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Algèbre 2

Quelques résultats classiques sur les anneaux Z/nZ


Licence L3 Mathématiques Enseignement, 2016–2017
5 mai 2017

Ce problème est élaboré à partir de la deuxième partie de la deuxième épreuve du CAPES2003.

1. Lemme Soient a et b deux éléments d’un anneau commutatif (A, +, ×) et n un entier naturel
non nul. Montrer que bn − an est divisible par b − a en donnant un quotient de bn − an par b − a sous
forme de somme.

2. On se propose de montrer que (Z/nZ, +, ·) est un corps si, et seulement si, n est premier.
a) Montrer que k̄ est inversible dans Z/nZ pour la multiplication si, et seulement si, k est premier
avec n. En déduire que Card(UZ/nZ ) = φ(n) où φ désigne l’indicatrice d’Euler.
b) Montrer que (Z/nZ, +, ·) est un corps si, et seulement si, n est premier.

3. Factorisation de polynômes dans Z/nZ


Soit P un polynôme de degré k supérieur ou égal à 1, à coefficients dans Z/nZ.

Cas où n est un entier premier

On se propose de montrer que P admet au plus k racines en raisonnant par récurrence sur k.
Pour ce faire, on considère la propriété suivante :
(Hk ) Un polynôme de degré k à coefficients dans Z/nZ admet au plus k racines dans Z/nZ.
a) Montrer que (H1 ) est vraie.
b) On souhaite à présent montrer que (Hk ) implique (Hk+1 ).
Montrer que si un polynôme P (X) de degré k + 1 admet une racine ā, alors il peut s’écrire sous
la forme (X − ā)Q(X) où Q(X) est un polynôme de degré k.
c) Conclure.

Cas où n n’est pas un entier premier

d) Déterminer, dans Z/6Z, les racines du polynôme P (X) = X 2 − X. Que peut-on en conclure ?
e) Trouver dans Z/6Z[X] deux factorisations distinctes de X 2 − X sous la forme (X − ā)(X − b̄).

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4. Théorèmes de Fermat et d’Euler


a) Soit x un élément de G, groupe fini de cardinal n ; montrer que, si k est l’ordre de x, alors
l’ensemble {1, x, . . ., xk−1 } est un sous-groupe de G.
En déduire que l’ordre de x divise le cardinal de G et que xn = 1.
b) Si p est un entier naturel premier et x un entier naturel non divisible par p, montrer que

xp−1 ≡ 1 (mod p).


Ce théorème est connu sous le nom de petit théorème de Fermat.
c) En déduire le reste de la division euclidienne par 13 de 1060 × 736 .
d) Si n est un entier naturel non nul et x un entier naturel premier avec n, montrer que

xφ(n) ≡ 1 (mod n).


Ce théorème est connu sous le nom de théorème d’Euler.
e) Justifier comment l’on peut déduire le petit théorème de Fermat du théorème d’Euler.

Correction
1. Faisons la division polynomiale de bn − an par b − a en les considérant comme des polynômes en
b.

b n − an = bn−1 (b − a) + (abn−1 − an )
abn−1 − an = abn−2 (b − a) + (a2 bn−2 − an )
...
ak bn−k = ak bn−k−1 (b − a) + (ak+1 bn−k−1 − an )
...
an−1 b − an = an−1 (b − a)

D’où finalement

bn − an = (bn−1 + abn−2 + . . . + ak bn−k−1 + . . . + an−1 )(b − a).

2. On se place dans Z/nZ et on suppose n premier.


a) k est premier avec n ⇐⇒ il existe u et v dans Z tels que uk + vn = 1 d’après le théorème
de Bézout ⇐⇒ il existe ū ∈ Z/nZ tel que ūk̄ = 1̄ ⇐⇒ k̄ est inversible dans (Z/nZ, ·).
La deuxième équivalence est évidente si l’on a bien compris les calculs dans Z/nZ. En effet, dire qu’il existe
ū ∈ Z/nZ tel que ūk̄ = 1̄, c’est dire que uk − 1 ≡ 0 (mod n) et donc qu’il existe v 0 ∈ Z tel que uk − 1 = v 0 n. . .

b) (Z/nZ, +, ·) est un corps ⇐⇒ tout élément non nul k̄ de Z/nZ est inversible ⇐⇒ tout
entier k, 1 6 k 6 n − 1 est premier avec n ⇐⇒ n est premier.
Voici la démonstration de la dernière équivalence. [=⇒] Supposons que tout entier k, 1 6 k 6 n − 1, est premier
avec n. Si n n’était pas premier, il admettrait un diviseur non trivial k, 1 < k 6 n − 1 , qui ne serait donc pas premier
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avec n. Contradiction. Donc n est premier. [⇐=] Supposons à présent n premier. Soit 1 6 k 6 n − 1. Si k n’était
pas premier avec n, alors ils admettraient un diviseur commun m non trivial qui diviserait donc n. Contradiction.
Donc k est premier avec n.

