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. BG REPUBLIQUE DE MADAGASCAR PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT Programme PNUD MAG/97/007 - DAPI « Gouvernance et Politiques Publiques pour un Développement Humain Durable » Culture et Prospective Sommaire Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Liminaire Bref eurvol des études consaorées a la culture malgache 1, Etudes publiées entre 1900 et 1960 1 2. Etudes postérieures 8 1960 Le temps dans la culture malgache 1. Les mesures du temps chez les Malgaches uw 2. Les diverses perceptions du temps a Madagascar u 3. Le temps et le destin 13 4. Le temps envisagé dans le cadre des relations sociales (ou fihavanana) 1s 5. Le présent, la conscience historique et le lorig terme Le travail 1. Le discours sur le travail et la culture malgache 19 2. Les différentes formes de travail 8 Madagascar 21 3. Travail, productivité, discipline B 4, Travail et solidarité sociale 25 5. Travail et vision & long terme Vargent 1. Laconception malgache de l'argent 29 2. Argent, d&penses somptuaires et pratique ostentatoires 30 3. Quelle fonction I’argent remplit-il dans la vie quotidienne ? 2 : : Culture et Prospective ; ; 4, Bst-ce que le Malgache pense &’épargne et dans quel but ? 33 5. Argent, clivages sociaux, corruption et effritement des valeurs 33 6. La vision malgache de argent et Ia vision du long terme 34 Chapitre 5 La higrarchie 35 1. Higrarchie et organisation sociale 35 2. Higrarchi et stratification sociale dans la société malgache moderne 31 3. Higrarchic, ang social et mobilité sociale 38 4, Hiérarchie traditionnelle et higrarchie administrative 39 5. Hiérarchie sociale et vision du futur 39 Chapitre 6 La parole 4 1. La parole et le sacré 41 2. La parole et la société 41 3. Parole et communication 2 4, Parole, kabary, littérature orale, tradition 4B 7 5. La parole dans le cadre de la prospective “4 . ; Conclusion 45 1. Les valeurs communes partagées par les Malgaches 45 2. Les “handicaps” ou “point d’achoppement” 45 3. Perspectives (pour le futur) 47 7 Bibliographic st Enquétes a Culture et Prospective Liminaire La présente étude rentre dans le cadre d’une série d’études prospectives sur Madagascar initiée par le PNUD en Mai 2001. Ces études thématiques ont pour objectifs de ( _ Eclairer sur I’évolution des tendances lourdes et leurs implications sur la société Malgache. Elaborer des hypothéses de base en vue d’une construction d'un cadre de stratégie de développement & long terme. (iii) Dégager enfin un plan d’actions pour la période 2001-201. 1. Pourquoi une étude sur la « Culture Malgache et la prospective » ? La culture tient une place importante dans tout processus de développement et dans la mise en oeuvre de projets visant le changement social. Les recherches sur le développement, menées jusqu’a présent & Madagascar, ont révélé lexistence de « résistances » au changement et & l'innovation. Assez souvent, ces résistances ont été justifiges au nom d’un attachement aux traditions ancestrales (cf. G. Condominas 1961, “Fokon’olona et collectivités rurales en Imerina”, Berger-Levrault, Paris, Réédition 1991, Editions de I’Orstom). Par ailleurs, il apparait que certaines valeurs traditionnelles sont mobilisatrices pour la réalisation du développement (cf.J. Dez 1965, “Les conflits entre la tradition et la novation” in : Bulletin de Madagascar n° 227-228, Avril - Mai, page 367-392). Ceci démontre, donc, Vimportance de la culture dans la vie socio-économique d’un pays, mais également son impact considérable sur les mentalités et les comportements des gens. Mais que penser de la prospective ? Est-il envisageable de développer cette démarche & la lumigre de Ja culture Malgache ? Pour le moment, il est difficile d’y répondre étant donné que Ia premiere préoccupation est de savoir avant tout si une étude sur la culture peut étre entreprise dans le cadre de la prospective. Concernant cette demire, une remarque s*impose. Le fait est que ceci est un exercice qui n’a pas seulement pour but de construire un “sénario” pour le futur mais aussi essayer de provoquer un “changement social” dans le sens d'un développement envisagé selon la perspective du long terme. Or, ‘un changement social s’accompagne, dans la plupart des cas, de “facfeurs” qui sont susceptibles de le freiner ou de le provoquer. Parmi ces facteurs, la culture ou les traditions peuvent étre citées. De nouveau, 1a problématique déja évoquée & propos du développement se retrouve. Ainsi, étudier la culture dans le cadre de la prospective c’est d’abord s’efforcer de comprendre le réle ou la fonction qu’elle assume par rapport & I’innovation et au changement. C’est aussi essayer de trouver dans cette culture certains éléments qui permettent d’infléchir les tendances lourdes dans la société Malgache ‘contemporaine. Le but final de I’étude serait alors de dégager des orientations pour le futur, c’est-a-dire de tracer le chemin du développement en cherchant & l’orienter, comme I’a dit R. Bastide, suivant « la pente d’écoulement de la culture » (cf. R. Basile 1971, “Antbropologie appliquée”, Payot, Patis, p.61). 2. Quelle seva la démarche adoptée pour cette elude ? La présente étude se propose, notamment, de présenter une synthése des études consacrées & la culture Malgache et son importance pour la prospective. II ne s"agit pas d’entreprendre une étude systématique Culture et Prospective de la culture Malgache, ni d’ouvrir un nouveau champ de recherche en socio-anthropologie concernant la culture et la prospective. 1! s*agit tout simplement de faire un état des lieux sur la question mais avec une visée pratique. Ceci se fera & partir des “études existantes” sans pour autant engager un débat de type académique sur tel ou tel point controversé de la tradition Malgache. En définitive, la tache consistera @ dégager, @ partir des documents existants, les grandes idées concernant la culture Malgache et les problémes qu’elle soulve dans une vision de long terme ou de prospective. Ce qui signifie que I’étude prendrait en quelque sorte l’aspect d’une revue documentaire en s'y distinguant par la présentation synthétique des idées-forces qui font, non pas tellement la culture Malgache en général (ce qui serait long et fastidieux), mais de quelques aspects seulement de cette culture. I convient aussi de dire un mot sur l'approche développée dans cette étude. Puisqu’il n'est pas question @’entreprendre une recherche sur la culture et la prospective, il faut reconnattre, tout de méme, Vexistence d'une difficulté d’ordre méthodologique & propos du théme & traiter. En effet, sous quel angle présenter la synthése et sur quelle base s’appuyer pour pouvoir dégager les idées-forces qu viennent d’étre évoquées? Pour une question de commodité, et & titre d’hypothése de travail pour une étude plus approfondie du probléme, il nous semble que le mieux serait de procéder & “une approche thématique”, en prenant comme axes quelques themes qui ont des incidences sur la prospective. Ces themes peuvent étre nombreux et variés, mais pour se faire une idée du lien existant entre culture et prospective, ila été jugé utile de circonscrire et de limiter l'étude & quelques notions clés auxquelles la société Malgache accorde actuellement beaucoup d’importance. Ce sont : le travail, ’argent, la hiérarchie et la parole. Il n’est pas question d’étudier ces notions en elles-mémes, il s’agit, comme il a été dit plus haut, de fourir une synthase & partir des matériaux existants. 3. Remarques sur la culture Malgache : le probleme de Vhomogénéité et de la diversité de la culture Malgache Avant dentrer dans le vif du sujet, il convient peut-étre de faire quelques remarques sur la culture posent ici sont les suivantes : Dans quel sens le mot “culture” a-til interprété par les spécialistes ? Est-ce qu’il faut parler d’homogénéité ou de diversité dans la culture Malgache ? BA. Sens du mot “culture” Texiste autour du mot “culture” toute une constellation de sens, Beaucoup d’auteurs ont essayé d’en donner une définition a I’aide de synonymes. Plusieurs termes (en francais) ont été retenus : + “Civilisation”, d’oi Vemploi assez fréquent de Vexpression “ciisation Malguche”, par opposition sans doute a la civilisation occidentale (européenne) qui a été imposée dans le pays pendant ’ere coloniale. La culture est donc entendue ici au sens large. Par exemple : l'article de M, Rakotonirina sur |’identité culturelle et le développement (cf. Af, Rakotonirina 1984, “Tdentité culturelle et développement” in Collectif sous la direction de J. P. Domenichini, J. P Poirier, D. Raberisoanjato 1984, “Ny Razana txy mba maty. Cultures traditonnelles Malgaches”, Editions de la Librairie de Madagascar, Antananarivo), dans lequel auteur utilise tant6t le mot “culture” (et cultures au pluriel, p.12) tantot le terme “civilisation” (“La alversité de la civilisation Malgache est une donnée immédiate de Vexpérience”, p.15). Les mots “culture” et “civilisation” sont done interchangeables. A noter qu’il y a des auteurs qui préférent parler carrément de “cisitsation Malgacbe” (entendue toujours au sens de culture, done de culture Malgache), (cf. P Oftino 1986, “LEtrangire intime. Exsai d'antbropologie de ta civilisation de Tancien Madagascar”, 2 Tomes, Edition des archives contemporaines). Culture et Prospective + “Mecurs et coutumes”, souvent ces deux mots sont accouplés pour exprimer une idée : la culture Malgache. Cette culture comprend outre les mceurs des Malgaches en général, les coutumes particuligres et spécifiques & chaque région, traduites en Malgache par fomban- drazana (coutumes ancestrales), (cf. H. Berthier 1933, “Murs ef coulumes du peuple Malgache”, Tananarive 1933). Il est & noter que des livres ont été écrits en Malgache au sujet des fomnba (cf. Rév. WEE. Cousins 1806, “Fomba matagasy”, LMS, Antananarivo). + “Traditions”, le mot culture est souvent rapproché du terme “tradition” qui signifie en Malgache lovan-tsofina (témoignages oraux), (cf. R. Pe Malzac 1899, “Dictionnaire frangais- Malgache”, Patis, p.816). Mais le mot Malgache le plus souvent usité c’est celui de “iantara” n orale (le mot a été traduit en francais par “histoire”). Ainsi, la culture renvoie avant tout aux traditions orales d’un groupe (clan, ethnic) comme celles se rapportant & l’ethnie Merina et leur organisation sociale et politique (cf. A. Délivré 1974, “bistoire des rots a Tmerina, Inlerprétation d'une tradition orale”, Klincksieck, Paris). Le recueil que le pére jésuite Callet a fait & propos des traditions “merina” (traditions relatives & V’histoire des rois et & la société merina au temps de la royauté) demeure aujourd’hui une référence (cf. R. P Callet 1878, 2™° ed, 1918, “Tantara ny Andriana eto Madagascar”, 2 vol., Imprimerie officielle, trad. V. Chapus et E. Ratsimba, 1953, 1956, 1958, 1978, Histoire des rois, Académie Malgache, ‘Tananarive). 3.2. La question de l'unité et de la diversité de la culture Malgache Les spécialistes sont presque unanimes & affirmer l’unité des Malgaches sur le plan culturel. Cette unité est renforeée par|’existence dune “langue unique” qui comporte plusieurs variantes dialectales. Ainsi, pour H. Berthier, il existe & Madagascar un fonds commun malgré la diversité de la population. “De ‘méme que la langue Malgache est UNE dans toute ile, les tribus de Madagascar ont un fonds commun de coutumes présentant, il est vrai, des différences dues aux contingences et a leur degré inégal @Pévolution, Cette unité a frappé les explorateurs de la Grande Ile qui n’ont pas mangué de la signaler, Berthier 1933, p.23) 1 faut reconnaitre qu’il existe aussi une diversité dans la culture Malgache, On pense que celle-ci est lige & la diversité de la population. Dans l'ouvrage dA. Grandidier, une mine de renseignements sur la question peut étre trouvée (Volume IV consaeré & I’Ethnographie), (cf. A. ef G. Grandidier 1908- 1928, “Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar; Vol. IV, Ethnographie, 5 Tomes, Imprimerie fationale, Paris). Dans d’autres écrits ou ouvrages (publiés avant 1960), le theme de la Giversité est traité dans la perspective d’une étude des spécificités de chaque ethnic (cf. G. Mondain 1904, “Des ies religieuses des Hovas avant Vintroducton du cbristianisme”, Cahors, Couestant, (cf. R.P. Dubois 1938, “Monographie des Belsiteo”, institut d°Ethnologie, Paris), (cf. $. Rabarfiaona & J. Valette 1959, “Les grandes fetes rituelles des Sakalava du Menabe ou Fitampoba’, Bulletin de Madagascar n°155, p.281-313). A partir des années 70, certains auteurs n’hésitent pas & parler d’une vision du monde propre a “l’ethnie” étudiée (cf. 2, Mole? 1979, “La conception Malgache du monde, du surnaturel et de Ubomme en Imerina’, 2 tomes, L’Harmattan, Paris), (cf. ; R. Jaovelo-Dzao 1996, “Mts, rites ef transes & Madagascar. Angano, Joro et tromba sakalava’, Editions Ambozontany — Karthala, Antananarivo/Paris), (cf. E. R. Mangalaza 1998, “Vie et mort chez les Betsimisaraka de Madagascar. Exsai d'antbropologie philasopbique”, L?Harmattan, Paris). Culture et Prospective Les spécificités “ethniques” qui viennent d’étre évoquées n’excluent pas existence d’un fonds commun dans la Grande ile. Comme le dit L. Molet dans |’introduction de son ouvrage sur la “Conception Malgache du monde, du surnaturel et de homme en Imerina” : “Car ily a, au-dela ef au-dessous des diférences superficeles, des nuances, comme pour la langue, une fois dépassées les divergences des parlers des patois ou des dialeces, un fonds Malgache de Vantbropologie, de la tvlogie, de la cosmologie. y a un substrat que les groupes conmaissent ef partagent ; il) a une unicilé qui est clue, nonobstant es obscurités en ce qui concerne les origines extérieures et les dates d'arrivée, a une cobabitation prolongée pendant des siéctes dans cette ile que (on peut parcourir @ pied dans sa plus grande dimension en quelques mois sans aucun obstacle naturel" (cf. 2a Molet 1979, op. cit, p.12)- M. Rakotonirina va encore plus loin en affirmant que “de fous les pay’s aant acquis leur indépendance depuis la fin de ta seconde guerre mondiale, Madagascar est le seul pays qui