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Article original
I N F O A R T I C L E R É S U M É
Historique de l’article : On parle de plus en plus de qualité de vie au travail (QVT) comme
Reçu le 4 décembre 2017 approche alternative ou complémentaire à celle des risques
Reçu sous la forme révisée le 7 février 2019 psychosociaux. Cependant, le flou du concept de QVT est peu
Accepté le 8 février 2019
propice à son utilisation pour la prévention de l’épuisement
professionnel. Cet article présente un modèle théorique permet-
Mots clés : tant une définition opérationnelle de la QVT de même que
Qualité de vie au travail
l’instrument qui en découle : l’Inventaire systémique de qualité de
Épuisement
Approche des systèmes de contrôle
vie au travail. Les résultats obtenus dans un échantillon de
travailleurs communautaires, révèlent que, lorsque le score global
de QVT se situe sous le 25e centile (population de référence de
3500 travailleurs), le risque d’épuisement émotionnel est 4,06 fois
plus élevé et celui du désengagement 5,86 fois plus élevé.
C 2019 AIPTLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits
réservés.
A B S T R A C T
Keywords: More and more often quality of life at work (QWL) is considered as
Quality of life at work an alternative or a complementary approach to that of psycho-
Burnout social risks. However, the vagueness surrounding the concept of
System control approach
QWL is not conducive to its use for prevention of burnout. This
article presents a theoretical model for an operational definition of
QWL as well as the resulting instrument: the Quality of Work life
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : dupuis.gilles@uqam.ca (G. Dupuis).
https://doi.org/10.1016/j.pto.2019.02.003
1420-2530/
C 2019 AIPTLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
G. Dupuis et al. / Psychologie du travail et des organisations 25 (2019) 100–115 101
1. Introduction
Les problèmes de santé mentale au travail sont une préoccupation importante en santé et sécurité
du travail. En effet, dès 2008, en France, l’Accord national interprofessionnel sur le stress au travail
était signé et faisait l’objet d’un arrêté ministériel en 2009. Son objectif est de dépister le stress au
travail dans une perspective, entre autres, de prévention. Dans cet accord, on retrouve quelques
facteurs de stress à considérer : l’organisation et les processus de travail, les conditions et
l’environnement du travail, la communication et un certain nombre d’autres facteurs subjectifs. C’est
aussi en 2008 qu’est paru le Rapport sur la mesure et le suivi des risques psychosociaux au travail
(Nasse & Légeron, 2008), rapport qui sans définir les risques psychosociaux (RPS) traite de facteurs
comme le stress au travail, harcèlement, violences, etc. Ce n’est cependant qu’en 2011 qu’on définit
plus précisément les RPS : « Les risques psychosociaux seront définis comme les risques pour la santé
mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et
relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental » (Gollac & Bodier, 2011, page 31).
En 2018, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) publie un dossier sur les RPS et on y
inclut les situations suivantes : « du stress : déséquilibre entre la perception qu’une personne a des
contraintes de son environnement de travail et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y
faire face ; des violences internes commises au sein de l’entreprise par des salariés : harcèlement moral
ou sexuel, conflits exacerbés entre des personnes ou entre des équipes ; des violences externes
commises sur des salariés par des personnes externes à l’entreprise (insultes, menaces, agressions. . .) »
(page 1).
En 2013 apparaissait la publication d’un Accord interprofessionnel sur la qualité de vie au travail
(QVT). Dans cet accord, on mentionne que la QVT « regroupe sous un même intitulé les actions qui
permettent de concilier à la fois l’amélioration des conditions de travail pour les salariés et la
performance globale des entreprises. . . » (page 25).
