Ti095 - Maintenance
Mise en œuvre
de la maintenance
III
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Maintenance
(Réf. Internet ti095)
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Maintenance
(Réf. Internet ti095)
Bernard MECHIN
Directeur du Centre international de maintenance industrielle (CIMI)
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V
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VI
Mise en œuvre de la maintenance
(Réf. Internet 42136)
SOMMAIRE
Maintenance des centrales nucléaires. Dispositions générales, les hommes, les BN3295 83
organisations
Installations électriques BT. Vérifications et entretien D5048 89
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VII
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Mise en œuvre de la maintenance
(Réf. Internet 42136)
1
1– Techniques de maintenance Réf. Internet page
2– Applications
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1
10
Référence Internet
MT9285
Maintenance conditionnelle
par analyse des vibrations
1
par Alain BOULENGER
Ancien responsable du département Maintenance et diagnostics vibratoires chez AIF
puis SKF
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11
Référence Internet
MT9285
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12
Référence Internet
MT9285
radiale pour surveiller les défauts provoqués par des efforts tour-
Tableau 1 – Suivi du niveau vibratoire des indicateurs nants et dans chacune des deux autres directions pour dépister les
défauts issus d’efforts directionnels (poulies excentrées, défauts
Types de défauts Déplacement Vitesse Accélération Chocs
d’accouplement, desserrages, rupture de barres rotoriques sur
Basses fréquences moteurs…).
• Balourd
• Désalignement
1
• Usure d’accouplement
• Desserrage 2.3 Amélioration de la résolution
•… ou utilisation du zoom
Moyennes fréquences
• Engrènement
Un grand nombre d’anomalies mécaniques ou électromagné-
défectueux
tiques peuvent se manifester à des fréquences très proches les unes
•…
des autres ou par l’apparition de bandes latérales de modulation
Hautes fréquences centrées autour de fréquences cinématiques caractéristiques appe-
lées « fréquences porteuses ». La détection de tels phénomènes
• Usure nécessite généralement d’améliorer la résolution d’un spectre par
régulière l’une des trois techniques suivantes :
• Mauvais — la multiplication du nombre de canaux (ou lignes), passant
graissage ainsi à 400, 800, 1 600, 3 200, 6 400, … lignes, chacunes d’entre elles
pouvant correspondre à une fréquence différente ;
Roulements
: • Début — la décomposition du signal en plusieurs spectres de largeurs
d’écaillage de bandes différentes, technique qui ne nécessite pas le recours à
un appareil possédant un nombre important de canaux et qui pré-
• Marquage sente l’avantage d’améliorer non seulement la résolution des spec-
important tres mais aussi leur dynamique, chaque bande pouvant avoir ainsi
la sienne ;
• Très — le zoom qui permet de concentrer un nombre de canaux limité
dégradé sur une bande de fréquences de largeur choisie, centrée sur une fré-
quence donnée. Cette technique présente l’avantage, notamment en
hautes fréquences, d’obtenir une résolution nettement meilleure
qu’avec une simple multiplication des lignes sur l’ensemble du
signal.
2.2 Analyse spectrale
(ou analyse fréquentielle)
2.4 Détection d’enveloppe
Toute anomalie affectant une machine tournante, qu’il s’agisse ou démodulation d’amplitude centrée
d’un balourd, d’un désalignement, d’un phénomène de tourbillon sur une résonance
d’huile, de la déformation d’un arbre, d’un jeu excessif ou d’un
desserrage, d’un écaillage de roulements, d’une anomalie électro-
magnétique sur le stator ou le rotor d’un moteur, d’un défaut Les défauts induisant des forces de type « choc », génèrent des
d’accouplement ou d’engrènement…, se traduit par des vibrations vibrations caractérisées par des impulsions de forte amplitude sur
dont la cadence de répétition – ou fréquence – correspond à celle du une durée très courte (défaut de graissage, écaillages de roule-
phénomène qui la provoque, généralement identifiable par l’étude ments, jeux excessifs, criques de dentures, chocs…), à l’inverse des
de la cinématique de la machine. défauts de type « sinusoïdal » qui génèrent des vibrations dont les
Le spectre est une représentation graphique de la transformée de amplitudes varient de manière beaucoup plus progressive sur une
Fourier du signal vibratoire observé avec, en ordonnée, les amplitu- durée plus longue (défauts de balourd, désalignement, frotte-
des correspondant à chacune des composantes fréquentielles pla- ment…). Ces chocs excitent les modes de résonance hautes fré-
cées en abscisse. L’analyse spectrale consiste ensuite en une quences des différents éléments de structure de la machine,
recherche de corrélation entre les composantes fréquentielles ayant donnant des pulsations hautes fréquences dont les amplitudes sont
une amplitude importante (ou en forte évolution) et les fréquences modulées par la fréquence d’apparition du défaut en question.
cinématiques des différents organes de la machine surveillée. Les réponses à ces modes de résonances se traduisent sur le
Exemple : la figure 1 donne le spectre qui aurait pu être tiré du spectre par la présence de « bosses » situées en hautes fréquences,
signal vibratoire relevé sur l’un des paliers d’un motocompresseur et le loin des fréquences de rotation de la machine. La démodulation en
tableau qui l’accompagne identifie chacune des raies spectrales. amplitude des réponses à ces modes permet de retrouver la fré-
quence des forces excitatrices, alors que celles-ci sont souvent indé-
On voit bien la correspondance existant entre les composantes du tectables dans le spectre du signal brut, puisque généralement
graphe et les fréquences cinématiques du passage des différents masquées par le bruit de fond généré par d’autres phénomènes et
éléments de la machine. À noter qu’il s’agit bien entendu d’un par l’effet « d’essuie-glace » dû aux inévitables instabilités des vites-
exemple pédagogique, la surveillance d’une machine ne pouvant se ses de rotation.
limiter au relevé vibratoire d’un seul point en une seule direction de
mesure. On appelle souvent « détection d’enveloppe » cette opération de
démodulation (figure 2) qui consiste à éliminer les composantes
Généralement, afin de se mettre au plus près, et dans le sens des hautes fréquences du signal qui ne font que « translater » l’informa-
forces qui engendrent l’anomalie recherchée, on prendra une tion, pour n’en garder que l’enveloppe avant d’en calculer la trans-
mesure sur chacun des paliers de la machine, en une direction formée de Fourier.
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MT9285
4 914 tr/min
Multiplicateur Compresseur
Rotor 2
1
Moteur 6 filets 93 dents
83 dents
3 276 tr/min
Vitesse (mm/s)
10
8
9
1
1 5 6
4 7
2 3
0,1
Amplitude
1/F
Enveloppe
Temps
Signal porteur
1/F0
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R6100
Surveillance vibratoire
et maintenance prédictive
1
par Jacques MOREL
Ingénieur de l’École nationale supérieure de mécanique (ENSM)
Ancien chef adjoint du Département surveillance diagnostic maintenance à EDF,
Division recherches et développement
ment et à la sécurité des personnes. Compte tenu de son coût, il est cepen-
dant judicieux d’établir un bon équilibre entre entretien préventif systématique
et entretien correctif.
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R6100
1. Enjeux de la maintenance
Coûts
■ Maintenance
Le fonctionnement d’une installation, même dans des conditions Coût total
normales entraîne un certain vieillissement des matériels, et parfois
même des incidents ou accidents. Il est nécessaire pour en assurer
un exploitation correcte de maintenir cette installation en bon état. Coût de la
maintenance
La maintenance a un coût et il importe de trouver le niveau opti-
préventive
mum qui maintiendra au moindre coût l’installation à niveau sans
mettre en danger la sécurité des personnes. Comme illustré figure 1,
si l’on ne maintien pas l’installation, on aura trop d’incidents et leur
coût va croître. À l’inverse, si l’on fait trop de maintenance préven- Coût des
tive, le coût total va augmenter. incidents
La maintenance optimale est donc un mélange harmonieux
d’entretien préventif systématique et d’entretien correctif. Trop de correctif Trop de maintenance préventive systématique
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R6100
2. Défauts et manifestations
vitesse de vibration
2.1 Rotors et parties tournantes
1
2.1.1 Déséquilibre massique des rotors. Balourds ∆vi
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R6100
+ +
–
ouverte
A B C D E D’
K (θ)
K fissure
totalement
fermée en haut
A B C D E D’ C’ B’ A 1
t
τ Kmin fissure
totalement
Figure 6 – Évolution exponentielle des vibrations due ouverte en bas
à un frottement dur (métal / métal) π/4 π/2 π 3π /2 2π θ
La raideur est une fonction périodique : K = k0 Σk sin ωt
K (θ)
Figure 8 – Arbre fissuré : variation angulaire de la raideur
K + ∆K
K – ∆K ouverte). Le même mouvement se reproduit à chaque tour de
l’arbre, créant un mouvement périodique.
C’est cette propriété que l'on utilise pour détecter l'apparition d'une
fissure. La raideur est une fonction périodique du temps et les vibra-
tions observées contiennent des harmoniques de la vitesse de rotation.
0 π/2 π 3π/2 2π θ
θ
Il est difficile, en marche normale, de séparer ce qui, dans la vibra-
tion aux fréquences 2 f r et 3 f r , est dû à une fissure ou à une dissy-
métrie normale, de ce qui provient d'un défaut d'usinage des
– – – – tourbillons, ou de la non-linéarité du film d'huile.
Pour séparer dans la réponse de l’arbre ce qui provient des dissy-
Figure 7 – Arbre dissymétrique : variation angulaire de la raideur K métries de l’arbre, on peut s'intéresser à ce qui se passe pendant les
transitoires de vitesse. Quand la machine tourne à la moitié de la
vitesse critique ( ω c ⁄ 2 ) , l'arbre est alors excité sur sa vitesse critique
Exemple : sur les turbines, un frottement au niveau des labyrinthes par l'effet de raideur variable à deux fois la fréquence de rotation
d’étanchéité se traduira par une évolution exponentielle des vibrations ( 2ω c ⁄ 2 = ω c ).
(souvent appelée crise vibratoire) dont une illustration est donnée Nota : une vitesse critique de rotor est une vitesse de rotation à laquelle les vibrations
figure 6. La durée de l'évolution τ sera de l'ordre de 10 à 15 minutes du rotor passent par un maximum. Elle correspond le plus souvent à une fréquence propre
avant que l’on soit obligé d'arrêter la machine. Si le frottement per- de l’arbre.
siste, il freine la machine qui a alors tendance à ralentir plus vite. Il en est de même quand la machine tourne à ω c ⁄ 3, ou ω c ⁄ 4 .
Nota : pour en savoir plus sur ces phénomènes, le lecteur pourra se reporter à l’étude La surveillance de la fissuration d'un rotor en fonctionnement
théorique qu’en fait Kellenberg [6]. comprendra donc deux volets :
— surveillance en fonctionnement. On s’assure que la vibration
2.1.5 Rotors dissymétriques. Fissures mesurée en un point n’évolue pas trop dans le temps, par exemple
en suivant le vecteur écart (vibration actuelle moins vibration de
référence), et en s’assurant que son module reste inférieur à une
2.1.5.1 Arbres dissymétriques
valeur limite ;
Le comportement d'un arbre qui présente une dissymétrie de rai- — surveillance en transitoire de vitesse. On s’assure qu’il n’appa-
deur par exemple, à cause de la présence d'encoches ou de bobi- raît pas de pic de vibration à la moitié (ou au tiers) de la vitesse critique.
nage (alternateurs, moteurs, clavette) est particulier. Pour plus de détail, on pourra se reporter aux références [1][9].
Lorsque le rotor tourne, les efforts de poids propre sont repris par la
raideur de l'arbre, mais la position du centre de l'arbre sera d'autant 2.1.6 Accouplements
plus haute que la raideur sera importante.
Or, la raideur varie dans le temps. On voit sur la figure 7 que lorsque Nota : le lecteur pourra consulter les articles spécialisés de la rubrique Accouplements
l’arbre fait un tour, la raideur varie deux fois par tour. Les rotors dissy- d’arbres dans le traité Génie mécanique.
métriques créent des efforts (donc des vibrations) à deux fois la fré- Les accouplements sont des organes destinés à raccorder entre
quence de rotation ( 2 f r ) le plus souvent (lames, cardans, clavettes…). eux deux ou plusieurs rotors. Ils doivent transmettre le couple. Ils
doivent aussi parfois permettre les dilatations axiales de la machine,
2.1.5.2 Fissuration transverse d'arbre ou les déplacements radiaux. Seuls quelques défauts susceptibles
de perturber leur fonctionnement seront évoqués.
Bien que ce défaut soit peu fréquent, ses conséquences peuvent
être importantes pour la sécurité. Dans ce cas, il importe de le détec- 2.1.6.1 Accouplements à plateau
ter le plus tôt possible.
Les défauts de ce type d’accouplement sont principalement :
Un arbre fissuré présente une raideur qui varie avec la direction
de la force, essentiellement le poids propre, et les réactions d'appuis — un mauvais centrage des plateaux ;
(cf. figure 8). Il y a donc une certaine analogie avec le comportement — un défaut de parallélisme (non perpendicularité d’un des pla-
du rotor dissymétrique. Mais cette fois-ci, la flèche de l'arbre sera teaux par rapport à l’axe de rotation).
différente selon que la fissure est en position haute (fibre compri- Ces deux défauts créent un balourd et donc des vibrations à la
mée, fissure fermée) ou en position basse (fibre tendue, fissure fréquence de rotation f r .
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Référence Internet
R2741
Thermographie
Technologies et applications
par Dominique PAJANI
1
Ingénieur de l’École centrale de Lyon
Institut de la Thermographie
et Luc AUDAIRE
Ingénieur-docteur
Microélectronicien au Laboratoire Infrarouge
Département Optronique CEA Grenoble/DTA/LETI
et article fait suite à un premier article qui traite des principes et mesure de
C la thermographie.
Dans ce second article, nous ferons une approche assez large des détecteurs et
des senseurs, en restant dans l’orientation de la thermographie de mesure.
Nous structurerons, dans deux espaces, les caractéristiques de la caméra ther-
mique en y distinguant les deux grandes familles technologiques. Nous survole-
rons l’optique instrumentale, l’électronique analogique d’instrumentation et
l’électronique numérique. La caméra sera enfin placée dans un système de ther-
mographie.
L’article se poursuit par un exposé des applications de la thermographie et des
utilisations des caméras thermiques.
Le lecteur trouvera dans « Pour en savoir plus » des renseignements sur la pro-
fession, les normes et la bibliographie.
Parution : mars 2013
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Référence Internet
R2741
THERMOGRAPHIE ______________________________________________________________________________________________________________________
(0)
Principaux symboles
APS Active Pixel Sensor
BLIP Background Limited Infrared Photodectector
BSF Bruit spatial fixe
BT Bruit temporel
1 CAN
CCD
Convertisseur analogique numérique
Charge Coupled Device
CMOS Complementary Metal Oxide Semiconductor
CND Contrôle non destructif
CTN Coefficient de température négatif
DTEB Différence de température équivalente au bruit
FEL Fonction d’étalement de ligne
FOV Field Of View
FPA Focal Plane Arrays
FPN Fixed Pattern Noise
FRF Fonction de réponse à une fente
FTM Fonction de transfert de modulation
IFOV Instantaneous Field of View
LW Long Waves
MCT Mercure Cadmium Telluride
MDT Minimum de différence de température détectable
MIS Métal isolant semi-conducteur
MRDT Minimum Resolvable Temperature Difference
MRT Minimum Resolvable Temperature
NEP Noise Equivalent Power
NETD Noise Equivalent Temperature Difference
NUC Non Uniformity Correction
PC Photoconducteur
PEB Puissance équivalente au bruit
pel point élémentaire
PRSL Pouvoir de résolution spatial limite
PRSM Pouvoir de résolution spatial de mesure
PRSO Pouvoir de résolution spatial d’observation
PV Photovoltaïque
PZT Titanate zirconate de plomb
QWIP Quantum Well Infrared Photodetector
RAM Random Access Memory
ROIC Read Out Integrated Circuit
ROM Read Only Memory
RSR Réponse spectrale relative
SPRITE Signal Processing In The Element
SRF Slit Response Function
SW Short Waves
TCR Temperature coefficient ratio
TDI Time Delay and Integration
VSW Very Short Waves
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R2741
THERMOGRAPHIE ______________________________________________________________________________________________________________________
1
photoconducteurs la réalisation de caméra thermique proche infrarouge à senseur
HgCdTe (77 K)
matriciel (0,9 à 1,7 µm).
Le PtSi, du fait de son rendement quantique médiocre (inférieur à
HgCdTe (77 K) 1 %), n’est utilisé que dans les senseurs matriciels. Très stable et
reproductible, son utilisation en matrice SW (Short Waves) est favo-
Ge (300 K) rable aux mesures au standard vidéo.
PbSe
(196 K) Détecteur pyroélectrique (300K) L’InSb est un composant photovoltaïque très stable et sa sensibi-
PbSe (77 K) lité est constante (linéarité) sur une très grande dynamique, ce qui
PbSe
(300 K) justifie qu’il soit souvent appelé détecteur théorique, puisque l’on
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 sait prévoir son comportement. C’est le meilleur détecteur pour la
Bolomètre (300 K) Longueur d'onde (µm) bande 2 à 5 µm. De haut rendement quantique (supérieur à 80 %), il
En tireté, courbes du maximum théoriques de D* (angle de vue de 2 π sr est apte à la thermographie rapide.
pour une température d'environnement de 300 K). L’HgCdTe ou MCT, plus répandu du fait de l’adaptation aisée de la
bande spectrale par dosage des composés de base, reste le compo-
Figure 1 – Détectivités spécifiques de détecteurs à la température
sant le moins reproductible et le moins stable malgré les lourds
indiquée
moyens mis en œuvre pour maîtriser la technologie de fabrication
des matrices. En photoconducteur, il est non linéaire et nécessite
une correction de la courbe d’étalonnage. En photovoltaïque (pour
1.2.2.2 Types de détecteurs les matrices), le MCT présente davantage de bruit : la destination en
En l’absence d’un champ électrique, qui sépare la paire électron – est principalement l’imagerie thermique rapide du fait de son bon
trou créée, les électrons et les trous se recombinent sur place : le rendement quantique (supérieur à 80 %) et de son faible temps de
bilan de la détection est nul. Les détecteurs diffèrent par la technolo- réponse.
gie qui, au moyen d’une polarisation externe, permet de créer le Les détecteurs à puits quantique QWIP (Quantum Well Infrared
champ électrique. Photodetector) sont disponibles depuis peu. Ils font une percée en
Les photocapacités sont constituées d’une structure MIS (métal LW (Long Waves) où ils concurrenceront avantageusement les MCT
isolant semi-conducteur). Cette technologie n’a pas été suivie par un faible bruit spatial fixe, un coût de fabrication faible, au prix
jusqu’à sa maturité industrielle en imagerie thermique infrarouge, d’un fonctionnement à 50 K et d’une forte sélectivité spectrale [13]
alors qu’elle fonde pratiquement l’intégralité des senseurs (matrices [14]. De rendement quantique faible (inférieur à 10 %, mais certains
de détecteurs silicium à lecture CCD) utilisés en imagerie visible annoncent 50 % pour un concept breveté), ils seront préférés en
(caméras et caméscopes) et en thermographie dans l’ultraviolet, le thermographie au standard vidéo.
visible et le proche infrarouge. Des détecteurs PbS et PbSe sont encore utilisés dans certains
Les photoconducteurs (PC) sont constitués d’un barreau semi- analyseurs-ligne. Ce sont les plus anciens détecteurs quantiques
conducteur aux bornes duquel on applique une tension. Le flux inci- utilisés en infrarouge.
dent de photons crée des porteurs libres dans le matériau, ce qui
diminue sa résistance. La polarisation par un générateur de courant 1.2.3 Détecteurs thermiques
induit une tension dont les variations reproduisent les variations du
flux incident de photons. 1.2.3.1 Physique de la détection thermique
Dans les photodiodes (PV, photovoltaïque) le champ naturel de la De nombreuses grandeurs physiques dépendent de la tempéra-
jonction est assisté par une tension de polarisation inverse. Le flux ture. Le détecteur thermique est échauffé par le flux incident.
de photons influe ainsi sur le courant inverse de la diode. Cette tech- L’échauffement est d’autant meilleur que le détecteur est mieux isolé
nologie est très majoritairement utilisée. thermiquement de son environnement et, plus particulièrement, du
circuit de lecture sous-jacent, par une résistance thermique Rth éle-
1.2.2.3 Composés utilisés vée. Par ailleurs, le détecteur est caractérisé par une capacité calori-
En thermographie, seule la détection intrinsèque est mise en fique Cth. Le flux incident est ainsi filtré par un filtre passe-bas de
œuvre. Tous les semi-conducteurs « essayés » sont des composés constante de temps τth = RthCth. En conséquence, le temps de
issus des colonnes IIIB et VB de la table de Mendeleïev : on parle de réponse est très long (environ 5 ms) vis-à-vis des bons détecteurs
composés 3-5 binaires ou ternaires. Le tableau ci-après donne les quantiques (environ 100 ns à 1 µs). Intégrés en matrice, ils peuvent
principaux détecteurs. désormais entrer dans le champ de l’imagerie thermique au stan-
(0) dard vidéo.
λc (µm) Tfonc (K) Sensible à l’énergie du rayonnement et non aux photons, le détec-
Détection intrinsèque
teur thermique ne présente pas, en principe, de sélectivité spectrale.
Silicium Si 1,1 ambiante On peut utiliser le détecteur thermique, en principe encore, à tem-
Germanium Ge 1,8 ambiante pérature ordinaire, ce qui présente tout l’intérêt de ce type de détec-
teur. Mais, refroidi, il gagnerait en détectivité.