présente, @ evidence, une ‘quadruple unite” * = Unité géograpbique : qui parle d’elle-méme. Lille a sa personnalité bien marquée entre PAfrique et la grande aire océanienne. - Unité linguistique : malgré V'existence de dialectes dont I’intercompréhension exige pour certains un apprentissage de quelques jours ou plus, il n’existe qu’une seule langue Malgache du Cap d’Ambre & Faux Cap, des Antakarana aux Antandroy ~ qui reléve du fonds commun malayo-polynésien. = Unité historique : V'lle a toujours &é congue comme un ensemble, du point de vue de Pextérieur, et malgré des dissensions internes, des antagonismes, se présente comme une entité. = Unité culturelfe : 1a méme remarque sur la langue peut étre faite & propos de la culture, Les spécificités régionales sont fondées sur les mémes modéles structuraux. Ces schémes uniformes sont eux-mémes, pour l’essentiel, d’origine indonésienne, Mais au cours d’un millénaire et demi, environ, d’histoire, la civilisation Malgache, & partir de ce fonds commun, a rencontré des éléments trés divers, et _méme tres disparates, et les a remarquablement assimilés ; c’est ce que I’on pourrait appeler le “miracle Malgache”, c’est- A-dire cette étonnante faculté d’intégration qui a permis de construire avec des matériaux variés. “Le creuset Malgache a surtout réinterprété @ fa mesure de sa propre logique sociale” (cf. M. Rakotonirina 1984, att. cit., p.13-14). Culture et Prospective Chapitre 1. Bref survol des études consacrées a la culture malgache Dans ce survol, il est proposé de présenter les études qui ont été consacrées & la culture Malgache depuis le début du 208° sidcle (début de I’époque coloniale) jusqu’& nos jours. La liste qui va étre indiquée n’est pas exhaustive. Et en fait, il n’a été retenu que les écrits qui ont traité directement de la culture Malgache ou de certains aspects de cette culture. Concernant les ouvrages anciens datant d’avant la conquéte francaise (récits de voyageurs, études ethnographiques entreprises par des explorateurs ou des missionnaires), l'ceuvre de A. et de G. Grandidier 1903-1920, in “Collection des ouvrages anciens concernant Madagascar”, 9 Vol.. Union coloniale, Paris, peut servir de référence. Mais, pour ce qui sont des études postérieures & l'année 1900, elles peuvent étre divisées en deux grandes catégories : celles publiées entre 1900 et 1960 (année de V'indépendance de Madagascar) et celles qui ont paru apres 1960. 1. Etudes publiées entre 1900 et 1960 14. Etudes ethnologiques ou “Science Coloniale” ? Suite & des publications réalisées par des explorateurs et des missionnaires (par exemple : De La Vaissiére R. P1885, “Vingt ans d Madagascar: Colonisaton, traditions bistoriques. Meeurs et ereyances apres les notes du P Abinal”, Librairie Victor Lecoffre, Paris), une “science efbnologique” (ou anthropologique) s’est constituée avec comme objet principal "étude des peuplades (science des «races » selon l’approche de Galliéni) de Madagascar ainsi que de leurs meeurs et de leurs coutumes. Le but de cette science était de faire connaitre la mentalité des Malgaches 2 l'aide d’une description minutieuse de leur vie sociale et religieuse. Il s’agissait aussi de réaliser des études a l'intention des administrateurs coloniaux chargés de défendre les intéréts de la métropole dans le pays. Parmi les ouvrages édités et publiés pendant I’époque coloniale, il y a lieu de signaler : 1° oeuvre monumentale d’Alfred Grandidier & laquelle son fils Guillaume Grandidier a pris une part importante : (cf. A. & G. Grandidier 1908, “Hisloire physique, naturelle et politique de Madagascar” , Imprimerie nationale, Paris). Concernant la culture Malgache, on peut se référer au Volume IV qui comporte plusieurs tomes. Dans ce volume, A. Grandidier présente une ethnographie de Madagascar (tel est d’ailleurs le titte du Volume IV : Etude comparative sur les Indoocéaniens et les Malgaches entre lesquels, selon l'auteur il existe des ressemblances trés frappantes), une description détaillée des peuplades rencontrées dans la Grande ile, une analyse de l’organisation familiale et sociale a Madagascar et enfin une description des coutumes ainsi que de la religion pratiquée par les Malgaches. 2° G. Julien 1909, “Institutions politiques et sociales de Madagascar”, 2 tomes, 6d. Guilmoto, Paris. Tne s"agit pas & proprement parler dune étude ethnologique, mais plut6t d’une étude juridique. Dans. le tome Il, quelques indications concernant le droit coutumier Malgache peuvent étre trouvées. 3° H, Bertier 1933 (Aéjd cits), “Notes et impressions sur les meeurs ef coutames du peuple Malgache”, Tananarive. L’auteur note dans la préface de son livre que celui-ci est destiné aux fonctionnaires de la Colonie. II y aborde, entre autres des thémes comme les fad) ou interdits (r6les et importances), la religion des Malgaches, le culte des ancetres, les sacrifices, la vie sexuelle, les principaux événements Culture et Prospective de la vie individuelle, de la vie sociale, Par ailleurs, le theme de la vie psychique y occupe une grande place. La raison, selon l’auteur, réside dans le fait que cette derniére “est mal connue, D'aulre part, sa connaissance est indispensable pour priciser ce que nous pounvons espérer découvrir de Tame Malgache, infiniment plus complexe qu'on ne le croit communémen?” (p.8). 4° C, Renel 1934, ‘Ancétres ef Dieux”, Imprimerie moderne de 'Emyme, Tananarive. L’auteur ‘raite dans ce livre quelques themes de la culture Malgache : I’ame et ses divers aspects, la mort et la vie future, les ancétres et les diewx. II note que les croyances aux ménes des Vazimba (les autochtones) sont trés vivaces dans le pays. A propos de “Zanahary” (appellation donnée & Dieu), C. Renel pense qu'il s'agit d'un ancétre lointain inconnu, appelé aussi “zavatra” (chose). S’il est vénéré, c’est parce qu'il assume le r6le qui est dévolu aux ancétres : celui de transmettre la vie et d’en garantir la durée ici-bas. C'est pourquoi il est appelé “Andriananabary” (le dieu créateut). 5° H. M, Dubois (R.P) 1938, “Monographie des Betsieo”, Institut d’ethnographie, Paris. Euvre d’un missionnaire catholique (frangais), c’est l'un des rares ouvrages qui ait fait une étude exhaustive sur une ethnie Malgache (1.510 pages). Une description du portrait moral du Betsileo ainsi que de organisation sociale de la société traditionnelle peuvent y étre trouvées. Les chapitres consacrés aux coutumes présentent une description détaillée des rites et des pratiques sociales betsileo. La place ‘oceupée par les sacrifices (saotra, lanonana) dans la vie sociale met en relief I'importance du sumnaturel et du symbolisme dans la culture betsileo. En marge de ces études entreprises dans le cadre dune ethnologie de la “colonie”, d’autres recherches, ont été menées au sujet des coutumes Malgaches 1° A. Yan Gennep 1904, “Tabou et totémisme & Madagascar”, Paris. C’est la premitre étude (scientifique) menée sur les fady (interdits ou tabous) Malgaches. Cet ouvrage de 343 pages demeure encore une référence aujourd'hui, Lintérét de cette étude réside dans le fait qu’il a mis en lumiére les, divers aspects des fady (fady lié au hasina ou sacré, les fady et la sanction, les tabous du mort, les tabous des clans et des castes, les interdits sexuels, les tabous des animaux et des végétaux...). Mais, ce qu'il faut retenir c'est que : “Le tabou est un ces éléments fondamentauex ce fa vie sociale et individuelle des habitants de Madagascar: I régle Vexislence quotidienne du roturier, du noble, da chef. de la familie, ce la Iribu entitre méme; il décie sourtent de la parenté ef du genre de vie de Venfant qui vient de naire ; il eve des barritres entre les jeunes gens ef limite ou nécesste Vextension territoriale de la famille ; il régte fa maniére de Iravailler et répartit striclement Vouvrage; il dicte méme le menu; il sole malade, écarte les vivants du mort ; (.-) ihassure (...) la perpétité de forme des actes rituels, Veficacité du remide et de Vannulette. Ainsi le tabou joue ¢ Madagascar un réte important dans ta vie religieuse, politique, économique ou sexuelle ; partout it intervient, en quelque sorte corame un régulateur” (Chap. I, p.12). 2° ¥. Cotte 1947, “Regardons vivre une Iribu Malgache : tes Betsimisaraka”, La nouvelle Edition, Paris. L’ouvrage, préfacé par un “malgachisant” qui a écrit un livre sur la Grande ile en 1907 (“La grande ile de Madagascar”, Delagrave, Paris), est ’ceuvre d’un missionnaire catholique. Ayant vécu avec les Betsimisaraka pendant au moins vingt ans, I’auleur parle de leur culture avec sympathie et condescendance. Son long séjour en terre beisimisaraka \ui a permis de comprendre les croyances et les ‘coutumes Malgaches (cf. Chap. II - III). Le chapitre consacré & “la religion des ancétres” met en exergue une des idées-forces de la culture Malgache : /e cule des ancétres. Ce culte occupe une place centrale dans la religion et la vie sociale des Betsimisaraka : “La we religieuse et sociale des Betsimisaraka, on Ie constate foul de suite quand on vit parmi eux, gravite surtout autour du souvenir et du culte des morts, des aneétes: religion catalogue sous le nom de cute des Mines, le Miintome. Ele ne leur est pas partculire,loules Jes races primitives pratiquant le culte des Ancétres, plus ou moins ; mais cbez les Belsimisaraka, cette religion est centrale : elle n'est pas toute la religion, mais if n’est pas d'acte religieux qui ne s’en inspire et point de superstition (...) qui ne se rattache a elle, de prés ou de loin” (Chap. 1V, p.69). Culture et Prospective 3° 0. C Dabl 1951, “Malgache et Maanjan. Une comparison linguistique’, Egode - Instituttet, Oslo. Un ouvrage magistral et scientifique réalisé par un missionnaire norvégien. Il s’agit avant tout dune étude linguistique de la langue Malgache. Une comparaison avec le maanjan, langue parlée & Java, Sumatra et au Bornéo (et aussi en Malaisie) lui permet de dégager une affinité entre la langue ‘Malgache et les langues austronésiennes. 1.2. Etudes réalicées par des missionnaires dans le cadre d'une évangélisation des “pains” Beaucoup de livres ont été écrits par des missionnaires protestants et catholiques sur Madagascar. Pendant la période coloniale, certains d’entre eux ont consacré des études sur la “culture Malgache” afin de voir les éléments cultyrels qui peuvent €tre utilisés dans ’évangélisation : e’est ce qui a été appelé les “pierres d’attente” du christianisme (approche catholique) mais également la pédagogic & utiliser pour convertir les “paiens” (approche protestante). Voici les principaux ouvrages qui ont été publiés sur la question I°L, Vig 1905 } 1977 (6ait6 par O. C. Dahl), “Croyances ef mars des Malgacbes”, Fascicule M, ‘Tananarive, L’auteur est un pasteur dorigine norvégienne. Ayant travaillé & Masinandraina — Antsirabe entre 1875 et 1902, il até confronté au probléme du fatalisme. C’est ce qui l’a amené a écrire ce livre sur les croyances et, en particulier, sur la croyance au destin (¥intana). Etudiant minutieusement Vastrologie Malgache, l'auteur affirme que : “le fatalisme basé sur Fastrologie est le nayiau méme, nous pouwvons le dire, de la religion des Malgaches” (p.50). Le jugement qu’il porte sur cette croyance nest pas tendre : “Le fatalisme provague et nourrit le sentiment d'anxiété. Cela marque ta vie privée et publique des Malgaches, et erée cette mentalité d'esclave, qui se retire, craintf, en lui-méme, comme fait Pescargot dans sa coquille. Les Malgaches ne veulent pas aller contre le destin, (...). ls priferent s‘accommuder, “faire le tour”, se dérober devant les obstactes ou des résistances” (ibid.). Et auteur de conclure : ‘Avant constaté @ quel potat 1a doctrine eb la croyance fatalistes ont maintera les Malgaches sous le plus dur joug religieux, nous powvons comprendre Vexbortation des apétres dW live de Galatie, qui était encore en train de retourner dt des éléments faibles et pauvres dans ta volonté de s'y asservir de nouveau + “Yous observerez religieuserent les jours, tes ‘saisons et les années” (Gal 4, 10)” (p52). 2° G. Mondain 1904, “Des idées religieuses des Hovas avant Vintroduction du ebristianisme”, Cahors, Imprimerie Couestant, Le souci de auteur (qui est un missionnaire protestant) est avant tout de “porter tu peu de fumatére dans ce qui a constitué ame Hova” (p.117). Mais, son but c'est dattirer Vattention sur influence des anciennes idées (paiennes) sur le comportement des chrétiens (par exemple le culte des ‘morts). Il faut, dit-il, travailler & “la fransformation morale et spirituelle du peuple Malgache”. Cela exige une approche critique de sa culture et de sa religion. Certes, le christianisme a enregistré un grand progrés, mais le probléme est que le Malgache a toujours tendance & se référer 4 son ancienne religior “Comme il (le Hosa) a Vesprit peu précis et qu'il aime le vague, ne ratsormant que par analogies plus ou moins lointaines, i a vite fait de rapprocber tlle crosance cbrétenne de telle autre pensée familie & son dime paienne autrefois sil est encln & transformer, suitant le mode arise, les données plus précises de Févangzle (...)” (119), 3° P. Colin 1959, ‘Aspects de Ve Malgacbe”, Editions de \’Orante, Paris. Ce livre de 142 pages, écrit par un missionnaire catholique, présente avec optimisme et sympathie les éléments qui forment Pédifice de la culture Malgache : les puissances invisibles, la mort et au-deld, le Dieu supréme, le destin, Examinant attentivement et objectivement (sans parti pris) le matériau traditionnel (culte des ancétres, conception de la vie et de la mort), le Pére Colin affirme qu’on peut “i une situation déterminge d’abord par des modes de procluction traditionnels, fondés sur la riziére inondée ow Je tavy, toujours accompagnés d'un sous-emploi élew.” J. Fremigacct 1977, “Le colonisé, une eréation du colonizatear”, in Omaty sy anio, 1 7 Ce qu rejoin ce qu'a dle Lieutenant De Martone en 1906 : "Le peuple Malgach,a-om dt, est un peuple qu sai anende. (x) Mest poresseus dans ime". 