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présentation et choix
M RP, ERP, JAT, OPT, GPA... autant de sigles ésotériques qui ne manquent
pas d’être entendus dès lors que l’on s’intéresse à la gestion des flux. De
quoi s’agit-il au juste et comment faire son choix au moment d’arrêter l’appro-
che à retenir pour améliorer les performances de l’entreprise ? Voilà quel-
ques-unes des questions qu’il convient d’aborder avant de se lancer dans la
mise en œuvre de tels outils, qui demande souvent plusieurs années d’effort
et s’accompagne d’investissements lourds se chiffrant en millions d’euros.
Face à ce problème, cette introduction à la gestion des flux a pour ambition
d’être un outil d’aide à la décision, un guide d’orientation à utiliser avant de se
lancer dans l’étude approfondie de l’un quelconque des systèmes existants.
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MODÈLES DE GESTION DES FLUX : PRÉSENTATION ET CHOIX ___________________________________________________________________________________
Cet article, dont le but est de faciliter les premiers contacts avec la gestion
des flux, se veut donc général, vulgarisateur et aussi complet que possible
quoique évitant les descriptions techniques détaillées qui ne s’avèrent pas
forcément utiles lors d’une première analyse.
La démarche retenue consiste donc à exposer, dans un premier temps, la
problématique de la gestion des flux, l’incidence de l’environnement écono-
mique sur les objectifs à atteindre ainsi que les évolutions des méthodes de
gestion, analysées au travers de leurs conséquences sur les performances de
l’entreprise et le périmètre optimisé.
Dans un deuxième temps, cet article décrit succinctement les différents
modèles existants, ou tout du moins les plus représentatifs, essayant d’en
extraire les caractéristiques principales quant à la logique qui les anime, les
principes de gestion retenus ainsi que leur incidence sur l’organisation de
l’entreprise.
Ce tour d’horizon effectué, une synthèse rapide permet de classer les
modèles suivant deux grandes tendances qui sont confrontées dans une étude
comparative dont le but est de mettre en évidence les différences essentielles
entre ces approches, permettant ainsi d’orienter le choix en connaissance de
cause.
Faisant suite à cet article, le pilotage des flux est présenté dans l’article AG 5 105.
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1.2 Problématique de gestion des flux Figure 1 – Flux articles et flux produits
en production
Si l’on veut caricaturer à l’extrême la problématique de gestion
des flux, telle qu’elle se pose à l’origine en production, on peut
considérer qu’elle se décompose en deux sous-processus : piloter Cycle d'obtention
les opérations de fabrication conduisant à la réalisation d’un pro-
duit, et pour ce faire, approvisionner en temps opportun les postes Réactivité
souhaitée
de travail (donc au passage le stock) de toutes les matières,
composants ou sous-ensembles nécessaires, que l’on désignera
par la suite sous le terme générique d’articles (figure 1). Réactivité
apparente
■ Piloter les opérations de fabrication
Mettre un produit sur le marché suppose que l’on ait accompli Le client
Cycle Réactivité
un processus de transformation (pouvant souvent demander plu- souhaitée
d'obtention t
sieurs mois) allant de l’achat de matière première et de compo-
sants à la réalisation de sous-ensembles plus ou moins complexes,
lesquels, par combinaisons et adjonctions de nouveaux articles
achetés ou fabriqués, se combineront lors des opérations d’assem- La réactivité apparente représentée par est en fait le point
blage final, pour donner lieu à un produit commercialisable. d'équilibre entre les deux points de vue, et peut se situer en
n'importe quel endroit du processus de transformation.
Par ailleurs, une vision plus globale met en évidence d’autres
activités qui, bien que réalisées hors des limites de l’atelier de
fabrication, sont tout aussi nécessaires à la mise à disposition du Figure 2 – La réactivité apparente
produit pour le client (préparation, emballage, facturation, trans-
port...). Le « cycle d’obtention » d’un produit est ainsi obtenu par
l’addition des temps élémentaires de chaque activité... augmentés
d’un facteur non négligeable, le temps d’attente entre celles-ci.
