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Nous avons conçu ce livre pour les patients mais aussi pour leurs proches
afin que chacun puisse mieux identifier ces troubles « non moteurs » et
mieux y faire face, ensemble.
PARTIE 1 : INTRODUCTION
1 Un peu d'histoire
La maladie de Parkinson est une affection aux multiples facettes :
à côté des troubles moteurs qui sont les plus visibles, la maladie
comporte des troubles qui ne touchent pas la motricité. Ils sont
appelés troubles « non moteurs ».
Les troubles non moteurs, qui vont nous intéresser tout au long de
cet ouvrage, ont été longtemps mis de côté et méconnus ou
ignorés. De la même façon que pour les aspects moteurs de cette
maladie, les aspects non moteurs sont présents de façon différente
d'une personne à une autre. La maladie de Parkinson est une
maladie unique, mais ses manifestations sont multiples...
C'est en 1817 que Sir James Parkinson décrit pour la première fois la
maladie qui portera son nom, soulignant les troubles moteurs, en particulier
le tremblement, la lenteur, la raideur. À cette époque déjà, sa description
inclut les troubles du sommeil, la constipation, les troubles urinaires,
l'apathie et les difficultés cognitives (mémoire, raisonnement). James
Parkinson avait donc déjà repéré les troubles appelés aujourd'hui « non
moteurs ».
Il faudra attendre le milieu du XXe siècle pour voir enfin des avancées
significatives en ce qui concerne le traitement de la maladie de Parkinson.
Dans les années 70, apparaît une nouvelle classe de médicaments, les
agonistes dopaminergiques, qui ne cesseront d'être améliorés ensuite.
Les vingt dernières années ont permis d'avancer sur la connaissance des
structures cérébrales et de leur dysfonctionnement expliquant les
symptômes de la maladie de Parkinson.
Le lobe frontal est le siège des fonctions les plus élaborées de l'homme.
Plusieurs régions peuvent être définies :
Lorsque les lobes frontaux sont lésés, on voit apparaître un symptôme assez
typique : le « syndrome frontal », qui se manifeste par des troubles de
l'organisation et de la planification des actions et par des troubles du
comportement. C'est le cas de l'apathie qui se présente comme une absence
de volonté. C'est aussi le cas des comportements désinhibés et inadaptés
socialement.
Albert établit l'hypothèse que les lésions situées dans les régions sous-
corticales du cerveau, c'est-à-dire sous le cortex, à la base du cerveau,
connues pour être à l'origine des troubles moteurs, pourraient aussi
expliquer certaines difficultés cognitives et comportementales.
En 1986, les circuits de neurones qui relient les noyaux gris centraux entre
eux sont mieux connus, ainsi que les circuits qui les relient aux autres
structures du cerveau : ces voies forment des « boucles ». On peut
distinguer, parmi ces circuits, trois domaines distincts, à la fois sur le plan
anatomique et fonctionnel :
Ils décrivent aussi les difficultés de mémoire que l'on peut voir dans la
maladie de Parkinson, liées à l'atteinte des composantes frontales de la
mémoire.
La maladie de Parkinson peut d'abord être définie comme une perte des
neurones dopaminergiques au niveau des noyaux gris centraux. Ceux-ci ont
une portion motrice (qui contrôle la motricité), une portion associative (qui
a un rôle dans la cognition ou l'intellect) et une portion limbique (qui joue
sur les émotions). Ces trois zones, et donc les fonctions qui en dépendent,
peuvent donc être altérées dans la maladie de Parkinson.
L'âge moyen de début se situe entre 55 et 65 ans, mais il existe des formes
précoces qui débutent aux alentours de 40 ans, et des formes tardives qui
débutent après 75 ans.
L'âge élevé est le principal facteur de risque de voir débuter une maladie de
Parkinson, bien que la perte de neurones dopaminergiques ne soit pas due
au vieillissement. Ainsi, chez les sujets âgés de plus de 65 ans, la maladie
touche 1,4 personne sur 100.
Les chercheurs accordent une large part au « stress oxydatif », effet nocif dû
à la production excessive, dans le neurone, de substances potentiellement
toxiques, en particulier celles qui sont appelées les radicaux libres. Ces
substances aboutissent à la destruction du neurone (« mort neuronale »).
Elle touche surtout les mouvements dits automatiques (par ex. balancer les
bras pendant la marche), puis les mouvements volontaires (tels les
mouvements effectués pour enfiler une manche). Par exemple, pendant une
conversation, les mouvements d'accompagnement de la parole avec les
mains peuvent être absents.
À
À retenir
L'akinésie repose sur la difficulté à démarrer et à exécuter des programmes moteurs, alors qu'ils ont
été appris très tôt dans la vie et qu'ils sont intacts. Elle se manifeste dans la marche, dans l'écriture,
dans la réalisation de gestes fins.
Du point de vue de l'entourage, l'akinésie donne au malade un aspect général « figé », très évocateur
de la maladie.
Alors que l'akinésie est le signe déterminant de la maladie, elle est souvent méconnue des patients et
de l'entourage.
La rigidité est répartie de façon diffuse sur les membres, à leur extrémité
(poignet, cheville), mais aussi sur les muscles de la colonne vertébrale (au
niveau du tronc), les épaules et les hanches.
Le tremblement peut se voir aussi aux mains dans le maintien d'une posture
quand les bras sont tendus devant soi. Par exemple, la main tremble alors
qu'elle tient le téléphone.
Enfin, le tremblement est très sensible au stress : il est amplifié par les
émotions, les efforts de concentration ou pendant une conversation. Mais il
pourra disparaître dans le calme complet.
Les symptômes non moteurs sont très variés et ont des manifestations
multiples. Voici les plus fréquents :
Les signes physiques
Les signes non moteurs reposent sur l'atteinte de la dopamine mais aussi, et
surtout, sur l'atteinte d'autres neurotransmetteurs que la dopamine. Certains
troubles sont précoces (troubles de l'odorat, troubles du comportement
durant le sommeil paradoxal, constipation) et peuvent apparaître dès le
début de la maladie. Une dépression peut parfois la précéder.
Nous n'aborderons pas tous ces problèmes en détail dans ce livre. Nous
avons choisi de nous centrer sur des troubles sans doute moins évoqués au
cours des consultations avec le neurologue ou le médecin généraliste : les
troubles cognitifs et les manifestations psychologiques. Ce sont en effet des
troubles plus difficiles à définir et à repérer.
Ils sont rarement prescrits chez ceux qui débutent leur maladie après 70 ans,
la préférence allant alors vers la lévodopa, mieux tolérée dans cette tranche
d'âge.
Comment adapter les prises dans la journée, notamment pour traiter les
fluctuations ?
Ces questions sont essentielles dès la première année. Elles feront ensuite
partie, au fil du temps, du quotidien du malade et de ses proches. Elles
seront toujours placées au c ur de la relation entre le malade et son
neurologue.
D'autres effets indésirables sont possibles, surtout avec des doses élevées
d'agonistes dopaminergiques : ce sont les hallucinations visuelles (voir
chapitre 10).
Chez les personnes âgées, la plupart du temps traitées par un trop grand
nombre de médicaments plus ou moins compatibles, des épisodes de
confusion mentale (chapitre 10) peuvent survenir. Ils sont d'importance
variable, allant d'un état de légère confusion mentale à des états
confusionnels plus graves et plus durables.
Depuis les années 1990, il existe une nouvelle méthode chirurgicale efficace
pour améliorer le quotidien des malades parkinsoniens. Il s'agit de la «
stimulation cérébrale profonde », qui consiste à implanter des électrodes
dans le cerveau pour y envoyer de façon continue un courant électrique.
On utilise le terme de « stimulation bilatérale des noyaux sous-thalamiques
», ceux-ci étant la cible la plus souvent choisie par les neurochirurgiens.
Cette méthode est également appelée « stimulation à haute fréquence », car
la fréquence de stimulation électrique utilisée dans ces structures a une
action thérapeutique seulement si elle est élevée (130-185 Hz).