Indium Arsenide Gallium InAsGa 1,7 ambiante
Platine Silicium PtSi 5 77 1.2.3.2 Types de détecteurs
Antimoniure d’Indium InSb 5,5 77 Détecteurs capacitifs
Mercure Cadmium Telluride MCT 1 à 14 selon x 50 à 200 Dans un diélectrique, le champ et les charges sont liés par les lois
= Hg(1−x)Cd(x)Te massif et épitaxié de l’électrostatique dépendant des caractéristiques du matériau qui
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R2741
_____________________________________________________________________________________________________________________ THERMOGRAPHIE
sont fonction de la température. Les effets pyroélectriques qui en Une première évolution a consisté à élaborer des senseurs en bar-
résultent sont mis à profit depuis une quinzaine d’années. rettes de détecteurs. À chaque prise de vue élémentaire, les élé-
Détecteurs résistifs (bolomètres) ments d’une « ligne » de l’image sont acquis simultanément : on a
substitué une partie du balayage optico-mécanique par un balayage
Au 19e siècle, on utilisait le bolomètre, nom donné par Langley à électronique.
son détecteur destiné à mesurer l’énergie dans les raies du spectre
solaire. Les résistances à coefficient de température négatif (CTN) La démarche s’est poursuivie par le développement d’une géné-
sont utilisées depuis les débuts de l’électronique. La résistivité évo- ration intermédiaire d’imageurs militaires mettant en œuvre des
1
lue avec la température selon la loi d’Arrhenius. Pour comparer des matrices bidimensionnelles à faible nombre de détecteurs,
matériaux entre eux, on définit leur sensibilité relative TCR (tempe- nécessitant le balayage optico-mécanique.
rature coefficient ratio). D’énormes efforts sont encore à fournir Pour des matrices de dimensions plus importantes (de l’ordre de
pour stabiliser la filière technologique des matrices à bolomètres. 128 × 128), une technique de microbalayage (micro-scan) décale
l’axe optique d’un demi pas de matrice dans une ou deux directions,
1.2.3.3 Composés utilisés lors des prises de vue successives : l’image résultante, de meilleure
résolution spatiale, est générée par réorganisation en mémoire des
En imagerie thermique, ce sont principalement des 2 ou 4 trames successives.
ferroélectriques : le PZT, titanate zirconate de plomb PbZr(1-x)Ti(x)O3
est le plus utilisé. L’élaboration en est très aisée, la technologie est Puis, le deuxième balayage optico-mécanique a été supprimé,
mature et de bas coût. Les imageurs l’employant sous forme de remplacé par une structure matricielle à grand nombre de détec-
matrice sont incapables de mesure absolue (ils ne fournissent un teurs (au-delà de 256 × 256). Ce sont les matrices « fixes » (staring
signal que pour des variations de flux incident). arrays) ou matrices plan focal (Focal Plane Arrays FPA), puisqu’elles
sont placées dans le plan focal de l’objectif pour une visée à l’infini.
En thermographie, essentiellement, pour le bolomètre résistif, on
utilise soit le silicium amorphe Si-α, soit l’oxyde de vanadium V2O5.
Ces détecteurs thermiques sont aptes à la mesure absolue et sont 1.3.1.3 De la cryogénie à la température ordinaire
associés en matrice de micro-bolomètres.
Restait à supprimer la contrainte liée au refroidissement du sen-
seur à la température cryogénique le plus souvent exigée par la
détection quantique. Le principe de cette dernière mutation est
1.3 Senseurs achevé avec les matrices de détecteurs thermiques en pleine émer-
gence.
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R2741
THERMOGRAPHIE ______________________________________________________________________________________________________________________
nique s’accroît corrélativement ; c’est l’une des raisons qui ont Type de matrice SW (3 à 5 µm) LW (8 à 12 µm)
poussé les technologues à employer des circuits de lecture CMOS
plutôt que les circuits à CCD (§ 1.3.3). Paramètre métallurgique x 0,3 0,2
Dimensions (lignes × colonnes) 256 × 256 256 × 256
Pour une matrice dont les dimensions sont fixées par des consi-
dérations technologiques, la réduction d’un facteur 2 du pas de la Dimension pel (µm) 35 35
matrice (dimension d’un pel) multiplie par 4 la résolution spatiale Fréquence trame (Hz) 70 70
1
(nombre de détecteurs) mais divise par 4 la puissance reçue par cha-
que détecteur, donc dégraderait par 4 la résolution thermique Fréquence pixel (MHz) 5 5
(DTEB). Tension utile délivrée (tension 2,6 2,6
crête à crête)
Cette dégradation de la résolution thermique peut être
compensée : Bruit (µV efficaces) 340 370
— en doublant le diamètre de la pupille d’entrée (à distance Dynamique (dB) 76,5 75
focale fixée). Le gain en résolution spatiale est alors payé en encom- Sensibilité (V/W) 5,5 × 109 2,7 × 108
brement, poids et coût d’étude et de réalisation de l’optique ;
Détectivité à 70 K, Te = 300 K, f /1 4,5 × 1011 1,1 × 1011
— en réduisant par 4 le bruit de lecture des pels. C’est, pour
l’essentiel, cette démarche qui a été faite pour les détecteurs quan- DTEB (mK) 5,5 13
tiques classiques (InSb et HgCdTe) permettant ainsi d’augmenter la Te : température d’environnement
fréquence-trame bien au-delà des besoins d’imagerie vidéo, pour Source LETI données de 1997
l’imagerie rapide ;
— en multipliant par 4 le temps d’exposition de la matrice, sans
dépasser le temps d’une trame imposé par la résolution temporelle
recherchée ; 1.3.3 Technologies de lecture : CCD et CMOS
— en améliorant le taux de remplissage d’un pel (en technologie
Au début des années 90, les matrices passent de la lecture CCD à
monolithique) ou en renvoyant l’électronique de proximité dans une
la lecture CMOS. Avant cette mutation, la technologie était directe-
matrice de lecture connectée pel par pel à la matrice de détection
ment extrapolée de celle de la prise de vue par matrice à CCD (spec-
(en technologie hybride).
tre visible). Elle s’en démarque alors pour rejoindre l’évolution de la
On peut dès lors développer des matrices sur la base de détec- microélectronique dans son ensemble, en associant, dans le plan
teurs de plus faible qualité : détecteurs quantiques à faible rende- focal (sur la matrice elle-même), les fonctions analogiques de prise
ment (PtSi) ou détecteurs thermiques (à temps de réponse élevé). de vue aux fonctions logiques de commande et de contrôle du sen-
L’augmentation du temps d’exposition et la diminution du nombre seur.
d’ouverture de l’objectif sont les démarches de base conjuguées Le circuit de lecture ROIC (Read Out Integrated Circuit) se pré-
éventuellement avec la division par 2 de la fréquence-trame. sente sous la forme d’un circuit spécifique hybridé au circuit de
détection (technologie hybridée, 3D) ou sous une forme répartie
dans les senseurs monolithiques (2D).
Le tableau ci-après, qui porte sur 20 années d’évolution de
matrice HgCdTe, illustre la course à la densité d’intégration Quelle que soit la technologie de détection, à chaque détecteur de
commune à toute la microélectronique. Pour ces matrices, la la matrice est associée une interface de lecture qui assure trois
fréquence trame de base est de 50 Hz et le DTEB est meilleur fonctions : la polarisation du détecteur, l’adaptation d’impédance et
que 0,1 ˚C à 30 ˚C (pour une ouverture optique f /1). le filtrage temporel du signal du détecteur. Ce filtrage est une simple
intégration (condensateur) du courant de détection : elle correspond
au temps d’exposition en photographie. C’est cette fonction de fil-
(0) trage passe-bas qui améliore sensiblement la résolution thermique
de l’appareil et permet la mise en œuvre de détecteurs de faible qua-
lité.
Surface
pel Lignes × Nombre de Technologie Les charges de tous les condensateurs sont acquises en parallèle
Année puce durant le même temps d’exposition (« instantané » ou snap-shot)
(µm) colonnes de pels de lecture
ou durant un temps d’exposition glissant (rolling frame) commuté
(mm2)
au rythme de la lecture ; le balayage de l’acquisition (lecture) est fait
1982 100 32 × 32 1 000 10 CCD par un multiplexeur implanté dans le senseur qui adresse chacun
des pels.
1987 70 64 × 64 4 000 20 CCD
■ Lecture par CCD (Charge Coupled Device)
1989 50 128 × 128 16 000 41 CCD
Le fonctionnement du CCD implique un accès série. En effet,
1993 35 256 × 256 65 000 80 CMOS
l’ensemble des charges intégrées dans les interfaces est transféré à
1997 25 640 × 480 300 000 192 CMOS chaque trame dans les registres parallèles. Dans le séquencement
du balayage, à chaque transfert dans les registres parallèles, le
2005 15 1 000 × 1 000 1 000 000 400 CMOS
(extra- registre série est lu pas à pas (pel à pel).
polé) Un problème spécifique de la lecture par CCD tient au fait que la
Source LETI lecture en série par transfert des charges d’un puits de potentiel à
l’autre induit une perte de charges d’autant plus importante que la
vitesse du transfert est grande et que le nombre de transferts est
élevé (selon la position x,y du pel sur la matrice), pertes dépendan-
tes également du nombre de charges à transférer, donc du flux
Le tableau ci-après résume les caractéristiques de deux proto- mesuré. On définit l’efficacité de transfert (transfert efficiency) indi-
types de matrices HgCdTe SW (3 à 5 µm) et LW (8 à 12 µm). quant la perte d’un pel à l’autre pour un temps donné de lecture du
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Détection de fuite
1. Écoulement des fluides dans les fissures. Études théoriques .... R 2 055 – 2
1.1 Nature et formes des fuites ........................................................................ — 2
1.2 Caractérisation d’une fuite.......................................................................... — 2
2. Procédé et appareils utilisés................................................................. — 7
2.1 Contrôle par voie humide ........................................................................... — 7
2.2 Test par décharge électrique....................................................................... — 8
2.3 Détecteur à halogènes................................................................................. — 8
2.4 Détecteur à conductivité thermique........................................................... — 8
2.5 Détection par hélium ................................................................................... — 9
2.6 Détection par hydrogène ............................................................................ — 11
2.7 Détection aux traceurs radioactifs ............................................................. — 12
2.8 Mesure par variation de pression .............................................................. — 12
3. Mises en œuvre du contrôle de l’étanchéité .................................... — 13
3.1 Contrôle par variation de pression............................................................. — 13
3.2 Trois autres manières de faire un test global ............................................ — 14
3.3 Contrôle par ressuage ................................................................................. — 14
3.4 Localisation des défauts.............................................................................. — 14
3.5 Procédés de contrôle................................................................................... — 15
3.6 Contrôle de fabrication................................................................................ — 15
4. Conclusion ................................................................................................. — 16
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déclarer une pièce « bonne ». Accepter l’idée que le produit fabriqué puisse fuir
de manière négligeable constitue souvent la première difficulté quand on fait ses
premiers pas dans la détection de fuite.
Le présent article est la refonte de l’article précédent de Jacques Tallon. L’auteur en a repris
de larges extraits, notamment l’étude théorique. Le lecteur pourra aussi consulter [B 5 420] –
Génie mécanique des Techniques de l’Ingénieur.
q m ⭐ 942 ,5 d η ᐉ
L >> d π d 4 ρᐉ
q m = -------------------- ( P am – P av ) (2)
L 128 L η ᐉ
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La tension superficielle γ, qu’exerce le liquide sur les bords de la pièce est pratiquement inopérant et il faut soumettre une des
d’entrée et de sortie de la fuite, ralentit son écoulement par la mani- faces de la paroi à une pression nettement inférieure à celle de la
festation d’une force superficielle : vapeur saturante du liquide.
Fγ = γ π d Dans ces conditions, le temps de débouchage t est sensiblement
donné par la relation :
à laquelle on peut faire correspondre une contre-pression :
3 L 2 ρᐉ 2π
1
Fγ 4γ t = --------- ⋅ ------ ------- (6)
p γ = ----- = ------ (3) 4 d ρu ρu
S d
Dans l’exemple précédent, le temps de débouchage est donc de
Ce phénomène influe beaucoup sur les conditions d’écoulement
3 670 s, soit une heure environ ! Il ne serait plus que de 90 s (une
du liquide.
minute et demie), à 100 ˚C.
Si la différence des pressions P1 − P2 du liquide, de part et d’autre
de la paroi, est supérieure à 2pγ, le débit-masse vaut :
1.2.2 Fuite de gaz ou de vapeur
π d 4 ρᐉ 8γ
q m = -------------------- P 1 – P 2 – ------ (4)
128 L η ᐉ d
Le débit-masse des gaz étant d’une caractérisation difficile, on
recourt à une quantité spécifique qui est le flux. Celui-ci, qG, se
Exemple : dans de l’eau à 20 ˚C, on a les données suivantes : définit comme la dérivée par rapport au temps de la quantité
énergétique G = pV d’un gaz en mouvement. Dans le cas d’un gaz
η = 10−3 Pa · s ; parfait, la loi de Gay-Lussac nous conduit à la relation :
ρ = 998,2 kg · m−3 ;
γ = 7,05 × 10−2 N · m−1. d ( pV ) dν
q G = ----------------- = R T ------- (7)
dt dt
Un défaut de 2 µm de diamètre équivalent, dans une paroi de 5 mm
d’épaisseur, sera responsable d’une fuite de débit-masse : avec ν nombre de moles en évolution (égal au rapport
de la masse m du gaz à sa masse molaire M) d’où
qm = 7,84 × 10−12 (P1 − P2 − 2,82) en kg · s−1, nous allons avoir :
les pressions étant exprimées en bar.
La contre-pression superficielle vaut ici 0,282 MPa, le débit-masse RT dm qm
q G = -------- ⋅ --------- = -------- (8)
critique (relation (3)) vaut : M dt ρu
qmc = 942,5 d η = 1,885 × 10−6 kg · s−1 Le flux est donc égal au rapport débit-masse qm par la masse
volumique ρu.
Si, au contraire, la pression du liquide, en amont de la fuite, est
inférieure à pγ, celui-ci ne peut y pénétrer. Dans la mesure où la pres- Dans la mesure où le mouvement du gaz s’opère à l’intérieur
sion, en aval, est inférieure à celle PL de la pression de vapeur satu- d’une enceinte de volume constant, nous avons :
rante du liquide, à la température considérée (cas courant
d’installations sous vide), celui-ci s’évapore à travers la fuite sous dp
un débit-masse défini par la loi de Langmuir : q G = V ------- (9)
dt V
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lent, soit en régime laminaire. Comme dans le cas des liquides, 1.2.3 Détermination des caractéristiques
l’écoulement laminaire est pratiquement seul en jeu et s’établit pour d’une fuite
des valeurs :
qmL = qGLρu = 942,5ηd D’une façon générale, une fuite est localisée à l’aide d’un gaz de
test. Le flux de ce gaz à travers elle peut être ensuite défini par cer-
soit taines méthodes, ou à l’aide d’un appareil dédié. Le degré des
équations (19) ne permettant pas une résolution analytique, on peut
P am + P av
ρ = ρ u p = ρ u -------------------------- Il faut convertir une perte massique en flux de gaz, et ainsi calculer
2 à partir de quel taux de fuite on va déclarer une pièce « mauvaise ».
Nota : la valeur de la fuite est souvent exprimée en atm · cm3/s, Pa · m3/s, mbar · l/s, ou
en sorte que d’après (2) n’importe quelle autre unité. Cela représente un débit volumique à une pression absolue
donnée. L’unité choisie n’a souvent aucun rapport avec les pressions appliquées de chaque
côté de la fuite. L’exemple reprend les unités couramment utilisées dans l’industrie.
π d 4 ρ u P am 2 – P2
q mL = q GL ρ u = ----------------- --------------------------
av • Le rapport entre ces unités est :
128 L η 2
1 atm · cm3/s = 1,013 mbar · l/s = 0,1 Pa · m3/s = 0,75 torr · l/s
et le calcul du flux en régime laminaire s’écrit : • Dans l’exemple, nous considérerons une atmosphère comme égale à 1 bar.
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Vérification et maintenance
d’un parc d’appareils de mesure
1
par Philippe PENIN
Ingénieur consultant en Métrologie (Norma System)
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R927
La première action à mener doit être de dresser la liste complète Prochain étalonnage
des équipements de mesure y compris ceux qui ne servent jamais
et ceux qui ne sont plus en état. Il faut profiter de cet instant pour a modèle 1
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R927
Pour éviter ces écueils, il est souhaitable de constituer une systèmes de développement pour microprocesseurs, compte tenu
équipe d’ingénieurs et/ou de techniciens qui ont pour mission de de l’évolution rapide des architectures proposées.
prendre en charge les demandes des utilisateurs et de les aider à Lorsque la décision d’achat a été prise, le choix du matériel doit
faire le choix des matériels en prenant en compte des paramètres prendre en compte, en plus des caractéristiques propres, un cer-
qui ne sont pas liés à leur seul cas particulier. tain nombre de critères (encadré 1).
Cette analyse peut passer par une remise en cause de la
méthode de mesure utilisée, et s’appuie également sur la connais-
3. Logiciels de gestion
1
sance des moyens disponibles dans le service demandeur. Il est
peut-être possible de répondre aux besoins par une meilleure
exploitation des moyens disponibles dans le service. des moyens de mesure
Exemple : s’il est nécessaire de disposer d’un signal hyper-
fréquence très pur et très stable, le choix se portera sur un synthétiseur. Avec la montée en puissance de l’informatique dans toutes les
Cependant, il est peut-être suffisant d’utiliser un simple générateur que sociétés et les différents logiciels de gestion d’instruments de
l’on verrouillera en phase à l’aide d’un compteur de fréquence. mesure proposés sur le marché aujourd’hui, on est facilement
tenté d’en acquérir un.
Une fois ces questions techniques résolues, la fonction
« métrologie » s’appuie sur sa connaissance du marché pour Il faut être très attentif avant de se décider car tous sont loin de
définir les matériels pouvant convenir. La première démarche est répondre aux besoins des métrologues et leur coût réel ne
alors de chercher s’il n’y a pas dans l’entreprise un équipement s’amortit pas facilement. Nous n’en citerons aucun ici, souhaitant
disponible pour répondre aux besoins. Cela nécessite une bonne seulement apporter quelques points de repère.
connaissance du parc existant, ce qui est rendu possible par la Il faut d’abord être sûr que le choix est économiquement renta-
mise en place d’un système de gestion informatisée pour suivre les ble, donc que la taille du parc le justifie. Un classeur avec des
matériels et leur utilisation. Cette approche est indispensable, en feuilles cartonnées peut paraître archaïque, mais l’ordinateur ne
particulier, dans les sociétés ayant une activité importante dans les fait pas tout alors que l’on compte un peu trop sur lui, sans parler
études ou le développement. des limites des logiciels. Le but essentiel d’une gestion informati-
sée est de :
— pouvoir accéder aisément à toutes les données du fichier ;
Encadré 1 – Critères à prendre en compte — faciliter la mise à jour des documents ;
pour le choix du matériel — éviter que chacun puisse intervenir sur le contenu des
données ;
● Fiabilité du matériel : les informations fournies par les — ne pas oublier d’instruments de mesure dans le suivi pério-
équipes de maintenance permettent d’avoir des éléments de dique (établissement du calendrier des opérations métrologiques) ;
jugement. — pouvoir retrouver facilement tout l’historique de l’instrument
● Qualité du service après-vente : est-il adapté au besoin
de mesure.
défini, dans le cas, par exemple, d’un fonctionnement de sys- Il est très important de s’assurer qu’une formation est fournie,
tèmes de test en horaires décalés ? ainsi qu’un service après-vente en cas de problèmes. Il faut aussi
● Assistance technique par le fournisseur : demander si le format des données sera échangeable facilement
— est-il prévu une mise en route du matériel ? avec d’autres logiciels, ce point est nécessaire lorsque l’on souhaite
— des cours de formation sont-ils organisés ? récupérer des données provenant d’un autre logiciel de gestion. Il
— quelles sont les possibilités d’assistance technique en cas est déconseillé de ne pas faire trop personnaliser ce type d’outil, le
de problèmes d’utilisation ? risque étant de ne plus profiter des évolutions ultérieures du produit.
Toutes ces questions peuvent être importantes pour certains Le choix informatique (tout informatique) implique de mettre en
appareils sophistiqués et influent sur le choix. place une procédure concernant les sauvegardes et l’archivage des
● Homogénéité du parc : éviter de trop se diversifier dans les
données. Il sera nécessaire de vérifier que les systèmes
produits et les constructeurs permet des gains sur plusieurs d’archivage permettent de restituer les données sur les durées
niveaux : d’archivage définies dans le système qualité (vérifier que les
— maintenance moins coûteuse ; supports ne s’altèrent pas et qu’ils peuvent toujours être lus, que
— meilleur amortissement des stocks de pièces détachées ; les évolutions des logiciels permettent toujours la lecture des
— possibilités d’interchangeabilité en cas de panne ; informations).
— formation plus efficace des utilisateurs, en particulier pour Exemple : on peut trouver l’avantage d’avoir accès à des
les appareils programmables. graphiques (figure 3) qui permettent un suivi des moyens de mesure
● Pérennité du fournisseur et du matériel : pendant combien après avoir déterminé les tolérances minimale et maximale.
de temps sera-t-il encore fabriqué ou maintenu ?
Le groupe métrologie FAQ Ouest (Fédération des Associations
● Préservation de l’investissement :
Qualité de l’Ouest) a établi une grille d’évaluation afin d’aider dans
— ce matériel se prête-t-il à des évolutions futures ? leur choix les futurs acheteurs (ou créateurs) d’un logiciel de gestion.
— la compatibilité de ce matériel sera-t-elle assurée avec les
futures générations ?
— fourniture des notices techniques et d’utilisation.
4. Métrologie
En effet, l’évolution technologique étant de plus en plus rapide,
il est indispensable de donner aux études les moyens de suivre 4.1 Fonction métrologie
cette évolution. C’est pourquoi, il peut être intéressant de suivre les
matériels et d’en améliorer le taux d’utilisation par des transferts ■ Quel rôle ?
ou partages entre services utilisateurs.
Le rôle de la fonction métrologie est de maîtriser l’aptitude à
La course à la performance est telle qu’il faut trouver des l’emploi de tous les équipements de mesure utilisés dans l’entre-
solutions pour garder une durée d’exploitation, et donc d’amortis- prise, qui peuvent avoir une influence sur la qualité du produit ou
sement économique, acceptable. C’est le cas, en particulier, des du service.
