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Résumé
Abstract
Introduction
(1) Voy. résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, 8 décembre 1988, documents offi-
ciels de l’Assemblée générale, 43e session, Doc. NU A/RES/43/94.
350 jacques joël angela
(2) Les J.M.J. sont une initiative de l’Église catholique romaine et se célèbrent tous les 2 ou 3 ans
selon une date arrêtée par le Vatican, alors que la Journée internationale de la jeunesse est célébrée
le 12 août de chaque année, à l’initiative de l’Organisation des Nations Unies, par l’ensemble des
États de la planète.
(3) L. Bantigny, « Les jeunes, objet social mal identifié », Le Monde diplomatique, no 727, octobre
2014, pp. ii – iii.
(4) Résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, 7 novembre 1995, documents officiels
de l’Assemblée générale, 50e session, Doc. NU A/RES/50/728 (1995), § 9.
(5) Ibid., § 10.
(6) En 2011, les jeunes entre 15 et 24 ans étaient au nombre de 1,2 milliard d’individus, soit 18 %
de la population mondiale. Voy. résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, 12 juillet
2011, documents officiels de l’Assemblée générale, 66e session, Doc. A/RES/66/129, § 4.
émergence d’un droit international des jeunes 351
que les jeunes sont le « fer de lance du développement » (7) et qu’ils sont appe-
lés à diriger les destins de l’humanité, ils devraient pouvoir bénéficier d’une
attention particulière afin d’être en capacité de jouer pleinement, aujourd’hui
et demain, le rôle attendu d’eux. Leur dynamisme, leur créativité, ainsi que
leur enthousiasme constituent un atout que les gouvernements cherchent à
capitaliser dans l’optique de faire face aux multiples défis auxquels ils sont
confrontés ; la communauté internationale ne pouvait donc plus se permettre
de rester indifférente à l’égard de ces personnes dont les conditions d’existence
ont un impact indéniable sur la stabilité, l’équilibre et le progrès des sociétés.
C’est dans cette perspective que, entre 1960 et 2015, l’Assemblée géné-
rale des Nations Unies a adopté près de soixante-dix résolutions relatives à
la situation des jeunes dans le monde (8). À l’échelle régionale, l’Organisa-
tion ibéro-américaine de la jeunesse (O.I.J.) a adopté, le 11 octobre 2005, la
Convention ibéro-américaine des droits des jeunes (9). Le 2 juillet 2006, les
États membres de l’Union africaine (UA) ont adopté une Charte africaine de
la jeunesse (10), tandis qu’au sein du Conseil de l’Europe, on dénombre une
quinzaine de résolutions et de recommandations se rapportant notamment à
l’accès des jeunes des quartiers défavorisés aux droits sociaux, à l’information
ou à la participation à la vie publique (11). C’est donc sur le constat d’une
production de plus en plus importante de normes internationales portant sur
la question des jeunes, en marge des politiques et autres documents straté-
giques, que le juriste, constamment animé du souci d’ordonnancement, de
systématisation et de catégorisation, se pose la question de savoir si l’on peut
désormais parler de l’émergence d’un droit international des jeunes. Poser
une telle question ne relève pas, du point de vue de la science du droit, de la
nouveauté ni encore moins de la fantaisie ou de l’effet de mode. Comme le
reconnaissait en effet la Commission du droit international des Nations Unies,
« les nouveaux types de droit spécialisé n’apparaissent pas fortuitement mais
cherchent à répondre à de nouveaux besoins techniques et fonctionnels » (12).
Dans ce sens, la marche vers un droit international des jeunes répondrait à
l’exigence d’une meilleure protection internationale d’une catégorie sociale
particulière, les jeunes, que le droit international général, de même que les
(14) Cf. Programme d’action mondial pour la jeunesse à l’horizon 2000 et au-delà (P.A.M.J.) : réso-
lution de l’Assemblée générale des Nations Unies, 7 novembre 1995, documents officiels de l’Assemblée
générale, 50e session, Doc. NU A/RES/50/728 (1995) ; Additif au P.A.M.J. : résolution de l’Assemblée
générale des Nations Unies, 18 décembre 2007, documents officiels de l’Assemblée générale, 62e session,
Doc. NU A/RES/62/126 ; Stratégie opérationnelle de l’UNESCO pour la jeunesse 2014-2021, dispo-
nible sur http://unesdoc.unesco.org/images/0022/002271/227150f.pdf, consulté le 20 juin 2016.