Ces troubles intellectuels que l'on appellera plutôt cognitifs sont en général
assez méconnus des malades et de leur famille. Pourtant, ils sont
susceptibles de se manifester dès le début de la maladie, même s'ils sont très
discrets. Bien que jamais invalidants, ils peuvent être ressentis « à bas bruit
» chez les personnes actives, contraintes de monopoliser plus fortement
leurs ressources attentionnelles au cours de leur travail ou pour tout autre
type d'activité (vie associative, loisirs, etc.).
À retenir
Quelle que soit leur sévérité, les troubles restent limités à certaines tâches précises et ne concernent
pas l'ensemble des fonctions cognitives.
Quand notre cerveau est lésé ou malade, il est possible d'observer des
modifications de notre façon de penser, d'agir ou de ressentir. C'est le
domaine de la neuropsychologie, la science qui étudie les relations entre
notre cerveau et les fonctions cognitives.
À retenir
Les fonctions cognitives régissent notre pensée et nos comportements.
La mémoire est omniprésente dans notre vie. Elle nous permet aussi bien
d'avoir des souvenirs personnels, des connaissances culturelles que de
retenir des procédures automatiques (savoir faire du vélo, par ex.). En
neuropsychologie, on ne parle pas de LA mémoire, comme dans le langage
courant (« j'ai la mémoire qui flanche »), mais de plusieurs mémoires :
notamment la mémoire épisodique (celle des souvenirs), sémantique (celle
des connaissances générales sur le monde), procédurale (celle des
acquisitions des automatismes)...
La mémoire est aussi ce qui nous permet d'avoir conscience de qui nous
sommes et de nous projeter dans le passé aussi bien que dans l'avenir.
Les fonctions langagières sont essentielles chez l'être humain. Elles lui
permettent de communiquer et de comprendre son interlocuteur en
exprimant aussi bien un message oral par les mots et la parole, qu'un
langage écrit, par le biais de l'écriture et de la lecture.
Les fonctions visuospatiales et visuoperceptives permettent de s'orienter
dans l'espace, de percevoir les objets ou les personnes qui nous entourent,
d'imaginer un objet ou un visage visuellement absent.
Les praxies représentent l'organisation des gestes appris pour utiliser les
objets du quotidien comme des ciseaux, savoir jouer du violon, reconnaître
un geste symbolique ou exécuter des configurations manuelles
particulières...
L'ensemble des symptômes cognitifs est regroupé dans ce que l'on appelle
le syndrome sous-corticofrontal. Ce dernier englobe à la fois des
symptômes moteurs (ralentissement, rigidité, tremblement) et cognitifs
(problème de planification des actions, difficultés d'apprentissage, lenteur
de la pensée). Le choix de ce terme neuro-anatomique fait référence à la
disparition progressive des neurones dopaminergiques, qui entrave le
fonctionnement des circuits neuronaux entre le cortex frontal et le système
des ganglions de la base.
Qu'est-ce que le syndrome sous-corticofrontal ?
C'est un terme souvent utilisé pour décrire les troubles observés dans la maladie de Parkinson. Il
regroupe le syndrome dysexécutif, une inertie comportementale et un ralentissement psychomoteur.
Il concerne l'ensemble de la symptomatologie observée lorsque, au niveau cérébral, l'axe entre les
noyaux gris centraux et le cortex frontal est touché.
des difficultés à organiser des activités (classer les papiers, tenir les
comptes à jour, préparer un repas compliqué, bricoler), à planifier et
anticiper les événements (les vacances, une réunion de famille) ou, de
façon générale, à mener une tâche à terme ;
des difficultés à innover, à élaborer et à initier des activités nouvelles
ou à prendre des décisions, même simples (le menu au restaurant, par
ex.) ;
des difficultés à passer d'une activité à une autre ou d'une idée à une
autre ;
des difficultés à trouver ses mots, avec la sensation d'avoir le mot « sur
le bout de la langue ;
une tendance à se focaliser sur les détails et à perdre la vision
d'ensemble ; la personne sera en quelque sorte « attirée » par
l'environnement et pourra en oublier ce qu'elle était en train de faire.
L'une des principales fonctions exécutives est celle qui conduit à élaborer
un plan d'action. La planification est largement sollicitée dans de
nombreuses situations de la vie quotidienne. Plus la tâche est complexe et
inhabituelle (cf. exemple ci-dessous), plus elle est impliquée. Plus la tâche
est routinière (préparer le café), moins elle intervient.
Pour préparer ses prochaines vacances d'été dans les Cyclades, Paul a décidé de s'y prendre tôt
afin d'obtenir les meilleurs tarifs. Comme ses amis et lui-même ne disposent que de deux
semaines de vacances et souhaitent visiter plusieurs îles, Paul contacte les compagnies de
bateaux et essaie de réserver des trajets de nuit. Il se renseigne également auprès de différents
campings et logements chez l'habitant. Il discutera ce soir des différentes options avec ses
amis. Il a fait un plan de leur voyage.
Au fil du temps, c'est souvent par des conduites d'évitement que le malade
répondra à ces difficultés. Il va progressivement renoncer à s'atteler à des
activités qui requièrent une planification importante telles que l'organisation
d'un voyage, l'installation d'un nouvel ordinateur dans la maison, etc., et se
reposer de plus en plus sur son conjoint.
Ce nom est pourtant bien gravé dans votre mémoire, celle-ci n'est pas en
cause. Mais c'est la clé du chemin pour y accéder qui est difficile à
retrouver. Il faut savoir que ces informations stockées reviennent toujours,
elles n'ont pas disparu, c'est leur accès immédiat qui est temporairement
perturbé. Il suffit d'être un peu fatigué... ou de ne plus avoir 20 ans, pour
que cette fonction soit temporairement perturbée.
CONSEILS : Ne paniquez pas. Le mot que vous cherchez n'a pas disparu de votre
mémoire, seul le chemin d'accès est perturbé momentanément ; vous le retrouverez sans
difficulté plus tard.
Au quotidien, quand cette fonction est altérée, cela se manifeste par des
difficultés à passer rapidement d'une activité à une autre. On peut par
exemple avoir du mal à changer des plans préalablement établis et
maintenir un comportement non adapté au contexte. Cela peut aussi
concerner le passage d'une idée à une autre, ce qui se traduit parfois par des
idées fixes ou des difficultés à changer de conversation. On parle aussi de «
persévération ». Ce manque de flexibilité est à mettre en relation avec des
difficultés à « inhiber » l'idée ou l'activité précédente.
Au cours du dîner, tante Louise a raconté longuement comment son chat coincé dans l'arbre a
été « sauvé » par son voisin, alors que nous souhaitions tous écouter les résultats des élections
présidentielles.
L'attention est à la base de tous nos actes, qu'il s'agisse d'une pensée ou
d'une action ; aucun comportement n'est vraiment envisageable sans un
minimum d'attention. Mais il s'agit d'un système complexe. En neuro-
psychologie, on distingue différents types d'attention.
CONSEILS : Il est important de vous focaliser sur une seule activité à la fois, tout en
l'entrecoupant de pauses qui permettent aux systèmes attentionnels de se reposer.
Elle sera également plus facilement distraite par des sources extérieures.
Elle pourra aussi abandonner une activité et enchaîner sur une autre, car son
attention aura été soudainement attirée ailleurs. Cela marquera, à terme, un
manque d'efficacité et d'organisation.
■ Le ralentissement cognitif
La mémoire de travail est une mémoire à court terme un peu plus complexe.
Elle permet de stocker et de manipuler des informations pendant de courtes
périodes et lors de la réalisation d'une activité.
Lorsqu'on fait du calcul mental, on retient l'énoncé dans sa mémoire à court terme, puis on
réalise des opérations arithmétiques avec les nombres de l'énoncé pour trouver le résultat.
Féru de lecture, Alexandre délaisse de plus en plus les essais philosophiques ou les romans
fleuves pour des magazines spécialisés ou des quotidiens : il ne parvenait plus à retenir des
phrases trop longues ou trop complexes, son esprit se perdait et il devait sans cesse revenir à la
page précédente.
La mémoire procédurale
À retenir
Dans la maladie de Parkinson, les processus d'encodage et de récupération sont touchés.