20 Culture et Prospective 2. Les différentes formes de travail a Madagascar 2.1. Le travail familial lest accompli par le ménage qui travaille sur les terres qui lui ont &té réservées ou qui appartiennent son lignage. “Lorsque la parenté est unie sur un méme habitat ~ maison, quarter, village — le travail fait appel aussi bie aut actifs du ménage qu‘a cew du groupe de parenté et s‘apparente alors & Tentraite sans que soient comptabitsés les jours rendre” J. Ramamonyjisoa 1986, “Riziculteurs des périmetres dirrigation : Soavina, Bebara, Betanoty, Mabavanona”, in: Recbercbes pour te développement, Série Sciences de Vhomme et de la société, Ministére de la recherche scientifique et technologique pour le développement, n°1, premier semestre, p.75). 2.2. Lentraide ou valin-tanana Selon G. Condominas, il s’agit dune vieille coutume imerinienne qui remonte & I’6poque pré-coloniale, Durant la colonisation et 1a premiére décennie de lindépendance, Ventraide a survécu malgré institution du travail salar. Dans quel secteur est-elle appliquée ? C’est surtout dans la riziculture qu’on a pratiqué Ventraide. En effet, “le fnavail de la rizitre irriguée demande une importante maiin-d wuvre ;celle-ci doit tre particuliérement nombreuse dans des épisodes qui demandent un travail d la fois dur et mené rapidement, comme par exemple, pour le relournement des moltes — travail d'bornme — ow fe repiquage — travail de femmes -, ef la moissont ourrrage des awe sexes. (...). Lentraide dans te iravail agricole porte le nom de vatin-ténana. On rend la main (est Ke sens hextuel de cette expression) de maniére absolument exacte en nombre égal de personnes ef de journées de travail. (...). Celle forme d'entraide constitue la base de Vorganisation du travail dans toute ta campagne imerinienne : il n'est pas un cultivateur ricbe ou pauvre qui n'exploite de cette maniere ses champs, que ceux-ci Jui appartiennent en propre ou qu'il n’en soit que le métayer. Sauf dans tes grandes exploitations de hype européen, on a asiez pet recours au travail salarié,(...). En ce qui concerme le travail agricole kes paysans priferent recourir au Yalin-lanana plutit qu’a la main-d‘ eure salariée, cela se comprend aisément pour les aysans paurres disposant de faibles ressources en numéraires..“ (G. Condominas 1961, “Fokonolona et collectives rurales en Imerina”, Berger-Levrault, Paris, Réédition 1991, Orstom, Paris, p.150-152). 2.5. Le “fanompoana” ou corvée Le fanompoana est une autre forme de travail que Madagascar a connue au temps des royaumes. Ce terme comporte deux acceptions + La premiéze c’est que le fanompeana désigne “un ensemble de rites accomplis par le peuple Pour marquer son respect, son obéissance au roi, son adoration & l"égard du zanabary an-tany ou dieu visible, terme pour désigner le roi considéré comme une divinité en chair et en os. Del& vient le terme fanompoam-pivavabana”. + Ladeuxitme renvoie & “un ensemble de prestations gratuites en nature (parts de récolte, somme argent) ou en travaux. Ce genre de fanompoana est offert au roi, propriétaire de toutes choses, de son peuple, de la terre, de son royaume ainsi que de ses produits” (cf. 2. Rakoto, F Ramiandrasoa, Razobarinore-Randriamboavonjy 1995, “Nouveau Corpus d'Histoire des institutions”, Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie, Université Antananarivo, p.57). ai -—e yx\»»—[cFcsyqg —————<—__—_—_—_-$-«XaX—_—_ lala... Culture et Prospective Qui accomplit le fanompoana au temps de 1a monarchie ? “Tou! homme libre, Andriana noble ou vobitra roturier est asireint au fanommpoana. Celu-ci est Vexpression par excellence des relations entre le rv et ses sujet. Elre sujet da roi veut dire Ge celui qui accepte W'accomplir effectivement sa part de fanompoana @ égard di roi, Refuser Caccomplir son fanompoana équivaut & ne pas reconnattre fe pouvoir du roi, tui désobéit:( ..) Laccomplisement des farompoana se fait individuellement ou collectivement. Ainsi, le service militaire, le paiement des basina, des vola amidty basy, les dons en récoltes s‘accomplissent individuellement tandis que les grands travaux, comme Vérection de digues, s‘accomplisent collectivement” (1. Rakoto, FE) Ramiandrasoa, Razobarinoro-Randriamboavonjy 1995, op. cit, p.57-58). A propos des grands travaux, il est intéressant de citer ici un passage de “Tantara ny Andriana” qui parle . de la reconstruction de la digue de Vabilava (Antananarivo) + “Lorsqu’Andrianampoinimerina fit reconstruire la digue de Vahilava, Andriamasinavalona avait \ déja faite mais elle n’avait pas été consolidée et Andrianampoinimerina avait déclaré : “C'est comme quand on plonge dans un bain de nato, celui qui le fait deux fois oblient une teinte foncée. Faisons-les bien paises, c’est contrariant quand les digues se rompent toujours : je ne veux pas qu’on sacrifie le Betsimitatatra, car c’est 1a Ie ventre de la population, Tananarive est le lieu ot les gens se rassemblent, car il n’en est point qui n’y vienne. Je vous donne un délai de quinze jours pour aller chercher des provisions et construire un camp ; aprés quoi, chacun dressera le sien dans la partie ‘qui lui reviendra lorsque la digue aura été partagée (.)”. Lorsque le délai de quinze jours fut écoulé, les Ambaniandro campérent dans le Betsimitatatra et y construisirent un camp. Andrianampoinimerina leur envoya des *dinfany qui dirent : “Partagez les digues et bonne chance @ celui qui aura fini le premier, car vous étes ici sous mes yeux ; je ne jugerai plus d’aprés des rapports, vous ayant devant moi, moi qui suis votre maitre ; aussi bonne chance a celui q Vemportera, ce que je constaterai car je suis un souverain qui récompense les services rendus (..).” (Callet 1908, “Taniara ny Andriana eto Madagascar”, Tome U1, traduction de G. S. Chapus & E. Ratsimba 1974, Tome Ill, Tananarive, p.72-74). Ily a liew de noter que la reconstruction de la digue du Vahilava au temps d”Andrianampoinimerina n’avait aucun caractére oppressif. Les travaux qui étaient exécutés étaient reconnus d’utilité publique. Il se trouve que le fanompoana a été utilisé par la suite comme le seul moyen de promouvoir l’économie du royaume. C’est ce qui a été appliqué au temps de Ranavalona I oi le farompoana a pris 1a forme une véritable corvée, ainsi que attest ouvrage dA. Martineau : “Vers 1840, la reine Ranavate 1°7€ associa avec un colon francais Mt. De Lastelle, pour la culture de ta canne et de ta fabrication dtu sucre, & Mananzare. Elle fournit la main-d ceuvre et les terres ; son associé, les capitaux, Voutillage et lexpériens Lexploitation dura un tris court espace de temps ; les populations, éerasées par le fanampouane, émigrérent, usine fut abandonnée et brige par le peuple." (cité par 1. Rakoto, Fred Ramiandrasoa, Razobarinoro- Randriamboavonjy 1995, op. cil., p.68). 24. Du fanompoana au travail force Le glissement du fartompoana vers ce qu’on a appelé “Te travail forcé” au début de Vere coloniale est perceptible puisqu’a la fin du 19°M° sigcle, les mains-d’ceuvre ont été recherchées pour assurer des prestations gratuites pour I'Etat. “On sait quau début de Vere coloniale, le Gouverneur youlait réquistionner tous les borames valides pour des travaux collec. I fallat done obliger les Malgacbes d tranaler etd fournir des prestations gratuites @ raison ade lx jours (folo andro). En fait, e'tail du travail forcé car la mobilisation repesait sur la contrainte. Toutes les communauiés paysannes, écxit J. Fremigacci, se souviennent de cette forme de travail foreé, consacré aux cbantiers routiers surtout. De 1926 é 1937, les prestations sont complétées par le SMOTIG (Service de ta Main-d'Oeuare pour les Travia Untérét Général) qui rassemble en camps de travail les conscrits non retenus par le service mulitaire”. J. Fremigacet 1978, op. cit, p.224). 2 Culture et Prospective 25. Le travail oalarié Il semble que l'introduction du systme de salariat dans la Grande ile remonte & I'époque de Ranavalona I (ef. G. Julien 1908, “Institutions politiques ef sociales & Madagascar” - G. Condominas 1961, op. cit. p.151). Mais, c'est au temps de la colonisation qu’il s’est développé avec d’abord la construction des chemins de fer TCE (Tananarive / Cote-Est) et Tananarive - Antsirabe (1911-1923) (cf. J. Fremigacei 1975, “Mise en valeur coloniale et travail forcé: fa construction du chemin de fer” Tananative = Anisirabe 1911-1923, in Omaly 9 anio, Université de Tananarive, n°1-2, p.75-137 -J. Fremigaci 1978, ‘Ladministration coloniale: tes aspects oppressfs”, in Omualy sy anio, n° 7-8, p:209-237) puis avec la mise en place de grandes entreprises d'origine francaise dans le pays (cf. L. Rabearimanana 1987, “Les travailleurs des grandes plantations du Nord-Ouest de Madagascar (1945-1960), in Omaly s9 anio, Université de Tananarive, n°25-26, p.383-409). Actuellement, ce systtme est généralisé méme si en beaucoup d’endroits, l'économie de subsistance reposant sur l’agriculture est encore prédominante (cf. Projet Madio 1995, ‘Lemploi et lex conditions d'acivité de la population Malgache en 1993", Mars, Antananarivo). Il est A noter que depuis 'indépendance de Madagascar, le travail salarié s'est développé dans quatre secteurs différents : + Le premier concemne les grandes exploitations agricoles héritées de la colonisation (ex. les grands périmétres agricoles de I’Alaotra). C’est dans ce secteur que des travailleurs ‘migrants (et saisonniers) (cf_J. Dez 1967) sont embauchés. + Ledeuxitme est celui des entreprises et industries qui ont été eréées ou implantées dans le pays la suite de la modernisation de I’économie amorcée dans les années 60. D'aprés les études effectuées jusqu’a présent (par exemple celles de L. Ramilison 1985, “Essai analyse sur la satisfaction procure par le travail”, Mémoire de maitrise en Sociologie, Université d’Antananarivo ~ de [INSTAT 2000, “Enquéte privritaire auprés des ménages 1999. Rapport principal’), il semble que ce secteur ~ appelé secteur secondaire — est encore {rds peu développé. + Le troisiéme secteur renvoie a l'administration qui a employé, pour I’année 1993, 164.000 salariés (contre 340.000 pour le secteur secondaire) cf. Profet Mado 1995, “Lemplot et les conditions d'activité de la population Matgache en 1993”, Mars, Antananativo, p.11-12. + Le dernier secteur est celui de l’informel. Selon une enquéte effectuée par le Projet Madio, 63,3% des emplois eréés durant l'année 1996 se trouvent dans le secteur informel : E. NV. Ramillison 1997, “Sortie du cbimage et durée d'attente d'un emploi formel”, Projet Madio, Antananarivo, p.10. 3. Travail, productivité, discipline Depuis 1965, & Madagascar, beaucoup d'études se sont efforcées de cemer la question de la productivité et de la discipline dans les liewx de travail. A cet effet, deux domaines ont été, principalement, évoqués et analysés dans ces études : celui du travail en milieu rural et celui du travail salarié (entreprises, administration). 23 Culture et Prospective 3.1. Le travail en milieu rural Le débat sur la problématique de Ia faible productivité (ow du manque de rendement) dans le monde rural a été suscité par les réactions des assistants techniques qui ont travaillé a Madagascar dans les années 60-70. Quelques universitaires, dont/. Dez, enseignant & "Université de Madagascar 41’époque, ont alors entrepris des recherches sur Ia question. En toile de fond, on retrouve la problématique du développement envisagé sous I’angle de la modernisation, de la rationalisation (d’od la référence constante au modéle occidental : Ia notion de temps, I’insistance sur le rendement dans le travail etc..). La démarche de/. Dez consiste d’abord & faire une étude sociologique du monde rural. Ensuite, elle se propose d’indiquer des orientations pour l’animation du monde rural et l'accompagnement des projets de développement. Qu'est ce qu'une analyse sociologique peut apporter ? Ce qu'il faut dire c'est qu’elle aide & micux comprendre le systéme de valeurs auquel Ie paysan attache beaucoup d’importance. Dans ce systéme, il faut signaler la place occupée par le fibavtnana, “lequel comporte un devoir d'assistance réciproque en Joules circonstances, les Bones comme les mawvaises..* (J. Dez 1965, “Un des problemes du développement rural : [6volution des comportements”, in Bulletin de Madagascar n°230, p.609). 1 faut reconnaitre que le systéme familial répond encore tres généralement aux besoins du paysan. Mais, cette situation présente au regard des exigences du développement des inconvénients qu'il ne faut pas ignorer : = lasatisfaction aux obligations familiales prend beaucoup du temps qui pourrait étre accordé isfaction & ces obligations est l’impossibilité de toute discipline de travail suivi, car, méme si une action précise devait étre réalisée & une date déterminée, son exécution devrait étre différée pour permettre, le cas échéant, la réalisation d'une cérémonie familiale (notamment l'assistance & des funérailles, la présence auprés d'un parent malade (ibid., p.610). Que faut il penser des interdits ou fadly dont Vobservance a des répercussions dans te travail ? Xl faut dire que les fady “sont de natures res diverses eon ne peut pas les englober sous une méme réprobation” (ibid., p.608). Concernant les jours fad, il faut reconnaitre que : “leur existence empécbe Vadoption d'une discipline de travail, car si celte diseipline requiert certaines actions justement un jour fady, elle ne sera pas respectée, Celle question n'est encore que tres insuffisamment étudige, elle mériterait de Tere bier plus, & d'une “facon systématique. Elle est prévccupante, car nous ne croyons pas & la possibilité d'une abolition d'offce et “ginéralisée, mats seulement a celle de petites vitoires Irés localisées. Lune dle développement est une longue patience” (ibid.). Queltes orientations dégager @ partir de cette analyse ? Selon J. Dez, il faut d’abord combattre Pethnocentrisme qui est typique de attitude des techniciens du développement (cf. ibid. p.631). Souvent le blocage (et donc le manque de productivité) vient de l'incompréhension dont les paysans sont victimes. Il n'est pas dit que la tradition est un frein au développement. Il est vrai qu’il y a des comportements “radifionalisies” (Jes comportements de ceux qui s'attachent excessivement aux coutumes), mais il n'en reste pas moins vrai qu’il y a des paysans trés ouverts & l'innovation et au développement. Comment alors atténuer les effets de certaines coutumes dans le domaine du travail ? “Paction soubaitable revel deux aspects essentiels : d'une part, un aspect psyebologique direct, comment te asain peut-il dre rendu plus réceplif, autre part, un aspect plus matériel, comment approprier Faction aux 24 SEES Culture et Prospective conditions locates” (ibid. p.617). Liimportant, aprés tout, c'est de faire diminuer “la résistance a innovation”. Tel est, du reste, objectif que la recherche sociologique entend réaliser. 