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3 connaissances
Évolution de l’acidité, des concentrations de soufre et de l’azote
dans les précipitations analysées dans le réseau Renécofor
par Erwin Ulrich, Marc Lanier, Luc Croisé
9 connaissances
Comparaison des dépôts atmosphériques en soufre sous pinède
et hêtraie en forêt domaniale de Brotonne – Un projet Renécofor
par Sébastien Cecchini, Erwin Ulrich, Nicolas Barray
13 dossier pratiques
Le bois énergie
56 connaissances
Bilan de quatre arboreta de comportement en Centre-Ouest :
quels résultats ?
par Sandrine Verger
64 connaissances
Sensibilité des écosystèmes forestiers au climat :
ce que Renécofor nous a appris
par François Lebourgeois
P our cette édition, nos Rendez-vous techniques consacrent leur dossier à un thème de saison :
le bois-énergie, sujet d’une grande actualité, à la fois sociétale, environnementale, économique et
technique.
Encore faut-il bien intégrer cette remarquable opportunité dans les processus de gestion durable
des forêts : en estimant par exemple encore plus précisément les ressources forestières disponibles,
en raisonnant les prélèvements selon les caractéristiques et la sensibilité des sols ou encore en adap-
tant les modalités d’exploitation aux particularités du produit recherché.
C’est tout l’enjeu de ce dossier : donner aux forestiers un éclairage lucide, mesuré et pratique sur
une nouvelle filière qui influence déjà ou fera évoluer leurs pratiques de gestion.
Ce numéro présente par ailleurs les nouveaux enseignements du réseau « Renecofor », qui célèbre
cette année ses 15 ans d’existence et qui en fera le bilan à l’occasion du colloque « 15 ans de suivi
des écosystèmes forestiers », organisé les 9, 10 et 11 mai 2007 à Beaune.
L e suivi général de la
qualité des précipita-
tions est un des volets importants
forestiers. Cataenat a également
comme vocation de contribuer de
manière précise à l’établissement
minants (métaux lourds) sur les
forêts.
de la surveillance de la qualité de des charges critiques* en compo- Dans Cataenat, les précipitations*
l’air en France et en Europe. Ce sés acidifiants (acidité directe, sul- sont analysées depuis fin 1992
suivi est devenu incontournable fates, nitrates, ammonium), eutro- dans 27 des 102 sites du réseau
avec l’impact important des émis- phisants (surtout azote) ou conta- Renécofor (figure 1) aussi bien
sions industrielles, automobiles,
domestiques et agricoles. Ces
émissions ont augmenté très for-
tement entre les années 60 et le
début des années 80 (voir Croisé
et al, 2005, Rendez-vous techni-
ques n° 7). Depuis, afin d’éviter Ademe : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
des effets néfastes à long terme sur Cataenat : Charge acide totale d’origine atmosphérique sur les éco-
la population et les écosystèmes, systèmes naturels terrestres
d’importants efforts ont été Renécofor : Réseau national de suivi à long terme des écosystèmes
accomplis dans les limites des pos- forestiers
sibilités techniques et financières. Charge critique : c’est le seuil de contamination au-delà duquel des
Aujourd’hui les émissions de sou- effets nocifs peuvent survenir ; voir article « Le suivi des dépôts
fre ne sont plus que de 30 à 40 % atmosphériques dans les écosystèmes forestiers en France » par L.
de leurs valeurs des années 80. Croisé, E. Ulrich, P. Duplat et O. Jacquet, dans Rendez-vous techni-
Mais ce n’est pas le cas pour toutes ques n° 7, pages 4-10, 2005.
les sources, notamment celles qui Les précipitations comprennent la pluie, la neige, la grêle, la rosée,
émettent de l’azote… le givre, les dépôts secs sous forme de gaz ou de particules.
En France, il n’existe que deux Dépôt annuel : c’est le produit de la concentration (en milligramme
réseaux nationaux analysant en par litre = mg/L) et de la pluviosité (en millimètre, avec 1 mm = litre
continu depuis 1993 la qualité des au m2). Il s’exprime donc en mg/L x mm = mg/m2 (une concentration
précipitations : le réseau Mera de 1 mg/L apporte 1 mg de dépôt par m2 pour 1 mm de précipita-
(Mesure des retombées atmosphé- tion) ou, en divisant par 100, en kg/ha.
riques), géré par l’École des Mines Le pH est la valeur négative de l’exposant de la concentration des
de Douai pour l’Ademe* et le sous- protons (H +). Par exemple un pH de 7 est égal à une concentration
réseau Cataenat* du réseau de protons de 10-7, et un pH de 4 est à 10-4.
Renécofor*, qui s’intègre dans le
suivi européen des écosystèmes
Nombre Classes de pH %
1400 80
70
1200
60
1000 50
40 y = -1,0401x + 14,24
800 R2 = 0,76 y = -0,3721x + 4,5398
30 R 2 = 0,58
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5,
6,
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à
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nitrate sont moyennement élevés.
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20
20
20
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Mais ces chiffres moyens du réseau
pH Linéaire (pH)
cachent de grandes disparités
Fig. 3 : évolution de 1993 à 2005 du pH moyen « national » dans les entre sites et entre années. Par
précipitations en plein champ, pondéré par la pluviosité, exemple, les dépôts varient selon
des 27 sites Cataenat le site et l’année entre 1 et 10 kg
d’azote nitrique/ha/an hors cou-
vert et entre 0,3 et 16 kg sous
Forte diminution des 47 %. Sous le couvert forestier, où forêt.
concentrations et dépôts évolution sylvicole et diminution
de soufre de la pluviosité se conjuguent, la Évolution contrastée de
baisse est de 56 % en 13 ans (de l’azote ammoniacal
L’origine du soufre est double : 13,5 à 5,8 kg). Il est très probable
surtout anthropique (raffinerie, que de futures années plus plu- L’azote ammoniacal (ammonium)
etc. ; voir article suivant, Cecchini vieuses rééquilibreront ces valeurs dans les précipitations est la forme
et al), mais également naturelle un peu vers le haut, sans remettre réduite du gaz ammoniac. Ce gaz,
(essentiellement marine ou venant en question le phénomène de la soluble dans l’eau, est émis majori-
des volcans). baisse généralisée, lié aux efforts tairement par l’activité agricole :
Au début des mesures, les importants de diminution des élevage intensif (excréments) et
concentrations moyennes du sou- émissions. Ces observations sont fertilisation azotée. Il existe égale-
fre sous forme de sulfate (S-SO4) encourageantes, car elles permet- ment des sources naturelles, moins
étaient respectivement de 0,71 et tent d’envisager une amélioration importantes en proportion (déchets
1,77 mg/L en moyenne annuelle de la fertilité des sols, si la diminu- d’animaux, de poissons et mécanis-
hors et sous couvert forestier tion des dépôts de soufre se main- mes microbiens dans le sol ou
(figure 4a et b). En fin de période, tient ou si au moins les valeurs se l’eau).
elles ont diminué hors couvert de stabilisent au niveau actuel. Elles Les concentrations moyennes
35 à 40 % et sous forêt de 45 à représentent également un exem- annuelles se situent entre 0,34 et
53 %. Les dépôts annuels moyens ple remarquable des effets positifs 0,57 mg/L en plein champ et entre
des 27 sites diminuent encore plus des mesures de réduction des 0,45 et 0,83 mg/L sous le couvert
fortement. Mais ici la pluviosité émissions de polluants dans l’at- forestier. L’ammonium montre pour
annuelle intervient et influence les mosphère. l’instant une tendance à la baisse
valeurs, car en fin de période (2003 de ses concentrations (figures 4a et
à 2005), la pluviosité a été bien en Stabilité des concentrations 4b), mais cette tendance n’est pas
dessous de la moyenne des 10 pre- et dépôts de nitrate très nette. Sous forêt cela semble
mières années (figure 5). Ainsi hors être l’inverse. Un autre phénomène
couvert forestier les apports Le nitrate provient avant tous des est à prendre en considération :
annuels passent de 8,0 kg de sou- émissions automobiles, des procé- selon l’espèce forestière et sa den-
fre par hectare et par an à dés industriels (oxydation de sité, une part variable de l’ammo-
4,3 kg/ha/an (Figure 4c), ce qui l’azote de l’air) et des fertilisations nium est absorbée par le feuillage
représente une diminution de agricoles sous forme de nitrate. lors du passage à travers le houp-
9,0
0,40
9,0
0,30
9,0
0,20 ,
9,0
y= 0,5009x-0,1266y = 0,5009x
2
R = 0,48
0,10
R2 = 0,48 9,0
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0,00
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20
20
20
20
1,80 14,0
Y = -0,6101 x + 13,679
y = 1,8144x-0,2695 R2 = 0,92
1,60
R2 = 0,84 12,0
1,40
10,0
1,20
1,00 8,0
0,80 6,0
0,60
4,0
0,40
2,0
0,20
0 0,0
1993 1993 1993 1993 1993 1993 1993 1993 1993 1993 1993 1993 1993
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Soufre sous forme de sulfate
Soufre sous forme de sulfate Azote sous forme de nitrate
b Azote sous forme de nitrate
Azote sous forme d'ammonium
Puissance (Soufre sous forme sulfate)
d Azote sous forme d'ammonium
Linéaire (Soufre sous forme sulfate)
Fig. 4 : évolution de 1993 à 2005 des concentrations moyennes nationales (pondérées par la pluviosité) (a et b) et
des dépôts annuels moyens (c et d) des 27 sites hors et sous couvert forestier pour le soufre (sous forme de
sulfate S-SO4), l’azote sous forme de nitrate (N-NO3) et l’azote sous forme d’ammonium (N-NH4)
17
99 7
17 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
sol déjà très appauvri reçoit des L’origine des dépôts
quantités importantes de composés atmosphériques
acidifiants, susceptibles de réduire
sa fertilité. Une faible part des dépôts
atmosphériques est d’origine
Pourquoi comparer les dépôts naturelle : biologique liée à
atmosphériques sous pinède l’activité des organismes
et sous hêtraie ? vivants, marine (sodium, chlo-
rure, magnésium, sulfate,…),
La forêt de Brotonne étant compo- terrigène par érosion (calcium,
sée à environ 60 % de hêtres, la potassium, magnésium…) et
direction technique de l’ONF a sou- volcanique (soufre…). Une par-
haité mettre en place un programme tie, variable selon la situation
de comparaison des dépôts atmos- géographique, provient de l’ac-
phériques en soufre sous pinède et tivité humaine. À partir de la
sous hêtraie, afin de caractériser les seconde moitié du 19e siècle
différences du rôle de filtre du feuil- l’industrialisation est à l’origine
Fig. 2 : dépôts atmosphériques
lage de ces deux essences. En été, le des premières fortes émissions
annuels de soufre
(en kg de sulfate par hectare et par an), hors
feuillage plus dense des hêtres peut dans l’atmosphère (soufre…).
(jaune) et sous forêt (jaune + rouge) mesurés de retenir plus de dépôts secs, mais en Puis après la seconde guerre
1993 à 2004 dans 27 sites du réseau Renécofor hiver, une fois défeuillés, ils intercep- mondiale ces rejets industriels
(PS 76 = site de Brotonne)
tent moins que les pins sylvestres qui sont augmentés par ceux pro-
Brotonne à 45 km à l’est du Havre, à gardent leurs aiguilles. Les dépôts venant de l’agriculture inten-
70 m d’altitude. Il se situe dans un sous couvert de hêtre ne seraient pas sive (azote…) et du développe-
peuplement régulier de pin sylves- égaux à ceux enregistrés sous les ment des transports terrestres
tre (Pinus sylvestris) de 55 ans, pinèdes et la répartition saisonnière et aériens (azote,…).
mélangé avec quelques rares hêtres devrait être très différente.
(Fagus sylvatica) en sous étage, sur
un sol brun lessivé à micropodzol, et L’expérimentation prévue pour cinq Le réseau Renécofor
reçoit en moyenne (de 1993 à 2004) ans s’appuie sur les dispositifs de col-
635 mm de pluie sous forêt par an. lecte des eaux de pluies hors et sous En 1992, Renécofor (réseau natio-
Les précipitations annuelles moyen- forêt du site de mesure Renécofor. nal de suivi à long terme des éco-
nes hors forêt sont de 960 mm. Sur Cette placette est équipée, pour la systèmes forestiers) et son sous
ce site, les dépôts de soufre sont mesure hors forêt des précipitations, réseau Cataenat (charge acide
totale d’origine atmosphérique
nettement plus élevés sous forêt d’un pluviomètre à lecture directe et,
dans les écosystèmes naturels ter-
qu’en plein découvert, car les houp- pour la récolte des échantillons ana- restres, 27 des 102 placettes
piers retiennent les dépôts secs lysés, de deux collecteurs (voir Renécofor) ont été créés en vue du
(aérosols et dépôts sous forme photo). Sous forêt, la mesure et suivi des écosystèmes forestiers
gazeuse) transportés par les vents l’échantillonnage des pluviolessivats pendant au moins 30 ans. Ce
d’ouest et lors des précipitations, ils (= précipitations ayant traversé les réseau, géré par l’ONF, s’intègre
sont lessivés et entraînés au sol. Le cimes des arbres) sont effectués avec dans un ensemble de réseaux
européens. L’objectif principal de
ce réseau est de détecter d’éven-
tuels changements à long terme
dans le fonctionnement d’une
grande variété d’écosystèmes
forestiers et de mieux comprendre
les raisons de ces changements.
E. Ulrich, ONF
pinèdes sont un peu plus proches
(voir figure 6).
Les différences de dépôts entre la
pinède 1 et 2 s’expliquent par un
Dispositif de collecte des Dispositif de collecte des couvert un peu plus dense dans le
pluviolessivats sous forêt (hêtraie) ruissellements de tronc sous hêtraie premier peuplement. Les houppiers
filtrent plus les dépôts secs, ce qui
de la pinède, avec un système de tations, il est intéressant de compa- entraîne un léger enrichissement
récolte sous forêt doublé. rer la pluviométrie sur chacune des des pluviolessivats.
L’ensemble représente donc quatre quatre sous placettes, afin d’obser-
sous-placettes expérimentales, deux ver si les différences éventuelles de Conclusion
dans chaque type de peuplement. dépôts sont dues aux précipitations
Enfin, le hêtre ayant une écorce parti- ou aux concentrations en soufre. Les Ce dispositif de suivi illustre en forêt
culièrement lisse, une proportion hêtraies récoltent légèrement plus domaniale de Brotonne les écarts
notable des précipitations est canali- d’eau que les pinèdes, sauf en 2000 entre les retombées atmosphéri-
sée vers le sol par ruissellement le où l’inverse est observé (voir ques en soufre des hêtraies et des
long des troncs : chaque sous-pla- figure 3). Ce cas particulier peut pinèdes. Ce phénomène est lié à la
cette de hêtraie a donc en outre été s’expliquer par les dégâts de la tem- présence permanente ou tempo-
équipée de deux collecteurs de pré- pête du 26 décembre 1999 dans la raire du feuillage, entraînant un enri-
lèvement du ruissellement sur les pinède. Durant trois mois il n’y avait chissement plus ou moins important
troncs (voir photo). plus aucun arbre au-dessus du dis- des concentrations dans l’eau mesu-
positif 1 de collecte et plus que rées sous forêt. Pendant l’année, les
Résultats deux au-dessus du dispositif 2, donc hêtres filtrent l’air différemment des
moins d’interception par les houp- pins sylvestres. Durant la période de
Comparaison de la pluviométrie piers. Par la suite ces deux disposi- végétation, les feuillages des hêtres
annuelle tifs ont été réimplantés sous des et des pins retiennent les dépôts
Les dépôts atmosphériques sous peuplements complets. secs, qui sont lessivés et enrichissent
forêt étant apportés par les précipi- l’eau qui traverse les houppiers.
