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Géométrie II: Table des matières

1 Éléments de perspective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1 Perspective à partir d’une représentation de Monge . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Droites parallèles et points de fuite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Perspective par les points de fuite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.4 Perspective directe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.5 Perspective plafonnante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.6 Perspective plongeante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2 Les coniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.1 La parabole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.2 L’ellipse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.3 L’hyperbole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.4 L’ellipse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.5 L’hyperbole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3 Géométrie vectorielle du plan et de l’espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.1 Vecteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.2 Droites et plans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.3 Volume et déterminant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
3.4 Théorèmes du cosinus et du sinus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.5 Norme et produit scalaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.6 Produit vectoriel et produit mixte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.7 Calcul matriciel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.8 Changement de coordonnées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.9 Applications linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

0
Géométrie II Section d’Architecture EPFL

Ce cours est en grande partie basé sur les ouvrages suivants:


H.-L. Lehmann, Géométrie Descriptive, éditions Lep.
A. Rüegg et G. Burmeister, Méthodes constructives pour la géométrie spatiale, éditions Ppur.
G. Wanner, Γεωµετ ρια au fil de l’histoire, voir http://www.unige.ch/~wanner/Geo.html.
Je remercie aussi Michel Verlinden qui a mis en forme une version LATEX préliminaire d’une partie
de ce cours.

1 Éléments de perspective
Le terme perspective que nous utilisons dans ce cours est utilisé pour désigner des concepts parfois
réunis ailleurs sous les termes de “perspective linéaire”, “perspective conique”, ou “perspective
centrale” par exemple.
Définition. La perspective d’un objet est la projection centrale1 de cet objet sur un plan τ ,
appelé tableau, à partir du centre de projection O, appelé point de vue ou observateur.

Un objet vu en perspective est un objet tridimensionnel tel qu’il est représenté par exemple sur
une photo ou un écran. Pour ne pas apparaı̂tre trop déformé, cet objet doit être compris dans
un cône de sommet O appelé le cône de vision (ou cône optique). Ce cône est usuellement
pris droit et de base elliptique parallèle au tableau tel que les angles d’ouverture sont d’environ
37○ horizontalement et de 28○ verticalement (ces angles varient aussi selon les auteurs):

O P

Ci-dessus, la droite horizontale dans le tableau τ à hauteur de l’observateur est la ligne d’horizon
(ou simplement l’horizon), et le point P du tableau sur la perpendiculaire à τ par O est le point
de fuite principal de la perspective. La droite OP est l’axe optique, et la distance OP la
distance focale.
En variant la distance du tableau à l’observateur, seule la taille de la projection varie (par Thalès).
Le tableau peut donc se trouver aussi bien entre l’observateur et l’objet à projeter, à la hauteur
de l’objet, ou derrière (le tableau peut même se retrouver de l’autre côté de O par rapport à
l’objet considéré — la projection sur le tableau apparaı̂t alors inversée).
1
comme définie au cours de Géométrie I

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Remarque. Insistons sur le fait que la perspective définie comme projection centrale ne donne
que l’illusion d’une vision tridimensionnelle. De plus, pour des raisons de place et de lisibilité
des constructions, nous ne tiendrons pas compte dans ce cours de la contrainte imposée par les
angles d’ouverture du cône de vision. La conséquence en sera que, bien qu’exactes du point de
vue formel, nos représentations en perspective paraı̂tront souvent déformées.

1.1 Perspective à partir d’une représentation de Monge.


Donnée une représentation d’objets tridimensionnels en projection de Monge, la représentation
en perspective s’obtient facilement comme projection centrale des objets sur un plan. Ci-dessous,
les premières et troisièmes projections d’un cube sont données, la seconde projection n’étant pas
utile ici. Le tableau τ est frontal, et la représentation du cube en perspective (c’est-à-dire sa
projection centrale sur τ par rapport à O) est donnée en seconde projection:

τ3′′′
F2′
H3 E3 G3 F3
E2′ G′2
H2′ O3

A′2 D2′ C2′


x D3 A3 C 3 B3
B2′
D1 = H1

A1 = E1
C1 = G1

τ1′ B1 = F1

O1

La perspective en seconde projection s’obtient en prenant l’intersection avec τ des droites par O
et par chacun des sommets. Comme τ est frontal, ces intersections sont lues directement dans
les premières et troisièmes projections. Notons que la ligne de terre Ox est un élément de la
perspective: elle correspond à la projection centrale sur τ de la première trace τ ′ .
Remarque. La terminologie des droites, plans, etc., représentés en perspective suit la termi-
nologie des projections de Monge comme ci-dessus. Par exemple, un plan parallèle à τ est appelé
frontal, une droite orthogonale à τ de bout, etc.

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1.2 Droites parallèles et points de fuite.


Dans la représentation en perspective précédente, on remarque par exemple que les droites AB
et CD, parallèles dans l’espace, ne le sont plus du tout en perspective. En fait, plus on considère
des points R et Q loins de O et sur ces droites, plus leurs projections R1′ et Q′1 , R3′ et Q′3
(respectivement) seront proches. “À l’infini” sur les droites, ces projections se confondent en le
point de fuite des droites parallèles AB et CD, situé sur l’horizon.
On en déduit la classification suivante:

● Deux droites parallèles et frontales sont représentées comme des droites parallèles en perspec-
tive.
● Deux droites parallèles et non frontales se coupent dans un dessin en perspective en un point
de fuite.
– Si les deux droites sont de bout, le point de fuite est le point de fuite principal P . Ce
point à l’infini correspond à la projection orthogonale de O sur τ .
– Si les deux droites sont horizontales et non de bout, le point de fuite est dit secondaire.
– Si les deux droites ne sont pas horizontales, le point de fuite est dit accidentel.

Pour déterminer l’emplacement du point de fuite d’une famille de droites non frontales parallèles
à une droite d, on trace dans les projections de Monge les projections d’une parallèle à d passant
par O. Cette parallèle intersecte le tableau τ en les projections du point de fuite cherché.

τ3′′′
F2′
H3 E3 G3 F3
E2′ G′2
P′ H2′ P ′′
O3

A′2 D2′ C2′


x P3 D3 A3 C 3 B3
B2′
D1 = H1

A1 = E1
C1 = G1
P1′ P1′′
τ1′ B1 = F1

O1

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Ci-dessus, les droites formant les arêtes AB et EF donnent en première et troisième projections
une droite (projetée en vert) représentant la direction de ces arêtes; grâce aux projections P1′ et
P3′ de l’intersection de cette droite avec τ , on trouve le point de fuite P ′ = P2′ de cette famille de
droites parallèles. On procède de même pour le point de fuite secondaire P ′′ .

1.3 Perspective par les points de fuite.


La ligne d’horizon d’une perspective donne la hauteur de l’observateur O en seconde projection.
En exploitant les points de fuite représentant des familles de droites parallèles, il est possible de
simplifier les constructions et de se passer de la troisième projection.
Dans l’exemple qui suit, sont donnés: l’horizon h, la ligne de terre et les premières projections
d’un damier (posé sur Oxy) et de l’observateur. On a tout d’abord déterminé les points de fuite
P ′ et P ′′ sur l’horizon grâce aux directions des arêtes du damier tracées par O1 . Le prolongement
de chaque segment de droite du damier intersecte en première projection le tableau en un point
qui correspond en seconde projection à un point de la ligne de terre. On peut ensuite reconstituer
le damier en perspective en reliant les points sur la ligne de terre à leur point de fuite respectif.
(Le point de fuite principal P est donné pour référence.)

P′ O2 = P P ′′ h

τ1′

O1

Dans l’exemple qui suit, sont donnés: l’horizon, la ligne de terre, les premières projections d’une
“maison” (posée sur Oxy) et de l’observateur O et les hauteurs h1 et h2 de la base et du sommet
du toit respectivement. On obtient la base de la maison en procédant comme pour le damier
ci-dessus (la projection orthogonale de l’arête du toit sur Oxy sera utile pour les constructions
qui vont suivre). Les hauteurs h1 et h2 sont reproduites verticalement depuis la ligne de terre et
sur le prolongement d’une arête de la base de la maison. Ces hauteurs déterminent des “murs”

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virtuels de hauteur déterminée et s’étendant “à l’infini” (en traitillés ci-dessous). Comme les
arêtes verticales de la maison sont encore verticales en perspective, on peut reconstituter la
maison à l’aide des point de la base et des points à leur verticale sur les “murs infinis” (en vert
ci-dessous):
Q′

P ′′ P′ h

h2
h1

Q′′

O1

On remarque l’apparition des points de fuite accidentels Q′ et Q′′ correspondant aux segments
inclinées formant le toit de la maison. Les premières projections de ces segments sont confondues
avec celles des arêtes de la base fuyant vers P ′ . Il est donc naturel que ces points de fuite
accidentels soient représentés à la verticale de P ′ . Les directions des troisièmes projections des
arêtes du toit (représentées par des droites passant par O3 ) nous auraient donné la hauteur exacte
des points de fuite Q′ et Q′′ via leurs intersections avec τ3′′′ .

1.4 Perspective directe.


Supposons que l’on veuille d’abord fixer l’horizon et la base d’un dessin en perspective (typique-
ment: deux points de fuite donnés par un carré posé sur Oxy) pour ensuite tracer la première
projection de l’objet à dessiner. Le dessin en perspective sera ensuite complété en utilisant les
détails donnés par la première projection et les méthodes décrites précédemment.

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P′ P ′′ h

A
B
D
C

Notons que les points de fuite sont immédiatement déterminés par le carré de base, voire même
utilisés dans sa construction. Nous allons traiter le problème suivant en procédant par étapes:

Problème: trouver la première projection du carré ABCD qui donne la représentation


en perspective proposée.

Ligne de terre, tableau et observateur donnés.


Dans le problème ci-dessus, supposons que la ligne de terre et les premières projections de
l’observateur et du tableau sont aussi données.
Les points de fuite P ′ et P ′′ sont reportés sur τ1′ , ce qui détermine des parallèles aux côtés du
carré en première projection. Les prolongements des côtés du carré donnent des points sur la ligne
de terre que l’on reporte sur τ1′ . En traçant par ces derniers points des parallèles aux directions
respectives des côtés, on retrouve le carré en première projection.

P′ Q′ P ′′
h
A
B
D
C
x A1

B1

D1

C1
P1′ Q′1 P1′′ τ1′

O1

Ci-dessus, l’intersection de AB avec la ligne de terre est inaccessible. Pour trouver l’arête AB en
première projection, on utilise une droite auxiliaire, ici la diagonale AC (par exemple): celle-ci
détermine un point de fuite Q′ et un point d’intersection avec la ligne de terre. Ces éléments nous
permettent de dessiner la diagonale du carré en première projection, grâce à laquelle on récupère
les sommets A1 , puis B1 .

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Ligne de terre seule donnée.


Dans le problème ci-dessus, supposons que seule la ligne de terre est donnée. Si nous réussissons
à trouver les premières projections de l’observateur et de la première trace du tableau, il nous
suffira de nous reporter à la solution précédente pour résoudre le problème de reconstitution. En
vue de cela, deux rappels s’avèrent utiles (voir les exercices pour les preuves).

Cercle de Thalès. Un triangle est rectangle précisément lorsque le côté opposé à l’angle
droit forme le diamètre du cercle circonscrit:

Nous dirons qu’un cercle est le cercle de Thalès d’un segment si ce segment en forme
son diamètre. Bien sûr, nous aurons alors le résultat ci-dessus en tête.
Théorème de l’angle au centre. L’angle sous lequel est vu un arc de cercle est deux
fois plus petit depuis un point du cercle (en-dehors de l’arc) que depuis son centre:

α
2

Revenons à notre problème. Pour trouver O1 , nous procédons comme suit. La trace τ1′ est dessinée
horizontalement à une hauteur arbitraire (ci-dessous, elle est dessinée proche de Ox pour gagner
de la place), et les points P ′ et P ′′ sont reportés sur cette droite. En première projection les
directions données par les arêtes du carré doivent former un angle droit en O1 , ce dernier se
trouvera donc sur le cercle de Thalès du segment P1′ P1′′ . Le même raisonnement peut se faire
avec les diagonales du carré, car elles se coupent aussi à angle droit (les diagonales donnent les
points de fuite Q′ et Q′′ dans la perspective ci-dessous). Le point O1 se trouvera à l’intersection
de ces deux cercles de Thalès.
Comme tous les points de fuite ne sont pas nécessairement accessibles, le théorème de l’angle au
centre permet de remplacer avantageusement un des cercles de Thalès. Ci-dessous, plutôt que
d’utiliser l’intersection des cercles de Thalès des segments P1′ P1′′ et Q′1 Q′′1 , nous avons tracé (en
pointillés) le cercle de Thalès de P1′′ Q′1 ; son intersection avec la médiatrice du même segment
donne le centre I d’un nouveau cercle par P1′′ et Q′1 . Comme l’angle P1′′ IQ′1 est de 90○ , n’importe
quel autre point sur le cercle de centre I (et du même côté de τ1′ ) verra l’arc P1′′ Q′1 sous un angle
de 45○ . Comme 45○ est l’angle entre une diagonale et un côté d’un carré, l’intersection du cercle
de Thalès de P1′ P1′′ et du cercle de centre I donnera le point O1 cherché:

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Q′′ P′ Q′ P ′′
h
A
B
D
x C

Q′′1 P1′ Q′1 P1′′ τ1′

O1 I

Remarque. Notons pour la suite que la ligne de terre n’a pas été utilisée pour trouver O1
ci-dessus, mais devient utile lorsqu’on cherche à reconstituer la première projection du carré.