3.2. Le travail dans les industries et les entreprises Dans les industries et dans les entreprises, on a aussi constaté une baisse de productivité et un manque de discipline. Quelles en sont les causes ? D’aprés les auteurs qui ont étudié la question @. Rabearimanana, L. Ramitison), Vrune des causes principales de 1a baisse de 1a productivité est & cchercher dans le systme de rémunération du travail. En outre, il faut voir aussi les conditions dans lesquelles les ouvriers Malgaches travaillent. Si ces deux aspects ne sont pas pris en compte, il y a un risque de ralentissement dans le travail et c’est le rendement qui va en en patir. Par contre, si des efforts sont consentis pour permettre aux travailleurs de vivre décemment (salaire correct, logement, avantages), Ia productivité est assurée, et dans ce cas, les risques d’une baisse de rendement sont minimes puisqu’il faut reconnattre qu’ Madagascar, “la main-d'euvre est de bonne qualité “ (cf.J. Fremigacci 1975, art. cit, p.83). Une autre cause qui conditionne Ia productivité est & attribuer & I’éloignement par rapport au fiew du travail. L’étude réalisée par Z. Ramalison dans le Firaisam-pokontany d’Antananarivo I'a révélée Ramilison, op. cit, p.137-138) . A ceci il faut ajouter le phénoméne d’absentéisme qui est assez courant dans certaines entreprises. Les causes en sont connues : “désengagement par rapport aux intéréts et dla vie de lentreprise, Vabsence de latitude laissée aux subordonnés, le respect prioritaire des rites familia, les raisons de santé, la nécesité vitale ~ actuellement surtout — de compenser Vinsuffsance des salaires par des Iravau additonnels, et enfin Vatcootivae” (J. Ramamonjisoa 1988, “Etude sectorelle, Spécifcté sociale et culturele face au développement”, Direction Générale du Plan, Antananarivo, p. 91). 4. Travail et solidarité sociale Léétude du travail dans la société Malgache modeme ne doit pas minimiser l'existence de réseaux de relations dans les lieux de travail. Il ‘agit de groupes informels qui se eréent spontanément et dont la fonction est d’assurer la cohésion de travailleurs. A la difference des associations ou des syndicats qui sont eréés pour la défense des intéréts des travailleurs, les groupes informels fonctionnent a la maniére d'un groupe primaire. Ils offrent non seulement un espace de rencontre facilitant Vintégration de Pindividu dans le lieu de travail mais jouent également le role de soupape de sOreté au sein de Pentreprise. En dehors de ces réseaux et des syndicats, il faut signaler I’importance que les Malgaches — qu’ils soient cadres ou simples employés — attachent & la notion de solidarité. Cette valeur est invoquée lorsqu'un employé ou un cadre perd une de ses proches. Selon la coutume en vigueur et selon les normes qui découlent du fibavanana, il y a dans ce cas précis une obligation & laquelle tout le monde est astreint (ceux qui travaillent au sein d’une méme entreprise) : I'assistance aux funérailles. Or, une telle pratique peut, & la longue, provoquer un ralentissement des activités. Mais, est-ce vraiment une pratique anti-économique ? Du point de vue économique, il est évident que la réponse est positive. Mais, du point de vue sociologique, la dimension sociale du travail dans le contexte Malgache ne peut ire ignorée. Il faut se rappeler en effet ce que j. Dez a dit & propos de l'organisation du travail dans la société Malgache (traditionnelle et moderne) : “Le Malgacbe est sensible @ ume logique fondée sur Tespression des sentiments et ce qu'il recherchera ce sera plutét une offcacité de caracitre social, Cette notion de Toficacité est évidemment dificilerent comprebensible & un Européen qui sirrite ce comportements jugés par ut incomprébensibles et ineficaces suivant ses rites de perception. Le Malgache est sensible @ tout ce qui peut améliorer les relations bumaines” 9. Dez 1967, “Tradition et développement rural’, in : Annales de Université, Série Lettres et Sciences humaines, n°7, Université de Madagascar, Tananarive, p.90)*. * Cee anaiyse aut aussi pour le monde urbain Culture et Prospective La conséquence qui peut étre tirer de cette analyse du comportement du Malgache est qu'il est difficile pour un chef d’entreprise de faire fi de “la loi de Ia solidarité’» méme s'il est soucieux de la bonne marche de l’entreprise. Si le patron d’une entreprise estime qu’ une telle pratique est anti-6conomique et que par conséquent il faut I’interdire, alors il devra s’attendre A une réaction trés forte et & une résistance latente de la part de ses travailleurs. Ce qui sera catastrophique pour l’entreprise car le rendement recherché ne sera jamais atteint et la situation sera des plus tendue. En revanche, s'il s'efforce d’intégrer ce paramétre dans les imprévus ou les contretemps qu’il faudrait gérer, ce qui suppose de sa part une attention & la dimension culturelle du travail, il aura de fortes chances augmenter le rendement ou la productivité de I’entreprise. Mais, pour que cet objectif puisse étre atteint, il faut exiger des travailleurs une certaine rigueur dans la gestion du temps. Une fois que le patron de l’entreprise a leur confiance (jl ne faut pas oublier le principe élémentaire de la sociologie énoneé par J. Dez, & savoir que le Malgache recherche l’efficacité dans le cadre de I’amélioration des relations humaines), il pourra facilement les convaincre et, & ce moment 12, les résultats positifs ne tarderont pas venir. 5. Travail et vision a long terme 5.1. Une évolution de la tradition est-elle envisageable (ou des coutumes) face aux exigences du travail ? Cette question a été abordée d’une maniére implicite par. Dez. Comme le développement suppose une modification dans les comportements, le probléme soulevé par certaines coutumes (les fady notamment) doit étre évoqué dans le cadre de la prospective. Quelle orientation pour le futur ? Voici la réponse de). Dez : “Il existe des procédures traditionneltes qui permettent d'apporter des modifications @ certains fuits réglés par les traditions ¢t qui sont da domaine des croyances. I s‘agit notamment dinterdis, dont Vexislence gine V'entreprise de certaines actions, Is peuvent éire lenés moysennant Vaccomplissement de certains rites. Mais, il ne faut pas céder Q la tentation facite de conclure quiil suffirait de procéder systématiquement & des levees Winkerdits pour faire disparaitre les interdits génants pour le développement. (..) Pour qu’un rituel soit valablement accompli, il faut que le groupe qu'il concerne ait décidé de Vaccomplir.” QJ. Dez 1965, “Les ‘conflts entre ta tradition et la novation”, in : Bulletin de Madagascar, n°227-228, p.386). 5.2. Culture dentreprise, got du travail A inculquer Concernant le travail et la prospective, des pistes sont indiquées pour la génération actuelle. Selon R. Andriambetomiadana, le développement ne peut étre réalisé si le travail n’est pas valorisé. Il faut en outre susciter l’esprit d’initiative chez les Malgaches. Mais, l'esprit d’initiative ne suffit pas pour créer des richesses, il faut aussi promouvoir esprit d'entreprise et “Tenfrepreneurship” + Signification de esprit d’entreprise : “voir esprit d'entreprise, c'est avvir la votonté dentreprendre, de eréer une entreprise pour produire des biens ou pour fournir des services. Ce qui suppose Texistence de séritables entreprises, et donc de véritables entrepreneurs — les principaux acteurs da développement économique et social. (..)Bre, il faut une politique de Ventrepreneurship, Cest-d-dire Vappropriation et la gestion des ressources bumaines ef matérieles dans le but de créer, dle déelopper et d'implanter des solutions permettant de répondre aucc besoins de Vindividu” (Re Andriambelomiadana 1992, “Libcralime ef développement & Madagascar”, Foi et Justice, Antananarivo, p. 40). + Lutter contre esprit rentier : “Lever cerlaines enlraves au développement de entrepreneursbip, ‘est d'abord surmonter les obstacles socologiques, @ commencer par le fort exprit de fonctionnariat a Culture et Prospective des nationaux, qui se radutt par un comportement de renter, par Yabsence du got de effort et de Tinnovation’” (ibid.) + Btroitesse du marché du travail, esprit initiative et esprit dentreprise : “Bn raison de aroitesse cu marché du travail, le chimage contribue @ diffuser Vesprit dinitiative et la prise de risque, (..,). Ce n'est done pas Fesprit dnitiative qui mangue. Ce qui fait faut, c'est te veritable esprit d'entreprise, a ta base duguel nous trouvons Vesprit eréatié (...) I est illusoire d'espérer emergence subite ume race d'enteepreneurs d la sortie d'un régime dans lequel I Etat-Providence, gre fournisseur demplois, était de mise. Par ailleurs, il est rare qu'une majorté des membres de fa communauté soient prompts & prendre des risques, @ saisir leurs chances. 1 suff! de quelques personnes dispostes 4 faire cwire de pionniers.” (R. Andriambelomiadana 1994, “Valorser, Teffort, Vinnovation et Vesprit d'entreprise”, in Collectif, Deux mondes en présence, Aspects culturels du développement, Ny Fomba amam-panao sy ny fampandrosoana, Antananarivo, p.16). Pour sa part, Urfer (dont les écrits parlent souvent du poids de la tradition dans la vie économique) pense que c’est le gotit du travail qui manque & Madagascar. Ce qu'il faut promouvoir avant tout c'est une éducation morale qui sache inculquer le sens de l’effort et l'amour du travail : “II n'y aura jamais de véritable place pour Madagascar dans le concert des nations si la population continue @ dévaloriser et @ sous-estimer le travail, surtout manuel. Car un pays ne se développe pas avec Vargent des autres, si massives et répétées sotent les aides ou les remises de dettes dont il bénéfice. II se développe par son Travail, cesi--dire par V fort de transformer les matiéres premieres en produits finis pour la consommation locale et pour Vexportation. Ce qui implique un veritable amour dus travail (...) + (S. Urfer 2001, “Mission réconeciliatrice aujourd'bui @ Madagascar”, in Aspects du Christianisme & Madagascar, Institut Catholique, Tome 9, n°1, Janvier - Mars, Antananarivo, p.40). 27 =. lle Culture et Prospective Encadré 2 : Promowvoir Vesprit d'entreprise d Madagascar “avoir esprit d’entreprise, c’est avoir la volonté d’entreprendre, de créer une entreprise pour produire des biens ou de fournir des services. Ce qui suppose l'existence de véritables entreprises, et done de véritables entrepreneurs — les principaux acteurs du développement économique et social Reste & déterminer les conditions qui favorisent la naissance d’entreprises et l'émergence entrepreneurs. Bref, il faut une politique de promotion de Venirepreneursbip, c'est & dire appropriation et 1a gestion des ressources humaines et matérielles dans le but de créer, de développer et d’implanter des solutions permettant de répondre aux besoins de l'individu. Lever certaines entraves au développement de l'entreprencursbip, c’est d’abord surmonter les obstacles sociologiques, & commencer par Ie fort esprit de fonctionnariat des nationaux, qui se traduit ppar un comportement de rentier, par I'absence du goat de l’effort et de l'innovation. Lorigine en est simple et commune aux pays africains qui ont été colonisés : pendant cette période de dépendance, les autochtones étaient aux mains des étrangers. Lors de I’Indépendance, parce qu’il n’y avait pas de secteur privé national, les autorités politiques ont privilégié la croissance du secteur public. D’od découle Pautre obstacle sociologique : entrepreneur n’entre pas dans la catégorie sociale la plus appréciée de la hiérarchie sociale. Etre entrepreneur n’est pas une profession, on le devient parce qu’on a €t€ rejeté par la fonction publique. Donner au métier d’entrepreneur ses lettres de noblesse, tel pourrait étre le theme d’une ‘campagne de sensibilisation 4 mener dans la société Malgache. On doit commencer par revoir les programmes d’enseignement scolaire et universitaire pour qu’ils soient modifiés et orientés non plus uniquement vers 1a formation d’employés, mais aussi et surtout d’employeurs. On doit également accepter que Ie phénoméne de V'enfreprencursbip soit posé comme un objectif économique et social, conforté par des mesures juridiques appropriées”. (R, Andriambelomiadana 1992, “Libéralisme et développement é Madagascar”, Foi et Justice, p.40), 28 Deen nee ee eee Culture et Prospective Chapitre 4. Largent argent occupe aujourd’hui une grande place sinon une place privilégiée dans le systéme des valeurs des Malgaches ainsi que dans leur vie quotidienne. Quelle conception le Malgache se fait-i de l’argent a ’heure actuelle ? Comment expliquer les dépenses ostentatoires ? Quelle fonction remplit-il dans la société Malgache ? Est-ce que le Malgache pense habituellement &’épargne et dans quel but ? L’argent n’est-il pas finalement une source de clivages dans la société Malgache ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles des réponses seront données. 