1000 25
900
800 20
700
Dépôts en (kg/ha
600 15
500
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Hêtraie 1 Hêtraie 2 Pinède 1 Pinède 2 Hêtraie 1 Hêtraie 2 Pinède 1 Pinède 2
Fig. 3 : pluviosité sous forêt Fig. 4 : dépôts annuels de soufre sous forêt
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aa b
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Hêtraie 1 Hêtraie 2 Pinède 1 Pinède 2
Fig. 5 : dépôts de soufre (a) et concentration en soufre dans les précipitations (b) sous forêt hors
période de végétation
a b
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Hêtraie 1 Hêtraie 2 Pinède 1 Pinède 2
Fig. 6 : dépôts de soufre (a) et concentration en soufre dans les précipitations (b) sous forêt durant la
période de végétation
Hors période de végétation, les Nicolas BARRAY QUENEL P., CASSADOU S.,
hêtres une fois défeuillés intercep- ONF, DT Ile-de-France - Nord-Ouest DECLERCQ C., EILSTEIN D., FILLEUL L.,
tent moins de dépôts secs que les agence Haute-Normandie LE GOASTER C., LE TERTRE A.,
pins sylvestres qui gardent leurs UT Brotonne Vallée de Seine MEDINA S., PASCAL L., PROUVOST
aiguilles, cela entraîne des concen- nicolas.barray@onf.fr H., SAVIUC P., ZEGHOUN A., 1999.
trations des eaux sous hêtraies plus Surveillance épidémiologique air et
faibles. santé : surveillance des effets sur la
Nous pouvons donc estimer que le santé liés à la pollution atmosphéri-
site de mesure permanent sous que en milieu urbain. Saint-Maurice :
pinède du réseau Renécofor mesure Bibliographie Institut de veille sanitaire148p.
plutôt la gamme haute de dépôts
de cette forêt. Toutefois, afin d’ob- ULRICH E., LANIER M., COMBES D., FISCHER R., BATSRUB-BIRK A.-M.,
server si ce phénomène est généra- 1998. Renécofor — Dépôts atmos- BECKER R., CALATAYUD V., DIE-
lisable à l’ensemble des peuple- phériques, concentrations dans les TRICH H.-P., DISE N., DOBBERTIN M.,
ments forestiers, il faudrait répéter brouillards et dans les solutions du PANNATIER E.-G., GUNDERSEN P.,
ces mesures sur d’autres sites, sur sol (sous réseau Cataenat) : rapport HAUßMANN T., HILDIGSSON A.,
d’autres essences et prendre en scientifique sur les années 1993 à LORENZ M., MÜLLER J., MUES V.,
compte précisément le facteur den- 1996. Fontainebleau : ONF, PAVLENDA P., PETRICCIONE B.,
sité des houppiers. Département des Recherches RASPE S., SANCHEZ-PEÑA G., SANZ
Techniques. ISBN 2-84207-134-4. M., ULRICH E., VOLZ R., WIJK S.,
Sébastien CECCHINI 135 p. 2005. The condition of forests in
Erwin ULRICH Europe : 2005 Executive Report.
ONF, direction technique CROISE L., ULRICH E., DUPLAT P., United Nations Economic
Département recherche JAQUET O., 2005.Le suivi des dépôts Commission for Europe, Federal
Réseau Renécofor atmosphériques dans les écosystè- Research Centre for Forestry and
sebastien.cecchini@onf.fr mes forestiers en France. Rendez- Forest Products, PCC of ICP-Forests.
erwin.ulrich@onf.fr vous technique, n°7, pp. 4-10 ISSN 1020-587X. 32 p.
Le bois-énergie
Ce dossier coordonné par Ambroise Graffin a mobilisé de nombreux auteurs impliqués à des titres très
divers dans le domaine du bois-énergie, pour éclairer une actualité un peu confuse à partir des questions
suivantes : pourquoi développer la filière bois-énergie en France ? Sur quelle ressource forestière peut on
réellement compter et dans quelles conditions ? Quelles sont les perspectives sylvicoles et leurs limites
(gestion durable) ? Comment faire le lien entre les estimations volume du forestier et les exigences en
pouvoir calorifique des utilisateurs ?
p. 36 Bois-énergie : maîtriser les impacts article collectif coordonné par Manuel Nicolas
p. 46 Maîtriser les caractéristiques des plaquettes forestières de l’arbre sur pied à la livraison du combustible
par Jean-Pierre Laurier et Florence Maire
Le bois : un combustible Par rapport aux combustibles fossi- spécifiques (bûches, granulés, pla-
renouvelable et propre les (pétrole, gaz, charbon), le bois quettes…). Dans cette filière « pro-
souffre cependant de sa faible duction simple de chaleur », les
Le bois est considéré comme une densité : pour le même contenu chaudières automatiques offrent
énergie renouvelable. En effet, énergétique, le bois occupe 3 à 4 des rendements supérieurs à 85 %.
sous nos latitudes, on considère fois plus d’espace. L’usage de
qu’un peuplement forestier se combustible bois est donc plus Tout ou partie de la chaleur pro-
reconstitue en volume sur une complexe dans des zones où l’ha- duite peut aussi être transformée
période d’environ 150 ans, ce qui bitat est dense (agglomérations) et en électricité. A priori, deux gran-
est bien éloigné des millions son transport doit être limité pour des voies technologiques existent
d’années nécessaires à la genèse rester compétitif (y compris du pour assurer cette conversion :
de gisements fossiles, pétrole ou point de vue écologique). combustion dite directe ou gazéifi-
gaz. Par ailleurs, la combustion de cation. L’option gazéification n’est
bois dans des chaudières automa- Les différentes voies de pas encore bien stabilisée. Il existe
tiques émet nettement moins de valorisation énergétique du peu d’unités utilisant cette techno-
gaz à effet de serre que les com- bois logie à grande échelle au niveau
bustibles fossiles (cf. tableau 1). mondial. En France, un prototype
Au niveau de l’inventaire des gaz La valorisation énergétique du bois d’1 MWe (Mega Watt électrique)
à effet de serre et dans un peut s’effectuer à travers plusieurs vient d’être installé à Moissanes
contexte de gestion durable des voies : production de chaleur (Haute Vienne) par la société EBV –
forêts, ce qui est bien le cas en « simple », transformation d’une Eneria. Aujourd’hui, la filière cogé-
France, le bilan des flux sur des partie de cette chaleur en électri- nération optimisée peut atteindre
chaufferies ou centrales à bois est cité (cogénération) ou production des rendements d’environ 65 %,
comptabilisé comme nul : on de biocarburant. Ces différentes alors que la valorisation électrique
considère en effet que les émis- voies présentent des rendements seule plafonne à 25 %.
sions sont compensées par la plus ou moins performants selon la
croissance des arbres qui fixent le maturité des technologies utili- La production de biocarburant à
CO2 via la photosynthèse. Enfin, il sées. Aujourd’hui, l’usage le plus partir de ressource lignocellulosi-
faut souligner que les chaudières répandu demeure la simple pro- que constitue un axe de recherche
bois automatiques utilisent duction de chaleur. Elle fait appel à à moyen et long terme, qui pour-
aujourd’hui des technologies per- des dispositifs divers (cheminées, rait être opérationnel à partir de
formantes et fiables avec des ren- inserts, poêles, chaudière automa- 2015. Cependant la priorité
dements énergétiques très satis- tique…) selon les usagers (particu- demeure aujourd’hui la production
faisants, supérieurs à 80 %. liers, collectivités, industriels…) qui de biocarburants dits de première
déterminent des combustibles génération à partir de cultures
agricoles, oléagineuses principale-
SO2 NOx CxHy CO CO2 Poussières ment (colza…). Pour ce type d’ins-
tallation, les rendements énergéti-
Chaudière fioul 140 40 10 50 78 000 5
ques prévisionnels à partir de res-
Chaudière gaz naturel 0 40 5 50 52 000 0 source lignocellulosique sont de
Chaudière charbon 340 70 10 4 500 104 000 60
l’ordre de 30 à 50 %.
P. Goupil, ONFE
Ademe
Plaquette forestière (plusieurs cm) Granulés (1 cm)
Bûches (1 m)
Implication de l’ONF dans les déclinaisons nationales, s’est mis
filières de valorisation en place progressivement pour de 1 400 chaufferies collectives et
énergétique du bois développer les énergies renouve- 480 chaufferies industrielles. Le parc
lables. Cette réglementation s’ap- des chaufferies collectives en fonc-
Production simple de chaleur - puie en bonne partie sur les enga- tionnement fin 2006 représente ainsi
Approvisionnement direct en pla- gements pris par les pays industria- 670 MW de puissance thermique
quettes forestières d’une vingtaine lisés dans le Protocole de Kyoto, installée et correspond à une
de chaufferies automatiques, soit
dans le but de lutter contre l’effet consommation d’environ 1,9 Mt de
une consommation totale d’envi-
de serre. Sur notre territoire, le combustible bois. Un nouveau plan
ron 40 000 t/an.
Cogénération - Conseils et élabo- combustible bois occupe une pour la période 2007-2013 est en
ration de plans d’approvisionne- place de choix dans les énergies cours d’élaboration.
ment en plaquettes forestières renouvelables et le développe-
pour l’installation de centrales de ment de ces énergies dépendra Appels d’offres de la Commission
cogénération (métropole et fortement de l’essor de la filière de Régulation de l’Énergie (CRE) -
Guyane). bois-énergie. En France, les princi- Cette commission offre des tarifs
Production de biocarburants - paux objectifs et engagements préférentiels de rachat de l’électri-
Participation au Programme dans le domaine de l’énergie figu- cité produite à partir de biomasse.
National de Recherche sur les rent dans la Loi d’Orientation sur Un premier appel d’offres lancé en
Bioénergies (PNRB) et consultation
l’Énergie approuvée en juillet 2005. 2004 a approuvé 14 projets pour
sur divers projets pilotes (CEA
une puissance installée totale de
Lorraine – Tenerrdis Rhône Alpes).
Pour atteindre ces objectifs chiffrés, 216 MW, avec une consommation
l’État a mis en place une série de estimée d’environ 600 000 t de
Un contexte international et mesures, dont voici les principales plaquettes forestières à partir de
national incitatif pour ce qui concerne le développe- 2008. Un deuxième appel d’offres
ment de la filière bois-énergie : vient d’être lancé en décembre
La diminution des gisements 2007 et devrait concerner une
d’énergie fossile et l’augmentation Plan Bois Énergie de l’Ademe - De consommation au moins aussi
des émissions de gaz à effet de 2000 à 2006, l’Ademe et les importante de plaquettes forestiè-
serre nous conduisent à modifier Régions ont financé l’installation res, à partir de 2010.
nos comportements énergétiques.
La prise en compte de ces deux Principaux objectifs chiffrés de la Loi d’Orientation sur l’Énergie
évolutions se traduit par deux (juillet 2005)
grands types d’actions :
Division par 4 ou 5 des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050
Réduire en priorité notre Réduction de 2 % par an en moyenne d’ici 2015 de l’intensité énergétique
consommation globale d’énergie ; finale (rapport entre la consommation d’énergie et la croissance économique)
Production de 10 % des besoins énergétiques français à partir de sources
Développer les énergies renou-
d’énergie renouvelable d’ici 2010 (4 % en 2005) :
velables au détriment des énergies
- Production intérieure d’électricité d’origine renouvelable à hauteur de 21 % de
fossiles. la consommation en 2010 (14 % en 2005).
- Développement des énergies renouvelables thermiques pour permettre d’ici
Après une phase de prise de 2010 une hausse de 50 % de la production de chaleur d’origine renouvelable.
conscience au cours des décennies - Incorporation de biocarburants et autres carburants d’origine renouvelable à
1980-2000, un cadre réglementaire hauteur de 5,75 % d’ici 2006 (0,84 % en 2004).
au niveau international, avec des
17
157
175
15 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
Certificats d’économie d’éner- l’énergie primaire consommée bustible prévoit une valorisation
gie, crédits carbone - En sus des en France, soit 18 Mtep1. Le bois énergétique supplémentaire de
instruments existants (réglemen- participe à hauteur de 50 % à ce la biomasse de l’ordre de
tation, fiscalité etc.), ces systè- total, soit près de 9 Mtep. Cette 50 Mtep (cf. tableau 2). Cette
mes fondés sur une logique de participation s’effectue surtout à mobilisation supplémentaire
marché ont été mis en place pour partir de bois bûche (7,3 Mtep), reposerait en grande partie sur
atteindre les objectifs de réduc- de produits connexes et de bois des cultures énergétiques
tion d’émissions de gaz à effet de rebut (1,6 Mtep) et plus (30 Mtep) puis en second lieu sur
de serre fixés par le Protocole de récemment de plaquettes fores- de la plaquette forestière (4,5
Kyoto. La demande provient des tières (<0,1 Mtep). Mtep).
obligations d’économies ou de
substitution d’énergie imposées Deux plans bois-énergie succes- Caractéristiques du marché
aux vendeurs ou aux gros sifs (1994-2000 et 2000-2006) actuel de la plaquette
consommateurs d’énergie. impulsés par l’Ademe ont permis forestière
L’offre provient des entreprises d’installer un réseau de chauffe-
ou collectivités publiques qui ries bois conséquent sur le terri- La simple comparaison du prix
engageront des actions, au-delà toire au niveau de collectivités et des combustibles « rendus à
de leur activité habituelle, visant d’industriels. Lors du premier l’entrée de la chaudière » mon-
à économiser ou substituer plan bois-énergie (1994-2000) tre que le bois, et plus particuliè-
l’énergie. Le marché permettra l’essor des chaufferies bois s’est rement la plaquette forestière,
de s’assurer que tous les acteurs surtout appuyé sur de la res- constitue le combustible le
potentiels sont mobilisés, pour source « produits connexes », moins cher pour l’utilisateur.
identifier tous les gisements disponible et meilleur marché. Mais cette analyse est incom-
d’économies ou de substitution En revanche le deuxième plan a plète : une chaudière bois auto-
d’énergie les moins coûteux. Ces vu l’émergence de la plaquette matique nécessite un investisse-
systèmes demandent à gagner directement issue de forêt en rai- ment 2 à 3 fois supérieur à celui
en lisibilité, surtout les certificats son du tarissement du gisement d’une chaudière classique à fioul
d’économie d’énergie. connexes et bois de rebut. En ou gaz. Aujourd’hui la grande
2000, seules quelques milliers de majorité du réseau de chaufferies
NB : les mesures fiscales (TVA, tonnes de plaquettes forestières bois n’a pu être réalisée que
crédit d’impôt…) ne sont pas étaient commercialisées. En grâce à des subventions accor-
abordées ici. 2006, la commercialisation de dées par l’Ademe et les collecti-
plaquettes forestières a concerné vités territoriales (conseils géné-
La filière bois-énergie 150 000 tonnes. raux et régionaux). Aujourd’hui
française en chiffres ces subventions représentent 40
Pour atteindre l’objectif de divi- à 70 % de l’investissement total.