En contrepartie, le consommateur désireux de se procurer un
Offre
produit n’est disposé qu’à attendre un « certain temps », notion
certes floue mais néanmoins dimensionnable car directement liée Années Excédent
1950 Demande
à la loi de l’offre et de la demande. Nous donnerons à cette durée
la dénomination de « réactivité souhaitée ». 2000
Pénurie
Les composantes du problème sont maintenant posées : d’un
côté, l’impatience du client qui veut son produit le plus vite
possible ; de l’autre, la volonté de l’industriel à n’engager les opé-
rations que sur des éléments concrets, les commandes (figure 2).
Figure 3 – Évolution offre/demande
Le point d’équilibre proposé à l’instant t représente, pour le
client, la « réactivité apparente » du système de production, maté-
rialisée par le temps de réponse à une commande émise, et pour
l’industriel, une ligne de démarcation importante dans le choix des Le terme générique « approvisionnement » sera utilisé dans ce
méthodes de gestion de production à appliquer de part et d’autre document pour définir ce processus, qu’il s’agisse de matière pre-
de cette frontière, lancement sur prévision ou sur commande. mière, de composants, de sous-assemblages, achetés à l’extérieur
L’évolution du rapport des forces entre les deux acteurs ou fabriqués dans l’entreprise. Ainsi, même si le vocabulaire utilisé
(figure 3), concrétisée par le déplacement de ce point d’équilibre présente quelques différences (ordre d’achat, ordre de fabrication),
vers le client, explique en grande partie les nombreux change- le problème posé consiste à disposer des différents composants en
ments intervenus, durant la deuxième moitié du XXe siècle, en bonne quantité (ni trop, ni pas assez) et au bon délai (ni trop tôt,
matière de pilotage des opérations de fabrication. ni trop tard).
La résolution de cette équation d’apparence simple associée à la
■ Approvisionner les postes de travail
recherche de la meilleure performance en niveau de service (rup-
Quelle que soit la technique retenue pour fabriquer un produit tures d’approvisionnement) et immobilisations (sur-stocks) se
(flux poussé, flux tiré...), il est toujours indispensable de rendre dis- révèle en fait comme le défi majeur proposé aux systèmes de ges-
ponible au bon endroit et au bon moment les articles nécessaires tion, lesquels, au travers d’approches plus ou moins complexes
à la production, tout en minimisant les immobilisations (stocks et tenteront, jour après jour, d’apporter la meilleure réponse à ce
en-cours). dilemme.
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■ Résumé de la problématique
Offre
Vue sous un certain angle, la problématique de la gestion des
flux en production peut donc se résumer à l’optimisation de Années Excédent
1950 Demande
deux activités : fabriquer et approvisionner, pour lesquelles il est
nécessaire de définir un déclencheur et une information décri- 2000
Pénurie
vant la nature du besoin. Comme nous le verrons dans la suite
de cet article, les options retenues pour la définition de ces
éléments de base, en particulier le déclencheur de l’activité, font
partie des caractéristiques discriminantes des différents modè- CAPACITÉ RÉACTIVITÉ
les de gestion.
Dynamique
d’adaptation des systèmes de gestion de production (figure 4). Artisanat
Stable
gement d’objectif. En fait, les raisons de ce changement sont mul- Production Amélioration
de masse permanente
tiples, s’autoalimentent les unes les autres pour entraîner un
déséquilibre de plus en plus marqué vers le besoin de réactivité. 2 3
Ainsi, la pléthore de produits sur le marché engendre une réac-
tion de la part des industriels, lesquels, pour reprendre des parts Stable Dynamique
de marché, diversifient leurs produits, raccourcissent leur durée de COMMENT (le process)
vie, les personnalisent toujours plus, renouvellent sans cesse
l’offre, et contribuent à mettre en place un cercle vicieux les pous- Figure 5 – Modèle de la stabilité dynamique
sant à innover encore davantage et plus fréquemment.