Dans la vie quotidienne, ces fonctions permettent par exemple d'estimer les
distances et les profondeurs afin d'éviter de buter sur des obstacles,
d'imaginer des objets en trois dimensions, d'indiquer un trajet en le
visualisant, de dessiner, de construire, etc.
Au quotidien, cela se traduit par une perte de dextérité fine des mains ou
des troubles de la coordination motrice. Un musicien sera moins habile sur
son instrument, un bricoleur sera moins adroit dans certaines tâches. Mais il
n'éprouvera pas de difficultés à utiliser les objets courants ou pour s'habiller,
et s'il en rencontre, celles-ci seront, là encore, davantage imputables à ses
difficultés motrices.
■ Le langage
Le langage dans son ensemble est lui aussi relativement préservé dans la
maladie de Parkinson. Il n'existe pas d'atteinte du stock sémantique ou de
difficultés de grammaire. Parfois, le discours est ralenti, moins étoffé, mais
cela est à mettre en relation avec le ralentissement psychomoteur qui s'y
associe en général. Les quelques subtiles difficultés de langage ne sont donc
pas à mettre au premier plan.
À retenir
Dans la maladie de Parkinson, l'organisation des gestes et le langage restent préservés.
En revanche, le malade sera gêné par des symptômes plus visibles, tels que
le ralentissement du débit de la parole, une diminution du volume de la voix
(hypophonie) ou des difficultés pour articuler.
Au quotidien, cela se traduit par une réduction de la conversation
spontanée et parfois, un manque du mot. Le discours devient plus
laconique.
■ LES IDÉES CLÉS :
Oui. On peut considérer que tous les malades, après quelques années
d'évolution, souffrent de difficultés cognitives, plus ou moins sévères.
Dans les premières années de la maladie, ces difficultés sont très subtiles et
n'auront pas ou peu d'incidence dans le quotidien.
L'apparition des premiers troubles cognitifs n'est pas facile à accepter, aussi
bien pour le malade que pour son entourage. De part et d'autre, le non-dit
peut finalement paraître la position la plus simple. À la maison, chacun
pourra préférer ne pas relever tel signe pourtant évocateur par crainte de
blesser son proche ou de l'alerter inutilement. Réciproquement, le malade
voudra « protéger » son conjoint ou son parent en n'évoquant pas ses
problèmes.
Les troubles intellectuels peuvent parfois entraîner un repli sur soi qui peut
ressembler à de l'indifférence. L'entourage peut alors avoir l'impression d'un
éloignement, d'une perte d'intérêt de la part de son proche et d'un moindre
ancrage dans le quotidien. Ces manifestations sont souvent prises à tort
pour des modifications dans le caractère du malade, dans sa personnalité. «
Mon père devient égoïste, il ne se rend pas compte de la charge qu'il
constitue, il ne s'implique plus dans les projets de la famille, son
indifférence est pesante. » Ces changements sont interprétés négativement
et ne sont pas reconnus comme des difficultés cognitives, d'autant que le
raisonnement, l'orientation et la mémoire à long terme ne semblent pas
touchés.
Autre cas de figure, si le conjoint est âgé ou lui-même malade, il sera moins
conscient des difficultés de l'autre. Il n'est pas facile de vivre durant de
longues années aux côtés d'un conjoint ou d'un parent atteint de la maladie
de Parkinson. La fatigue s'installe, certains troubles peuvent apparaître,
souvent liés au stress. Dans les situations extrêmes, certains conjoints
souffrent d'un syndrome d'épuisement également appelé burn-out. Cet état
modifie la finesse du jugement et réduit l'attention portée aux difficultés du
conjoint.
Les professionnels de santé ont reçu en général une formation qui met
l'accent sur la prise en charge des troubles moteurs dans la maladie de
Parkinson. Tout comme l'entourage, certains soignants pourront eux aussi
éviter d'aborder le sujet. Après des années de suivi médical, une relation de
proximité s'installe entre le malade et son soignant, qui va forcément avoir
une influence. Le soignant pourra être réticent à reconnaître ou à annoncer
certains troubles. Un sentiment de fatalité ou d'impuissance pourra
également contribuer à les minimiser.
L'entretien sera complété par une série de tests rapides et standardisés qui
permettront au neurologue de dresser une première évaluation cognitive.
S'il décèle ou redoute l'existence de difficultés cognitives, il
recommandera alors un bilan neuropsychologique, appelé aussi bilan «
cognitif ». Celui-ci sera réalisé par un neuropsychologue.
■ Le bilan neuropsychologique
Les tests peuvent tantôt être ludiques, tantôt s'apparenter à des exercices
plus scolaires. Il s'agit pour le neuropsychologue de mesurer un niveau de
compétences pour un processus cognitif donné et de le comparer à des
normes élaborées dans la population dite « saine » du même âge et du
même niveau éducationnel. Ainsi, le bilan neuropsychologique permettra
d'établir quelles fonctions cognitives sont perturbées et lesquelles sont
préservées. À partir de ces conclusions, il pourra enfin mettre en place un
suivi adapté.
Si les conflits sont trop importants, une prise en charge en couple est
vivement recommandée.
Dans la vie professionnelle
C'est par exemple la rédaction d'un projet, que l'on bouclait aisément peu de
temps auparavant, et qui réclame maintenant plus de temps et d'énergie.
C'est l'appréhension ressentie face à l'obligation de participer à des réunions
où des décisions doivent être prises rapidement. C'est aussi le cas s'il faut
prendre la parole dans un groupe de travail, être prêt et réactif à la
discussion.
Il faut être très attentif à ne pas abandonner ses hobbies, à ne pas réduire les
activités de groupe, les voyages entre amis, la vie associative, etc.
Il est aussi possible d'avoir recours à des alternatives de prise en charge non
médicamenteuses, souvent complémentaires, telles que les techniques de
rééducation neuropsychologique ou stimulation cognitive.
■ La rééducation neuropsychologique
Cette rééducation peut être initiée à tous les stades de la maladie, y compris
au début, lorsqu'on est en activité et que l'on a des problèmes de
concentration ou d'organisation. Les malades en retirent souvent un réel
bénéfice et ont ainsi le sentiment de s'impliquer, de se battre contre la
maladie.
Bien sûr, le fait d'apprendre que l'on est atteint d'une maladie progressive
chronique et d'en subir les conséquences au quotidien va forcément avoir un
impact sur le plan psychologique. Mais cet impact sera très différent d'une
personne à l'autre et d'une période à l'autre de la maladie.
Quand elle est produite par le système nerveux, la dopamine n'a pas que des
effets sur le plan moteur. Lorsqu'elle vient à manquer dans certaines régions
cérébrales, on peut voir s'installer une apathie et un manque d'initiative.
Tous ces troubles sont classés selon qu'ils sont liés à un déficit de dopamine
ou, au contraire, à un excès en dopamine.
Quand surviennent-elles ?
Enfin, les états dépressifs sont plus fréquents chez ceux qui ont débuté la
maladie jeunes.
Dans deux cas sur trois, les fluctuations sont de type on-off, c'est-à-dire
nombreuses et rapides. L'humeur change tout le temps, ce qui est très
pénible pour le malade, mais aussi pour les proches, car on ne sait jamais «
sur quel pied danser ». Les sentiments de bien-être et de baisse de moral
peuvent être très intenses. Ainsi, on peut se sentir « tout puissant », plein de
projets en période on et désespéré, voire suicidaire en période off. La
gestion de ces changements d'humeur brutaux et parfois intenses peut
s'avérer très difficile.
Dans les mois, voire les années, qui précèdent le diagnostic, les symptômes
dépressifs peuvent masquer la maladie de Parkinson. En effet, l'impression
de lenteur, le visage figé, le manque de motivation, une certaine économie
de mouvement sont aussi des symptômes que l'on retrouve lors d'un épisode
dépressif.
Dans le tableau I, sont présentés les signes qui peuvent faire partie des
symptômes dépressifs et que l'on retrouve communément dans la maladie
de Parkinson. S'ils surviennent, il ne faut pas hésiter à les noter et les
mentionner au médecin qui fera la part des choses. Dans ce tableau, on
trouve des symptômes fréquents, des symptômes en lien avec les troubles
cognitifs et des symptômes psychologiques. On y trouve aussi des
conséquences liées à toute maladie chronique.
