aux aires protégées,
ou ne retiennent pas l’adhésion de n’est pas encore appliquée.
l’ensemble des intervenants dans ces
zones ; Recherche et suivi
La majorité des zones humes ne
sont pas délimitées officiellement scientifique :
à l’exception de celles situées dans
le domaine forestier. En effet, la loi
- Actuellement l’inventaire des zones
22-07 relatives aux aires protégées
humides fait état de 300 zones humides
promulguée par le dahir 1-10-123 du 16
avec une typologie très diversifiée.
juillet 2010, qui prévoit, entre autres la
Cette richesse en biodiversité et ces
délimitation et le classement des zones
potentialités ne sont pas reflétées
humides, reconnues comme SIBEs
par le nombre de zones humides
parmi les catégories d’aires protégées
inscrites dans la liste Ramsar des ZH
est toujours en instance d’application
d’importance internationale (24 sur
faute de décrets d’application.
84). A titre de comparaison, la Tunisie
a classé 41 Sites, l’Algérie 50, l’Espagne
Gestion : 74, le Portugal 31. La stratégie des ZH
2014-2024 prévoyait le classement de
13 nouveaux sites en 2017 ;
- La gestion des zones humides
relève du département des eaux et - Les causes relevées sont :
forets point focal de la convention de o La faiblesse de la mobilisation des
Ramsar. Ce département préside un ressources financières et humaines
comité national qui regroupe tous les nécessaires ;
départements ministériels concernés
par les zones humides (environnement, o Manque de mesures incitatives pour
équipement, affaires étrangères, pêche, encourager plus de chercheurs des
agriculture, recherche …) ainsi que différentes universités à s’impliquer
deux représentants de la société civile dans la recherche sur les zones
et les correspondants CESP. Ce comité humides.
n’assure pas son rôle convenablement
par manque d’engagement de certains

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➢ Gouvernance :
Les zones humides souffrent d’un système de gouvernance non adapté,
pour Les raisons suivantes :

• L’accès à l’information et les données sur les zones humides est très
limité ;

• L’absence d’un système de suivi des indicateurs et d’évaluation de l’état


des zones humides. Le suivi de l’avifaune par certains experts se fait
régulièrement mais les données ne sont pas diffusées ;

• Manque d’études et de données sur l’évaluation économique des services


des zones humides. Ces données sont nécessaires pour convaincre les
décideurs de l’importance économique de ces zones ;

• Absence d’évaluation indépendante du système de gouvernance dans la


perspective de son amélioration et de la fixation des responsabilités ;

• Absence d’engagement et de contribution matérielle des collectivités


locales au processus de préservation et d’intermédiation avec la
population pour une exploitation durable ;

• Absence d’intégration de la protection des zones humides dans les


programmes de développement régionaux PDR et les plans d’actions
communaux PAC ;

• Limitation des conventions de partenariats à quelques zones humides.

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Les perspectives
Priorités pour sauver nos
zones humides

• Nécessité de contribution au financement


des activités d’éducation sur les zones
Mise en œuvre d’un humides par les collectivités locales,
programme de CESP les départements ministériels et les
grandes entreprises des régions ;
capable de garantir une
• Mobiliser les médias nationaux et
appropriation par les régionaux pour promouvoir et valoriser
citoyens et l’implication des les zones humides et contribuer à leurs
préservations.
acteurs non étatiques dans
la préservation des ZH Faire participer les
acteurs non étatiques
• Donner un nouvel élan au programme
CESP, en désignant de nouveaux
à l’actualisation et la
correspondants, et l’élaboration validation de la stratégie
participative d’un programme CESP,
en le dotant des moyens humains et pour une réelle adhésion
financiers pour sa mise en œuvre en
impliquant la société civile, avec une • Organiser un atelier national avec tous
évaluation régulière de ses résultats ; les intervenants dans les ZH pour
• Équipement des zones humides en l’amendement de la stratégie des zones
centres d’accueil et d’information du humides qui n’a pas été suffisamment
public ; concertée ;

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• Activer la promulgation des décrets d’application de la loi sur les aires protégées;

Revoir le système de gouvernance


• Redynamiser le comité national et le rendre opérationnel et efficace ;
• Mettre en place un comité local pour chaque zone humide et un comité régional
dans le cadre de la politique de la régionalisation avancée ;
• Mettre en place les procédures nécessaires pour élaborer et conclure des
conventions de partenariat pour la gestion déléguée des zones humides
conformément à la loi relative aux aires protégées ;

Repenser et redynamiser le rythme de classement des


zones humides

• Activer le classement des SIBEs selon les catégories fixées par la loi sur les
aires protégées ;
• Identifier les zones humides à proposer pour l’inscription dans la liste Ramsar
des zones humides d’importance internationale, afin de doubler le nombre de
sites Ramsar d’ici 2030 ;
• Mettre en place des mesures incitatives pour encourager plus de chercheurs
et d’universitaires aux niveaux national et régional à travailler sur les zones

Garantir une bonne gouvernance grâce à un système


d’évaluation continu
• Élaborer et mettre en place un protocole de suivi et d’évaluation des zones
humides basé sur des critères plus pertinents. Les études au niveau des zones
humides méditerranéennes ont démontré que parmi les espèces les plus
menacées d’extinction sont les mollusques, les reptiles et les plantes.;
• Associer la société civile et les universités au niveau régional et local au suivi
des zones humides ;
• Créer dans le site web du département des eaux et forets une rubrique dédiée
spécialement aux zones humides et l’enrichir par les données actualisées ;
• Participation active des responsables du HCEFLCD pour intégrer la conservation
des zones humides dans les PDR et PAC et de veiller à impliquer fortement
les collectivités et la société civile dans les plans d’aménagement des zones
humides ;
• Parrainage et adoption par chaque ville ayant sur son territoire une zone
humide dans le cadre du concept « ville Ramsar ».

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