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1
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1
vétustes, à la restructuration complète d’un bâtiment, avec conservation des
façades ».
Objet : cette liste nous permettra, dans chaque cas, de rester en & Apparition de désordres, sinistres, problèmes et maladie
cohérence tout au long de l’article (avec à l’esprit une notion
de réhabilitation). L’établissement d’un diagnostic passe par les étapes suivantes :
– auscultation ;
– identification et étude des causes (étiologie) ;
ANALOGIE – utilisation, éventuellement, d’un retour d’expérience ;
S
P – enquête (témoignages, recherche) ;
DÉMARCHE MÉDICALE MAINTENANCE C
É – Comparaison avec la pathologie existante ;
C A
MÉDECIN Humilité EXPERT (spécialiste) R – Certitude (ou non)sur la maladie ? Æ Établir une nouvelle
I
A N pathologie.
SYMPTOMATOLOGIE AUSCULTATION
L E
ÉTIOLOGIE DIAGNOSTIC I T
(science des causes) S & Solutions envisagées
T D
THÉRAPEUTIQUE TRAITEMENT E Dans le but d’empêcher un nouveau désordre
E
MALADE À renforcer BÂTIMENT
? S Remèdes ou traitement (curatif) Æ Soigner et guérir
À réparer
A (thérapeutique)
Soins efficaces Remède efficace N
(Intervention directe sur le malade)
T
Choix du médicament Choix du produit É
Prévention (traitement préventif) Æ Éviter que cela se repro-
ERREUR duise en anticipant
Rechute mal soigné Désordres
(Règlement, entretien, nouveau dispositif, etc.)
Aggravation de la maladie Quelquefois plus graves
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2. Pathologie et diagnostic Elle a surtout pris son essor dans les années 1960 suite à des
analyses de sinistres (Bureau Veritas). De nombreux ouvrages
concernés par cette nouvelle discipline ont paru : pathologie des
fondations, du béton armé, des façades,… Des textes officiels de
prévention (DTU, règlements…) ont suivi jusqu’à nos jours et pour-
2.1 Quelques définitions tant, certaines pathologies sont plus nombreuses aujourd’hui
Depuis plusieurs décennies, face à l’accroissement des coûts qu’hier.
engendrés par les « sinistres » (accidents du travail, effondrements On évoque même la notion d’une pathologie qui découlerait de
1
d’ouvrages, désordres de toute nature,…) tous ceux qui participent certains règlements nouveaux.
à l’acte de construire sont sensibilisés de plus en plus aux notions Comme nous l’avons vu au début de cet article, une analogie est
de « prévention » et de « pathologie ». souvent exprimée entre la notion de démarche médicale et celle de
Le choix des mots dans une telle sensibilisation est important ; maintenance.
aussi est-il nécessaire d’en préciser le sens au début de cet article. La connaissance de la pathologie permet d’établir un diagnostic
& Un « sinistre » est, d’après le dictionnaire, un fait dommageable qui conduira inéluctablement vers l’esquisse d’une solution de
pour soi-même ou pour autrui, de nature à mettre en jeu la garantie réparation, de renforcement ou simplement la mise en place de
d’un assureur. remèdes préventifs.
Ce terme, juste dans le cas d’accidents corporels, paraı̂t exagéré
dans la plupart de ses applications. Nous serions tentés de le rem- 2.3 Diagnostic
placer par « désordres », d’autant que les plus grands effondre-
ments deviennent heureusement rares (à l’exception de ces derniè-
res années !), alors que les petits incidents se multiplient.
2.3.1 Selon le dictionnaire encyclopédique
& C’est l’acte par lequel le médecin distingue une maladie par la
& Afin d’éviter ces désordres, ces accidents, ces maladies, il faut
connaissance qu’il a des signes propres à cette maladie. Le méde-
prendre un ensemble de mesures : c’est le rôle de la « prévention ».
cin groupant les symptômes morbides que présente le malade, les
Mais pour atteindre cet objectif, la connaissance du processus rattache à une maladie ayant sa place dans le cadre nosologique.
entraı̂nant les sinistres ou les désordres est essentielle. C’est la rai-
son d’être de la « pathologie » (pathos = souffrance, logos = scien- Il comporte deux parties :
ces) qui est, nous cite le dictionnaire « la science des causes et des – le diagnostic positif qui réunit tous les éléments correspon-
symptômes des maladies ». dants en vue de ranger une maladie dans un cadre défini ;
– le diagnostic différentiel qui étudie tous les éléments discor-
& Soit, en détaillant : dants permettant de séparer une maladie des autres affections
– « science » Æ ensemble organisé des connaissances relatives avec lesquelles elle pourrait être confondue.
à certaines catégories de faits ou de phénomènes ;
& Recherche des causes du mauvais fonctionnement d’un appa-
– « des causes » Æ ce qui fait qu’une chose existe ; origine ;
– « et des symptômes » Æ phénomène qui révèle un trouble reil. Le diagnostic s’opère en général en deux étapes :
fonctionnel ou une lésion ; – le pré-diagnostic prend place au début de l’opération, au
– « des maladies » Æ altération dans la santé, dans l’équilibre, moment des études de faisabilité. Il doit permettre de dépister les
des êtres vivants. problèmes majeurs que peuvent poser les structures. L’expérience
et la compétence de l’intervenant sont déterminantes pour son effi-
Il y aura donc « maladie » à chaque fois qu’une construction ne cacité, d’autant plus qu’il soit spécialiste ;
répondra pas aux attentes des utilisateurs. – le diagnostic approfondi s’effectue une fois l’opération enga-
& En guise de conclusion, l’utilisation des termes tels que « patho- gée. Il consiste à rassembler toutes les données techniques néces-
logie » et « maladies » fait venir à l’esprit une question : n’est-il pas saires pour l’établissement du projet ; il peut nécessiter un dégar-
curieux de considérer une construction comme un être vivant ? nissage total, ou partiel, d’éléments de structure afin d’effectuer
Sans aller jusque là, il faut reconnaı̂tre qu’un bâtiment n’est pas des sondages spécifiques et pertinents.
une chose inerte :
– il remue, se dilate, se fissure ; Tout diagnostic nécessite un moment d’auscultation et
– il respire : la vapeur d’eau diffuse à travers ses parois ; d’enquête préalable sur la situation sinistrée qui peut être liée
– il a de la « mémoire » : une mauvaise manipulation d’une struc- à des causes étrangères (environnement, main de l’homme…).
ture lors de la fabrication (béton jeune) peut laisser des « stigma-
tes » de fissures ; 2.3.2 Sous l’angle de la réglementation
– il passe par les mêmes étapes qu’un être vivant : de la concep-
tion, puis de l’utilisation, à la destruction ; La norme NFX 60-10 (concepts et définition des activités de
– la construction naı̂t, vit et meurt. Il faut donc être vigilant à maintenance) définit le diagnostic comme :
tous les stades de son élaboration et de sa vie. « L’identification de la (ou des) cause(s) probable(s) de la défail-
lance ou de l’évolution d’un ou plusieurs paramètres significatifs
Ainsi, n’oublions pas cet axiome latin « Non nisi parendo vin- de dégradation à l’aide d’un raisonnement logique fondé sur un
citur » que le philosophe Francis BACON (1561-1626) applique ensemble d’information (inspection, contrôle, test) ».
à la nature : « Pour faire servir la nature aux besoins de
l’homme, il faut obéir à ses lois ». & En adoptant ces données aux problèmes posés par la réhabilita-
tion, on peut affirmer que le diagnostic est une mission qui se fixe
trois objectifs successifs :
2.2 Bref rappel historique – constat de situation (parfois appelé « description », « reconnais-
Cette notion de « pathologie des structures » n’est pas nouvelle sance » ou « identification ») ;
et demeure très ancienne. – comparaison de l’état constaté par rapport à un état de réfé-
rence (état à neuf, ou état de conformité à un règlement) parfois
Les sinistres d’antan permettaient (si l’on peut dire !) de corriger appelé « bilan » ;
les dites « règles de l’art, recommandations professionnelles ou les – évaluation de l’écart (causes, gravité et risque).
règlements techniques du moment… ». Le progrès ne pouvant exis-
ter que s’il y a des risques mais « risques calculés et bien maı̂trisés ». La première et dernière étape formalise les potentialités.
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C7100
1
& Application aux structures
Constat fait sur des structures plancher de type bois : problèmes
mécaniques, de surcharges excessives, d’humidité, de présence 2.3.3.3 Conclusion
d’insectes (avec renvoi vers le matériau bois vu précédemment). Les règles de base pour effectuer un bon diagnostic consistent à :
– aller du général vers le particulier, par étapes ;
2.3.3 Diagnostic en réhabilitation
– étudier le malade, plutôt que la maladie ;
Même si la démarche générale reste la même, il existe de nom- – poser les problèmes avant de choir les solutions.
breuses méthodes de diagnostic de structures. Dans le cadre de
cette étude, nous nous limiterons à des généralités en ne retenant
que ce qui est fondamental et incontournable.
Celle pratiquée par la Socotec depuis des années peut être prise 3. Matériaux de construction
comme référence dans ce domaine. Elle définit différents niveaux
d’analyse, selon qu’il s’agisse de mesures à prendre, d’audit,
d’avis technique, ou encore de diagnostic conseil. Un cahier des
charges d’une mission de diagnostic est établi suivant : 3.1 Situation
– l’étendue des ouvrages concernés ; Dans le domaine des structures de bâtiments, le matériau cons-
– le domaine d’intervention ; tructif est à l’origine d’une pathologie très conséquente de
– les objectifs attendus ; responsabilités.
– ou encore le référentiel s’il existe.
Néanmoins, on peut dire aujourd’hui qu’elle tend à disparaı̂tre,
Des modalités d’intervention sont enfin arrêtées. du moins à changer de forme. Par exemple, s’agissant du béton
Il est important de préciser que les exigences européennes en armé, c’est la « chimie du matériau béton » qui a pris le pas, engen-
date du 21 décembre 1988, relatives aux produits de construction, drant de nouvelles maladies qui se révèlent depuis quelques
doivent être appliquées à l’ouvrage réalisé. années.
Des articles de fond, dans la collection des TI réalisés par des
2.3.3.1 Rappel des six exigences européennes spécialistes, traitent déjà de ce sujet : « le bois, la pierre, les maçon-
Il s’agit de : neries, la construction métallique, le béton armé et le béton pré-
contraint… ». Dans le cadre de cet article, nous reprendrons la
– résistance mécanique et stabilité ; pathologie – cause des désordres – de chaque matériau en effec-
– sécurité en cas d’incendie ; tuant un court résumé et en renvoyant le lecteur vers l’article de
– l’hygiène, santé et environnement ; fond en référence dans la collection.
– sécurité d’utilisation ;
– protection contre le bruit ; Par contre, on essaiera de compléter, si faire se peut, en introdui-
– l’économie d’énergie et isolation thermique. sant des réflexions de « retour d’expérience », voire en évoquant
les nouvelles pathologies. Puis, nous aborderons le sujet sous
2.3.3.2 Exemple de méthode utilisée l’angle du diagnostic, des solutions envisageables, et de la préven-
tion qui en a suivi.
La méthode dite de « Monsieur Charrue » permet de diagnosti-
quer la structure d’un bâtiment [1].
& Elle comporte 4 étapes successives : 3.2 Bois
– reconnaissance de l’édifice (relevé de l’existant) ;
– analyse théorique des structures (on le recalcule en le considé-
3.2.1 Pathologie du bois
rant neuf) ; Dans ce domaine, de nombreux articles (dont certains très spé-
– évaluation de la capacité portante des composants et de la cialisés et de fond) ont déjà été publiés ([C 925], [C 926] et [C 2 450]).
structure après l’analyse clinique (relevé pathologique) ; Aussi, conviendra-t-il de rester modeste et d’éviter toute
– prise en compte, éventuelle, des modifications du projet et des redondance.
exigences européennes (exemple : la nouvelle réglementation ther-
Un bref résumé, en guise de rappel, permettra au lecteur de sui-
mique, ou l’incendie).
vre le sujet abordé sans obligation de se reporter aux articles cités.
& La démarche est un peu différente pour ce qui concerne un
diagnostic sur ouvrages présentant des désordres. Dans ce cas pré- 3.2.1.1 Champignons
cis, il conviendra de documenter les désordres ou les dégradations,
Dans le bâti ancien, bon nombre d’ouvrages en bois subissent
de les décrire (listes, photos, appareillages,…). Si possible, on exa-
l’attaque de prédateurs que sont les champignons et les insectes
minera les circonstances, les causes et l’origine de l’apparition des
xylophages, dès lors que l’humidité, sous forme de vapeur d’eau,
désordres.
est bloquée dans le bâti.
& Un examen détaillé de l’ouvrage est indispensable avec une Deux types de champignons s’en prennent au bois. Les premiers,
recherche probable de définition du scénario du désordre. Il dits de « coloration » ne nuisent pas à la structure de l’ouvrage : ils
s’agira d’apporter les commentaires suivants : n’agissent que sur l’aubier en superficiel. La seconde famille ras-
– capacité de l’ouvrage à remplir son rôle vis-à-vis de sa semble les champignons lignivores qui, comme le nom l’indique,
destination ; détruisent le squelette du bois.
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Référence Internet
C7100
La forme d’attaque prend trois formes essentielles : les combles en période d’essaimage (au printemps) : des individus
– la pourriture cubique (bois en forme de braises), la plus cou- ailés et noirs sortent pour aller se reproduire hors la termitière.
rante, causée par la mérule ou « champignon des maisons » ; Ne faisant jamais de trous de sortie, les termites ne sont détec-
– la pourriture molle, caractéristique des bois gorgés d’eau ; tables que par la présence de cordonnets (quand ils existent), par
– la pourriture fibreuse, qui attaque le bois en contact avec l’eau. sondages ou chocs. Très souvent, une fois repérés, il est souvent
trop tard d’intervenir pour « sauver » la poutre qui nécessite son
Ce sont les conditions d’environnement (humidité, température, renforcement et, dans tous les cas, de gros travaux.
lumière et revêtements…) et l’essence considérée (résineux, feuil-
On confond très souvent les termites et les fourmis. Contraire-
lus) qui sont déterminantes dans la vitesse et le degré d’altération
1
ment aux fourmis, les termites déprédateurs du bois se déplacent
du bois. L’identification de ces attaques est essentiellement visuelle
rarement à la surface du sol ou du bois, et on observe une diffé-
(figures 2 et 3), voire olfactive pour la mérule (qui attire, par la
rence très nette en ce qui concerne le processus de développement
suite, la grosse vrillette pour pondre).
et le comportement.
Voilà, résumé en quelques mots, l’essentiel de la pathologie du
3.2.1.2 Insectes
matériau bois. Pour plus de renseignements se reporter aux textes
Les attaques par les insectes peuvent être le fait de larves ou de fond cités au début de ce chapitre.
d’insectes parfaits (figure 3).
3.2.2 Causes biologiques des désordres
& Les plus répandus sont les capricornes. C’est la larve qui est
xylophage et peut vivre plusieurs années à détruire le bois, alors 3.2.2.1 Champignons et conséquence : la pourriture
que l’insecte lui-même reste inoffensif. L’apparition de champignons est favorisée par :
& Quant aux termites (insectes sociaux), ce sont les seuls insectes – les infiltrations d’eau par la défectuosité des couvertures, en
parfaits xylophages qui, hier, ne sévissaient que dans le sud de la surface courante (tuiles qui bougent, ardoises cassées, mousse…),
aux faı̂tages, arêtiers et noues, au pourtour des châssis, souches et
France. Aujourd’hui, ces derniers prolifèrent en atteignant, de
tuyaux de ventilation, etc. ;
manière « suspecte », la région parisienne.
– la condensation, humidité fréquente de l’air, ventilation insuffi-
Ceux de la famille de Saintonge et d’Aquitaine (attirés par les sante du comble ;
résineux) sont, de loin, les plus destructeurs. Généralement dans – l’emploi de bois insuffisamment résistants, ou peu traités ;
le sol, ils attaquent les structures du bâtiment en remontant du – les infiltrations et mouillages répétés en pied de charpente, aux
sous-sol vers les étages supérieurs abrités de la lumière par des sablières au droit des chêneaux, des gouttières, ou encore les effets
cordonnets lors de passages difficiles. Parfois, ils colonisent dans de la neige tassée.
3.2.3 Manifestation
Pour l’identification des signes extérieurs qui marquent la pré-
sence des prédateurs du bois, nous conseillons le lecteur de se
reporter aux articles cités dans la partie « Pour en savoir plus ».
Enfin, le Centre technique du bois et de l’aménagement (CTBA)
est source d’experts et de documentation dans ce domaine.
3.2.4 Diagnostic
C’est une opération très courante, aujourd’hui, du fait des derniè-
Figure 2 – Fissure d’une poutre en bois res lois relatives à la vente de son bien par un propriétaire qui doit
effectuer la déclaration des infestations, notamment des termites.
39
1
40
Référence Internet
S7217
e monde dans lequel nous vivons voit naître des systèmes dont la
L complexité s’accroît constamment. Avec le développement des nouvelles
technologies et de leur utilisation dans les nouveaux produits, les fonctions de
conception et de maintenance engendrent des tâches qui requièrent des
niveaux de qualification de plus en plus élevés. Cette constatation ne se limite
pas au seul domaine technique, mais concerne également d’autres domaines
tels que la médecine.
À l’origine, le diagnostic était une notion purement médicale qui désignait
l’activité consistant à identifier une maladie par ses symptômes. Bien évidem-
ment, cette activité entre dans un processus plus global dont l’objectif ne s’arrête
pas à l’identification des maladies, mais comprend surtout la définition des soins
à apporter pour guérir le patient ou pour le soulager. En effet, on ne va pas voir
son médecin pour connaître le nom de sa maladie, mais pour être soigné !
Parution : mars 2020
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Référence Internet
S7217
Cette vision médicale a ensuite été reprise dans le monde technique et indus-
triel. Cette fois, il ne s’agit plus de rechercher les causes d’une maladie chez un
patient, mais les causes d’une défaillance ou d’une panne d’un dispositif phy-
sique. D’un point de vue conceptuel, il n’y a pas de différence fondamentale
entre le diagnostic médical et le diagnostic technique. Tous les deux consistent
à rechercher les causes d’un dysfonctionnement d’un système physique ou
vivant en vue de le réparer ou de le soigner.
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Référence Internet
S7217
■ Lorsque l’on distingue les différentes situations de fonctionne- Diagnostiquer une panne pi consiste à trouver l’ensemble des
ment d’un dispositif, on parle de ses modes de fonctionnement. symptômes apparents et des tests pertinents qui permettent
De nombreux dispositifs sont capables de fonctionner même en d’incriminer un organe du dispositif. Si T = {t1, t2,…, tr} représente
cas de défaillance de l’un de leurs composants. Cependant, le fonc- l’ensemble des tests pertinents, alors la fonction de diagnostic σ
tionnement ne se fait plus de manière optimale, mais de façon peut être définie par :
dégradée.
Exemple
1
On peut distinguer le diagnostic hors ligne du diagnostic en
Un avion possédant deux moteurs est capable de voler même ligne. Dans le diagnostic hors ligne, tout se passe « comme si » le
lorsque l’un de ses moteurs tombe en panne. Cependant, les perfor- dispositif diagnostiqué n’évoluait plus pendant la session de dia-
mances de l’avion sont amoindries. gnostic. Au contraire, dans le cas du diagnostic en ligne, le dispo-
sitif continue à évoluer. Il devient alors important d’anticiper
Généralement, on distingue les modes de fonctionnement nor- l’évolution du dysfonctionnement : on parle de pronostic.
mal, dégradé et défaillant. Selon les domaines, on peut trouver Dans les deux cas, le temps peut être pris en compte dans le
d’autres modes de fonctionnement : interdit, critique, sécuritaire processus de raisonnement. Dans le cas du diagnostic hors ligne,
ou exceptionnel. c’est la chronologie des événements qui est exploitée (on parle de
raisonnement avec et sur le temps). Dans le cas du diagnostic en
■ Selon l’Afnor, une défaillance (failure en anglais) est une « ces- ligne, se pose en plus le problème difficile du temps nécessaire
sation de l’aptitude d’une unité fonctionnelle à accomplir une fonc- pour réaliser ce raisonnement face à la rapidité d’évolution du dis-
tion requise avec les performances définies dans les spécifications positif. Ici, on parle de raisonnement dans le temps ou temps réel,
techniques ». La défaillance est un passage d’un état à un autre, il est caractéristique des systèmes de supervision. La prise en
par opposition à une panne qui est un état. compte du temps est traitée dans la section 2.
■ Un symptôme est un phénomène qui survient sur un dispositif
et qui révèle un dysfonctionnement. Une température trop élevée,
une pression trop basse, une tension nulle, etc., sont des exemples
de symptômes. Il est également fréquent de regrouper les symp-
2. Diagnostic en IA
tômes en fonction du dysfonctionnement auquel ils sont liés : on
parle alors de syndrome. Certains dysfonctionnements peuvent Pour plus de détails sur l’intelligence artificielle, le lecteur
ainsi être diagnostiqués plus rapidement lorsqu’ils sont associés à est invité à consulter les articles [R 7 215] et [H 3 740].
des syndromes caractéristiques.
43
Référence Internet
S7217
1
alors « l’allumage est en panne »
démarre ou non).