Est-ce vraiment une dépression ?
deux formes, l'une tonique et l'autre phasique : cet état fluctuant est
typique de la maladie de Parkinson car on ne le retrouve pas dans
d'autres pathologies telles que les affections rhumatologiques avec des
difficultés motrices de même intensité ;
des symptômes qui varient en intensité par rapport à la dépression
d'une personne non atteinte par la maladie de Parkinson.
Ainsi, leur sévérité peut être moins importante, c'est le cas de la
tristesse, de la perte d'intérêt et de la perte de capacité à rechercher des
activités plaisantes (l'anhédonie), du manque d'énergie et des
sentiments de culpabilité. Par ailleurs, les idées suicidaires sont
beaucoup plus rares.
En revanche, la sévérité peut être aussi plus importante. C'est le cas
pour les troubles de l'attention et de la concentration, de l'apathie, des
troubles du sommeil, du sentiment de faiblesse générale (l'asthénie), de
la perte de poids ou de la baisse du désir sexuel (la libido).
La première limite les actions dans la durée car elles deviennent pénibles et
la seconde est présente pour les plus petites choses de la vie quotidienne
que l'on faisait sans y penser et qui deviennent pénibles, comme prendre
une douche, ranger, débarrasser la table, etc.
■ Troubles sexuels ou baisse de la libido ?
Dans tous les cas, le traitement par médicament peut être complété par une
psychothérapie adaptée.
■ La psychothérapie
CONSEILS : Souvent surgissent des réticences de la part du patient mais aussi des
proches pour mettre en place un traitement de sa dépression. Voici quelques arguments
qui peuvent faire évoluer votre vision de choses :
C'est une méthode thérapeutique qui fait uniquement appel à des moyens
psychologiques pour traiter les troubles émotionnels, les troubles du
comportement et certains blocages. Elle se pratique, la plupart du temps, en
individuel mais elle peut aussi se faire en groupe. Dans le cas de la maladie
de Parkinson, elle est souvent menée en couple. Elle est d'abord destinée au
malade, mais les proches peuvent également en bénéficier. Parfois, le
psychothérapeute peut proposer, en outre, des thérapies corporelles comme
la relaxation ou la « pleine conscience ».
Quel type de thérapie ?
CONSEILS : Lorsque les proches participent aux séances, ils sont informés sur la
dépression et des conseils leur sont donnés...
Vous vous sentez souvent impuissant car votre proche a du mal à formuler ce qu'il
ressent ou à demander de l'aide. Il ne fait pas exprès d'être ainsi, au contraire, il fait
le maximum pour faire face malgré ses symptômes. Il a besoin d'être encouragé et
entouré comme quelqu'un qui souffre.
N'hésitez pas à prendre des initiatives et à lui proposer de pratiquer des activités
qui lui changeront les idées sans le fatiguer. Sa fatigue n'est pas feinte, elle fait
partie de la maladie de Parkinson mais aussi de la dépression, ne l'oubliez pas.
Votre proche déprimé a besoin de repos et il faut éviter d'aller au-delà de ses
limites.
La dépression rend vos relations de couple difficiles et les crises ne sont pas rares.
Vivre avec une personne déprimée est très stressant, il faut se ménager des
moments pour souffler, continuer ses activités.
La dépression entraîne une certaine tendance à vouloir s'isoler. Les proches
peuvent avoir des difficultés à vivre ce qu'ils ressentent parfois comme du rejet. Ce
n'est bien sûr pas le cas. Soyez patient et compréhensif pendant ces périodes.
Le conjoint et la famille impliquée sont eux aussi fatigués et ont parfois du mal à
faire face alors qu'ils accompagnent leur proche dans la maladie depuis longtemps.
Prenez soin de vous pour ne pas être englouti par la dépression. Parfois, un suivi
en psychothérapie pourra vous être conseillé pour traverser ces moments difficiles.
Dans tous les cas, ne vous enfermez pas car il ne faut pas contribuer au
mouvement de repli, au contraire, continuez d'avoir une vie sociale enrichissante.
8 Les troubles anxieux
Quand surviennent-ils ?
Quelles sont les causes de cette anxiété excessive ?
Comment s'exprime l'anxiété ?
Comment identifier les manifestations anxieuses ?
Quel est le rôle du proche dans l'évaluation de l'anxiété ?
Comment traiter les symptômes anxieux ?
Quand surviennent-ils ?
Dans la population générale, l'anxiété sous toutes ses formes est très
fréquente. Selon les études, 10 à 15 % de la population seraient concernés.
Elle est encore plus fréquente dans la maladie de Parkinson, puisqu'elle est
présente dans 40 % des cas. La maladie va souvent amplifier une anxiété
sous-jacente, mais un état anxieux pourra aussi apparaître chez des
personnes qui ne montraient aucun signe d'anxiété auparavant.
Le combat
L'évitement ou la fuite
C'est souvent la meilleure stratégie dans certaines situations où l'on n'a pas
la capacité à faire face. À cause de la maladie, on peut se sentir diminué,
fatigué, impuissant. Les réactions d'évitement peuvent se développer : ne
plus marcher pour ne pas tomber, ne plus sortir pour ne pas être vu... Mais
la fuite alimente la peur et la fait grandir. Et la peur renforce les conduites
d'évitement. S'exposer aux situations permet d'arrêter le cercle vicieux.
Ainsi, dans les tendances évoquées plus haut (ne plus vouloir marcher pour
ne pas tomber, à ne plus vouloir sortir pour ne pas être vu), le maître mot
sera de s'obliger à s'exposer progressivement, à son rythme, pour combattre
sa peur. L'entourage peut être d'un grand secours pour encourager cet
affrontement.
L'immobilisme
Ne plus bouger, rester figé. C'est le cas lorsque l'on séjourne dans les
réserves américaines et qu'on tombe nez à nez avec un ours ! La consigne
est de ne pas bouger pour ne pas recevoir de coup de patte. Parfois, lorsque
nous sommes anxieux, nous pouvons être inhibés, rester sans voix, ne plus
réagir, être incapable de toute réaction. Nous sommes figés, comme sans
ressource. Cette stratégie est la moins reconnaissable et entraîne beaucoup
d'incompréhension chez l'entourage. La reconnaître et l'accueillir avec
bienveillance permet de limiter les conflits.
■ Les formes pathologiques de l'anxiété
CONSEILS : L'anxiété généralisée est un trouble psychologique très fréquent. Elle peut
aussi être présente chez les proches et la maladie va avoir tendance à augmenter l'anxiété
qui était présente auparavant. La vie de couple peut devenir difficile, avec beaucoup de
tension et d'incompréhension. Il ne faut pas hésiter à consulter.
Ces attaques peuvent faire penser à des infarctus, des crises d'asthme ou
d'épilepsie. Elles peuvent être spectaculaires et entraîner l'intervention
d'équipes d'urgence. Elles surviennent généralement dans un contexte
global d'anxiété, l'attaque de panique se déclenchant sous forme de pics.
Ces attaques ressemblent à ce qu'on appelait avant des « crises de tétanie »
ou « crises de spasmophilie ». Parfois présentes des années auparavant,
elles peuvent revenir dans le cadre de la maladie de Parkinson et ce, plus
particulièrement dans le cadre des mouvements anormaux de fin de dose
juste avant une prise de médicament dopaminergique. Elles sont souvent
associées à des états dépressifs. Lorsque c'est le cas, la prescription de
médicaments est nécessaire, car un risque suicidaire ne peut pas être écarté.
Les phobies sont des « peurs sans objet », c'est-à-dire sans raison valable,
objectivement. Si l'on se fait agresser dans la rue ou si l'on est face à une
bête sauvage dans la jungle, il est normal d'avoir une réaction de peur. Les
phobies, elles, se fixent sur des objets, des animaux ou des situations, de
manière injustifiée ou démesurée. Elles sont difficilement contrôlables et
entraînent souvent des comportements d'évitement : le sujet évite toutes les
situations ou objets qui lui font peur. Ces évitements peuvent devenir très
handicapants, parfois plus que les symptômes moteurs de la maladie.