1. La conception Malgache de Vargent I1n’est pas nécessaire de faire I’historique de l’introduction de l’argent et de l'accroissement de la masse monétaire & Madagascar’. L’importance que lui accorde la société Malgache actuelle n’est plus & ‘démontrer. I faut cependant présenter la vision qu’il y a derrigre la recherche et l'utilisation de I"argent. argent (my Yold) est, pour le Malgache, un objet, une chose d'une grande valeur servant & acheter ce dont il a besoin pour assurer sa subsistance. Un objet indispensable sans lequel I"homme ne peut rien entreprendre. C’est précisément parce qu’il est indispensable (surtout dans un contexte de survie) qu’il est désiré et convoité (cf. S. Urfer 2000, “Lespoir et le doute”, Foi et Justice, Antananarivo, p.75). ‘Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, ’argent “nest pas peru comme un mayen qui, bien ulilsé, permet enricbissement mais comme un bien passage, & lépenser de facon pontuellepuisgu'il est exceptionnel, un bien «di la bénédiction des ancétres. Perdre de Vargent n’est alors pas important, « Vargent se recbercbe” (rey Vola fitady) 9. Ramamonyjisoa 1988, “Etude sectorielle. Spécificité sociale culturelle face au “développement”, Direction Générale du Plan, Antananarivo, p.78). Nul n’ignore que le réve d’un certain nombre de gens est de gagner beaucoup d'argent (cf. S. Urfer 2000, op. cit). Le Malgache est pourtant persuadé que tout le monde ne peut pas devenir riche. Pour pouvoir gagner beaucoup d’argent, il faut avoir avant tout le fanambinana (= la chance), autrement dit tre né sous un bon signe. En effet, il ne faut pas oublier que chacun est marqué par le destin (Vintana) qui 'accompagne depuis sa naissance®. Certains ont peut-ttre désiré la richesse, mais le désir ne suffit pas: “Ny le-banana ty mabaleo ny ambinina”, ce qui signifi : “celui qui désire la richesse ne peut battre (surpasser) celui qui a un bon destin (ou est né sous un bon signe)”. D’ailleurs, il est dit que : “ny faniriana tsy takalry ny vintana” (le désir ne correspond pas au destin) (cf. Calle, op. cit., voir le chapitre sur le Temps). Malgré 'influence que le destin peut avoir sur la vie de chacun, "homme doit quand méme travailler pour se procurer le minimum. Méme le fait d’étre pauvre ou misérable ne doit pas étre une excuse pour se résigner : “ny fitadiavana, mabazaka-maniraka” (litt. = le fait de chercher de V'argent oblige & partir loin de chez soi). Et cependant, tous savent que la société ignore tous ceux qui n’ont pas d’argent. En effet, argent est un facteur déterminant pour I’ascension sociale. Non seulement il permet au riche d’occuper une position privilégiée dans la hiérarchie sociale, mais encore il lui confére un prestige dans la société. “Ny vola no maba-Rangaky” (= Vargent permet d’acquérir le statut d’homme respectable)", affirme un dicton bien connu dans le pays. Les réalités aujourd hui vécues dans la société * Sur Ptstion de Vargent temps dela monarch, Varscle de J Des 1970 peut seri de référence, “Elément pour une éude sur les pris et les écangesdebiens dans USconomie merinaancienne” in Bulletin de Académie Malgache, ome 48/1-2n pp. 41-60. Voir ce sujet le chapire sur le Temps. Cette ereyunce au destin (vntana) a une influence sur le comportement économique des Malgaches Issus a milew populaire et dela classe moyenne. Ce n'est pas onnant sly @actuellement un engouement pour le PMU surtout lorsque les organisateurs proposent une cagnote speciale dont le montant eat gal ou supérieur 2500 millions de Pg, nga, selon ABinal et Malze, signif: Villard, Monsieur; terme respetucux dont on se srt gard des vieillards, et par extension, 4 Légard dex personnes honorables” (Abinal et Malzac 1888, Dictionnaire Malgacherancais, Imprimerie de Ia Mission catholique, Tananeriv, p 466) Dans cedicton, le mot Rangahy veut dire eusi “personnage important, influent” 29 I SS TTT Culture et Prospective société Malgache le confirment : un personage devient important et influent quand il a beaucoup argent. Comme tel, il est reconnu comme distinct et différent des autres. Et de ce fait, il est impensable qu’une fois devenu riche, il aurait le méme niveau que celui du petit peuple ou valalabernandiry, Etre Rangaby c'est appartenir & un autre monde, Méme si tous les Malgaches parlent de fibavanana , ce monde dont les frontidres ne sont pas délimitées c'est celui du pouvoir. Pour avoir le pouvoir (Sconomique, politique), il faut avoir évidemment de Vargent. Car avec Vargent, & ’heure actuelle permet de tout faire (cf. E. R. Mangalaza 1998, “Vie et mort chez les Betsimisaraka de Madagascar: Exsai d'anthropologie philesopbique", LHarmattan, Paris, p.4l —. G. Tsarasaina 1995, “Usage de la monnaie, circulation monétaire @ ta campagne ef leurs offets sur ta transformation de la socitté vus @ travers le cas du fokontany d-Ambolomadire-Marovontaza’, Mémoire de maitrise en Sociologie, Université d” Antananarivo, p.85). 2, Argent, dépenses somptuaires et pratiques ostentatoires Le fait de parler de l’argent améne tout naturellement a se poser des questions sur certaines pratiques ostentatoires. Quelle signification peut étre attribuer & ces pratiques ? 2.1. De utilisation de targent dans les cérémonies rituelles Lutilisation de l'argent dans les cérémonies rituelles a été souvent critiquée par les “techniciens du développement” (cf. J.Dez). Les cas les plus connus et les plus cités sont les cérémonies de famadibana et de funcrailles. En ce qui concemne d’abord les famadibana (ou retournement des morts), il faut dire qu’ils ont lieu tous les quaire ou cing ans. Selon la coutume pratiquée sur les Hautes terres, il s’agit de remplacer le linceul dun défunt (qui est décédé cing ans auparavant) et de demander en méme temps aux ancétres (Razana) des bénédictions (tyo-drano). La cérémonie donne lieu & des festivités dune durée de deux jours et 2 occasion desquelles toute la grande famille (fianakaviam-be) se rassemble, assistée des habitants du village oi se trouve le tombeau familial ainsi que des invités de la famille. Evidemment, tun tel rassemblement occasionne beaucoup de dépenses en argent, surtout qu’il faut donner & manger une centaine de personnes pour au moins deux repas. I! faut ajouter & cela les frais de transport, les indemnités des chanteurs de Hira gasy (chants folkloriques Malgaches) et bien sir les charges relatives A Pachat du linceul et & tout ce qui a trait au tombeau. AA titre indicatif, des chiffres ont 616 donnés par les chercheurs 3 propos de la dimension économique du famadibana. Ainsi, selon 4. Bloch, qui a assisté a des famadibana dans la région 4’ Ambatomanoina entre 1964 - 1966, la moyenne de dépense se situe 169.000 Fmg (Mf. Bloch 1971, “Placing the dead. Tombs, ancestral villages and kinship organization in Madagascar”, London, New York). D’aprés Rajaoson, un famadibana-type sans “chanteurs-danseurs” cotitait en 1969 : 50.000 Fmg. Si la famille fait appel, comme il se doit, & deux troupes de Mpibira gasy (chanteurs Malgaches), cette somme peut monter jusqu’a 100.000 Fmg. Nul doute que les sommes dépensées sont exorbitantes puisqu’au dire de l’auteur, le revenu monétaire moyen en milieu rural s’élevait en 1963 & 13.000 Fmg par personne. La conclusion qui se dégage de cette analyse c’est que “le famadibana constitue objectivement un frein @ évolution économique de ta société car it timite 'épargne monétaire et Vépargne travail qui peacent étreaffectées& des activités productives” (FE Rajaoson 1969, “Contribution & étude du Famadibana sur les Hauts-Plateaux de Madagascar”, These de 32me cycle, Paris). A propos du deuxitme cas, celui des funérailles Antandroy ou Mahafaly de la région de Tuléar est souvent cité, Selon une étude faite par M. Lupo-Raveloarimanana pour le compte de la Banque Mondiale et du Pnud en 1995, les cérémonies de funérailles, pour une famille Mahafaly ou Antandroy, sont trés onéreuses. En général, elles coiitent entre 4.000.000 Fmg et 10.000.000 Fmg. “Dans fous fe cas, 30 Culture et Prospective Je moins que peuvent coiter de telles funérailles @ une famille est le prix de deux taureaux (200.000 Fing 500.000 Fig), plus une dizaine de chévres (entre 25.000 Fing et 50.000 Fig par cbevre) (ces prix sont de 1992-1993)" (Mt. Lupo-Raveloarimanana 1995, “Pauvreté et culture dans le Faritany de Tuléar”, in Talily, Revue d'Histoire, Université de Tuléar, Faculté des Lettres et des Sciences humaines, n°1, p- 95-96). Compte tenu des chiffres qui viennent d’étre évoqués, il n’est pas exagéré de dire quill y a un “gaspillage de réserves” (cf..B. Razafimpabanina 1964, “Attitude des Merina vis--vis de leur tradition ancestrale”, Thise 3eme cycle, Paris). Beaucoup de techniciens étrangers ont dit la méme chose, ainsi que I’a fait remarquer J. Dez. Quelles sont donc les principales raisons qui justfient le recours & des coutumes “jugdes dépassées” par Ia société moderne ? Sans vouloir entrer dans les détails, il convient de rappeler qu’il est ici question d’une vision du monde dans laquelle les ancétres ou Razania occupent la premitre place. A partir de cette idée centrale, trois points principaux peuvent étre dégagés : * Le premier est que les rites ici présentes ont pour fonction d’assurer le passage des défunts vers le monde des Razana. Qu’il s'agisse de fannadibana ou de funérailles (dans le cas de la région de Tuléar), l'accent est mis sur l'acquisition de nouveaux statuts pour les défunts. Une fois que les rites sont accomplis, ces demniers recoivent donc le titre de Razana auxquels incombe la responsabilité de veiller sur les vivants et leur descendance. * Le second point conceme le caractére ostentatoire de ces cérémonies qui sont célébrées en Vhonneur des morts et des Razana. C’est vrai qu’elles sont dispendieuses mais elles sont effectuées dans le but dassurer la communion des vivants avec leurs morts. Or, cette communion est le fondement méme de la cohésion du lignage. Ainsi, quand les devoirs envers les morts sont négligés, ily a un risque d’exclusion et c’est la solidarité familiale qui va en patir. * Le demnier point qui est souvent souligné dans les études sur la culture Malgache, c’est la dimension symbolique que comportent les rites mortuaires célébrés par les Malgaches. Cet aspect est attesté par la consommation de la viande de zébu. Il est 4 noter que le zébu remplit tune fonction symbolique dans la culture Malgache. Dans la plupart des rites observées par les, Malgaches jusqu’a présent, le zébu est encore sacrifié pour signifier la communion des vivants avec les morts. Assez souvent, son sang est utilisé pour la purification de ceux qui transgressent les interdits. Mais, dans le cas des Anfandruy et des Mabafaty, c'est Videntité sociale méme du groupe qui veut étre affirmer & travers l’abattage des zébus. C’est pourquoi, “ enterrer un membre de la famille sans sacrifier un beeuf est une bonte insupportable dans le Sud, au point que certains groupes, surtout dans Andro, préferent garder pendant plusieurs mois ta dépouille morkelle, avant de Venterrer, pour avoir le lemps de réunir Vargent nécessaire pour acheter un baruf et construire le tombeau” (24. Lupo-Raveloarimanana 1995, art. cité p.95). elle est Vinterprétation que certains chercheurs ont donnée aux coutumes cérémonielles. A cette interprétation, il faudrait ajouter, selon Z. Dole, un autre élément qui pourrait étre pris en considération. En effet, les sommes dépensées dans un farmadibana “constituent une incitation au commerce, et Beaucoup sont redistribuées auc musiciens pour qui elles sont des salaires ‘appoint non négligeables, ou aux fabricants (surtout tisserands de linceuls) qui ne sont pas moins ce 10.000 faites dans la seule province de Tananarive”, Das lors, “or peut dire que ces cérémonies prestgicuses, sans élre réellement ruineuses, car elles sont Vaffaire de tout un lignage, exigent de sériewe sacrifices individuels et provoquent une redistribution monétaire considérable” (L. Motet 1979, “La conception Malgache du monde, du surnaturel et de Ubomme en Imerina”, Tome 2, L’Harmattan, p. 283). C'est aussi l'avis de J. Dez pour qui les incidences des “coufumes cérémonielles” sont relativement faibles par rapport aux “siruciures proprement dites” qui exercent une action de frein (cf. J. Dez 1967, art. cité, p.115). 3 Culture et Prospective 22, Lee pratiques ostentatoires dane les villes n'est pas superflu de signaler que dans les villes, l'utilisation de l’argent n’a pas dincidences directes sur l'économie. Ainsi, certains analystes comme S. Urfer notent que les gens (la classe politique et la bourgeoisie) sont plutot préoccupés par des dépenses de prestige (fétes, mariage, réception) que des dépenses d’investissement. Il ajoute méme que “Tinsufisance des investisements & Madagascar provient des dipenses sompluaires et des preferences données aux placements rentabilté rapide”. (S. Urfer 2000, op. it, p. 583). La notion de rationalité économique n'est pas encore entrée dns les mocuts. Or, tant que argent n’est pas apprécié & sa juste valeur, aucune richesse ne sera jamais erée et le bien commun ne peut étre gardé, 3. Quelles fonctions Vargent remplit-il dans la Vie quotidienne ? Certaines fonctions remplies par l'argent, & propos des dépenses occasionnées par l'accomplissement des cérémonies funéraires, ont été déja appréhendées (cf. supra). Mais, il existe aussi d'autres fonctions auxquelles les Malgaches attachent beaucoup importance. Parmi elles, trois seront retenues * Une fonction sociale + V argent est utilisé pour renforcer la cohésion dans le groupe. De ce fait, il “ve dilue d Fintérieur du groupe par un simple recours aux: processus de redistribution interes adestnis &assurer la solidarité entre les membres du groupe” (J. Dez 1967, p.105). D’autre part, i ne faut pas oublier ce que le Malgache appelle ad), qui veut dire devoir envers la famille et la société, satisfaction aux obligations familiales. Si argent est considéré comme indispensable, c’est que précisément, il permet d’accomplir ces adidy’ + adidy d'abord envers les parents (salim-babena, ou marque de reconnaissance envers eux, aide ou assistance accordée aux parents), add) ensuite envers les fréres et sceurs cadets (prise on charge) si les parents maquent de moyens pour assurer leur subsistance, addy enfin envers des proches parents qui ont besoin d’étre soutenus financitrement dans leurs activités. Tout ceci confirme ce que J.Dez a déja dit & propos des “processus de redistribulion interes destin’s& assurer la solidarité entre les membres du groupe”. + Une fonetion symbotique : V argent est aussi utilisé comme symbole dans certains rites. A titre exemple, le rite de la présentation des condoléances au cours de laquelle de l'argent est donnée a la famille endeuillée pour mani avec elle. D’autres exemples peuvent étre aussi invoqués, comme les cérémonies accomplies envers les ancétres et auxquelles quelques mots ont été déja consacrés. De nouveau, 1’ développée ‘auparavant se retrouve ici : “argent sert satisfaire aux obligations familiales (of. acbat de zébus ‘pour réaliser les obséques d'un membre de la famille), et @ assurer Ia communion entre les vivants et ‘es ancétres. C'est pourquei, dans les campagnes, les activites de production sont réalisées en fonction des besoins du groupe ef des cérémonies ancestrales et non en fonction de ta productivité” (cf. Mt. Litpo-Raveloarimanana, art. cite). + Une fonction de prestige : Vacquisition du prestige est considérée comme un « capital » (capital social) dans la société Malgache moderne. Le Malgache (le citadin Malgache) a bien appris comment faire fructfier son capital. Tout comme européen, il gére, fait des calculs et établit des prévisions. Mais, au-dela de cette activité purement rationnelle, il cherche & étre recon socialement. II ne faut pas oubliet que les relations sociales comptent beaucoup pour lui : avoir des relations mais également avoir de l’ascendant sur les autres quand il a beaucoup d'argent. II se trouve que le prestige acquis par la tichesse est utilisé comme un instrument et une stratégie de domination sur les autres. Lianalyse des pratiques ostentatoires 32 Culture et Prospective en ville aide & comprendre cet aspect qui est aujourd*hui prédominant dans les pratiques économiques des citadins Malgaches. Du reste, le souci de certains n’est-il pas de capitaliser leur prestige afin de sauvegarder leur identité (ou leurs intéréts) ? (cf. R. Andriambelomiadana 1992, “Libéralisme et développement & Madagascar”, Pi et Justice, Antananarivo). 