Les énergies renouvelables sion par 4 de nos émissions de
(hydraulique, solaire, éolien, bio- gaz à effet de serre à horizon Le « cours » du marché pour les
masse) représentent 4 % de 2050, le plan national biocom- combustibles biomasse « entrée
chaufferie », en intégrant les
Valorisation Perspectives
Types de ressources Prévision 2010 subventions, oscille aujourd’hui
énergétique 2005 2030/2050
Biodéchets organiques entre 13 et 15 €/MWh, soit envi-
~ 1 Mtep/an ~ 1,2 Mtep/an ~ 3 Mtep/an
(concentrés) ron 40 €/t à 40 %. Depuis 1998,
Produits connexes du ce cours est en hausse constante,
~ 1,6 Mtep/an ~ 1,8 Mtep/an ~ 3 Mtep/an
bois (concentrés)
d’environ 8 % par an : il s’agit
Pailles et coproduits
N.S. ~ 0,5 Mtep/an ~ 1,5 Mtep/an d’un marché en pleine expan-
agricoles (diffus)
sion. Néanmoins, pour le produc-
Bois bûche ~ 7,5 Mtep/an ~ 7 Mtep/an ~ 6,5 Mtep/an
teur de bois, le cours actuel reste
Plaquettes forestières moins de 0,1 en deçà des coûts moyens de
~ 2 Mtep/an ~ 4,5 Mtep/an
(diffus) Mtep/an
production de plaquette fores-
Nouvelles cultures ou ~ 1 Mtep/an 13
plantations dédiées
N.S.
(200 000 ha)
~ 30 Mtep/an (6 Mha) tière qui se situent entre 16 et
19 €/MWh. Comment « placer »
Potentiel total (arrondi) ~ 10 Mtep/an ~ 13 à 14 Mtep/an ~ 45 à 50 Mtep/an
de la plaquette forestière dans
Tab. 2 : perspectives de valorisation énergétique de la biomasse ce contexte ? Pour être compéti-
(Plan National Biocombustible – Contexte baril de pétrole à 50 USD)
1 Source : Direction Générale de l’Energie et des Matières Premières – Ministère de l’Industrie. Mtep : million de tonne équivalent pétrole
De même, l’inscription dans le contrat Etat-ONF du projet « 1 000 chaufferies bois en milieu rural » porté par la Fédération
Nationale des Communes Forestières constitue un encouragement supplémentaire au développement de l’activité bois-
énergie au sein de l’établissement.
Enfin en 2006, une filiale spécifiquement dédiée à la commercialisation de plaquettes forestières, ONF Energie, a été créée.
Cette création a été motivée par le retour d’expérience sur la période 2004/2005. En effet, le positionnement en tant que
fournisseur direct de plaquettes forestières se heurtait à différentes contraintes liées aux statuts de l’ONF :
- impossibilité de faire du négoce de bois et donc de proposer des « mixtes produits » ou de couvrir certaines défaillances
d’approvisionnement en achetant ponctuellement du combustible bois à des tiers ;
- obligation de recourir au code des marchés publics pour contractualiser les prestations de travaux pour la production de
plaquettes (exploitation, broyage et transport). Ceci entravait la fidélisation de partenariat avec des entreprises de travaux,
fidélisation pourtant nécessaire pour optimiser les circuits logistiques.
La création de la filiale a permis de lever ces obstacles, de rendre l’ONF plus réactif face aux multiples sollicitations en matière
d’approvisionnement en plaquettes et enfin de conforter son positionnement en tant que fournisseur direct de combustible bois.
L’objectif principal de l’ONF en matière de bois-énergie est d’être un acteur structurant au profit du développement de la
filière. Pour jouer ce rôle, l’ONF a mis en place une organisation interne adaptée (réseau interne, filiale ONF Energie) et a
développé des partenariats étroits avec d’autres acteurs du monde forestier, notamment la Fédération Nationale des
Communes Forestières et l’Union de la Coopération Forestière Française. Cette stratégie s’appuie sur la conviction que le
développement de la filière bois-énergie doit être maîtrisée par les producteurs-gestionnaires des espaces forestiers pour
garantir une gestion harmonieuse et durable des forêts.
Cette volonté de jouer un rôle majeur se traduit concrètement par une série d’actions, à différents niveaux :
« réflexion » sur le rôle du secteur forestier dans la politique énergétique française à travers différents groupes de travail
ou études (Programme National de Recherche sur les Bioénergies, Plan National Biocombustible, Etude de l’impact de la
récolte des rémanents sur la fertilité des sols…) ;
« conseil et expertise » pour orienter les porteurs de projets bois-énergie avec l’élaboration d’étude ressource ou de
plan d’approvisionnement. Sur la période 2004-2006, l’ONF a réalisé plus d’une dizaine d’études ressource ou plan d’ap-
provisionnement ;
« réalisation » : approvisionnements et gestion de plateforme (ONF Energie). ONF Energie approvisionne aujourd’hui
une quinzaine d’unités pour un total d’environ 40 000 tonnes de plaquettes forestières.
17
177 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
la demande en bois bûche et en
100 plaquettes d’industrie (connexes)
explique en bonne partie ce phé-
75 nomène. Les industries de la tritu-
ration s’inquiètent de cette évolu-
€/MWh
L’arbre est décomposé en 3 compartiments : le bois fort commercial, le petit bois de la tige, le menu bois et les branches.
Les autres parties de l’arbre, comme les feuilles, les aiguilles, la souche et les racines,
ne sont pas prises en compte : Menu bois
le bois fort commercial : volume de la tige en dessous de la découpe et branches
commerciale fixée à 14 cm pour les conifères et 20 cm pour les feuillus (7 cm pour
le taillis). Dans l’option « gisement actuel », la production de plaquettes
forestières n’a pas été envisagée à partir de ce compartiment ;
le petit bois de la tige : volume de la tige comprise entre la découpe
commerciale et la découpe bois fort (7 cm fin bout). Il est estimé à partir de Découpe
bois fort
l’échantillon des arbres mesurés par l’IFN. Le volume de rémanents petits bois est
Petit bois
calculé selon le groupe d’essences et la classe de dimension de l’arbre ;
Découpe
le menu bois et les branches, c’est le volume de la tige au-delà de la découpe commerciale Volume
IFN
bois fort (7 cm) et le volume des branches. Ce volume est estimé à partir de
Bois fort
facteurs d’expansion issus du programme de recherche Carbofor (voir commercial
bibliographie).
119119
19 1 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
Comme la production nette et les Gisements potentiels bruts
volumes sont estimés à chaque
inventaire de l’IFN, il est possible Le gisement 1 représente le potentiel associé aux prélèvements actuels. Il corres-
d’en déduire les prélèvements pond pour les feuillus, aux rémanents des récoltes estimés par la méthode du bilan,
totaux exprimés en volume de tige pour les résineux aux disponibilités du scénario actuel sur la période 2003-2005.
arrêté à la découpe fin bout de 7 cm
(autoconsommation incluse). Le gisement 2 correspond au potentiel associé à une intensification des prélè-
Actuellement, les prélèvements vements, c’est-à-dire aux rémanents de la récolte supplémentaire suivante :
sont inférieurs à la production nette. feuillus : « production nette » – « prélèvements » ; soit le volume annuel
La différence entre production nette actuellement capitalisé ;
résineux : « disponibilité selon le scénario futur sur la période 2011-2015 » –
et prélèvements constitue une pre-
« gisement 1 ».
mière estimation simple d’une pos-
sible intensification des récoltes à la Dans le cas particulier des taillis simples et des éclaircies de petit bois en futaie
double condition que : (i) la struc- résineuse, on considère que c’est la totalité de l’arbre qui est utilisée comme
ture des peuplements en terme de bois-énergie.
classe d’âge ou de classe de diamè-
tre soit équilibrée et (ii) leur impor- Les gisements peuvent être également répartis selon différents critères tels que
tance (surface) soit stable. Si on la région administrative, la structure du peuplement (futaie/taillis/mélange), le
considère que la première condition groupe d’essences (feuillu/résineux), l’exploitabilité (au sens IFN, défini par qua-
est vérifiée au niveau national en tre observations comme la pente, la portance…), la classe de dimension de l’ar-
première approximation, on sait bre (cf. site www.boisenergie.ifn.fr).
parfaitement que la surface des
peuplements feuillus augmente rémanents liés au niveau actuel de déduire le gisement effectivement
régulièrement en France. Cet état récolte, l’autre suppose une intensi- non mobilisé.
de fait entraîne une sous-estima- fication des prélèvements (voir L’étude ne prend pas en compte le
tion du gisement feuillu de bois- encadré). fait qu’il est indispensable de laisser
énergie par cette méthode. quelques rémanents en forêt pour le
Principaux résultats de maintien de la biodiversité (bois
Pour les résineux, l’utilisation des l’estimation du gisement brut mort), la protection physique et la
résultats d’une étude prospective richesse chimique des sols.
Pour les résineux, l’hypothèse d’une Le gisement brut lié à l’exploitation L’étude se limite aux forêts de pro-
stabilité de la production nette est actuelle est estimé à 7,3 Mtep1 par duction qui selon l’IFN couvrent 14,6
encore moins acceptable : les dispo- an, soit environ 34 Mm3, dont 74 % millions d’hectares (chiffre 2004).
nibilités vont fortement augmenter issus du compartiment « menu bois Pour que l’étude soit exhaustive au
à l’avenir avec l’arrivée à maturité et branches » (< 7 cm) et 26 % du niveau français, il faudrait ajouter les
des plantations de la seconde moi- compartiment « petit bois ». Les peupleraies et les rémanents issus
tié du 20e siècle (épicéa et douglas régions qui présentent le plus gros
notamment). potentiel sont l’Aquitaine, la
La disponibilité est définie comme Lorraine, Rhône-Alpes et la Franche- Nord - Pas-de-Calais
40
la quantité de bois qu’il sera possi- Comté (figure 1). Un scénario d’in- Haute-Normandie
Picardie
ble de prélever dans une zone don- tensification de la récolte bois-éner- Basse-Normandie
155 171
70 Ile-de-France Lorraine
née, pendant une période donnée gie, incluant notamment une valori- Bretagne 91
344 622 Alsace
Champagne-Ardenne
en appliquant des règles raisonna- sation d’éclaircies résineuses et de 100
Centre
219
Pays de la Loire
bles de gestion. Elle est estimée à taillis, déboucherait sur un potentiel 148
337 Bourgogne
Franche-Comté
314
partir de l’état actuel de la res- supplémentaire de 4,8 Mtep/an, soit 382
Poitou-
source, de modèles de croissance et environ 22 Mm3. Gisement Charentes
168 Limousin
de scénarios de gestion sylvicole. (ktep/an)
259 197 Rhône-Alpes
< 100 Auvergne
À partir d’une base de données Limites et possibilités d’amélio- 100 - 200
412
Aquitaine
constituée par l’IFN et l’Afocel (asso- ration de l’étude 200 - 300
723
300 - 500 Midi-Pyrénnées Provence-Alpes
ciation forêt cellulose) lors d’une L’étude a été réalisée en se plaçant > 500 324 177
Côte d'Azur
151
étude sur les disponibilités résineu- dans une logique de sous-produit Languedoc-Roussillon
Corse
ses pour la France entière à l’horizon et selon l’hypothèse de non-
Equivalence : 1 tonne anhydre = 0,43 tep 34
2015, il a été possible d’évaluer les concurrence entre les usages du Source : IFN, 2005
gisements potentiels de plaquettes bois. La part de bois bûche au sein
résineuses. du gisement actuel est mal Fig. 1 : gisement brut issu des
Deux types de gisement ont été connue, elle doit être déterminée rémanents de l’exploitation forestière
identifiés : l’un correspond aux de manière plus précise afin d’en actuelle (branches et menu bois)
2 enquête sur l’utilisation du territoire réalisée par les statisticiens agricoles à partir d’un échantillon de points répartis sur l’ensemble du territoire ; permet d’obte-
nir les surfaces par type d’utilisation selon une nomenclature physique.
21231113
23 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
m3/an
400 000
ce qui correspond aux hypothèses delphine.pierrat@onf.fr
de mobilisation de l’étude Haute- Bibliographie
300 000 Marne, le potentiel disponible
s’élève à 86 400 m3/an. Enfin, si on SOLAGRO, IFN, 2004. Amélioration
200 000 souligne que le marché du bois de la méthode d’évaluation du
était plus favorable pour une valori- potentiel forestier bois-énergie (pro-
100 000
sation de produits forestiers en pla- duction de plaquettes) : tests sup-
0
quettes en 2004, date de réalisation plémentaires en Limousin,
Scénario 1 Scénario 2 de l’étude IFN — Solagro, qu’en Bourgogne, Rhône-Alpes, Rapport
Houppiers feuillus Houppiers et rémanents résineux
2006, date de finalisation de l’étude d’avancement n° 1, 16 p. + annexes.
Eclaircies précoces feuillus Taillis Qualité D
ONF – CRPF Haute-Marne, on peut
Fig. 2 : ventilation des gisements considérer que les potentiels res- SOLAGRO, IFN, La Rochette, 2003.
bois-énergie de Haute-Marne pectifs affichés (38 à 68 000/86 400) RBM : méthode d’évaluation du
dans les scénarios 1 et 2 sont cohérents. potentiel forestier bois-énergie –
Rapport final. 80 p.
Pour conclure
desserte des massifs forestiers. IFN, 2005 Les indicateurs de ges-
La mobilisation est conditionnée par Ce type d’étude montre la sensibi- tion durable des forêts françaises.
la réalisation d’investissements lité des résultats affichés en fonction Édition 2005. Paris : Ministère de
conséquents et peut être envisagée du contexte (marché du bois, des- l’Agriculture et de la Pêche, IFN.
d’ici 10 ans. Cette estimation s’ap- serte, sylviculture) et souligne la 148 p.
puie sur les hypothèses suivantes : nécessité de préciser les sources de
en forêt publique : rotation des variation pour ajuster les estimations HAMZA N., PIGNARD G., THI-
coupes ramenées à 12 ans, voire à la conjoncture. Enfin, pour obtenir VOLLE-CAZAT A., 2004. Dispo-
8 ans dans les zones les plus produc- des estimations à un niveau de pré- nibilité en bois résineux en France
tives ; cision supérieure, pour l’alimenta- réévaluation après les tempêtes de
en forêt privée : ouverture systé- tion d’une chaufferie communale 1999 (3 tomes). Lattes : IFN.
matique de cloisonnements en TSF, par exemple, il faut réaliser une ana-
augmentation de 5-10 % du volume lyse plus approfondie des docu- À consulter aussi :
prélevé dans les houppiers de TSF, ments de gestion des massifs fores-
lancement des conversions dans les tiers concernés, plans d’aménage- L’IFN et ses données : www.ifn.fr
TSF de hêtre. ment en forêt publique et plans sim-
ples de gestion en forêt privée. Une Les principaux résultats de l’étude
L’analyse pour le scénario 3 étude ressource à l’échelle départe- IFN - SOLAGRO d’après un pro-
conduit à l’estimation d’une mentale peut descendre à ce niveau gramme développé par l’IFN :
récolte supplémentaire de 135 à de précision (cf. Étude du potentiel www.boisenergie.ifn.fr
190 000 m3/an, dont 70 000 en bois-énergie dans les forêts publi-
forêt publique et 65 à 120 000 en ques de l’Isère et la Savoie, ONF –
forêt privée. En intégrant les modi- 2004), mais cela dépend des Projet CARBOFOR : Séquestration
fications au niveau de la sylvicul- moyens qui sont affectés à l’étude et de carbone dans les grands écosys-
ture et de la desserte, on pourrait des données disponibles… tèmes forestiers en France.