Depuis quelques années, on voit le discours changer et passer RPS à la QVT (Levet, 2013). Par
ailleurs, Grosjean et Guyot (2016) soulignent, dans leur article « Bien-être et qualité de vie au travail,
risques psychosociaux : de quoi parle-t-on ? » l’importance de considérer les approches QVT et RPS
comme complémentaires et non rivales. Cependant, si l’approche RPS semble mieux définie, il n’en va
pas ainsi de la QVT. Dans leur article, Dupuis et De Grandi (2016) soulignent les pièges et les dangers de
demeurer dans un certain flou qui ne permet pas de bien cerner ce qu’est la QVT.
De plus, il existe une multitude de définitions de la QVT qu’il serait trop long de décrire ici (voir
Martel & Dupuis, 2006). Il importe cependant de mentionner la définition de la QVT avancée par
l’Accord national interprofessionnel (2013) :
Dupuis et De Grandi (2016) critiquent cette définition sur plusieurs points dont entre autres :
l’utilisation du concept de bien-être pour définir le concept de QVT (à quoi sert le concept de QVT si
on utilise le concept de bien-être pour le définir) ;
la description des conditions qui favorisent la QVT ne constitue pas en soi une définition de la QVT.
Ils proposent la définition de Martel et Dupuis (2006) qui n’emprunte rien à d’autres concepts
(satisfaction, bien-être, etc.), et qui est basée sur un modèle ayant servi d’assise à l’élaboration d’un
instrument de mesure de la QVT (Inventaire systémique de qualité de vie au travail ISQVT
C ;
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celle de Bragard, Dupuis, Razavi, Reynaert, et Etienne (2012) soutiennent l’hypothèse que la mesure de
la QVT à partir de l’écart entre une situation idéale et l’état actuel en tenant compte de la vitesse de
déplacement (rapprochement ou éloignement) par rapport à l’objectif soit associée à la mesure de la
présence de problèmes de santé psychologiques. Le modèle de Dupuis et al. (1989) se situe dans la
même perspective que l’approche développée par Carver et Scheier (1982). Elle ajoute cependant un
instrument qui permet d’opérationnaliser la mesure des différents éléments impliqués dans l’auto
régulation (c’est-à-dire l’écart situation actuel – but visé, vitesse d’amélioration ou de détérioration et
importance relative des domaines de vie).
La définition de la QVT selon Martel et Dupuis (2006) est la suivante :
La qualité de vie au travail, à un temps donné, correspond au niveau atteint par l’individu dans la
poursuite dynamique de ses buts hiérarchisés à l’intérieur des domaines de son travail où la
réduction de l’écart séparant l’individu de ses objectifs se traduit par un impact positif sur la qualité
de vie générale de l’individu, sur la performance organisationnelle et, par conséquent, sur le
fonctionnement global de la société. (Page 355)
Cette définition place la notion de QVT dans la perspective de la définition de la qualité de vie de
l’OMS en faisant de l’atteinte des objectifs de vie au travail l’élément central de la mesure de la QVT :
« la perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du
système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses
inquiétudes. » (Organisation mondiale de la santé, 2001)
Une des caractéristiques du modèle proposé, comparativement à d’autres modèles spécifiques à la
QVT, est qu’il permet de générer à la fois une mesure de la QV (Dupuis et al., 1989) générale
personnelle et une mesure de la QVT (Martel & Dupuis, 2006), ce qui peut être utile à l’évaluation, par
exemple, de l’impact de problèmes de QVT sur la QV générale personnelle.