Enfin, la gène d'être le centre de l'attention, d'être sous le regard des autres,
la peur d'être jugé en situation sociale, qui sont des symptômes
caractéristiques de la phobie sociale, ne sont pas rares.
Il ne faut pas négliger l'anxiété bien naturelle de la famille et des proches sur
laquelle le médecin devra porter une attention toute particulière.
En effet, leur propre inquiétude peut rejaillir, non seulement sur l'anxiété du
malade, mais aussi sur ses troubles moteurs. Si un membre de sa famille exprime
trop ouvertement son anxiété, cela va provoquer chez lui un stress auquel il va
devoir faire face. Or, la maladie de Parkinson exige que le malade mobilise toute
son attention pour se déplacer, parler et penser. En situation de stress, il lui sera
plus difficile de se concentrer, et il aura tendance à perdre ses moyens.
Le médecin pourra être alerté par ces signes forts d'anxiété alors que leur origine
est plutôt liée au contexte familial. Il faut éviter de le mettre sur une fausse piste :
il risquerait de modifier à tort les doses du traitement, ce qui pourrait être
préjudiciable pour le malade.
FICHE TECHNIQUE
La thérapie de la « phobie d'être vu en train de trembler »
Cette thérapie basée sur l'action fait alterner réflexion et pratique sur le terrain. Les
changements s'opèrent au cours de l'exposition, et de nombreuses peurs peuvent être ainsi
traitées.
Exposition en imagination
« Imaginez-vous à la caisse d'un supermarché, il y a du monde, vous êtes lent (ou vous
vous trouvez lent, ce qui revient au même). Vous avez du mal à sortir les pièces de votre
porte-monnaie, et plus vous avez du mal, plus vous tremblez. Imaginez ce que vous
ressentez : quelles sont vos émotions, vos pensées, et ce que vous faites. »
Exposition in vivo
On demande au sujet de se rendre, par exemple dans un petit magasin, de s'exposer à la
même situation et d'appliquer les mêmes techniques de gestion de la respiration.
Au fur et à mesure du traitement, les exercices vont être plus élaborés. L'exposition aux
situations gênantes va être plus facile, et l'idée de les éviter va disparaître en tant que
stratégie. La situation ne sera plus vécue, ni pensée, comme insurmontable.
Restructuration cognitive
Grâce au travail effectué sur les pensées, celles-ci se modifient et peuvent même changer
radicalement : « J'accepte la maladie, je lutte “avec” et non plus “contre” elle », « Je suis
comme je suis et je ne vais plus m'enfermer pour me cacher en ajoutant cette contrainte à
celle de la maladie ».
Là encore, les proches seront impliqués car eux aussi peuvent avoir du mal avec le «
paraître » et éviter de sortir avec un proche qui tremble.
■ La relaxation
La gestion de la respiration
FICHE TECHNIQUE
La respiration abdominale
Ce niveau doit être utilisé lorsque l'anxiété est peu importante. Il s'agit de porter toute son
attention sur votre ventre. Vous pouvez vous aider de vos mains que vous allez placer sur
le bas-ventre. Vous allez « pousser » sur vos mains en gonflant votre ventre sans faire
bouger le thorax ou très peu. Vous commencez avec les abdominaux à gonfler et à rentrer
votre ventre, puis continuez en inspirant par le nez. Après avoir gonflé votre ventre, vous
le dégonflez en expirant toujours par le nez. Le principe est simple mais demande un
certain entraînement avant de pouvoir appliquer la technique naturellement.
Le bon rythme serait de réaliser trois « inspirations/expirations », trois fois par jour en
position assise, et dix au coucher, dans son lit.
Ce niveau est à utiliser lorsque le niveau 1 n'est pas efficace, lorsque vous avez des
pensées dont vous ne pouvez pas vous débarrasser. Il suffit d'ajouter au niveau 1, une
technique de comptage. Vous allez alors compter 3 temps sur l'inspiration et 6 temps sur
l'inspiration.
Ce niveau est à utiliser lorsque l'anxiété est majeure et que vous avez du mal à la
contrôler. Elle est particulièrement adaptée en cas d'attaque de panique. Ce niveau
s'appelle « la respiration en créneaux de château ». Le principe est de faire des pauses
respiratoires. Il faut compter comme pour le niveau 2 et ajouter des temps pendant
lesquels vous vous arrêtez de respirer.
Remarques :
Si respirer par le nez est trop difficile, vous pouvez respirer par la bouche, dents serrées.
Le principe est toujours de limiter les entrées d'air.
Si la tête tourne pendant les exercices de respiration, c'est que vous respirez trop fort,
vous « hyperventilez ». Il suffit de respirer moins profondément, plus lentement.
Si vous n'arrivez pas à respirer en comptant sur 3 et 6 temps, vous pouvez changer le
comptage en passant à un rythme de 2 temps sur l'inspiration et 4 temps sur l'expiration.
Du fait de la présence de troubles dysexécutifs, la technique peut être plus difficile pour
vous et nécessiter plus de temps d'entraînement que pour vos proches.
Le grand avantage de cette technique simple est qu'elle peut être utilisée partout, dans
n'importe quelle situation et dans toutes les positions : assise, debout, couchée. La
respiration abdominale est particulièrement adaptée aux situations de crise.
FICHE TECHNIQUE
Le training autogène de Shultze
Portez maintenant votre attention à vos épaules et détendez-les. Passez ensuite à vos bras
et détendez progressivement chaque partie jusqu'aux poignets. Détendez ensuite vos
mains et vos doigts.
Portez maintenant votre attention à votre thorax, à votre poitrine et relâchez la partie
haute du corps en détendant ensuite le haut du dos.
Passez ensuite au bas de votre dos, à vos lombaires et relâchez ces parties avant de passer
à votre ventre. Toute la ceinture abdominale est maintenant relâchée.
Portez maintenant votre attention sur vos jambes. Relâchez les muscles de vos cuisses.
Relâchez ensuite l'articulation de vos genoux. Enfin, relâchez vos mollets.
Vous vous sentez calme, détendu(e). Restez dans cet état aussi longtemps que vous le
souhaitez.
Remarques :
Peut-être vous êtes-vous endormi(e). C'est très fréquent ! Cette technique peut être
utilisée au coucher et facilite l'endormissement. Elle peut aussi, en cas de réveil, la nuit,
permettre de faciliter le réendormissement.
Vous pouvez enregistrer ces indications en parlant à la première personne. Ainsi vous
pourrez faire ce qu'on appelle de la « relaxation guidée ». Vous pourrez vous écouter
pendant les séances de relaxation, par exemple avec un lecteur MP3.
Cette technique peut être utilisée aussi souvent que nécessaire. Elle peut aussi être
pratiquée très régulièrement, en traitement de fond. Elle permet d'installer des moments
où l'on prend soin de soi et permet d'oublier, pendant un moment, ses préoccupations.
Cette technique peut être utilisée par le malade mais aussi par les proches.
Les pratiques corporelles dites douces sont aussi tout à fait adaptées, par
exemple le yoga, que l'on peut pratiquer aussi assis, le Taî-chi, le Qi gong,
etc.
■ Activités favorisant l'expression artistique et émotionnelle
Parmi les activités tout à fait adaptées, on citera la peinture et le dessin qu'il
ne faut hésiter à essayer même si par ailleurs on a des difficultés à écrire, le
théâtre et le chant pour le souffle et la voix et surtout... le plaisir !
■ LES IDÉES CLÉS :
→ L'anxiété est très fréquente dans la maladie de Parkinson.
→ L'anxiété est également fréquente chez les proches.
→ Elle peut se traiter.
→ La psychothérapie, les techniques de relaxation, l'activité physique
et les activités artistiques sont tout à fait indiquées.
→ Un traitement médicamenteux peut dans certains cas être prescrit.
9 Les troubles du comportement liés à la
dopamine
Les troubles dûs à un excès de dopamine
Les troubles dûs à un manque de dopamine
Le malade peut avoir un peu honte des symptômes et avoir tendance à les
cacher, y compris à son entourage. Dans tous les cas, lorsque des
modifications de comportement sont observées, il faut en informer le
neurologue traitant.