donc tabler d’ici 10 ans sur une dis- Quantification, spatialisation et
ponibilité de 175 à 260 000 m3/an. Thierry Bélouard impacts de différents scénarios cli-
Stéphanie Lucas matiques et sylvicoles,
Discussion Inventaire Forestier National h t t p : / / m e d i a s . o b s -
L’étude IFN – Solagro affiche un mip.fr/gicc/interface/projet.php?7
potentiel brut de 792 000 m3 par André RICHTER %2F01#Avancement
an pour une valorisation bois-éner- Chargé de mission développement de
gie plaquettes en Haute-Marne (cf. la filière bois
site www.boisenergie.ifn.fr, onglet MAP — Bureau du développement
« gisement personnalisé »). Si on économique
restreint l’extraction aux volumes (en DT ONF de Lorraine jusqu’au
compris entre la découpe commer- 01/06/06)
ciale (15-20 cm) et la découpe bois
fort (7 cm) et aux volumes mobili- Delphine PIERRAT
sables à un coût inférieur à ONF, chargée de développement
17 €/MWh « entrée chaudière », Unité spécialisée de Langres
Avant de décrire les étapes de avec comme principale consé- le rayon d’approvisionnement (cf.
l’élaboration d’un plan d’approvi- quence la réduction des rayons encadré). Les taux de récolte
sionnement, une première ques- d’approvisionnement. Les princi- potentielle proviennent des études
tion s’impose : quand déclencher pes présentés sont issus du retour ressource ou plans d’approvision-
la réalisation d’un tel plan ? Pour d’expérience sur la période 2005- nement réalisés à ce jour.
des besoins allant jusqu’à 500 t/an, 2007.
une étude proprement dite est Une attention particulière doit être
souvent superflue, la ressource dis- Caractérisation de la zone portée à la notion de surface fores-
ponible est identifiée à partir de la d’étude tière prospectable. Dans ce type
consultation des gestionnaires d’étude, une forêt prospectable
concernés. De 500 à 5 000 t/an, La zone de prospection est définie est une forêt de production dont le
une étude de quelques jours peut par un rayon d’approvisionnement. propriétaire est bien identifié
être utile, mais en simplifiant les Ce rayon est fixé en fonction de la (domanial, communal ou privé
étapes présentées ci-dessous. Le surface forestière qu’il permet d’in- adhérent d’une coopérative). En
plan d’approvisionnement sera clure. Si le besoin est par exemple fonction des durées d’engage-
surtout élaboré pour des besoins de 20 000 tonnes de plaquettes ment demandées, la ressource
supérieurs à 5 000 t/an. forestières par an et que, dans la communale sera intégrée ou non
zone considérée, on applique un dans la prospection.
Depuis 2005, l’ONF et GCF taux de récolte potentielle bois-
(Groupe Coopération Forestière) énergie plaquettes de 0,2 t/ha/an, À l’issue de cette phase, on a donc
mènent ce type d’étude conjointe- on en déduit que la zone d’étude fixé un rayon d’approvisionnement
ment. Cette association permet de devra inclure un minimum de ou rayon de prospection et bien
mutualiser la ressource forestière 100 000 ha de « forêts prospecta- identifié les surfaces forestières
et les moyens de mobilisation, bles », ce qui permet alors de fixer prospectables. L’ensemble est
illustré par une carte. L’idéal est de
Détermination du rayon pouvoir disposer des couches SIG
de prospection des différents types de forêt
(domanial, communal et privé par
Le calcul de la surface prospectable Sp s’exprime de la manière suivante : déduction) pour ventiler les surfa-
Sp = R2 x t x c’. ces par rayons d’approvisionne-
Avec R = rayon d’approvisionnement ; t = taux de boisement ; c’= ratio forêt ment progressifs (0-20 km, 20-
prospectable/forêt. 40 km…), mais ces données ne
sont pas toujours disponibles.
La formule précédente permet alors de calculer le rayon d’approvisionnement : Dans ce cas, le niveau de restitu-
R (km) = √ Sp/(t x c’x ) tion minimum est le département.
Application : pour c’= 1/3, Sp = 1 000 km2 et t = 25 %, alors R = 71 km
Houppiers
20 000 16 000 12 800 44 16 60 21,43
taillis
Agence X 21,01
Dépressages 5 000 4 000 3 200 39 16 55 19,64
“Arbre
500 400 320 34 16 50 17,86
Conseil”
Taillis tilleul 6 500 5 200 3 640 37 13 50 17,86
Une précision s’impose pour la Débardage ( euros / T) Référence prix de vente de la plaquette forestière
compréhension des éléments du
Fig. 1 : Bilan financier des chantiers bois-énergie (données 2005) -
calcul financier (figure 1). Les coûts
(source : F & BE/UCFF)
de chaque étape de production se
rapportent à la tonne de plaquette
« verte » (50 % d’humidité). Or la duction (abattage professionnel, Pour 2006-2007, il faut rajouter 2 à
référence est le prix de vente de la mécanique ou manuel, puis 3 €/tonne (la rançon du succès ?), ce
plaquette « ressuyée » (35 % broyeur lourd) dans le cadre d’une qui ne remet pas en cause la conclu-
d’humidité) livrée en chaufferie. logistique parfaitement maîtrisée. sion générale, ni les perspectives à
C’est pourquoi on intègre non seu- moyen terme.
lement les frais de transport et de Les marges actuelles entre les
gestion, mais aussi le coût des per- coûts de production et les prix de Et pour les sols ?
tes : pertes inévitables au sol, et vente demeurent cependant rédui- Reste la question de l’appauvrisse-
surtout perte de poids par séchage tes, ce qui bien souvent dans la ment des sols lié à l’exportation
(et éventuellement perte matière pratique ne permet pas encore de des rémanents ; les premières
par fermentation, selon conditions dégager un revenu. Néanmoins la observations ont permis de mettre
de stockage). Noter que cette mise en place d’itinéraires bois- en évidence que le ressuyage des
perte au séchage ne concerne pas énergie comme ceux de cette bois abattus sur les parterres des
les chantiers 1 et 2 : le ressuyage étude offre d’ores et déjà, lorsque coupes (pendant 1 à 6 mois) préa-
des bois abattus donné directe- les conditions s’y prêtent, l’oppor- lablement au broyage limitait le
ment de la plaquette sèche, qui ne tunité de réaliser à coût zéro prélèvement des branches les plus
s’est pas réhumectée malgré le (contre plusieurs centaines d’euros fines, des bourgeons terminaux et
stockage non bâché (temps de par ha précédemment) des opéra- des feuilles, parties de l’arbre les
stockage court). tions sylvicoles fondamentales qui, plus riches en éléments minéraux.
en améliorant la productivité des Rappelons en outre que dans les
Réaliser sans frais les peuplements, bénéficient à l’en- itinéraires proposés, l’exportation
cloisonnements et premières semble de la filière… des rémanents concerne la
éclaircies L’augmentation attendue, dans un 1re éclaircie (broyage tige entière)
futur proche, de la valeur de la bio- et la coupe rase, mais non l’ensem-
Il ressort de cette analyse qu’aux masse sur les marchés de l’énergie ble des éclaircies du peuplement.
prix actuels du marché de la pla- et les améliorations logistiques
quette forestière (de l’ordre de constantes mises en place par l’en- Quant à la préservation physique
15 €/ MW soit environ 45 € la semble des partenaires de la filière des sols, on a pu constater que,
tonne à 35 % d’humidité), le gise- forêt bois, devraient conforter ce sous réserve d’intervenir sur les
ment des bois d’éclaircies préco- bilan déjà plutôt satisfaisant. sols les plus fragiles pendant les
ces et rémanents d’exploitation périodes les plus sèches, l’impact
après coupe rase s’avère techni- Point d’actualisation (N.D.L.R.)Cette du passage des machines semblait
quement et économiquement analyse se rapporte aux conditions de relativement limité.
mobilisable sous réserve de recou- la fin d’année 2005 : le prix d’achat du
rir à des outils industriels de pro- bois sur pied était de 0 à 5 €/tonne.
Abattage manuel, Abattage manuel, ressuyage, Abattage manuel, broyage Abattage manuel, broyage Broyage bord de route
ressuyage, puis broyage puis broyage sur parcelle ; sur parcelle ; sur parcelle ; (rémanents + bois secs
Modalités
sur parcelle ; livraison livraison après stockage livraison après stockage livraison après stockage sortis au porteur) ;
après stockage en forêt en forêt en forêt en forêt ivraison en flux tendu
Situation topographique plateau plateau fond de vallon fond de vallon bord de rivière
Région naturelle plateau lorrain plateau lorrain plateau lorrain plateau lorrain collines sous vosgiennes ouest
moyennement drainée, moyennement drainée, moyennement drainée, moyennement drainée, fraîche à très humide
Station
sur limons épais et marnes sur limons épais et marnes sur limons épais et marnes sur limons épais et marnes localement
Contraintes
sol sujet à l’engorgement sol sujet à l’engorgement sol sujet à l’engorgement sol sujet à l’engorgement
d’exploitation (cf. inter- (RAS, sol filtrant)
et sensible au tassement et sensible au tassement et sensible au tassement et sensible au tassement
vention du broyeur)
Densité moyenne
2 222 2 222 2 665 2 445 -
(nb tiges/ha)
Diamètre moyen
Tab. 1 : Présentation des chantiers bois-énergie lorrains analysés — (source : F & BE/UCFF)
12 11 12 12,5 -
à 1,30 m (cm)
Hauteur moyenne (m) 15 14 15,5 15 -
Masse moyenne
105 85 110 130 -
d’une tige (kg)
N° du chantier 1 2 3 4 5
Commune Igney Bouxières aux Bois Portieux/Moriville Portieux/Moriville Raon aux Bois
Rendement horaire du
15,3 9,1 13,2 9,5 6,7
broyage/déchiquetage (tonnes/heure)
D. François, F & BE
D. François, F & BE
Ouverture de cloisonnements dans des jeunes peuplements feuillus issus de régénération naturelle
(chantier n° 4) : avant, après, plaquettes produites
D. François, F & BE
D. François, F & BE
L. Descroix, ONF
L. Descroix, ONF
Débardage arbre entier au câble mât et façonnage par tête d’ébranchage Rémanents après ébranchage des
montée sur une pelle à pneus bois bord de route
« Bois bûche et bois L’abattage mécanisé, de plus en Dans le même ordre d’idée, l’opti-
plaquette » plus répandu pour les petits scia- misation du débardage s’impose :
ges résineux, n’est pas encore ren- c’est le premier axe de gain de
Se lancer dans la filière bois-éner- tré dans les mœurs pour le feuillu temps, qui doit concerner tous les
gie avec des connaissances som- et les houppiers résineux. La terrains et par tous les temps avec
maires et peu de bibliographie sur forme, l’encombrement et la desti- cette forte contrainte que, dans la
l’optimisation de la récolte en nation des produits concernés ne plupart des cas, le produit doit
amont tient de la gageure. On a justifiaient pas cette « modernisa- être exempt de terre ou de cail-
tendance à s’imaginer d’abord tion », le gestionnaire lui-même y loux afin de ne pas abîmer les
qu’une simple transposition suf- voyant surtout des inconvénients : engins de broyage et de ne pas
fira : après tout il ne s’agit que de frottement, difficulté de sélection, provoquer le dysfonctionnement
bois de chauffage. Mais c’est à une ornières dues aux engins, bruit… des chaudières. L’expérience
réalité bien différente qu’on est Le « mobilisateur » de plaquette suisse en matière d’extraction de
confronté. devra être très attentif à ce que ses houppier résineux avec un grappin
chantiers ne justifient pas ces crain- scie sur le débardeur (6X8 ou 8X8)
Le bois bûche est le quotidien du tes. Le choix de la mécanisation, devrait faire école assez rapide-
forestier. Dans la majorité des cas, qui ne sera d’ailleurs pas toujours ment et son adaptation aux houp-
l’exploitant (petite entreprise, possible, devra se faire en accord piers feuillus est en cours de per-
affouagiste, cessionnaire…) suit les total avec le gestionnaire. Ces fectionnement. Le type de grappin
coupes traditionnelles, débite sur techniques d’abattage existent et de grue demande quelques
parcelle en bout de 1 m, fend ou mais demandent encore des adap- améliorations que les commer-
refend, entrepose sur place et tations indispensables de par la ciaux des principales marques de
vient enfin évacuer ses piles quand taille des bois à abattre. Les pre- matériel forestier devraient inté-
les conditions météo le permet- miers essais de type petite guillo- grer rapidement, en collaboration
tent, tout cela en période hiver- tine sectionnant les perches et avec les exploitants (rapport
nale. Les stères sont alors prêts à brins à la base augurent assez bien poids/longueur, longueur des por-
livrer, généralement pour l’hiver de l’évolution, mais ne répondent teurs, système de maintien sur
d’après. qu’aux exploitations des premières plate-forme…). Le portage par
éclaircies dans les jeunes peuple- câble pourra être envisagé dans
Spécificités techniques de ments. certains cas, surtout quand le prix
l’exploitation des bois pour du produit fini le permettra (Voir
la production de plaquettes l’article « opportunités sylvicoles »
L’exploitation bois-énergie de ce même dossier).
Le bois-énergie plaquette demande
bien plus qu’une simple adaptation concerne principalement les L’extraction des houppiers sur
de cette organisation séculaire. petits bois vendus sur pied : l’agent coupe de bois d’œuvre vient
De nombreux facteurs vont modi- responsable de la coupe (ou le rajouter un problème jusqu’alors
fier nos habitudes : propriétaire sylviculteur) doit en assez simplement géré par les
dans le meilleur des cas l’abat- connaître les particularités pour gestionnaires, mais qui devra être
tage sera mécanisé pour optimiser prévenir les malentendus ; entièrement revu par la logisti-
les coûts de production ; concerne aussi (voire incite à) la que. Le commercial plaquette
le bois est « sorti » en toute lon- vente de produits façonnés, doit en effet pouvoir s’affranchir
gueur (6 m si possible) ; notamment pour des coupes des contraintes des modes de
les bois à broyer doivent être hétérogènes : le forestier trie et ventes classiques, dont les clau-
propres ; vend prioritairement, au meilleur ses ne sont pas adaptées à la
les périodes d’exploitation prix, les grumes et les bois filière (priorité à la grume). Des
seront étalées sur toute l’année, d’industrie, le surplus (petits bois essais de plus en plus nombreux
alors que l’hygrométrie précise est qui déprécieraient un lot de bois de vente à l’unité de produit ou la
un élément clé de la vente ; d’industrie) étant vendu au prévente de bois façonnés mon-
une logistique exigeante s’im- « mobilisateur » de plaquette. trent la complémentarité possible
pose. entre la grume et les plaquettes.
broyage bord de route de rémanents pour Broyage sur plate-forme avant stockage sous bâche,
l’alimentation de la chaufferie de Saulnot (71) à Saint Jean d’Arvey (38)
A la question rituelle « combien coûterait la plaquette forestière pour alimenter ma chaufferie », la seule réponse à faire a
priori est… « je n’en sais rien ». Il n’existe pas un processus unique de production mais des processus qui peuvent se
combiner pour déterminer finalement un coût de production et de commercialisation.