Si on regarde du côté des modèles des risques psychosociaux et de l’épuisement professionnel, au
nombre des plus connus, on retrouve celui de Karasek et Theorell (1990), de Siegrist (1996), de
Maslach et Leiter (1997) et de Demerouti, Bakker, Nachreiner, et Schaufeli (2001). D’autres modèles,
tels que l’approche ajustement personne-environnement (Dawis, 1992) et le modèle de conservation
des ressources (Hobfoll, 1989) sont particulièrement pertinents concernant la satisfaction au travail et
l’épuisement professionnel. L’épuisement professionnel provient notamment d’un sentiment
d’incapacité à répondre aux stresseurs quotidiens lié à l’épuisement des ressources personnelles
d’un individu (Wright & Hobfoll, 2004). Ces ressources y sont définies comme tous les moyens, les
caractéristiques, les états, et l’énergie dont un individu dispose pour affronter les stresseurs de sa vie
(Hobfoll, 1989). Par ailleurs, l’examen de ces différents modèles permet d’identifier une sorte de
mécanisme sous-jacent : le déséquilibre entre des demandes et des ressources, que ces demandes ou
ressources soient personnelles ou organisationnelles. Derrière ce déséquilibre, il y a la notion de
contrôle telle que définie plus haut : est-ce que mes comportements me permettent d’atteindre mes
objectifs ou non ? Si non, est-ce est à cause d’objectifs trop élevés (que je me fixe ou que l’on m’impose)
ou d’un manque de ressources (personnelles ou organisationnelles ou les deux) ou encore de
l’interaction entre les deux ?
Les professionnels de la santé et les travailleurs communautaires sont soumis à des sources variées
de stress, ce qui en fait une population où la prévalence des problèmes d’épuisement professionnel et
de détresse psychologique est particulièrement élevée. Lloyd, King, et Chenoweth (2002) soulignaient
ce fait et mentionnaient qu’au nombre des sources de stress, on retrouvait : la nature même des
interactions avec la clientèle et surtout les tensions entre le cadre conceptuel de l’intervention et les
demandes du terrain, d’une part, et l’organisation de l’environnement de travail, d’autre part. Plus
récemment, Morse, Salyers, Rollins, Monroe-DeVita, et Pfahler (2012), dans une revue systématique
portant sur l’épuisement chez les professionnels de la santé, mentionnaient des prévalences
d’épuisement allant de 21 à 67 %, selon le type de professionnels (ex : infirmières, travailleurs sociaux,
etc.) et que les travailleurs sociaux représentaient le groupe ayant les prévalences les plus élevées. On
y mentionne aussi la forte association entre l’épuisement, la détresse psychologique, la dépression,
l’anxiété, des troubles de sommeil et de mémoire, ainsi que la présence plus marquée de douleurs au
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cou et au dos. Dans une étude longitudinale de trois ans chez des travailleurs sociaux, Kim, Ji, et Kao
(2011), révèlent que la présence d’un niveau plus élevé d’épuisement en début d’étude est prédicteur
d’un niveau plus élevé de problèmes physiques trois ans plus tard, mais est aussi associé à une
détérioration de la santé physique dès la première année de l’étude.
Enfin, dans une étude portant sur la qualité de vie au travail et les pratiques personnelles pour
prendre soin de soi (self-care practice), Bloomquist, Wood, Friedmeyer-Trainor, et Kim (2015)
mentionnent que peu d’actions sont prises pour enseigner ces pratiques afin de réduire le stress et
améliorer la QVT. La QVT y est définie comme la qualité de ce que la personne ressent par rapport à son
travail de relation d’aide. La QVT y était mesurée par le ProQOL-5, (Stamm, 2005, 2015) qui est un outil
couramment utilisé. Cet instrument couvre 2 dimensions : la satisfaction provenant de la compassion
envers autrui et la fatigue de compassion qui se subdivise en deux : l’épuisement ainsi que le stress
post-traumatique secondaire (c’est-à-dire vécu par une personne en aidant une autre ayant vécu un
stress post-traumatique). Comme il est souligné plus tôt, ici encore, la QVT est définie et mesurée par
des construits avoisinants tels que la satisfaction et l’épuisement, ce qui ne contribue aucunement à la
spécificité du concept de QVT.
L’objectif du présent article est de déterminer, au sein d’un échantillon de travailleurs
communautaires, si le score global de QVT tel que mesuré par l’ISQVT est associé à l’épuisement
professionnel (épuisement émotionnel et désengagement) et si oui, quels sont les domaines de vie au
travail les plus susceptibles d’être associés à cet épuisement. Cette seconde analyse permettra de
cibler les domaines de vie susceptibles d’être les plus fortement associés à l’épuisement professionnel.