• règle 6
si « les essuie-glaces ne fonctionnent pas » et « le moteur ne
2.1 Systèmes experts démarre pas »
alors « la batterie est en panne »
Un système expert est un programme capable d’explorer une
expertise dans un domaine particulier. Cette expertise rassemble • règle 7
non seulement des connaissances directement liées à ce domaine, si « les essuie-glaces ne fonctionnent pas » et « le moteur
mais également des capacités de raisonnement acquises par les démarre »
spécialistes au cours de leur activité (les stratégies). alors « le moteur d’essuie-glaces est en panne »
Traditionnellement, un système expert se compose d’une • règle 8
base de connaissances, d’un moteur d’inférences et de diffé- si « les essuie-glaces ne fonctionnent pas » et « les phares fonc-
rentes interfaces qui lui permettent de communiquer avec son tionnent »
environnement.
alors « le moteur d’essuie-glaces est en panne »
La base de connaissances est élaborée à partir de l’expertise
d’un spécialiste. L’expertise elle-même s’obtient au cours d’un En supposant que la base de faits initiale comporte les faits « les
processus cognitif généralement long et encore mal connu de nos phares ne fonctionnent pas » et « le moteur ne démarre pas », on
jours. C’est certainement à ce niveau que l’on peut situer la phase peut inférer, par la règle 1, que « le moteur ne démarre pas », ce qui
de création du savoir. permet ensuite d’inférer, par la règle 2, que « la batterie est en
panne ». Ce mode de fonctionnement correspond à un raisonne-
Nota : cela sort du cadre de cet article et fait appel notamment aux sciences ment déductif (on parle également de chaînage avant).
cognitives.
On peut également raisonner en partant des conclusions. Par
La simplicité du formalisme de la représentation par règles a exemple, si l’on souhaite démontrer que « la batterie est en panne »,
rendu célèbres les systèmes à base de règles (notamment dans on peut utiliser les règles 2 ou 6. En considérant la règle 2, il faudrait
les années 1980). Malheureusement, cette simplicité a masqué les démontrer que « le problème vient des ampoules ou de la batterie »
difficultés liées à l’extraction des connaissances et a provoqué et que « le moteur ne démarre pas ». « Le moteur ne démarre pas »
une certaine désillusion chez de nombreux utilisateurs. Dans ces fait partie des observations disponibles, c’est donc un fait acquis.
systèmes, les connaissances expertes sont formalisées par des Pour démontrer que « le problème vient des ampoules ou de la batte-
règles de la forme : rie », on peut utiliser la règle 1 ; dans ce cas, il faut démontrer que
« les phares ne fonctionnent pas ». Cela est acquis puisqu’il s’agit
d’une observation. Ce mode de fonctionnement correspond à un rai-
où conditions est une expression qui précise les conditions de sonnement abductif (on parle également de chaînage arrière).
déclenchement de la règle. Déclencher une règle, c’est admettre
ce qui est précisé dans les conclusions. On parle également d’infé- L’un des problèmes importants qui reste encore d’actualité
rence. Cela revient à modifier l’état des connaissances actuelles concerne l’extraction et la représentation des connaissances. En effet,
sur le problème en cours de résolution (appelées mémoire de tra- on constate que les spécialistes possèdent de manière inconsciente
vail) permettant d’avancer dans cette résolution. leur savoir : il leur est donc difficile d’exprimer leurs connaissances. Il
Le cas particulier des systèmes dans lesquels les connais- existe plusieurs freins qui rendent difficile l’extraction des connais-
sances manipulées sont des formules propositionnelles (sans sances. En premier lieu, les experts ont souvent le sentiment d’être
variable) et où les conditions sont de simples conjonctions peut dépossédés de leurs compétences. Ensuite, lorsque plusieurs experts
illustrer ce propos. L’état courant de la connaissance sur le pro- sont consultés, il se peut que les connaissances soient contradictoires
blème à résoudre est représenté par la base de faits qui et dans ce cas se pose le problème de l’arbitrage.
regroupe l’ensemble des faits connus a priori ou par déclenche- Les systèmes à base de règles ne sont pas les seuls systèmes à
ment de règles. base de connaissances capables d’exploiter des connaissances
expertes. D’autres modèles de représentation existent : la représenta-
Exemple tion par triplet (objet, attribut, valeur), les règles, les réseaux séman-
Voici des règles qui pourraient constituer une base de connais- tiques, les frames, la logique, etc. On peut trouver dans [H 3 740] une
sances pour l’exemple de l’automobile : présentation générale de ces systèmes à base de connaissances.
• règle 1 De plus, on peut distinguer des modes de raisonnement plus
si « les phares ne fonctionnent pas » complexes que celui de l’exemple précédent. En effet, dans cet
alors « le problème vient des ampoules ou de la batterie » exemple, les nouveaux faits déduits par inférence sont supposés
définitivement admis : le raisonnement est monotone. Mais il n’est
• règle 2 pas rare de devoir prendre en compte des faits qui évoluent dans le
si « le problème vient des ampoules ou de la batterie » et « le temps, ni même de progresser dans le raisonnement en posant des
moteur ne démarre pas » hypothèses. Dans ce cas, les inférences réalisées peuvent être révi-
alors « la batterie est en panne » sées parce que les connaissances utilisées lors d’une étape du rai-
sonnement peuvent devenir obsolètes (car les caractéristiques du
• règle 3
problème ont changé) ou contradictoires (car les hypothèses consi-
si « le problème vient des ampoules ou de la batterie » et « le dérées sont incompatibles). Le raisonnement est dit non monotone.
moteur démarre » Dans [10], on trouve une présentation complète des différents
alors « les ampoules sont en panne » modes de raisonnement.
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Référence Internet
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Référence Internet
MT9570
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Référence Internet
MT9570
social et environnemental. Les prérogatives de la fonction mainte- architectures de maintenance sont apparues, la plus récente étant
nance se sont ainsi étendues et elle a dû évoluer en regard des celle de s-maintenance (« s » pour sémantique). Cette dernière
enjeux croissants : englobe le concept de e-maintenance et se fonde sur le principe de
• elle vise à augmenter la disponibilité des équipements tout en partage et de génération de connaissances formalisées en
réduisant les coûts directs d’exploitation (techniques et ontologie [3].
économiques) ; Mais en amont du développement d’architectures de mainte-
• elle doit assurer un fonctionnement sûr des équipements, nance visant à réduire la distance entre acteurs, ce sont les straté-
1
c’est-à-dire permettre d’éviter les accidents jugés néfastes pour gies de maintenance elles-mêmes qui évoluent. En effet, les
l’environnement (environnemental) ; mainteneurs souhaitent aujourd’hui aller au-delà de la mainte-
nance statique (sans anticipation de l’évolution de l’état des équi-
• elle est garante de conditions de travail satisfaisantes et de la pements), et mettre en œuvre des stratégies de maintenance plus
sécurité des hommes (social). « dynamiques ». La section suivante est consacrée à l’analyse de
cette évolution.
1.1.3 Évolution de la fonction maintenance
Compte tenu des exigences chaque fois plus grandes, les coûts 1.2 Vers une anticipation
de maintenance ont augmenté rapidement au cours des dernières des phénomènes de défaillance
années. À titre d’exemple, on estime que les coûts de maintenance
aux États-Unis étaient de 200 milliards de dollars en 1979, et qu’ils
ont subi une croissance de l’ordre de 10 à 15 % dans les années 1.2.1 Cartographie des formes de maintenance
qui suivirent [2]. Une partie importante de ce coût de maintenance
pourrait pourtant être évitée : une mauvaise planification se traduit Avant les années 1960, le service maintenance d’une entreprise
par du gaspillage en heures supplémentaires, et cela éventuel- avait pour principale mission d’intervenir sur les équipements en
lement sur des équipements qui n’ont pas un grand rôle dans la panne afin de les réparer le plus tôt possible. Ce type de mainte-
continuité de la production. nance, dite « corrective », a ensuite été peu à peu complété par
une approche plus anticipative des phénomènes de défaillance,
Cette augmentation des coûts ne justifie pas à elle seule le c’est-à-dire par une maintenance réalisée avant que la défaillance
besoin de remettre en cause les approches traditionnelles de main- ne se produise. Ces deux grands types de maintenance, corrective
tenance. D’abord, les systèmes de production évoluent en perma- et préventive, présentent certaines variantes exposées ci-après. La
nence et de nouvelles techniques de production sont apparues, figure 1 en donne une articulation globale.
notamment du fait de l’automatisation (les machines pouvant
assurer la production sans intervention humaine). Ensuite, les
entreprises cherchent davantage à adapter rapidement la quantité 1.2.2 Maintenances corrective et préventive
et la qualité de la production en fonction de la variation de la
demande des clients, ce qui nécessite un haut niveau de flexibilité La norme NF EN 13306 (2010) définit la maintenance corrective
des équipements industriels. Par conséquent, même si l’activité de comme une « maintenance exécutée après détection d’une panne
maintenance est aujourd’hui considérée comme une activité à part et destinée à remettre un bien dans un état dans lequel il peut
entière, les entreprises n’hésitent plus à l’externaliser afin de béné- accomplir une fonction requise ». Ce type de maintenance est
ficier des compétences métiers fortes de prestataires de service. généralement adapté pour les équipements pour lesquels :
Cette évolution est en grande partie due au développement des – les conséquences de la panne ne sont pas critiques ;
sciences et technologies de l’information et de la communication – la réparation est facile et ne nécessite pas beaucoup de temps ;
(STIC). À un autre niveau, depuis quelques années, de nouvelles – les coûts d’investissements sont faibles.
Maintenance
Maintenance Maintenance
corrective préventive
Maintenance
prévisionnelle
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Référence Internet
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Référence Internet
MT9571
La maintenance préventive
Méthodes et technologies
1
par Gilles ZWINGELSTEIN
Ingénieur de l’École nationale supérieure d’électrotechnique, d’électronique, d’informa-
tique, d’hydraulique et des télécommunications de Toulouse (ENSEEIHT)
Docteur-ingénieur, docteur ès sciences, professeur associé des universités en retraite,
université Paris-Est Créteil, France
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Référence Internet
MT9571
1. Enjeux de la maintenance avec ses conséquences sur ses fonctions requises. Pour atteindre
cet objectif, la maintenance préventive a pour but d’apporter des
préventive solutions efficaces et justifiées économiquement pour suivre l’évo-
lution d’une dégradation. La norme NF EN 13306 définit la mainte-
nance préventive comme étant « une maintenance destinée à
La disponibilité opérationnelle d’un système industriel complexe évaluer et/ou atténue la dégradation et réduire la probabilité de
repose en grande partie sur la fiabilité des équipements élémen- défaillance d’un bien ». De nombreuses normes définissent la ter-
taires qui le constituent. Comme les équipements sont construits à minologie utilisée en maintenance dont la norme CEI 60050-192.
partir de matériaux de natures très diverses (métaux, composites, Dans cet article, la grande majorité des termes définis dans la
béton, céramiques…), ceux-ci subissent des dégradations de leurs norme NF EN 13306 seront utilisés. La figure 1 représente le
caractéristiques initiales induites par leurs conditions d’exploitation domaine d’action de la maintenance préventive avec les tâches
ou d’environnement. Il est donc nécessaire de mettre en œuvre des adaptées à la surveillance de la cinétique de la dégradation. Il est
outils efficaces pour détecter et suivre l’évolution au cours du important de souligner que la maintenance préventive s’applique à
temps de leur dégradation avant que la défaillance ne se produise des équipements qui sont en état de disponibilité contrairement à
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Référence Internet
MT9571
1
DOMAINE D’ACTION
2. Rôle de la maintenance
Condition
DE LA MAINTENANCE
PRÉVENTIVE
Points
Défaillance
préventive en maintenance
de surveillance
Limite de fonctionnement
La maintenance préventive représente une composante importante
de la maintenance définie dans la norme NF EN 13306 par
Domaine de panne l’« ensemble de toutes les actions techniques, administratives et de
management durant le cycle de vie d’un bien, destinées à le mainte-
nir ou à le rétablir dans un état dans lequel il peut accomplir la fonc-
Temps tion requise ». Compte tenu de la grande diversité des termes utilisés
dans les actions de maintenance, la figure 3 présente une arbores-
cence qui fournit une typologie des différents termes utilisés en main-
Figure 1 – Domaine d’action de la maintenance préventive tenance. Des compléments d’informations sont fournis en [1] et [2].
Défaillance tuée par observation réalisée par l’opérateur et/ou inspection et/ou
potentielle essais et/ou surveillance de l’état des paramètres système, etc. et
menée selon un programme, sur demande ou en continu. La mainte-
nance conditionnelle implique l’observation et la détection de la
dégradation. Elle implique la mise en œuvre de nombreuses techno-
Défaillance F logies et de capteurs spécialisés. En général, la maintenance condi-
tionnelle est réservée aux matériels dont l’évolution d’éventuelles
Temps dégradations est facilement détectable et mesurable avec des cap-
teurs fiables. Le choix de ce type de maintenance résulte d’un com-
Figure 2 – Défaillance potentielle et intervalles P-F et « Net P-F » promis financier et technique et est souvent réservé au cas où les
conséquences des défaillances sont considérées comme critiques.
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Référence Internet
MT9571
Maintenance
Maintenance Maintenance
1
Avant défaillance
Maintenance Maintenance ou non immédiatement Immédiatement
préventive préventive Maintenance après détection de la panne après détection
sans avec corrective
Préventive de la panne
observation observation
ou corrective
Maintenance
Maintenance Maintenance Maintenance Maintenance
corrective
systématique conditionnelle corrective différée opportuniste
d’urgence
Figure 3 – Maintenance programmée par rapport à la maintenance non programmée [NF EN 13306]
Les résultats de ces choix peuvent être évalués par le diagnostic de la 2.2.2 Maintenance opportuniste
maintenance à l’aide d’indicateurs de performances [MT9130v1].
Dans le monde anglo-saxon, elle possède plusieurs appellations : La maintenance opportuniste est une maintenance préventive
Condition-Based-Maintenance (CBM), On Condition (OC). Actuelle- ou maintenance corrective différée entreprise sans programma-
ment, avec les progrès réalisés en intelligence artificielle, couplée à tion au même moment que d’autres actions de maintenance ou
des bases de données (Cloud) et le « Data Mining », une nouvelle dis- d’événements particuliers pour réduire les coûts, l’indisponibilité,
cipline appelée CBM-PHM-RUL (Condition Based Maintenance, Pro- etc. Elle fait partie de la maintenance non programmée.
gnostics Health Management, Remaining Useful Life) est apparue La maintenance préventive active est la partie de la mainte-
pour la maintenance préventive [MT9570v1]. Elle est un des piliers de nance préventive pendant laquelle des actions sont entreprises
la maintenance de l’industrie 4.0. Cette génération 4.0 est fondée sur pour restaurer directement un bien suite aux dégradations obser-
l’usine intelligente, qui se caractérise par une interconnexion des vées par surveillance en fonctionnement, inspection ou essai
machines et des systèmes au sein des sites de production industrielle.
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Référence Internet
MT9571
Maintenance
Pas de changement
Changement des caractéristiques de
des caractéristiques de sûreté
sûreté de fonctionnement intrinsèques
de fonctionnement intrinsèques
Avant défaillance Après une panne
Amélioration
Maintenance
préventive
Maintenance
corrective
1
Pas d’observation Observation
Immédiate Différée
de la dégradation de la dégradation
Maintenance Maintenance Maintenance Maintenance
systématique conditionnelle corrective d’urgence corrective différée
Maintenance Maintenance
prévisionnelle conditionnelle
non prévisionnelle
préventive et la maintenance corrective. Cet article ne concernera • « On-Condition Task » : tâche de maintenance programmée
que les deux premières catégories : l’amélioration et la maintenance destinée à détecter une défaillance potentielle ; utilisée dans
préventive. La maintenance améliorative est l’ensemble de toutes le monde anglo-saxon elle correspond à une tache de mainte-
les actions techniques, administratives et de management, desti- nance conditionnelle applicable dans le cas où les intervalles
nées à améliorer la fiabilité et/ou la maintenabilité et/ou la sécurité P-F et « Net P-F interval », présentés sur la figure 2, peuvent
intrinsèques d’un bien, sans changer la fonction d’origine. Elle sera être clairement identifiés ;
décrite ultérieurement dans le cadre de la stratégie de maintenance • fonctionnement jusqu’à la défaillance : stratégie de mainte-
basée sur la fiabilité. Elle implique souvent des modifications de nance consistant à faire fonctionner sans maintenance
conception et/ou des procédures d’exploitation. Cette section sera jusqu’à la défaillance.
consacrée aux différents types de maintenance préventive avec
leurs activités spécifiques associées. Les activités relatives à la maintenance corrective ne font pas
l’objet de cet article.
La figure 5 présente l’arborescence des différentes activités de
maintenance qui mettent en œuvre des techniques et technologies
spécifiques à la maintenance préventive (en vert dans le 3.2 Évolutions de la maintenance
diagramme). Dans la terminologie définie par la norme NF EN 13306,
les activités les plus courantes font l’objet des définitions suivantes : préventive
• inspection : examen de conformité réalisé en mesurant, en Depuis plusieurs décennies, de nombreuses techniques utili-
observant ou en testant les caractéristiques significatives sées pour la maintenance conditionnelle se sont développées et
d’un bien ; utilisent les résultats de nouvelles découvertes scientifiques. Cette
• essai de conformité : essai destiné à montrer si une caracté- section présente les techniques les plus employées s’appliquant à
ristique ou une propriété d’un bien est conforme ou non aux la majorité des équipements industriels qui conduisent à des
exigences stipulées ; résultats fiables et à un bon compromis économique. Les tech-
niques incluent trois éléments essentiels : les capteurs, la chaîne
• essai de fonctionnement : actions menées après une action d’acquisition et le système de traitement des informations indis-
de maintenance pour vérifier que le bien est en mesure pensables pour établir la condition de l’équipement. Parmi tout
d’accomplir la fonction requise ; cet éventail de technologies, il est impératif de sélectionner celle
• surveillance en fonctionnement : activité, exécutée soit qui sera la plus utile et économiquement rentable. Dans la suite
manuellement, soit automatiquement, destinée à mesurer à de cet article, une section y sera consacrée plus en détail en se
intervalles prédéterminés les caractéristiques et les para- basant sur la méthode de maintenance basée sur la fiabilité (MBF)
mètres de l’état physique réel d’un bien. qui ne considère que les tâches efficaces, applicables et écono-
miques. Chaque technique est spécifique à un type d’équipement
D’autres activités non définies par les normes sont également donné afin de détecter et surveiller des conditions relatives à son
utilisées : état de santé. Certaines techniques sont applicables pendant le
• échange standard : il désigne le remplacement à l’identique fonctionnement de l’équipement tandis que d’autres requièrent
d’un bien déjà monté sur l’équipement industriel ; son arrêt. Elles procurent également des bénéfices économiques à
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Référence Internet
MT9571
Activités
de maintenance
Avant détection de défaillance Après détection de la défaillance
1
Activité Activité
préventive corrective
Pendant
Avant Pendant
Après le temps
une réparation le temps Conditionnelle Systématique
réparation de non
éventuelle de fonctionnement
fonctionnement
court et moyen terme. Les bénéfices à court terme concernent la matière. Ces signatures utilisent comme informations les rayon-
l’identification et les actions immédiates pour corriger de façon nements émis naturellement ou provoqués par des excitations
réactive les dégradations. La réduction des coûts d’exploitation externes. Les fréquences de ces rayonnements couvrent un spectre
s’avère substantielle si l’équipement est considéré comme critique extrêmement large (de quelques fractions d’hertz (infrasons) à 1025
et justifie ainsi les coûts des investissements dans les achats de hertz (radiographie). Ces techniques rentrent dans la catégorie
matériels de surveillance. Cependant, le bénéfice le plus important d’essais non destructifs END ou contrôles non destructifs (CND). En
concerne le long terme. En effet, le retour d’expérience peut général, un contrôle par END implique l’utilisation d’une source
conduire à des changements d’équipements ou à de nouvelles d’excitation qui atteint le défaut potentiel et qui est suivie d’une
procédures d’exploitation pour éliminer des erreurs de conception étape de révélation pour le diagnostic du défaut. La seconde
et/ou des procédures inadaptées. Il est aussi important de souli- famille regroupe toutes les autres technologies telles que les ana-
gner que chaque technique de maintenance conditionnelle pos- lyses vibratoire, chimiques de fluides, huile et gaz, d’analyse
sède des limites en termes de capacité de détection en dépit de visuelle telle que l’endoscopie, utilisation d’images et d’information
l’utilisation des avancées technologiques de pointe. Pour renfor- sensorielles. On notera cependant que certaines de ces technolo-
cer la fiabilité dans le diagnostic de la condition de l’équipement gies sont considérées par certains utilisateurs comme appartenant
et pallier les limites de certaines techniques, il est quelquefois à la première famille. Compte tenu du très grand nombre de tech-
nécessaire d’utiliser simultanément des techniques différentes et nologies disponibles actuellement, cet article ne décrira que suc-
d’entreprendre des corrélations entre les résultats obtenus. Néan- cinctement les principes et les domaines d’applications des
moins, dans des situations complexes à interpréter, l’appel à méthodes les plus répandues dans le monde industriel [BM6450v1]
l’expertise humaine est souvent indispensable pour la prise de [R1400v1].
décision.
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Référence Internet
MT9572
La maintenance prédictive
intelligente pour l’industrie 4.0
par Gilles ZWINGELSTEIN
1
Ingénieur de l’École nationale supérieure d’électrotechnique, d’électronique, d’informatique,
d’hydraulique et des télécommunications de Toulouse (ENSEEIHT), docteur-ingénieur,
docteur ès sciences, professeur associé des universités en retraite, université Paris-Est
Créteil, France
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Référence Internet
MT9572
cloud, le big data, l’intelligence artificielle et la science des données ont conduit au
développement d’un nouveau concept de maintenance mondialement connue
sous l’appellation de maintenance prédictive intelligente pour l’industrie 4.0. Cet
article présente ses enjeux, ses origines, ses objectifs, ses méthodes et ses outils
en y soulignant ses avantages et ses limitations. La première section décrit les
enjeux de la maintenance prédictive intelligente pour l’industrie 4.0 qui peuvent
être considérés comme des extensions de ceux de la maintenance prévisionnelle
56
Référence Internet
MT9572
57
Référence Internet
MT9572
1
INDUSTRIE 4.0
Production automatisée avec
des systèmes cyber-physiques
CPS (Cyber Physical Systems)
utilisant :
INDUSTRIE 3.0
• L’internet des objets industriels
Utilisation de (IIOT)
• Calculateurs • Les capteurs connectés
INDUSTRIE 2.0 • Automates programmables • Les réseaux de communication
INDUSTRIE 1.0
• Réseaux locaux • Le Big Data
Machines à vapeur Utilisation généralisée de (WAN, LAN, MAN,…) • Le Cloud
(brevet de Watt 1782) l’électricité • Robots • L’intelligence artificielle
Machines hydrauliques Lignes d’assemblage • Début de l’internet • La simulation
Trains à vapeur (ex : Ford) • Chaînes de montage • La réalité virtuelle
Mécanisation des industries Production en série automatisées • Jumeaux numériques
manufacturières
• Etc.