Cette évolution de l’environnement, ce passage de l’artisanat à la
personnalisation de masse sont ainsi très bien décrits par le gains potentiels. C’est l’époque de l’amélioration permanente. Des
modèle de stabilité dynamique développé par Boynton et Pines petits pas, une implication de tout le personnel, des cercles de qua-
(figure 5). lité, des groupes de progrès, tous les moyens sont bons dès lors
Ce modèle fait apparaître deux axes, l’un représentant la qu’il s’agit de simplifier les modes de fonctionnement et donc de
demande externe caractérisée par la vitesse de renouvellement des réduire les coûts de revient. En fait, cette étape s’avère transitoire.
produits, l’autre, l’organisation interne caractérisée par des Le client (roi ou dictateur) est né, et quelle qu’en soit la forme, il a
méthodes de travail plus ou moins figées. pris le pouvoir. Son souhait est d’avoir maintenant un produit peu
coûteux, de bonne qualité, immédiatement disponible, correspon-
Chronologiquement, disons pour fixer les idées que, jusqu’aux
dant à son besoin propre.
années 1920, le comportement d’artisan prime. Les produits sont
fabriqués à la demande, pour un client identifié, suivant des pro- C’est ainsi que les années 1990 voient l’émergence d’une nou-
cédés adaptés à chaque cas de figure. La notion de productivité velle notion : la personnalisation de masse. Il s’agit maintenant de
n’est pas essentielle. faire preuve de souplesse et d’adaptabilité pour proposer la diver-
sité et la personnalisation attendue... à des prix acceptables. Dès
Ensuite, des années 1920 à 1970, l’artisanat laisse peu à peu la lors, l’industrie s’oriente vers le modèle « Lego » où, à partir de
place à l’industrialisation. Les premières notions d’assemblage pièces élémentaires fabriquées en masse, au moyen de processus
apparaissent, les tâches sont découpées, le modèle taylorien mis performants, il est possible de réaliser par une adaptation dyna-
en évidence par Ford s’installe dans l’entreprise où toutes les acti- mique la combinaison souhaitée par le client.
vités sont rationalisées. Le but consiste à mettre en place des pro-
cessus de fabrication stables en vue d’une production efficace. Remarque : même si la chronologie ci-dessus est positionnée
Bientôt complétés par l’apparition de l’informatique, les ingré- dans le temps, il est évident que les phases décrites ne sont pas
dients se mettent en place pour assurer une production de masse exclusives de la période mentionnée et doivent être plutôt
au meilleur coût de revient. considérées comme un enchaînement normal des phases d’indus-
trialisation.
Vers le milieu des années 1970, une nouvelle concurrence
apparaît sur le marché avec l’arrivée de l’industrie japonaise. Les Ainsi, lorsque l’entreprise invente un produit, quelle que soit la
entreprises occidentales, jusqu’alors gérées suivant les mêmes période, elle élabore de nouveaux processus, fabrique les premiè-
principes, sont dans un premier temps déstabilisées par l’appari- res séries, profite de son avantage concurrentiel pour mettre son
tion de nouvelles approches qui rapidement vont s’étendre au produit rapidement sur le marché. Passée cette première étape de
monde industriel. La production de masse, jusqu’alors tournée mise en production, les processus se stabilisent pour entrer dans
vers l’optimisation des coûts internes, va, sous la pression du mar- la phase d’industrialisation. Commencent alors les recherches
ché qui fixe les prix, évoluer vers la recherche de solutions permet- d’améliorations pour simplifier les modes opératoires jusqu’à
tant le maintien d’une marge opérationnelle positive. La chasse au l’arrivée de concurrents poussant à une nouvelle itération.
gaspillage devient le « safari » à la mode, il n’est plus question que De même, si la concurrence est peu ou pas présente et le produit
de valeur ajoutée, tous les coûts sont scrutés pour détecter les attractif par lui-même, le client accepte un produit peu riche en
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Efficacité
COÛTS DIRECTS
Élevés Faibles ?