Il se manifeste par une fascination pour des objets de la vie quotidienne, qui
sont sans cesse manipulés, examinés, rangés, collectionnés. Le punding
toucherait entre 1 à 10 % des malades parkinsoniens.
Cette ancienne couturière passait des heures à trier et ranger des quantités de boutons selon des
critères sans cesse modifiés (taille, couleur, forme), ou ce monsieur, passant des jours et des
nuits à « faire les encombrants » afin d'accumuler des objets pour les brocantes.
Punding
activités répétées
activités sans utilité
Il faut mettre de côté les sentiments de honte. Vous trouverez auprès de votre médecin
une oreille attentive. En parler aux proches va vous aider à les contrôler.
Vous pouvez instaurer un pacte avec votre entourage qui va vous encourager et vous
aider à surmonter les moments difficiles du « sevrage ». Un peu comme lorsqu'on arrête
de fumer...
Tout d'abord, parler avec prudence de ses inquiétudes avec votre proche. Il peut ne pas en
être conscient, en avoir honte ou les nier.
Parfois, ce sont les proches qui ont le plus de mal à supporter ce qu'ils
estiment être une régression. En aucun cas la maladie ne s'aggrave. Elle est
tout simplement moins bien traitée par les médicaments. Cette stratégie de
réduction médicamenteuse peut être particulièrement mal vécue lorsqu'on a
du mal à accepter la maladie. Ces blocages psychologiques nécessiteront le
plus souvent un accompagnement avec un psychologue. Il pourra dans
certains cas mettre en place une thérapie adaptée, de type cognitivo-
comportementale.
L'apathie peut être aussi très agaçante pour les proches. En plus du
ralentissement lié à la maladie, elle entraîne un manque d'enchaînement
dans les actions. Ainsi, toutes les activités de la vie quotidienne vont
prendre beaucoup plus de temps, et nécessiter parfois d'être stimulées à
chaque étape.
Lorsqu'il y a un rendez-vous, quelle qu'en soit la nature, c'est-à-dire même si c'est pour une
activité plaisante, votre proche va devoir être encouragé à se préparer. L'effet de cet
encouragement peut être variable en fonction de son état. S'il est stressé, le fait de le presser va
augmenter son stress et diminuer sa capacité à gérer son apathie. La fatigue et la distance par
rapport à la dernière prise du traitement dopaminergique va aussi aggraver l'apathie. La
dépression, on l'a vu, peut aussi être un facteur aggravant. Les proches doivent donc s'armer de
patience !
En tant que conjoint, vous pouvez vous sentir « abandonné », seul face aux
problèmes et à l'indifférence de votre proche.
En tant que conjoint, vous devrez donc reprendre la main. Or, cela va
entraîner de profonds changements que tous ne sont pas prêts à assumer.
Lorsque le malade vit seul et que ce sont les enfants qui l'aident, ils
pourront être exaspérés par l'attitude peu participative de leur parent. Ils
peuvent avoir du mal à faire face à la charge amplifiée par l'apathie, d'autant
plus si les facultés motrices sont bonnes. Dans ce cas, il sera peut-être
nécessaire de mettre en place des aides à la maison, le malade ne pouvant
plus s'occuper de lui au quotidien.
Comment repérer l'apathie ?
Les répercussions de l'apathie peuvent ainsi être très importantes, tant du
point de vue de l'autonomie que dans le cadre des relations avec les
proches. C'est pourquoi il est important d'en repérer les signes et d'en parler
au médecin :
Dans tous les cas, le médecin va pouvoir répondre à vos questions et vous
donner des conseils concernant l'attitude à avoir en fonction de la sévérité
de l'apathie.
La stimulation écologique
On a remarqué, et cela semble logique, que les malades qui continuent
d'avoir une vie riche en activités et en contacts sociaux notamment, grâce à
leur entourage en retiraient un grand bénéfice sur le plan moral, cette
dynamique permettant de lutter contre une possible apathie.
Cela requiert aussi une certaine complicité avec son proche malade, une
bonne capacité à se mettre à sa place pour savoir ce qui pourrait lui faire
plaisir. La stimulation écologique est donc aussi bénéfique pour les
conjoints car l'apathie à tendance à limiter les déplacements et les contacts
sociaux.
10 Les troubles psychotiques :
hallucinations et idées délirantes
Les hallucinations, qu'est-ce que c'est ?
Quand surviennent-elles ?
Conséquences des hallucinations et des idées délirantes
Comment le médecin les traite-t-il ?
Comment se comporter face à ces manifestations ?
Les hallucinations auditives sont plus rares. Elles sont soit élémentaires
(bruit répétitif), soit complexes (musicales ou verbales). De même que les
hallucinations visuelles, elles peuvent parfois faire peur du fait de leur
contenu (menaces, par ex.).
Quand surviennent-elles ?
Les hallucinations et les idées délirantes peuvent survenir à tout moment au
cours de la maladie, c'est pourquoi le neurologue posera fréquemment la
question de leur présence au malade et à son entourage, au cours du suivi.
Elles peuvent être favorisées par la prise de certains traitements
antiparkinsoniens, dès le début du traitement ou après quelque temps. Elles
sont aussi plus fréquentes chez les malades les plus âgés et quand la
maladie a évolué.
Lorsque le malade n'a plus de regard critique sur ses hallucinations, une
dépression latente peut se manifester. La situation peut évoluer rapidement
vers un état dépressif, des variations rapides de l'humeur, voire une
mélancolie délirante, stade grave de la dépression.
CONSEILS : Les questions simples que les proches (ou le médecin) peuvent poser
Leur prise en charge par le médecin est parfois difficile, sachant qu'il faut,
dans la plupart des cas, réduire le traitement dopaminergique, ce qui n'est
pas sans effet sur les capacités motrices. Le malade se sentira moins bien
sur le plan moteur et pourra mal vivre cet état, perçu comme un retour en
arrière ou une aggravation. Il ne faut pas hésiter à demander au neurologue
de bien lui préciser les bénéfices et les avantages du changement de
traitement.
Parce que les hallucinations ont une origine variable, le traitement repose
sur une combinaison de stratégies :
Madame T., quant à elle, comprend qu'elle donne de l'eau au « moulin » de son mari sans le
vouloir, en se pliant à ses exigences sans discuter.
Il est convenu entre eux, que Madame T. ne répondrait plus systématiquement à ces idées
délirantes. Elle refusera désormais de leur accorder du crédit et de tenter de justifier toutes ses
actions.
Progressivement, la situation va s'améliorer de façon spectaculaire et chacun se sentira mieux.
CONSEILS :
Il faut prendre pour modèle les sportifs de haut niveau qui s'imposent des
temps de récupération. Il faut aussi repérer les activités coûteuses en
énergie. Par exemple : faire les courses dans les grandes surfaces ou les
grands magasins nécessite de s'arrêter fréquemment, de faire attention au
monde environnant, de regarder et de choisir. Toutes ces tâches sont très
coûteuses en énergie et donc, très fatigantes. Tout un chacun en a fait
l'expérience. Deux heures de courses sont bien plus fatigantes que deux
heures de randonnée dans la campagne...
Ranger, bricoler, recevoir du monde à la maison, faire la cuisine, etc., sont
des tâches qui demandent de l'organisation et peuvent être aussi très
fatigantes. Faire de petites siestes et alterner jours d'activités et jours calmes
fait partie des stratégies qui vont permettre de mieux faire face.
Parfois, ces aménagements sont mal vécus. Le malade peut avoir des
réticences à changer son mode de vie s'il était hyperactif auparavant. Par
exemple, il peut avoir du mal à « ralentir » parce qu'il pourrait le ressentir
comme une perte d'autonomie, une dégradation. Il lui faut prendre
conscience que ces changements permettent au contraire d'en faire plus
dans de meilleures conditions.
Parfois ce sont les proches qui peinent à se faire à ce nouveau rythme, s'ils
n'acceptent pas la maladie. Simples dans le principe, ces recommandations
vont demander un ajustement, parfois douloureux, de la part de chacun.