L e développement du
bois-énergie est une
opportunité exceptionnelle de
nibles, c’est-à-dire absorbables par
les racines, constitue une faible
partie du stock total contenu dans
du sol s’amenuise et, à terme, des
carences peuvent apparaître. La
capacité d’un écosystème à sup-
valorisation de bois d’éclaircie, de le sol. Il correspond le plus souvent porter des exportations soutenues
rémanents d’exploitation, de bois à quelques dizaines d’années voire dépend donc des apports qu’il
mitraillés ou encore de produits quelques années de prélèvement reçoit.
connexes de scierie. Il représente par les racines. Il se renouvelle tou-
une source d’énergie plus « pro- tefois rapidement par décomposi- Les apports atmosphériques sont
pre » vis-à-vis de l’effet de serre tion de la litière et des racines mor- principalement des dépôts asso-
que le carbone fossile. tes. Les éléments minéraux circu- ciés à la pluie, au brouillard et aux
L’intensification correspondante de lent ainsi dans l’écosystème suivant poussières en suspension dans
l’exploitation doit toutefois être un cycle rapide et efficace (succes- l’air. Ils peuvent localement four-
conduite avec discernement afin sivement dans le sol, l’arbre, les nir des quantités importantes
de préserver la fertilité des sols et feuilles, la litière et à nouveau dans d’éléments nutritifs mais de
la pérennité des écosystèmes. Les le sol). Cela permet à l’écosystème manière très variable sur le terri-
pièces de faible section (réma- de vivre avec une réserve limitée toire, suivant les courants atmos-
nents, branches, perches…), ainsi d’éléments nutritifs malgré les
que les feuillages, concentrent une besoins importants des arbres. Le
grande quantité d’éléments nutri- revers de cette efficacité est la rela-
tifs et leur prélèvement sans discer- tive vulnérabilité de la forêt aux
nement peut notamment entraîner perturbations du processus de
une perte de fertilité voire des recyclage des éléments nutritifs.
carences minérales. Il est donc
indispensable de moduler l’inten- Le cycle n’est cependant pas fermé
sité des récoltes en fonction de la et des éléments nutritifs entrent et
richesse minérale du sol. sortent de l’écosystème forestier
selon les types de flux suivants
Fertilité des sols et (figure 1) :
sensibilité des écosystèmes les apports atmosphériques ;
aux exploitations forestières les apports par altération des
minéraux contenus dans le sol (sauf
pour l’azote), faibles sur des roches
Les éléments nutritifs majeurs : mères pauvres, siliceuses, comme
N = azote
les grès, mais importants sur les
P = phosphore
K = potassium
roches calcaires, les basaltes ou
Ca = calcium même certains granites par exem-
Mg = magnésium ple ;
les pertes par drainage vers les Fig. 1 : les éléments nutritifs dans
eaux souterraines ; l’écosystème forestier
Le sol est le réservoir d’eau et les pertes par exportation Apports extérieurs en vert (altération des miné-
raux du sol, apports atmosphériques), pertes en
d’éléments nutritifs (éléments (exploitation forestière principale- rouge (drainage, exportation par récolte de bois
majeurs : N, P, K, Ca, Mg) qui ali- ment). et autres produits forestiers) et cycle interne en
gris (absorption par les arbres, stockage dans les
mente l’écosystème forestier. Le Si le bilan de ces flux est négatif, le tissus végétaux, décomposition des litières, du
stock d’éléments nutritifs biodispo- stock d’éléments biodisponibles bois et des racines)
tation forestière.
60% 60% 60%
notamment.
20% 20% 20%
Les roches calcaires contiennent
une réserve importante d’éléments 0% 0% 0%
20 ans 40 ans 60 ans 20 ans 40 ans 60 ans
nutritifs (excepté l’azote) et leur 20 ans 40 ans 60 ans
17
377
37
17 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
Site expérimental de l’INRA
100 à Vauxrenard (d’après Ranger
et al., 2002)
80 (Département du Rhône)
Altitude : 750 m
Précipitations moyennes :
1 000 mm/an
60 Température moyenne annuelle :
7 °C
Sol : Alocrisol typique sur tuf
Forme d’humus : eumoder à
40 dysmoder
Horizon A : pH = 4,3
Peuplement en 1992 : plantations
de douglas de 20, 40 et 60 ans sur
20 anciennes terres agricoles
Hauteur moyenne à 60 ans : 36 m
0
0 1 2 3 4 5
Temps (en années)
Branche diamètre 4 - 7 cm Branche diamètre 1 - 2 cm
Branche diamètre 2 - 4 cm Aiguilles
17
397
39
179 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
Le bois-énergie et la préservation de Un outil simple et pratique : sibilité des sols et les types de peu-
la biodiversité des forêts le guide de l’Ademe pour la plements.
récolte raisonnée des
Les forêts publiques qui sont sou- rémanents en forêt La typologie de sensibilité des
vent des forêts « anciennes » sols (figure 4) est simple d’utilisa-
(c’est à dire à l’état de peuple- Ademe : Agence de l’environne-
ments d’arbres depuis plusieurs
tion. Elle distingue 3 niveaux de
ment et de la maîtrise de l’énergie
siècles) abritent des espèces d’in- sensibilité avec plusieurs indica-
Afocel : Association forêt cellulose
sectes et de champignons liés au IDF : Institut pour le développe- teurs possibles de diagnostic (tex-
bois mort de plus en plus rares en ture du sol, forme d’humus, pH de
Europe (Brustel, 2001). L’ONF a ment forestier
donc une responsabilité particu- Inra : Institut national de la recher- l’horizon A, effervescence de la
lière – pas seulement dans les che agronomique terre fine à l’acide, flore indica-
réserves et les sites Natura 2000 – UCFF : Union de la coopération trice). C’est donc un outil très pra-
de conservation de ces espèces et forestière française tique qui peut être mis en œuvre
donc de leur support de vie qu’est
le bois mort.
avec des connaissances rudimen-
L’écosystème forestier est consti- Dans la perspective du développe- taires en botanique ou pédologie.
tué de producteurs (dont les plus ment du bois-énergie, l’Ademe a Il permet de repérer efficacement
visibles sont les arbres) et de publié un guide pratique de ges- les situations à risque.
décomposeurs de la matière orga-
nique. Les feuilles sont décompo-
tion des rémanents (Cacot et al.,
sées par une multitude d’organis- 2006) destiné aux propriétaires et Les conseils se traduisent en
mes du sol (vers, bactéries, cham- gestionnaires forestiers et libre- pratique par un nombre de récol-
pignons…). Le bois mort, aérien ou ment téléchargeable sur Internet tes de rémanents à ne pas dépas-
au sol, est attaqué par les organis-
mes saproxylophages au rang des-
(liens donnés en références). Ce ser durant la vie du peuplement ou
quels figurent les larves des insec- guide a été élaboré en partenariat par un laps de temps minimum à
tes saproxyliques. Par ailleurs, les avec l’Afocel, l’IDF, l’Inra, et l’UCFF respecter entre deux récoltes des
vieux arbres sont souvent porteurs après un travail de synthèse biblio- troncs avec les branches pour les
de cavités créées par les attaques
de champignons au niveau des
graphique (Cacot et al., 2003), l’ob- taillis, en fonction de la sensibilité
blessures des branches ou du tronc jectif étant de disposer d’outils du sol et du type de peuplement.
ou creusées par les pics. Ces cavi- pour raisonner l’intensité des pré- Si l’exploitation dépasse ces limi-
tés abritent de nombreuses espè- lèvements en fonction des poten- tes, le guide préconise de fertiliser
ces cavicoles pour leur reproduc-
tion ou l’abri (oiseaux comme les
tialités des sols. Il est composé pour compenser les pertes en élé-
mésanges, le pigeon colombin, les d’une typologie de sensibilité des ments nutritifs. Les doses de fertili-
chouettes, chauves-souris, loirs, sols en fonction de leur fertilité, sant (N, P, K, Ca, Mg) sont indi-
insectes comme les abeilles, les puis de conseils pour la récolte des quées à cet effet pour une récolte
frelons).
La récolte de bois pour l’énergie
rémanents selon les classes de sen- supplémentaire de rémanents.
doit être raisonnée en veillant à
préserver la biodiversité forestière. S
Sensibilité forte
Elle devra donc épargner le bois Pôle
mort ancien ainsi que les arbres à sableux S1 S2 Sensibilité moyenne
vocation biologique et prévoir la Teneur en Sensibilité faible
conservation sur le parterre de la argile < 10 %
coupe d’une partie des produits L
frais : il s’agit en effet de conserver
Pôle
le support de vie mais aussi de per-
limoneux
mettre un réapprovisionnement L1 L2 L3
continu en bois mort de différentes < 10 %
tailles et d’essences variées au pro- Teneur en
fit des espèces qui dépendent de argile < 25 %
ce matériau (ONF Bourgogne, A
2003). Les rémanents conservés Pôle
ont de plus un rôle dans la protec- argileux A1 A2 K
tion des graines, des semis et du Teneur en
sol dans ses caractéristiques physi-
argile < 25 %
ques et chimiques (comme écrit
dans l’article) mais aussi biologi- Calcaire actif Pas d’effervescence de la terre fine à HCI dilué Effervescence
ques. Il faudra également veiller à
ne pas perturber les espèces pH horizon
<4 ]4-4,5] ]4,5-5[ [5-5,5[ [5,5-6[ [6-6,5[ [6,5-7[ >7
(oiseaux, mammifères) en période A
de reproduction, ni détruire les sta- Mor Mullmoder Mull Mull Mull Mull Mull
tions d’espèces végétales rares. Humus
Dysmoder
Moder
Dysmull oligo. méso. eutro calcique carbonaté
Jean-Marc Brézard (ONF) Fig. 4 : diagramme de sensibilité des sols en fonction de la texture et du
niveau trophique (Ademe, 2006)
17
417
17 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
en tous genres. Serait-on en
mesure de contrôler les cendres Carte de sensibilité des sols de France aux exportations minérales,
épandues pour vérifier qu’il s’agit
bien de cendres de bois et non de par Alain Brêthes (ONF), Jean-Paul Party (Sol-Conseil), Jean-Claude Gégout
cendres de déchets ménagers, qui (Engref), Etienne Dambrine (Inra), Manuel Nicolas (poste d’interface Inra – ONF
contiennent de fortes teneurs en sur la gestion des sols)
métaux ? Actuellement, même si
La carte présentée a été réalisée à partir de la typologie de sensibilité des sols
elle reste floue à ce sujet, la régle-
du guide de l’Ademe appliquée aux connaissances des sols de France – Carte
mentation ne semble pas autoriser des sols de France (Inra, 1968), carte géologique de France (BRGM, 1996), carte
les épandages de cendres en forêt. des classes d’altération des matériaux géologiques et des sols du territoire
Seules des expérimentations sont français (Party, 1999). Elle repose par ailleurs sur l’expérience des auteurs en
conduites sous la surveillance des pédologie et en écologie. Son but est de fournir aux gestionnaires forestiers une
autorités publiques pour étudier indication générale sur la répartition en France des sols peu, moyennement et
les impacts de tels épandages. très sensibles aux exportations minérales. Des indications de sensibilité des sols
au tassement sont aussi données dans la légende. Il convient également pour
Identifier les zones à risque les gestionnaires de tenir compte de la sensibilité des sols à l’érosion,
L’identification des situations à ris- notamment sur pentes fortes.
Des limites doivent cependant être observées dans l’utilisation de cette carte.
que doit être faite à plusieurs
On ne peut pas en déduire la sensibilité des sols d’une parcelle forestière par
échelles. La démarche que nous
simple localisation dans une zone renseignée, et ce pour plusieurs raisons. Nous
avons présentée permet d’établir tenons tout d’abord à souligner :
un diagnostic au niveau local. Il que cette carte a été réalisée à l’échelle nationale,
était nécessaire d’apporter, sous qu’elle n’est pas exhaustive (certaines zones ne sont pas renseignées),
forme de cartes, un éclairage sur que les contours des zones renseignées ne sont pas définis précisément.
les secteurs plus ou moins sensi- D’autre part l’état de la science concernant la sensibilité des sols aux
bles, à une échelle régionale ou exportations minérales admet des incertitudes. Par exemple, il est difficile de
nationale. Voici le résultat de deux déterminer les réserves des sols en phosphore disponible pour les arbres et
approches. donc de définir la sensibilité des sols aux exportations de cet élément.
17
437
433
17 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
règles, selon les modes de traite-
ment, réguliers ou irréguliers.
Co-auteurs de l’introduction
récolte tous les 100 ans, deux parcelles disponibles pour ce et des deux premières parties :
récoltes « dans la vie du peuple- type d’exploitation.
ment » reviendraient à une François CHARNET
récolte tous les 50 ans. Pour cela, On simplifierait ainsi la mise en IDF - Orléans
on pourrait prévoir une rotation, œuvre des recommandations en francois.charnet@cnppf.fr
d’un aménagement à l’autre, des adoptant toujours les mêmes
17
457
455
17 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
Maîtriser les caractéristiques des plaquettes
forestières de l’arbre sur pied à la livraison
du combustible
Des contrats libellés en tonnes à x % d’humidité… quand ce n’est pas en mégawatts :
un casse-tête pour le forestier chargé de prévoir la récolte à l’amont, ou de négocier un
prix à la tonne ou au m3 frais en anticipant l’impact sur le prix final de livraison.
Comment se mesure le taux d’humidité ? Voici quelques repères de métrologie.
P
roduire de la plaquette Masses volumiques et taux débardé par un porteur ou trans-
forestière revient à d’humidité des bois : retour porté par un camion.
transformer un volume d’expérience de la filière bois
de bois ou une biomasse sur pied de trituration La tonne brute avec pesage à l’en-
en « copeaux » livrés à un consom- trée de l’usine est utilisée depuis
mateur. En amont de la chaîne de Quelles unités utiliser pour les plus de 25 ans dans diverses usines
production, les forestiers (proprié- transactions ? de pâtes et de panneaux. Elle s’est
taires, gestionnaires) raisonnent en En bois d’industrie ou de feu sous peu à peu imposée au cours des
m3 ou en stères, sans trop se sou- forme de billons, plusieurs prati- années 80 lorsque le façonnage des
cier du taux d’humidité. En aval, le ques cohabitent en matière de billons est devenu commun en lon-
consommateur de plaquettes réception : le stère, la tonne gueurs de 2 m, 2,50 m et plus
(exploitant de chaufferie, collecti- « brute » (ou humide) et la tonne encore en toutes longueurs. Il deve-
vité, industriel…) attend une quan- sèche (ou anhydre). Le volume réel nait en effet impossible de stérer
tité d’énergie en MWh qu’il récep- en mètres cubes de bois rond, correctement de tels bois et l’im-
tionne en général à travers un d’usage courant pour les bois précision au façonnage sur les lon-
pesage à la tonne et la détermina- d’œuvre, est inutilisable car trop gueurs rendait l’opération sans
tion du taux d’humidité sur brut. long donc trop coûteux à mesurer grande signification. L’inconvénient
Ces acteurs ne parlent pas le sur des pièces de petit volume uni- de la tonne brute est qu’elle quanti-
même langage et, à l’interface, les taire et de faible valeur. fie une matière première contenant
fournisseurs ou entrepreneurs doi- plus ou moins d’eau en fonction du
vent jongler avec de multiples uni- Le stère est contesté depuis long- degré de séchage des bois.
tés de mesure. temps, car ce n’est qu’un volume
La planification des chantiers de apparent contenant une propor- La tonne sèche ou anhydre est
production requiert une identifica- tion de bois rond qui varie forte- actuellement utilisée dans quel-
tion précise de la ressource mobili- ment en fonction du diamètre ques usines de pâtes et surtout
sable, un suivi des paramètres de moyen des billons, de leur lon- de panneaux de particules. Elle
base (masse volumique et taux d’hu- gueur, de leur flexuosité et de la reflète bien la quantité de fibres
midité) par essence et l’utilisation de qualité de l’empilage. Ainsi on réceptionnée mais nécessite la
coefficients de conversion adaptés. trouve couramment des coeffi- mesure du taux d’humidité,
La distinction par essence ou au cients de conversion m3/stère qui généralement réalisée par étu-
moins par grand groupe d’essences vont de 1,3 st/m3 (ou 0,77 m3/st) vage d’une rondelle ou de
(feuillus durs, feuillus tendres et rési- pour de gros billons de 1 m bien copeaux obtenus avec une tron-
neux) est nécessaire pour bien empilés à la main à plus de 2 st/m3 çonneuse ou une atrofraise (voir
apprécier le potentiel énergétique (ou 0,5 m3/st) pour de petits bil- photos). Elle pose cependant de
de la ressource forestière ciblée. À lons de 2 m flexueux et mal empi- gros problèmes d’échantillon-
titre indicatif, 1 m3 de bois frais ou lés à la grue. Malgré ses défauts, la nage (Combien de rondelles
récemment récolté peut contenir mesure en stères perdure, car elle faut-il prélever et où ?…) Une
entre 1,5 et 3 MWh selon l’essence. est facilement applicable et grande rigueur est nécessaire
Et le degré de séchage du bois contrôlable par tout un chacun. De lors de la réception des bois sous
amplifie largement cette fourchette plus elle se prête bien aux estima- peine de fausser complètement
de performance énergétique. tions de production : volume les résultats.