(15) Cf. « Une stratégie de l’Union européenne pour investir en faveur de la jeunesse et la mobi-
liser : Une méthode ouverte de coordination renouvelée pour aborder les enjeux et les perspec-
tives de la jeunesse », disponible sur http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=
CELEX:52009DC0200&from=EN, consulté le 20 juin 2016 ; « Plan d’action de la Décennie africaine
de la jeunesse 2009-2018 : Accélérer l’autonomisation des jeunes en vue du développement durable »,
disponible sur www.africa-youth.org/base/wp-content/uploads/resources/decade-fr.pdf, consulté le
20 juin 2016.
(16) Une revue des politiques nationales de la jeunesse de 196 pays est disponible sur www.
youthpolicy.org/nationalyouthpolicies, consulté le 21 mai 2016.
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encore trois fois supérieur à celui des personnes adultes (17). Pour les jeunes,
la difficulté d’accéder à un emploi décent est la conséquence d’une multitude
de facteurs dont notamment l’absence de formation ou l’inadéquation entre la
formation et l’emploi, une faible expérience professionnelle, le ralentissement
de l’économie mondiale (18), les préjugés d’incompétence ou encore l’insuffi-
sance de facilités en matière de mobilité internationale. Aujourd’hui encore,
en raison des carences de certains systèmes éducatifs, de nombreux jeunes
entrent dans la vie professionnelle sans posséder les compétences nécessaires
qui leur permettraient d’avoir des chances égales de trouver un emploi qui
leur procure un salaire correct et de devenir ainsi une force productive de
l’économie. Cet état des choses est davantage accentué chez certaines catégo-
ries de jeunes comme les filles et les jeunes femmes, les jeunes vivant avec un
handicap ou appartenant à des minorités, lesquels ne bénéficient pas toujours
d’une attention spéciale sur le marché de l’emploi. Toutes choses qui affectent
d’autres aspects de leur existence comme l’accès à une alimentation suffisante
et de qualité, à une santé de qualité, au logement, aux technologies de l’infor-
mation et de la communication ainsi que lorsqu’ils s’engagent à fonder une
famille. Ils développent alors un sentiment de frustration, de dévalorisation de
soi-même et d’échec qui, à terme, ne favorise pas leur insertion dans la société
ou leur contribution au progrès du milieu dans lequel ils vivent.
b. Sur le terrain des conflits armés, les jeunes font partie de la couche de la
population qui paie le tribut le plus lourd au sein de la société en cas de trouble
de plus ou moins grande ampleur. En effet, « tout comme les enfants, ils sont
massacrés ou mutilés, rendus orphelins, enlevés, pris en otage, déplacés de
force, privés d’éducation et de soins de santé, et se retrouvent en état de choc
émotionnel ou gravement traumatisés » (19). Ils sont souvent enrôlés comme
soldats, parfois de force, souvent de leur propre gré, et les traumatismes qu’ils
subissent durant les combats se poursuivent au-delà des conflits concernés et
affecteront le reste de leur existence si des mesures ne sont pas prises pour
assurer leur démobilisation et leur réinsertion sociale. Par ailleurs, des études
ont montré que les jeunes, en particulier sur le continent africain, sont les prin-
cipales victimes de la criminalité et de la violence urbaine (20). C’est pourquoi
les conflits armés ainsi que toutes les situations génératrices d’instabilité ou
de troubles sociaux constituent l’un des domaines d’activité où la protection
(17) OIT, Rapport mondial sur le travail des enfants : ouvrir aux jeunes la voie du travail décent,
2015, p. 1, disponible sur www.ilo.org/ipec/Informationresources/WCMS_372640/lang--fr/index.
htm, consulté le 1er mars 2016.
