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Les renvois aux chiffres de la norme SIA 269/2 [1] sont tiles, à cause de leur comportement fragile et à la diver-
marqués en italique afin d’éviter la répétition de la réfé- sité des impacts à considérer (section 3.1).
rence. L’actualisation détaillée des efforts tranchants comporte
en règle générale des efforts d’envergure pour l’analyse
structurale ainsi que l’utilisation de méthodes com-
1 Introduction
plexes.
Les poutres avec armatures d’effort tranchant sont des
Il est au contraire possible de déterminer dans la plus
éléments de construction fondamentaux dans la cons-
part des cas avec une précision de moins de 5% les
truction en béton et se retrouvent pratiquement dans
charges ultimes à la flexion d’une structure porteuse ou
chaque ouvrage. Là où elles doivent être renforcées à
d‘un segment de structure porteuse. Cela pourvu qu’une
cause d’une résistance insuffisante à l’effort tranchant,
capacité de déformation suffisante soit présente dans
les mesures nécessaires sont souvent d’envergure et
les structures statiquement indéterminées, c’est-à-dire
peu efficaces. C’est pourquoi elles ne doivent être appli-
pourvu qu’une rupture en flexion ductile est prévisible et
quées que dans les cas où elles sont absolument inévi-
que la résistance à la traction de l’armature est utilisée
tables. Une analyse structurale détaillée et comportant
[3]. Si cette capacité de déformation est présupposée, il
ainsi d’autant d’effort – c’est-à-dire l’actualisation de la
est en règle générale possible de définir la charge ultime
résistance à l’effort tranchant – est donc souvent justi-
à la flexion théorique de façon bien fiable avec les
fiée.
bornes de la théorie de la plasticité.
Les indications pour l’actualisation de la résistance à
l’effort tranchant au chiffre 4.3.1.2 ont été formulées
2.2 Méthode du dimensionnement en capacité
consciemment de façon succincte. Cela s’explique avec
le fait que des mécanismes de défaillance moins ductiles L’intensité d’une combinaison donnée de charges répar-
doivent être exploités d’avantage dans l’actualisation de ties et de charges concentrées est limitée vers le haut à
la résistance à l’effort tranchant, parce qu’il est néces- des valeurs absolues par les résistances à la flexion
saire de déroger aux dispositions et aux recommanda- présentes. Cette combinaison de charges propre aux
tions de la norme SIA 262 [2]. L’ingénieur chargé de résistances à la flexion limite ainsi aussi l’effort tranchant
l’actualisation doit donc être bien conscient de ce qu’il maximal possible dans un segment de structure por-
fait et nécessite des connaissances approfondies du teuse (Figure 1).
comportement du béton armé en relation à l’effort tran-
La prise en considération de ce fait est établie dans le
chant.
domaine du dimensionnement au séisme des structures
La présente contribution a pour but de mettre en évi- déjà depuis longtemps comme méthode du dimension-
dence les arrière-plans des chiffres de la norme SIA nement en capacité (p. ex. [4]). Le chiffre 4.3.1.4.1 per-
269/2 relatives à la résistance à l’effort tranchant des met en principe l’application de cette approche aussi
poutres et de les illustrer partiellement avec des pour une vérification statique. L’énoncé de ce chiffre
exemples. peut aussi être interprété de façon à que la vérification
de l’effort tranchant sera effectuée pour la charge ultime
à la flexion.
2 Limitation des efforts tranchants par la
charge ultime à la flexion
2.1 Charges ultimes pour l’effort tranchant et
la flexion
Les défaillances dues à l’effort tranchant sont en général
plus difficiles à pronostiquer que les défaillances duc-
Figure 1 Limitation de l’effort tranchant par la charge Chiffre 4.3.1.4.2 exige par conséquent aussi la vérifica-
ultime à la flexion tion d’une capacité de déformation suffisante; des expli-
cations détaillées ultérieures à ce sujet se trouvent dans
a) b)
Qd Q Rd,act la contribution „Capacité de déformation“.
qd (g+q)Rd.act
gd gd,act
2.3 Exigences au degré de conformité
Le degré de conformité n selon la norme SIA 269 [5]
Q Rd,act +
MRd,act doit être en principe plus grand que 1 pour tout état-
(g+q)Rd.act
limite. Cette vérification ne peut pas être toujours posi-
tive, puisque déjà la charge ultime à la flexion qRd,act peut
s’avérer insuffisante pour la charge prévue qd,act.
