1. Lemme Soient a et b deux éléments d’un anneau commutatif (A, +, ×) et n un entier naturel
non nul. Montrer que bn − an est divisible par b − a en donnant un quotient de bn − an par b − a sous
forme de somme.
2. On se propose de montrer que (Z/nZ, +, ·) est un corps si, et seulement si, n est premier.
a) Montrer que k̄ est inversible dans Z/nZ pour la multiplication si, et seulement si, k est premier
avec n. En déduire que Card(UZ/nZ ) = φ(n) où φ désigne l’indicatrice d’Euler.
b) Montrer que (Z/nZ, +, ·) est un corps si, et seulement si, n est premier.
On se propose de montrer que P admet au plus k racines en raisonnant par récurrence sur k.
Pour ce faire, on considère la propriété suivante :
(Hk ) Un polynôme de degré k à coefficients dans Z/nZ admet au plus k racines dans Z/nZ.
a) Montrer que (H1 ) est vraie.
b) On souhaite à présent montrer que (Hk ) implique (Hk+1 ).
Montrer que si un polynôme P (X) de degré k + 1 admet une racine ā, alors il peut s’écrire sous
la forme (X − ā)Q(X) où Q(X) est un polynôme de degré k.
c) Conclure.
d) Déterminer, dans Z/6Z, les racines du polynôme P (X) = X 2 − X. Que peut-on en conclure ?
e) Trouver dans Z/6Z[X] deux factorisations distinctes de X 2 − X sous la forme (X − ā)(X − b̄).
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Correction
1. Faisons la division polynomiale de bn − an par b − a en les considérant comme des polynômes en
b.
b n − an = bn−1 (b − a) + (abn−1 − an )
abn−1 − an = abn−2 (b − a) + (a2 bn−2 − an )
...
ak bn−k = ak bn−k−1 (b − a) + (ak+1 bn−k−1 − an )
...
an−1 b − an = an−1 (b − a)
D’où finalement
b) (Z/nZ, +, ·) est un corps ⇐⇒ tout élément non nul k̄ de Z/nZ est inversible ⇐⇒ tout
entier k, 1 6 k 6 n − 1 est premier avec n ⇐⇒ n est premier.
Voici la démonstration de la dernière équivalence. [=⇒] Supposons que tout entier k, 1 6 k 6 n − 1, est premier
avec n. Si n n’était pas premier, il admettrait un diviseur non trivial k, 1 < k 6 n − 1 , qui ne serait donc pas premier
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avec n. Contradiction. Donc n est premier. [⇐=] Supposons à présent n premier. Soit 1 6 k 6 n − 1. Si k n’était
pas premier avec n, alors ils admettraient un diviseur commun m non trivial qui diviserait donc n. Contradiction.
Donc k est premier avec n.
¯ X k+1 , ak+1 6= 0
Pk+1 (x) = a¯0 + a¯1 X + . . . + ak+1
admette une racine ā. Mais alors
où Qk (X) est un polynôme de degré k (car ak+1 ¯ 6= 0̄) d’après le lemme de la question 1).
En effet, pour tout 1 6 i 6 k + 1, (X i − āi ) se factorise par X − ā.
c) Supposons que Hk est vraie. Considérons un polynôme Pk+1 (X) de degré k + 1.
— Soit Pk+1 n’admet pas de racines, alors (Hk+1 ) est vraie.
— Soit Pk+1 admet une racine ā, i.e. Pk+1 (ā) = 0̄.
Mais alors, d’après b),
Pk+1 (X) = (X − ā) Qk (X)
où Qk (X) est un polynôme de degré k.
Or Z/nZ est un corps, il est donc a fortiori intègre. On déduit :
On a supposé l’hypothèse (Hk ) vraie donc Qk (X) admet au plus k racines. On en déduit que
Pk+1 admet au plus k + 1 racines et on a bien montré
(Hk ) =⇒ (Hk+1 ).
On vient donc de démontrer par récurrence que la propriété (Hk ) est vraie pour tout entier k > 1
dans Z/nZ, n premier.
Dans ce cas, l’anneau Z/nZ n’est donc pas nécessairement un corps. Pire, il n’est pas toujours intègre comme
Z/6Z où 2̄ · 3̄ = 0̄. Or, on a utilisé cette propriété dans la démonstration précédente.
d) Il est aisé de vérifier que le polynôme P (X) = X 2 − X admet quatre racines dans Z/6Z :
0̄, 1̄, 3̄, 4̄.
Le théorème précédent est donc faux lorsque n n’est pas premier.
e) On a tout d’abord X 2 − X = X(X − 1̄), mais aussi X 2 − X = (X − 3̄)(X − 4̄).
Il existe un unique couple (q, r), 0 6 r < k tel que i − j = kq + r. Mais alors
xi−j = (xk )q · xr = xr .