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Chapitre I : Généralités sur les Machines à Courant Alternatif

I. Généralités sur les Machines à Courant Alternatif


I.1 Introduction:
Les machines tournantes à courant alternatifs ont un rôle d’une importance capitale
dans la réalité industrielle ; elles reposent principalement sur le principe de la conversion
électromécanique c.à.d elles permettent de convertir l’énergie électromagnétique en énergie
mécanique, ainsi que l’énergie mécanique en énergie électrique. Elles sont dites «réversibles»
I.2 Le principe de la conversion électromécanique :
La conversion électromécanique est basée sur le principe de conservation de l’énergie. Celui-
ci fait appel à une forme intermédiaire d’énergie, il s’agit de l’énergie électromagnétique. La
force ou le couple électromécanique résulte de trois formes possibles d’interactions :
• l’interaction entre deux courants,
• l’interaction entre un courant et un circuit ferromagnétique,
• l’interaction entre un aimant et un courant ou un circuit ferromagnétique.
Dans une transformation d’énergie électrique en énergie mécanique, il apparaît également une
conversion d’énergie électrique ou mécanique en énergie thermique par effet joule. Cette
dernière présente un caractère irréversible. Le bilan énergétique faisant intervenir les formes
électrique, mécanique et thermique n’est généralement pas équilibré, en particulier en régime
transitoire. Il faut donc tenir compte d’une quatrième forme d’énergie associée à la conversion
électromécanique. Il s’agit de l’énergie magnétique. La Figure 1 illustre le principe de
conversion électromécanique et son inverse

a) Conversion Energie électrique - mécanique b) Conversion Energie mécanique - électrique

Figure 1. Bilan de la conversion d’énergie électromécanique

Ces convertisseurs électromécaniques réversibles, comportent presque toujours un


organe fixe dénommé stator et un organe mobile dénommé rotor. Ces deux organes sont
séparés par un entrefer.
On distingue principalement :

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a) Les machines synchrones (moteur & alternateur)


b) Les machines asynchrones (moteur & génératrice)
Elles mettent en jeu des tensions et des courants alternatifs.
I.3 Principe de fonctionnement des machines à courant alternatif
Le principe de fonctionnement des machines électriques tournantes à courant alternatif
sont à la base du champ tournant (Un champ tournant est constitué par un champ
magnétique de module constant, tournant dans l’espace à la vitesse angulaire ω). Ces
machines fonctionnent sur le principe de : l’interaction entre deux champs magnétiques.
I.3.1 Etude expérimentale :
a) dans l’entrefer d’un aimant en fer à cheval (Figure.2a), le champ d’induction
magnétique est constant et égal B ; si l’on place dans ce champ une aiguille aimantée
n-s, celle-ci s’oriente dans le sens du champ (Figure 2.b).
C’est pourquoi, si nous faisons tourner l’aiment à l’aide d’une manivelle (un dispositif
d’entrainement), on constate que la rotation de l’aiguille suit celle de l’aimant. Ainsi un
champ magnétique invariable peut-il, en tournant, entrainer à la même vitesse que lui un
aiment ou un électro-aimant alimenté en courant continu.
Donc, un champ tournant peut entraîner à la même vitesse que lui (vitesse dite de
synchronisme) une aiguille aimantée, un aimant permanant ou un électro-aimant.
Ceci est le principe des machines synchrones.

Figure 2.a. Champ tournant dans l'air Figure 2.b. Action d’un champ tournant sur
une aiguille aimantée

b) Remplaçons l’aiguille aimantée par un disque métallique en cuivre ou en aluminium


pouvant tourner sur un pivot (Figure 3) ; la rotation de l’aimant entraine celle du disque, mais
celui-ci tourne plus lentement. En effet d’après a loi de Lenz, le disque devient le siège de

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courants de Foucault qui s’opposent à la cause leur donnant naissance. Comme cette cause
est le déplacement relatif du champ par rapport au disque, ces courants tendent à entrainer le
disque.
La vitesse d’entrainement n demeure cependant inférieure à la vitesse ns du champ tournant
car, si elle venait à l’égaler, il n’y aurait plus de déplacement relatif et, en conséquence, plus
de courants induits.
Donc, un champ tournant peut entraîner un disque métallique à une vitesse différente à celle
de l’aimant en fer à cheval. Ceci est le principe des machines asynchrone.

Figure 3. Action d’un champ tournant sur un


disque métallique

NB :
Un champ tournant peut être créé par un aimant permanant ou un électroaimant alimenté en
continu en utilisant un dispositif d’entraînement ou un bobinage polyphasé alimenté en
alternatif.