Les troubles du sommeil sont présents chez au moins deux tiers des
malades parkinsoniens, et plus fréquents chez les personnes les plus
sévèrement atteintes.
FICHE TECHNIQUE
Qu'est-ce que le trouble du comportement en sommeil paradoxal ?
Durant la phase de sommeil paradoxal (celle où l'on rêve), les mouvements sont
normalement « bloqués » avec une atonie du corps.
Dans la maladie de Parkinson, ce blocage peut être absent : il en résulte l'expression du
rêve sur le plan moteur et verbal.
D'où une gestuelle complexe, orientée vers un but, non stéréotypée, avec des
mouvements rapides et saccadés. Il peut y avoir des blessures, voire des chutes. Il y a une
« mise en acte » du rêve.
Un tiers à la moitié des patients parkinsoniens présente ce type de problèmes nocturnes.
Ils sont souvent associés aux hallucinations durant la journée.
Ces troubles sont présents avant le début des signes moteurs parkinsoniens dans la moitié
des cas.
Vous devez signaler à votre médecin la présence des rêves éveillés car ils
peuvent aussi être le signe précurseur d'hallucinations produites par le
traitement antiparkinsonien.
■ Somnolence dans la journée
Le conjoint doit parfois dormir dans un lit à côté ou dans la pièce voisine. Il
a lui aussi besoin de récupérer.
PARTIE 4 : AU QUOTIDIEN
12 La maladie a évolué : comment cela se
traduit-il au quotidien ?
Au travail : envisager un changement de statut
La conduite automobile : la raison doit l'emporter
La perte d'autonomie
Cette interdiction est parfois très mal vécue par le malade qui voit son
champ d'action se restreindre s'il ne conduit plus. Il arrive même que les
conjoints (surtout quand ils n'ont pas le permis eux-mêmes) soient les plus
hostiles à l'arrêt de la conduite.
La perte d'autonomie
Parfois, une personne âgée aura du mal à accepter la présence et l'aide d'une
personne inconnue. Parfois, c'est son conjoint qui refusera celui ou celle
qu'il considère comme un « intrus », souhaitant assurer seul l'aide qu'il
prodigue à son proche.
Pour le proche d'un malade ayant une maladie de Parkinson avec les
troubles cognitifs, il faut penser à installer des aides autres que soi-même.
Le proche doit vaincre d'abord la réticence à demander à d'autres personnes
de s'occuper de son parent ou conjoint.
Le réseau du soutien à domicile comprend l'ensemble des dispositifs et des
aides humaines, techniques, matérielles ou financières permettant de
maintenir le malade à domicile. La qualité de vie du malade sera améliorée,
mais aussi la santé de l'aidant.
Un auxiliaire de vie, qui peut aussi intervenir pour toutes les tâches au
quotidien, repérer les éventuels problèmes de santé, prévenir la famille
en cas de problème, etc. ;
Vivre au quotidien avec une personne présentant des troubles cognitifs peut
être difficile. L'intervention d'aides à domicile permet d'alléger la charge en
permettant aux proches de s'extraire du quotidien et de prendre part à des
activités habituelles en toute sécurité.
Parce qu'il voit régulièrement la situation évoluer, c'est votre médecin qui
sera votre guide en vous conseillant. Vous aurez de toute façon besoin d'une
prescription médicale de sa part pour bénéficier des aides. Vous déciderez
ensemble du moment à partir duquel le recours à ces aides doit être activé.
Vous verrez alors combien ces aides vous seront utiles : elles vont
contribuer à diminuer la fatigue, le stress, l'agressivité et les éventuels
conflits au sein du couple.
En effet, les proches, et les conjoints plus particulièrement, ont souvent des
réticences à les accepter. Se sentant investis d'une mission, ils vont essayer
la plupart du temps de repousser au maximum le moment où il faudra s'y
résoudre. Ils auront du mal à lâcher prise et pourront ressentir l'arrivée d'une
auxiliaire de vie comme une source de soucis supplémentaires.
À retenir
Le recours à une aide extérieure est absolument nécessaire et souhaitable.
Cette aide allégera le quotidien de tous. Il faut identifier les freins psychologiques :
l'entourage proche, et le conjoint en particulier, ressent une très forte culpabilité à l'idée de ne plus
pouvoir faire face ou de montrer que le quotidien est devenu trop difficile à affronter seul ;
son état d'épuisement est tel que l'arrivée d'une aide extérieure lui apparaît une contrainte plutôt
qu'une aubaine ;
du côté du malade le recours à un tiers peut être interprété comme un début de renoncement à des
activités qu'il croit pouvoir faire seul ;
les couples peuvent être inquiets à l'idée de perdre le contrôle et la maîtrise de la situation en se
retrouvant entre les mains d'intervenants extérieurs. Ces professionnels ont leur approche, leur façon
de voir la maladie, leurs gestes techniques qui ne sont pas toujours en phase avec les habitudes du
couple.
CONSEILS : Comment lever les doutes et les craintes ? La meilleure façon est d'en
parler :
Celles-ci peuvent enfin être considérées comme une charge de plus à gérer :
il faut les sélectionner, organiser leur venue, les attendre parfois pour leur
ouvrir la porte, etc.
Enfin, l'adaptation des lieux de vie fait partie des aides techniques. Pour
cela, on peut avoir recours aux conseils d'un ergothérapeute. Il est en effet
nécessaire de sécuriser les espaces de vie lorsque les troubles cognitifs
évoluent. En effet, les mouvements, qui ne sont plus automatiques sont
moins compensés par le contrôle mental.
FICHE TECHNIQUE
Les aides : où trouver l'information ?
Lorsqu'il existe des troubles cognitifs sévères, les maisons spécialisées pour
personnes atteintes de maladie d'Alzheimer pourraient paraître les plus
adaptées. En fait, il n'en est rien. De tels établissements ne prennent pas en
compte le handicap moteur du malade et sont mal organisés pour des prises
de médicament fréquentes au cours de la journée.
Aussi, les établissements adaptés ne sont-ils accessibles que sur liste
d'attente, ce qui implique des délais importants. C'est dire qu'il faut éviter au
maximum d'avoir à résoudre ce problème dans un contexte d'urgence.
Comment faire ?
Avant de prendre toute décision, le neurologue doit être consulté afin qu'il
donne son avis sur le plan médical.
Lorsque la décision est prise, allez visiter le ou les établissements qui ont
été recommandés. Il faut tenir compte de l'environnement, de la proximité
de son domicile (il est toujours plus facile d'aller voir quelqu'un quand on
n'habite pas trop loin de l'établissement où il est hébergé), de la qualité des
soins et des services... et surtout les aspects financiers !
Lors des visites, vous devez prendre en compte certains critères qui
compteront dans l'évaluation de ces établissements, tels que : le contact
avec le directeur et son point de vue sur les soins à apporter au malade,
l'adaptation des locaux aux problèmes moteurs, le nombre de soignants par
malade, la connaissance par l'équipe de la maladie de Parkinson ou les
capacités à pouvoir accueillir une personne présentant une pathologie qui
n'est généralement pas prise en charge par l'établissement, l'ambiance
générale en parlant avec des résidents et leur famille. L'idéal serait de ne
pas faire ces visites seul et d'être accompagné d'un enfant ou d'un ami.
Quel que soit l'établissement, il est possible de rendre visite à son proche
autant qu'on le souhaite, de même qu'il peut sortir autant que cela lui est
possible.
Depuis une dizaine d'années, les proches commencent à être pris en compte
dans le suivi des maladies chroniques. On parle maintenant « d'aidant » : il
s'agit le plus souvent d'une personne de la famille proche, dans la majorité
des cas le conjoint et dans une moindre mesure un des enfants, sauf lorsque
le malade est âgé et isolé. De plus en plus, des amis ou des voisins prennent
cette place auprès du malade. L'aidant a la charge directe et constante du
malade, en plus du rôle qu'il joue dans sa vie.