(18) Le Rapport 2015 de la Commission de l’Union européenne sur la jeunesse relève par exemple
qu’en matière d’emploi, les jeunes entre 15 et 29 ans continuent d’être la couche de la population
la plus affectée par la crise économique de 2008. Cf. EU Youth Report 2015, p. 184, disponible sur
http://ec.europa.eu/youth/library/reports/youth-report-2015_en.pdf, consulté le 2 juillet 2016.
(19) Résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, 18 décembre 2007, documents offi-
ciels de l’AGNU, 62e session, Doc. NU A/RES/62/126, annexe, § 44.
(20) Cf. Rapport sur l’état de la jeunesse africaine 2011, p. 43, disponible sur www.africa-youth.
org/base/wp-content/uploads/resources/state-report2011_fr.pdf, consulté le 3 juillet 2016.
émergence d’un droit international des jeunes 355
des jeunes est d’une urgente nécessité, dans la mesure où le premier de leur
droit en tant qu’être humain, à savoir le droit à la vie, est directement et
continuellement menacé. Mais cette protection ne serait que mieux garantie
si leur besoin d’autonomisation est lui aussi davantage pris en considération.
(26) K. Vasak, « Le droit international des droits de l’homme », R.C.A.D.I., t. 14, 1974, p. 344.
(27) E. Morin, Le cinéma ou l’homme imaginaire, Paris, Minuit, 1958.
(28) Ce serait par exemple l’institution de quotas en faveur des jeunes lors d’élections au sein des
assemblées représentatives.
(29) Il déclarait en effet dans ce rapport qu’« un cadre juridique global de protection des jeunes
a été élaboré au cours de la décennie écoulée. Il est toutefois limité aux jeunes âgés de moins de
18 ans ». Voy. Rapport mondial sur la jeunesse 2005, op. cit., annexe, § 27.
(30) P. Buirette, « Réflexions sur la convention internationale des droits de l’enfant », R.B.D.I.,
vol. 1, 1990, p. 56.
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cupation est traitée avec plus de retenue en ce qui concerne l’enfant. Certes,
celui-ci jouit des libertés d’opinion, d’expression, de participation, mais ces
libertés s’expriment davantage sur les questions relatives à son épanouisse-
ment personnel, et beaucoup moins en ce qui concerne la marche de la société
dans laquelle il vit, comme c’est le cas pour ce qui est du jeune. C’est aussi
parce que l’enfant se conçoit comme un être vulnérable exprimant davantage
un besoin de protection, alors que le jeune, a u-delà de la nécessaire protec-
tion, est considéré comme ayant atteint un niveau de maturité qui lui permet
de jouer un rôle dans la société. C’est un besoin légitime du jeune, lié au déve-
loppement de son sens du discernement, qui n’est pas suffisamment repris par
le droit international des enfants. Cela est compréhensible, dans la mesure
où « chaque peuple, chaque catégorie sociale, et même chaque génération
d’un même peuple, est “situé” dans l’histoire avec des espérances distinctes
et diverses et souvent avec des divergences en ce qui concerne l’attente de
l’avenir » (31). En effet, plus on progresse en âge, plus se développent les capa-
cités et les facultés d’agir de manière indépendante, plus les attentes vis-à-vis
de la société se transforment. On comprendra donc aisément que « l’intérêt
supérieur de l’enfant », cher à la Convention internationale relative aux droits
de l’enfant (32), ne puisse être assimilé à « l’intérêt supérieur du jeune » (33).