+
+
MRd,act V d,act
Dans l’esprit de la méthode du dimensionnement en
capacité, l’examen devrait donc au moins vérifier que la
(a) Charge ultime à la flexion pour les surrésistances
+ charge ultime à la flexion est déterminante pour la défail-
M Rd ,act et une combinaison de charges donnée; (b)
Effort tranchant correspondant Vd+,act . lance. Les efforts tranchants doivent en contrepartie
pouvoir être repris de façon fiable. De cette manière, il
est possible de compter sur une défaillance ductile due à
2.2.1 Résistance à la flexion pour la charge la flexion avec des comportements annonciateurs et
ultime à la flexion d’exclure une défaillance précoce et peu ductile due aux
efforts tranchants. L’exigence posée à la vérification de
Le chiffre 4.3.1.4.2 requiert la prise en compte des sur-
la sécurité structurale et par conséquence au degré de
résistances selon les indications de la norme SIA 262 [2]
conformité est donc:
pour la détermination des résistances à la flexion
+
M Rd ,act , afin que la charge ultime à la flexion – et par qRd ,act VRd ,act
nM = ≤ nV = (1)
conséquence aussi l’effort tranchant maximal possible qd ,act Vd+,act
Vd+,act (Figure 1) – ne soit pas sous-estimée et de façon
à exclure une défaillance précoce due à l’effort tran- 3 Vérification de la sécurité structurale pour
chant. les efforts tranchants
Selon la norme SIA 262 [2], chiffre 4.3.9.3.3, on utilisera 3.1 Calcul en section
pour la détermination des résistances à la flexion
+ La détermination de la résistance à l’effort tranchant
M Rd ,act les dimensions effectives des sections et les
valeurs moyennes des limites d’écoulement des arma- selon chiffre 4.3.1.2.1 d’une poutre existante avec arma-
tures; des indications relatives aux aciers d’armature ture d’effort tranchant considère implicitement que seu-
définis dans des anciennes normes se trouvent dans lement l’âme est responsable pour cette résistance, au
l’annexe A. Bien que la norme SIA 262 [2] ne contienne sens de la norme SIA 262 [2], chiffre 4.3.3.3.1 (Figure
pas des énonciations explicites à ce sujet, il est raison- 2). Selon chiffre 4.3.1.2.5, la résistance à l’effort tran-
nable de déterminer les résistances à la flexion M Rd + chant des ailes de poutres peut aussi être prise en
,act
aussi avec les valeurs moyennes de la résistance à la compte, cela nécessite pour autant une justification et
compression du béton. Toutefois, l’importance de la par conséquent devra faire l’objet d’une étude approfon-
résistance à la compression du béton est en générale die.
faible, puisqu’elle influence seulement le bras de levier
des forces internes.
La détermination de la résistance à l’effort tranchant de
l’âme de la poutre se réalise sur la base d’un champ de
2.2.2 Capacité de déformation contrainte avec une inclinaison α variable des champs
La norme SIA 262 [2], chiffre 4.1.4.2.2, stipule que de compression. Ce modèle de la structure correspond à
l’analyse structurale doit être effectuée selon la borne la subdivision de la poutre en membrure comprimée,
inférieure de la théorie de la plasticité, c’est-à-dire la membrure tendue et âme de la poutre, où la résistance
méthode statique. Afin d’atteindre la charge ultime à la aux efforts tranchants est assignée uniquement à cette
flexion (aussi pour les surrésistances), une capacité de dernière.
déformation suffisante doit être présente dans les struc-
tures statiquement indéterminées, pour que les redistri-
butions plastiques généralement nécessaires puissent
avoir lieu.
Figure 2 Modèle de résistance pour les efforts tran- l’écart des valeurs de l’inclinaison du champ de com-
chants dans l’âme d’une poutre (figure tirée pression. Cette justification est aussi nécessaire car les
de [2])
résistances à l’effort tranchant moins ductiles sont ex-
ploitées plus fortement.