4, Est-ce que le Malgache pense & Vépargne et dans quel but ? La notion d”épargne n’est pas étrangére a la culture Malgache. Deux proverbes l"attestent : “Mfanan- ‘antenaina toa an-dRefotsibe mandevina eranambalry” : avoir quelque chose en réserve comme la vieille qui enterre un sou ; “7Ziy mety raba lany falotra amam-pondrana” : il ne faut pas tout dépenser, jusqu’a ses demnitres réserves (Sconomies)®. Les Malgaches ont done une certaine idée de I'épargne. Mais dans quel but font-ils des économies ? I est admis maintenant que dans la société traditionnelle, I’argent est économisé dans le seul but d’accomplir les devoirs (adlty) envers la famille et envers les morts. Il faut noter toutefois que depuis quelques années, un certain nombre de paysans ont pu construire des maisons. Seulement, dans la plupart des cas (par exemple sur les Hautes terres et dans le Sud), les économies ont été utilisées pour Ta construction de tombeaux. Qu’en est-il des citadins Malgaches ? Ont-ils une vision rationnelle de I’épargne ? A cette question, la réponse est négative. “En fail, la seule loi commune ef reconmue est celle de fa débrouillardise, de la survie, de individualisme (samy mandeba samy mitady), » compris en matiere religieuse... “ (S. Urfer 2000, op. cit, p.217). Peut-étre les gens font-ils des économies, mais souvent ces économies servent & des dépenses, de prestige. Sur le plan national, i y a une faiblesse des investissements attribuée & une manque de politique cohérente en matidre d’épargne. Or, sur ce point, le constat est qu’il y a un frein, & cause de l'affairisme qui gagne du terrain depuis vingt ans. En effet, écrit R. Andriambelomiadana, “le coat social de Vaffairisme cat Irés élevé. (..) En somme, affairisme va de pair avec gaspillage, au moment olt nas ressources dja insuffisantes dotvent dire utilises avee efcience. II enfraine une mawaise allocation des ressources. En tant (quiactivite, i! est classé dans le secteur des services, mats nor directement raitaché a fa production de biens matériels ou au transport de ceuxci. Celte activité parasitaire, qui n’apporte aucune création de ricbesse, peut cerfes provoquer un accroissement du bien-étre économique par I eft de la repartition des reverus, mais au seul profit d'une petite minorité improductive”. (Re Andriambelomiadana 1992, “Libéralisme et développernent @ Madagascar”, 9.38). 5. Argent, clivages sociaux, corruption et offritement des valeurs Nul n'ignore que, depuis un certain temps, la monétarisation de la vie quotidienne a pris de l'ampleur 4 Madagascar. L’argent est devenu aujourd’hui source de clivages dans la société. Il y a d’un c6té une minorité de nantis (dont la plupart, les nouveaux riches qui se sont enrichis grice a “I'affairisme”) (cf, R. Andriambelomiadana) qui utilise leur argent pour servir uniquement leurs intéréts et de Pautre la grande masse acculée au probleme de survie. Le décalage entre ces deux catégories est tel qu'il y a lieu de penser a une fracture sociale. AVheure actuelle, le phénoméne de la corruption prend également de l'ampleur : « Les manifestations de ce phénomene semblent atteindre toutes les spheres de ta vie, n’épargner aucune calégorie sociale, aucun milieu, Le bakebich, dit-on, est de régle partout : Yon paie pour se faire embaucher, JA. Houlder 1960, “Oana on provers Melgaces", Imprimerie Luthérienne, Tananarve. Ces deus proverbs me sont plas usités a heure actele Par conde, deus autos proverbs. ben conn des eras de discours Malgaches(Kabury) prtent de 'éparghe @parir ‘une situation de fale *Miredired tos waiandahy ley hare! radoter comme un noble ques une; “Raha any harenay lay Iago” “quand ifn plas argent, ne pl sre la mae fon nenuveer sa garde-robe ;Uiralement, haingo veu dire ormemetis). 33 eee Culture et Prospective our se faire déliorer des papiers au plus vite, pour avoir une facture plus Igére, une bourse d'études, un diplime, pour dire assuré de iriompber dans une mauvaise cause, pour avoir une pigdre & Ubépital. » VJ. Ramamonyisoa 1988, “Etude sectoriele”, op. cit., p55). Ce qui est vraiment grave, c'est qu’il y a une démobilisa Presque générale face & ce phénoméne : “La corruption pervertit les réghes économiques éémentaires. Elle décourage les initiatives, elle Provoque la frustration dans tout acte de production. On se demande @ quoi bon iravailler, chercber une Promotion par le mérite, avoir des idées, quand on sait que la richesse créée sera détournée, Et combien sont-ils dex investsseurs (lant Tocaucx qu’dtrangers) qui ont abanddonné leurs projets pour avoir é8 plumés a chaque éebelon de la bicrarcbie administrative ?” (R. Andriambelomiadana 1992, op. cit, p. 33). Largent a transformé les habitudes des citoyens. La quéte de argent est aujourd’hui devenu le souci primordial et lancinant de tous. Les relations sociales s’en trouvent affectées. Méme les valeurs traditionnelles, en particulier celle du fibavanana, ne sont plus reconnues comme étant les normes de la vie sociale. “Liargent ses installé au coeur dune société qui ne se reconnait plus : sa recbercbe semble élre dovenue désormnais la principale motivation @ Vaction, ta premicre finalté de Vextstence, au-deld du bien ef la ‘al, des valeurs anciennes” (J. Ramamonyjisoa 1988, op., cit., p55). 6. La vision Malgache de Vargent et la vision du long terme Le rapport entre la vision Malgache (traditionnelle et moderne) de I’argent et la vision du long terme, constitue un probléme crucial qui mérite d’étre pris en considération. Les points d’achoppement relevés a ce sujet sont les suivants = * Le lien entre l'argent et le travail qui est la base de tout processus économique est rompu, Le rapport avec cet argent convoité pose probleme. “Faule de traditions industrielles et salaries, fe Malgache ne voit pas dans Vargent ta contrepartie d'un travail effectué ~ et comment Ie pourrait, quand le salaire minimum mensuel équivaut & 130 FF ? Largent serait plutit une manne, espérée ‘mais incertaine, qu'il faut sais des qu'elle lambe & proximité” (S. Urfer 2000, p.75). * Le sens relationnel, dont la vigueur s’ oppose aux critéres de l’efficacité économique. Ici “ ke sens relationnel (fibavanana) n’a pas les mémes critres ef objectifs que dans le monde de Ubomo economicus : les investssements ne seront done pas orientés vers Vaccraissement de la production ef de {a consommation, mais en faveur de ce qui consolide les relations sociales avec les autres (fetes, ries divers), avec les ancéires ef avec le Créateur (funérailes, exhumation, tombeau famitial)” (ibid, p-83). + La pratique actuelle de "économie fait penser & “une économie de cucillette” (i Face & ces pietres d’achoppement, des solutions sont proposées. II s’agit de : + Restauror les valeurs en essayant d’adapter le fthavanana aux exigences du monde moderne. Il ne faut pas perdre de vue la notion d'efficacité et celle de rentabilité dans I’économie moderne, Par conséquent, il faudrait faire en sorte que les exigences du fibavanana puissent tre conciliges avec celles de l'économie. + Inculquer le sens de l’argent. *Promouvoir la compétition. Ainsi, le travail — source de richesses — cesse d’étre une obligation pénible lorsqu’il est socialement valori * Créer un nouvel environnement favorisant |’émergence de nouvelles entreprises. + Penser & I’épargne et & l'investissement. (cf. R. Andriambelomiadana 1992 | R. Andriambelomiadana 1994), 34 Culture et Prospective Chapitre 5. La hiérarchie Tine peut étre question de hiérarchie & Madagascar sans évoquer l’organisation sociale traditionnelle & laquelle beaucoup de Malgaches se référent. Une bréve synthése des études consacrées & la question révéle le poids social du systéme de parenté ainsi que le fonctionnement dune organisation politique fondée sur Pautorité des ancétres. D’autre part, elle aide & comprendre l’articulation et la signification des rapports sociaux dans la société Malgache moderne. Ce qu’il faut retenir c’est que organisation sociale est le pendant du systtme de parenté. I. Hiérarchie et organisation sociale Il a 16 dit que ta grande majorité des Malgaches attache beaucoup d’importance & la société traditionnelle. En effet, force est de constater que cette société est encore présente avec ses structures et son systme de valeurs. Bien que la société Malgache ait connu des mutations sociales depuis la colonisation, la vision traditionnelle de la higrarchie n'a pas beaucoup changé. Aussi, pour bien comprendre cet aspect des réalités Malgaches, il convient daborder I'organisation sociale de la société traditionnelle. 1, La parenté et la higrarchie familiale La higrarchie instituée au niveau de la parenté et de la famille est le point de départ et la base de organisation sociale dans la société Malgache traditionnelle. Il n’est pas nécessaire de reprendre dans les détails l’analyse du fonctionnement du systtme Malgache de parenté. Ce qu’il faut souligner, c’est la place occupée par les personnes agées (zokiofona) dans le lignage car ce sont elles qui représentent les ancétres au niveau de la grande famille. Il est & noter que la prééminence est accordée aux personnes Agées de la lignée paternelle. Selon cette logique, l’autorité revient de droit aux parents (ray aman- dreny) de ladite lignée, et de surcroit aux hommes puisque dés le départ une différence est établie entre homme (le chef de famille) et la femme. Ainsi, les rapports higrarchiques qui sont institués & travers deux niveaux se dessinent comme suit : + Au niveau de la famille étendue ou du lignage : l’aieul qui est censé représenter l’ancétre fondateur aupr’s du lignage est placé au sommet de la hiérarchie familiale, les autres membres de la famille lui doivent done respect et obéissance. + Au niveau de la famille restreinte (nucléaire) : l'autorité est dévolue au pére de famille, Et puisque le systtme Malgache est patrilinéaire (et non indifférencié), ce sont les hommes qui ont la prééminence dans la famille restreinte. Parmi eux, il faut mentionner surtout I’ainé (abimatoa, lalanélo) parce qu’il est considésé comme le pilier de la famille. Ainsi, lorsque le pére de famille avance en ge, c’est I’ainé qui le remplace ou le représente, comme le dit Vadage : “ny zokibe toa ray”, littér. : 'ainé de la famille ressemnble & son pare, ce qui veut dire que l’ainé est toujours appelé & un moment donné & assumer le rdle et les responsabilités du pére de famille dans la vie de tous les jours. Ses fréres et sceurs cadets lui doivent done respect et obéissance. Comme il est investi d’une autorité quasi naturelle en vertu de lage (ce qui justfic le droit d’ainesse), il est la seule personne habilitée & parler au nom du groupe, comme Ie dit le proverbe : “ny manan-joky afak’olan-teny, my manan-jandry afak’olan’entana”, littét.: quand on a un frére ainé dans la famille, c’est lui qui fait le discours ; quand on a un frére cadet, c’est lui qui est chargé de porter les bagages. 35 $e Culture et Prospective 1.2. De la hiérarchie familiale 3 la hiérarchie eociale Ila été vu, done, que la parenté est un facteur de différenciation sociale, Cette différenciation réside cessentiellement dans le fait que la position de chaque membre de la famille (lignage) est située par rapport & l'ancétre du groupe ; de plus cette position est attribuée en fonction de lage. C’est dire que Ia higrarchisation des relations sociales a l'intérieur du lignage obéit & une loi : celle de la continuité centre le monde des ancétres et celui des vivants et c'est cette continuité qui est assurée par les personnes les plus agées dans le groupe (aieul, le pare de famille, l’ainé). Le méme principe vaut aussi pour la société en général puisque celle-ci est considérée comme le prolongement de la famille, Comme les relations sociales & 'intérieur de la société sont définies et ‘vécues selon le modéle de la parenté (fibervanand), le passage de la hiérarchie familiale & la hiérarchie sociale est trés simple : c’est en effet le systtme de parenté qui est transposé dans la vie sociale et ce nest pas un hasard si les notables sont respectés au méme titre que les personnes Aigées de la famille, Diailleurs, ils sont appellés ray aman-cireny, c’est-a-dire parents (ou pére et mére), ce qui signific qu’ils sont censés incarner les qualités des pres de famille et par conséquent, ils doivent se comporter comme tels vis-a-vis des autres. 