Longueur d’un côté donnée.


Lorsque nous voulons “poser une perspective” grâce à un carré de base comme dans le problème
proposé en ouverture de cette section, il peut être pratique de déterminer les élément manquants
pour que le côté du carré corresponde en première projection à une longueur donnée (si ce carré
correspond à certaines mesures faites sur un plan par exemple).
Dans le problème ci-dessus, supposons que seule la longueur d’un des côtés du carré en première
projection est donnée (pas de ligne de terre, de tableau ou d’observateur). Dans ce cas, si nous
réussissons à déterminer la position de la ligne de terre, nous pourrons nous référer aux solutions
des deux problèmes précédents pour reconstituer le carré en première projection. Il sera utile
d’utiliser le point de mesure d’un côté du carré.

Définition. Le point de mesure d’un segment AB posé sur Oxy et représenté en perspective
est un point de fuite Pm(A,B) qui permet de projeter ce segment sur une droite parallèle à Ox
tout en conservant sa vraie grandeur.

Pour comprendre la construction du point de mesure, supposons avoir la première projection


A1 B1 d’un segment AB représenté en perspective (et posé sur Oxy), ainsi que celles τ1′ et O1 du
tableau et de l’observateur. Via une parallèle à A1 B1 par O1 , nous obtenons la projection P1′ du
point de fuite de ce segment, et le prolongement de A1 B1 donne un point C1 sur τ1′ . Le segment
A1 B1 peut être déplacé sur τ1′ grâce à une rotation de centre C1 . Notons A′1 B1′ l’image du segment
après une telle transformation. La rotation peut être interprétée comme une projection de AB
sur τ ′ de direction AA′ (ou de manière équivalente, de direction BB ′ ). En traçant une parallèle
à A1 A′1 par O1 , nous obtenons un point de fuite P qui correspond à la direction des droites qui
projettent AB sur τ ′ tout en préservant la grandeur du segment. On a donc P = Pm(A,B) .

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A1

B1
P1′ A′1 P B1′ C1
τ1′

O1

La construction du point de mesure de AB peut en fait se faire directement si l’on connait la


première projection P1′ du point de fuite du segment, ainsi que celle de l’observateur: il suffit
de tracer un arc de cercle de centre P1′ passant par O1 ; l’intersection de cet arc avec τ1′ donne
Pm(A,B) (cette construction est facilement justifiée en considérant les triangles isocèles et sem-
blables A1 C1 A′1 et O1 P1′ P dans la construction précédente):

P1′ Pm(A,B)
τ1′

O1

Nous pouvons maintenant résoudre le problème d’origine (posé au début de 1.4) connaissant la
longueur AB:

● Placer τ1′ arbitrairement, et trouver O1 comme décrit à la page 7.

● Trouver le point de mesure Pm(A,B) de AB, et tracer les deux droites Pm(A,B) A et Pm(A,B) B;
faire glisser une droite horizontale verticalement jusqu’à ce que la longueur du segment compris
entre Pm(A,B) A et Pm(A,B) B soit de longueur AB. Cette droite est la ligne de terre cherchée.

● Compléter le dessin du carré en première projection comme décrit à la page 6.

1.5 Perspective plafonnante.


Si la hauteur de l’objet à représenter en perspective est très grande par rapport à sa base, ou si
l’on veut mettre en valeur certains détails verticaux de cet objet, il peut être utile d’incliner le
haut du plan de projection τ vers l’observateur. La perspective donnera alors l’impression que
l’observateur “regarde vers le haut” de l’objet. Le principe de cette perspective plafonnante
(ou perspective en contre-plongée) est le même que pour la perspective usuelle, mais les
constructions diffèrent légèrement à cause de l’inclinaison du tableau.
Dans l’épure ci-dessous, nous avons construit une seconde projection d’un cuboı̈de vu en per-
spective plafonnante2 . Pour obtenir le dessin en seconde projection, nous avons d’abord tracé
en première et troisième projection les droites reliant les sommets du cuboı̈de à l’observateur.
2
Cette seconde projection ne représente pas ici la projection du cuboı̈de sur τ en vraie grandeur; ce problème
sera réglé dans un second temps.

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Le plan τ , bien qu’incliné, est toujours perpendiculaire à Oyz, et l’on peut lire directement en
troisième projection les intersections des droites avec τ . Ces intersection sont ensuite reportées
en première projection sur la droite respective. Les premières et les troisièmes projections de ces
intersections avec τ permettent de trouver les secondes projections des sommets dessinés sur le
tableau (notées simplement A, B, C, etc. ici):

τ3′′′
E3 F3 H3 G3

G
F H
E
P′
O3
A
B D
C
x A3 B3 D3 C3
A1 = E1

B1 = F1
D1 = H1

C1 = G1
τ1′

O1

Remarquons que le principe de construction du point de fuite d’une famille de droites parallèles
est toujours valable. Par exemple, le point de fuite P ′ de la droite AB s’obtient en traçant en
seconde et troisième projection une parallèle à cette droite par O (la troisième projection est
horizontale et donne la ligne l’horizon), puis en cherchant son intersection avec τ : comme pour
les projections des points sur τ , cette intersection est lue en troisième projection, puis reportée
en première; sa seconde projection P ′ en découle, à l’horizontale de la troisième et à la verticale
de la première.
Attention cependant: notre construction pêche par le fait que la représentation de la projection
du cuboı̈de sur τ est déformée en seconde projection à cause de l’inclinaison de τ ! Dans la con-

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struction ci-dessus, il faut donc, après avoir déterminé en première et troisième projections les
intersections des droites avec τ et avant de dessiner la seconde projection, procéder à un rabat-
tement adéquat du plan τ . Ceci se traduit simplement par une rotation en troisième projection
qui rend la trace de τ verticale. Les secondes projections des points d’intersections s’obtiennent
ensuite facilement, toujours à l’horizontale des troisièmes projections (rabattues cette fois-ci) et
à la verticale des premières:

τ3′′′
E3 F3 H3 G3

F H
E

O3
A
B D
C
x A3 B3 D3 C3
A1 = E1

B1 = F1
D1 = H1

C1 = G1
τ1′

O1

Les points de fuite de la perspective sont bien sûr toujours présents après le rabattement et vont,
comme dans la perspective usuelle, faciliter la construction d’une perspective plafonnante.

Construction d’une perspective plafonnante par les points de fuite.


Nous avons vu dans la construction d’une perspective plafonnante l’apparition d’un nouveau
point de fuite qui correspond à la direction des droites verticales en perspective. À cause du
rabattement du plan τ , nous avons dans ce cas besoin de la troisième projection pour déterminer
les positions relatives du tableau, de l’observateur et de l’objet à représenter:

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τ3′′′
Q
E3 F3 H3 G3

F H l2
l2
E
P ′′ l3 P′
l3 O3
A
B D l1 l1
C
x A3 B3 D3 C3
A1 = E1

B1 = F1
D1 = H1

C1 = G1
τ1′ P1′′ P1′

O1

Ci-dessus, nous avons d’abord déterminé les points de fuite P1′ et P1′′ en première projection
grâce aux directions des arêtes horizontales du cuboı̈de reportées par O1 et à l’intersection de
l’horizontale par O3 avec τ3′′′ reportée en première projection; l’horizon en deuxième projection
est à une hauteur l1 de la ligne de terre, où l1 est la distance le long de τ3′′′ de la ligne de terre à
l’horizontale par O3 ; les points de fuite P ′ et P ′′ sont à la verticale de P1′ et P1′′ et sur l’horizon.
Le point de fuite Q des droites verticales est obtenu à la verticale de O1 à une distance l2 de la
ligne de terre (cette distance correspond à la distance, mesurée le long de τ3′′′ , de la ligne de terre
à l’intersection d’une verticale par O3 avec τ3′′′ ).
Les prolongements des arêtes de la base du cuboı̈de en première projection donnent des points
sur τ1′ qui, une fois reportés sur la ligne de terre, permettent de dessiner la base du solide via
les points de fuite. Pour le sommet du cuboı̈de, nous avons mesuré en troisième projection la
longueur verticale l3 d’une arête dessinée sur τ (ici C3 G3 projeté sur τ ) et la reporter verticalement
depuis le point de la base correspondant (ici C). En utilisant cette hauteur et le point de fuite Q
des verticales, on trouve l’arête verticale en perspective, et on complète la figure avec l’aide des
points de fuite P ′ et P ′′ .

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1.6 Perspective plongeante.


Plutôt que d’incliner le tableau vers l’observateur pour obtenir une perspective plafonnante, il
est possible de l’incliner dans la direction opposée pour obtenir une perspective plongeante
(ou une perspective en plongée). Cette représentation est utile par exemple pour mettre en
évidence des détails du toit d’un immeuble, sa forme ou la disposition générale d’une construction.
La perspective plongeante s’observe notamment dans les prises de vue aériennes:

τ3′′′

O3

E3 F3 H3 G3

l1 l1
l3
l3

x A3 B3 D3 C3
A1 = E1

B1 = F1
l2 l2
D1 = H1

C1 = G 1

τ1′

O1

Ormis l’inclinaison du tableau, le principe de cette perspective est bien sûr identique à celui de
la perspective plafonnante: projection de la figure sur τ depuis O en troisième projection, report
des points obtenus en première projection, rabattement des points du tableau se traduisant par
une rotation en troisième projection et dessin des points en perspective via leurs premières et
troisièmes projections rabattues.
La construction directe via les points de fuite (illustrée ci-dessus) est obtenue de la même manière
que pour la perspective plafonnante, seule la disposition des constructions diffère.

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Remarque. Il est possible d’adapter les techniques de dessin en perspective directe (voir 1.4) au
contexte des perspectives fuyantes et plafonnantes, mais nous ne traiterons pas ce sujet ici.

2 Les coniques

Une conique (ou section conique) est une courbe décrite par l’intersection d’un plan avec un
cône de révolution. Les coniques furent étudiées dès l’Antiquité par Ménechme (∼ 350 av.
J.-C.), Euclide, Pappus, Appolonius de Perga, ainsi que par de nombreux autres savants au
cours de l’histoire, dont Descartes (1596–1650) qui fut le premier à les rattacher à l’algèbre via
“sa” géométrie analytique. Donnés un cône et un plan, la courbe d’intersection dépendra de
l’inclinaison du plan d’intersection relativement à l’inclinaison des génératrices du cône. Si le
plan possède la même inclinaison que les génératrices, l’intersection est une parabole; si le plan
est moins incliné que les génératrices, la conique d’intersection est une ellipse; et si le plan est
plus incliné, la conique est une hyperbole:

parabole ellipse hyperbole


Chacune de ces courbes peut être décrite géométriquement ou algébriquement. Nous com-
mencerons par les définir dans le plan, ferons le lien entre ces définitions et les intersections
ci-dessus, puis les exprimerons sous forme algébrique.

Remarque. Pour éviter les cas dégénérés de coniques, nous admettons implicitement que le
plan d’intersection ne passe pas par le sommet du cône (voir les exercices pour une étude de cette
situation).

2.1 La parabole.

Définition. On considère dans le plan un point F hors d’une droite d. Une parabole ayant pour
foyer F et directrice d est le lieu géométrique des points à même distance de F et de d. Si P d
dénote la distance d’un point P à la droite d, la parabole est donc le lieu des points P tels que

PF
PF = Pd , ou de manière équivalente =1 .
Pd

Version du 28 mars 2011 14


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

P
p F ///

//

///
p

//
/
d

Remarque. La distance p entre le foyer et la directrice, et qui donne ici une idée de l’ouverture
de la parabole, est à comparer avec la variable de même nom apparaissant dans la définition de
l’ellipse en 2.4 et de l’hyperbole en 2.5.

Cette définition de la parabole est pratique pour la dessiner en position quelconque. Nous retrou-
vons la courbe comme intersection d’un plan est d’un cône grâce au résultat suivant.

Théorème. Si un cône est coupé par un plan π ayant la même inclinaison que les génératrices,
alors l’intersection est une parabole.