D
L’inclinaison du champ de compression peut être choisie
librement dans les limites de 25° ≤ α ≤ 45° selon la fw
qd
norme SIA 262 [2], chiffre 4.3.3.3.2. La norme permet en 2qd Vd
f wRd
outre de s’écarter de ces valeurs lorsque le cas est justi-
½Vd cot
fié. Exactement sur ce point s’applique chiffre 4.3.1.2.1: Z
Md
des indications plus précises sont données – au con- z
traire de la norme SIA 262 [2] – pour la justification de FRd
(262.40) montre une inclinaison optimale des champs de naturellement aussi pour les âmes des poutres avec
contraintes αopt, pour laquelle la résistance maximale à champs de compression. Pour le cas général d’une
l’effort tranchant est atteinte: armature inclinée de l’âme de la poutre, la condition de
compatibilité des distorsions est [8]:
Asw fsd
sin2 α opt = sin β (2) εβ − ε 2
bw ,nom s k c fcd (cos β + sin β cot α )2 = (3)
ε x − ε2
Il faut prendre en considération que l’inclinaison optimale
avec β inclinaison de l’armature d’effort tranchant et α
des champs de contraintes αopt dépend du coefficient de
inclinaison des champs de compression (Figure 2), εβ
réduction kc, qui sert à représenter une résistance à la
allongement en direction de l’armature d’effort tranchant,
compression effective du béton de l’âme. La valeur du
εx allongement en direction longitudinale et ε2 déforma-
coefficient de réduction kc est influencé selon la norme
tion principale mineure dans les champs de compres-
SIA 262 [2], chiffre 4.2.1.7, par les déformations de la
sion.
membrure tendue dans le segment de poutre considéré,
c’est-à-dire par l’état de distorsion. Pour des étriers verticaux, c’est-à-dire pour une âme de
poutre armée orthogonalement, l’équation (3) se simpli-
L’équation (2), avec laquelle on obtient l’inclinaison op-
fie à:
timale des champs de contraintes pour la résistance à
l’effort tranchant, correspond à une solution rigide- εz − ε2
cot 2 α = (4)
plastique, qui prend en considération „seulement“ ε x − ε2
l’équilibre et les conditions de plasticité. Au sens de la
La condition de compatibilité (3) résulte d’un modèle de
méthode statique de la théorie de la plasticité il faut
champs de compression classique [9],[10],[11], qui se
répondre encore à une question: est-ce que la capacité
base sur des fissures fictives et sans contrainte à un
de déformation suffit pour que cette inclinaison optimale
espacement négligeable l’une de l’autre. La direction de
puisse aussi s’installer? Pour répondre à cette question
ces fissures peu s’ajuster librement au cours de
on invoque les indications du chiffre 4.3.1.2.1:
l’historique de charge jusqu’à la défaillance et elles
– la compatibilité des distorsions,
s’ouvrent perpendiculairement à leurs bords [12]. Il en
– les propriétés de l’armature en matière de ductilité, et
résulte que la sollicitation des champs de compression
– les propriétés d’adhérence entre l’armature et le bé-
du béton est homogène et uniaxiale et qu’elle se déroule
ton.
parallèle aux fissures; il en résulte en outre un état de
distorsion homogène [8], qui peut être illustré dans le
Ces paramètres ont d’un côté une influence sur la valeur
cercle des distorsions selon Mohr (Figure 4).
du coefficient de réduction kc, et délimitent de l’autre
côté le choix de l’inclinaison du champ de compression Trois grandeurs indépendantes doivent être connues
α vers le bas, à cause de la ductilité généralement limi- pour la description de l’état de distorsion. En connais-
tée de l’armature d’effort tranchant. La prise en considé- sant l’allongement εx en direction longitudinale et la dé-
ration de ces paramètres correspond aussi au chiffre formation principale mineure ε2 dans les champs de
4.1.1.3, qui exige que la vérification de la capacité de compression ainsi que leur inclinaison α, la déformation
déformation plastique tienne compte des caractéris- principale majeure ε1 perpendiculaire aux champs de
tiques d’écrouissage de l’armature et des propriétés
d’adhérence entre l’armature et le béton. Figure 4 Etat des distorsions d’un élément avec arma-
ture inclinée
M
3.2 Compatibilité des distorsions 1 1
N x
La compatibilité des distorsions doit être considérée 1 1
pour déterminer d’un côté le coefficient de réduction kc,
V x x
x
La compatibilité des distorsions vaut pour le béton armé
°
1
°
compression peut être calculée de la façon suivante: déformation spécifique de rupture du béton pour une
sollicitation uniaxiale (c’est-à-dire rupture du champ de
ε1 = ε x + (ε x − ε 2 ) cot 2 α (5) compression), on peut alors admettre selon la norme
SIA 262 [2], tableau 8, ε2 = εc1d = -2‰. Des approches
et elle résulte manifestement indépendante de la direc- plus affinées peuvent aussi être appliquées, par
tion β de l’armature d’effort tranchant. exemple ε c1d = −0,6fcm 13 2
(εc1d en ‰, fcm en N/mm [8]).