AFOCEL
Les précautions suivantes doivent
être prises sous peine de biaiser
les résultats : Prélèvements de copaux sur un
prélever la rondelle ou les billon à l’aide d’une tronçonneuse
copeaux à une distance de 30 à équipée d’un récupérateur
AFOCEL
50 cm de l’extrémité sauf en peu-
plier et tremble pour lesquels il ronnage des résineux (50 % en
faut se positionner au milieu. Si on 2005) conduit à un écorçage parfois L’Atrofraise, sorte de
prélève des copeaux, sectionner important pendant la période en tronçonneuse à guide pointu,
entièrement le billon pour obtenir sève. Ces diverses évolutions ont pour prélever des copeaux sur
la proportion correcte de cœur, évidemment un impact sur le billons à l’entrée d’une usine
aubier et écorce ; séchage des bois.
procéder avec une tronçonneuse offrir la possibilité d’anticiper les
parfaitement affûtée afin de ne pas Maîtriser les caractéristiques réglages pour optimiser le rende-
provoquer d’échauffement lors de du combustible : une ment. Pour le fournisseur, parce qu’il
la découpe ; nécessité pour le fournisseur va savoir quelle énergie il apporte et
étuver à 103 ± 2 °C jusqu’à sta- et l’utilisateur donc combien facturer, c’est l’assu-
bilisation de la masse et non pas rance de pouvoir rentabiliser les
pendant 12 ou 16 heures comme Les exploitants des nouvelles efforts qu’il a produits pour livrer la
cela est pratiqué ici ou là. En effet, chaufferies automatiques au bois qualité demandée (stockage, immo-
selon la charge de l’étuve et l’hu- signent aujourd’hui quasi systéma- bilisation de terrain, investissement
midité des échantillons, il faut une tiquement un contrat d’approvi- dans un cribleur…).
durée variable pour obtenir la dés- sionnement, ce qui n’a pas tou-
hydratation totale. En pratique une jours été le cas. Pendant trop long- Pas de résultats significatifs sans
durée de 24 heures est souvent temps, et surtout pour les petites échantillonnage correct
nécessaire. installations, l’approvisionnement La prise d’échantillon est capitale
a reposé essentiellement sur des pour la bonne représentativité des
Des résultats à actualiser accords verbaux ou des contrats mesures réalisées à partir des
Les résultats présentés, datant des flous sans véritable cahier des char- échantillons prélevés. Elle com-
années 1992/93 et valables pour des ges du combustible bois. prend deux opérations :
billons de bois d’industrie en 2 m et la collecte de l’échantillon ;
2,50 m, mériteraient d’être réactua- Or, pour l’exploitant d’une chauffe- la réduction du volume de
lisés. En effet, le fonctionnement rie tout comme pour le fournisseur l’échantillon, si celui-ci est trop
des usines en flux tendu et la méca- du combustible, bien maîtriser les important pour permettre une
nisation du bûcheronnage ont forte- caractéristiques de la plaquette mesure rapide.
ment réduit les durées de séchage forestière est primordial. Pour le pre-
entre abattage et livraison usine. Les mier, connaître parfaitement le taux La quantité prélevée dépend de la
longueurs de billons sont en aug- d’humidité et/ou son pouvoir calori- mesure à réaliser : une mesure de
mentation avec une proportion fique, c’est savoir avec quelle quan- pouvoir calorifique ne nécessite
croissante de 3 m ou 4 m, y compris tité d’énergie il alimente son instal- que quelques grammes de com-
en bois de chauffage pour lequel lation. De la même façon, vérifier la bustible dans la bombe calorimé-
certaines entreprises ne récoltent granulométrie des plaquettes lui trique, une mesure d’humidité
plus en 1 m mais en longueurs permet d’éviter des dysfonctionne- peut nécessiter plusieurs litres de
diverses avec découpe et condition- ments sur l’installation. En allant combustible ; une granulométrie
nement sur leur parc à bois. Enfin le jusqu’au bout de la logique, les dif- va nécessiter quant à elle plusieurs
fort taux de mécanisation du bûche- férents contrôles de qualité vont dizaines de litres de matière.
Parce qu’il n’existait pas de méthodes ou de matériels réellement adaptés à la LAURIER J.P., 1998. Comment
demande des utilisateurs de chaufferies automatiques au bois (industriels et col- évolue la masse volumique des
lectivités locales essentiellement), le Critt Bois Épinal a cherché à développer un bois d’industrie après abattage ?
appareil de mesure du PCI rapide et fiable. Ce projet a pu être mené grâce à la
Fiche informations torêt Afocel,
participation financière de l’Ademe Pays de Loire.
n°573, 6 p.
Le programme a permis de réaliser un prototype de PCImètre pouvant accep-
ter des échantillons de faible masse (< 1 kg), être utilisé avec toutes sortes de LAURIER J.P., 1993. Coefficients de
combustibles bois déchiqueté (plaquettes, copeaux et sciures, écorces…), et conversion m3/tonne pour les bois
surtout fournir un résultat rapide sur site de l’utilisation (temps de mesure infé- ronds d’industrie Fontainebleau :
rieur à 20 minutes). Il peut être utilisé par n’importe quel opérateur : la mesure ARMEF. Etude technique n°8, 44 p.
consiste à placer l’échantillon de bois dans le système et démarrer le processus
de qualification. Normes à consulter
Ces exigences permettent ainsi à l’appareil d’être utilisé aussi bien par des uti- CEN/TS 14778-1 à 2, 14 779 et
lisateurs de chaufferies bois pour mesurer le coût réel du combustible qu’ils
14780 : Biocombustibles solides –
achètent - et ainsi calculer précisément le coût de fonctionnement de leur ins-
Echantillonnage
tallation - que par les prestataires, vendeurs de combustibles bois, pour vérifier
que leur produit est bien conforme au cahier des charges de leurs clients ou
prestataires exploitant pour le compte de tiers et devant facturer une prestation CEN/TS 14774-1 à 3 : Biocom-
au kWh. bustibles solides – Méthode de
détermination de la teneur en
L’appareil est opérationnel dans une forme prototype. Désormais, outre la pos- humidité- Méthode par séchage à
sibilité de quantifier très rapidement la quantité d’énergie livrée, le PCImètre l’étuve
devrait également permettre à l’exploitant de refuser une livraison non
conforme en termes calorifiques.
Montage et réalisation d’un concrets pour la valorisation de cahier des charges d’une étude de
projet communal bois- leur patrimoine forestier : faisabilité de chaufferie bois avec
énergie : diversification des débouchés réseau de chaleur, l’appui pour la
l’exemple de Labergement pour certains produits (houppiers, consultation des bureaux d’étude
les Seurre petits bois…) dont les cours sont thermique et l’analyse des offres.
très variables ; Dans ce cas précis, la possibilité de
Mi-novembre 2003, le téléphone dynamisation de la commerciali- revente de chaleur en externe à la
sonne dans mon bureau : sation des bois, les lots de bois collectivité n’est pas retenue.
« Bonjour, Roland Viellescaze à étant rendus plus attrayants par la
l’appareil, agent patrimonial (AP) disparition de la charge « bois de Par la suite, la commune nous
de l’agence de Dijon. J’ai évoqué chauffage » pour l’exploitant ; confie aussi le contrôle du déroule-
rapidement le bois énergie avec la possibilité de « blanchir » le ment de cette étude de faisabilité
commune de Labergement les coût de travaux sylvicoles en utili- jusqu’à sa restitution à la collecti-
Seurre (21), en me basant sur l’ar- sant les produits d’élagage, vité. Enfin une étude d’approvi-
gumentaire qu’on nous a fourni, dépressage, éclaircie… sionnement en combustible bois
mais sans pouvoir en dire plus. Les est commandée à l’agence ONF
élus sont intéressés par une infor- Montage du projet de chaufferie de Dijon, et réalisée par l’AP.
mation complète sur le sujet ! ». bois
J’appuie alors le conseil munici-
La chaufferie en chiffres
La forêt communale est constituée pal dans l’élaboration initiale du
par 700 ha de taillis sous futaie en projet. À ce stade, il s’agit surtout Puissance installée : 360 kW bois
cours de conversion en futaie régu- de dessiner un réseau de chaleur Volume chauffé : environ 5 000 m3
lière. La demande en bois de feu économiquement cohérent et de Consommation bois : 500 MAP à
est toujours présente sur la com- trouver une première solution 25 % d’humidité, soit 150 tonnes à
mune, malgré une régression des fonctionnelle pour l’implantation 25 % ou 250 m3 de bois rond frais
affouages, notamment dans la der- de la chaufferie. L’agent patrimo- Coût d’approvisionnement bois :
nière décennie. nial apporte également une 18 €/MAP à 25 %, soit 15 €/MWh
contribution déterminante en entrée chaudière
Rendez-vous est donc pris début confirmant la disponibilité de la
décembre 2003 avec une partie du ressource bois. Cette argumenta- Coût d’approvisionnement fuel :
0,57 €/l, soit 50 €/MWh entrée
conseil municipal (maire, commis- tion forestière est indispensable
chaudière
sion des bois, commission écono- pour sécuriser le porteur de pro-
mique). Après une présentation jet dans sa démarche. On vérifie bien que l’approvision-
des principaux atouts des plaquet- nement en combustible bois sur ce
tes forestières comme combustible Après l’organisation par nos soins type de chaudière coûte beaucoup
(voir l’article « Panorama de la de deux visites de chaufferie, la moins cher qu’un approvisionne-
filière bois-énergie en France, dans collectivité nous commande rapi- ment en carburant fossile
ce même dossier), les élus identi- dement une prestation de services
fient une série d’avantages comprenant : la rédaction du
D. Darphin, ONF
retour sur investissement (TRI) de de cette démarche sensible en
l’ensemble chaufferie bois – recourant à la forêt domaniale
réseau de chaleur est évalué, à toute proche pour compléter le
l’époque, à moins de 10 ans. Ce volume nécessaire à l’approvi-
TRI est descendu à 7 ans avec la sionnement 2005. À travers cet Débardage au porteur des
hausse du coût des énergies fossi- exemple, l’ONF a démontré sa houppiers façonnés
les intervenue depuis. Si l’on consi- capacité à sécuriser un appro- sommairement
dère seulement le surcoût lié à visionnement en combustible
l’énergie bois, le TRI est de 3 ans. bois, en mutualisant ses sour-
Ce projet, suivi pas à pas par notre ces d’approvisionnement. Dans
direction territoriale, en collabora- d’autres projets, c’est la forêt pri-
tion avec l’Ademe, le conseil régio- vée qui peut être associée à l’ap-
nal de Bourgogne, et le conseil provisionnement, grâce au pro-
général de Côte-d’Or, verra la tocole d’accord UCFF/ONF sur le
chaufferie opérationnelle en octo- bois énergie. Notons au passage
D. Darphin, ONF
bre 2005. que cela a permis aussi de valori-
ser des houppiers feuillus qui
La chaudière bois de 360 kW, n’avaient pas trouvé preneurs
avec appoint fuel, alimente un lors des adjudications.
réseau de chaleur qui relie mai- Confection des andains de
rie, école (5 classes), agence pos- En raison des incertitudes por- plaquettes avant la pose
tale, salle des fêtes, halte-garde- tant sur le délai de construction de la bâche
rie et 5 logements communaux. de la chaufferie et notamment
Un projet de salle polyvalente d’un hangar de stockage, il a été
(300 m2) a été intégré dans le décidé de louer une plate-forme
calcul des besoins. en dur à un particulier pour
stocker le bois déchiqueté sous
C’est la forêt communale qui une bâche évapo-transpirante.
assure la ressource en plaquettes Le retard redouté en matière de
forestières. L’agence a mis en construction… est survenu !
D. Darphin, ONF
place un contrat pluriannuel de Heureusement, ce système de
maîtrise d’œuvre pour les chan- bâche a parfaitement fonc-
tiers de bûcheronnage, débar- tionné : le stockage sous bâche
dage, déchiquetage et livraison de juin à septembre a permis
de 500 à 700 MAP (m3 apparent d’abaisser le taux d’humidité des
plaquette) par an. Le contrôle de plaquettes de 37,6 à 23,7 %, et Stockage des plaquettes sous
conformité de la granulométrie respecter ainsi les spécificités de bâche évapo-transpirante
et du taux d’humidité sur brut du la chaudière installée (taux d’hu- « Toptex »
produit est également assuré par midité du combustible compris
l’ONF dans le cadre de ce entre 20 et 30 %). Cette expé-
contrat. rience a illustré que l’utilisation ment garantie par les forêts
d’une bâche évapo-transpi- publiques avoisinantes. La
Deux particularités pour cet rante pouvait donc constituer conversion de la vision des peu-
approvisionnement méritent une une excellente alternative pro- plements sur pied en volume dis-
attention spéciale visoire de stockage des pla- ponible est floue pour un élu.
Lors de la réalisation de l’étude quettes. Notre rôle de conseil est ici pri-
de ressource, il est apparu que la mordial. Si la faisabilité techni-
coupe prévue pour l’année 2005 Curieusement, la principale diffi- que et économique est relative-
proposait un petit volume de culté a été de persuader les élus ment aisée à clarifier, le porteur
qualité chauffage. Le maire sou- que la ressource serait réelle- de projet, forestier ou non, consi-
Faire face au retard de la plate- Le premier stock bord de route a 3 000 tonnes de plaquettes fores-
forme logistique été constitué par les invendus de tières, dont 40 % en provenance
Les débats sur la création d’une mauvaise qualité, roulés ou gélifs, de la forêt de Chaux et 15 % issus
plate-forme de stockage s’éterni- de la forêt de Chaux dont les sols de la forêt des Grands Bugnoz.
sant, la possibilité d’un approvi- peu portants et mouilleux impo-
sionnement de la chaufferie en flux saient des abattages débardages Ensuite, la contrainte d’hygromé-
tendu a été envisagée. Cet exa- avant l’automne. L’idée était de trie (environ 40%) conduit à envisa-
men s’étant avéré concluant, la constituer des piles de bois toute ger de stocker les bois en BTL pen-
Ville de Besançon et la société longueur (BTL) et de les broyer en dant plusieurs mois en forêt, mais
SECIP (filiale du groupe Elyo) flux tendu le moment venu. La les objections fusent : incompati-
exploitant de la chaufferie ont constitution du tas a été obtenue bilité avec la gestion traditionnelle,
confié l’approvisionnement en pla- assez rapidement par deux équipes risques inhérents aux grosses piles
quettes forestières de la première de bûcherons et un débardeur 6x8. en forêt, « point noir » paysager
campagne de chauffe à l’ONF, en des tas, voire risques phytosani-
août 2005. Les points clés du cahier Planoise : des surprises et taire quand il s’agira de houppiers
des charges du contrat d’approvi- des problèmes logistiques à résineux. Sur cette campagne, ce
sionnement étaient la fixation du méditer paramètre a été globalement bien
prix à la tonne de plaquette ven- géré : le taux moyen d’humidité
due et les clauses de révision en Notre première surprise est venue sur brut des plaquettes livrées était
fonction de la variation du taux de la surestimation des volumes de de 41 %, avec des variations de
d’humidité. Ce dossier fut traité en bois mis bord de route en raison ±5 %, conformément au contrat.