Le lien entre le score global de QVT et la dépression, l’anxiété et l’agressivité sera aussi évalué dans une
analyse secondaire.
La première hypothèse est qu’un score global de QVT situé sous le 25e centile (donc faible score
global de qualité de vie au travail) sera associé à un risque élevé d’épuisement émotionnel (score > 18)
et de désengagement (score > 18) comparativement à un score global au-dessus du 25e centile. La
seconde hypothèse est que les participants avec un score élevé d’épuisement émotionnel ou de
désengagement présenteront des scores de QVT (score de QV basé sur l’écart entre la situation actuelle
et le but visé) plus bas pour un certain nombre des items de l’ISQVT. Il nous est cependant impossible
de prédire quels seront les items les plus fortement associés à l’épuisement et au désengagement.
Enfin, la dernière hypothèse prédit que selon le modèle, un score de QVT faible sera associé à un plus
haut niveau de symptômes de dépression, d’anxiété et d’agressivité.
2. Méthodologie
2.1. Participants
2.2. Questionnaires
2.2.1. Qualité de vie au travail : l’Inventaire Systémique de la Qualité de Vie au Travail (ISQVT)
L’ISQVT est un outil de mesure disponible en ligne (http://qualitedevie.lepsyq.ca/fr), dans un
format visuel et interactif. Une description complète de l’inventaire est disponible dans Dupuis et De
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Grandi (2016), et dans Dupuis, Bragard, Martel, Lachance, et Perrault (2012). Il comporte 34 questions,
regroupées en huit sphères différentes, soit la rémunération (a de Cronbach de l’échantillon de
validation = 0,57), le cheminement professionnel (0,57), l’horaire de travail (0,60), le climat avec les
collègues (0,62), le climat avec les supérieurs (0,73), les caractéristiques de l’environnement (0,73), les
facteurs qui influencent l’appréciation de la tâche (0,66) et le soutien offert à l’employé (0,82). La
corrélation test-retest est de 0,84 et la cohérence interne globale est de 0,87 (Dupuis et al., 2012).
Durant le test, les participants doivent indiquer à l’aide de flèches, sur un cadran, la distance
qu’ils perçoivent entre leur état actuel et une situation idéale, et aussi la distance entre leur
objectif personnel et cette situation idéale. L’écart entre l’état et le but est ensuite pondéré par la
dynamique de poursuite des buts, c’est-à-dire la vitesse de rapprochement ou d’éloignement et
par l’importance de chaque domaine de vie au travail. La Fig. 2 illustre la façon dont l’écart et la
vitesse sont mesurées. Une fois les 34 domaines ainsi évalués, vient ensuite une échelle de Likert
qui permet de les hiérarchiser selon leur importance : essentiel, très important, important,
moyennement important, peu ou pas important. Les scores de l’écart varient de 0–100 pour
chacun des items et le score global de QVT représente la moyenne des 34 items. C’est ce score de
QVT qui sera utilisé dans les analyses statistiques du présent article. Cependant, dans une
perspective d’intervention, d’autres scores peuvent être utilisés (voir la section Discussion). Ainsi,
le score de but permet de connaı̂tre le niveau des objectifs que se fixe la personne : s’il est trop bas,
cela peut signifier une certaine résignation et s’il est trop haut, des objectifs irréalistes. Le score de
rang d’importance permet de mesurer le degré d’importance accordé à chaque item : s’il est trop
bas, cela peut indiquer un désinvestissement et s’il est trop haut, une difficulté à bien hiérarchiser
les domaines de vie au travail. Enfin, le score de vitesse fournit une indication de la dynamique
d’amélioration ou de détérioration de la situation.