L’allongement en direction de l’armature d’effort tran- Pour des différentes valeurs de l’allongement εx en di-
chant εβ se calcule de (3) et devient rection longitudinale, la déformation principale majeure
ε1 et le coefficient de réduction kc sont associés selon (5)
εβ = ε 2 + (ε x − ε 2 )(cos β + sin β cot α ) , respectivement selon (8) à l’inclinaison des champs de
2
(6)
compression α (Figure 5).
Pour une âme de poutre armée orthogonalement elle se Chiffre 4.3.1.3.3 établit que pour l’âme des poutres, le
simplifie de (4) à: coefficient kc sera déterminé en admettant pour la dé-
formation spécifique ε1d,act à mi-hauteur du bras de levier
ε z = ε 2 + (ε x − ε 2 ) cot 2 α (7)
des forces internes. Pour ce faire l’allongement εx en
direction longitudinale doit être connu pour (5) à cette
même hauteur du bras de levier des forces internes. Les
3.3 Résistance effective à la compression du
coefficients de réduction kc ainsi déterminés valent seu-
béton de l’âme
lement pour des champs de compressions parallèles
Pour le dimensionnement des nouvelles structures, il est (Figure 3), qui ont étés utilisés par conséquence pour sa
sensé d’admettre des simplifications pour la résistance calibration.
réduite des champs de compression dans le béton de
Des calculs comparatifs avec le „cracked membrane
l’âme ainsi à pouvoir définir les dimensions de l’âme de
model“ [16] montrent au contraire que les fissures dans
la poutre; cela est illustré par les valeurs numériques au
l’âme d’une poutre sont au début courbées à cause de la
chiffre 4.2.1.7 de la norme SIA 262 [2].
variation de l’allongement longitudinale le long de la
Pour l’examen des poutres en béton existantes au con- hauteur de la poutre. A la suite de l’écoulement des
traire, les hypothèses sur la résistance effective des étriers, elles s’alignent pratiquement parallèles aux
champs de compression devraient être affinées. champs de compression jusqu’à leur rupture (même
pour des faibles taux d’étriers). De cela elles justifient le
3.3.1 Influence des distorsions modèle de résistance illustré par la Figure 2.
Du fait que les champs de compression dans les âmes Les modèles présentés ci-dessus se basent sur des
de poutres armées sont en règle générale croisés par distorsions déterminées par le calcul et ne tiennent donc
des armatures d’effort tranchant sollicitées à la traction, pas compte des autocontraintes. L’équation (8) a été
des allongements leur sont imposés qui produisent une cependant calibrée par les résultats d’essais, qui tien-
réduction de la résistance à la compression du béton nent en compte en principe aussi les influences dues
[13]. La déformation principale majeure ε1 perpendicu- aux autocontraintes.
laire aux champs de compression s’est établie telle que
mesure de la réduction de la résistance à la compres- Figure 5 Coefficient de réduction kc en fonction de
sion du béton due aux allongements imposés (chiffre l’inclinaison des champs de compression α et
de l’allongement εx
4.2.1):
kc
1 0.8
kc = ≤ 1,0 (8)
1,25 + 60ε1d ,act 0‰
0.7 εx = 1‰
Cette équation résulte d’une proposition dans [14],[15]
2‰
mais considère de surcroît un coefficient de modélisa- 0.6
tion, c’est-à-dire une diminution (assez faible) à des
0.5
valeurs caractéristiques due à la dispersion des résultats
en comparaison à des essais. Des expressions simi- 0.4
laires sont aussi proposées dans [16],[17],[18].
0.3
La déformation principale majeure ε1 dépend selon (5)
de l’allongement εx en direction longitudinale ainsi que 0.2 α[ ]
de la déformation principale mineure ε2 en direction α 15 20 25 30 35 40 45
des champs de compression. Si l’on introduit pour ε2 la
Raccourcissement de rupture du béton: ε2 = -2‰.
3.3.2 Cohérence avec la norme SIA 262 [2] rapport entre l’allongement moyen sur un élément fis-
suré et l’allongement maximal dans la fissure.