Nous avons souhaité consacrer ce dernier chapitre à tous les proches et plus
particulièrement aux aidants car nous savons à quel point ils sont importants
dans la prise en charge de la personne malade, véritables partenaires du
soin. Nous savons aussi à quel point ils sont mis à l'épreuve par la maladie
et plus particulièrement par les troubles non moteurs.
les enfants sont souvent mis à l'écart, pour être protégés : « Ils ont leur
vie, on ne veut pas les inquiéter » ;
la plupart du temps les amis ne savent que faire ou que dire. Souvent,
ils n'osent pas appeler. La personne malade, de même que son conjoint,
vit ce retrait comme un abandon. Au-delà de la négligence, le couple a
le sentiment d'une certaine trahison venant des plus proches. Mais c'est
plutôt l'ignorance de la réalité de la maladie qui explique souvent que
le cercle amical se distend ;
Face à la dépression, il faut se garder des idées reçues que l'on peut
rencontrer dans le cadre de grandes maladies telles que le cancer, du type : «
Il faut mener un combat contre sa maladie ». La maladie de Parkinson est
lentement évolutive. Il faut apprendre à vivre avec, à s'adapter aux
symptômes et aux traitements. Les moments dépressifs qui peuvent survenir
doivent être « respectés », ils sont partie prenante de l'évolution de la
maladie. Il faudra apprendre à les voir surgir puis repartir grâce aux
traitements. C'est pourquoi la dépression rend la gestion de la maladie plus
délicate, mais de façon passagère. Elle peut être traitée.
■ « Faire avec » l'anxiété
Aussi ne faut-il pas hésiter à aborder le sujet avec son médecin et mettre en
uvre les mesures qui vont diminuer l'anxiété. Il s'agira essentiellement de
médicaments, mais aussi d'une prise en charge psychologique. Celle-ci sera
particulièrement efficace si elle est effectuée en couple, le psychologue
agissant alors en tant que médiateur.
■ « Faire avec » les troubles cognitifs modérés
Proposez au malade de rentrer à une heure raisonnable que vous aurez définie
ensemble plutôt que de rester trop longtemps et de gâcher la soirée.
Il vaut mieux prendre de l'avance sur les rendez-vous en s'accordant plus de temps
pour s'y rendre.
En excursion, en visite, en randonnée pendant les vacances : il faut prévoir des
étapes plus courtes, proposer de rentrer faire la sieste, s'arrêter pour déjeuner dans
un bon restaurant. En résumé, prendre l'initiative de fractionner le temps pour
permettre que les « batteries » se rechargent.
N'essayez pas de maintenir le rythme que votre proche avait avant sa maladie. Il
sera bien plus profitable de s'adapter plutôt que de vouloir maintenir une cadence
intenable.
Vérifier son état d'épuisement permet de mettre en place des moments pour
soi et d'organiser des plages de repos. Être aidant, c'est être présent 24 h/24
et 7 jours/7. Il n'y a pas de RTT et le temps passé à s'occuper de tout va bien
au-delà des 35 heures de travail hebdomadaires des « actifs » qui peuvent,
eux, faire des coupures pour se ressourcer.
Le Tableau III montre que lorsque les symptômes décrits sont présents dans
leur grande majorité, alors on peut parler de syndrome d'épuisement. Le
critère « comportement robotisé » est particulièrement révélateur. Lorsqu'on
se lève le matin et qu'on enchaîne les activités de la journée, toujours de la
même manière, sans modification du programme, quand on a l'impression
d'agir chaque jour comme un robot jusqu'au soir sans plus aucune activité
plaisante, on a alors un « comportement robotisé ». Le syndrome
d'épuisement guette ! Des mesures s'imposent. Retrouver le temps de
réaliser des activités génératrices de plaisir pour soi est impératif.
... Pour prendre soin de l'autre
■ Éviter la maltraitance
Que ce soit pour les symptômes moteurs ou pour les troubles non moteurs,
il est important de se répéter que le malade ne fait jamais « exprès ». Il fait
toujours le maximum pour être au mieux de ses possibilités. Votre proche a
besoin d'être encouragé, soutenu dans son combat contre la maladie qui
l'emprisonne et le limite dans son quotidien.
Nous avons évoqué dans ce livre tous les troubles qui peuvent limiter le
malade, diminuant son autonomie et sa capacité à agir et à garder sa place
au sein de sa famille et de son réseau social. La maladie de Parkinson est
souvent déroutante pour l'entourage. En faisant la démarche de comprendre
ses mécanismes et ses symptômes, on fait un pas vers le malade et on
contribue à retrouver une certaine harmonie au quotidien. Les équipes
spécialisées et les associations sont conscientes du chemin qui reste encore
à parcourir pour permettre de mieux vivre avec la maladie.
■ Gérer le stress
Glossaire
Akinésie : lenteur dans les mouvements ; retard au démarrage et à
l'exécution d'un mouvement, allant jusqu'à une diminution globale de
l'activité motrice.
Leur rôle principal est le contrôle du mouvement, mais ils ont aussi un rôle
dans les fonctions cognitives et motivationnelles sous-tendant nos actions et
nos comportements.
Qualité de vie : c'est l'ensemble des conséquences d'une affection sur les
différents aspects de la vie du malade. Les conséquences sont en effet aussi
bien fonctionnelles, sociales, qu'émotionnelles ; la mesure de la qualité de
vie est faite au moyen d'échelles multidimensionnelles.
Établissements d'hébergement
Où trouver un psychothérapeute ?
Une liste de thérapeutes, classée par région, est disponible sur le site de
l'Association française de thérapie cognitivo-comportementale
(www.aftcc.org).
« Est considéré travailleur handicapé toute personne dont les possibilités d'obtenir ou de
conserver un emploi sont effectivement réduites par suite d'une insuffisance ou d'une
diminution de ses capacités physiques ou mentales. »
Le handicap, s'il n'empêche pas l'activité professionnelle, est classé en trois
niveaux : A : handicap léger ; B : handicap moyen ; C : handicap grave.
La mise sous tutelle ou sous curatelle ne sera faite qu'en dernier recours, la
personne désignant à l'avance par « mandat », le mandataire qui sera chargé
de mettre en uvre la protection, au moment où l'état de santé le réclamera.
Pour une personne déjà sous curatelle, celle-ci peut désigner un mandataire
avec l'assistance de son curateur. Le mandataire a pour rôle de protéger la
personne, de gérer une partie ou l'ensemble des biens patrimoniaux.
Un curateur est désigné par le juge des tutelles. Il assiste et contrôle les
actes du malade. Le magistrat est saisi pour décider de la disposition du
logement principal. En fonction de la situation familiale, de la consistance
du patrimoine et de l'état de santé de la personne, la curatelle peut être
simple, renforcée ou aménagée.
Dans des cas plus rares dans la maladie de Parkinson, la mise sous tutelle
peut être préconisée. La tutelle est un régime de protection sous lequel peut
être placée une personne majeure qui, en raison d'une altération de son
affection neurologique, a besoin d'être représentée de façon continue dans
tous les actes de la vie civile. Toutes les décisions concernant
l'administration et la conservation de son patrimoine sont prises par une
autorité de tutelle, choisie par décision de justice.
La mise sous tutelle peut être demandée par la personne elle-même, par son
conjoint seul si la communauté de vie entre eux a cessé, par ses
descendants, ascendants, frères et s urs, par le curateur si la curatelle a
précédé la demande de mise sous tutelle, par le ministère public. Le juge
des tutelles peut aussi s'en saisir d'office.
En général, les malades ayant des troubles cognitifs sont accueillis dans des
établissements médicalisés.
■ Les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ou en soins
de longue durée
les soins sont pris en charge à 100 % par la CPAM, l'hébergement est
à la charge de l'intéressé ou de l'aide sociale pour les personnes sans
ressources,
le forfait dépendance est pris en charge partiellement par l'APA avec
un ticket modérateur à la charge du résident. C'est le centre communal
d'action sociale (CCAS) qui fixe la participation de l'intéressé en
fonction de ses revenus et de ses biens et, en cas d'insuffisance, de
ceux des enfants et des petits-enfants.
■ La maison de retraite
En cas d'accueil définitif dans une maison de retraite, les frais sont à la
charge de l'intéressé et de sa famille à l'exclusion des soins médicaux,
infirmiers et des médicaments qui sont pris en charge par la CPAM.
Lectures conseillées