Preuve. Une preuve élégante est donnée par Germinal Pierre Dandelin (mathématicien, soldat et
ingénieur belge, 1794–1847). Son idée est d’exploiter le fait que les tangentes à une sphère depuis
un point P déterminent des segments de même longueur (entre P et les points de tangence):

l
C
P

On remarque aussi que l’ensemble des tangentes par P forme un cône: on dira qu’une sphère est
une sphère de Dandelin d’un cône si les génératrices de ce dernier sont toutes tangentes à la
sphère (il est courant de demander qu’une sphère de Dandelin soit aussi tangente à un plan, mais
notre terminologie est plus pratique). Ces tangentes dessinent un cercle C sur la sphère.
Considérons maintenant un cône et un plan π de même inclinaison que les génératrices. On peut
représenter cette situation en projection de Monge en plaçant le plan π parallèle à Ox. Ci-dessous,
nous avons les 2e et 3e projections de π, du cône, d’une sphère de Dandelin tangente à π en un
point F , et de la droite d d’intersection de π avec le plan horizontal contenant C (le cercle de
tangence de la sphère de Dandelin avec le cône):

Version du 28 mars 2011 15


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

π3′′′

B2 C2 d2 C3
d3 = B3
A2 A3
F3
F2

P2 P3

Soit maintenant un point P appartenant à l’intersection du plan et du cône, et A le point sur la


génératrice passant par P à la hauteur du cercle de tangence C. On considère aussi le point B
de π qui se situe sur un plan de profil passant par P . Les droites P A et P F sont tangentes à la
sphère (qui est aussi une sphère de Dandelin d’un cône de sommet P ) et donc

PA = PF .

Le plan π a la même inclinaison que les génératrice du cône, donc P A et P B forment le même
angle avec Oxy, et comme A et B sont tous deux à la même hauteur, on a

PA = PB .

On en conclut que
PF = PB
pour tout point P de l’intersection du plan et du cône. Comme P B est précisément la distance
de d à P , on conclut que l’intersection est bien une parabole de directrice d et de foyer F .

Tangentes à une parabole. Soit P un point sur la parabole (et donc à même distance de F
et de d), et B le pied de la perpendiculaire à d passant par P . La tangente en P est simplement
la bissectrice de l’angle BP
̂ F:

P
α F
α
//

Q
//

B d
t

En effet, si on note t la bissectrice de BP


̂ F , n’importe quel point Q sur t vérifie

BQ = QF .

Version du 28 mars 2011 16


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

Lorsque Q ≠ P , la droite QB n’est pas perpendiculaire à la directrice d, et la distance de Q à d


est plus petite que la distance de Q à F . Donc Q est en dehors de la parabole. Ceci montre que
la bissectrice t intersecte la parabole en un seul point et forme donc la tangente en P .
Remarque. Une conséquence de la construction de la tangente est la suivante: toute droite
perpendiculaire à la directrice réfléchie par l’intérieur de la parabole passe par le point F . Les
antennes paraboliques exploitent cette propriété pour concentrer un signal capté par le foyer:

α F
α

Équation de la parabole. Pour obtenir une équation d’une parabole de directrice d et de foyer
F , plaçons l’origine O au sommet de la parabole (c’est-à-dire à mi-chemin entre F et d), l’axe
Ox parallèle à d, et notons p la distance du foyer à la directrice:
y

P = (x, y)
F = (0, p2 )

O x

B = (x, − p2 ) d

2 2
Pour un point P = (x, y), la condition P F = P B donne P F = P B , que l’on explicite comme:
2 2 p2 p2
x2 + (y − p2 ) = (y + p2 ) , soit x2 + y 2 − py + 4 = y 2 + py + 4 .
Après simplification, nous obtenons l’équation de la parabole
1 2
y= 2p x

(où p est la distance du foyer à la directrice).

2.2 L’ellipse.
Définition. Soit F un point hors d’une droite d et un nombre e avec 0 ≤ e < 1. Une ellipse
d’excentricité e, de directrice d et de foyer F est le lieu des points P dont le rapport des
distances à F et à la droite d est e:
PF
=e .
Pd

Version du 28 mars 2011 17


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

k
e P

F
p

p
e
d

Remarque. En comparant la condition P F = e avec la condition P F = 1 (de la parabole), on


Pd Pd
observe que plus e s’approche de 1, plus l’ellipse ressemblera à une parabole. On peut en fait
montrer que la parabole est une “ellipse” dont une des extrémités se trouve “à l’infini”!

Comme pour la parabole, on retrouve l’ellipse comme une intersection d’un plan et d’un cône en
démontrant le résultat suivant.

Théorème. Si un cône est coupé par un plan π moins incliné que les génératrices, alors l’inter-
section est une ellipse.

Preuve. Comme pour la parabole, on considère une sphère de Dandelin tangente au plan π en
F et un point P appartenant à l’intersection du cône et du plan. On définit le point A sur la
génératrice par P à la hauteur du cercle C de tangence de la sphère de Dandelin au cône, et le
point B sur d (l’intersection de π avec le plan contenant C) et sur une perpendiculaire à d par P :

π3′′′

B2 C2 C3
A2 d2 A3 d3 = B3
F2
F3
P3
P2

Dans ce cas, nous avons toujours P A = P F , mais cette fois P A ≠ P B. Par contre, quand P varie,
l’angle α entre P A et Oxy ne change pas, et il en est de même pour l’angle β entre P B et Oxy;
l’angle α − β est donc constant et mesure la différence d’inclinaison entre π et les génératrices
du cône. Par Thalès, le rapport PP B
A
est constant et est plus petit que 1 car le plan π est moins
incliné que les génératrices:
PA PF
= =e
PB PB

Version du 28 mars 2011 18


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

avec 0 ≤ e < 1. L’intersection est donc bien une ellipse.

Plaçons maintenant une seconde sphère de Dandelin, tangente à π en F ′ , de l’autre côté du plan:

π3′′′

C2 C3
A2 d2 A3 d3
F2
F3
P3
P2
F2′
F3′
A′2 C2′ A′3 C3′

On obtient un nouveau point A′ sur la génératrice par P tel que


AA′ = P A + P A′
mesure la distance entre les cercles de tangence C et C ′ le long d’une génératrice. Cette distance
reste constante si on choisit un autre P , et on la note 2a. Comme P A = P F et P A′ = P F ′ , on a
P F + P F ′ = 2a .
Cette remarque rend plausible la caractérisation suivante de l’ellipse:

Théorème. Donnés deux point F et F ′ du plan, une ellipse est P


le lieu des points P tels que

P F + P F ′ = 2a F F′

(où 2a est une constante strictement plus grande que F F ′ ).

Ce résultat met en évidence deux axes de symétrie: le grand axe de l’ellipse est le segment entre
les deux points de la courbe sur F F ′ , et le petit axe est le segment entre les deux points sur la
médiatrice de F F ′ .
On déduit de la relation P F + P F ′ = 2a que le grand axe sera de longueur 2a et on définit la
longueur du petit axe comme étant 2b. Ces longueurs peuvent être obtenues via l’excentricité e
et la distance pe du foyer à la directrice d’une ellipse grâce aux égalités
p p
a= et b= √ .
1 − e2 1 − e2
Inversement, données les demi-longueurs a et b des axes d’une ellipse, on peut en déduire son
excentricité e ainsi que p: √
a2 − b2 b2
e= et p=
a a

Version du 28 mars 2011 19


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

(voir l’exercice 2 de la Série 7 pour les calculs). La figure ci-dessous résume le rôle que tiennent
ces valeurs dans le dessin d’une ellipse:

a
e

p
e
a b
p
O F C F′

p p ae
e(1+e) 1+e

2
d √a
a2 −b2

Tangentes à l’ellipse. Une tangente en un point P de l’ellipse est obtenue comme bissectrice
extérieure de l’angle F
̂ P F ′ (pour une justification, voir le cours de Géométrie I).

P
α
t α

F F′

Remarque. D’après la construction des tangentes à une ellipse, une droite passant par un des
foyers sera réfléchie par l’intérieur de l’ellipse vers le second foyer. Ce principe est exploité dans
la conception d’une chambre des échos: une pièce dont la voûte est convenablement ellipsoı̈dale
transmet les sons d’un foyer de l’ellipse à l’autre:

F F′

Équation de l’ellipse. Pour obtenir l’équation d’une ellipse, nous utilisons la relation PP BF
=e
(avec 0 ≤ e < 1) sous la forme P F = P B ⋅ e. On place l’origine des axes en O dans la figure
précédente (c’est-à-dire au point sur l’ellipse entre F et d) avec l’axe Ox perpendiculaire à d.
p
Dans ce repère, on considère un point P = (x, y), le pied B = (− e(1+e) , y) de sa perpendicualire
p 2 2
abaissée sur d et le foyer F = ( 1+e , 0). On développe ensuite P F = P B ⋅ e2 :

p 2 p 2
(x − 1+e
) + y 2 = (x + e(1+e)
) ⋅ e2 , soit y 2 = −x2 ⋅ (1 − e2 ) + 2xp .

Version du 28 mars 2011 20


Géométrie II Section d’Architecture EPFL


a2 −b2 b2
D’après les formules mentionnées précédemment, on a e = a , d’où (1 − e2 ) = a2
, et avec
2
p = ba , notre équation devient
2 2b2
y 2 = − ab 2 ⋅ x2 + a ⋅x , ou 1
b2
⋅ y2 = 2
a ⋅x− 1
a2
⋅ x2 .

On “complète le carré” dans la partie de droite de cette dernière équation via

2
a ⋅x− 1
a2
⋅ x2 = − a12 ⋅ (x2 − 2ax + a2 − a2 ) = − a12 ⋅ ((x − a)2 − a2 ) = − a12 ⋅ (x − a)2 + 1 .

Ceci donne finalement


y 2 (x − a)2
+ =1 .
b2 a2
En remplaçant x − a par x (ce qui revient à opérer une translation de l’origine de a unités vers la
droite, c’est-à dire à ramener l’origine des axes au centre C de l’ellipse), on obtient l’équation de
l’ellipse de grand axe 2a et de petit axe 2b:

x2 y 2
+ =1 .
a2 b2

2.3 L’hyperbole.

Définition. Soit F un point hors d’une droite d et un nombre e avec 1 < e. Une hyperbole
d’excentricité e, de directrice d et de foyer F est le lieu des points P dont le rapport des
distances à F et à la droite d est e:
PF
=e .
Pd

k
e P

k
F
p
p
e

Théorème. Si un cône est coupé par un plan π plus incliné que les génératrices, alors l’inter-
section est une hyperbole.

Proof. La démonstration est identique à celle pour l’ellipse, à ceci près que le rapport constant
PA
PB
= e est strictement plus grand que 1.

Considérons maintenant pour l’hyperbole la seconde sphère de Dandelin, tangente à π en F ′ :

Version du 28 mars 2011 21


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

F2′
A′2 A′3 F3′

C2′ C3′

S2 S3

π3′′′

C2 d2 C3 d3
A2 F2 A3 F3

P2 P3

Les points A et A′ sur la génératrice par P à hauteur des cercles de tangence des sphères de
Dandelin sont tels que la distance

AA′ = P A′ − P A ou AA′ = P A − P A′

est constante pour tout point P de l’intersection. En notant cette distance 2a, on obtient

P F ′ − P F = ±2a

(car P A = P F et P A′ = P F ′ ). Comme pour l’ellipse, cette remarque justifie une nouvelle


caractérisation de l’hyperbole:

Théorème. Donnés deux point F et F ′ du plan, une hyperbole


est le lieu des points P tels que P

P F ′ − P F = ±2a
F′ F

(où 2a est une constante strictement plus petite que F F ′ ).


Ce résultat met en évidence les deux axes de symétrie de l’hyperbole: le grand axe, de longueur
2a, est le segment entre les deux points de la courbe sur F F ′ , et le petit axe est porté par la
médiatrice de F F ′ . Les extrémités du petit axe sont déterminés comme suit: désignons par O le
point de la parabole sur F F ′ le plus proche de F et par C le milieu de F F ′ ; le cercle de centre
C et de rayon CF intersecte en un point B la perpendiculaire à F F ′ passant par O; on pose
b = BO, la demi-longueur du petit axe. On a donc la situation suivante:

Version du 28 mars 2011 22


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

k
e P

+ k
2a

k
b
C O
′ a F
F
p
p
e

p
Les longueurs des axes peuvent être obtenues via l’excentricité e et à la distance e du foyer à la
directrice d’une hyperbole grâce aux égalités
p p
a= et b= √ .
e2 −1 e2 − 1
Inversement, données les demi-longueurs a et b des axes d’une hyperbole, on peut en déduire son
excentricité e ainsi que p: √
a2 + b2 b2
e= et p= .
a a
Les distances suivantes ont les mêmes expressions que dans le cas de l’ellipse (bien qu’ici 1 < e):
p p
Od = , OF = et CF = ae.
e(e + 1) e+1

Equation de l’hyperbole. En plaçant l’origine O sur le sommet de l’hyperbole entre le foyer


F et la directrice d, et l’axe Ox perpendiculaire à cette dernière, on procède comme dans le
cas de l’ellipse pour trouver l’équation de l’hyperbole: on se donne un point P = (x, y), le pied
p p
B = (− e(1+e) , y) de sa perpendicualire abaissée sur d et le foyer F = ( 1+e , 0); on développe ensuite
2 2
P F = P B ⋅ e2 . La première partie du calcul est la même que pour l’ellipse, on trouve donc

y 2 = x2 ⋅ (e2 − 1) + 2xp .
b2 b2
On remplace (e2 − 1) = a2
et p = a dans cette équation, puis on “complète le carré” pour obtenir

y 2 (x + a)2
= −1 .
b2 a2
En remplaçant (x + a) par x dans cette équation (c’est-à-dire en déplaçant l’origine de a unités
vers la gauche), on trouve l’équation de l’hyperbole de grand axe 2a et de petit axe 2b:

x2 y 2
− =1 .
a2 b2

Version du 28 mars 2011 23


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

Asymptotes de l’hyperbole. De l’équation de l’hyperbole on tire



2
y = ±b xa2 − 1 .
√ √
2 2
Lorsque x “croı̂t sans borne”, la valeur ±b xa2 − 1 s’approche de ±b xa2 , c’est-à-dire de ± ab ⋅ x.