Selon la norme SIA 262 [2], chiffres 4.2.1.7 et 4.3.3.3.2,
– Pour des inclinaisons des champs de compression α
l’on choisira pour des âmes de poutres avec fissures
et des distances moyennes entre les fissures don-
d’effort tranchant un coefficient de réduction kc = 0,6 et,
nées, l’allongement moyen εx et donc aussi la défor-
en absence d’ultérieures études particulières, une incli-
mation principale ε1 deviennent normalement plus
naison du champ de compression α ≥ 25°. Faut-il
grands au sens de (5).
s’attendre à des déformations plastiques de la mem-
– Le coefficient de réduction kc selon (8) diminue ainsi
brure tendue dans le segment de poutre considéré, alors
pour une surface relative projetée des nervures fR ré-
kc vaut 0,4.
duite, à cause de l’allongement principal ε1 indirecte-
Dans le cas où la membrure tendue reste élastique, ment augmenté.
l’allongement de l’armature longitudinale ne doit donc
pas surpasser l’allongement d’écoulement dans la fis-
sure. L’allongement moyen maximal εsm de l’armature 3.3.4 Etudes plus détaillées
longitudinale peut être estimé avec εsm = 0,8εsd [15] en Pour des études plus détaillées, [6] conseille l’utilisation
se basant sur le modèle des membrures tendues [19] de l’équation suivante issue de [17] à la place de (8)
pour les aciers d’armatures nervurés courants. Il atteint (reformulée sur la base des désignations de la norme
des valeurs de εsm = 1,2…1,7‰ en fonction des diffé- SIA 262 [2]):
rents types d’aciers (voir aussi Annexe A). La déforma-
tion spécifique à la hauteur de la résultante de la mem- 1
kc = ≤ 1,0 (9)
brure comprimée peut être estimée à -εc = 0,25…0,35‰ ηfc (0,8 + 170ε1 )
en fonction du taux d’armature. En admettant une distri- Dans [18] au contraire l’expression suivante pour le
bution linéaire entre membrure tendue et membrure coefficient de réduction kc est proposée:
comprimée, l’allongement moyen εx vaut 0,4…0,8‰ à
1
mi-hauteur de l’âme de la poutre. De ces valeurs il ré- kc = ≤ 0,8 (10)
1,05 + 80ε1
sulte de (5) un allongement principal majeur ε1 =
11,4…13,7‰ pour α = 25°. En appliquant (8) le coeffi- Figure 6 compare les résultats des équations (8) jusqu’à
cient de réduction est par conséquent kc = 0,52…0,48. (10). Il est bien visible que les équations (8) et (10) li-
Ces valeurs de kc sont légèrement plus faibles, mais vrent des résultats comparables pour l’intervalle impor-
quand même comparables avec la disposition de la tant concernant les examens de structures existantes
norme SIA 262 [2] de kc = 0,6. jusqu’à peu près α ≤ 35°. Au contraire, l’équation (9)
fournit des résistances effectives à la compression plus
Une procédure similaire peut être appliquée aux mem-
basses.
brures tendues plastifiées. Il en résulte des allonge-
ments moyens à mi-hauteur de l’âme de la poutre de εx Figure 6 Comparaison entre différentes propositions
pour le coefficient de réduction kc (pour εx =
= 2‰ et plus. Avec α = 25°, ε1 vaut par conséquent 20‰
1‰ et ε2 = -2‰)
(et plus) et donc kc = 0,40: comparable avec la disposi-
tion de la norme SIA 262 [2] (Figure 5). kc
0.8
3.4 Propriétés de l’armature en matière de froid ou à dureté naturelle (Figure 7). En particulier la
ductilité modélisation comme acier écrouis à froid montre un
comportement bien différent de la localisation des dé-
Les propriétés de l’armature d’effort tranchant en ma-
formations [22]. De ce fait le chiffre 4.1.1.3 exige de tenir
tière de ductilité – c’est-à-dire écrouissage et allonge-
en compte les caractéristiques d’écrouissage de
ment spécifique de rupture – doivent être considérées
l’armature et les propriétés d’adhérence entre armature
ensemble avec l’influence de l’adhérence entre armature
et béton pour le jugement de la capacité de déformation
et béton (paragraphe 3.4.1) afin d’assurer que les rédis-
plastique.