étroite collaboration avec le direc- de la méconnaissance du foisonne- En considérant un taux d’humidité
teur du département grands pro- ment pour ce type de tas « toutes sur pied d’environ 45 % pour le
grammes à l’ONF. longueurs ». Les estimations sur chêne (cf. données Afocel), ce taux
pied étaient plus proches de la réa- moyen a été obtenu après res-
Nous pouvions donc démarrer. La lité mais malgré tout imprécises, suyage des bois 3 à 4 mois en bord
première campagne ne commen- les modalités habituelles de de parcelle.
çant que fin février 2006, les cubage étant inadaptées au pro-
besoins estimés n’étaient alors que duit. Parallèlement, les besoins En termes de logistique pure, la
de 5 000 tonnes. L’évaluation de la réels de la chaufferie ont été d’en- principale difficulté est d’optimiser
ressource indiquait que 1 500 ton- viron 3 000 tonnes, soit bien infé- l’emboîtement des opérations de
nes environ proviendraient du syn- rieurs aux 5 000 tonnes prévues. broyage et de transport de la pla-
dicat intercommunal de gestion Par rapport au schéma initial, la quette. Les données de base de
forestière des Grands Bugnoz au demande et l’offre en plaquettes cette équation sont : d’un côté un
Nord de Besançon, 1 200 tonnes forestières ont bien varié en quan- broyeur à forte capacité qui pro-
de la forêt communale de tité et fréquence : il a fallu s’adap- duit 90 mètres cube apparents pla-
Besançon et le reste, soit 2 300 ton- ter au sens fort du terme pour quettes (MAP) à l’heure, de l’autre
nes, de la FD de Chaux. assurer l’approvisionnement. Au un silo de stockage de la chaufferie
final, l’ONF a livré près de dont la capacité est limitée à
L. Libault, ONF
suivi du taux de remplissage du silo dans les systèmes de chauffage :
doit être permanent pour ne pas se le bois bûche, depuis des siè-
retrouver en rupture d’approvision- cles, alimente cheminées, poêles,
nement. Et que dire des week-ends Dépotage des plaquettes dans le chaudières ;
prolongés où l’interdiction de circu- silo de la chaufferie les plaquettes bois fabriquées à
lation des camions empêche le rem- partir de biomasse ligneuse déchi-
plissage de ce silo trop petit et donc Une expérience riche d’ensei- quetée dont la demande va crois-
le fonctionnement à plein régime de gnement, l’aventure continue sante depuis une vingtaine d’an-
la chaudière… L’approvisionnement de la chauffe- nées. Les plaquettes forestières
rie Planoise en 2006 a démontré la (issues de produits de la sylvicul-
Dans un schéma intégral de flux capacité de l’ONF à répondre à ce ture) prennent une part de plus en
tendu (broyage et livraison instan- type de demande. Plus concrète- plus conséquente sur un marché
tanée de la plaquette), le moindre ment, cette expérience a permis utilisant initialement des produits
impondérable peut entraîner une d’insérer l’organisation de ce type connexes de scierie et bois de
rupture d’approvisionnement. La de chantier dans notre gestion récupération (palettes…). Les pla-
météo est primordiale : elle peut forestière quotidienne. quettes sont majoritairement desti-
compliquer la circulation des nées aux chaufferies collectives et
camions à fonds mouvant en forêt le mot de la ville » industrielles ;
par temps de neige, ou les paraly- le bois reconstitué sous forme de
ser pour cause de ridelles gelées « L’idée d’une chaufferie bois s’est briquettes ou de granulés (dénom-
ou de tas de plaquette transformés imposée, mais les élus voulaient més également pellets), facile-
d’abord s’assurer de la sécurité de
en glaçon. De même, la neige ou la l’approvisionnement. La ville de ment transportable et stable. La
glace, quand ce n’est pas la pluie, Besançon a mis en place un parte- demande des particuliers et des
faussent vos prévisions d’hygromé- nariat original et novateur avec industriels dans les pays voisins
trie. Enfin, une panne machine sur l’ONF. C’est un partenariat auquel comme la Belgique, l’Allemagne
un broyeur très sollicité peut là je tiens beaucoup, et je remercie ou l’Italie est en croissance expo-
l’ONF pour son engagement dans
encore interrompre la chaîne d’ap- la filière bois énergie ». nentielle depuis quelques années
provisionnement. Extraits de déclarations d’Éric ce qui explique l’implantation
Alauzet, adjoint au Maire de récente de sites de fabrication sur
Cette liste peut donner l’impres- Besançon – Journal de l’ONF n° 39 le territoire français. En particulier,
sion que le choix d’un itinéraire janv-fév 06. les industriels de l’agroalimentaire
en flux tendu relève de l’incons- maîtrisant déjà les processus de
cience. Il n’en est rien ! D’abord il Fort de cette première expérience, déshydratation de la luzerne ou de
faut souligner que ces surprises l’ONF, à travers maintenant sa la pulpe de betterave pour les
ou contraintes ont été quelque filiale ONF Énergie, est chargé transformer en granulés s’investis-
peu exagérées au regard de l’as- d’approvisionner la chaufferie de sent dans ce nouveau créneau qui
pect novateur du chantier. Et puis, Planoise jusqu’en 2008. Pour la ne nécessite quasiment aucune
et surtout, il faut considérer que campagne 2006/2007 en cours, les modification de matériel.
l’itinéraire en flux tendu repré- provenances des plaquettes ont
sente la solution opérationnelle la été diversifiées et les exploitations Alsace Pellets, fabricant de gra-
plus économique pour livrer des anticipées : cela permet d’envisa- nulés
plaquettes forestières à des uni- ger la livraison en flux tendu avec La société Alsace Pellets, implan-
tés type Planoise, consommant un plus de sérénité. Par ailleurs, la tée à Bennwihr-Gare à proximité
combustible à 40 % d’humidité. plate-forme de stockage en discus- de Colmar, a démarré son activité
Un itinéraire avec un transit par sion depuis 2002 et impulsée par la en 2005. Le processus de fabrica-
une plate-forme est bien sûr plus CAGB devrait voir le jour à proxi- tion des granulés est relativement
sécurisé, mais entraîne un surcoût mité de la chaufferie à l’automne simple. Le produit de base est
de l’ordre de 20 % pour la pla- 2007. Cette plate-forme pourrait constitué de sciure ou de plaquet-
quette livrée. À ce prix, on ne accueillir un stock tampon qui tes bois. Ces dernières sont redé-
« placerait » plus de plaquettes sécuriserait ainsi l’approvisionne- chiquetées pour obtenir une gra-
forestières. ment en flux tendu de la chaufferie. nulométrie très proche de la sciure.
site granulesbois.com
ques ne permet pas à ce jour de
fournir plus de 10 000 tonnes
mais le partenariat avec les coo-
pératives forestières privées
devrait permettre de compléter
l’offre pour atteindre l’objectif
demandé, au moins à court
Les produits passent ensuite en camion d’essai. La négociation se terme. L’augmentation consé-
séchoir pour arriver à un taux déroule sur le site d’Alsace Pellets quente du prix du bois en 2006 et
d’humidité de 7/8 %. Ils sont et coïncide avec l’arrivée du la demande de plaquettes écor-
comprimés avant de traverser une camion d’essai. La granulométrie cées conduisent à une proposi-
plaque à trous d’où sortent des et le taux d’humidité des plaquet- tion commerciale supérieure de
boudins de 4/5 mm de diamètre tes correspondent parfaitement 50 % à celle contractualisée en
découpés à 15/20 mm pour aux attentes du client. La compa- avril. L’augmentation est certes
donner les fameux granulés. Le raison visuelle dans le hangar significative mais ne fait que pren-
conditionnement se fait enfin en avec une livraison d’un autre dre en compte les paramètres
sacs pour être vendus en maga- approvisionneur marque claire- économiques du moment et les
sins spécialisés ou stockés en vrac ment la différence qualitative coûts de production.
dans des silos approvisionnant entre les deux origines. La propo- L’objectif est déjà de réussir à
des camions. Les granulés sont sition de contrat est immédiate- franchir ce premier seuil quantita-
ensuite distribués par camion ment acceptée par le client mal- tif pour envisager dans un
souffleur comme la farine dans les gré un prix majoré de 50 % ! deuxième temps les possibilités
silos des chaufferies individuelles La filiale ONF Énergie, créée le techniques et économiques d’ex-
ou collectives. 12 avril 2006, signe son premier tension du contrat.
Les avantages du granulé rési- contrat d’approvisionnement le
dent dans son fort pouvoir calori- 24 avril 2006.
fique (deux fois plus élevé que du La société Alsace Pellets symbo-
bois séché à l’air libre), son faible lise l’acte de naissance d’ONF Dominique DARPHIN
encombrement, sa facilité de Énergie et à l’inverse, nous sou- responsable bois-énergie
livraison et l’absence de dysfonc- haitons accompagner le dévelop- ONF, DT Bourgogne – Champagne-
tionnements pour l’alimentation pement économique de ce parte- Ardenne
automatique de la chaudière. Son naire historique. dominique.darphin@onf.fr
prix élevé et l’énergie nécessaire
pour le fabriquer (séchage) handi- L’avenir Luc LIBAULT
capent néanmoins ce produit. Satisfaite du partenariat commer- ONF, DR Martinique
cial avec ONF Énergie, Alsace (ex responsable bois-énergie
L’approvisionnement Pellets projette d’augmenter for- Franche-Comté)
La société Alsace Pellets s’appro- tement ses capacités de produc- luc.libault@onf.fr
visionnait jusqu’en avril 2006 uni- tion et de transférer voire accroî-
quement à partir de produits tre ses installations sur autre site à Philippe GOUPIL
connexes de scierie ou de broyats proximité présentant une surface ONF Énergie
de palettes. Le gisement disponi- utilisable largement supérieure. philippe.goupil@onf.f
ble ne permettait plus de répon- La décision industrielle et écono-
dre aux objectifs d’augmentation mique est prise, mais il reste à
de production. Jean-Marie trouver la matière première pour
Georges, président d’Alsace alimenter les chaînes de produc-
Pellets, sollicite alors ONF Éner- tion dans la durée. Alsace Pellets
gie pour une proposition d’ap- a donc sollicité ONF Énergie en
provisionnement en plaquettes novembre 2006 pour élaborer un
bois. En liaison étroite avec contrat d’approvisionnement plu-
l’agence de Colmar, un contrat riannuel portant sur un tonnage
commercial pour la fourniture de de 20 000 tonnes de plaquettes
1 000 tonnes est élaboré et en 2007 pour monter à court
accompagné de la livraison d’un terme (2009-2010) à 50 000 ton-
57
577 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
À l’intérieur de chaque placeau, une Les 3 arboreta de comportement quelques essences introduites lors
placette de mesure est délimitée. de la dune « calcaire » littorale de la dernière tranche de plantation,
Seuls les arbres appartenant à cette ont été mis en place sans répétition qui n’ont que 5 ans.
placette font l’objet de mesures et des modalités. Globalement, pour les essences tes-
de notations, soit 40 à 80 plants Dans ces 3 arboreta, les plants utili- tées sur plusieurs parcelles, les résul-
mesurés par placette suivant les sés ont été élevés en godets de tats sont meilleurs lorsque la réserve
sites. tourbe de 400 cm3 (1.0G, 2.0G ou utile augmente. Cette différence est
La liste des espèces testées par site 1+1G suivant les essences). cependant peu marquée pour les
est récapitulée dans le tableau 3. pins laricio.
Le suivi des arboreta a consisté à
L’arboretum de comportement de relever régulièrement l’état sanitaire Des résineux en tête
Chizé est implanté sur 3 parcelles des plants et leur croissance en hau- Le cyprès de Leyland donne les
sous forme de 3 dispositifs. teur. Les dernières mesures ont été meilleurs résultats en termes de sur-
Les plants utilisés ont été élevés en réalisées en 2003, avant de dresser vie et de croissance. Il est suivi par
godets de tourbe de 400 cm3 (1.0G, le bilan. les pins noirs (laricio de Corse et
1+1G, 2.0G ou 2+1G suivant les Calabre, noirs d’Autriche) qui affi-
essences) sauf les hêtres, chênes et Comportement des essences chent une très bonne reprise mais
les alisiers blancs plantés à racines à Chizé : quelques essences une croissance légèrement plus fai-
nues. Le chêne chevelu a été planté sortent du lot ble que le cyprès de Leyland. Le pin
selon 2 techniques : racine nue et sylvestre et le calocèdre ont des
godet de 400 cm3. Voir les figure n° 2. En 2003, les niveaux de croissance analogues
plants sont âgés de 9-10 ans sauf les aux pins noirs mais un taux de survie
légèrement inférieur.
Parcelle 175 268 269
Les autres résineux donnent des
Mars 93 (tranche 1) croissances nettement plus faibles
Hiver 93-94 (tranche 2)
Dates de plantation Hiver 93-94 (tranche 2)
Hiver 97-98 (tranche 3)*
Hiver 97-98 (tranche 3) avec des taux de survie variables.
Les sapins se caractérisent notam-
Surface du dispositif 4,5 ha 9 ha 11,5 ha ment par des taux de reprise cor-
Nombre de blocs 3 3 4
rects mais des croissances très fai-
bles.
Taille des placeaux de
11 ares 11 ares 17,5 ares
traitement
Puis viennent quelques feuillus
Placette de mesure 40 plants 40 plants 40 plants Si les taux de survie sont en
Caractéristiques Faible réserve utile Réserve utile moyenne Réserve utile moyenne moyenne équivalents pour les
« stationnelles » Précédent Pin sylvestre Précédent hêtre Précédent hêtre 2 groupes d’essences, les croissan-
*dans les parcelles 175 et 268, la 3e tranche correspond à une nouvelle plantation suite à
ces des feuillus sont sensiblement
l’échec de la plantation des hêtres (prov. Chizé) de la 1e tranche. plus faibles que pour les résineux.