2
En d’autres termes, lorsque x grandit, les valeurs y = ±b ⋅ xa2 − 1 s’approchent de plus en plus de

y = ± ab x .

Ces dernières équations décrivent deux droites, asymptotes de l’hyperbole.

Tangentes à l’hyperbole. En raisonnant comme dans le cas de l’ellipse, on trouve que la


tangente à l’hyperbole en un point P est la bissectrice de l’angle F
̂ ′P F :

P
α
α
t
F′ F

2.4 L’ellipse.
Définition. Soit F un point hors d’une droite d et un nombre e avec 0 ≤ e < 1. Une ellipse
d’excentricité e, de directrice d et de foyer F est le lieu des points P dont le rapport des
distances à F et à la droite d est e:
PF
=e .
Pd
k
e P

F
p

p
e
d

Remarque. En comparant la condition P F = e avec la condition P F = 1 (de la parabole), on


Pd Pd
observe que plus e s’approche de 1, plus l’ellipse ressemblera à une parabole. On peut en fait
montrer que la parabole est une “ellipse” dont une des extrémités se trouve “à l’infini”!

Comme pour la parabole, on retrouve l’ellipse comme une intersection d’un plan et d’un cône en
démontrant le résultat suivant.

Version du 28 mars 2011 24


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

Théorème. Si un cône est coupé par un plan π moins incliné que les génératrices, alors l’inter-
section est une ellipse.

Preuve. Comme pour la parabole, on considère une sphère de Dandelin tangente au plan π en
F et un point P appartenant à l’intersection du cône et du plan. On définit le point A sur la
génératrice par P à la hauteur du cercle C de tangence de la sphère de Dandelin au cône, et le
point B sur d (l’intersection de π avec le plan contenant C) et sur une perpendiculaire à d par P :

π3′′′

B2 C2 C3
A2 d2 A3 d3 = B3
F2
F3
P3
P2

Dans ce cas, nous avons toujours P A = P F , mais cette fois P A ≠ P B. Par contre, quand P varie,
l’angle α entre P A et Oxy ne change pas, et il en est de même pour l’angle β entre P B et Oxy;
l’angle α − β est donc constant et mesure la différence d’inclinaison entre π et les génératrices
du cône. Par Thalès, le rapport PP B
A
est constant et est plus petit que 1 car le plan π est moins
incliné que les génératrices:
PA PF
= =e
PB PB
avec 0 ≤ e < 1. L’intersection est donc bien une ellipse.

Plaçons maintenant une seconde sphère de Dandelin, tangente à π en F ′ , de l’autre côté du plan:

π3′′′

C2 C3
A2 d2 A3 d3
F2
F3
P3
P2
F2′
F3′
A′2 C2′ A′3 C3′

Version du 28 mars 2011 25


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

On obtient un nouveau point A′ sur la génératrice par P tel que


AA′ = P A + P A′
mesure la distance entre les cercles de tangence C et C ′ le long d’une génératrice. Cette distance
reste constante si on choisit un autre P , et on la note 2a. Comme P A = P F et P A′ = P F ′ , on a
P F + P F ′ = 2a .
Cette remarque rend plausible la caractérisation suivante de l’ellipse:

Théorème. Donnés deux point F et F ′ du plan, une ellipse est P


le lieu des points P tels que

P F + P F ′ = 2a F F′

(où 2a est une constante strictement plus grande que F F ′ ).

Ce résultat met en évidence deux axes de symétrie: le grand axe de l’ellipse est le segment entre
les deux points de la courbe sur F F ′ , et le petit axe est le segment entre les deux points sur la
médiatrice de F F ′ .
On déduit de la relation P F + P F ′ = 2a que le grand axe sera de longueur 2a et on définit la
longueur du petit axe comme étant 2b. Ces longueurs peuvent être obtenues via l’excentricité e
et la distance pe du foyer à la directrice d’une ellipse grâce aux égalités
p p
a= et b= √ .
1 − e2 1 − e2
Inversement, données les demi-longueurs a et b des axes d’une ellipse, on peut en déduire son
excentricité e ainsi que p: √
a2 − b2 b2
e= et p=
a a
(voir l’exercice 3 de la Série 6 pour les calculs). La figure ci-dessous résume le rôle que tiennent
ces valeurs dans le dessin d’une ellipse:
a
e

p
e
a b
p
A F O F′

p p ae
e(1+e) 1+e

2
d √a
a2 −b2

Version du 28 mars 2011 26


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

Tangentes à l’ellipse. Une tangente en un point P de l’ellipse est obtenue comme bissectrice
extérieure de l’angle F
̂ P F ′ (pour une justification, voir le cours de Géométrie I).

P
α
t α

F F′
Remarque. D’après la construction des tangentes à une ellipse, une droite passant par un des
foyers sera réfléchie par l’intérieur de l’ellipse vers le second foyer. Ce principe est exploité dans
la conception d’une chambre des échos: une pièce dont la voûte est convenablement ellipsoı̈dale
transmet les sons d’un foyer de l’ellipse à l’autre:

F F′

PF
Équation de l’ellipse. Pour obtenir l’équation d’une ellipse, nous utilisons la relation PB
=e
2 2
(avec 0 ≤ e < 1) sous la forme P F = P B ⋅ e2 . On place l’origine des axes au centre de l’ellipse
(c’est-à-dire au point O sur F F ′ à une distance ae de d) avec l’axe Ox perpendiculaire à d. Dans
ce repère, on considère un point P = (x, y), le pied B = (− ae , y) de sa perpendicualire abaissée sur
2 2
d et le foyer F = (−ae, 0). On développe ensuite P F = P B ⋅ e2 :
(x + ae)2 + y 2 = (x + ae )2 ⋅ e2 ,
qui donne x2 + 2aex + a2 e2 + y 2 = e2 x2 + 2aex + a2 , soit
x2 (1 − e2 ) + y 2 = a2 (1 − e2 ) .
En divisant par a2 (1 − e2 ) de chaque côté de l’égalité, on obtient
x2 y2
+ =1 .
a2 a2 (1 − e2 )

D’après les formules mentionnées précédemment, on a e = a a−b , d’où a2 (1 − e2 ) = b2 . On obtient
2 2

ainsi l’équation implicite de l’ellipse de grand axe 2a et de petit axe 2b:


x2 y 2
+ =1 .
a2 b2

2.5 L’hyperbole.
Définition. Soit F un point hors d’une droite d et un nombre e avec 1 < e. Une hyperbole
d’excentricité e, de directrice d et de foyer F est le lieu des points P dont le rapport des
distances à F et à la droite d est e:
PF
=e .
Pd

Version du 28 mars 2011 27


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

k
e P

k
F
p
p
e

Théorème. Si un cône est coupé par un plan π plus incliné que les génératrices, alors l’inter-
section est une hyperbole.

Proof. La démonstration est identique à celle pour l’ellipse, à ceci près que le rapport constant
PA
PB
= e est strictement plus grand que 1.

Considérons maintenant pour l’hyperbole la seconde sphère de Dandelin, tangente à π en F ′ :

F2′
A′2 A′3 F3′

C2′ C3′

S2 S3

π3′′′

C2 d2 C3 d3
A2 F2 A3 F3

P2 P3

Les points A et A′ sur la génératrice par P à hauteur des cercles de tangence des sphères de
Dandelin sont tels que la distance
AA′ = P A′ − P A ou AA′ = P A − P A′
est constante pour tout point P de l’intersection. En notant cette distance 2a, on obtient
P F ′ − P F = ±2a

Version du 28 mars 2011 28


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

(car P A = P F et P A′ = P F ′ ). Comme pour l’ellipse, cette remarque justifie une nouvelle


caractérisation de l’hyperbole:
Théorème. Donnés deux point F et F ′ du plan, une hyperbole
est le lieu des points P tels que P

P F ′ − P F = ±2a
F′ F

(où 2a est une constante strictement plus petite que F F ′ ).


Ce résultat met en évidence les deux axes de symétrie de l’hyperbole: le grand axe, de longueur
2a, est le segment entre les deux points de la courbe sur F F ′ , et le petit axe est porté par la
médiatrice de F F ′ . Les extrémités du petit axe sont déterminés comme suit: désignons par A le
point de l’hyperbole sur F F ′ le plus proche de F et par O le milieu de F F ′ ; le cercle de centre O
et de rayon OF intersecte en un point B la perpendiculaire à F F ′ passant par A; on pose b = AB,
la demi-longueur du petit axe. On a donc la situation suivante:

k
e P

+ k
2a B
k

b
O
F′ a A F
p
p
e

p
Les longueurs des axes peuvent être obtenues via l’excentricité e et à la distance e du foyer à la
directrice d’une hyperbole grâce aux égalités
p p
a= et b= √ .
e2 −1 e2 − 1

Inversement, données les demi-longueurs a et b des axes d’une hyperbole, on peut en déduire son
excentricité e ainsi que p:

a2 + b2 b2
e= et p= .
a a
Les distances suivantes ont les mêmes expressions que dans le cas de l’ellipse (bien qu’ici 1 < e):
p p a
Ad = , AF = , OF = ae, et Od = .
e(e + 1) e+1 e

Version du 28 mars 2011 29


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

Equation de l’hyperbole. En plaçant l’origine O au mileu du segment F F ′ , on procède comme


dans le cas de l’ellipse pour trouver l’équation de l’hyperbole: on se donne un point P = (x, y),
le pied ( ae , y) de sa perpendiculaire abaissée sur d et le foyer F = (ae, 0); on développe ensuite
2 2
P F = P B ⋅ e2 , soit
(x − ae)2 + y 2 = (x − ae )2 ⋅ e2
qui donne x2 (1 − e2 ) + y 2 = a2 (1 − e2 ). En divisant par a2 (1 − e2 ) (qui vaut −b2 ), on trouve
l’équation de l’hyperbole de grand axe 2a et de petit axe 2b:

x2 y 2
− =1 .
a2 b2

Asymptotes de l’hyperbole. De l’équation de l’hyperbole on tire



2
y = ±b ⋅ xa2 − 1 .
√ √
x2 2
Lorsque x “croı̂t sans borne”, la valeur ±b ⋅ − 1 s’approche de ±b ⋅ xa2 , c’est-à-dire de ± ab ⋅ x.
a2 √
2
En d’autres termes, lorsque x grandit, les valeurs y = ±b ⋅ xa2 − 1 s’approchent de plus en plus de

y = ± ab x .

Ces dernières équations décrivent deux droites, asymptotes de l’hyperbole.

Tangentes à l’hyperbole. En raisonnant comme dans le cas de l’ellipse, on trouve que la


tangente à l’hyperbole en un point P est la bissectrice de l’angle F
̂ ′P F :

P
α
α
t
F′ F

En effet, dans la situation ci-dessus notons R le point sur P F ′ à une distance 2a = P F ′ − P F


de F ′ dans la direction de P (et donc à une distance P F de P ). Pour tout point Q ≠ P sur la
bissectrice de F
̂ ′ P F , on a QR = QF , et comme F ′ , R, et Q ne sont pas alignés, on a QF ′ < 2a+QB;

c’est-à-dire
QF ′ − QF < 2a
pour tout point Q ≠ P sur la bissectrice. Celle-ci est donc toujours du même côté de la branche
d’hyperbole qu’elle ne touche qu’en P .

Version du 28 mars 2011 30


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3 Géométrie vectorielle du plan et de l’espace

Pour traiter de la géométrie vectorielle, il sera pratique d’utiliser les notations suivantes:

● R désigne l’ensemble des nombres réel.

● R2 désigne l’ensemble des paires de nombres réels, c’est-à dire des paires (x, y) avec x et y des
nombres réels; nous appellerons souvent cet ensemble le plan.

● R3 désigne l’ensemble des triplets de nombres réels, c’est-à dire des triplets (x, y, z) avec x, y,
z des nombres réels; nous appellerons souvent cet ensemble l’espace (à 3 dimensions).