XVIIIe siècle XIXe siècle Milieu du XXe siècle Depuis les années 2010
quantité d’éléments électroniques, informatiques et électriques rateurs supplémentaires, tels que la robotique coopérative, l’intel-
nécessaires à la fabrication de ces produits. C’est également sur cette ligence artificielle et les sciences cognitives, etc. Ces techniques
période que la maintenance préventive a vu le jour en lieu et place seront décrites plus en détail dans la suite de cet article en souli-
de l’entretien et de la réparation accompagnée de l’apparition de la gnant leurs rôles respectifs dans le cadre de la maintenance pré-
GMAO (gestion de la maintenance par ordinateur). La GMAO a tiré dictive intelligente. Cet ensemble de techniques et technologies
profit de l’utilisation des réseaux informatiques et des banques de permet à l’industrie 4.0 d’automatiser et d’optimiser de manière
données informatiques. entièrement nouvelle les procédés de fabrication, offrant ainsi de
nombreuses opportunités d’innovation et de développement. La
■ La quatrième révolution industrielle est une suite logique des figure 1 représente la chronologie de ces révolutions.
conséquences de l’introduction des ordinateurs et des technologies
développées lors de la troisième révolution. Elle repose sur le concept
de l’usine intelligente – ou industrie 4.0 – caractérisée par une inter- 2.2 L’industrie 4.0 pour les grandes
connectivité entre les machines et des systèmes dans les sites de pro-
duction. L’intelligence décentralisée aide à créer une intelligence mise et moyennes entreprises
en réseau d’objets et la gestion de processus indépendante avec
l’interaction des mondes réels et virtuels représentant un nouvel Suivant les projections réalisées par les sociétés Atos et Siemens au
aspect de la production de biens et de services et processus de pro- « digital-industry-summit » organisé en 2018 au Palais Brogniart sur
duction. Le concept d’industrie 4.0 a été présenté pour la première l’industrie 4.0 [3], en 2025, plus de 20 milliards d’appareils seront
fois lors la foire de Hanovre (Salon de la technologie industrielle) de connectés à l’Internet des objets (IoT) et les dépenses mondiales en
2011. L’objectif de cette quatrième révolution a été souligné pendant systèmes robotiques sont estimées à plus de 67 milliards de dollars.
la séance d’ouverture de la chancelière Angela Merkel ; elle indiquait Ceci signifie que le « smart data » et l’industrie du futur représentent
que : « L’Europe doit se rassembler et avancer vite, c’est la seule un enjeu de taille pour les entreprises si elles veulent rester compé-
façon de garder notre avance sur les Asiatiques » Ensuite un rapport titives. Depuis le lancement du concept « industrie 4.0 » par
décrivant l’industrie 4.0 a été publié en 2013 par le GTAI (Germany l’Allemagne en 2011, de nombreux pays industrialisés se sont dotés
Trade & Invest) qui est l’agence de développement économique de la de plans de financement publics pour aider les entreprises à réaliser
république fédérale allemande. Par la suite, ce concept a été repris au leur mutation vers l’industrie 4.0. Ces plans de financement ont pour
niveau mondial (USA, Chine, France, pays asiatiques, Inde). objectifs principaux de permettre aux établissements de taille intermé-
diaires (ETI) et aux petites et moyennes entreprises (PME) d’accéder à
La quatrième révolution industrielle est caractérisée par l’utilisa- ces nouvelles technologies car elles ont évidemment moins de
tion généralisée des environnements numériques et physiques moyens que les grosses entreprises. En France, en 2013, la « Nouvelle
appelés systèmes cyberphysiques (Cyber Physical Systems) dans France industrielle » a été lancée et comprenait 34 plans d’action de
le domaine de la fabrication. Elle réalise la convergence des tech- reconquête. En 2015, la seconde phase de la Nouvelle France Indus-
nologies de l’information, l’Internet des objets, le big data, le trielle a été lancée par les pouvoirs publics dans le cadre du projet
cloud, l’analytique des données (analytics), etc., avec des accélé- « industrie du futur ». Le projet repose sur 5 piliers et est articulé
58
Référence Internet
MT9572
ETI/PME
Plateformes
1
Plateformes
4.0 Réseau de 4.0
plateformes
ETI/PME 4.0 ETI/PME
Startups Startups
Grandes
entreprises
Grandes Grandes
Plateformes Plateformes
entreprises entreprises
4.0 4.0
Grandes
entreprises
Startups Startups
ETI/PME ETI/PME
Plateformes Plateformes
4.0 4.0
ETI/PME
autour de 9 solutions industrielles correspondant à de grands mar- des grandes entreprises et des start-up dans leur contribution au
chés. Parmi ces 5 piliers figurent le développement de l’offre technolo- développement des plateformes pilotes où les PME et ETI peuvent
gique pour l’Industrie du Futur et l’accompagnement des entreprises expérimenter en grandeur réelle leurs projets. D’ores et déjà plusieurs
vers l’Industrie du Futur. Les détails sont fournis dans le dossier de plateformes ont vu le jour en France. En 2016, le Factory Lab de
presse « Réunir la Nouvelle France industrielle de 2015 » [4]. Saclay [5] a été inauguré. Il regroupe le CEA list, le Cetim, les Arts et
Depuis 2013 environ 5 milliards d’euros de financement public sont Métiers et des grands groupes industriels (groupe PSA, Safran,
consacrés à ce projet. Le projet se donne pour objectif de coordonner DCNS, Dassault Systèmes, Actemium). Les PME et TPE font pleine-
les briques technologiques existantes et de développer celles qui ment partie de la plateforme et sont intégrées aux projets et à la gou-
manquent grâce à des projets de R&D financés par l’État. Il prévoit vernance. Également inauguré en 2016 à Saclay, l’« Innovation center
d’autre part la mise en place de lignes de production pilote dans des for operations » du Boston Consulting Group (BCG) [6] qui a installé
entreprises emblématiques. Pour le déploiement national des techno- une usine pionnière comprenant deux lignes de fabrication automati-
logies et méthodes d’excellence de ces lignes pilotes, le cœur du plan sées (scooters et bonbons). Elle permet également aux PME et TPE
consiste en un programme d’accompagnement méthodologique et d’expérimenter des projets dans les domaines de l’impression 3D, big
financier des PME et ETI sous le co-pilotage des Régions. Concrète- data, Internet industriel, robots collaboratifs, maintenance prédictive
ment en 2015, l’Alliance Industrie du Futur (AIF) a été officiellement des machines. De nombreuses plateformes sont réparties sur le terri-
créée. Elle est fondée autour d’un noyau dur d’acteurs de l’industrie et toire national : les plateformes « Mécatronique pour l’Amélioration
du numérique représentant plus de 33 000 entreprises et 1,1 million des Produits et des Procédés » (MAPP) et la « Future of Factory
d’emplois. L’AIF organise et coordonne, au niveau national, les initia- Lorraine (FFLOR) » dans le Grand Est [7]. L’analyse de la situation
tives, projets et travaux tendant à moderniser et à transformer l’indus- actuelle de l’industrie 4.0 montre que la majorité des grandes entre-
trie en France. Parmi ces actions, elle a pour mission de promouvoir prises industrielles françaises se sont dotées des compétences pour
le développement de plateformes et la mise en réseau avec les PME- entreprendre leurs mutations vers l’industrie 4.0 (automobile, énergie,
ETI. L’AIF a pour mission également d’attribuer le label « Vitrines aéronautique, transports). Avec l’aide des pouvoirs public dans le
Industrie du Futur » aux entreprises innovantes. La figure 2 schéma- cadre du projet Industrie du Futur, elles participent dans leur cadre de
tise l’esprit qui sous-tend le projet industrie du futur. Elle décrit le rôle partenariat aux développements des plateformes pilotes. De cette
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Référence Internet
MT9572
manière, les PME et ETI peuvent expérimenter dans ces plateformes 4.0, par conséquent les architectures associées et leurs compo-
la validité et la viabilité de leurs projets innovants en bénéficiant éga- santes différent suivant les secteurs industriels.
lement du soutien des start-up spécialisées dans les technologies et
Initialement, les architectures ont été conçues pour les industries
techniques de l’industrie 4.0.
manufacturières où la place des robots y joue un rôle prépondé-
Des concepts et projets semblables ont vu le jour dans de rant (automobile, électronique, mécanique, produits pharmaceu-
nombreux pays. Les États-Unis ont lancé en 2011, l’« Advanced tiques et produits alimentaires de grande consommation, etc.). Ces
Manufacturing Partnership – AMP » [8], un effort national rassem- architectures ont ensuite été adaptées à d’autres domaines pour la
mise en œuvre de la digitalisation de la production et de la mainte-
1
blant l’industrie, les universités et le gouvernement fédéral avec
pour ambition d’investir dans les technologies émergentes dans le nance de parcs d’équipements identiques localisés dans des sites
secteur manufacturier pour renforcer la compétitivité de l’industrie géographiquement éloignés (éoliennes, ascenseurs, avions, etc.)
américaine. Complété en 2013, l’AMP vise notamment à établir un Cette section décrit de façon succincte les principales composantes
réseau national d’instituts d’innovation dans le secteur manufactu- des différentes architectures en soulignant celles qui sont utilisées
rier et à établir des partenariats public-privé visant à créer des plate- dans le cadre de la maintenance prédictive intelligente de l’indus-
formes industrielles de haute technologie mutualisées. La Chine a trie 4.0, objet de cet article. De très nombreux ouvrages et publica-
répondu en 2015 au concept allemand Industrie 4.0 avec son plan tions sont dédiés à l’industrie 4.0 dans lesquels le lecteur trouvera
« Made in China 2025 » [9]. Celui-ci a pour objectifs de promouvoir plus d’informations [10] [11] [12] [13] [14]. Compte tenu du fait que
le lien entre les technologies de l’information et le secteur industriel, les termes employés pour décrire les éléments des architectures
d’utiliser des technologies intelligentes, d’améliorer la capacité de sont d’origine anglo-saxonne, ces termes seront utilisés dans cet
l’industrie à innover, de promouvoir une fabrication respectueuse de article et une traduction française sera également fournie.
l’environnement et d’optimiser leurs chaînes de production.
2.3.1 Architectures de l’industrie 4.0
2.3 Architectures de l’industrie 4.0 Les architectures de l’industrie 4.0 varient considérablement en
fonction des secteurs industriels et à ce jour il n’existe pas de
et ses principales composantes normalisation disponible. Chaque secteur d’activité et les entre-
prises spécialisées dans les offres de logiciels proposent des
Comme cela a été souligné dans la section précédente, il existe architectures adaptées à leurs besoins. La figure 3 représente un
de très nombreuses interprétations de la définition de l’industrie exemple d’architecture adaptée à l’industrie manufacturière robo-
INDUSTRIE 4.0
CONCEPTION 3D CYBERSÉCURITÉ
ROBOTS SIMULATION
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CONSTRUCTEUR DE PRESSE
EXPERTS SCIENTIFIQUES
CLOUD
INDUSTRIE 4.0
PRESSE E
PRESSE B
PRESSE D
PRESSE A
PRESSE C
USINE A
USINE B
tisée. Les éléments de cette architecture seront explicités dans la balises RFID – Identification par fréquence radio). Actuellement, de
suite de cette section. La figure 4 représente une architecture uti- plus en plus de constructeurs d’équipements industriels proposent
lisée pour mutualiser les connaissances entre le constructeur et des équipements connectés pour l’industrie 4.0. La figure 5 repré-
les utilisateurs qui exploitent un matériel identique. Dans cet sente une pompe industrielle connectée par un système radio. Dans
exemple, il s’agit de presses de formage réparties sur plusieurs cet exemple, les données sont transférées directement vers le cloud
sites industriels. du constructeur via une passerelle pour traitement de données.
Ensuite, les techniciens de maintenance, à l’aide d’une application dis-
ponible sur portable, tablette ou PC, peuvent à tout moment et où
2.3.2 Principales composantes de l’industrie 4.0 qu’ils soient, consulter les caractéristiques de fonctionnement de
toutes les pompes sous surveillance, sans devoir être présent sur site.
La mise en œuvre de la maintenance prédictive intelligente de
l’industrie 4.0 fait appel aux concepts et technologies propres à Ces objets industriels connectés sont des éléments essentiels
l’industrie 4.0. Cette section présente de façon succincte les princi- de l’industrie 4.0 mais représentent des investissements onéreux.
pales composantes de l’industrie 4.0.
2.3.2.2 L’IoT et l’IIoT
2.3.2.1 Objets connectés
■ L’IoT est le raccourci utilisé pour désigner « l’Internet of Things »
Les objets connectés captent, stockent, traitent et transmettent des ou en français « l’Internet des objets connectés ». La recommanda-
données. Ils peuvent recevoir et donner des instructions et ont ainsi la tion de l’Union internationale des communications UIT-T Y.2060 pré-
capacité à se connecter à un réseau d’information [fiche pratique cise le concept et la portée de l’IoT. Elle définit l’Internet des objets
Réf : 1509] Dans la suite de cet article, les objets connectés représen- (IoT) comme « une infrastructure mondiale pour la société de l’infor-
teront majoritairement les équipements industriels dotés de disposi- mation, qui permet de disposer de services évolués en interconnec-
tifs spécialisés pour les rendre communicants (par exemple avec des tant des objets (physiques ou virtuels) grâce aux technologies de
61
1
62
Mise en œuvre de la maintenance
(Réf. Internet 42136)
1– Techniques de maintenance 2
2– Applications Réf. Internet page
Maintenance des centrales nucléaires. Dispositions générales, les hommes, les BN3295 83
organisations
Installations électriques BT. Vérifications et entretien D5048 89
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
63
2
64
Référence Internet
BM4186
2
1. Objectifs de la maintenance ................................................................. BM 4 186 - 2
1.1 Prévention des accidents majeurs ............................................................. — 2
1.2 Limitation des indisponibilités fortuites .................................................... — 2
2. Exploitation ............................................................................................... — 2
2.1 Surveillance.................................................................................................. — 2
2.2 Essais et analyses périodiques................................................................... — 3
2.3 Maintenance préventive ............................................................................. — 3
3. Composants de la turbine ..................................................................... — 3
3.1 Parties mobiles (ou rotors) ......................................................................... — 3
3.2 Organes d’admission vapeur...................................................................... — 5
3.3 Clapets de soutirage.................................................................................... — 5
3.4 Paliers et butée de la ligne d’arbres........................................................... — 5
3.5 Parties fixes .................................................................................................. — 6
4. Conservation à l’arrêt ............................................................................. — 6
5. Conclusion ................................................................................................. — 6
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 186 − 1
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Référence Internet
BM4186
2
conception, de la fabrication, de la conduite et de la maintenance téristiques des cycles entraînent des différences d’une part dans la
des turbines visent à maintenir la probabilité d’apparition d’un acci- conception des machines, d’autre part sur les modes de dégradation
dent majeur à un niveau très faible (environ 10−4 par tranche et par et les actions de maintenance correspondantes.
an). Cependant, des destructions partielles ou totales de groupes
turboalternateurs se produisent parfois sur le parc mondial. ■ Le cycle classique se caractérise par une température élevée de la
vapeur qui nécessite que le concepteur et l’exploitant se préoccu-
Les accidents majeurs peuvent résulter de différentes causes. pent du phénomène de fluage des matériaux.
■ Éclatement brutal en survitesse de l’arbre d’un rotor sain : ce ■ Le cycle nucléaire basse température, qui se caractérise par une
mode de ruine est engendré, lors de l’emballement du groupe tur- température de vapeur plus faible, ne soumet pas les machines au
boalternateur, par les efforts centrifuges supérieurs à la limite de phénomène de fluage. Par contre, la détente de la vapeur, qui
résistance du matériau. s’effectue pour une grande partie dans le domaine humide, rend les
■ Fissuration transverse à l’axe d’un rotor sous l’effet de la fatigue machines sensibles aux phénomènes d’érosion et de corrosion sous
par flexion rotative. contrainte. En général, ces machines fonctionnent à mi-vitesse de
rotation des turbines des cycles classiques et leurs composants pré-
■ Rupture brutale de l’arbre d’un rotor en survitesse ou à vitesse sentent des dimensions plus importantes.
nominale. Ce mode de ruine, qui intervient à une vitesse inférieure
Cependant, à l’exception de quelques points spécifiques de sur-
à la survitesse d’éclatement du rotor sain, a pour origine la présence
veillance liés aux caractéristiques des cycles thermodynamiques, la
de défauts qui se développent :
maintenance des turbines à vapeur des cycles classiques et des
— sous l’action de la fatigue (en particulier lors des cycles démar- cycles nucléaires relève de la même philosophie.
rage-arrêt) ;
L’optimisation des coûts de maintenance s’appuie sur le retour
— sous l’effet de fatigue-fretting, fatigue-corrosion ;
d’expérience général du comportement des machines. Cette ana-
— sous l’effet de la corrosion sous contrainte ;
lyse conduit à l’établissement de spécifications d’exploitation dans
— sous l’effet du fluage pour les rotors « haute température ». les domaines de la surveillance, des essais et analyses périodiques,
Dans le cas de turbines ayant accumulé un grand nombre d’heu- et de la maintenance des turbines à vapeur.
res de fonctionnement, la nocivité de certains de ces phénomènes
est accrue par l’augmentation de la température de transition avec
le vieillissement du matériau en température qui conduit à des
tailles de défauts critiques inférieures. 2.1 Surveillance
Afin d’éviter l’apparition d’accidents majeurs, l’exploitant cherche
à limiter les risques d’emballement de la ligne d’arbres et à maîtriser
La surveillance en exploitation relève généralement de la
le développement des défauts pouvant affecter l’intégrité des
conduite des installations ; elle constitue la première action de
rotors. Il doit porter son attention en priorité sur :
maintenance. Elle revêt un caractère essentiel et permet de détecter,
— l’état et le fonctionnement des organes d’admission vapeur par l’évolution anormale d’un ou de plusieurs paramètres, une
(§ 3.2) ; défaillance potentielle qui pourrait compromettre à terme la dispo-
— l’état et le fonctionnement des clapets de soutirage (si la nibilité des machines.
machine est équipée de ces dispositifs) (§ 3.3) ;
Elle permet d’engager des actions d’analyse, de diagnostic et de
— le bon fonctionnement des dispositifs de sécurité contre les
maintenance conditionnelle pertinentes. Les coûts de maintenance
survitesses ;
et les indisponibilités seront d’autant plus faibles que les spécifica-
— la recherche et la surveillance des défauts sur les rotors (§ 3.1).
tions auront été respectées et les anomalies détectées de façon pré-
coce.
La surveillance en exploitation s’exerce au travers de différentes
1.2 Limitation des indisponibilités actions.
fortuites
2.1.1 Ronde
En complément des actions destinées à éviter l’accident majeur,
des dispositions sont nécessaires pour limiter les indisponibilités Certaines anomalies de matériels peuvent se manifester par des
fortuites des turbines. Les défaillances correspondantes, si elles ne symptômes observables lors des rondes effectuées par l’exploitant
remettent pas en cause l’intégrité de la ligne d’arbres, entraînent sur les installations. Ces manifestations peuvent permettre de détec-
généralement des indisponibilités longues et des réparations lour- ter de façon précoce des maladies potentielles. Ce sont notamment :
des et onéreuses. Les analyses statistiques montrent que les princi- — l’apparition de fuites ;
pales causes d’indisponibilité concernent trois grands ensembles : — un niveau anormal de vibration ou de température à proximité
— les parties mobiles (rotors équipés de leurs ailettes) (§ 3.1) ; des machines ;
— les organes d’admission vapeur (§ 3.2) ; — l’évolution du niveau sonore ou l’apparition de bruits sus-
— les paliers et la butée de la ligne d’arbres (§ 3.4). pects.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
BM 4 186 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique
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BN3296
Dans la chaudière, l’eau primaire s’échauffe en passant dans le Entrée eau Sortie eau
cœur (siège de la réaction nucléaire), va dans les générateurs de
vapeur (GV) où elle cède sa chaleur à l’eau du circuit secondaire
qui se vaporise, puis l’eau primaire retourne vers le cœur. La Enveloppe de cœur
2
vapeur ainsi produite fait tourner la turbine qui entraîne l’alterna- Plaque supérieure
teur, lequel produit l’électricité. Ramenée à l’état liquide dans le de cœur
condenseur par le circuit dit « de refroidissement », l’eau secon- Cloisonnement
daire est réchauffée (poste d’eau) et renvoyée vers les GV (figure 2
de la 1re partie [BN 3 295]). L’eau du circuit de refroidissement est Assemblage
Plaque inférieure
prise dans le milieu naturel : soit elle y est ensuite rejetée (tranche combustible
de cœur
en circuit ouvert), soit elle est refroidie dans un aéroréfrigérant et
réutilisée (tranche en circuit fermé).
Guide radial des internes
Nota : les tranches produisant 900 MWe et leurs composants sont, en abrégé,
appelés « tranche 900 » et « composant 900 ». Il en est de même pour les 1300 et les 1450
(ou N4). Plaque support de cœur Guide d’instrumentation
2. Cuve Figure 1 – Vue en coupe d’une cuve (en bleu) avec ses équipements
internes inférieurs (en rouge) et supérieurs (en vert) dans la
configuration d’une chaudière 900
68
Référence Internet
BN3296
cumuler un choc thermique (arrivée d’eau froide dans la cuve longueur de filet restante soit suffisante. Si le grippage a été très
chaude) et une pression qui reste élevée (pressurized thermal « endommageant », l’exploitant peut être obligé de procéder à un
shock ). Ces deux premiers paramètres de l’analyse sont quasiment réusinage du trou qui l’amène à une cote supérieure et nécessite
indépendants de l’âge. ensuite l’emploi d’un goujon particulier.