Simplistes
Faibles
1950 2000 Personnalisation
de masse
Décentralisation
MODES DE GESTION
Vision globale
COÛTS INDIRECTS
Simplifier
Réseaux Responsabiliser
Décentraliser
Production
de masse
Pouvoir central
Bases de données
1980 Contrôler Systèmes intégrés
Complexes
Centraliser
Optimiser
Élevés Artisanat
Papier
Pouvoir local
Artisanale Sophistiquée Décentralisation
ORGANISATION DE LA PRODUCTION Complexité
Figure 6 – Incidence des modes de gestion sur les coûts Figure 7 – Incidence des modes de gestion sur l’efficacité
CPFR
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La planification
Plan directeur
Besoins Structure
externes produit
MRP
Production Achats
Stock
L'exécution
■ Un pilotage des opérations par l’information Ainsi, sur cette base, deux évolutions majeures vont voir le jour,
le MRP 2 et l’ERP.
Parmi les caractéristiques majeures du modèle MRP figure la
relation entre « la planification » et « l’exécution ».
● La planification concrétisée par les résultats du calcul des 2.2.2 Le MRP 2
besoins a pour objectif de positionner dans le temps, pour chaque (Manufacturing Resource Planning )
article de la structure produit, les besoins découlant d’une prévi-
sion de consommation (cf. figure 11). Première évolution du modèle de référence, cette version, qui
Cet exercice, effectué périodiquement, régénère les besoins en apparaît au début des années 1970, est la résultante de nouveaux
fonction des dernières prévisions établies et de la situation du besoins exprimés par les utilisateurs combinés aux capacités nou-
moment (stocks, commandes). velles en matière de traitement de l’information.
● L’exécution, quant à elle, a pour objectif, jour après jour, de Décrire cette évolution, c’est en premier lieu décoder MRP 2.
scruter sur son horizon de travail les besoins potentiels positionnés Au-delà du chiffre « 2 » indiquant une suite logique au MRP, la défi-
par la « planification » pour les convertir en ordres d’achat ou de nition du sigle évolue pour concerner maintenant la « planification
fabrication. des ressources de fabrication ». Ainsi, le calcul des besoins ne se
limite plus au seul traitement des « articles » mais s’intéresse aussi
Ainsi, le déclencheur d’une activité physique (« exécution ») aux « capacités » de l’entreprise au travers du calcul des charges
résulte du traitement d’une information (article, quantité, date) associées au plan de production prévisionnel. Alors que la pre-
générée par le calcul des besoins. mière version du MRP supposait travailler à capacité infinie, cette
C’est la raison pour laquelle la logique MRP est souvent associée nouvelle approche introduit une boucle de retour sur le pro-
à la notion de « flux poussé » où le « physique » est piloté par gramme de production par l’analyse des besoins matière et charge
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Alimentation
en composants
Stock ou fournisseur
Système A vue
d'information Pilotage Figure 14 – Principe du Kanban
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Industriels ?
? Distributeurs
Figure 16 – La filière globale
d’approvisionnement
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Produits
Enfin, si cette vision, partagée à la fois par les industriels et les liorée par une concertation étroite entre le(s) fournisseur(s) et le(s)
distributeurs, n’entraîne pas de grand bouleversement au niveau client(s) dans le domaine de la planification des besoins. Sur la
des principes utilisés, elle engendre par contre une remise en base d’une prévision globale élaborée le plus en aval possible de
question des modes de fonctionnement, en ce qui concerne la filière d’approvisionnement (chez le distributeur), les besoins
notamment la répartition des responsabilités entre fournisseur et sont « cascadés » vers l’amont avec consolidation à chaque étape
client. de la Supply Chain.