Les scores bruts de QVT sont mis en rangs centiles au sein d’une base de données de
3500 travailleurs. En fonction des scores, les résultats peuvent se retrouver dans trois zones distinctes,
soit la zone de bonne qualité de vie (50e centile et plus), la zone d’amélioration souhaitable (entre 49e
et 25e) et la zone problématique (24e et moins). En fonction de ces résultats, l’organisation a à sa
disposition, pour établir un plan d’amélioration de la QVT, un diagnostic ciblant les domaines de vie
qui vont bien et ceux pour lesquels une intervention serait requise (notamment les domaines sous le
25e centile).
Pour la première hypothèse, deux analyses de régressions logistiques ont été complétées afin
d’évaluer la relation entre le score global de QVT et l’épuisement émotionnel, puis le désengagement.
La variable indépendante dans les deux analyses est d’avoir ou non un score global de QVT sous le 25e
percentile dans l’ISQVT, donc être considéré dans la zone problématique. Les variables dépendantes
sont l’épuisement émotionnel et le désengagement avec un point de césure de 18 ou plus pour
signifier la présence de problèmes (Chevrier, 2009).
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Fig. 2. Exemple d’un item de l’Inventaire systémique de qualité de vie au travail.
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Par la suite, considérant la non normalité des scores de QVT, des tests non paramétriques (Mann–
Whitney) de comparaisons de moyennes ont été faits afin de vérifier sur quels items de l’ISQVT parmi
les 34, les groupes avec ou sans épuisement professionnel différaient. Les moyennes et les écart-types
de chaque groupe sont présentées. Les valeurs alpha (les p observés) et les tailles d’effets converties en
coefficient r et en rapport de risques sont aussi présentées. Les valeurs de p sont présentées sans
correction pour les comparaisons multiples. Cependant, à cause du grand nombre de comparaisons,
les valeurs de p < 0,05 sont considérées avec prudence comme suggérant une association possible,
celle à p < 0,01 comme suggérant une certaine évidence d’association et celles à p < 0.001 comme
suggérant une évidence plus forte d’association (Lindquist et al., 2003).
En analyses secondaires, des tests non paramétriques (Mann–Whitney) de comparaisons de
moyennes ont été effectués pour vérifier le lien entre les scores de dépression, d’anxiété et d’agressivité,
d’une part, et le fait d’être ou non sous le 25e centile pour le score de QVT global, d’autre part.
3. Résultats
La majorité des travailleurs étaient âgés de moins de 35 ans (71 %), de sexe féminin (76,8 %) et
possédaient un salaire annuel de moins de 30 000 $ (65,2 %). La grande majorité avait moins de 5 ans
d’expérience en fonction (85,7 %) et près de la moitié avait 16 ans et plus de scolarité (49,3 %). Presque
tous (91,3 %) occupaient un poste d’intervention et la majorité travaillait plus de 35 heures par
semaine (77 %).
Sur les 172 participants ayant complété le questionnaire sociodémographique, 88 ont complété
tous les questionnaires. La seule différence significative entre les deux groupes est l’âge. Les
répondants étaient en moyenne plus jeunes (31,26 ans, écart-type de 8,67) que les non-répondants
(35,56 ans, écart-type de 8,78).
La prévalence de l’épuisement émotionnel est de 42 % et celle du désengagement de 24 %. Au niveau
de la QVT globale, 13,4 % des participants ont un score inférieur au 25e centile.
Les résultats de l’analyse de régression logistique montrent que les individus qui ont un score
global de QVT inférieur au 25e centile présentent 4,06 fois plus de risque (IC : 1,37–12,045, p = 0,011,
taille d’effet r1 = 0,36) d’éprouver de l’épuisement émotionnel et 5,86 fois plus de risque de
désengagement (IC : 1,93–17,73, p = 0,002, taille d’effet r = 0,44).
Différences entre les groupes avec ou sans épuisement professionnel, sur les items de l’ISQVT.
Le Tableau 1 présente les moyennes et écart-types du score de QVT de chaque item, pour chaque
groupe ainsi que la valeur Z issue de la comparaison des groupes pour avec le test Mann–Whitney.
