L'idée d'apparence intervient aussi dans les cas d'actes accomplis par
des fonctionnaires dont la nomination a été annulée. La
jurisprudence considère que les actes de ceux-ci restent valables[9].
Notes et références
1. Conseil d'État 17 décembre 1948 Azoulay : RDP 1949 p. 76
(empiétement du gouvernement sur la compétence du
législateur)
2. Conseil d'État 28 octobre 1949 Yasry : Dalloz 1950 p. 303
3. Conseil d'État 2 octobre 1964 Wallut : RDP 1965 p. 108 à
propos d'un agent qui s'était estimé lié par un avis consultatif
4. Conseil d'État 27 janvier 1950 Perrin : p. 64
5. Conseil d'État 4 avril 1952 Syndicat régional des quotidiens
d'Algérie : RDP 1952 p. 1029
6. Conseil d'État 31 mai 1957 Rosan-Girard
7. Conseil d'État 5 mars 1948 Marion : Dalloz 1949 p. 147
8. Cour de cassation 7 août 1883 : Dalloz 1884 I p. 5
9. Conseil d'État 2 novembre 1923 Association des
fonctionnaires de l'administration centrale des postes : Rec.
p. 748»
Les critères jurisprudentiels de la dévolution des compétences au
profit des juridictions judiciaires
Les litiges liés à l'occasion de relations qui ne mettent en oeuvre que des relations de droit
privé sont jugés par l'autorité judiciaire.
Ainsi, par exemple, le recours contre un état exécutoire émis par l’administration en vue du
paiement d'une créance qui se rattache à des relations de droit privé relève du juge judiciaire :
- C.E. 26 juillet 1991, SARL Geremont, n°79847
- CAA Douai, 5 mai 2004, Société Normat, n°00DA00059
La compétence du juge judiciaire est admise sous réserve d'une éventuelle question
préjudicielle relative à la légalité des actes administratifs.
Par principe le juge judiciaire est :
Les juridictions judiciaires ont compétence pour réparer la voie de fait. La voie
de fait existe dès que (et seulemnt dès que !) l'administration :
soit a procédé à l'exécution forcée, dans des conditions irrégulières, d'une
décision, même régulière, portant une atteinte grave au droit de propriété ou à
une liberté fondamentale,
soit a pris une décision ayant l'un ou l'autre de ces effets à la condition
toutefois que cette dernière décision soit elle-même manifestement
insusceptible d'être rattachée à un pouvoir appartenant à l'autorité
administrative :
- T.C. 19 janvier 2004, société CLPK Aircraft Funding c/Aéroports de Paris,
n°3386
Recouvrement des créances publiques : il n'appartient pas à la juridiction
administrative d'apprécier la validité en la forme d'un acte de poursuites,
quelle que soit la nature de la créance dont il tend à assurer le recouvrement :
- C.E. 30 décembre 2003, M. Salah M..., n° 255383
les tribunaux judiciaires sont seuls compétents pour connaître des litiges
relatifs aux demandes de rétrocession formées en application de l’article L. 12-
6 du code de l’expropriation pour cause d'utilité publique, y compris pour
apprécier si les biens expropriés ont effectivement reçu une affectation
conforme à celle définie dans l’acte déclaratif d’ utilité publique :
- T.C. 23 février 2004, commune d’Auribeau-Sur-Siagne, n°3381
Réserve étant faite, évidemment, des questions préjudicielles touchant à
l’interprétation ou à la validité des décisions administratives relatives à
l’affectation des biens expropriés.
mesure prise en exécution d'une décision judiciaire ainsi que des actes qui se
rattachent à l'exercice des fonctions judiciaires :
- C.E. 14 juin 1999, Société civile familiale Molifranc, n°169755
application des peines : C.E. 9 novembre 1990, T., p.313
Le juge judiciaire n'a cependant compétence que pour les litiges concernant le
fonctionnement des juridictions judiciaires ; le fonctionnement des juridictions de
l'ordre administratif ne relève pas de sa compétence :
- C.Cass., 1° civ., 22 mars 2005, n°03-10355
Service public industriel et commercial
Les litiges nés des rapports entre un service public industriel et commercial (SPIC) et
ses usagers, qui sont des rapports de droit privé, relèvent de la compétence des
juridictions judiciaires.
La jurisprudence en ce sens est ancienne, nombreuse et constante. Pour une
réaffirmation récente de ce principe :
- T.C. 28 avril 2003, M. Jean-Claude X, n°C3348
En excès de pouvoir, le tribunal administratif est compétent pour connaître des
conclusions en annulation des mesures d’organisation du service comme, par exemple,
les tarifs et les régles d’accès au service ; ce même lorsque le requérant se prévaut de
sa qualité d’usager.
En matière de responsabilité, le juge judiciaire a compétence pour réparer le dommage
causé à l’usager par l’application de ces mesures d’organisation du service :
- C.E. 3 octobre, 2003, M. Philippe P…, n°242967
Quelques exemples de SPIC et de SPA sont listés dans une page spéciale.
Etablissement public industriel et commercial
Un établissement peut tenir de la loi la qualité d'établissement public à caractère
industriel et commercial. Dans ce cas les litiges nés de ses activités relèvent de la
compétence de la juridiction judiciaire. Naturellement il faut réserver les activités qui,
telles notamment la réglementation, la police ou le contrôle, ressortissent par leur
nature des prérogatives administratives de la puissance publique et ne peuvent donc
être exercées que par un service public administratif :
- C.E. 2 février 2004, M. et Mme Jean B. , n° 247369
Quelques exemples d'EPIC et d'EPA sont listés dans une page spéciale.
Nota bene
le bon usage de ce chapitre oblige à vérifier que l'acte en cause n'est pas détachable de
la procédure judiciaire.