tributions plastiques nécessaires pour une inclinaison
optimale des champs de compression au sens de (2) Figure 7 Modélisation des caractéristiques d’écrouissage
puissent effectivement s’installer. Cela signifie que les de l’acier d’armature IIIa (classe de ductilité B)
armatures d’effort tranchant ne doivent pas déchirer et coefficient κs pour la localisation des défor-
avant que la résistance ultime des champs de compres- mations selon le modèle de la membrure tendue
sion soit atteinte mais aussi qu’elles doivent entrer en [19],[21],[22]
écoulement. Les propriétés de ductilité de l’armature σs [MPa]
d’effort tranchant et les propriétés d’adhérence limitent 600
de ce fait l’inclinaison des champs de compression –
étant donnée la distribution des déformations dues à la
550
flexion et à l’effort normal pour la section en objet. Des
valeurs numériques pour les propriétés en matière de
ductilité des aciers utilisés d’antan – en particulier pour 500
l’allongement spécifique de rupture - sont reportées
bilinéaire
dans l’Annexe A. 450 écrouis à froid
à dureté naturelle
3.4.1 Influence de l’adhérence entre armature
400
et béton 0 10 20 30 40 50
L’adhérence entre armature et béton engendre une coo- κs εsmax [‰]
1.0
pération du béton à la résistance à la traction entre les
début d'écoulement Acier IIIa
fissures (dite raidissage de traction). Par conséquence, Ø12; fR = 0,05
0.8
les armatures sont déchargées entre les fissures et leurs fck = 50 N/mm2
déformations diminuent. On parle alors de la localisation srm = 200 mm
0.6
des déformations (des allongements spécifiques des
armatures) dans les fissures.
0.4
Les allongements moyens des armatures d’une âme de
poutre sont donc plus petits que les allongements dans 0.2
les fissures à cause du raidissage de traction. Mais les
allongements dans les fissures sont importants pour le 0.0
jugement de la ductilité des armatures, c’est-à-dire le 0 10 20 30 40 50
moment où l’allongement spécifique de rupture est at- εsmax [‰]
teint. Une discussion détaillée de la localisation des déforma-
La compatibilité des distorsions est par contre formulée tions sortirait du cadre de cette contribution. Intéressants
pour les allongements moyens (section 3.2). Pour obte- sont les valeurs du coefficient de réduction κs au mo-
nir les allongements maximaux dans la fissure, il est ment ou la limite d’écoulement est atteinte et au moment
possible d’introduire de coefficients de réduction κs = où l’allongement spécifique de rupture de l’acier
εsm/εsmax („Coefficient d’adhérence“ selon [20]), qui re- d’armature est atteint, c’est-à-dire κsy = εsm/εsy respecti-
produisent le rapport entre allongement moyen εsm de vement κsu = εsm/εsu. Figure 8 montre les solutions rela-
l’armature et allongement maximal εsmax dans la fissure. tives pour ces coefficients sur la base du modèle des
Un modèle simple pour la localisation des déformations membrures tendues.
est représenté par le modèle des membrures tendues
[19],[21],[22].
Figure 8 Coefficients κs de localisation des déformations pour différents paramètres et caractéristiques d’écrouissage
(couleurs selon Figure 7), sur la base du modèle de la membrure tendue [19],[21],[22]
κs κs κs
1.0 1.0 1.0
κsy κsu
0.8 0.8 0.8
2 2
Valeurs de base: Ø12; fR = 0,05; fsk = 450 N/mm ; (ft/fs)k = 1.2; εuk = 50‰; fck = 50 N/mm ; srm = 200 mm.
N.B. Les coefficients de réduction κsy ne diffèrent pas pour la modélisation bilinéaire et à dureté naturelle.
montre en outre que, en cas d’allongement longitudi- Figure 9 Limites de l’inclinaison des champs de com-
nal variable sur la hauteur de l’âme de la poutre, aus- pression pour l’acier IV en tenant compte de
l’allongement longitudinal εx à mi-hauteur de
si l’allongement de l’armature d’effort tranchant varie
l’âme de la poutre
sur la hauteur et qu’il sera maximal à la membrure
tendue. Selon [16] l’allongement spécifique de αlim [°] Ø8, acier IV
70
l’armature d’effort tranchant dans la membrure tendue
peut être comparé avec l’allongement de rupture εud
60
de l’acier d’armature seul, respectivement il est per-
mis de l’introduire dans (3).
50
Dans beaucoup de cas les deux approches devraient
livrer des valeurs comparables des limites de 40
l’inclinaison de champs de compression. Il est quand
30 90° 60°
même conseillé d’évaluer tous les deux approches.
75° 45°
Pour le calcul de l’allongement longitudinal on utilisera 20
les hypothèses de calcul contenues au chiffre 4.3.2.3 de -1 1 3
la norme SIA 262 [2]. Selon chiffre 4.3.1.3.2 il faut tenir εx [‰]
compte pour une analyse en section des forces longitu-
limite doit être posée encore plus haut dans le cas d’une
dinales dues à l’effort tranchant et à la précontrainte
armature d’effort tranchant inclinée.