Disposant ainsi d’une base cohérente de travail, d’une synchro-
nisation des activités, d’une coordination globale, chaque acteur
3.1 Modèles de type « prévisionnel » peut déduire ses approvisionnements de l’exploitation de ces pré-
visions. Ce n’est, ni plus ni moins que l’extension de la logique
C’est le terme utilisé pour qualifier les techniques de gestion MRP à un fonctionnement multientreprise.
découlant d’une certaine façon de l’approche MRP, dénomination Dès lors, si l’on fait l’hypothèse « d’exécutions » fonctionnant de
générique retenue pour identifier tout système reposant sur une façon efficace et rigoureuse, le fait de coordonner la planification
logique de planification des activités. Outre l’ERP, décrit dans le doit assurer la cohérence des approvisionnements.
paragraphe 2.2.3, deux familles d’outils se détachent, suivant leur
Relativement simple sur le plan technique, le CPFR trouve toute
domaine privilégié d’intervention à savoir : la « planification » ou
sa complexité dans l’organisation et le partenariat à mettre en
l’« exécution »).
place. Comme la gestion partagée des approvisionnements (GPA),
■ Integrated Supply Chain (ISC) il suppose un partage d’information et l’utilisation de données
Sont regroupés sous ce vocable l’ensemble des progiciels pro- ayant leur source dans une autre entreprise. Au-delà du système
posant un ordonnancement multientreprise. Ces mécanismes, de management et des contrats à mettre en place, cette approche
basés sur l’hypothèse que plusieurs segments de la Supply Chain repose essentiellement sur une confiance totale entre les parte-
peuvent être représentés par un seul système modélisable, propo- naires.
sent une centralisation de l’ordonnancement des tâches (macro et
éventuellement micro) et s’intègrent avec les systèmes ERP exis-
tants. 3.2 Modèles de type « réactif »
De par leur nature, ces systèmes sont plutôt dédiés aux maillons
« manufacturiers » de la filière globale d’approvisionnement. C’est le terme utilisé pour qualifier les techniques de gestion
découlant d’une certaine façon de l’approche JAT, dénomination
■ Gestion partagée des approvisionnements (GPA) générique retenue pour identifier tout système reposant sur une
Proposée initialement par Procter & Gamble à ses clients, cette logique de régulation directe des opérations (approvisionnement,
technique repose sur un transfert de responsabilité du client vers production) par la consommation réelle. Dans ce cadre, un modèle
le fournisseur. ressort aujourd’hui, le réapprovisionnement sur ventes.
C’est ainsi que la GPA, applicable en principe à tous les maillons
de la filière globale d’approvisionnement, consiste à déléguer à ■ Le réapprovisionnement sur ventes (RSV)
son fournisseur la responsabilité de gérer la disponibilité des pro- Cette technique découle directement de la transposition des car-
duits qu’il fournit (figure 17) dans un cadre prédéterminé : tes Kanban à tout un ensemble d’acteurs pilotés par la consom-
— contrat de partenariat avec objectifs de niveau de service ; mation du client final (figure 18).
— procédure d’approbation des propositions de livraison ;
À partir d’une définition préalable des stocks intermédiaires
— partage d’informations autrefois réputées sensibles (les
dépendant de la structure du flux et des contraintes locales, les
stocks) ;
quantités vendues (consommées) sont communiquées à tous les
— flux de données adéquat et transmis avec des moyens et un
acteurs et sont remplacées dans chaque maillon compte tenu des
rythme adapté.
optimisations qui lui sont propres. L’extension à l’ensemble de la
La technique utilisée est, certes, une gestion de stock de type Supply Chain est possible, apportant la simultanéité et la cohé-
DRP, mais le fait que les stocks fournisseur et client soient gérés, rence de fonctionnement recherchée.
en approvisionnement, par la même personne entraîne un certain
nombre d’améliorations. Ainsi, la GPA permet d’optimiser la répar-
tition des quantités, d’éliminer les « à-coups » entre stocks, et pro-
fite du fait que le fournisseur, ayant en général moins d’articles à 3.3 Accompagnement technologique
contrôler, puisse exercer une gestion plus rigoureuse.