1.3. Higrarchie politique et hiérarchie sociale Dans la société traditionnelle, la hiérarchie sociale s oi deux personnages clés peuvent étre rencontrés : incarne également dans des structures de pouvoir + Le fangalantena (officiant qui utilise un baton au cours d'une eérémonie religieuse), c’est-& dire le chef de clan qui fait aussi office de prétre dans la célébration des cérémonies rituelles tels que le jore (sacrifice), le évikafara (fete familiale) (S. Rabatoka 1984, “Pensée religieuse Batsimisaraka", Collectif, Ny Razana lxy mba may, Editions de la Librairie de Madagascar, Antananarivo, p.48-49). Le fangalamena est le représentant visible des ancétres : sa tache consiste surtout 2 faire appliquer et observer la loi ancestrale. A ce titre, il assume le role de gardien de a tradition. Quant au pouvoir politique qu’il exerce en tant que chef de clan, il est inséparable du pouvoir religieux dont la source est le basing, le sacté. Du reste, c’est ce basina qui fonde lautorité du fangalamena et lui confére ainsi la dignité et te prestige d'un chef de communauté auquel Ie peuple doit obsir. Il est & noter que dans le Sud-Est, le détenteur de Pautorité politique est appelé Ampanjaka (le roi) (cf. B. Chandon Moét 1972, “Vobinasina”, Nouvelles éditions latines, Pari, p.63-66). +Lombiasa ou le devin (cf. F Raison-Jourde 1983 (sous a direction), “Les souverains de Madagascar”, Karthala, Paris) : c'est "homme du pouvoir qui agit toujours dans Vombre. 11 est le conseiller des chefs politiques et & ce titre, il joue un grand r6le dans la société, Spécialiste des oracles et de l’astrologie, il lui revient de donner des orientations et des directives & certaines décisions touchant & la vie de la communauté et & la tradition, C'est lui qui indique quelles solutions adopter, en cas de probléme, dans telle ou telle situation. Tout dépend de lui : la vie, la mort, le présent, l'avenir, le maintien d’une coutume ou le changement. Sans lui, rien ne peut donc se faire et c’est pour cette raison qu’il est craint et respecté (voir aussi J. Lombard 1988, “Le reyaume Sakalana du Menabe. Essai d’anabyse d'un time politique é Madagascar I7eme - 20¢me”, Editions de V’Orstom, Patis). Ces deux personnages qui viennent d’étre évoqués font partie des groupes hiérarchiques que connait la Grande ile, Bien que la société Malgache ait modernisé ses structures sociales et mis en place, au Iendemain de la décolonisation, des institutions politiques modernes dans lesquelles de nouveaux groupes higrarchiques se sont constitués, l'ancienne structure qui repose sur les fangalamena (ou leut 36 eV Culture et Prospective Equivalent dans d’autres régions) et les ombiasa existe toujours et fonctionne a cété des institutions officielles. Ce qui est frappant c'est que les autorités officielles du pays reconnaissent I’existence et Vautorité des fangalamena. La preuve : lors de la crise de 1991 qui a secoué le pays (et qui I’a fait basculer vers la démocratie libérale), le pouvoir a da faire appel & eux dans le but de sauver un régime a bout de souffle. Quand il n'y a pas de crise, ils sont vite relayés par les élus de la République et les hhauts fonctionnaires auxquels sont attribuées des positions et des rdles relevant des groupes higrarchiques. Mais, cela ne les empéche pas de continuer leurs activités en tant que détenteurs d’une certaine forme de pouvoir dans les campagnes. Car 13 ob la communication entre les autorités officielles et le peuple fait défaut, les fangalamena interviennent, sans doute d’une maniére discréte mais c'est ainsi que ‘les anciennes structures se maintiennent dans le temps et souvent au détriment des structures politiques modernes. 2. Hitrarchie et stratification sociale dans la société Malgache moderne Le rappel des fondements de organisation sociale traditionnelle a permis de repérer une ifférenciation sociale fondée sur deux éléments : (i) la continuité entre le monde des ancétres et celui des vivants, continuité assurée par les personnes gées, d’ot I’importance accordée & I’age qui conforte 1a position des ainés dans la famille et (ii) la prépondérance de la lignée paternelle qui accentue la différence entre l'homme et la femme (8 cette différenciation correspond ¢’alleurs une certaine forme organisation du travail appelée aujourd'hui division sociale du travail) Un autre aspect de la higrarchie, retrouvé dans la société Malgache contemporaine, mérite aussi d’étre signalé, car c’est une des formes de survivance des structures anciennes réactivées aujourd'hui en vue de les pérenniser dans la société moderne. Il s’agit de la répartition de la société en trois ordires (A. Razafintsalama 1981, “Les Tsimabafetsy d’Ambobimanga. Organisation familiale et sociale em Imerina. Madagascar”, p.60), ou pour employer un terme fort discuté, en “aasées”. Selon les traditions orales de Ja plupart des “etbnies” existant & Madagascar (voir par exemple Calle?), V'organisation de la société en castes remonte au temps de la formation et du développement des royaumes (188me - 19¢me siécle.). Mest & noter que le phénoméne de caste n’est pas typique des Hautes terres (cf. l'étude de J. F Bare sur les Antemoro ct le Sud-Est : J. E Baré 1974, “Hitrarcbies politiques et organisation sociale a Madagascar”, in : Collectif, Malgache, qui es-tu ?). Par exemple, dans le Nord, les Sakulava ont congu depuis longtemps leur organisation sociale en fonction d’une hiérarchisation de la société imposée par uune aristocratie formée par de lignages princiers. Ainsi, une distinction est établie entre les descendants des Ampanjaka (lignages princiers) et les esclaves (andevo), appelés Makoa (des descendants de prisonniers de guerre, originaires du Mozambique et du Zanzibar), le reste de la population étant constitué d’hommes libres, désignés par Je nom de leur clan (P Ottina 1964, “Systime famitial et ‘matrimonial des Sakalava de Nesy Be”, in Civilisation Malgacbe, Faculté des Lettres et Sciences humaines, n°L, Tananarive, p.224-247). Ailleurs, dans le Sud, le méme systme est pratiqué par les Sakalava du Menabe chez qui il y a trois classes distinctes : les descendants des Mareserana et les nobles, puis les tompon-tany (groupes claniques) et enfin les vobifse (des gens pauvres vivant de l'économie de Prédation) J. Lombard 1988, “Le royaume Sakuleva du Menabe”, op. cit.). Chez les Betsileo, le méme systme est enregistté, avec les Hova (chefs de groupements, nobles, princes) au sommet de la hiérarchie, puis les ofom-potsy (hommes libres) au deuxime rang, enfin les andevo (esclaves ou descendants d'esclaves) en troisitme position (cf. H. D4. Dubois 1938, “Monographie des Betsileo”, Institut d’ethnologie, Paris, p.553-577). Concernant les Merina, il a été noté que la hiérarchie traditionnelle fondée sur les castes demeure & Mheure actuelle un cadre de référence pour beaucoup de familles. II faut rappeler que I'institution du régime des castes en Imerina a été Vceuvre du roi Ralambo. Par la suite, le roi Andriamasinavalona a révisé le systéme en apportant une modification a la higrarchie noble. Selon Ta subdivision qui a été établie depuis I’époque de la royauté, la société merina est donc composée : 1- des Andriana ou nobles $e Culture et Prospective 2- des Horta ou roturiers 3-des Mainty et des Andevo (des noirs et des esclaves) (ct. H. Berthier 1933, “Noles et impressions sur les mecurs eb coutumes dit peuple Malgache”, Tananarive, p.166-170 - 2. Molet 1979, “La conception Malgache du monde, du surnaturel et de 'bomme en Imerina’”, Tome It, L!armattan, p-131-143 - G, Condominas 1991 (réédition), “Fokon’olona eb collectvités rurales en Imerina”, Orstom, Paris, p.126-133). A ’intérieur de chaque caste ou ordre, le principe de hiGrarchisation est maintenu. C'est ainsi, par exemple, que chez les Andriana, il y a: (I) les Havan’Andriana (membres de la famille royale comprenant les Zazamarolaby ef tes Andriamasinavalona (ji) les Andrianteloray, formés des lignages des Andriantompokoindrindra, des Andriamboninolona et des Andriandranande (iii) les descendants de Ralambo ou Zana-dRalambo (ct. 1 Molet 1979, op. cil, p:39). Tlest & noter que cette subdivision est restée intacte jusqu’a présent. Si apparemment la distinction entre castes est aujourd’hui considérée comme dépassée, surtout dans une société moderne ot les valeurs républicaines comme la liberté et I’égalité sont prénées, la référence a la caste ‘encore partie du systéme de valeurs des familles Andriana. En témoigne la mention Andriana sur les avis de décés publiés dans les pages nécrologiques des quotidiens de la capitale (cf. F Roubaud 1997, “Etbnies et castes dans Tagelomération d’Antananarivo : facteur de division ou ricbesse culturlle ?”, in Projet Madlio, n° 9733/B, Septembre, p.1-28). 3. Hiérarchie, rang social et mobilité sociale Les études récentes sur le systéme des castes dans la province d” Antananarivo ont mis en lumire I’état (ou P’évolution) des rapports sociaux dans une société en pleine mutation. Dans son article sur les “Blanes et les Noirs”, J. Ramamonjisoa analyse les rapports conflictuels liant les Hova (merina de la caste roturiére) aux Mainty (noirs, descendants d’esclaves, appelés. aussi andevo), Partant dune analyse sociolinguistique (surtout des expressions utilisées par chaque groupe), auteur met & nu les préjugés sociaux que la caste How nourrit & l'endroit des Mainly et vice-versa. A travers ees préjugés qui s’inspirent de 'idéologie de la société merina pré-coloniale (c'est le cas des Hora), le décalage et les inégalités existant entre les deux catégories sociales sont percus. Ce décalage est flagrant & partir du moment ot les Hovis affirment leur supériorité en instituant interdiction alliance avec les Mainty. La conclusion qui se dégage de l’analyse fait ressortir deux syst#mes de valeur sinon deux idéologies différentes : + Le systéme de valeurs Dainty a un contenu démocratique. Il se réfere a des valeurs de type communautaire primitif, de type républicain et de type chrétien (Egalité devant Dieu). + Le systéme de valeurs (ou plus exactement les préjugés) Hove se rapporte aussi & trois idéologies différentes : “Iidéologie de la parenté, tout en se proclamant égalitariste, (...) contient en méme temps une hiérarchisation des groupes (...). Le préjugé est ici premier, Pingériorité des Mainfy un absolu... ; des perceptions, des jugements appartenant aux Ages capitalistes et chrétiens, les deux étant intimement liés au sein d’une philosophie évolutionniste du progrés, paganisme, ténébres, sorcellerie, saleté, licence sexuelle, mendicité, Gtant opposés A christianisme, lumigre, rationalisme, propreté, honorabilité et réussite Economique; dernier trait, et non des moindres, le racisme intervient pour Iégitimer par Vapparence physique une différence posée comme premitre..." (J. Ramamonjisoa 1984, “Blanes et notes: les dimensions de Vinégalié sociale”, in Cabiers des sciences sociales, n°1, Université de Madagascar, p.71). Une autre étude, publiée en 1997 par F Roubaud dans le cadre des enquétes menées par le Projet Madio, présente le probléme des castes dans tout son acuité. S'appuyant sur des enquétes statistiques réalisées dans I’agglomération d’Antananarivo, V'auteur affirme que : “Vappartenance de caste reste 38 Culture et Prospective fortement anerée dans Videntté sociale des Tananariviens” (F Roubaud 1997, act. cité, p.21). Alors que “Yelbnicié” nest plus considérée comme une réalité négative, le systéme des castes, au contraire, apparait comme un “fcteur foujours vivace de classement social, mais jugé infamant pour les descendants dlesclars” (ibid. p.22). A ceci, il faut ajouter le fait que “non seulernent Vapparienance de caste est restée grave dans Videntité sociale des Tananariviens mais elle est irésclairement corréiée avec leur position sociale” (p-24). La preuve c'est que tous “les indicateurs comvergent pour mortirer que les descendants des Andriana ont réusid se maintenir en baut de la pyramide sociale” (ibid.). I. a, done, ici un phénoméne d’exclusion, phénomne dont les conséquences se ressentent au niveau de I'alliance et dans le domaine de Véducation. De ce fait, la possibilité d’une mobilité sociale pour la caste Mainly est problématique. La conclusion qui peut étre tirer de I’étude c"est que “les risques de crstallisation des antagonismes sont réels” “Sil ‘existe plus de mowverents politiques exprinant ouvertement les revendications des Mainy, camume ce fab 1 cas au début des années 70, les sources de contestation mont pas disparu et pourraient resurgi & Tavenic” (ibid. p. 28). 4, Hiérarchie traditionnelle et biérarchie administrative Quelques ouvrages ont abordé dans les années 60/70 la relation entre la hiérarchie traditionnelle et la hiérarchic administrative, Selon B. Chandon-Mfoét qui a étudié la société Antemoro (Vohimasina), les deux pouvoirs sont parvenus a coexister et usent méme I’un de autre. Leurs rapports ne cessent toutefois d’étre ambigus. En effet, “Za biérarcbie traditionnelle répond au laba-drazana, cet ordre établi par des ances, Tandis que le fanjakiina, dit-on, na rien a voir avec la bitrarcbie traditionnele, pour lui, tout fe ‘monde paie Vimpat, c'est tout” (B. Chandon-Moét 1972, “Vobimasina”, Nouvelles éditions latines, Paris, p.l71). Bz Chandon-Moé? ajoute aussi que la soumission de 12 population au Rinjakana vient du fait que la force de ce dernier est partout présente et agissante ({bid. p.175). Il est d’ailleurs connu que depuis Vindépendance, le Nanjakana a &é considéré comme une force oppressive. L’étude de G. Althabe sur la communauté villageoise betsimisaraka de Fetraomby a précisément montré que I’administration Malgache moderne, hériti¢re de l'administration francaise, était mal vue par la population locale. La négation du Fayiakana ne signifie pas pour autant Iégitimation de la hirarchie traditionnelle. Dans une situation conflictuelle (situation issue dun rapport de domination liant I’administration & ta population), la population s’efforce de trouver une solution permettant de réaliser le dépassement de la condition d'asservis. Le “culle” et le symbolisme auquel ce dernier fait appel lui offre alors l'occasion de faire ce dépassement “dans l’imaginaire” (cf. G. Altbabe 1969 (Réédition : 1982), “Oppression et ‘ibération dans Vimaginaire”, Maspero, p.45-46, p.116-118, p.262-265). 