I.4 Force électromotrice produite par un champ tournant :


Un circuit se déplaçant dans un champ magnétique permanent peut se comporter
comme un générateur électrocinétique : il est le siège d’un phénomène d’induction
électromagnétique. Cette dernière est le processus par lequel un courant est induit, autrement
dit "généré" ou "créé", par un champ magnétique variable.
I.4.1 Mise en évidence du phénomène : expériences fondamentales
Tout circuit électrique traversé par un flux magnétique peut être le siège d'une d.d.p. à ses
bornes si ce flux varie en fonction du temps. Cette d.d.p. s'appelle une f.é.m. induite.
Nous utilisons deux expériences :

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1. une bobine en mouvement dans un champ stationnaire (Figure 4.a)


2. une bobine immobile dans un champ variable (Figure 4.b)
Nous constatons qu'il apparaît une f.é.m. induite aux bornes de la bobine et que cette f.é.m. est
exactement la même dans les deux configurations de la figure 4 (a et b).
L'induction d'un courant dans un circuit ne nécessite donc pas obligatoirement un champ
magnétique variable, mais peut se produire dans un champ stationnaire, à condition que le
circuit soit en mouvement.

a) La bobine mobile (déplacée par l’observateur) b) La bobine fixe se comporte comme un


se comporte comme un générateur générateur si l’aimant se déplace

Figure 4. Force électromotrice produite par un champ tournant

On constate que :

Dans le 1er cas, le déplacement du circuit à une vitesse (dans le référentiel du laboratoire)

dans le champ permanent de l’aiment entraine l’apparition d’une force magnétique

susceptible de faire circuler les charges de conduction du circuit.


Dans le 2ème cas, le circuit, fixe dans le référentiel du laboratoire, voit apparaitre un champ
magnétique variable crée par l’aiment. L’équation de Maxwell-Faraday :

Montre l’application d’un champ électrique induit capable de mette en mouvement les
charges du circuit.

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Dans le domaine de l'électrotechnique où on considère des circuits filiforme bobinés,


l'expression ci-dessus peut se simplifier :

La f.é.m. aux bornes d'un circuit comportant n spires (bobinées en série) est égale à n fois la

dérivée par rapport au temps du flux (du champ ) qui traverse chaque spire du circuit (on
considère que chaque spire est traversée par un même flux, celui-ci ne varie pas en fonction
des spires). Si le flux est indépendant du temps, il n'apparaît aucune f.é.m. aux bornes du
circuit.
On met quelque fois un signe – dans la formule pour rappeler que la f.é.m. induite s'oppose à
la cause qui lui donne naissance. Cette opposition est précisée par la loi de Lenz :
La f.é.m. induite tend à créer un courant induit dont le sens est tel qu'il s'oppose au flux qui
l'a fait naître.
Remarque :
Les machines industrielle sont fabriquées afin que leurs f.é.m. soit sensiblement sinusoïdale.
Nous supposerons donc par la suite que la répartition du flux est sinusoïdale et sa pulsation
ω est constante comme suit : 𝜙 = 𝜙𝑚𝑎𝑥 cos (𝜔𝑡)
Avec 𝜔 = 2𝜋𝑛 et n est la fréquence de rotation de l’aiment en [tr/s].
I.5. Champ tournant produit par des courants alternatifs :
I.5.1Cas du monophasé :
Une bobine parcourue par un courant alternatif sinusoïdal produit un champ magnétique
alternatif sinusoïdal. Ce champ, toujours dirigé suivant le même axe, est maximal quand le
courant dans l'enroulement est maximal (Figure 5).

Résultante du champ magnétique crée par une Champ alternatif sinusoïdal


bobine alimentée par une source de courant
alternatif

Figure 5. Champ tournant dans une bobine

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I.5.2 Cas du triphasé :

Trois enroulements géométriquement décalés de 120°, sont alimentés chacun par une des
phases d'un réseau triphasé alternatif sinusoïdal. Les enroulements sont parcourus par des
courants alternatifs présentant le même décalage électrique (120°) et qui produisent chacun un
champ magnétique alternatif sinusoïdal.
L’intensité du champ magnétique est proportionnelle à l’intensité du courant électrique dans
chaque bobine. La somme des vecteurs champ à tout instant donne un vecteur résultant (en
rouge) qui tourne dans le sens des aiguilles d’une montre : c’est le champ tournant.
• Le module du champ tournant est constant pour une intensité I absorbée par le moteur.
• La vitesse de rotation du champ tournant est en fonction de la fréquence d'alimentation
des courants statoriques.