3. Factorisation de polynômes dans Z/nZ


Soit P un polynome de degré k supérieur ou égal à 1, à coefficients dans Z/nZ.
On considère tout d’abord le cas où n est premier. D’après la question 2), Z/nZ est alors un
corps.
Nous allons démontrer par récurrence sur le degré de P que P admet au plus k racines. On
considère l’hypothèse de récurrence
(Hk ) Un polynôme de degré k à coefficients dans Z/nZ admet au plus k racines dans Z/nZ.
a) Démontrons que (H1 ) est vraie. En effet, considérons le polynôme P1 (X) = a¯0 + a¯1 X, a¯1 6= 0̄.

a¯0 + a¯1 X = 0 ⇐⇒ X = −a¯0 · a¯1 −1


car Z/nZ est un corps.
Donc P1 admet au plus (en fait exactement) une racine dans Z/nZ et H1 est vraie.
b) Supposons qu’un polynôme de degré k + 1

¯ X k+1 , ak+1 6= 0
Pk+1 (x) = a¯0 + a¯1 X + . . . + ak+1
admette une racine ā. Mais alors

¯ (X k+1 − āk+1 ) = (X − ā) Qk (X)


Pk+1 (X) = Pk+1 (X) − P (ā) = a¯1 (X − ā) + . . . + ak+1

où Qk (X) est un polynôme de degré k (car ak+1 ¯ 6= 0̄) d’après le lemme de la question 1).
En effet, pour tout 1 6 i 6 k + 1, (X i − āi ) se factorise par X − ā.
c) Supposons que Hk est vraie. Considérons un polynôme Pk+1 (X) de degré k + 1.
— Soit Pk+1 n’admet pas de racines, alors (Hk+1 ) est vraie.
— Soit Pk+1 admet une racine ā, i.e. Pk+1 (ā) = 0̄.
Mais alors, d’après b),
Pk+1 (X) = (X − ā) Qk (X)
où Qk (X) est un polynôme de degré k.
Or Z/nZ est un corps, il est donc a fortiori intègre. On déduit :

Pk+1 (X) = (X − ā) Qk (X) = 0̄ ⇐⇒ X − ā = 0̄ ou Qk (X) = 0̄.

On a supposé l’hypothèse (Hk ) vraie donc Qk (X) admet au plus k racines. On en déduit que
Pk+1 admet au plus k + 1 racines et on a bien montré

(Hk ) =⇒ (Hk+1 ).

On vient donc de démontrer par récurrence que la propriété (Hk ) est vraie pour tout entier k > 1
dans Z/nZ, n premier.

On considère à présent le cas où n n’est pas premier.


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Dans ce cas, l’anneau Z/nZ n’est donc pas nécessairement un corps. Pire, il n’est pas toujours intègre comme
Z/6Z où 2̄ · 3̄ = 0̄. Or, on a utilisé cette propriété dans la démonstration précédente.

d) Il est aisé de vérifier que le polynôme P (X) = X 2 − X admet quatre racines dans Z/6Z :
0̄, 1̄, 3̄, 4̄.
Le théorème précédent est donc faux lorsque n n’est pas premier.
e) On a tout d’abord X 2 − X = X(X − 1̄), mais aussi X 2 − X = (X − 3̄)(X − 4̄).

4. Théorèmes de Fermat et d’Euler


a) Soit G un groupe fini d’ordre n. Soit x ∈ G et k l’ordre de x i.e. le plus petit entier naturel
non nul tel que xk = 1.
On considère H = {1, x, x2 , . . . , xk−1 } Montrons que H est un sous-groupe de G.
H est non vide car x ∈ H. Soient xi et xj deux éléments de H. On a

xi · (xj )−1 = xi−j .

Il existe un unique couple (q, r), 0 6 r < k tel que i − j = kq + r. Mais alors

xi−j = (xk )q · xr = xr .

Comme 0 6 r < k, xr ∈ H, d’où H est un sous-groupe de G.


D’autre part, les xi , 0 6 i < k, sont tous distincts. Si xi = xj , xi−j = xr = 1. Or k est le plus
petit entier naturel non nul tel que xk = 1 et 0 6 r < k. D’où r = 0 et comme 0 6 i, j < k, on déduit
i = j.
Finalement, H est un sous-groupe d’ordre k de G et d’après le théorème de Lagrange, l’ordre
de H divise l’ordre de G, donc k divise n. Il existe ainsi λ tel que n = kλ, d’où xn = (xk )λ = 1.
b) Petit théorème de Fermat
Il s’agit simplement de « traduire » la question précédente dans UZ/pZ .
p est premier donc Z/pZ est un corps et UZ/pZ est un groupe multiplicatif d’ordre p − 1.
x est non divisible par p donc x̄ 6= 0̄ et x̄ ∈ UZ/pZ .
En appliquant 4)a), on déduit x̄p−1 = 1̄ ce qui signifie bien que xp−1 ≡ 1 (mod p).
c) En appliquant le petit théorème de Fermat, on déduit 1012 ≡ 1 (mod 13) et 712 ≡ 1 (mod 13).
D’où 1060 × 736 ≡ 1 (mod 13). Cela signifie que le reste de la division euclidienne de 1060 × 736 par
13 est 1.
d) Théorème d’Euler
D’après la question 2)a), UZ/nZ est un groupe multiplicatif d’ordre φ(n) et x entier naturel premier
avec n implique x̄ ∈ UZ/nZ . En appliquant 4)a), on déduit x̄φ(n) = 1̄, autrement dit xφ(n) ≡ 1 (mod n).
e) Il suffit de remarquer que φ(p) = p − 1 car tous les entiers k, 1 6 k 6 p − 1, sont premiers
avec p lorsque p est premier, comme on l’a vu dans 2)b).

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