Si la technologie n’apporte pas en soi de changements aux
■ Collaborative Planning Forecast & Replenishment (CPFR) méthodes qui viennent d’être décrites, on peut néanmoins
Développé sous l’impulsion des distributeurs américains (Wal- considérer que ces modèles de gestion, surtout les plus récents,
mart en particulier), cette logique repose sur l’hypothèse que la reposent sur des échanges rapides et un partage d’information qui
performance globale de la Supply Chain peut être fortement amé- ne sont devenus possibles que par les apports technologiques.
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Ainsi, l’entreprise, au début isolée, est devenue dans un premier ■ La gestion du stock
temps communicante grâce à l’EDI. Aujourd’hui, une intégration Si une gestion de stock peut être assimilée à un réservoir possé-
plus poussée peut être attendue de la généralisation de l’Internet dant une entrée et une sortie, on peut considérer que l’optimisa-
dans sa version « B to B » (Business to Business ). tion d’un tel système peut s’effectuer en jouant sur l’un des deux
leviers : les entrées ou les sorties.
● Optimisation des entrées (figure 19) : c’est la logique du
modèle « prévisionnel » pour lequel l’objectif consiste à rendre dis-
ponibles les composants achetés ou fabriqués juste avant leur date
4. Choisir un modèle de besoin prévue.
de gestion des flux Le pilotage du ∆t (intervalle de temps entre la disponibilité des
articles et leur date d’utilisation prévue), paramètre mis à la dispo-
sition du gestionnaire, permet de viser le stock le plus proche de
Les paragraphes précédents ont permis de présenter de manière zéro. Dans ce cas, l’optimisation découle d’une modélisation tou-
très succincte et parfois caricaturale quelques-uns des principaux jours plus fine de l’appareil de production (paramètres).
modèles de gestion de production apparus dans la deuxième moi- ● Optimisation des sorties (figure 20) : c’est la logique du
tié du XXe siècle. Faire un choix pour son entreprise, décider modèle « réactif » pour lequel l’objectif consiste à maximiser les
d’investir des sommes importantes dans tel ou tel progiciel est une sorties pour des consommations ne pouvant être positionnées
décision difficile à prendre surtout si l’on n’est pas un grand spé- avec exactitude dans le temps. Le pilotage du niveau de stock
cialiste de la gestion de production. découle de la réduction des cycles amont (approvisionnement,
fabrication).
En fait, choisir un modèle relève à la fois :
Nota : le lecteur pourra se reporter aux articles [4] [5] [6] des Techniques de l’Ingénieur.
— d’un choix technique, c’est-à-dire comprendre les logiques
qui animent ces modèles, et s’orienter vers celle qui permet
d’atteindre efficacement les objectifs de l’entreprise ;
— de la gestion du changement, qui demeure sans nul doute
l’aspect le plus important quant à la réussite de la démarche.
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(0)
• CHARGE/PRODUCTIVITÉ • FLUX/FLEXIBILITÉ
• Production de série • Production pilotée par le marché
• Lots économiques • Temps de changement d’outil
• Continuité d’utilisation des capacités • Continuité de transformation des produits
• Réduction des temps opératoires • Réduction des temps d’attente
• Postes de travail spécialisés • Postes de travail multiproduits
• Trajet des produits fixes • Diversité des trajets
• Séquence de travail paramétrable (urgences, utilisation des capa- • Ordre de passage immuable
cités...) (FIFO – First In First Out )
• Saturation de la capacité • Tension du flux et surcapacité de régulation
• Déclencheur de l’activité = information • Déclencheur de l’activité = physique ou virtuel
(sorties du calcul des besoins) (carte Kanban disponible)
• Stocks • Cycles
• Qualité = signe de performance • Qualité = prérequis
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