Cette valeur a été transformée en r (transformation de Fisher) puis en rapport de risque, afin d’avoir
une appréciation des tailles d’effets de chaque comparaison. Par souci d’espace, seules les valeurs de
p 0,05 sur l’une ou l’autre des échelles d’épuisement professionnel ont été présentées. Pour rappel,
une petite taille d’effet équivaut à un r de 0,10 ou un rapport de risque de 1,49, une taille d’effet
moyenne à un r de 0,30 et un rapport de risque de 3,45 et enfin, une grande taille à un r de 0,5 et un
rapport de risque de 9 (Wuensch, 2015).
Les deux items s’avérant les plus fortement associés à l’épuisement émotionnel sont la flexibilité de
l’horaire (r = 0,34) et la charge émotive (r = 0,29). Viennent ensuite la relation avec la direction
(r = 0,25), les commentaires et évaluations (r = 0,22), le temps pour l’exécution des tâches (r = 0,23) et
le lieu de travail (r = 0,21). Pour ces items, on voit que les moyennes des scores du groupe avec
épuisement émotionnel sont plus élevées (donc moins bonne QVT) que pour ceux sans épuisement
émotionnel. Si du côté de l’épuisement émotionnel, on retrouve six domaines où il y a des différences
significatives, du côté du désengagement, 11 domaines révèlent des différences significatives entre les
1
La transformation des rapports de risque en coefficient de corrélation a été faite à partir de http://www.stat-help.com/
spreadsheets.html, de Jamie De Coster, 2012.
Tableau 1
Moyennes et écarts-type des items de QVT, valeurs Z (Mann–Whitney), tailles d’effet (r) et rapports de risque en fonction de l’absence ou la présence d’épuisement et de désengagement.
109
110
Tableau 1 (Suite )
Note : par souci de parcimonie, seuls les items ayant un p < 0,05 sur au moins une des deux échelles sont présentés.
La variation du nombre de sujets selon les items est lié au nombre de participants ayant répondu aux items.
a
Définit l’absence ou la présence d’épuisement et de désengagement. La présence équivaut à un score 18 dans l’OLBI pour l’épuisement et le désengagement respectivement (Chevrier,
2009).
b
Z = valeur Z résultant du test de Mann–Withney.
c
Coefficient de corrélation découlant de la transformation de la valeur Z en r.
d
Rapport de risque.
e
Valeur du seuil alpha bicaudal observée.
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groupes éprouvant ou non du désengagement. Trois domaines distinguent fortement (r 0,30) les
deux groupes, il s’agit de la relation avec la direction, la charge émotive et la communication de
l’information. Viennent ensuite un second groupe de domaines (r de 0,25 à 0,29) : sentiment de
compétence par rapport aux tâches à faire, possibilité de mutation, perfectionnements et sentiment
d’appartenance. Enfin le troisième groupe de domaines (r entre 0,22 et 0, 24) comprend la diversité des
tâches, la relation avec le supérieur, le sentiment de compétition et la possibilité de s’absenter pour
des raisons familiales. Comme pour l’épuisement émotionnel, les individus présentant du
désengagement ont une QVT moindre sur ces domaines.
Différences entre les groupes au-dessous du 25e centile ou au-dessus, sur la dépression, l’anxiété
l’agressivité.
Dans le Tableau 2, l’on voit que le fait d’avoir un score global de QVT sous le 25e centile est associé à
des scores plus élevés de dépression, d’anxiété et d’agressivité. Pour ce dernier, cependant, la force du
lien est moindre.
4. Discussion
L’hypothèse de l’association entre une faible QVT (grand écart état-but) et l’épuisement
émotionnel, le désengagement ainsi que l’anxiété, la dépression et l’agressivité est vérifiée. Cela
converge avec l’étude de Bragard et al. (2012) qui avait démontré, dans un échantillon de résidents en
oncologie, qu’un score bas de QVT mesuré par l’ISQVT, ainsi qu’un score bas de buts étaient tous deux
associés à l’épuisement émotionnel et au stress au travail.