5. Hiérarchie sociale et vision du futur Au terme de cette présentation du théme “Biérarcbie”, 1a question se pose sur la maniére dont la société Malgache actuelle va faire face & l'avenir. Les thmes ou les problémes qui ont été évoqués & ce sujet par les auteurs tournent autour du conflit (conflits au sein du lignage, contradiction ainé/eadet, pouvoir politique/communauté des asservis), de 'identité ou de la reconstitution de identité du groupe. Le mode de résolution des conflits ne devrait plus se faire au niveau de Pimaginaire (Fromba chez les Betsimisaraka, fitampoba chez les Sakalava) (cf. S. Chazan-Gillig 1991, “La société sakalave”, Karthala - Orstom, Paris - S. Urfer 2000, op. cit). Il faudra inventer des solutions pour l’avenir sans pour autant renier le passé. En ce qui concemne le probléme des castes (que certains appellent par expression “groupes statutaires”), tout le monde s’accorde & dire qu’ Madagascar, les castes n’ont pas de connotation teligieuse. Comme le dit G. Condominas au sujet du systéme merina : “a différence principale entre le spsidme merina ef le sysitme inden porte moins, & notre avis, sur la spécalisation professionnelle que sur la 30 Se Culture et Prospective notion 'impureté” (G. Condominas 1991, op. cit., p.128). Mais, cela ne devrait pas empécher les décideurs ou les catégories sociales concernées de “débatire de la question” (J. Ramamonjisoa 1988). Ce qui est & craindre c'est la “cristallisation des confls”, laquelle peut déboucher vers un mouvement de ‘contestation dont I'issue serait incertaine (F Rowbaud). Face & ces situations, la solution proposée est ordre économique : “déploiement des capacités productives sur des terres assez vastes pour faire vivre, donc politiques de migrations et industrilisation, constituent des préalables di foute transformation des mentalités J. Ramamonjisoa 1988, p.71). 40 Culture et Prospective Chapitre 6. La parole Le théme de la parole renvoie @ Ia relation de homme avec le sacré, au rapport de individu avec la société, la communication d’une décision politique ou d’un savoir technique. Mais, la parole est aussi lige 4 Ja langue, aux discours, aux Aabary. Elle renforce la tradition et lui donne un poids : c'est pourquoi la parole et la tradition sont indissociables. 1. La parole et le sacré Pour comprencre la portée de la parole dans la culture Malgache, il convient avant tout de la relier & la notion de sacré. Le sacré, ou basina en Malgache, est une notion centrale dans la vision Malgache du monde. Le terme basina, écrit A. Délivré, présente une telle diversité de sens qu’il semble au premier abord rebelle & toute analyse. Le sens le plus fréquemment rencontré dans les textes ethnographiques est celui de I"homme rituel au souverain (...). En fait, le basina est une notion qui s’applique a plusieurs sortes d’étres, matériels ou non. L’un des meilleurs dictionnaires du XIX® siécle (dictionnaire du Pére Webber) le définit comme “la vertu infrinséque ou surmaturelle qui rend une chase bonne eb officace dans son genre" (A, Détivré 1974, “Lhistoire des Rots d'Imerina. Interprétation d'une tradition orale”, Klincksieck, Paris, p.177-178 - L. Molet 1979, “La conception Malgache du monde, du surnaturel et de Uomme en Imerina”, Tome 1, p.199-208). La définition du hasina qui vient d’étre donnée suppose “qu'un dre, quel qu'il soit, paside son basina” (ibid., p.181). Ainsi, “la parole a son basina, cest-d-dire sa force de pénétration ou sa vertu persuasive” (ibid.). Si la parole a cette vertu persuasive, c'est parce que celui qui parle (I’orateur) est investi de basing. Il y a, en effet, des “personnes qui sont dottes de basina dans la mesure ait elles sont ot méme de modifier ta situation des autres..”. Dans ce cas, le mode, selon lequel ces personnages sont efficaces ou puissants peut étre déterminé : ils le sont par leur bouche puisqu’ils connaissent les invocations rituelles (masim-bava = mabay miantso) » (A. Délivré 1974, p.181). Ce qui signifie tout simplement que leur “parole” est sacrée (masina). 2. La parole ef la société 21. Uindlvidu doit penser 2 la société Pour un Malgache, il n’est jamais facile de prendre la parole devant un auditoire. Méme en causant avec quelqu’un, il doit toujours faire attention lorsqu’il parle. Le fxiny peut en effet le frapper sil commet une maladresse. Qu’est-ce que le fsingy ? C'est “Ie Bldme que l'on encourt loutes les fois que Yon fait ou que Ton dit, Yolontairement ou non, quelque cbose que Von ne doit pas faire ou dire”, (A, Rajaona 1971, “Aspects de la paychologie Malgache Yus & travers certains raits des Rabary et quelques fits de langue”, in Bulletin de (Académie Malgache, T:49/2, p. 23). Ainsi, “Tout acte, pour peu qu'il se situe dans un domaine social quekcongue, attire par le fat méme qu il se réalise, Vapprobation ou la désapprobation. Celle dernitre comporte «essentiellement le tsing (...) cested-ire que dans vos actes, ous avez 4 len comple avant lout de la socité clans Jaguelte Yous vivez. Vous devez vous préoccuper non pas d'abordl de votre bien propre mais de celui ou de ceux que vous céteyez fous les jours, ef en premier lew les membres ce la famille. Elle send auc ancétres, aucuels on se doit de donner un minimum de confort(.), elle englobe les enfants, les descendants” (R. Andriamanjato 1957, “Le Ising ef le tody dans la pensée Malgache”, p.44-45), Puisque le Malgache vit en société, il faut donc qu’il pense & la société chaque fois qu’il prend la parole. Pour éviter le Airy, il faut s’excuser au début du discours : “le fait de s‘excuser avant. ‘dagir vous laissera sume marge d'action plus grande. On vous pardonmera plus derreurs, ef Yous agirez avec um degré de bore 4 Neen nnn nn ee Culture et Prospective conscience plus éevé” (ibid., p.51) . Ainsi quand quelqu’un parle devant un public auquel il a un message 4 communiquer, il “rappelte les diffrentes bigrarcbies qu’ ya dans la société e ‘excuse devant tous en méme temps, Son rang et sa classe ne Vautorisent en principe pas dt parler; mais la nécessité veut qu'il parle et it Sexéeule sans oublier son indignité et son égalité avec tes autres. S'il agit aulrement, te tsiny s'abatira smmmangquablement sur lui" (ibid, p. 53). 2.2. Le “teiny” peut tre conjuré par la parole Apparemment, le ésiny se manifeste comme une force redoutable contre laquelle l'homme ne peut rien faire. Dans les discours, le Malgache le dépeint avec des images tres significatives : “Le Ising est un fardeau pesant, les anciens n'ont pu le porter, et moi je suis comme eux. Le bsiny est comme le vent, on ne le voit pas, maison le sent. I! ne s‘amoncéle pas comme les nuages. Ine s’éend pas & perte de vue comme les contreforts montagneux. I! ne gronde pas comme Vorage pour qu’on lui demande pardon, It ‘ne menace pas pour qu'on puisse lever, (....). Le lsiny est semblable @ un fossé profend, si on y regartle, on a le vertige, sion y tombe, on meurt(..). ll est comme le feu, celui qui le counve se brite. (...)” (Re Andriamanjato 1957, p.61-62). Malgré cette puissance presque illimitée du dxinys, “homme essaie de sem débarrasser efi! fe fait par ta conjuration et par ta parvle, Dans les discours, fa parole sufi @ le conjarer: La force de la parole est tellement ffcace qu elle annie aun seul coup Faction du tiny” (cf. R. Andriamanjato 1957, p.65). 3. Parole et communication 34. Communication politique Dans I’histoire des institutions politiques Malgaches, la parole a pris une grande place en tant que vecteur de communication, Comme l’usage de la parole (en public) est trés délicat, il fallu trouver un genre littéraire particulier pour transmettre une décision politique : c’est le kabary. Selon le P Callet, Ie Aabary (allocutions royales) remonte aux anciens rois : & Andriandranolava qui régna a Ampandrana. ‘Avec le régne de Ralambo, lorsqu’il amena son fils ainé, Andriantompokoindrindra, qui habitait Ambohimalaza, a se soumetire, le kabary s’établit déja comme une coutume chez les Merina, car le roi avait déclaré : “Lorsque tu prononceras un kabary (il s’adressait & Andrianjaka, son cadet, qu’il avait ramené sur le tréne), c’est Andriantompokoindrindra qui te répondra’” Sous le régne de Razakatsitakatrandriana, ici & Tananarive apparatt une autre coutume qui s’établit & Poceasion des kabary royaux : le roi sollicite le consentement du peuple. C’est & Andriamampandry qu'elle remonte. Ceite coutume contribue effectivement a faire régner la paix (mampandry) dans le pays et dans I’Btat (Callet 1974, Traduction francaise, Histoire des rois, Tome I, p. 540). Le Pare Callet ajoute une précision sur les motifs qui justifient la convocation d'un kabary : “Le rot coroquait un kabary pour faire ecéeuter des travaux, pour ersoyer cbercber des bois dla forét, pour anmoncer ses ordonnances, pour organiser des corvées, pour recruter des troupes, pout juger des révoltés fugitf8” (ibid.). i, “ce qu’on appelle une allocution royale a lew quaand le souverain désire metre des projets @ exécution, I assemble le peuple ef c'est a ce qu'on appelle un kabary royal. Voici quelle est Ia coutume en cette occasion : le ‘peuple y répond ef donne sa promesse” (ibid.), Le roi Andrianampoinimerina a institutionnalisé le kabary comme un moyen officiel de communication. Depuis Ia colonisation, “les kabary continuent & étre pratiqués par les responsables: de Vadministration coloniale, puis les responsables qui se sont succédés depuis Vindépenddance. C'étaient et ce sont dlésormais des “assemblées” au cours desquelles certaines déetsions importantes sont anmoncées ef ont valeur de 2 ———————————————————————————eOOeeeeeeeeee era aa... Culture et Prospective toi” (1. Rakoto, FE Ramiandrasoa, Razobarinoro-Randriamboavonjy 1995, Nouveau Corpus a Histoire des institutions, Université d Antananarivo, p.115). 3.2. Farole et communication d'un savoir technique Le Kabary est aussi utilisé par les techniciens du développement comme un moyen de communication our transmettre aux gens (et surtout aux paysans) un certain savoir, un savoir technique et rationnel. Or, il se trouve que ce genre de discours manque souvent d’efficacité. Les recherches menées sur la vulgarisation rurale et l'encadrement des paysans ont montré que le discours du technicien (ou du technocrate) n’est pas toujours en phase avec les réalités vécues par les paysans (cf. les recherches r€alisées par). Dez, G. Althabe). Le langage du technicien est difficile @ comprendre : un langage trop technique, recourant souvent & l'emploi de vocables francais etc... (le vary amin’anana). Pourtant, comme I’'a dit S. Rabarinjanabary & ce propos : “le suecés de la comneunication avec le monde parsan exige un minimum dintercomprébension, minimum qui n'est pas toujours atteint en pratique...Lusage di franeais, ou d'une interlangue métissée du type frangacke, Inabit souvent la maniére dont la formation des cadres les a coupés de la masse” (S, Rabarinjanabary 1994, “Le langage et es beswins du déseloppement”, in Deux ‘mondes en présence, Antananarivo, p54). Le constat qui peut étre fait aujourd’hui c’est qu'il n'y a pas, tune véritable communication entre les cadres et les masses. Le méme constat peut se faire & propos de Ja communication des dirigeants qui recourent eux aussi au feny baiko (se dit du francais utilisé comme langue officielle de communication) dans leurs discours. Tl existe une coupure entre les cadres et le peuple : “Dans beaucoup de régions du pays, on appelle les dirigeants politiques et les cadres des grandes entreprises des Blanes (ces Vazaba), Les intellectuels qui préterident apporter des ides de progrés aux gens de 4a brousse sont aussi des Vaezaba. Pea importe qu'ils soient nats méme du terroir oils exercent leurs fonctions, Naturellement, cela est Yrai plus forte raison de cexex qui sont originaires des régions éloignées. Celte expression «st peut-dtre flateuse, il s‘agirait de reconnatre la supériorité des bétes, une interprétation qui nest pas fausse, ‘mais qui dissimule Vessentie, Vaffirmation du caractére étranger de ces bites, qui sont des Vazaba, «esbicdire des gens obsissant & d'autres coulumes, parlant d'autres langage, ef dont ne voit pas bien comment les intégrer dans notre logique sociale” (ibid., p54) 4. Parole, Kabary, littérature orale, tradition IL a été vu que V’efficacité de la parole réside dans le basing. Cette efficacité réside aussi dans le maniement des Kabary. Il n'y a pas que les kabary politiques ; “A I’heure actuelle, le Kabary est connu dans tout Madagascar comme désignant un discours et un genre littéraire, allocutions dans toute sorte de cérémonie. Comme genre lttéraire, il conceme essentiellement deux moments de la vie sociale des Malgaches : le kabary am-panamabadiana (réunion de familles pour une demande en mariage) et le ‘kabary am-pandevenana (allocution de remerciement d’un représentant de la famille du défunt & "issue dun enterrement), Dans ces deniers cas, le Aabary comporte une structure traditionnelie & laquelle les intervenants se conforment invariablement (cf. 1, Rakote, F Ramiandrasoa, Razoharinoro-Randriamboavonjy 1995, op. cit., p.114 sur Vhistoire et |évolution du Kabary - A. Rahajarizafy 1975, “Ny kabary, ny tantarany, my fombany”, Ambozontany, Fianarantsoa - F Ramiandrasoa 1995, “Le Kabary : une in: Omaly 9) Anio - N°S-6, Université de Madagascar, Département d’Histoire, Antananarivo. FREMIGACCL, J. 1978 - «L'administration coloniale : les aspects oppressifs», in : Omaly sy Anio 53 OO Culture et Prospective N°7-8, Université de Madagascar, Département d'Histoire, Antananarivo, FREMIGACCL, J. 1998 «2:tacofonialfrangais cu discours mytbigue aux réalités (1880 -1940)» in : Omaly sy Anio, N° 37-40, Univer de Madagascar, Département d’Histoire, Antananarivo GRANDIDIER, A & G. 1903-1920 - Collection des ouvrages anciens concernant Madagascar, 9 vol., Paris, Comité de Madagascar et union coloniale. GRANDIDIER, A. et G, 1908-1928 - in : Histoire physique, natureite ef politique de Madagascar, vol. 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