Il n’en est pas de même du troisième : l’acier ferritique de la La prévention de ces anomalies passe par des précautions
paroi se « fragilise » sous l’effet du flux de neutrons provenant du élémentaires : examen des pièces à chaque manipulation, mise en
cœur, ce qui se traduit, au fur et à mesure des années d’exploita- propreté avant vissage, utilisation de lubrifiants adaptés, mise en
tion, par un décalage vers le haut de sa température de transition œuvre vigilante des outillages.
(RTNDT) entre les domaines de comportement ductile et fragile (en
réalité, seule est vraiment touchée la zone qui est au niveau du
cœur). Cette évolution de la RTNDT , différente d’une cuve à l’autre, 2.2.2 Adaptateurs des traversées de couvercle
a fait l’objet de prévisions qui sont vérifiées continuellement par
un programme particulier (§ 2.3). En 1991, une légère fuite a été détectée, au cours d’une épreuve
69
Référence Internet
BN3296
2.3.1 Inspection en service ayant des défauts de fabrication pour vérifier leur absence d’évolu-
tion, examen par courants de Foucault et ultrasons des adapta-
■ Examens généraux constituant la « visite complète » teurs de couvercles en alliage 600 qui n’auraient pas été
standard remplacés, examen par ultrasons des pénétrations de fond de
cuve.
Tous les dix ans, la cuve fait l’objet d’une visite complète qui
constitue un des principaux éléments de sa « requalification
décennale » requise par la réglementation. 2.3.2 Suivi de la fragilisation due à l’irradiation
La visite complète consiste d’abord en un examen télévisuel
général de la paroi interne de la cuve (déchargée du combustible L’évolution réelle des propriétés de l’acier des cuves est suivie
et des structures internes mais pleine d’eau), du couvercle, des au travers du programme de surveillance de l’irradiation (PSI).
carters des mécanismes de commande de grappe, du raccorde- Lors de la fabrication, des échantillons d’acier de chaque cuve ont
ment des pénétrations de fond de cuve avec les tubes-guides été prélevés et utilisés pour fabriquer des éprouvettes. Placées
2 d’instrumentation.
Vient ensuite un contrôle par ultrasons de toutes les soudures
dans des conteneurs accrochés à l’intérieur des cuves, les éprou-
vettes reçoivent un flux de neutrons supérieur à ce que reçoit la
paroi. Elles se fragilisent donc plus vite, avec un facteur d’accéléra-
principales auquel s’ajoute une gammagraphie des soudures tubu- tion connu. Extraites selon un échéancier préétabli, elles sont sou-
lure-embout-tuyauterie. mises à des essais de rupture qui donnent une évaluation de ce
La plupart de ces examens sont réalisés avec un équipement que seront les propriétés du matériau de la cuve N années plus
robotisé, la machine d’inspection en service (MIS) qui opère sous tard et en particulier le décalage de la température de transition
eau (figure 2). Cette machine est une sorte de tripode géant qui RTNDT . On peut ainsi valider les prévisions faites à l’origine.
vient se poser sur la bride de cuve et qui est muni d’un mat central
À ce jour, les résultats du PSI des cuves françaises montrent des
pouvant monter, descendre et tourner. Sur ce mat, sont fixés des
décalages de RTNDT inférieurs aux prévisions [BN 3 307]. En inté-
bras articulés qui portent les dispositifs de contrôle de façon à
grant des marges de sécurité, on peut dire que la température de
atteindre les zones à inspecter avec une précision de positionne-
transition des aciers des cuves françaises ne dépassera pas 85 °C
ment extrême (voir figure 3 de [BN 3 307]).
après 40 années d’exploitation, la grande majorité des cas se
Au niveau de la fermeture de cuve, les goujons et les écrous font situant entre 40 et 60 °C.
l’objet d’examens par ressuage et par courants de Foucault (éven-
tuellement renouvelés entre deux décennales) et les taraudages de Cela est dû au choix d’aciers contenant peu de cuivre mais aussi
la bride de cuve sont soumis à un examen par ultrasons. Étant au fait que, depuis les années 1990, EDF adopte systématiquement
donné les indisponibilités considérables que pourrait entraîner un un positionnement des assemblages combustible qui minimise le
grippage lors de la refermeture de la cuve, l’exploitant procède à flux neutronique reçu par la cuve.
un examen visuel et à un nettoyage soigné des goujons, des À noter que des prélèvements réalisés directement dans la paroi
écrous et des taraudages à chaque arrêt. de la cuve de la centrale déclassée de Chooz A ont également
confirmé le caractère pessimiste des prévisions.
■ Recherche de défauts sous revêtement dans la zone de
cœur
Des capteurs spéciaux à ultrasons focalisés ont été développés 2.3.3 Actualisation périodique
pour détecter et caractériser des défauts, même petits, qui se trou- de la démonstration de sûreté
veraient juste sous le revêtement, en particulier dans la zone de
cœur. Cette technique est mise en œuvre lors des visites com- Tous les 10 ans, la démonstration de sûreté de chaque cuve est
plètes, permettant ainsi d’établir une cartographie très précise des actualisée à la lumière des résultats du programme de surveillance
défauts présents et de s’assurer de leur absence d’évolution. et, le cas échéant, des connaissances nouvelles.
■ Examens spécifiques Les défauts pris en compte sont ceux détectés par les inspec-
tions ainsi que les défauts hypothétiques qui auraient pu échapper
À l’ensemble des contrôles standards décrits ci-dessus, viennent aux examens (en fonction des performances sans cesse amélio-
s’ajouter des examens destinés à suivre une zone ou un problème rées de ces derniers). Les prévisions relatives au décalage de la
particulier, lorsque ce problème est avéré ou soupçonné : ressuage température de transition sont enrichies avec les résultats du PSI.
des parois externes des liaisons bimétalliques pour recherche de Enfin, les travaux d’études se poursuivent un peu partout dans le
décohésions intergranulaires, examen par ultrasons de tubulures monde – et à EDF en particulier – pour mieux cerner les transi-
toires accidentels possibles et affiner l’évaluation des contraintes
engendrées.
Les résultats de cette mise à jour des dossiers viennent étayer la
possibilité de poursuivre l’exploitation des tranches.
70
Référence Internet
BN3296
2.4 Situation à l’étranger Les internes inférieurs sont suspendus (et le cœur avec) à un
ressaut de la cuve (le « plan de pose »). Les internes supérieurs
En ce qui concerne l’inspection en service des cuves, le contrôle sont posés dessus, leur partie basse s’insérant dans les internes
des soudures tous les dix ans est la règle dans quasiment tous les inférieurs et leur partie haute occupant le volume sous le couvercle
pays, avec quelques différences minimes quant aux méthodes uti- (figure 1). Un anneau de calage est placé entre les deux et le main-
lisées. Mais la principale différence tient au fait que seule la France tien de l’ensemble est assuré par le serrage du couvercle.
réalise systématiquement un contrôle ultrasonore de grande préci-
sion dans l’acier ferritique juste sous le revêtement, et cela sur
3.1.2 Équipements internes inférieurs
toute la surface des viroles en face du cœur.
Dans tous les pays, il y a eu des études faites à la conception L’enveloppe de cœur est un cylindre suspendu dont le fond
pour démontrer que le risque de rupture de la cuve resterait suffi- est constitué d’une plaque épaisse, soudée et percée de nombreux
samment faible malgré la fragilisation de l’acier due à l’irradiation, trous, la plaque support de cœur, sur laquelle reposent les assem-
blages combustible dont le positionnement est assuré par des
2
études qui n’utilisent pas toutes les mêmes méthodes ni les
mêmes hypothèses. pions de centrage. En haut de l’enveloppe est fixée une bride qui
En ce qui concerne les températures de transition en fin de vie, s’appuie sur le plan de pose. L’eau « froide » arrive par les tubu-
elles sont très variables d’un pays à l’autre, d’une tranche à l’autre. lures d’entrée dans l’espace annulaire formé par la paroi de la cuve
Sur les cuves américaines les plus anciennes, cette température et l’enveloppe de cœur, et se trouve ainsi guidée jusqu’au fond de
pourrait dépasser les 130 °C du fait de la teneur élevée des aciers la cuve. Elle remonte ensuite, traverse la plaque support de cœur
en cuivre et/ou phosphore. Il en est de même pour certaines cuves et les assemblages combustible au contact desquels elle se
des pays de l’ex-bloc soviétique. Les cuves allemandes sont dans réchauffe, puis ressort par des ouvertures latérales ménagées dans
une situation beaucoup plus confortable dans la mesure où le l’enveloppe, en face des tubulures de sortie.
constructeur a mis une distance plus grande entre le cœur et la En partie basse de l’enveloppe, des clavettes stellitées contri-
paroi, réduisant ainsi le flux neutronique reçu par cette dernière. buent au maintien radial des internes en coulissant dans des glis-
Pour conforter les prévisions de fragilisation, tous les pays sières soudées à la paroi de la cuve.
exploitant ce type de réacteur ont mis en place un programme de Le cloisonnement du cœur est un ensemble de « planches »
surveillance de l’irradiation (même si, dans certains cas, il y a des métalliques, longues et étroites (les « baffles ») montées verticale-
doutes sur la provenance des éprouvettes utilisées...). ment à l’intérieur de l’enveloppe de cœur et assemblées de façon à
Pour ce qui est des défauts à prendre en compte dans l’analyse, former un pourtour polygonal épousant la forme carrée des
la France est la seule à mettre en œuvre une méthode permettant assemblages. Ces plaques sont fixées à l’enveloppe de cœur par
d’avoir une cartographie complète des défauts effectivement pré- des entretoises horizontales.
sents juste sous le revêtement. Faute d’avoir cette information, les Sur certaines tranches, une virole cylindrique épaisse, l’écran
autres pays font la démonstration de sûreté en prenant en compte thermique, est fixée autour de l’enveloppe de cœur pour limiter le
un défaut hypothétique supposé enveloppe de tout ce qui peut flux neutronique reçu par l’acier de la cuve.
être rencontré...
En partie basse, divers éléments permettent, d’une part, d’amor-
Plusieurs pays ayant des cuves relativement fragilisées se sont tir la chute en cas de rupture de l’enveloppe de cœur et, d’autre
intéressés aux possibilités de restaurer, au moins partiellement, la part, de guider les doigts de gant de l’instrumentation neutronique
ténacité originelle de l’acier de cuve en lui faisant subir, in situ, un qui peuvent s’insérer dans le cœur ou en ressortir.
traitement thermique dit « de recuit ».
En ce qui concerne la corrosion sous contrainte des adaptateurs 3.1.3 Équipements internes supérieurs
de couvercles en alliage 600, de nombreux exploitants ayant des
couvercles identiques considéraient que le problème était spécifi- Les équipements internes supérieurs comportent :
quement français... jusqu’à ce qu’un incident (Davis Besse, États-
– en partie basse, la plaque supérieure de cœur qui est percée de
Unis) leur prouve le contraire et les oblige à se lancer dans des
nombreux trous pour permettre le passage de l’eau et des grappes
programmes d’investigation et de remplacements de couvercles
et qui vient coiffer les têtes des assemblages combustible dont le
plus volontaristes.
bon positionnement est assuré par des pions de centrage ;
– en partie haute, la plaque support des tubes-guides qui y sont
vissés.
3. Équipements internes Entre ces deux plaques, se trouvent des colonnes entretoises et
les tubes-guides qui assurent le guidage des grappes de contrôle
de la cuve lors de leurs mouvements ascendants et descendants. Chaque
tube-guide est constitué d’un carter ajouré, à l’intérieur duquel se
trouvent des dispositifs de guidage des crayons des grappes.
L’extrémité inférieure de chaque tube-guide comporte deux bro-
3.1 Conception et fabrication ches à lamelles qui viennent s’insérer dans des trous de la plaque
supérieure de cœur, garantissant ainsi le parfait alignement des
3.1.1 Dispositions générales et fonctions grappes avec les assemblages.
Au-dessus de la plaque support, on trouve quatre colonnes qui
Les équipements internes de la cuve comprennent deux sous-
traversent le couvercle et dans lesquelles passent les câbles des
ensembles : les équipements internes inférieurs (EII) qui sup-
thermocouples mesurant les températures en sortie du cœur.
portent les assemblages combustible (le cœur) et les équipements
internes supérieurs (EIS) qui maintiennent les assemblages à leur
extrémité supérieure et assurent le guidage des grappes de 3.1.4 Positionnement respectif des différents
contrôle. Ils sont constitués d’un grand nombre d’éléments assem- éléments
blés par soudage ou vissage, avec une précision dimensionnelle
exceptionnelle. La plupart sont en acier austénitique de type 304L Il est nécessaire de garantir, en toutes circonstances, un parfait
en état hypertrempé ; d’autres sont en acier de type 316 ou 316L positionnement des composants des internes et du cœur, avec
écroui (vis, pions de maintien) ou en alliage de nickel (broches des juste ce qu’il faut de jeux pour permettre les dilatations. Pour ce
tubes-guides, vis). faire, des broches d’alignement ou de guidage, des encoches
71
Référence Internet
BN3296
2
de cœur
3.2.1 Relâchement du calage des internes
Les structures internes sont maintenues en place par la ferme- Lamelles
ture du couvercle qui vient comprimer la plaque support des
tubes-guides, la bride de l’enveloppe de cœur et l’anneau de
calage qui est placé entre les deux et présente une certaine élasti-
cité. Sur certaines tranches étrangères, le relâchement de la pré-
charge assurée par cet anneau a conduit à des mouvements Figure 3 – Schéma d’une broche de tube-guide : fissuration
anormaux des internes et des endommagements. Ces événements au niveau d’une lamelle
ont amené EDF à changer les anneaux de calage pour bénéficier
de meilleures caractéristiques mécaniques.
3.2.5 Fissuration des vis du cloisonnement
3.2.2 Vibrations et usure Sur les premières tranches, les examens par ultrasons ont révélé
que, sur les mille vis servant à fixer le cloisonnement du cœur,
Des jeux étant indispensables pour permettre les libres dilata- quelques-unes étaient fissurées. Les études ont montré que l’on
tions, certains composants des internes ne sont pas totalement bri- pouvait tolérer l’absence d’un certain nombre de ces vis mais il a
dés et peuvent entrer en vibration sous l’effet de l’écoulement du quand même été décidé de remplacer celles jugées sensibles. Sur
fluide primaire. De ce fait, des traces d’usure ont parfois été obser- les tranches suivantes, des améliorations notables ont été appor-
vées à l’interface des dispositifs de positionnement et, de façon tées. À ce jour, aucun autre cas n’a été détecté mais une surveil-
plus importante, sur les doigts de gant de l’instrumentation du lance par échantillonnage est maintenue.
cœur, en partie basse, ce qui a conduit à la modification de leur
guidage.
3.2.6 Usure des tubes-guides
3.2.3 Incidents de manutention Sur les pièces qui guident les grappes de contrôle à l’intérieur
des tubes-guides, les premiers cas d’usure ont été observés après
Les internes supérieurs sont retirés à chaque arrêt pour rechar- une vingtaine d’années de fonctionnement : usure longitudinale
gement à l’aide du pont polaire et déposés sur un stand de due aux montées et descentes des grappes mais aussi usure de
stockage. Cette manutention est délicate et on compte de nom- contact par petits débattements due aux vibrations des crayons. Le
breux incidents liés à des coincements intempestifs ou des ren- problème semble limité et ne remet pas en cause la sûreté : les
contres malencontreuses avec un obstacle. Les dégradations sont essais périodiques de temps de chute des grappes permettent de
toujours réparables mais l’impact sur la durée de l’arrêt de tranche s’assurer que leur fonctionnement n’est pas perturbé. De toute
peut être important si le pont polaire se trouve temporairement façon, les tubes-guides peuvent toujours être remplacés.
paralysé avec une charge suspendue.
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Référence Internet
BN3297
1. La turbine..................................................................................................... BN 3 297 - 2
1.1 Conception, fabrication, exploitation ........................................................ — 2
1.2 Retour d’expérience.................................................................................... — 3
1.3 Surveillance en fonctionnement................................................................ — 4
1.4 Maintenance à l’arrêt .................................................................................. — 4
1.5 Réparation, rénovation, remplacement .................................................... — 5
2. L’alternateur ................................................................................................ — 5
2.1 Conception et construction ........................................................................ — 5
2.2 Retour d’expérience.................................................................................... — 6
2.3 Surveillance en fonctionnement................................................................ — 7
2.4 Maintenance à l’arrêt .................................................................................. — 7
2.5 Maintenance exceptionnelle et rénovation............................................... — 7
3. Le condenseur et autres échangeurs ........................................................ — 8
3.1 Le condenseur ............................................................................................. — 8
3.2 Les sécheurs-surchauffeurs ....................................................................... — 10
3.3 Les réchauffeurs du poste d’eau................................................................ — 11
3.4 Les aéroréfrigérants.................................................................................... — 11
4. Les transformateurs de puissance ............................................................ — 12
4.1 Conception et fabrication ........................................................................... — 12
4.2 Retour d’expérience.................................................................................... — 12
4.3 Maintenance des transformateurs............................................................. — 13
5. Les matériels génériques ........................................................................... — 14
5.1 Tuyauteries et supports.............................................................................. — 14
5.2 Appareils de robinetterie............................................................................ — 16
5.3 Les câbles .................................................................................................... — 17
6. Instrumentation et contrôle-commande .................................................. — 18
6.1 Architecture générale ................................................................................. — 18
6.2 Les composants et les technologies.......................................................... — 19
6.3 Retour d’expérience et maintenance......................................................... — 20
7. Conclusion ................................................................................................... — 21
8. Glossaire ...................................................................................................... — 21
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. BN 3 297
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Référence Internet
BN3297
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Référence Internet
BN3297
De gauche à droite : l’alternateur, un corps basse pression ouvert pour maintenance, deux autres corps BP (capots verts) ; le corps HP est masqué par le corps BP
le plus à droite – En insert, un rotor BP sorti pour maintenance.
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Référence Internet
BN3297
Des mesures ont été prises en fabrication pour éviter la pré- 1.3 Surveillance en fonctionnement
sence d’éléments chimiquement agressifs et des contrôles par
ultrasons sont réalisés avec une périodicité adaptée à la sensibi- Le principal indicateur de l’intégrité d’une machine est son
lité de l’ailettage. Les ailettes trop dégradées sont remplacées. niveau de vibrations. Celles-ci sont mesurées en continu au
■ Les disques niveau des paliers et les seuils d’alarme sont très bas (typique-
ment 150 μm). Une variation brutale peut être due à un transitoire
Des fissures de corrosion sous contrainte ont été observées en de fonctionnement (problème de vide au condenseur), à la perte
différents points sur des disques frettés. De telles fissures, si elles d’un morceau de rotor (départ d’ailette), à un glissement relatif
se développaient de trop, pourraient provoquer l’éclatement des des plateaux d’accouplement ou encore à une fissuration trans-
disques en rotation et des dégâts majeurs pour la ligne d’arbre. verse de l’arbre.
Des défauts initiés par corrosion de frottement (ou fretting corro-
sion) ont également été observés. Des systèmes experts ont été développés et mis en place pour
traiter les données de la surveillance vibratoire de façon beaucoup
2
Pour gérer ce problème, on réalise des contrôles périodiques plus fine et pour donner un diagnostic – voire un pronostic – sur
par ultrasons et par magnétoscopie, éventuellement suivis de la
l’intégrité de la machine et sur les défauts qui pourraient la mena-
rénovation des rotors trop affectés. Plus d’une vingtaine de
cer. Cette analyse sera bientôt faite en continu. De ce point de
rotors ont ainsi été rénovés et le problème semble maintenant
vue, l’intérêt d’exploiter un grand nombre de machines identiques
maîtrisé.
est considérable.
■ Les arbres La surveillance de l’homogénéité des températures sur les cous-
Un phénomène de fissuration transverse affecte ou peut affec- sinets d’un même palier permet d’apprécier le bon alignement de
ter les arbres des rotors à disques frettés. Les fissures semblent l’arbre.
s’initier par un mécanisme de « fretting » puis se propagent par Les rondes sont autant d’occasions de détecter les manifesta-
fatigue en flexion alternée (particulièrement en phase de virage, tions externes d’anomalies internes : bruits suspects, fuite de
c’est-à-dire en rotation lente à froid). fluide, vibration de tuyauteries, détérioration de supports, etc.
Des méthodes de détection et de caractérisation des défauts ont Enfin, des essais spécifiques permettent de vérifier le bon fonc-
été qualifiées et leur mise en œuvre a fourni un état complet des
tionnement de certains organes : chaînes de mesure et alarmes,
turbines concernées. Les études ont montré qu’au-delà d’une cer-
dispositifs de protection, organes d’admission, analyse des
taine dimension, une fissure induit un changement détectable du
fluides.
comportement vibratoire de la turbine. Les machines affectées
sont donc surveillées avec un soin particulier.
Les études mécaniques ont permis de déterminer un critère au- 1.4 Maintenance à l’arrêt
delà duquel un rotor doit être remplacé (ce qui, in fine, arrivera
probablement à tous les rotors concernés). À l’origine, la maintenance incluait de nombreuses révisions qui
se sont souvent avérées inutiles, voire défiabilisantes. D’où le
1.2.3 Rotors à disques soudés développement d’une maintenance plus « conditionnelle ».
Aujourd’hui, le programme standard de maintenance à l’arrêt des
■ Fissuration des ailettes terminales turbines comporte principalement :
Des fissures ont été trouvées dans le pied des ailettes termi- – des visites complètes qui ont lieu avec une périodicité
nales (les plus grandes). Ces fissures sont attribuées à un méca- moyenne de douze ans ;
nisme de fatigue (fatigue de contact puis fatigue vibratoire). Bien – des visites intermédiaires qui permettent, en particulier, de
que peu fréquent, le phénomène est à fort enjeu étant donné les suivre de façon plus rapprochée le développement de certains
risques qu’un départ d’ailette fait courir à tout le groupe turbo- endommagements, visites dont la périodicité est en moyenne de
alternateur. Des examens par magnétoscopie ou par courants de 6 ans ;
Foucault sont donc réalisés avec une périodicité adaptée sur les – des contrôles et des travaux de petit entretien réalisés à
rotors de ce type. Les ailettes fissurées sont remplacées. chaque arrêt ou avec une périodicité adaptée.