Comme de nombreux concepts peuvent être exprimés de manière abstraite, nous pouvons aussi
considérer l’ensemble Rn des n-tuplets de nombres réels, c’est-à-dire de listes

(x1 , x2 , . . . , xn )

de nombres réels. On retrouve le plan ou l’espace en posant n = 2 ou n = 3 respectivement.

3.1 Vecteurs.
Pour un nombre entier positif n fixé, il est possible d’additionner et de soustraire deux listes de
longueur n terme-à-terme:

(x1 , x2 , . . . , xn ) + (y1 , y2 , . . . , yn ) = (x1 + y1 , x2 + y2 , . . . , xn + yn )


(x1 , x2 , . . . , xn ) − (y1 , y2 , . . . , yn ) = (x1 − y1 , x2 − y2 , . . . , xn − yn ) .

Il est bien sûr aussi possible de multiplier une telle liste par un nombre:

λ ⋅ (x1 , x2 , . . . , xn ) = (λx1 , λx2 , . . . , λxn ) .

Si on note x = (x1 , x2 , . . . , xn ) et y = (y1 , y2 , . . . , yn ), on aura donc

x + y = (x1 + y1 , x2 + y2 , . . . , xn + yn ) , x − y = (x1 − y1 , x2 − y2 , . . . , xn − yn )
λ ⋅ x = (λx1 , λx2 , . . . , λxn ) .

Dans ce contexte (addition, soustraction, multiplication par un nombre), une “liste” de n éléments
est appelée un vecteur et un nombre seul un scalaire. Insistons sur le fait que nous n’avons pas
défini le produit de deux vecteurs. Il y a différentes raisons pour cela:

● Selon le contexte, il y a souvent plusieurs “multiplications” possibles; nous en verrons deux ici:
le produit scalaire et le produit vectoriel (ou produit extérieur ).

● La multiplication terme-à-terme — qui semble la plus naturelle — gagne à être passée sous
silence: en effet, elle ne possède pas d’interprétation géométrique intéressante, et ne semble
tout simplement pas être utile en mathématiques.

Version du 28 mars 2011 31


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Notations. Un vecteur x = (x1 , x2 , . . . , xn ) est parfois aussi écrit comme


Ð

x = (x1 , x2 , . . . , xn ) ou x = (x1 , x2 , . . . , xn ) .

Ces notations particulières aident à distinguer les vecteurs des scalaires et fournissent ainsi un
guide visuel au concept véhiculé, mais elles ont tendance à alourdir inutilement les raisonnements3
et nous ne les utiliserons pas ici. D’autres notations pour une liste (x1 , x2 , . . . , xn ) sont

⎛ x1 ⎞
⎜ x2 ⎟
⎜ ⎟
(x1 x2 ⋯ xn ) ou ⎜ . ⎟ ;
⎜ .. ⎟
⎜ ⎟
⎝xn ⎠

un vecteur apparaissant sous la première forme est un vecteur ligne et un vecteur colonne
sous la seconde. Ces notations sont surtout utiles dans le contexte du calcul matriciel (voir 3.7,
3.8 et 3.9).

Interprétation géométrique. Un vecteur de R correspond à un nombre, un vecteur de R2


à un point du plan, et un vecteur de R3 à un point de l’espace. Nous n’insisterons pas ici sur
la différence entre un point du plan ou de l’espace et le vecteur qui le représente. Nous nous
permettrons ainsi d’utiliser le même symbole pour un vecteur et un point, bien que formellement,
il n’y a pas de sens à multiplier un point par un nombre, ou à additonner ou soustraire deux
points.

Exemples. Les deux premiers exemples qui suivent sont donnés dans le plan, mais les mêmes
raisonnements s’appliquent dans l’espace en ajoutant simplement une coordonnée.

• Donnés deux vecteurs x = (3, 1), y = (2, −4), on a par exemple

x + y = (5, −3) , x − y = (1, 5) , 2x = (6, 2) .

Graphiquement, on représente les vecteurs par des flèches:

y
x−y
2x −y x−y 2x
1 x 1 x

O 1 O 1 x+y y
x+y
y y
x

À droite, la méthode graphique pour le calcul vectoriel est mise en évidence. Le vecteur
3
Par exemple, si l’on a deux vecteurs Ð →
x et Ð →
y , il faut définir et tenir compte de nouveaux symboles comme
ÐÐ→ ÐÐ→
x + y, λ ⋅ x, etc. Dans un contexte plus général, les vecteurs apparaissent sous la forme de polynômes, de fonctions
ou même de matrices, et les notations “fléchée” ou “en gras” tendent à devenir artificielles.

Version du 28 mars 2011 32


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x + y peut être obtenu en dessinant le vecteur y avec son origine à l’extrémité du vecteur x,
ou de manière équivalente, en traçant le vecteur x avec son origine à l’extrémité du vecteur
y; le parallélogramme formé par ces vecteurs est typique de l’addition vectorielle. De même,
le vecteur x − y peut être vu comme x + (−y): on ajoute −y “au bout” de x, ou x “au bout”
de −y = −1 ⋅ y. Finalement, 2x est obtenu comme x + x.
Les mathématiques nécessaires pour rendre ces opérations graphiques formelles sont assez
lourds et nous ne les détaillons pas ici (on devrait définir un vecteur comme une “classe
d’équivalence” de “bipoints” de Rn et vérifier que cette définition résiste bien au calcul).
Retenons seulement l’essentiel: un vecteur, représenté par une flèche, peut être déplacé
graphiquement n’importe où dans le plan ou l’espace sans que sa valeur n’en soit modifiée.
Par contre, le point qu’il représente sera toujours obtenu en plaçant le vecteur à l’origine
des axes.
Ð→
• Une paire de points (A, B) déterminent un vecteur AB (ici, la flèche au-dessus des deux
points devient nécessaire à cause des différentes notions que peut véhiculer un couple de
points: droite AB, segment [AB], distance AB, etc.). Par exemple,

A = (3, 1) et B = (2, 2)
Ð→
donnent le vecteur AB = (−1, 1):

B Ð→ B Ð→
AB AB
b
1 A 1 a A
Ð→
AB
O 1 O 1
À droite, nous voyons comment obtenir ce vecteur: on associe un vecteur a = (3, 1) au point
Ð→
A, un vecteur b = (2, 2) au point B, et le vecteur AB est alors donné par
Ð→
AB = b − a = (2, 2) − (3, 1) = (−1, 1) .

(Intuitivement, le “point de départ” A donne les coordonnées de la nouvelle origine du


vecteur: on soustrait ces coordonnées pour que le vecteur “parte” de (0, 0).)

• On dit que les vecteurs

e1 = (1, 0, 0, . . . , 0) , e2 = (0, 1, 0, . . . , 0) , ... , en = (0, 0, 0, . . . , 1)

forment la base canonique de Rn . En effet, tout vecteur x = (x1 , x2 , . . . , xn ) peut s’écrire


de manière unique comme

x = x1 ⋅ e1 + x2 ⋅ e2 + . . . + xn ⋅ en

(où les xi sont des scalaires et les ei des vecteurs). On dit que x est obtenu comme
combinaison linéaire des vecteurs e1 , e2 , . . . , en . Par exemple, si x = (2.5, 1.5), on a
x = 2.5 ⋅ e1 + 1.5 ⋅ e2 , ou si y = (1, 2, 1), on a y = e1 + 2 ⋅ e2 + e3 :

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x
e2 1.5 ⋅ e2 e3 y
e1 2.5 ⋅ e1 e3
e1 e2
2 ⋅ e2

3.2 Droites et plans.

Équation paramétrique d’une droite. Deux points distincts (du plan ou de l’espace) suff-
isent à déterminer une droite. Pour trouver une équation vectorielle (ou une équation
paramétrique) d’une droite, on associe d’abord à chacun des points un vecteur, par exemple a
et b; la droite est alors l’ensemble des points déterminés par un vecteur x satisfaisant

x = a + λ ⋅ (b − a) ,

où λ est un scalaire quelconque:

b−a
x b
a a + λ(b − a)
O

Le vecteur b − a est un vecteur directeur de la droite, et peut bien sûr être remplacé par un
autre vecteur non nul pour obtenir cette droite ou une autre. On constate la puissance de la
notation vectorielle: la même équation détermine une droite du plan ou de l’espace selon que les
vecteurs a et b sont des vecteurs de R2 ou de R3 .

Coordonnées barycentriques sur une droite. En regroupant les termes en a et en b dans


l’expression a + λ(b − a), on peut récrire l’équation paramétrique d’une droite comme

x = (1 − λ) ⋅ a + λ ⋅ b

avec λ pouvant prendre n’importe quelle valeur réelle. On fait les observations suivantes:

(1) Si λ = 0, on se retrouve en x = a, et si λ = 1, on se retrouve en x = b.

(2) Si 0 ≤ λ ≤ 1, on se trouve sur le segment allant de a à b.

(3) Si λ < 0, on se retrouve en-dehors du segment de a à b du côté de a, et si 1 < λ, on se


retrouve en-dehors du segment de a à b du côté de b:

Version du 28 mars 2011 34


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1<λ
λ=1
0≤λ≤1
b λ=0
a
λ<0
O

En posant m2 = λ et m1 = 1 − λ, on aura m1 + m2 = 1 et l’équation x = (1 − λ) ⋅ a + λ ⋅ b peut alors


être écrite comme
x = m1 ⋅ a + m2 ⋅ b avec m1 + m2 = 1.
Les deux nombres (m1 , m2 ) donnent les coordonnées barycentriques de x par rapport au
couple de vecteurs (a, b). Dans ce cas, x représente le centre de gravité des point déterminés par
a et b, où l’on aurait attaché un poids m1 à a et m2 à b. Par exemple, avec les mêmes poids
a = b = 21 , le centre de gravité x se trouve au milieu du segment de a à b; pour des centres de
gravité en-dehors de ce segment, on a à faire à des poids “négatifs”, c’est-à-dire que le point
associé est soumis à une poussée plutôt qu’à une traction.

Équation paramétrique d’un plan. Pour l’équation d’une droite ci-dessus, on part d’un point
a dans une direction b − a pour trouver un point x sur la droite a + λ ⋅ (b − a). Pour l’équation d’un
plan dans l’espace, on se donne un point de plus c (qui ne se trouve pas sur la droite a + λ ⋅ (b − a)),
et on se permet d’aller depuis a dans n’importe quelle direction donnée par une combinaison
linéaire des vecteurs directeurs b − a et c − a du plan; on obtient l’équation vectorielle (ou
l’équation paramétrique de paramètres λ et µ) du plan passant par a, b et c:

x = a + λ ⋅ (b − a) + µ ⋅ (c − a) .

b−a
b a
c−a
c

Coordonnées barycentriques dans un plan. En regroupant les termes en a, b et c dans


l’équation paramétrique d’un plan, on obtient

x = (1 − λ − µ) ⋅ a + λ ⋅ b + µ ⋅ x

avec λ et µ pouvant prendre n’importe quelles valeurs réelles. En posant m3 = µ, m2 = λ et


m1 = 1 − λ − µ on peut récrire l’équation précédente comme

x = m1 ⋅ a + m2 ⋅ b + m3 ⋅ c avec m1 + m2 + m3 = 1.

Version du 28 mars 2011 35


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Ceci nous donne les coordonnées barycentriques (m1 , m2 , m3 ) de x par rapport au triplet de
vecteurs (a, b, c). Comme dans le cas de deux vecteurs, ces coordonnées donnent l’emplacement
x du centre de gravité d’un triangle de sommets a, b, c auxquels on aurait attaché des poids de
m1 , m2 , m3 respectivement:

m1 = 0 m2 = 0
c
m1 = m3

m2 = m3

b m3 = 0
m1 = m2

On remarque:

● Si m2 = m3 = 0, on est au point x = a; si m1 = m3 = 0, on est au point x = b; si m1 = m2 = 0, on


est au point x = c.

● Si m3 = 0, on a x = m1 ⋅ a + m2 ⋅ b avec m1 + m2 = 1 et on est donc sur la droite de a à b; de


même, si m2 = 0, on est sur la droite de a à c; et si m1 = 0, on est sur la droite de b à c.

● Si m2 = m3 , on pose m′ = 2m2 = 2m3 et on a x = m1 ⋅a+m′ ⋅ 21 ⋅(b+c) avec m1 +m2 +m3 = m1 +m′ = 1


et on est sur la droite de a à 21 ⋅ (b + c), c’est-à-dire sur la médiane passant par le sommet a du
triangle formé par les extrémités de a, b, et c; de même, si m1 = m3 , on est sur la médiane du
sommet b; et si m1 = m2 , on est sur la médiane de sommet c.

● Si m1 = m2 = m3 , on est au barycentre du triangle déterminé par a, b, c. Comme il n’y a


qu’on point x avec ses trois coordonnées barycentriques égales (m1 + m2 + m3 = 1 implique alors
m1 = m2 = m3 = 31 ), ceci démontre de manière très élégante que les trois médianes d’un triangle
se coupent en un point.