[18], voir aussi Figure 3. Pour la détermination de
l’allongement longitudinal, qui entre dans le calcul de la
Si l’armature d’effort tranchant appartient à la classe de
résistance à l’effort tranchant, il est nécessaire de pren-
ductilité B, des inclinaisons des champs de compression
dre en considération la localisation des déformations
bien inférieures à 25° peuvent être atteintes en particu-
dans la membrure tendue, puisque la compatibilité des
lier dans les zones pour lesquelles des déformations
distorsions est valable seulement en moyenne sur
plastiques des membrures peuvent être exclues (Figure
l’élément fissuré.
11).
Figure 11 Limites de l’inclinaison des champs de com- ancrée. Les essais à la base de ces dispositions ont
pression pour l’acier IIIa étés en effet exécutés sur des poutres simples, c’est
αlim [°] Ø12, acier IIIa pourquoi chiffre 4.5.5.2 limite leur validité à la zone
60 comprimée.
une compression transversale éventuelle des armatures Figure 13 Interpénétration des champs de compression
longitudinales due aux forces dans les étriers. dans le cas d’étriers verticaux et armatures
longitudinales relevées.
De même aussi le Tableau 11 et l’équation (45) de la
norme SIA 262 [2], qui définissent la résistance au cisail-
lement des joints, peuvent être utilisés pour déterminer
les contraintes d’adhérence maximales le long de
l’armature longitudinale respectivement les inclinaisons
critiques des champs de compression favorables à une
rupture par cisaillement:
des nervures de l’armature longitudinale est faible, para- précisions ultérieures sur l’interaction entre poutre longi-
graphe 4.2). tudinale et poutre transversale se trouvent aussi dans
[30].
Au contraire dans le cas où les étriers n’entourent pas
l’armature longitudinale, des contraintes de cisaillement
localement très hautes doivent être transférées à 5 Procédure pratique
l’armature longitudinale. Cette situation peut créer des
Pour la pratique courante, l’ingénieur chargé de
problèmes analogues à la rupture par cisaillement du
l’examen essayera d’appliquer des méthodes suffisam-
champ de compression sur la membrure tendue au sens
ment connues afin de vérifier la sécurité structurale aux
du chiffre 4.3.1.2.3 (paragraphe 4.2) et peut être donc
efforts tranchants.
aussi analysée de façon analogue.
Dans un premier lieu il utilisera tout simplement les ex-
Si on utilise pour cette analyse les directives de la norme
pressions (37-40) de la norme SIA 262 [2], et parcourra
SIA 262 [2], chiffre 4.3.4.3.2, sur la résistance au cisail-
ainsi faisant le premier de quatre possibles niveaux:
lement des joints, il est nécessaire de prendre en consi-
I. Vérification avec un calcul en section au sens de la
dération qu’aucune compression transversale ne peut
norme SIA 262 [2], chiffre 4.3.3.4
être exercée des étriers sur l’armature longitudinale.
II. Vérification avec un calcul en section au sens des
L’on utilise en général le cas „rugueux“ pour la partie de
chiffres 4.3.1.2.1 et 4.3.1.3.3
cohésion dans l’équation (45) de la norme SIA 262 [2];
III. Vérification sur la base des champs de contraintes
cela porte à un valeur d’examen de la contrainte
selon la norme SIA 262 [2], chiffre 4.3.1.1
d’adhérence qui correspond à peu près à la moitié de la
IV. Vérification avec des procédures non-linéaires
résistance au cisaillement du béton.
Cela correspond à la procédure proposée dans la norme
4.5 Appuis indirects SIA 269 [5], procédure qui propose un examen général
et un examen détaillé. Si la résistance à l’effort tranchant
Chiffre 4.5.5.5 exige que la vérification du flux de forces résulte vérifiée pour la structure complète, alors les ni-
dans les zones d’appuis indirects de poutres longitudi- veaux suivants ne sont plus nécessaires. La vérification
nales sur des poutres transversales soit effectuée sur la au niveau III correspond habituellement à l’utilisation de
base des champs de contrainte (par exemple disconti- champs de contrainte rigide-plastiques [6].