Champ crée par chaque enroulement ou bobine


Création du champ tournant

Figure 6. Champ tournant dans un système triphasé

I.5.3 Théorème de Leblanc :

Une bobine d’axe Ox (Figure 7) parcourue par un courant crée un


champ d’excitation magnétique sur l’axe tel que b(t)=𝐵maxcos(𝜔𝑡) qui est équivalent à la
somme de deux champs tournants en sens inverse l’un par rapport à l’autre à la vitesse
angulaire 𝜔 et d’induction qui a pour valeur 𝐵𝑚𝑎𝑥/2.
D’après la Figure 7, on démontre le champ complexe B peut être décomposés en la somme de
deux champs tournants complexes d’amplitude Bmax/2 et de vitesses angulaire +ω et -ω :

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Figure 7. Décomposition du champ monophasé

Théorème de Leblanc:
Un champ pulsant B, alternatif de direction fixe, de pulsation ω, est décomposable en deux
champs b1 et b2 tournants en sens inverse l’un de l’autre à vitesse angulaire ω.

NB : cette propriété est utilisée pour créer des moteurs monophasés

I.5.4 Théorème de Ferraris, production de champ tournant :


Considérons trois bobinages répartis dans l’espace de telle sorte que l’on passe de l’un d’entre
eux à son voisin par une rotation de centre O et d’angle 2π/3. Ces bobinages sont alimentés
par un système triphasé équilibré de courants. La structure se présente sous la forme suivante :

Théorème de Ferraris.
Trois bobinages décalés de 2π/3, alimentés par des courants sinusoïdaux triphasés équilibrés
de pulsation ω permettent de créer un champ tournant à la vitesse ω. Ce champ, équivalent à
un rotor fictif, passe par l'axe d'une bobine quand le courant y est extremum.

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1.6 Enroulement des machines à courant alternatif


1.6.1 Enroulement de machine triphasé
L'enroulement de l'induit est formé par des bobines élémentaires connectées entre elles. Si
toutes ces bobines sont identiques, elles sont appelées alors des ‘sections’. Dans l'enroulement
des machines à courant alternatif, une ou plusieurs sections constituent une phase de
l'enroulement.
Le nombre « 𝑚 » (𝑚 = 𝑁/6. 𝑝) d’encoche par pôle et par phase caractérise le bobinage ou
N est le nombre total d’encoche. On a 6𝑚 pas dentaires correspondant à une double distance
polaire (avec un angle de 360° électrique). Chaque phase couvre 2𝑚 pas dentaires pour
chaque double distance polaire. Les bobines des trois phases sont identiques mais décalées
l’une par rapport à l’autre d’un angle de 120° électrique (donc d’une distance de ′2𝑚′ pas
dentaires).
L’ouverture d’une bobine (la distance entre les faisceaux de l'allée et les faisceaux du retour
d’une phase) est de 180° donc de ′3𝑚′ pas dentaires.
Le développement panoramique de l’enroulement est réparti comme suit :
- ′𝑚′ encoche des faisceaux de l’allée de la phase 1 : 0°
- ′𝑚′ encoche des faisceaux du retour de la phase 3 : 60°
- ′𝑚′ encoche des faisceaux de l’allée de la phase 2 : 120°
- ′𝑚′ encoche des faisceaux du retour de la phase 1 : 180°
- ′𝑚′ encoche des faisceaux de l’allée de la phase 3 : 240°
- ′𝑚′ encoche des faisceaux du retour de la phase 2 : 300°
Ceci est réalisé pour une paire de pôle. Il faut répéter ceux-ci « 𝑝 – 1 » fois.
On distingue :
1.6.1.a Têtes de bobines :
L'enroulement peut être divisé en deux parties : une partie active et une partie servant à
connecter les conducteurs de la partie active. Ces connexions se font sur les faces avant et
arrière de la machine, d'où le nom des têtes d'enroulement ou chignons.
1.6.1.b Bobinage concentrique :
Dans ce type d'enroulement, toutes les spires d'une bobine ont le même axe magnétique. Le
périmètre des spires change. Sa réalisation exige d'utiliser des gabarits différents (Figure 8).

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Chapitre I : Généralités sur les Machines à Courant Alternatif

Figue 8. Enroulement en bobines concentriques

1.6.1.c Bobinage enchevêtré :


Cet enroulement est formé par des éléments identiques, appelés sections. Les axes
magnétiques des sections appartenant à une phase pour un pôle ou une paire de pôles sont
décalés. Le périmètre des spires est constant. Les têtes des spires se chevauchent (Figure9).