■ Fissuration des disques au niveau des attaches des ailettes ter- Pour les machines déjà affectées ou susceptibles d’être affec-
minales tées par un problème particulier, des actions de maintenance spé-
Des fissures affectent les disques au niveau des attaches des cifiques sont ajoutées avec une périodicité adaptée (généralement
ailettes terminales. Elles sont imputables à de la fatigue oligocy- des examens non destructifs).
clique consécutive au chargement centrifuge dans des zones de À l’approche d’un arrêt, un certain nombre d’actions sont réali-
forte concentration de contraintes. Les défauts sont petits et sées : analyse de l’historique de la machine et du retour d’expé-
évoluent peu. Ils sont détectables par ultrasons et peuvent être rience des machines identiques, analyse des données de
éliminés. surveillance et d’essai, relevé topographique à chaud de la table
de groupe et de la ligne d’arbre pour évaluer le besoin d’une
1.2.4 Problèmes rencontrés sur les autres reprise de lignage, etc. Ces actions permettent d’établir un bilan
composants de santé et de définir précisément le programme de maintenance
qui sera mis en œuvre lors de l’arrêt.
Dans les premières années, les organes d’admission ont été Nous ne pouvons décrire de façon détaillée toutes les actions
l’objet de différentes avaries, ces « maladies de jeunesse » ont de maintenance réalisées pendant une visite complète sur des
toutes trouvé leur solution. Plusieurs problèmes ont été rencon- machines aussi complexes : contrôle des jeux, de la position des
trés sur les stators : rupture de goujons, fuite au plan de joint, différents éléments, du serrage des assemblages, nombreux exa-
frottements aux étanchéités, affaissement des séparateurs de flux.
mens (visuels, ressuage, ultrasons, magnétoscopie – figure 3) en
Quelques difficultés ont aussi été rencontrées sur les paliers :
particulier dans les zones où un dommage est suspecté (au vu des
décollements du régule, rayures, mauvais réglages. Et sur les cir-
analyses ou du retour d’expérience), vérifications de propreté, etc.
cuits auxiliaires, des fuites et des ruptures par fatigue de tuyaute-
ries ont entraîné la perte de pression de soulèvement et des Les visites intermédiaires sont plus légères (les diaphragmes
incidents de coussinets. inférieurs ne sont pas démontés) mais incluent nécessairement
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Référence Internet
BN3297
Figure 3 – Examen par ultrasons des aubes d’un stator (© Alstom, Figure 4 – Dépose d’un rotor BP (© Alstom, Lamperti)
Lamperti)
77
2
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Référence Internet
BM4188
1. Définitions............................................................................................... BM 4 188v2 - 2
2
1.1 Maintenance .............................................................................................. — 2
1.2 Défaillances ............................................................................................... — 2
1.3 Temps ........................................................................................................ — 2
1.4 Niveaux de maintenance.......................................................................... — 3
2. Types de maintenance ......................................................................... — 3
2.1 Maintenance corrective ............................................................................ — 4
2.2 Maintenance préventive ........................................................................... — 4
2.3 Maintenance prédictive ou prévisionnelle.............................................. — 7
2.4 Éléments de comparaison........................................................................ — 7
3. Choix d’une politique de maintenance ........................................... — 7
4. Gestion de la maintenance ................................................................. — 8
4.1 Classement des items............................................................................... — 8
4.2 Suivi des opérations ................................................................................. — 9
4.3 Suivi des stocks......................................................................................... — 9
4.4 Analyse des coûts ..................................................................................... — 10
4.5 Gestion de la maintenance assistée par ordinateur (GMAO)................ — 11
5. Organisation des travaux lourds....................................................... — 11
6. Techniques d’entretien des moteurs industriels .......................... — 12
6.1 Distribution ................................................................................................ — 12
6.2 Système d’injection .................................................................................. — 13
6.3 Éléments constitutifs du cylindre ............................................................ — 14
7. Conclusion............................................................................................... — 18
8. Glossaire .................................................................................................. — 18
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. BM 4 188v2
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BM4188
1.1 Maintenance
L’objectif de la maintenance peut consister, entre autres, à dimi-
nuer le nombre de défaillances touchant une machine. On s’inté-
resse donc plus particulièrement à la probabilité d’apparition de
La maintenance est définie dans la norme NF EN 13306 ces défaillances sur la durée de vie de la machine.
comme étant : « l’ensemble de toutes les actions techniques,
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Référence Internet
BM4188
Temps total
Module cylindre
Filtre
Temps Temps Temps
effectif de potentiel de potentiel Échangeurs
disponibilité disponibilité d’indisponibilité
Temps effectif
d’indisponibilité
Filtre
2
Temps de Temps Temps propre
fonctionnement d’attente d’indisponibilité
Temps Pompes à eau
propre Temps
de d’indisponibilité
disponibilité pour cause externe
Pompe à huile
Suite à
défaillance Le MTBO n’a de sens que lors de l’application de la mainte-
nance systématique, nous développerons ce point au
paragraphe 3.
Figure 2 – Définition des temps (d’après [1])
Pour faciliter la gestion des temps, on peut aussi effectuer une 1.4 Niveaux de maintenance
autre approche. Cette approche, très prisée par les anglo-saxons,
nécessite la définition de nouveaux temps :
Pour faciliter principalement la gestion des personnels affectés à
– le MTBF (mean time beetween failure, moyenne des temps de la maintenance, on définit plusieurs niveaux d’intervention :
bon fonctionnement) caractérise la fiabilité du matériel dans les
conditions prescrites d’utilisation ; – niveau 1 : réglages simples sans démontage, rondes et surveil-
– le MTTR (mean time to repair, moyenne des temps des tâches lances pendant la marche ;
de réparation) caractérise la maintenabilité du matériel ;
– niveau 2 : dépannage par échange standard d’éléments prévus
– le MTBO (mean time beetween overhaul , moyenne des temps
à cet effet et opérations mineures ;
entre révisions).
Le MTBF est généralement déterminé par une loi de fiabilité – niveau 3 : identification et diagnostic de pannes, réparation ou
issue du calcul statistique, mais peut aussi faire appel à l’expé- remplacement d’éléments fonctionnels ;
rience obtenue lors des premiers mois de fonctionnement d’une – niveau 4 : travaux de maintenance corrective ou préventive
machine. Nous y reviendrons au paragraphe 3. nécessitant des démontages importants ;
Le MTTR dépend essentiellement de la conception de la
– niveau 5 : rénovation, reconstruction, modifications impor-
machine, mais doit être aussi exprimé à partir de données de
tantes faisant appel à une main-d’œuvre qualifiée.
départ précises telles que le nombre et la qualification du person-
nel, l’application de procédures adaptées et la disponibilité de
Il faut noter que la qualification ou la formation du personnel
l’approvisionnement prescrit.
doit être élevée à partir du niveau 3, le diagnostic de pannes repo-
sant sur une connaissance approfondie des principes de fonction-
nement des machines.
La disponibilité d’un appareil est déterminée par le rap-
port entre le temps moyen de bon fonctionnement (MTBF) et le
temps moyen nécessaire aux opérations de maintenance
(MTTR).
2. Types de maintenance
La figure 3 montre un moteur Diesel industriel récent, conçu
pour des MTTR réduits. On constate que les éléments nécessitant Il existe plusieurs façons d’organiser les actions de maintenance
le plus d’interventions de maintenance (filtres, échangeurs, pour obtenir la disponibilité maximale du matériel au coût mini-
pompes de circulation) sont regroupés à une extrémité du moteur mum. Il en ressort les types de maintenance suivants :
et d’un accès facile, tandis que chaque cylindre est traité comme
un module comprenant collecteurs, culasse, chemise, piston, – maintenance corrective (§ 2.1) ;
bielle.
– maintenance préventive (§ 2.2) ;
Ce type de conception permet une réduction des MTTR dans un
rapport de 4 comparé aux moteurs de la génération précédente. – maintenance prédictive (§ 2.3).
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BM4188
2.1 Maintenance correcive Si l’on établit un arbre des causes possibles, on obtient le schéma
de la figure 4.
L’analyse consiste à valider des branches possibles, à commencer
2.1.1 Définitions par les plus importantes, par vérification de paramètres significatifs.
L’opération de maintenance intervient après défaillance. C’est Il faut choisir un paramètre de fonctionnement facilement mesu-
l’attitude qui consiste à attendre la panne pour procéder à une rable, qui permette de valider le choix entre les différentes branches.
intervention. Elle peut se décomposer en deux branches : la main- Dans l’exemple retenu, le premier paramètre significatif est donné par
tenance palliative et la maintenance curative. l’évolution de la pression dans la chambre rapportée à l’angle d’arbre
manivelle (diagramme décalé). La pression de compression, fournie
■ Maintenance palliative : l’action de dépannage permet de par ce diagramme, permet de choisir parmi les trois branches pos-
remettre provisoirement le matériel à un niveau de performance sibles (faible : branche 3 ; normale : branche 1 ou branche 2).
acceptable mais inférieur au niveau optimal. Le déroulement de l’analyse est donné par le diagramme de la
Exemple : pour illustrer la méthode, prenons le cas d’un opéra- 2.2 Maintenance préventive
teur assurant le suivi du fonctionnement d’un moteur industriel Diesel
lent, 2 temps, de grande puissance (40 à 50 MW), utilisé dans une
centrale de production d’énergie électrique. 2.2.1 Définitions
Le moteur étant instrumenté avec des sondes de température des Les interventions de maintenance sont déclenchées avant les
gaz d’échappement pour chaque cylindre, on suppose que l’on défaillances et en fonction d’un paramètre. On cherche alors à
constate une température anormalement élevée à l’échappement tendre vers un taux de défaillance nul en effectuant les interven-
d’un des cylindres (cylindre n° 4 : 480 °C au lieu de 390 °C). tions permettant le maintien du niveau de performance requis
Après la prise des mesures élémentaires de sécurité consistant à avant l’apparition du défaut. Elle se décompose en deux branches :
transférer la charge de l’alternateur puis à découpler celui-ci, le la maintenance systématique et la maintenance conditionnelle.
moteur reste en fonctionnement à charge partielle afin d’analyser le • Maintenance systématique : le paramètre déclencheur est
défaut. le temps, que ce soit le temps réel (quel que soit le temps de fonc-
Température
haute
d’échappement
Branche 1 Branche 3
Branche 2
Tringlerie de
Pulvérisation Distribution Injecteur Défaut Défaut
commande de
défectueuse décalée non étanche d’étanchéité d’alimentation
pompe décalée
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Bâtiment réacteur
Salle des machines
Turbine Alternateur
Générateur
de vapeur
Pressuriseur
Aéroréfrigérant
Cuve Condenseur
Pompe
Fleuve
2
Circuit primaire Circuit secondaire Circuit de refroidissement
Figure 2 – Schéma de fonctionnement d’une tranche nucléaire de type REP (en circuit fermé)
primaire qui sont non isolables du cœur (la cuve, les fonds et les
Pressuriseur tubes des GV, les volutes des pompes, le pressuriseur et les tuyau-
Générateur de vapeur teries qui relient ces composants).
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BN3295
2 1.2.5 Contrôle-commande
et alimentations électriques
doivent être assurées en toutes circonstances : maîtriser la réacti-
vité dans le cœur ; refroidir le combustible ; confiner les produits
radioactifs ; protéger les personnes et l’environnement.
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1.3.4 Disponibilité des matériels et des systèmes primaire, etc. Ensuite, il appartiendra à l’exploitant de vérifier que
la réalité est conforme à toutes ces hypothèses.
À l’origine, les études probabilistes de sûreté (EPS) ont servi à
Pour le responsable de maintenance, les résultats de ces études
démontrer que la conception satisfaisait aux objectifs de sûreté. Ce
constituent une mine d’informations. La connaissance des marges
type de démonstration impose de faire des hypothèses sur la fiabi-
que présentent les matériels vis-à-vis des différents mécanismes
lité des systèmes, des matériels et des hommes. De ces hypo-
d’endommagement donnent des indications précieuses sur les
thèses d’études vont découler un certain nombre d’exigences à
zones qui doivent être surveillées en priorité. Par exemple, avoir
respecter par l’exploitant.
une estimation du risque de fissuration par fatigue en chaque
En ce qui concerne les matériels, les fiabilités prises en compte point d’un composant permet d’optimiser le programme d’inspec-
dans les études constituent des objectifs pour le responsable de tion vis-à-vis de cette forme de dommage (estimation qui peut être
maintenance. Par ailleurs, ces mêmes études concluent générale- pondérée en comparant les transitoires réels aux hypothèses de
ment que la mise hors service d’un circuit qui contribue à la sûreté conception). Et disposer de résultats d’essais mettant en évidence
2
n’est acceptable que sous certaines conditions. On pourrait penser les paramètres qui favorisent tel ou tel mécanisme de corrosion
que la présence de redondances dans les systèmes tempère cette permet d’orienter la surveillance et éventuellement d’ajuster les
limitation : mais quand l’un est arrêté et que l’autre prend le relais, conditions d’exploitation.
la redondance n’existe plus, une situation qui elle-même n’est
Les règles de construction incluent également des dispositions
acceptable que pour un temps limité.
relatives au choix des matériaux, aux procédés de fabrication, au
Ce sont les règles générales d’exploitation (RGE) qui fixent les soudage, aux contrôles à effectuer en fin de fabrication. Les résul-
exigences à respecter par l’exploitant pour que les démonstrations tats de ces contrôles, accessibles au futur propriétaire-exploitant,
de sûreté restent valides : quels matériels et quels systèmes constituent des données précieuses pour repérer des zones de fai-
doivent être en état de fonctionner dans telle ou telle situation de blesse ou comprendre l’origine d’une anomalie détectée ultérieure-
la tranche ? Et, a contrario, quels matériels ou quels systèmes ment sur un matériel.
peuvent rester hors service et pendant combien de temps ? Le plus
souvent, cette mise hors service (ou « retrait d’exploitation ») ne
sera autorisée que pendant une période courte, qu’elle soit volon- 1.4 Calendrier de l’exploitation
taire (pour faire de la maintenance préventive) ou involontaire
(pour réparer suite à défaillance). Au-delà, c’est toute la tranche
Le combustible s’use en quelques années, il faut donc le renou-
qu’il faudra arrêter. Une contrainte qui pèse lourd sur l’ordonnan-
veler périodiquement. Pour ce faire, les tranches sont arrêtées à
cement de la maintenance.
intervalles réguliers et les assemblages les plus anciens sont rem-
placés par des neufs. En France, ces arrêts ont lieu tous les 12
1.3.5 Qualification des matériels aux conditions mois pour certaines tranches (avec remplacement d’un quart du
accidentelles cœur) et tous les 18 mois pour les autres (avec remplacement d’un
tiers du cœur). Une certaine flexibilité est possible (fonctionnement
En cas d’accident, les conditions qui environnent certains circuits en « stretch ») mais avec des contraintes.
peuvent devenir hostiles : température et humidité élevées, rayon- Par ailleurs, les possibilités de faire de la maintenance quand la
nements importants, accélération violente due à un séisme, chute tranche est en fonctionnement sont très limitées : forte contrainte
de structures, etc. Malgré cela, tous les matériels nécessaires au sur la mise hors service des systèmes, accessibilité réduite, envi-
pilotage de la tranche doivent continuer à fonctionner, au moins ronnement hostile. De ce fait, la majeure partie de la maintenance
assez longtemps pour que celle-ci soit ramenée dans un état sûr. est réalisée pendant les arrêts programmés pour le renouvelle-
On dit qu’ils sont « qualifiés aux conditions accidentelles ». ment du combustible, arrêts dont la périodicité est imposée et
Pour démontrer cette qualification, on a procédé, à l’origine, à dont le placement résulte de considérations touchant principale-
des essais en plaçant un exemplaire de chaque matériel dans les ment à l’équilibre du système électrique. Obligée de s’ajuster sur
conditions qu’il rencontrerait pendant un accident. Les « cobayes » ce calendrier, la maintenance n’a donc que très peu de degrés de
étaient des composants neufs mais avant de les tester, on leur a liberté en matière de programmation.
fait subir un vieillissement accéléré pour que la démonstration soit Mais n’imaginons pas que pendant l’arrêt, le responsable de
probante. maintenance peut s’organiser comme il l’entend. Il y a toujours du
L’opérateur de maintenance doit bien connaître le sujet et veiller combustible quelque part qui doit être refroidi et de nombreux
à ce que ses activités ne remettent pas en cause cette capacité des systèmes sont encore en fonctionnement. Du coup, les exigences
matériels à fonctionner en situation accidentelle (ce qui peut arri- liées à la sûreté s’appliquent encore et pèsent lourd sur l’ordon-
ver avec un remontage non conforme ou une pièce de rechange nancement des activités (en particulier le fait que le retrait
présentant des différences qui semblent anodines). d’exploitation de certains matériels ne soit autorisé que dans des
configurations particulières de la tranche et pour un temps limité).
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– limiter les interventions au strict nécessaire pour éviter le gas-
pillage des ressources, tant sur le plan financier que dosimétrique,
et pour réduire les risques associés aux non-qualités de
maintenance ;
2. Politique de maintenance – faire en sorte que la mise en œuvre des programmes de main-
tenance « pèse » le moins possible sur la durée des arrêts de
tranche, en particulier en minimisant le risque de prolongation de
2.1 Enjeux ces arrêts par une anticipation intelligente des aléas possibles ;
– garantir une durée de vie des composants et assurer des
modalités de remplacement cohérentes avec la politique de ges-
2.1.1 Enjeu sûreté tion du patrimoine.
La maintenance a un rôle majeur à jouer pour surveiller et main-
tenir en bon état les trois barrières qui séparent les produits
radioactifs de l’extérieur (§ 1.3.2) et pour garantir la fiabilité des 2.3 Principes
systèmes tel que prévu à la conception. Elle doit s’attacher à res-
pecter les durées de mise hors service autorisées, ne pas obérer la Malgré l’existence de redondances fonctionnelles, les exigences
qualification des matériels aux conditions accidentelles et ne pas de sûreté et de disponibilité nécessitent une fiabilité importante de
induire de mode commun de défaillance. nombreux composants. C’est donc une maintenance essentielle-
ment préventive qui est mise en œuvre.
A contrario, il faut éviter que des actions de maintenance mal
maîtrisées ne défiabilisent l’installation. Cela conduit à ne faire de Mais la maintenance préventive effectuée de façon systématique
la maintenance que quand elle est vraiment utile, voire indispen- présente certains inconvénients : elle est souvent intrusive et
sable, et à prendre des dispositions particulièrement draconiennes nécessite des démontages qui peuvent être coûteux et délicats et
en matière de prévention et détection des non-qualités. devenir eux-mêmes une cause de défiabilisation.
C’est pourquoi les exploitants nucléaires se tournent aussi sou-
2.1.2 Enjeu économique vent que possible vers une maintenance préventive
conditionnelle : on surveille le fonctionnement du composant en
Plus de la moitié des dépenses d’exploitation est consacrée à la suivant un ou plusieurs paramètres considérés comme représenta-
maintenance, soit entre 1 et 2 milliards d’euros par an pour les 58 tifs de sa « santé » ; et ce n’est que lorsque ces paramètres
tranches du parc EDF. Cela comprend des dépenses de main atteignent une limite, qu’une intervention est déclenchée pour res-
d’œuvre interne, des achats de prestations et des achats de maté- taurer un état satisfaisant. Un exemple classique : le suivi des
riels. Le budget correspondant couvre la maintenance « courante » vibrations pour juger de l’état de santé d’une pompe et n’engager
ainsi que les opérations de maintenance exceptionnelle telles que une action de maintenance intrusive que lorsque cela est indispen-
la rénovation ou le remplacement de gros composants. Quant aux sable.
non-qualités en maintenance, elles peuvent se payer très cher sous La surveillance – première étape d’une démarche de mainte-
forme de prolongation d’arrêt ou d’arrêt fortuit ultérieur. nance conditionnelle – peut utiliser les données du process dont se
Mais il ne faut pas voir dans la maintenance qu’une source de servent les opérateurs pour conduire l’installation (pressions, tem-
dépenses. Elle joue un rôle essentiel pour garantir la disponibilité pératures, débits, flux neutronique, caractéristiques des fluides,
des moyens de production. D’une part en évitant les arrêts fortuits, vibrations, etc.) mais aussi des informations fournies par une ins-
d’autre part en faisant en sorte de peser le moins possible sur la trumentation particulière ou des résultats d’essais. La surveillance
durée des arrêts programmés. peut être continue (suivi d’un indicateur en salle de commande par
Plus généralement, une fois la sûreté assurée, c’est le choix d’un exemple) ou périodique (relevés en local, inspections pendant les
couple « dépenses de maintenance – disponibilité » qui doit servir arrêts).
de boussole.
Quelques exemples de techniques de surveillance typiques :
2.1.3 Enjeu durée de fonctionnement – suivi de la teneur en Ag 110m du fluide primaire comme
indicateur de l’usure des grappes de contrôle ;
La construction d’une centrale nucléaire est un investissement – mesure de l’azote 16 dans la vapeur pour suivre la dégrada-
considérable, sa rentabilité n’est envisageable que si la durée tion des tubes de GV via la fuite primaire-secondaire que cela
d’exploitation est suffisamment longue. Les études et l’analyse du induit ;
retour d’expérience n’ont, à ce jour, pas mis en évidence d’obsta- – analyse des gaz dissous et des traceurs de la dépolymérisa-
cle technique rédhibitoire qui empêcherait d’exploiter les tranches tion des isolants dans l’huile des transformateurs pour suivre
nucléaires françaises 60 voire 80 ans en toute sûreté [BN 3 307]. leur vieillissement.