En d’autres termes, les considérations primordiales qui conditionnent la prise
de toutes les décisions concernant les enfants ne sont pas forcément les mêmes
en ce qui concerne les jeunes. Ce qui est tout à fait compréhensible, dans la
mesure où les contraintes qu’implique la protection d’un enfant d’un ou de
deux ans ne sauraient être les mêmes pour ce qui est d’un jeune de vingt ans
par exemple. C’est pourquoi, en dépit des garanties qu’il offre aux jeunes
générations, le droit international des enfants ne saurait remplir les mêmes
fonctions et satisfaire les mêmes attentes que celles placées dans un droit
dédié aux jeunes ; il ne saurait constituer un repère susceptible d’apporter
des solutions convenables aux problèmes des jeunes.
(31) M. Bedjaoui, « La difficile avancée des droits de l’homme vers l’universalité », R.U.D.H.,
vol. 1, 1989, p. 11.
(32) Convention internationale relative aux droits de l’enfant, 20 novembre 1989, 1577,
R.T.N.U., 3. Voy. en particulier les articles 3, 18 et 21.
(33) Voy. résolution A/RES/62/126, précitée, annexe, § 17.
émergence d’un droit international des jeunes 359
Ainsi, dans certains pays, le cas du Cameroun par exemple, il existe depuis
2006 une politique nationale de la jeunesse (35), de nombreux programmes
en faveur de l’autonomisation des jeunes et de leur accompagnement dans
certaines de leurs initiatives, un ministère en charge de la Jeunesse, de même
qu’un conseil national de la jeunesse, mais tout cela n’a pas donné lieu à
l’adoption d’une loi nationale visant à cristalliser les droits des jeunes pour en
faire de véritables sujets de droits en tant que tels. Bien qu’ayant adopté la
loi du 4 juillet 2008 sur la jeunesse, le Luxembourg en revanche s’est contenté
d’y faire figurer les objectifs et les grands principes de la politique nationale
de la jeunesse, sans toutefois consacrer des droits facilement mobilisables par
les jeunes, notamment devant des instances judiciaires (36), tandis que la
Youth Law of the Federation of Bosnia and Herzegovina qui, en ses articles 5
à 7, énumère les droits et obligations des jeunes (37), est restée trop générique
dans la mesure où elle n’apporte pas des réponses adaptées aux problèmes
spécifiques des jeunes, notamment sur la question lancinante de l’accès à
l’emploi ou à des formations de qualité préparant à l’emploi.
L’absence d’une législation nationale sur la jeunesse a pour conséquence
que, dans les faits, de nombreux jeunes sont encore victimes de discrimi-
nations dont certains facteurs explicatifs doivent être recherchés dans des
traditions et pratiques locales que les lois nationales ne condamnent pas
formellement ou n’adressent pas directement. C’est le cas dans certains pays
et régions où l’éducation des jeunes garçons est encore considérée comme
prioritaire par rapport à celle des jeunes filles, où le recrutement des jeunes
hommes est privilégié sur celui des jeunes femmes, quand bien même leurs
qualifications professionnelles seraient identiques. C’est que, en général, les
lois nationales, quel qu’en soit l’objet, n’accordent que très rarement une
attention spéciale à la situation des jeunes et l’on est en droit de s’interroger
au sujet de la pleine réalisation de leur potentiel si des changements ne sont
pas opérés dans ce sens. La persistance de telles insuffisances constitue l’un
(39) Résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, 7 novembre 1995, documents officiels
de l’Assemblée générale, 50e session, Doc. NU A/RES/50/728 (1995).
(40) Résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, 18 décembre 2007, documents offi-
ciels de l’Assemblée générale, 62e session, Doc. NU A/RES/62/126.
(41) À ce jour, le Secrétaire général des Nations Unies a produit six rapports sur l’état de la
jeunesse dans le monde, respectivement en 2003, 2005, 2007, 2010, 2011 et 2013, disponibles sur
www.un.org/development/desa/youth/world-youth-report.html, consulté le 2 juillet 2016.
(42) Cf. www.un.org/ecosoc/en/documents/resolutions, consulté le 2 juillet 2016.
(43) Cf. www.un.org/ecosoc/fr/content/youth-forum, consulté le 2 juillet 2016.