nus, rigide-plastiques). En outre on doit tenir compte de
l’influence d’un manque d’armature de suspension (ou Les explications au paragraphe 3.5 montrent qu’il faut
d’une armature de suspension trop faible) sur la résis- faire particulièrement attention au niveau I dans le choix
tance et sur la ductilité de la section pour les redistribu- de l’inclinaison des champs de contraintes surtout pour
tions plastiques dans le sens porteur longitudinal (réduc- des armatures d’effort tranchant de classe de ductilité A
tion du bras de levier des forces internes). (chiffre 4.3.1.2.2). Si des déformations plastiques des
membrures ne peuvent pas être exclues, alors
L’armature de suspension est suffisamment grande, si l’inclinaison des champs de contrainte doit être choisie
elle est en degré de reprendre toute la réaction d’appuis au maximum à α = 30…35° en fonction de l’inclinaison
de la poutre longitudinale. Dans ce cas l’effet porteur de de l’armature d’effort tranchant (Figure 10). Au contraire
la poutre longitudinale est séparé de celui de la poutre en présence d’armatures d’effort tranchant de classe de
transversale. Dans le cas où l’armature de suspension ductilité B ou C, l’inclinaison des champs de contrainte
est faible ou manquante, des états de contraintes stati- peut être définie avec α = 25° sans ultérieures études
quement admissibles se trouvent néanmoins, qui per- détaillées même en cas de déformations plastiques des
mettent la vérification du flux de forces. armatures de la membrure tendue (Figure 11).
La disposition de ces champs de contraintes dépend des La présente documentation discute en principe les liens
armatures verticales et horizontales de la poutre trans- entre les deux premiers niveaux, qui sont très probable-
versale et tient en compte de la déviation directe des ment suffisants pour la plupart des structures en poutre
champs de compression des poutres longitudinales dans à examiner et dont l’application engendre un effort justi-
les poutres transversales. Cette situation s’accompagne fiable. Des détails par rapport au niveau III se trouvent
ainsi d’un déplacement de la membrure comprimée dans en [31],[32], par rapport au niveau IV en [6],[24],[33].
la poutre longitudinale vers la membrure tendue et pro-
voque donc une réduction de la résistance à la flexion et
de la ductilité de la section de la poutre longitudinale. La 5.1 Informations nécessaires sur la structure
réduction de la résistance à la flexion resp. de la charge La liste des grandeurs ayant une influence sur la résis-
ultime à la flexion due au manque de l’armature de sus- tance à l’effort tranchant (paragraphe 3.1) et les caracté-
pension peut être important avec 20 à 40% [28]. Des ristiques à prendre en considération pour la légitimation
du choix de l’inclinaison des champs de compression [10] Baumann, T. (1972). “Zur Frage der Netzbeweh-
montrent quelles informations sur la structure sont né- rung von Flächentragwerken”; Bauingenieur, Jg.
cessaires: 47, Heft 10, pp. 367-377.
– Résistance à la compression du béton de l’âme de la [11] Mitchell, D.; Collins, M. P. (1974). “Diagonal Com-
poutre pression Field Theory – A Rational Model for Struc-
– Taux d’armature d’effort tranchant et inclinaison des tural Concrete in Pure Torsion”; ACI Structural
étriers ainsi que leur propriétés (limite d’écoulement, Journal, Vol. 71, No. 8, pp. 396-408.
classe de ductilité resp. allongement spécifique de [12] Marti, P. (1982). “Strength and Deformations of
rupture et caractéristiques d’écrouissage) Reinforced Concrete Members under Torsion and
– Propriétés mécaniques des armatures longitudinales Combined Actions”; CEB Nr. 46 ‘Shear, Torsion
– Géométrie des unités de précontrainte, type et état and Punching’, pp. 97-138.
de l’injection des gaines (chiffre 4.3.1.2.4) [13] Muttoni, A. (1990). Die Anwendbarkeit der Plastizi-
– Les propriétés des étriers et des armatures longitudi- tätstheorie in der Bemessung von Stahlbeton; IBK
nales ayant une influence sur l’adhérence entre béton Nr. 176, ETHZ.
et armature, en particulier la surface relative projetée http://e-collection.ethbib.ethz.ch/view/eth:31140
des nervures [14] Sigrist, V.; Hackbarth, B. (2010). „Stress Field
rd
Analysis of Structural Concrete Beams“; 3 Inter-
Pour déterminer les valeurs d’examen des sections et national fib Congress and Annual PCI Convention,
des limites d’écoulement ainsi que des propriétés de Washington D.C., USA, May 29 – June 6, paper
ductilité de l’acier d’armature passive, il est nécessaire 377.
selon chiffre 4.2.2 de tenir compte de l’effet des entailles [15] Sigrist, V.; Hackbarth, B. (2010). “Querkrafttragfä-
et de la fragilisation de l’armature détériorée. Les valeurs higkeit von Stahlbetonträgern – Bemessung, Über-
mécaniques caractéristiques pour les armatures intactes prüfung, Beurteilung“; Beton- und Stahlbetonbau,
se trouvent dans l’annexe A. Ernst & Sohn Berlin, Vol. 105, Heft 11, pp. 686-
694.