Pour y parvenir, la maintenance a un rôle important à jouer en
optimisant la durée de vie des composants et en gérant au mieux
les stratégies de rénovation. Elle doit aussi veiller à ne pas mettre Avec une démarche de maintenance conditionnelle, il y a un
en péril le support industriel indispensable. risque de voir les paramètres suivis atteindre leur valeur limite
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1. Vérifications 1.1.1 Examen visuel
Cet examen est effectué sur l’ensemble de l’installation hors
Il s’agit essentiellement de vérifier l’application des règles de tension et précède les essais et mesures ; il consiste à :
séc urité ; il est parfois difficile de dire dans quelle mesure certaines — s’assurer que les mesures de protection contre les contacts
concernent la sécurité des personnes ou celle des biens. Des règles directs sont correctes ; à cet effet, on vérifie le bon état apparent
dites d’aptitude à la fonction peuvent quelquefois être interprétées des canalisations, leurs fixations, la fermeture des enveloppes
comme faisant partie de la sécurité, si l’on considère que celle-ci d’appareillage, les distances séparant éventuellement les parties
doit rester d’un niveau acceptable jusqu’à la fin de la durée de vie actives nues des grillages, obstacles, barrières, etc. ;
prévisible d’un équipement ou d’une installation, dont la bonne — vérifier la présence et la bonne exécution des barrières et
utilisation ou l’exécution correcte peuvent influer favorablement obturations coupe-feu ;
sur le maintien de la sécurité. Il en est ainsi des règles de l’art qui — vérifier la compatibilité des mesures de protection choisies et
incluent prescriptions écrites et usages non codifiés ; si la sécurité des influences externes aux emplacements des matériels ;
n’est pas mise en cause par le manque d’esthétique ou la régul- — vérifier que rien ne s’oppose à la dissipation normale de la
arité de pose d’une canalisation, il est délicat d’en fixer la frontière chaleur dégagée par certains matériels (résistances de démarrage,
exacte, et la réception des ouvrages peut donner lieu à des inter- transformateurs, projecteurs...) ou à leur écartement convenable
prétations parfois divergentes. de matériaux combustibles, déformables ou décomposables ;
La vérification de la conformité aux spécificités du cahier des — vérifier l’identification des conducteurs de protection et
charges, juridiquement fait partie de la réception, n’est pas traité ici neutre ;
puisqu’elle n’est pas codifiée, étant chaque fois un cas d’espèce. — s’assurer de la présence des schémas, plans, notices
d’appareillages, etc. (par exemple, dans des pochettes placées
dans les contre-portes des tableaux et armoires) ;
— vérifier la concordance des identifications de circuits avec
1.1 Vérifications lors de la mise en celles figurant sur les plans et schémas ;
service — vérifier le choix des conducteurs pour les courants admis-
sibles et la chute de tension (notes de calculs) ;
— vérifier le choix des dispositifs de protections en fonction des
Ces vérifications, dites aussi initiales, consistent en examens courants d’emplois et des courants de courts-circuits (notes de
visuels, en essais et en mesures, afin de s’assurer de la calculs) ;
conformité des installations aux réglementations et aux normes. — vérifier la présence et le bon étiquetage, aux endroits
adéquats, des dispositifs de coupure d’urgence, arrêt d’urgence,
Les informations suivantes doivent être fournies lors de la sectionnement, commande, etc., ainsi que leur accessibilité ;
vérification initiale. — s’assurer que le libellé des étiquettes et plaques signalétiques
des commandes, des protections, correspondent bien à la déno-
Les schémas et/ou diagrammes doivent indiquer notamment : mination réelle des locaux ou utilisations courantes ;
— la nature et la constitution des circuits (points d’utilisations — vérifier le serrage des connexions (barres, distributeurs,
desservis, nombre et section des conducteurs, nature des bornes, etc.) ;
canalisations) ; — vérifier la bonne accessibilité des équipements et notamment
— le type et la section des conducteurs ; le respect des règles de l’article 781 de la norme NF C 15-100 relatif
aux locaux et emplacements de service électriques. Les distances
— la longueur du circuit ; minimales sont données dans le tableau 1. (0)
— la nature et le type des dispositifs de protection ;
— l’emplacement, le type, le courant assigné ou de réglage des
dispositifs de protection ; 1.1.2 Essais. Mesures
— les courants présumés de court-circuit et les pouvoirs de Les essais et mesures ci-après sont effectués (dans la mesure où
coupure des dispositifs ; ils s’appliquent), et, de préférence, dans l’ordre indiqué.
— les caractéristiques et l’emplacement des dispositifs de
sectionnement et de commande. ■ Essai de continuité des conducteurs de protection
(y compris des liaisons équipotentielles)
Ces indications doivent être mentionnées pour chaque circuit de
l’installation. Il est recommandé d’effectuer cette mesure sous une tension à
vide comprise entre 4 et 24 V en courant continu ou alternatif et
Des plans doivent indiquer, le cas échéant, l’emplacement des avec un courant d’au moins 0,2 A. Dans les circuits protégés par un
appareils non visibles. dispositif de protection contre les surcharges de courant assigné
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Tension nominale Tension d’essai Résistance La séparation des parties actives de celles des autres circuits
du circuit en courant continu d’isolement ainsi que de la terre doit être vérifiée par une mesure de la résis-
tance d’isolement. Les valeurs de résistance d’isolement obtenues
(V ) (
V ) (
M Ω)
doivent être conformes à celles du tableau 2.
TBTS et TBTP 250 5 0,25 ● Protection par séparation électrique
U n 4 500 V à l’exception La séparation des parties actives de celles des autres circuits
500 5 0,5
des cas ci-dessus ainsi que de la terre doit être vérifiée par une mesure de la
résistance d’isolement. Les valeurs de résistance d’isolement
U n > 500 V 1 000 5 1,0
obtenues doivent être conformes à celles du tableau 2. La sépa-
TBTS très basse tension de sécurité ration requise entre circuit séparé et tout autre circuit est vérifiée
TBTP très basse tension de protection par examen. Lorsqu’un appareil comporte à la fois un circuit
séparé et un autre circuit, cette séparation est réalisée par la
construction du matériel conformément aux prescriptions de sécu-
ne dépassant pas 32 A, il est possible de mettre en œuvre des rité de la norme le concernant. Dans le cas de sources de sépara-
sources développant une intensité nominale plus faible que 0,2 A. tion fixes, il est vérifié que le circuit secondaire présente une
isolation double ou renforcée par rapport à l’enveloppe. Les sour-
■ Mesure de la résistance d’isolement des circuits ces mobiles doivent être à isolation double ou renforcée.
Elle est effectuée entre chaque conducteur actif et la terre,
appareils d’utilisation déconnectés, au moyen d’une source ■ Essais fonctionnels
débitant au moins 1 mA ; les résultats à atteindre doivent être au Tout appareil d’utilisation, tout circuit de commande d’auto-
moins ceux du tableau 2. matisme, de signalisation, etc. doivent être essayés avant mise en
Pour les câbles chauffants noyés dans le béton, les résistances service, afin de vérifier qu’ils sont en bon état de fonctionnement.
doivent être : Il en est de même des dispositifs de protection, le cas échéant, en
ce qui concerne leur installation et leur réglage.
— pour les câbles alimentés sous 230 V, 5 0,250 MΩ ;
— pour les câbles alimentés sous 400 V, 5 0,400 MΩ .
Pour l’application systématique des vérifications, on pourra
■ Mesure de la résistance des sols
s’inspirer utilement des fiches types données en Annexe (§ 3) ;
Dans le cas où elle est prescrite (blocs opératoires, par exemple), elles doivent être considérées comme des aide-mémoire des
cette mesure est réalisée à l’aide d’une électrode tripode et d’une points à vérifier pour s’assurer de la conformité des installations
source ayant une tension continue minimale à vide de 500 V. Les aux règlements et normes qui les gouvernent, auxquels, bien
mesures sont faites en au moins cinq emplacements différents du entendu, il y a lieu de se reporter.
local, situés au voisinage des quatre angles et du centre. En chacun
de ces emplacements, il est fait cinq mesures dans un cercle de
50 cm de diamètre, dont on prend la valeur moyenne. Si l’on veut
s’assurer d’une résistance minimale, on retient pour résistance du 1.2 Vérifications périodiques
local, la valeur la plus faible des moyennes de mesures effectuées,
les mesures ayant été faites sur un sol humide. Outre les vérifications initiales, il y a lieu de s’assurer pério-
diquement que les installations sont maintenues en bon état, que
■ Vérification de l’efficacité des protections contre les contacts les modifications ou extensions sont établies conformément aux
indirects par coupure automatique de l’alimentation règlements et normes, que les installations provisoires ne sont pas
Elle comporte des opérations qui varient suivant les différents maintenues de façon permanente ; ces vérifications, outre le fait
schémas. Celles-ci doivent permettre, par application des formules qu’elles sont souvent réglementaires [D 5 041], permettent de
du dossier [D 5 044], de vérifier l’adéquation des dispositions diagnostiquer l’état, la fiabilité, le vieillissement des installations,
prises aux règles de sécurité. et de prendre en temps utile les dispositions qui s’imposent.
● Schéma TN [D 5 044] : il s’agit de : ■ Pour les installations des logements, qui font souvent l’objet de
— la mesure de l’impédance de la boucle de défaut ou de la modifications et d’adaptations par les utilisateurs, la norme expéri-
résistance des conducteurs de protection ; mentale C 16-600 a pour objet de définir le contenu, la méthodologie
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Compatibilité électromagnétique
en phase de maintenance
par Thomas RAYNAUD
Ingénieur d’études en CEM
2
GERAC, Longayrie 46100 GRAMAT, France
Note de l’éditeur
Cet article est la réédition actualisée de l’article E1328 intitulé « Compatibilité électroma-
gnétique en phase de maintenance » paru en 2013, rédigé par Olivier MAURICE
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gée. Il en va de même en émission où l’on essaie de supprimer les Sur ce schéma, nous avons mis en place l’impédance d’entrée
harmoniques indésirables créées par l’électronique vers son envi- spécifiée : le condensateur C1 avec son schéma réel incluant l’induc-
ronnement. Dans le principe même de fonctionnement d’un filtre, il tance L1 estimée pour le routage et celle de sa technologie, les deux
faut retenir qu’il n’est efficace que si les impédances de source et de tronçons de ligne spécifiés dans l’essai BCI (Line 1, Line 2) suivant la
charge sont connues et prises en compte dans sa conception (ce norme DO-160G par exemple (section 20, Conducted susceptibility)
point est bien trop souvent négligé par des personnes confrontées à et les 50 Ω d’entrée du RSIL (Réseau Stabilisateur d’Impédance de
des problèmes de CEM, qui s’étonnent ensuite de la non-efficacité Ligne, ou LISN en anglais). Nous injectons ici, sur une alimentation
du filtre qu’elles ont mis en place) et si la réalité des schémas équi- par exemple, sinon à la charge fonctionnelle connue. La « pince
valents des composants est considérée. Ainsi un condensateur n’est BCI » est simulée par un transformateur. En effectuant une simula-
un condensateur pur qu’à l’école ! tion de 1 à 400 MHz, nous obtenons la tension aux bornes du com-
Un condensateur est avant tout un circuit bouchon et ne garde posant donnée en fonction de la fréquence : Line Impedance
ses propriétés de condensateur que dans des gammes de fré- Stabilization Network, sur la figure 2.
2
quences et d’amplitudes de tension et courant données. Il en va Cette contrainte est beaucoup trop importante – par exemple,
de même de tous les composants. Nous ne développons pas plus nous visons un objectif de tension inférieure à 5 V – et nous
ici la conception des filtres, le lecteur peut se reporter aux nom- devons donc revoir notre design. La première détermination de la
breux ouvrages sur le sujet [E115]. Par contre, nous allons déve- valeur du condensateur est souvent assez intuitive, car son calcul
lopper la méthodologie de sa conception dans le cas d’un filtre exact nécessite finalement rapidement de faire l’établissement des
réduit à sa plus simple expression. équations du circuit complet, soit par la méthode proposée dans
Dans de nombreux cas, pour des raisons de coûts, encombre- l’article [E1302] (qui pourra apporter d’autres avantages dans
ment, etc., les filtres CEM se réduisent à un composant unique. l’analyse), soit en utilisant un logiciel comme Qucs.
Nous étudions ici un cas typique : celui de l’usage d’un condensa- Pour corriger notre insuffisance de protection, un raisonnement
teur, pour présenter toute la démarche qui doit accompagner intuitif indiquerait d’augmenter la valeur du condensateur. Seule-
l’usage d’un filtre. ment, des valeurs plus élevées augmenteront aussi l’inductance
2.1.1 Méthodologie
Un filtre implémenté pour la CEM devra répondre à plusieurs V1 = 40 V
Simulation
en régime
objectifs : remplir une mission d’atténuation en immunité, ne pas + – sinusoïdal
gêner le fonctionnel et ne pas être dégradé par certaines des Start = 1 MHz
contraintes CEM appliquées pour lesquelles il n’a pas de rôle. Le Stop = 400 MHz
filtre sera ainsi analysé, dans l’ordre, pour les contextes suivants :
1/ vis-à-vis des signaux fonctionnels (entre dans sa conception) ;
2/ l’agression pour laquelle il a été identifié ; + – Pr1
3/ en émissions conduites, qui impliqueront les émissions rayon- Tr1
nées ; T T=1
4/ en immunité conduite vis-à-vis des agresseurs harmoniques
C1 = 100 nF
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SYSTÈMES DE SURVEILLANCE DE DÉFAUTS POUR LA MAINTENANCE PRÉVISIONNELLE DE PARCS DE TURBINES ÉOLIENNES ____________________________
L’énergie éolienne est l’énergie en provenance du vent captée par À titre d’exemple, une éolienne en mer de 5 MW de puissance
des éoliennes et transformée en énergie électrique. La production maximale peut fournir 5*8760 heures = 15 GigaWattsheure (GWh/an)
d’énergie éolienne se développe rapidement grâce aux progrès tech- par an. L’énergie effectivement produite par an (8760 h) est égale à
nologiques et aux réglementations incitant à réduire les émissions 6 GWh/an avec un rendement effectif de 6/15 = 40 %. Cela signifie
de gaz à effet de serre et l’utilisation des sources d’énergie fossile. que la puissance moyenne de cette éolienne est égale à 6 000 MWh/
Les éoliennes sont le plus souvent rassemblées dans un « parc 8760 h ≈ 0,7 MW.
éolien » ou une « ferme éolienne » terrestre (onshore) ou en mer
Il y a deux mesures qui sont utilisées pour évaluer le retour
(offshore). L’éolienne terrestre est fixée dans le sol tandis que
d’investissement d’un parc éolien ; ces mesures sont les coûts
l’éolienne en mer est ancrée au fond de la mer dans des zones où la
d’investissement (CAPEX : Capital Expenditure) et les coûts opéra-
profondeur ne dépasse pas 40 m. Cependant, les éoliennes en mer tionnels (OPEX : Operational Expenditure).
peuvent être installées loin des côtes (farshore) sur des bases flot-
tantes. Ces éoliennes flottantes sont encore en phase de développe-
ment. Elles peuvent avoir deux modes d’exploitation : mode Les coûts d’investissement (CAPEX) sont les investissements
d’exploitation industrielle et mode d’exploitation domestique. Le (charges, immobilisations) nécessaires pour la mise au point
mode d’exploitation industrielle correspond à l’utilisation des (installation) d’un parc éolien.
éoliennes de puissance importante (supérieure à 2 MW pour Les coûts opérationnels (OPEX) sont les charges, ou
l’éolienne terrestre et supérieure à 5 MW pour l’éolienne en mer) et dépenses, courantes nécessaires pour faire fonctionner un parc
de grande hauteur de mât (supérieure à 120 m) reliée au réseau éolien.
électrique. Le mode d’exploitation domestique, quant à lui, corres-
pond à l’utilisation des éoliennes de faible puissance (jusqu’à 50 kW)
et hauteur du mât inférieure à 35 m. Les éoliennes domestiques (ins- Les CAPEX moyens pour les parcs éoliens français en 2016 se
tallées sur les toits d’immeubles) peuvent alimenter des bâtiments situent autour de 1,4 €/MW installés. Ces coûts correspondent princi-
isolés non reliés au réseau afin de diminuer la dépendance des palement à l’achat et au montage des éoliennes, le génie civil et les
autres infrastructures, et le raccordement au réseau électrique. Les
consommateurs à ce réseau ou bien être raccordées au réseau afin
OPEX moyens pour un parc éolien français en 2016 se situent autour
de revendre la production.
de 21 €/MWh. Ces coûts couvrent la maintenance des éoliennes, les
Les éoliennes en mer se développent beaucoup plus vite que assurances et les frais de gestion.
les éoliennes terrestres parce qu’elles permettent d’obtenir une
production plus régulière et plus importante. Cela est dû au fait Afin d’augmenter la part de l’électricité produite par les fermes
que les vents sont beaucoup plus puissants au large des côtes éoliennes, il faut, d’une part, diminuer les CAPEX et les OPEX, et
que sur les côtes. C’est pourquoi le rendement effectif des parcs d’autre part, améliorer la pénétration de l’énergie éolienne dans la
en mer est bien supérieur (environ deux fois supérieur) à celui des production électrique. La dernière est définie comme la fraction de
parcs terrestres. l’énergie produite par les éoliennes par rapport à l’énergie électrique
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____________________________ SYSTÈMES DE SURVEILLANCE DE DÉFAUTS POUR LA MAINTENANCE PRÉVISIONNELLE DE PARCS DE TURBINES ÉOLIENNES
totale produite par an. La production éolienne est fortement variable à tion. L’arbre principal tourne à des vitesses lentes, de l’ordre de 10 à
cause de la variation du vent. Cette variabilité affecte la pénétration de 20 tr/min. La vitesse de rotation de l’arbre principal ou lent est adap-
l’énergie électrique dans la production/consommation électrique. Afin tée aux vitesses de fonctionnement des génératrices par l’intermé-
de diminuer l’effet négatif de cette variabilité, il faut avoir recours à diaire de la boîte de vitesses à engrenages appelée multiplicatrice
des moyens de stockage (par exemple, l’air comprimé, le stockage (Figure 1). La boîte de vitesses augmente la vitesse de rotation d’un
thermique, stockage hydraulique, etc.) de cette énergie afin de la stoc- facteur proche de 100. La génératrice produit de l’électricité triphasée
ker quand la production est importante et la demande est faible, et qui est ensuite envoyée dans le transformateur pour l’adapter au
l’utiliser quand la production est faible et la demande est forte. Cela réseau inter-éolien puis au réseau électrique. La nacelle peut pivoter
permettrait d’améliorer l’équilibre ou l’ajustement production/ sur elle-même pour suivre la direction du vent. La direction, la vitesse
consommation et par conséquent d’améliorer la stabilité du réseau
du vent et la température extérieure sont mesurées par la station
électrique en cas de forte demande ou de coupure (outages). Dimi-
météorologique installée à l’arrière de la nacelle.
nuer les CAPEX et les OPEX nécessite d’une part d’améliorer la tech-
nologie des éoliennes (la durée de vie, le rendement et l’efficacité des Une éolienne est caractérisée par la relation qui lie la vitesse du
composants éoliens comme la génératrice, la boîte de vitesse ou les
pales, leur prix, etc.) et de réduire les couts de maintenance. Cet
article se concentre sur les méthodes de diagnostic de défauts per-
vent et la puissance délivrée. La courbe qui représente cette rela-
tion est appelée la courbe de puissance (Figure 2). Une vitesse
minimale est nécessaire pour produire de l’énergie. Une fois cette
2
mettant de réduire les coûts de maintenance des éoliennes par une valeur atteinte, la production d’énergie augmente avec la vitesse
détection précoce et fiable de défauts et une isolation précise de ses de vent, jusqu’à atteindre une puissance maximale qui sera main-
sources. tenue si la vitesse du vent reste dans une certaine gamme. Si le
vent devient trop fort, la machine est arrêtée pour des raisons de
Le meilleur taux de pénétration de l’énergie éolienne en 2015 est sécurité afin qu’elle ne soit pas endommagée. En se basant sur
attribué au Danemark avec 39,1 % [1]. Cela signifie que parmi les cette courbe de puissance, le fonctionnement d’une éolienne est
8 760 heures de l’année 2015, l’énergie éolienne a été utilisée pour représenté par quatre modes principaux (Figure 2) :
répondre à la demande de consommation électrique pendant
1 460 heures. • mode 1 (vitesse de vent inférieure à une certaine valeur,
généralement 5 m/s) ; dans ce mode, la machine est en
attente d’une vitesse de vent suffisante pour démarrer ; les
1.1 Description d’une éolienne pales de l’éolienne ont une prise au vent maximale, et le rotor
tourne de manière libre ;
La forme la plus courante d’éolienne, surtout terrestre, est • mode 2 ; une fois la vitesse minimale atteinte, la génératrice
l’éolienne à axe horizontal (Figure 1). Elle se compose généralement est couplée au réseau et commence à produire ; la puissance
de 3 pales orientables en matière d’angle (pitch angle) de 0° à 90°. produite augmente en fonction de la vitesse de vent ; dans
L’angle de chaque pale peut varier en fonction de la vitesse et l’orien- cette phase, l’angle des pales est constant ;
tation du vent afin de maximiser la production d’énergie et assurer sa
sécurité. L’angle de chaque pale est changé par un moteur de pivote- • mode 3 ; la puissance produite est à sa valeur maximale tandis
ment. Les pales sont liées à un rotor fixé sur une nacelle qui abrite que la vitesse de vent augmente mais reste en dessous de sa
une génératrice électrique. Les pales entraînent le retour en rotation valeur maximale autorisée (généralement autour de 25 m/s) ;
qui va à son tour entraîner l’arbre principal de la génératrice en rota- afin de conserver la puissance produite à sa valeur maximale,
Station météorologique
Réseau
Boîte de vitesse
Vent Arbre rapide électrique
ou multiplicatrice Génératrice Transformateur
triphasée
Rotor
Pales
Nacelle
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