3.3 Volume et déterminant.

Aire d’un parallélogramme. Donnés deux vecteurs a = (a1 , a2 ) et b = (b1 , b2 ), on aimerait


trouver l’aire du parallélogramme engendré:

b
a

Version du 28 mars 2011 36


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Ramenons ce parallélogramme à un rectangle reposant sur les axes:

↝ ↝

b′ b
a b a b′

O O a′ O a′
En fait, la dernière étape est inutile, l’aire d’un parallélogramme étant donné par sa base multipliée
par sa hauteur, soit la longueur du vecteur b′ ci-dessus fois la première composante de a (on a
a′ = (a1 , 0)).
Pour trouver le vecteur b′ , il faut évaluer l’intersection de la droite b + λ ⋅ a avec l’axe Oy. On
cherche donc un λ qui annule la première composante du vecteur b′ = b + λ ⋅ a:

b′ = b −
b1 b1
b1 + λa1 = 0 donne λ = − et ⋅a .
a1 a1

Comme sa première composant est nulle, la longueur de b′ est b2 − b1


a1 ⋅ a2 ; la longueur de a′ est
a1 , et l’aire du parallélogramme vaut donc

b1
A = a1 ⋅ (b2 − ⋅ a2 ) = a1 b2 − a2 b1 .
a1

Déterminant. Plaçons les vecteurs a et b horizontalement dans une matrice (voir 3.7)

a1 a2
( ) .
b1 b2

Le nombre a1 b2 − a2 b1 est appelé le déterminant de cette matrice et est noté

a a
∣ 1 2∣ .
b1 b2

L’aire du parallélogramme engendré par (a, b) est alors donné par

a a
Aire = ∣ 1 2 ∣ = a1 b2 − a2 b1 .
b1 b2

Remarque. Les transformations du parallélogramme ci-dessus se traduisent par

a1 a2 a1 a2 a1 0
( ) ↝ ( ) ↝ ( ) .
b1 b2 0 b2 − ab11 ⋅ a2 0 b2 − ab11 ⋅ a2

Nous retrouvons en notation matricielle le principe de l’élimination de Gauss utilisée pour


résoudre les systèmes d’équations à plusieurs inconnues.

Version du 28 mars 2011 37


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Volume d’un parallélépipède. Le raisonnement ci-dessus peut être reproduit pour calculer
le volume d’un parallélépipède engendré par trois vecteurs a = (a1 , a2 , a3 ), b = (b1 , b2 , b3 ), c =
(c1 , c2 , c3 ). On obtient dans ce cas que le déterminant de la matrice

⎛a1 a2 a3 ⎞
⎜ b1 b2 b3 ⎟
⎝ c1 c2 c3 ⎠

est donné par

RRRa a a RRR
RRR 1 2 3 RRR
RRR b1 b2 b3 RRR = a1 b2 c3 + a2 b3 c1 + a3 b1 c2 − a3 b2 c1 − a2 b1 c3 − a1 b3 c2
RRR R
RR c1 c2 c3 RRRR

(un truc pour se souvenir de la formule est suggéré en traits gris: les diagonales pleines fournissent
les termes positifs, et les diagonales traitillées les termes négatifs — une diagonale qui sort d’un
côté rentre de l’autre). Le volume du parallélépipède engendré par trois vecteurs a = (a1 , a2 , a3 ),
b = (b1 , b2 , b3 ), c = (c1 , c2 , c3 ) est alors donné par
RRRa a a RRR
RR 1 2 3 RR
Volume = RRRR b1 b2 b3 RRRR .
RRR R
RR c1 c2 c3 RRRR
Remarque. Les déterminants fournissent en fait une aire ou un volume muni d’un signe positif
ou négatif dépendant de l’ordre dans lequel sont écrits les vecteurs dans la matrice. Par exemple,
a1 a2 b b
( ) = − ( 1 2) .
b1 b2 a1 a2

3.4 Théorèmes du cosinus et du sinus.

Théorème du cosinus. Le théorème de Pythagore — qui donne une relation liant les 3 côtés
d’un triangle rectangle — peut être généralisé à un triangle quelconque. Pour voir cela, con-
sidérons un triangle ABC quelconque; la hauteur abaissée depuis C partage le côté c en deux
parties de longueurs u et c − u:
On a les relations

C h = b sin(α) et u = b cos(α)

γ que l’on insère dans a2 = h2 + (c − u)2 pour


b obtenir
h a
a2 = b2 sin2 (α) + c2 − 2bc cos(α) + b2 cos2 (α)
α u c−u β
A c B = b2 + c2 − 2bc cos(α) .
Le théorème du cosinus (aussi appelé théorème d’Al-Kashi, loi des cosinus ou théorème
de Pythagore généralisé) est essentiellement a2 = b2 + c2 − 2bc cos(α), mais on obtient facile-
ment toutes les variations suivantes (soit en changeant le nom des côtés, soit par de simples
manipulations algébriques):

Version du 28 mars 2011 38


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Théorème. Dans un triangle quelconque de côtés de longueurs a, b, c, et d’angles opposés α, β, γ


respectivement, on a:

b2 + c2 − a2
a2 = b2 + c2 − 2bc cos(α) ou cos(α) =
2bc
a2 + c2 − b2
b2 = a2 + c2 − 2ac cos(β) ou cos(β) =
2ac
a2 + b2 − c2
c2 = a2 + b2 − 2ab cos(γ) ou cos(γ) = .
2ab
Remarque. Si un des angles du triangle est droit, par exemple si γ = 90○ , on retrouve le théorème
de Pythagore:
c2 = a2 + b2 − 2ab cos(90○ ) donne c2 = a2 + b2 .

Théorème du sinus. Dans le triangle ABC précédent, on peut calculer la hauteur abaissée de
C de deux manières différentes:

h = b sin(α) et h = a sin(β) .

On a donc b sin(α) = a sin(β), une expression qui donne


sin(α) sin(β) a b
= ou = .
a b sin(α) sin(β)
On peut relier a et α avec c et γ de la même manière, et on en déduit le théorème du sinus
(aussi appelé loi des sinus) suivant.
Théorème. Dans un triangle quelconque de côtés de longueurs a, b, c, et d’angles opposés α, β, γ
respectivement, on a:
sin(α) sin(β) sin(γ)
= = .
a b c

3.5 Norme et produit scalaire.

Norme. La longueur d’un vecteur a est appelé sa norme et noté ∥a∥. Si a = (a1 , a2 ) est un
vecteur du plan, on a donc √
∥a∥ = a21 + a22 ,
et si a = (a1 , a2 , a3 ) est un vecteur de l’espace, on a

∥a∥ = a21 + a22 + a23

et en général, pour un vecteur a = (a1 , a2 , . . . , an ) de Rn on a



∥a∥ = a21 + a22 + . . . + a2n .

La distance entre deux points A, B représentés par les vecteurs a, b est alors

AB = ∥b − a∥ .

Version du 28 mars 2011 39


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Vecteurs de norme 1. Donné un vecteur a = (a1 , a2 , . . . , an ) non-nul quelconque, le vecteur


1
∥a∥ ⋅ a est de norme 1. En effet, on a
√ √
1 1 1 1
∥ ∥a∥ ⋅ a∥ = ∥a∥2
⋅ (a21 + a22 + . . . + a2n ) = ∥a∥ ⋅ a21 + a22 + . . . + a2n = ∥a∥ ⋅ ∥a∥ = 1 .

Produit scalaire. Le théorème du cosinus appliqué au triangle

b b−a

γ a

donne
∥b − a∥2 = ∥a∥2 + ∥b∥2 − 2 ⋅ ∥a∥ ⋅ ∥b∥ ⋅ cos(γ) .
Si a = (a1 , a2 , a3 ) et b = (b1 , b2 , b3 ), cette égalité s’écrit

(b1 − a1 )2 + (b2 − a2 )2 + (b3 − a3 )2 = a21 + a22 + a23 + b21 + b22 + b23 − 2 ⋅ ∥a∥ ⋅ ∥b∥ ⋅ cos(γ) ,

soit après développement et simplification:

−2(a1 b1 + a2 b2 + a3 b3 ) = −2 ⋅ ∥a∥ ⋅ ∥b∥ ⋅ cos(γ) .

On a alors la formule
a1 b1 + a2 b2 + a3 b3
cos(γ) = ;
∥a∥ ⋅ ∥b∥
le même calcul avec des vecteurs du plan nous aurait donné
a1 b1 + a2 b2
cos(γ) = .
∥a∥ ⋅ ∥b∥

Le numérateur de ces fractions suggère la définition suivante. Pour deux vecteurs a = (a1 , a2 , . . . , an )
et b = (b1 , b2 , . . . , bn ) on définit le produit scalaire ⟨a, b⟩ de a et b comme

⟨a, b⟩ = a1 b1 + a2 b2 + . . . + an bn .

D’autres notations de ce produit sont

⟨a ∣ b⟩ ou a●b .

Avec cette définition, on obtient une variante du théorème du cosinus valable dans le plan et
l’espace:
⟨a, b⟩
cos(γ) = .
∥a∥ ⋅ ∥b∥
On peut donc interpréter le produit scalaire de deux vecteurs comme une mesure du cosinus de
l’angle qu’ils forment, et les résultats suivants en découlent.

Théorème. Deux vecteurs non-nuls a et b sont perpendiculaires précisément lorsque

⟨a, b⟩ = 0 .

Version du 28 mars 2011 40


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⟨a,b⟩
Preuve. Le résultat suit directement de la formule cos(γ) = ∥a∥⋅∥b∥ car le cosinus est nul seulement
si γ représente un angle droit, et une fraction est nulle seulement si le numérateur l’est (et le
dénominateur est non-nul).
Théorème. Si e est un vecteur de norme 1, alors
⟨a, e⟩
est la longueur de la projection orthogonale de a sur e (livrée avec un signe ±).

Proof. Si γ est l’angle entre e et a, la longueur de la projection orthogonale de a sur e est donnée
par ∥a∥ ⋅ cos(γ):

a
γ e

∥a∥ ⋅ cos(γ)

De plus, comme ∥e∥ = 1, on a ∥a∥ ⋅ cos(γ) = ⟨a, e⟩, ce qui démontre le résultat.

Ces deux théorèmes ont de nombreuses conséquences dont voici un échantillon:

Extraction des composantes d’un vecteur. Un vecteur a de Rn s’écrit toujours comme


a = ⟨a, e1 ⟩ ⋅ e1 + ⟨a, e2 ⟩ ⋅ e2 + . . . + ⟨a, en ⟩ ⋅ en
(où e1 , e2 , . . . , en forment la base canonique de Rn ). En d’autres termes, les produits scalaires
⟨a, ei ⟩ nous fournissent les composantes ai de a — cette remarque en apparence triviale a son
importance dans les développements plus abstraits de la géométrie vectorielle.

Équation implicite d’un plan. Nous avons vu comment définir un plan à l’aide d’un de ses
points et de deux vecteurs directeurs. Au lieu de ces deux vecteurs, il est possible d’exploiter
un vecteur qui lui est orthogonal. En effet, si a représente un point du plan et n est un vecteur
orthogonal au plan, un vecteur x déterminera un point du plan précisément si le vecteur x − a est
un vecteur directeur du plan, c’est-à-dire si x − a est perpendiculaire à n:
⟨x − a, n⟩ = 0 .
En écrivant x = (x1 , x2 , x3 ), a = (a1 , a2 , a3 ) et n = (n1 , n2 , n3 ), cette égalité devient (après un
petit développement)
x1 n1 + x2 n2 + x3 n3 − a1 n1 − a2 n2 − a3 n3 = 0 .
Comme a et n sont donnés, l’ensemble des points x qui appartiennent au plan orthogonal à n
et passant par a est déterminé par l’équation implicite (ou équation normale, ou équation
cartésienne)
x1 n1 + x2 n2 + x3 n3 − c = 0
où la constante c est donnée par c = ⟨a, n⟩. Inversément, si un plan est donné par une équation
implicite x1 n1 + x2 n2 + x3 n3 − c = 0, on a à disposition un vecteur orthogonal au plan donné par
n = (n1 , n2 , n3 ).