La prévalence de l’épuisement émotionnel est de 42 % et celle du désengagement de 24 %. Si l’on
considère les prévalences rapportées dans la littérature, notamment dans l’article de Morse et al.
(2012), qui varient entre 21 % et 67 %, les participants de notre échantillon présentent un niveau assez
élevé d’épuisement émotionnel.
Dans ce même article, on mentionne aussi certaines pistes d’intervention pour réduire
l’épuisement. Parmi les stratégies visant l’individu, on retrouve l’amélioration des stratégies de
coping avec le stress, du soutien social, du sens de la gratitude au travail, etc. Du côté des stratégies
organisationnelles, on mentionne la réduction de la charge de travail, de l’ambiguı̈té des rôles et des
conflits de rôles, une augmentation des ressources, une amélioration de la rétroaction positive et de la
reconnaissance, de l’autonomie et du sens d’appartenance. Dans leur étude sur l’épuisement des
professionnels œuvrant auprès d’une clientèle souffrant de déficience intellectuelle, Kozak, Kersten,
Schillmöller, et Nienhaus (2013) soulignent l’association entre les facteurs suivants et l’épuisement
professionnel : la charge émotionnelle, le conflit entre vie personnelle et vie professionnelle, le conflit
de rôle, la qualité de la rétroaction et l’insécurité d’emploi. Toujours en 2012, Yürür et Sarikaya (2012)
démontrent, dans un échantillon de travailleurs communautaires en Turquie, que la charge de travail
est associée à l’épuisement émotionnel et que l’ambiguı̈té de rôle est associée à l’épuisement
Tableau 2
Moyennes et écart-types de dépression, anxiété et agressivité, valeurs Z (Mann-Whitney), tailles d’effet (r) et rapports de risque
en fonction du score global de l’ISQVT (sous le 25e centile ou non).
La première limite est la petite taille de l’échantillon, ce qui a pu affecter la puissance statistique.
Une proportion importante de l’échantillon n’a pas répondu à tous les questionnaires. Le fait que
l’ISQVT ait dû être complété en ligne séparément des autres questionnaires papier-crayon peut avoir
nui à la complétion de celui-ci. La seconde limite est le type d’usagers évalués. Il s’agit de travailleurs
psychosociaux œuvrant pour des organismes communautaires dont la clientèle est constituée de
personnes sans domicile fixe. Nous pensons que cette limite a pu jouer sur les items associés à
l’épuisement émotionnel, car les scores de QVT obtenus reflètent la réalité organisationnelle de ce type
d’organisation. Par ailleurs, nous ne croyons pas que l’hypothèse du lien entre l’ampleur de l’écart
« situation actuelle-but visé » et l’épuisement professionnel ainsi que les affects négatifs plus élevés
soit compromise, car un tel lien a été observé chez d’autres professionnels (Bragard et al., 2012), mais
aussi dans d’autres contextes avec la mesure de la qualité de vie générale (Dupuis et al., 1989) basée
sur le même modèle et utilisée avec des patients souffrant de problèmes musculo-squelettiques
(Moliner, Durand, Desrosiers, & Coutu, 2007) ou de problèmes de syncope (St-Jean et al., 2009 ;
Lévesque et al., 2010). La troisième limite est liée à l’inter-corrélation possible entre les mesures
d’épuisement professionnel (ainsi que ses mesures sous-jacentes telles que l’épuisement émotionnel),
d’anxiété, de dépression et d’agressivité. Évidemment, si l’épuisement émotionnel est corrélé avec la
dépression, il est probable que le lien entre la QVT et la dépression soit lié au lien dépression-
épuisement. Le nombre restreint de sujets ne peut nous permettre de réaliser des modèles multivariés
qui pourraient tenir en compte cette inter-corrélation.
5. Conclusion
Références
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http://www.cfecgc.org/content/externals/docs.php?action=open&id=1356
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