Figure 9. Enroulement en sections décalées (têtes enchevêtrées)

1.6.1.d Bobine par pôle et par pôles conséquents


On distingue aussi la façon dont sont connectés les faisceaux allé et les faisceaux retour d’une
phase. L'enroulement est par pôles ou par pôles non conséquents si chaque phase comporte
une bobine ou un groupe de sections par pôle. Il est par pôles conséquents si chaque phase
comporte une bobine ou un groupe de sections par paires de pôles (Figure 10).

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Figure 10. Schéma d'une partie d'un enroulement montrant les deux possibilités de connexion
frontale des sections formant le bobinage d'une phase.

1.6.2 Enroulement de machine monophasé


Il est de même que pour les enroulements triphasés, mais on utilise que les deux tiers des
encoches. C’est pour améliorer le facteur de bobinage, on utilise généralement des
enroulements en section par pôle. La Figure11 présente un exemple d’un enroulement à ′𝑚 =
4′ et ′𝑝 = 2′.

Enroulement monophasé enchevêtré par pôle Enroulement monophasé concentrique par


pour 𝑚 = 4 et 𝑝 = 2 pôle pour 𝑚 = 4 et 𝑝 = 2

Figure 11. Enroulement monophasé

I.7 Force magnétomotrice des enroulements à courant alternatif


Les machines électriques à courant alternatif ont les flux statoriques et rotoriques qui
tournent. Donc Il est important de montrer comment un enroulement fixe peut créer une force
magnétomotrice (f.m.m) tournante. Cette force magnétomotrice est la cause qui génère le flux
magnétique .elle est égale à N ∗ I , avec N est le nombre de spires et I est le courant traversant
les spires.

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H : excitation magnétique dans la matière [A/m]


Figure 12. La force magnétomotrice crée par un enroulement avec un courant I
I.7.1 Force magnétomotrice crée par un enroulement triphasé
Soit un enroulement d’une machine triphasée dont les bobines à 2.p pôles sont parcourues par
un courant triphasé équilibré dont les axes ON1, ON2 et ON3 sont décalés mécaniquement de
2.p/3.p donc électriquement de 2.p/3.
Cherchons donc la f.m.m qu’il produit le long de l’entrefer. En supposant que les f.m.m sont à
répartition sinusoïdale et les courants sont sinusoïdaux.

Figure 13. Force magnétomotrice crée par un enroulement triphasé


Ces bobinages sont parcourus par un système de courants sinusoïdaux triphasé équilibré direct
𝑖1 = 𝐼𝑚 (𝜔𝑡) d'amplitude Im et de pulsation w .
Un point M de l'entrefer est défini par son angle polaire électrique
q = (ON1,OM) =q1. Par rapport aux autres phases, nous avons :
q2 = (ON2,OM) =q- 2.p/3 et q3 = (ON3,OM) =q- 4.p/3 .
Donc nous pouvons écrire les f.m.m créées par les trois phases en M:

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La f.m.m résultante est la somme de celles créées par les trois phases. Nous avons :

La somme de trois grandeurs triphasées équilibrées

est nulle, nous déduisons

Chaque phase est équivalente à deux rotors tournant en sens inverses. Les trois rotors tournant
dans le sens direct sont en phase et passent sur l'axe de chaque phase à l'instant où le courant y
est maximal. Les trois rotors tournant dans le sens inverse sont triphasés dans l'espace et
créent une f.m.m résultante nulle.
Exemple :
avec m=3, la fmm résultante est la somme de 3 ondes de fmm carrées décalés d’un angle В

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I.8 Synthèse :
• Pour obtenir une conversion électromécanique de l’énergie :
- Champ magnétique tournant produit par le stator ;
- Champ magnétique tournant produit par le rotor ;
- Les deux champs doivent être synchrone.
• Un enroulement monophasé produit un champ variable dans le temps mais immobile
dans l’espace
• 3 enroulements décalés de 120° dans l’espace et parcourus par 3 courants triphasé
équilibrés produisent un champ tournant
• La fmm et le champ magnétique ont une amplitude constante tournant à une vitesse
constante (vitesse de synchronisme)

• La vitesse de synchronisme dépend de la fréquence des courants et du nombre de


pôles

• La variation du flux entraine une force électromotrice

• La variation sinusoïdale du flux détermine la force électromotrice

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