Toutefois, les performances du meri-
Tab. 1 : caractéristiques de l’arboretum de Chizé sier sont équivalentes à celles des
pins noirs. Parmi les feuillus, c’est
Sites Pays de Monts Noirmoutier Oléron l’essence qui donne les meilleurs
résultats. Les alisiers blanc et tormi-
Janvier 1991 (tranche 1)
Dates de plantation Décembre 1990 Décembre 1991 Janvier 1992 (tranche 2) nal ainsi que le frêne à fleur ont de
Automne 97 (tranche 3)* bons taux de survie et une crois-
sance encore acceptable en particu-
Surface du dispositif 4 ha 3 ha 18 ha
Sables calcaires
X. Mandret, ONF
Tab. 3 : liste des essences testées dans les différents arboreta (les chiffres indiquent la tranche de plantation)
lier sur station à réserve utile Les autres feuillus sont par contre en sente des croissances faibles et une
moyenne. Ces résultats confirment difficulté. Cela se traduit par de for- forte mortalité, atteignant jusqu’à
les observations réalisées sur la forêt tes mortalités et/ou par une crois- 100 % dans 2 parcelles. Les chênes
de Chizé où le bon comportement sance très ralentie, avec de fréquen- ne sont guère meilleurs. Si le taux de
des fruitiers avait déjà été relevé. tes descentes de cime. survie est légèrement plus élevé, la
Le cormier se classe également Le comportement du hêtre, essence croissance reste faible. L’utilisation
parmi les essences potentiellement de référence à Chizé, est décevant de plants à racines nues pour ces
intéressantes. quelle que soit la provenance. Il pré- 2 essences a pu aussi accentuer le
59
599 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
en cm/an
-5
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
Pin d'Alep - 175
Pin d'Alep - 175
Pin Laricio de Calabre - 175
Pin Laricio de Calabre - 175
Pin Laricio de Calabre - 268
Pin Laricio de Calabre - 268
Pin Laricio de Corse - 175
Pin Laricio de Corse - 175
Pin Laricio de Corse - 268
Pin Laricio de Corse - 268
Pin noir d'Autriche - 175
Pin noir d'Autriche - 175
Pin Sylvestre - 269
Pin Sylvestre - 269
6600
60
Hêtre Chizé - 268
Hêtre Chizé - 268
Chêne chevelu - 269
Chêne chevelu - 269
Fig. 2 : performances sur l’arboretum de chizé ; accroissement annuel moyen entre la plantation et 2003 (en haut)
40
R ob. O Groupe 2
35
C. ma c r o M
Groupe 1
30
P. lar . Cor s M
P. ha lep. O
C. s emp. M
25 P. mar . M
C. a r iz . M
P. lar . Cor s O
P. pinea M P. br ut. O
20
P. pinea O
P. ma r Ca b N Groupe 4
15 C. atl. O 1
P. la r Ca l. O
P. pinea N
C. a tl M
C. mac ro O
P. ma r ta mj N
10 C. a tl O 2 P.ma r. tamr N
C. a riz O
Groupe 3
A . c ep. Gr ec O
C. lib O 3
5 C.semp. O
A. pins.O
F.ang.O A.cep.gorn.O
A.cep.M S.dom.O
A.plat.M A.cep.Main O
F.ornus N
Celt.aust N
A.plat O Gled O 1 Q.pub.O F.ang N
0
Celt.aust O Q.pub.N
0 O.carp.O 20 40 60 80 100
% d e s u rv ie
T.cord.N
-5
-1 0
A . c epha lonic a ( Ma in.) O A . c epha lonic a ( Gor n.) O A . c epha lonic a ( Gr èc .) O Cedr us atla ntic a O ( tr 1 )
Gledits ia tr ia c anthos O pl I A c er pla tanoides O Fr a x inus a ngus tif olia O Querc us pubes c ens O
S or bus domes tic a O Os tr y a c a rpinif olia O R obinia ps eudoac a c ia O Celtis aus tr alis O
Cedr us a tlantic a O ( tr 2) A bies pins a po O Cedrus liba ni O ( tr 3) Pinus pina s ter ( Ta mj.) N
Fr a x inus a ngus tif olia N Fra x inus or nus N Quer c us pubes c ens N Cedr us atla ntic a M
Cupr es s us a r iz onic a M Cupres s us s emperv ir ens M Cupres s us ma c roc a rpa M Pinus la ric io v a r c or s ic a na M
Fig. 3 : performances des essences testées dans les 3 arboreta du littoral en fonction de l’accroissement en
hauteur annuel moyen depuis la plantation et du taux de survie
61
611
61 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
« basse » de cette classe. à explorer.
Groupe 3, essences très peu On retrouve dans ces tests quelques
vigoureuses à croissance très faible tendances qui avaient déjà été
et forte mortalité : le micocoulier, le observées à savoir :
cormier, le tilleul, le févier - de moins bonnes performances
d’Amérique, le charme houblon, des essences feuillues par rapport
l’érable plane. aux résineux ;
Verger, ONF
Groupe 4, essences ayant des - d’importantes variations de com-
croissances faibles à moyennes avec portement selon les sites et les pro-
des taux de survie moyens : frênes, venances : c’est particulièrement
Sapin de Céphalonie (15 ans) à chêne pubescent, sapins, cyprès, net lorsque l’on compare les 3 arbo-
Oléron, avec recru vigoureux de cèdres, pin maritime, pin laricio de reta du littoral.
pin maritime et chêne vert Calabre. Les performances du cèdre de
l’Atlas, des cyprès et du sapin de
NB : l’aulne de Corse n’a pas sur- Céphalonie sont décevantes dans
vécu à Oléron comme à Monts. Il nos arboreta par rapport aux obser-
n’est donc pas représenté dans le vations faites en milieu méditerra-
graphique. néen. Dans le cas du sapin de
Céphalonie, les recommandations
Il est difficile de tirer des conclusions d’utilisation au dessus de 400 m
sur chacune des essences dans la n’ont cependant pas été suivies, ce
mesure où : qui peut expliquer cet échec. Sa
les résultats sont rarement com- sensibilité aux gelées printanières et
parables d’un site d’essai à un autre sa croissance lente sont reconnues
Verger, ONF
63
633
63 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
Sensibilité des écosystèmes forestiers
au climat : ce que Renécofor nous a appris
A
u début des années nisme climatique des variations ment présentent une variation rela-
1990, le « Réseau interannuelles de croissance ont été tive de croissance d’au moins 10 %
national de suivi à long entreprises sur une partie des chê- par rapport à l’année précédente.
terme des écosystèmes forestiers » naies, des hêtraies, des pessières et La part de la variation des largeurs
(Renécofor) a été mis en place par sapinières du réseau. Cet article pré- de cernes non liée au climat (qui cor-
l’Office National des Forêts. En sente la synthèse des analyses respond au « bruit » indésirable)
1997, une étude dendrochronologi- menées sur 41 des 102 peuple- est ensuite éliminée à l’aide de pro-
que, associant mesures et datation ments. Ces sites retenus correspon- grammes mathématiques spécifi-
des cernes d’accroissement dent à 5 espèces et couvrent une ques. Dans une dernière étape, les
annuels, a été entreprise afin de vaste gamme de conditions pédo- séries d’indices obtenus sont
caractériser l’histoire des 102 peu- climatiques (figure 1 et tableau 1). moyennées par date de façon à
plements avant l’installation du Les objectifs sont de définir les prin- obtenir les chronologies moyennes
réseau. Dans le contexte du réchauf- cipaux paramètres climatiques de chaque peuplement. C’est à par-
fement climatique et notamment modulant la croissance radiale pour tir de ces courbes moyennes que les
des effets potentiels des vagues de chaque essence, de mettre en évi- relations cerne - climat sont analy-
chaleur observées récemment, la dence les effets des conditions loca- sées. Divers paramètres statistiques
question de la sensibilité des essen- les sur la sensibilité au climat et de sont calculés afin de juger de la qua-
ces et de leur adaptation en comparer la réponse entre espèces. lité et de la force du signal climati-
réponse à ces modifications envi- que contenu dans les cernes.
ronnementales est devenue une Aperçu méthodologique
question majeure de la commu- La contrainte hydrique a été quan-
nauté forestière internationale. Une Les 1 220 arbres concernés ont été tifiée en durée et en intensité par
meilleure connaissance des seuils carottés à cœur à 1,30 m (26 à 30 un modèle de bilan hydrique jour-
de réponse des espèces au climat « arbres par site ; 99 205 cernes). Les nalier. Après paramétrage précis
moyen » mais également aux extrê- carottes ont été mesurées, puis des données stationnelles (réserve
mes, en liaison avec les conditions interdatées à l’aide d’années carac- utile maximale en eau du sol,
locales de croissance, devrait per- téristiques de façon à s’assurer du indice de surface foliaire, durée de
mettre de guider le gestionnaire bon synchronisme des séries de cer- la saison de végétation) et l’inté-
dans les futurs choix des espèces à nes. Ces années reflètent générale- gration des données climatiques
favoriser selon les contextes locaux. ment l’effet de conditions climati- journalières relatives aux condi-
Afin d’apporter des éléments de ques extrêmes et correspondent tions météorologiques de chaque
réponse à ces questions, des analy- aux années pour lesquelles au peuplement (issues du réseau
ses visant à expliquer le détermi- moins 75 % des arbres du peuple- Météo France), le modèle simule
40-60 jours
61-80 jours
81-100 jours
>100 jours
65
655
65 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
croissances remarquables. Des (figure 2). Par rapport aux chênaies, d’écophysiologie qui montrent
sécheresses exceptionnelles ou les années sèches se sont traduites que la distinction physiologique
des froids hivernaux intenses sont par des réductions supérieures de des deux espèces est réelle mais
les facteurs les plus souvent en près de 40 % dans les hêtraies et n’apparaît évidente que dans le
cause dans ces comportements l’année humide par un cerne plus cas de déficits hydriques impor-
particuliers. large d’environ 10 %. Les travaux tants et prolongés. Les différences
Les hivers très rigoureux 1955-1956 d’écophysiologie menés depuis les quant à la structure des vaisseaux
et 1985-1986 (hivers les plus froids dernières années permettent d’ap- et des cernes et aux propriétés
sur l’ensemble de la période étu- porter des éléments explicatifs en hydrauliques expliquent, en partie,
diée) se sont traduits par des liaison avec les différences d’anato- ces comportements différents.
réductions fortes de croissance mie du bois, de phénologie et de D’autres évènements ont marqué
dans la majorité des peuplements régulation du flux transpiratoire. Il également les peuplements
de résineux (en moyenne -37 %), est également important de souli- comme, par exemple, les sécheres-
et pour la moitié des chênaies pour gner que les hêtraies étudiées pré- ses de 1962 pour les résineux et les
l’hiver 1955-1956 (-27 %). Ces sentent globalement des conditions chênes, de 1991 pour les sapinières
réductions sont associées aux tem- stationnelles et climatiques moins et de 1973 pour les pessières. À
pératures minimales extrêmes de favorables que les chênaies les ren- l’opposé les années « humides »
février qui ont présenté des valeurs dant ainsi plus sensibles aux aléas. 1977, 1969, 1955 ont coïncidé avec
moyennes plus basses de 7 à 12 Ainsi, pour le hêtre, la sensibilité aux des fortes croissances pour le sapin,
°C par rapport à la normale. Pour conditions météorologiques 1955 et 1963 pour l’épicéa, 1982 et
ces deux années froides, la réduc- annuelles dépend très étroitement 1994 pour les chênes (sessiles).
tion de croissance a été supérieure de la réserve utile maximale en eau
d’en moyenne 60 % dans les sapi- du sol. La sensibilité est maximale Réponse aux conditions
nières par rapport aux pessières sous le seuil de 100 mm. moyennes
confirmant la plus grande sensibi-
lité du sapin au gel intense. Concernant les deux chênes, il Les modèles climatiques expli-
Les chênaies et les hêtraies ont réagi n’est pas apparu d’années caracté- quent entre 10 et 60 % des varia-
fortement en 1976, 1989 et 1958. Les ristiques spécifiques à chaque tions interannuelles des largeurs
années 1976 et 1989, qui correspon- espèce, mais les variations de de cernes et prennent en compte
dent à des croissances réduites, se croissance ont été plus prononcées entre 2 et 8 paramètres. Pour tou-
sont caractérisées par des sécheres- dans le cas des chênes pédoncu- tes les essences, le bilan hydrique
ses au moins deux fois supérieures à lés. Ceci est cohérent avec les joue un rôle central dans le déter-
la normale en durée et/ou intensité. résultats d’autres travaux utilisant minisme de ces variations alors
En revanche, l’année de forte crois- la même approche dendroécologi- que l’effet direct des températures
sance 1958 est l’expression d’un que. Ils coïncident également avec est moins fréquent (tableau 1 et
stress hydrique modéré voire nul les résultats récents des travaux figure 3).
180
Is : 29 a b s e n ce d e
160
ré g u l a ti o n
14 octobre
140
26 juillet
s to m a ti q u e
120
100
80
5 juin
ré g u l a ti o n
29 octobre
60
n: 147 jours s to m a ti q u e n: 0 jour
40
Is : 94 Is : 0
20 V ariation de crois . : -26,1% V ariation de crois . : +25,8%
0
0 40 80 120 160 200 240 280 320 360 0 40 80 120 160 200 240 280 320 360
Fig. 2 : évolution (trait gras) de la réserve utile en eau du sol pour l'année sèche 1976 et l'année humide 1958 dans
la chênaie sessiliflore de la forêt domaniale de Bercé (72)
Les dates de début et de fin de la sécheresse sont indiquées, ainsi que les deux valeurs des indices de stress : n = nombre moyen de jours de sécheresse, Is = indice
moyen de déficit hydrique. Le trait fin indique l'évolution moyenne de la réserve en eau (1961-1990) avec, en italiques, les conditions moyennes . Le trait en pointillé
indique le seuil de 40% de la réserve à partir duquel il y a régulation stomatique (diminution de la transpiration et de la croissance).
67
677
67 RDV techniques n° 15 - hiver 2007 - ONF
souvent observés (effets positifs
1,4 des températures clémentes).
Sapin pectiné (05) - Bois initial Même s’il est impossible de pré-
1,3
lc = -0,0039 (ls)+1,153 dire avec certitude la dynamique
1,2 r2 = 40% future des écosystèmes forestiers
1,1 dans le cadre du réchauffement cli-
matique et l’augmentation envisa-
1 gée de la fréquence et de l’inten-
sité des sécheresses, il apparaît
0,9
cependant très important de bien
0,8 considérer dès maintenant le choix
des essences et l’adéquation avec
0,7 les stations pour minimiser les ris-
ques de dysfonctionnement futur.
0,6 Un réchauffement hivernal notable
0 10 20 30 40 50 60 70 80 ainsi que des modifications des
Indice de sécheresse (s) d'août à octobre de l'année (n-1) périodes d’apparition des épiso-
des chauds et secs pourraient donc
avoir des conséquences très diffé-
8
rentes selon les essences. Pour le
6
Chêne pédonculé (18) - Cerne complet hêtre, par exemple, un seuil de
lc = 0,1554 (ls)+1,5877 100 mm de réserve utile corres-
4 r2 = 27% pond à un niveau de forte sensibi-
lité aux aléas. Cependant, cette
2 essence a toujours été capable de
« récupérer » même sur des sta-
0
tions limites. Cela ne signifie pas
que dans les années futures de
-2
nouveaux comportements (dépé-
rissements ?) apparaissent suite à
-4
des dépassements de « seuils phy-
siologiques » non observés
-6
jusqu’à présent. Ainsi, un suivi pré-
0 5 10 15 20 25
cis des effets des canicules de juil-
Indice de sécheresse (ls) d'août let 2003 et d’août 2006 devrait
apporter des nouveaux éléments
quant à la résistance réelle de
15 cette essence à de tels évène-
Hêtre (21) - Cerne complet ments. Il est évident que le même
suivi doit être entrepris pour les
10 lc = -0,3906 (ls) + 3,3526 autres essences, et que le praticien
r2 = 36% doit être, plus que jamais, à
5 « l’écoute de sa forêt ».
François Lebourgeois,
0 UMR LERFOB-INRA-ENGREF Nancy,
lebourgeois@engref.fr