Version du 28 mars 2011 41


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Distance d’un point à un plan. Si n = (n1 , n2 , n3 ) est un vecteur de norme 1 et y représente


un point quelconque de l’espace, la distance d de y au plan

x1 n1 + x2 n2 + x3 n3 − c = 0

(avec c = ⟨a, n⟩ pour un vecteur a représentant un point du plan) est la longueur de la projection
orthogonale du vecteur y − a sur n. Comme n est de norme 1, on peut utiliser le second théorème
ci-dessus pour obtenir
d = ⟨y − a, n⟩ .
Si on développe cette formule avec y = (y1 , y2 , y3 ) et a = (a1 , a2 , a3 ), on arrive à

d = y1 n1 + y2 n2 + y3 n3 − (a1 n1 + a2 n2 + a3 n3 ) . (∗)

Comme a1 n1 + a2 n2 + a3 n3 = ⟨a, n⟩ = c, on voit qu’il suffit, lorsque n est de norme 1, de remplacer


les coordonnées de y dans l’équation implicite du plan pour trouver d:

d = y1 n1 + y2 n2 + y3 n3 − c .
1
Si n n’est pas de norme 1, on reproduit le raisonnement ci-dessus en remplaçant n par ∥n∥ ⋅ n qui,
lui, est de norme 1: l’équation (∗) est maintenant
1
d= ∥n∥ ⋅ (y1 n1 + y2 n2 + y3 n3 − (a1 n1 + a2 n2 + a3 n3 ))

c’est-à-dire
1
d= ∥n∥ ⋅ (y1 n1 + y2 n2 + y3 n3 − c)
(une simple division par la norme de n rectifie la situation!). Notons que cette distance vient
aussi avec un signe qui dépend de l’orientation du vecteur n par rapport au plan: le vecteur −n
est aussi orthogonal au plan.

Angle entre deux plans. L’angle α entre deux plans

x1 n1 + x2 n2 + x3 n3 − c = 0 et x1 m1 + x2 m2 + x3 m3 − c′ = 0

est aussi l’angle entre les vecteurs orthogonaux n = (n1 , n2 , n3 ) et m = (m1 , m2 , m3 ). On obtient
cet angle via
⟨n, m⟩ ⟨n, m⟩
cos(α) = c’est-à-dire α = arccos ( ).
∥n∥ ⋅ ∥m∥ ∥n∥ ⋅ ∥m∥

Angle entre un plan et une droite. L’angle α entre un plan

x1 n1 + x2 n2 + x3 n3 − c = 0

et une droite x = a + λ ⋅ (b − a) peut être obtenu via l’angle entre le vecteur orthogonal au plan
n = (n1 , n2 , n3 ) et le vecteur directeur de la droite b − a:

π ⟨n, b − a⟩ π ⟨n, b − a⟩
cos ( − α) = c’est-à-dire α= − arccos ( ).
2 ∥n∥ ⋅ ∥b − a∥ 2 ∥n∥ ⋅ ∥b − a∥

Version du 28 mars 2011 42


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3.6 Produit vectoriel et produit mixte.

Produit vectoriel. Donnés deux vecteurs a et b de l’espace qui ne sont pas colinéaires, c’est-
à-dire tels qu’il n’existe pas λ ≠ 0 ≠ µ avec

λ⋅a=µ⋅b ,

on aimerait trouver un vecteur x qui soit perpendiculaire à la fois à a et b. Ce vecteur x sera


alors perpendiculaire à tout plan ayant a et b comme vecteurs directeurs.
Le premier théorème sur le produit scalaire nous indique qu’un vecteur x = (x1 , x2 , x3 ) est per-
pendiculaire à a = (a1 , a2 , a3 ) et b = (b1 , b2 , b3 ) précisément si le produit scalaire de x avec chacun
de ces vecteurs est 0:
⎧ ⎧
⎪⟨a, x⟩ = 0
⎪ ⎪a1 x1 + a2 x2 + a3 x3 = 0

⎨ qui se traduit comme ⎨
⎩⟨b, x⟩ = 0 ⎩b1 x1 + b2 x2 + b3 x3 = 0 .

⎪ ⎪

Pour résoudre ce système, nous appliquons l’élimination de Gauss: en multipliant la première


ligne par − ab11 et en l’additionnant à la seconde, le terme en x1 de la seconde ligne disparaı̂t; en
regroupant les termes dans la seconde équation, on obtient

⎪a1 x1 + a2 x2 + a3 x3 = 0

⎨ b1 b1
⎩(b2 − a1 a2 ) ⋅ x2 + (b3 − a1 a3 ) ⋅ x3 =0 .

En utilisant que b2 − ab11 a2 = a1 b2a−a


1
2 b1
et b3 − b1
a1 a3 = a1 b3 −a3 b1
a1 dans la seconde équation, on peut
exprimer x2 en fonction de x3 comme
a3 b1 −a1 b3
x2 = a1 b2 −a2 b1 ⋅ x3 .

La variable x3 peut être choisie arbitrairement (le système de départ était consitué de 2 équations
à 3 inconnues: une des inconnues devient un paramètre). Le choix

x3 = a1 b2 − a2 b1

simplifie la fraction de x2 et donne


x2 = a3 b1 − a1 b3 .

En insérant ces deux valeurs dans la première équation, on trouve finalement

x1 = a2 b3 − a3 b2 .

Le vecteur x ainsi obtenu est noté a×b et est appelé le produit vectoriel (ou produit extérieur)
de a et b:
a × b = (a2 b3 − a3 b2 , a3 b1 − a1 b3 , a1 b2 − a2 b1 ) .

Notons que le signe de ce produit dépendra de l’ordre des vecteurs:

a × b = −(b × a) .

Version du 28 mars 2011 43


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Remarque. Une astuce pour retrouver les composantes du produit vectoriel est de calculer le
“déterminant” d’une “matrice” dans laquelle les deux premières lignes sont les composantes de a et
b, et la dernière est la base canonique (attention: il ne s’agit pas d’une matrice ni d’un déterminant
au sens strict, parce que les composantes d’une matrice doivent tous être des nombres):
RRRa a a RRR
RR 1 2 3 RR
a × b = RRRR b1 b2 b3 RRRR = (a2 b3 − a3 b2 ) ⋅ e1 + (a3 b1 − a1 b3 ) ⋅ e2 + (a1 b2 − a2 b1 ) ⋅ e3 .
RRR RR
RR e1 e2 e3 RRR

Norme du produit vectoriel. Le produit mixte de (a, b, c) est le produit scalaire de a × b


avec c:
⟨a × b, c⟩ .
Un calcul direct nous donne une formule inattendue qui nous apprend que nous avons déjà
rencontré le produit mixte sous la forme d’un déterminant:
RRRRa1 a2 a3 RRRR
R R
⟨a × b, c⟩ = RRRR b1 b2 b3 RRRR .
RRR R
RR c1 c2 c3 RRRR
Par définition, le produit vectoriel a × b est un vecteur perpendiculaire à a et b. Le produit mixte
nous permet d’interpréter sa norme: pour abréger, notons a × b = (x1 , x2 , x3 ) dans
RRRa a a RRR
2
RR 1 2 3R
R
∥a × b∥ = ⟨a × b, a × b⟩ = RRRR b1 b2 b3 RRRR .
RRR R
RRx1 x2 x3 RRRR
Ce déterminant nous donne le volume du parallélépipède engendré par les vecteurs a, b, a × b;
comme ce dernier vecteur est perpendiculaire aux deux autres, le volume est l’aire du par-
allélogramme de base engendrée par a et b multiplié par la longueur de a × b:
Volume du parallélépipède = Aire du parallélogramme ⋅ ∥a × b∥ .
La formule que nous avions pour l’aire d’un parallélogramme (obtenue comme un déterminant)
n’était valable que pour des vecteurs du plan, mais cette aire s’obtient aussi grâce à un sinus:

b
Aire du parallélogramme = base ⋅ hauteur ∥b∥ ⋅ sin(γ)
= ∥a∥ ⋅ ∥b∥ ⋅ sin(γ) . γ a
Le volume du parallélépipède engendré par les vecteurs a, b, a × b est donc ∥a × b∥ ⋅ ∥a∥ ⋅ ∥b∥ ⋅ sin(γ).
En résumant les raisonnements ci-dessus, on arrive à
∥a × b∥2 = ∥a × b∥ ⋅ ∥a∥ ⋅ ∥b∥ ⋅ sin(γ) .
C’est-à-dire que le produit vectoriel donne une mesure du sinus de l’angle formé par deux vecteurs
de l’espace:
∥a × b∥ = ∥a∥ ⋅ ∥b∥ ⋅ sin(γ) .
Pour mémoire, le produit scalaire donne une mesure du cosinus de l’angle formé par deux vecteurs
du plan ou de l’espace:
⟨a, b⟩ = ∥a∥ ⋅ ∥b∥ ⋅ cos(γ) .

Version du 28 mars 2011 44


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3.7 Calcul matriciel.


Une matrice de taille n × m est un tableau de nombres à n lignes et m colonnes noté

⎛ a11 a12 a13 ⋯ a1m ⎞


⎜ a21 a22 a23 ⋯ a2m ⎟
⎜ ⎟
A=⎜ . .. .. .. .. ⎟ .
⎜ .. . . . . ⎟
⎜ ⎟
⎝an1 an2 a13 ⋯ anm ⎠

Exemples.

• Une matrice 3 × 4 est par exemple



⎛−2 7 4 1⎞
1
⎜0 0 3 4⎟ .
⎝1 1 −2 π ⎠

• Un vecteur (a1 , a2 , . . . , an ) peut être représenté sous la forme d’une matrice 1 × n ou n × 1:

⎛ a1 ⎞
⎜ a2 ⎟
⎜ ⎟
(a1 a2 ⋯ an ) ou ⎜.⎟
⎜ .. ⎟
⎜ ⎟
⎝an ⎠

(il s’agit de la notation d’un vecteur ligne ou d’un vecteur colonne mentionnée en 3.1). Ces
notations ont chacune leur importance dans un contexte de calcul matriciel.

Deux matrices de même taille peuvent être additionnées, ou soustraites terme-à-terme:

⎛ a11 a12 ⋯ a1m ⎞ ⎛ b11 b12 ⋯ b1m ⎞ ⎛ a11 + b11 a12 + b12 ⋯ a1m + b1m ⎞
⎜ a21 a22 ⋯ a2m ⎟ ⎜ b21 b22 b2m ⎟⎟ ⎜ a21 + b21 a22 + b22 a2m + b2m ⎟
⋯ ⎜ ⋯
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
A+B =⎜ . .. .. .. ⎟ +⎜ . .. .. .. ⎟ =⎜ .. .. .. .. ⎟ ,
⎜ .. . . . ⎟ ⎜ . . . ⎟ ⎜ . ⎟
⎜ ⎟ ⎜ . . ⎟ ⎜ . . . ⎟
⎝an1 an2 . . . anm ⎠ ⎝bn1 bn2 ⋯ bnm ⎠ ⎝an1 + bn1 an2 + bn2 ⋯ anm + bnm ⎠
⎛ a11 a12 ⋯ a1m ⎞ ⎛ b11 b12 ⋯ b1m ⎞ ⎛ a11 − b11 a12 − b12 ⋯ a1m − b1m ⎞
⎜ a21 a22 ⋯ a2m ⎟ ⎜ b21 b22 b2m ⎟⎟ ⎜ a21 − b21 a22 − b22 a2m − b2m ⎟
⋯ ⎜ ⋯
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
A−B =⎜ . .. .. .. ⎟ −⎜ . .. .. .. ⎟ ⎜
⎟ = .. .. .. .. ⎟ ;
⎜ .. . . . ⎟ ⎜ . . . ⎟ ⎜ . ⎟
⎜ ⎟ ⎜ . . ⎜ . . . ⎟
⎝an1 an2 . . . anm ⎠ ⎝bn1 bn2 ⋯ bnm ⎠ ⎝an1 − bn1 an2 − bn2 ⋯ anm − bnm ⎠

une matrice peut aussi être multipliée par un scalaire:

⎛ a11 a12 ⋯ a1m ⎞ ⎛ λa11 λa12 ⋯ λa1m ⎞


⎜ a21 a22 ⋯ a2m ⎟ ⎜ λa21 λa22 ⋯ λa2m ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
λ⋅A=λ⋅⎜ . .. .. .. ⎟ =⎜ . .. .. .. ⎟ .
⎜ .. . . ⎟ ⎜
. ⎟ ⎜ .. . . . ⎟
⎜ ⎟
⎝an1 an2 . . . anm ⎠ ⎝λan1 λan2 . . . λanm ⎠

Ces opérations montrent déjà que les matrices fournissent un généralisation des vecteurs. Le
produit scalaire peut être exploité pour fournir le produit matriciel: une matrice n × k peut

Version du 28 mars 2011 45


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

multiplier une matrice k × m pour donner une matrice n × m. Pour décrire ce produit, écrivons la
matrice n × k comme un empilement de vecteurs lignes et la matrice k × m comme un alignement
de vecteurs colonnes:
⎛ a1 ⎞
⎛ ⎞

⎜ a2 ⎟
⎟ ⎜b b ⋯ b ⎟
A=⎜ .. ⎟ , B=⎜ 1 2 m⎟ ;
⎜ . ⎟ ⎜ ⎟
⎜ ⎟ ⎝ ⎠
⎝ an ⎠

on définit le produit matriciel via

⎛ a1 ⎞ ⎛ ⟨a1 , b1 ⟩ ⟨a1 , b2 ⟩ ⋯ ⟨a1 , bm ⟩ ⎞


a2 ⎟ ⎛ ⎞ ⎜
⎟ ⎜b b ⋯ b ⎟ ⎜ ⟨a2 , b1 ⟩ ⟨a2 , b2 ⟩ ⋯ ⟨a2 , bm ⟩ ⎟
⎜ ⎟

A⋅B =⎜ .. ⎟ .
⎟ ⎜ ... .. ..
⎟⋅⎜ 1 2 m⎟ = ⎜ ..
⎜ . ⎟ ⎜ . . . ⎟
⎜ ⎟ ⎝ ⎠ ⎜ ⎟
⎝ an ⎠ ⎝⟨an , b1 ⟩ ⟨an , b2 ⟩ ⋯ ⟨an , bm ⟩⎠

La matrice identité n × n est la matrice avec des entrées nulles partout sauf sur la diagonale ou
elles valent 1:
⎛1 0 0 ⋯ 0⎞
⎜0 1 0 ⋯ 0⎟
⎜ ⎟
In = ⎜ . . . .
⎜ .. .. .. . . ... ⎟

⎜ ⎟
⎝0 0 0 ⋯ 1⎠
Cette matrice a la propriété de ne pas modifier les autres matrices par multiplication (pour autant
que celle-ci soit définie): si A est une matrice n × m, on a

In ⋅ A = A et A ⋅ Im = A .