(44) Sans être exhaustif, on peut mentionner aussi l’action du F.N.U.A.P. qui a adopté un
cadre d’action sur les adolescents et les jeunes articulé autour d’une stratégie multisectorielle pour
promouvoir le développement global des jeunes à travers le monde ainsi que celle du P.N.U.D. qui a
adopté une stratégie pour la jeunesse 2014-2017.
(45) Cf. Résolutions de la Conférence générale de l’UNESCO en 1993 et stratégies à moyen terme
consécutives à partir de 1995.
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(60) P. Daillier, M. Forteau et A. Pellet, Droit international public, 8e éd., Paris, L.G.D.J.,
2009, p. 86.
(61) Cf. http://oij.org/es_ES/noticia/joven-conoces-tus-derechos, consulté le 21 mai 2016.
(62) À savoir le Pacte international sur les droits civils et politiques, d’une part, le Pacte interna-
tional sur les droits économiques, sociaux et culturels, d’autre part.
émergence d’un droit international des jeunes 367
(63) R. M. Koussetogue Koude, « Peut-on, à bon droit, parler d’une conception africaine des
droits de l’homme ? », Rev. trim. dr. h., no 62, 2005, p. 546.
(64) Cf. préambule de la Charte.
(65) A. Adepoju (dir.), La famille africaine, Paris, Kathala, 1999.
(66) L. Isa-Odidi, « La Charte africaine de la jeunesse : l’opportunité pour l’Afrique de jouer un
rôle de leader dans le développement », disponible sur www.afrimap.org/english/images/paper/Afri-
MAP-AYC-Isa-Odidi-FR.pdf, consulté le 31 janvier 2016, p. 2.
368 jacques joël angela
(67) A. B. Fall, « La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples : entre universalisme
et régionalisme », Pouvoirs, 2009/2, no 129, pp. 89‑91.
(68) J. J. Andela, « Les instruments africains traitant des droits de l’homme en dehors du champ
conventionnel de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples », in A. D. Olinga (dir.),
La protection internationale des droits de l’homme en Afrique, Yaoundé, Éditions CLE, 2012, p. 71.
(69) Disponible sur http://unesdoc.unesco.org/images/0018/001875/187571f.pdf, consulté le
2 juillet 2016.
émergence d’un droit international des jeunes 369
(70) P. Weil, « Le droit international en quête de son identité. Cours général de droit interna-
tional public », R.C.A.D.I., t. 237, 1992, p. 242.
(71) A. Mahiou, « Le droit international ou la dialectique de la rigueur et de la flexibilité. Cours
général de droit international public », R.C.A.D.I., t. 337, 2008, p. 93 ; A. Pellet, « La formation du
droit international dans le cadre des Nations Unies », J.E.D.I., vol. 6, no 3, 1995, p. 404.
370 jacques joël angela
les contextes où des conventions régionales sur les droits des jeunes existent
déjà (72), mais les renforcerait plutôt. En ce sens, une convention interna-
tionale ne constituerait alors qu’un catalogue minimal des droits des jeunes
que la communauté internationale se propose de consacrer et de protéger et
que tous les États signataires s’engageraient à respecter ; elle ne saurait aller
en deçà des droits reconnus au niveau régional, voire national.
La convention, enfin, serait assortie d’un mécanisme international de
garantie, comme c’est le cas d’autres conventions internationales portant
sur des droits catégoriels (73). Il s’agirait alors d’instituer en son sein une
voie de recours pour les jeunes ou leurs ayants droit (notamment les organi-
sations de jeunesse ou agissant en faveur de la jeunesse), dans le cas où les
droits qui leur sont reconnus ne sont pas respectés au niveau national. Non
seulement la justiciabilité serait une garantie de l’universalité des droits
ainsi consacrés (74), mais en plus elle servirait de garde-fou pour préserver
l’homogénéité desdits droits au-delà des applications nationales qui seraient
faites. C’est à ce prix que les droits des jeunes pourraient faire des pas décisifs
dans des sociétés où la demande se fait pressante.
Conclusion