Exemples.
• On a
1 1 0 −1⎞
2 1 −3 ⎛ 2 + 1 − 3 2 + 2 − 9 0 + 0 + 0 −2 − 3 − 3 0 −5 0 −8
( )⋅⎜1 2 0 −3⎟ = ( )=( ),
0 0 3 ⎝ 0 + 0 + 3 0 + 0 + 9 0 + 0 + 0 0 + 0 + 3 3 9 0 3
1 3 0 1 ⎠

mais le produit
⎛1 1 0 −1⎞ 2 1 −3
⎜1 2 0 −3⎟ ⋅ ( )
⎝1 3 0 1 ⎠ 0 0 3
n’est pas défini: le nombre de colonnes de la première matrice n’est pas égal au nombre de
lignes de la seconde.
• On a
1 0 0⎞
2 1 −3 ⎛ 2 1 −3
( ) ⋅ ⎜0 1 0⎟ = ( )
0 0 3 ⎝ 0 0 3
0 0 1⎠
et
1 0 2 1 −3 2 1 −3
( )⋅( )=( ) .
0 1 0 0 3 0 0 3

Version du 28 mars 2011 46


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• On peut multiplier un vecteur par une matrice:

1
2 1 −3 ⎛ ⎞ −5
( ) ⋅ ⎜2⎟ = ( ) .
0 0 3 ⎝ ⎠ 9
3

• Le produit vectoriel peut être récupéré (à parenthèses près) par un produit matriciel: si
a = (2, 1, −3) et b = (1, 2, 3), on a

⎛1⎞
(2 1 −3) ⋅ ⎜2⎟ = (−5) = (⟨a, b⟩) .
⎝3⎠

3.8 Changement de coordonnées.


Un des premiers problèmes vu au cours de Mathématiques II était d’opérer un changement de
coordonnées pour passer de l’hyperbole de gauche ci-dessous à l’hyperbole de droite:

v y y u
v

1 1

1 u 1 x

Le principe sous-jacent est de se donner deux nouveaux vecteurs du plan s1 et s2 et d’exprimer


les points du plan par rapport à ce nouveau couple de vecteurs (s1 , s2 ):

x
y2 ⋅ s2 y1 ⋅ s1
e2
s2 s1
e1

On se donne donc les vecteurs s1 et s2 , ainsi qu’un vecteur x représentant un point quelconque
du plan:
a b x
s1 = ( ) , s 2 = ( ) , x = ( 1 )
c d x2

Version du 28 mars 2011 47


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(ces composantes sont toutes exprimées par rapport à la base canonique (e1 , e2 )). On a donc
x = x1 ⋅ e1 + x2 ⋅ e2
et on veut nombres y1 et y2 tels que
x = y1 ⋅ s1 + y2 ⋅ s2 .
Cette dernière égalité s’écrit en composantes

⎪x1 = ay1 + by2
⎪ x1 a b y
⎨ soit ( )=( ) ⋅ ( 1) .

⎪ x 2 = cy 1 + dy 2 x2 c d y2

a b y
En nommant B la matrice de changement de coordonnées ( ), et y le vecteur ( 1 ), ce
c d y2
système s’écrit de manière très économique comme
x=B⋅y .
Pour trouver y1 et y2 en fonction de x1 et x2 , on doit résoudre le système

⎪ay1 + by2 = x1


⎩cy1 + dy2 = x2 .


Pour cela, utilisons une fois de plus l’élimination de Gauss. La première ligne multipliée par − ac
est additionnée à la seconde:

⎪ay1 + by2 = x1

⎨ c c
⎩(d − a b) ⋅ y2 = x2 − a x1 ,


ce qui donne en multipliant chaque côté de la seconde égalité par l’inverse de d − ac b, c’est-à-dire
a
par ad−bc :
1
y2 = ad−bc ⋅ (−cx1 + ax2 ) .
En réinsérant cette valeur dans la première égalité, on trouve
1 1 1 1
y1 = a ⋅ (x1 − by2 ) = a ⋅ ad−bc ⋅ ((ad − bc) ⋅ x1 − b ⋅ (−cx1 + ax2 )) = ad−bc ⋅ (dx1 − bx2 ) .
Cette solution peut être écrite comme
y 1 d −b x
( 1) = ⋅( ) ⋅ ( 1)
y2 ad − bc −c a x2
soit
y = B −1 x B −1 =
1 d −b
où ⋅( ) .
ad − bc −c a
On dit que B −1 est la matrice inverse de B et on vérifie facilement que
B −1 ⋅ B = I2 et B ⋅ B −1 = I2
où I2 est la matrice identité 2 × 2. Pour résumer, on peut passer de
x=B⋅y à B −1 ⋅ x = y
en multipliant la première équation par B −1 de chaque côté:
B −1 ⋅ x = B −1 ⋅ B ⋅ y = I2 ⋅ y = y
(on peut aussi passer de la seconde équation à la première en multipliant par B).

Version du 28 mars 2011 48


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Résumé. Donnés deux vecteurs du plan s1 et s2 , on construit une matrice B de taille 2 × 2 en


alignant les vecteurs colonnes s1 et s2 . La matrice inverse B −1 de B permet alors d’exprimer les
coordonnées y d’un vecteur x par rapport aux nouveaux vecteurs s1 et s2 :

y = B −1 ⋅ x .

La matrice B −1 est obtenue à partir de B en échangeant les termes sur la diagonale, en changeant
le signe des deux autres termes, puis en divisant chacun de ces termes par le déterminant de B.

Exemple. Appliquons ce que nous venons de voir au changement de coordonnées mentionné en


introduction. On a dans ce cas la situation suivante:

e2
s2
e1
s1

Les vecteurs s1 et s2 forment un angle de ± π4 avec l’horizontale, leurs coordonnés sont donc les
sinus et cosinus de ces angles:

⎛ √2 ⎞ ⎛ √2 ⎞ ⎛ √2 √1 ⎞
1 1 1
cos ( − π4 ) cos ( π4 ) 2
s1 = ( , s2 = ( , et donc B= .
⎝− √2 ⎠
π ) = √1
⎝− √2 √1 ⎠
π )= 1 1
sin ( − 4 ) sin ( 4 ) ⎝ 2⎠ 2

Le déterminant de B est √1 ⋅ √1 + √1 ⋅ √1 = 1, d’où


2 2 2 2

⎛√ − √1 ⎞ ⎛√ − √1 ⎞ x1
1 1
−1 y
B = 12 2 , et ( 1 ) = 12 2 ⋅( )
⎝ √2 √1 ⎠
2
y2 ⎝√ 2
√1 ⎠
2
x2

donne les coordonnées y1 , y2 d’un point (x1 , x2 ) par rapport à la nouvelle base (s1 , s2 ):

x1 − x2 x1 + x2
y1 = √ , y2 = √ .
2 2

Inversément, si on a les coordonnées y = (y1 , y2 ) dans la base (s1 , s2 ), on retrouve x = (x1 , x2 )


grâce à y = Bx:
y1 + y2 −y1 + y2
x1 = √ , x2 = √ .
2 2
Ces formules sont précisément celles obtenues dans le cours de Mathématiques II pour le change-
ment de coordonnées de l’hyperbole (on avait en fait (x, y) au lieu de (y1 , y2 ) et (u, v) au lieu de
(x1 , x2 )).

Version du 28 mars 2011 49


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3.9 Applications linéaires.


Au lieu de considérer que le plan est fixe et que seul le repère change (comme dans le cas du
changement de coordonnées ci-dessus), on peut supposer que le repère reste fixe, mais que le plan
subit une transformation. Dans le cas de l’hyperbole, on aurait, eu lieu de la transformation
suggérée au début de 3.8:

v v

1 1

1 u 1 u

Il s’agit d’une rotation de π


4, une opération qui envoie le vecteur e1 sur e′1 et e2 sur e′2 :

e2
e′2 e′1
e1

avec
⎛ √2 ⎞ ⎛− √2 ⎞
1 1
cos ( π4 ) − sin ( π4 )
e′1 = ( π ) = √1 , e′2 = ( .
⎝ √2 ⎠
) = 1
sin ( 4 ) ⎝ 2⎠ cos ( π4 )
Par rapport à ces nouveaux vecteurs, l’image y = (y1 , y2 ) d’un vecteur x = (x1 , x2 ) du plan aura
les mêmes coordonnées que celles de x par rapport à e1 et e2 :

⎛ √2 ⎞ ⎛− √2 ⎞ ⎛ √2 − √1 ⎞ x1
1 1 1
x1 ⋅ e′1 + x2 ⋅ e′2
y1 2 ⋅( ) .
y= soit ( ) = x1 ⋅ 1 + x2 ⋅
⎝√ ⎠ ⎝ √ ⎠ ⎝√ √1 ⎠
1 = 1
y2 x2
2 2 2 2

En d’autres termes, on a
y =A⋅x ,
où A est la matrice dont les colonnes sont constituées des images des vecteurs de base par la
transformation:
⎛ √2 − √2 ⎞
1 1
A= 1 .
⎝ √2 √2 ⎠
1

Notons qu’on a A = B −1 (où B est la matrice de changement de coordonnées de l’exemple de


3.8); ceci n’est pas un hasard: à un changement de repère correspond une transformation du plan
inverse.

Version du 28 mars 2011 50


Géométrie II Section d’Architecture EPFL

Plus généralement, une transformation linéaire du plan ou de l’espace est une opération qui
transforme un vecteur x en un vecteur y via une multiplication par une matrice:

y =A⋅x .

Les colonnes de A sont consitutées des composantes des images des vecteurs de la base canonique.

Exemples.

• En procédant comme ci-dessus, on voit qu’une rotation d’angle α envoie e1 et e2 sur

cos(α) − sin(α)
( ) et ( )
sin(α) cos(α)

respectivement. La matrice d’une telle rotation est donc

cos(α) − sin(α)
A=( ) .
sin(α) cos(α)

On peut procéder de la même manière avec une rotation de l’espace. Par exemple, une
rotation d’axe Oz et d’angle α enverra e1 et e2 sur des vecteurs avec les mêmes deux
premières composantes que dans le plan et la troisième nulle, et laissera e3 invariant. On a
donc
⎛cos(α) − sin(α) 0⎞
A = ⎜ sin(α) cos(α) 0⎟ .
⎝ 0 0 1⎠
L’image de x = (x1 , x2 , x3 ) après une telle rotation est alors donnée par

⎛cos(α) − sin(α) 0⎞ ⎛x1 ⎞ ⎛x1 ⋅ cos(α) − x2 sin(α)⎞


A ⋅ x = ⎜ sin(α) cos(α) 0⎟ ⋅ ⎜x2 ⎟ = ⎜x2 ⋅ sin(α) + x2 cos(α)⎟ .
⎝ 0 0 1⎠ ⎝x3 ⎠ ⎝ x3 ⎠

En remplaçant (x1 , x2 , x3 ) par (x(t), y(t), z(t)), on obtient une nouvelle paramétrisation
d’une surface de rotation (voir le cours de Mathématiques II).

• La projection orthogonale de l’espace sur Oxy envoie e1 et e2 sur eux-mêmes, et e3 sur


(0, 0, 0), on a donc la matrice de la projection donnée par

⎛1 0 0⎞ ⎛1 0 0⎞ ⎛x1 ⎞ ⎛x1 ⎞
A = ⎜0 1 0⎟ et on a bien A ⋅ x = ⎜0 1 0⎟ ⋅ ⎜x2 ⎟ = ⎜x2 ⎟ .
⎝0 0 0⎠ ⎝0 0 0⎠ ⎝x3 ⎠ ⎝ 0 ⎠

• Une projection centrale (telle que celle exploitée pour représenter un objet en perspective)
n’est pas une transformation linéaire et ne peut donc pas être exprimée sous forme de
matrice comme dans les exemples ci-dessus.

Version du 28 mars 2011 51

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