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Sécurité
sociale
1.
Introduction
1.2.
Les
risques
Notre
exploration
de
la
sécurité
sociale
va
se
poursuivre,
dans
ce
deuxième
module,
à
partir
de
la
notion
de
risques.
La
sécurité
sociale,
en
tant
qu’ensemble
de
mécanismes
d’assurance
et
de
solidarité,
repose
sur
la
notion
de
risque.
Le
recensement
et
l’étude
des
différents
risques
sociaux,
en
tant
qu’éléments
de
la
protection
sociale
et
au
sein
de
cette
protection
sociale,
en
tant
qu’éléments
de
la
sécurité
sociale
elle-‐même,
est
un
exercice
obligé.
Aujourd’hui,
les
comparaisons
internationales
sur
les
systèmes
de
sécurité
sociale
recenser
huit
risques
qualifiés
de
sociaux.
Il
faut
entendre
par
là
que
ces
domaines
ont
été
reconnus
comme
pouvant
être
assurés
collectivement
et
obligatoirement
par
des
mécanismes
de
couverture
sociale
(des
prélèvements
sociaux
auxquels
sont
associées
des
prestations
sociales).
Ces
huit
risques
de
protection
sociale
(et
pas
forcément
de
sécurité
sociale)
sont,
comme
ils
apparaissent
sur
cette
rosette,
la
maladie,
les
maladies
professionnelles
et
accidents
du
travail,
la
vieillesse,
la
famille,
le
chômage,
le
logement,
la
pauvreté,
le
handicap.
Une
telle
nomenclature,
à
huit
grands
risques,
permet
de
comparer
les
systèmes
nationaux
de
protection
sociale.
Dans
le
cas
français,
l’approche
en
termes
de
risques,
permet
de
situer
ce
qu’est
institutionnellement
la
sécurité
sociale.
En
l’espèce,
un
peu
de
clarté
et
de
simplicité
s’imposent.
Les
définitions
et
les
périmètres
sont
devenus
assez
flous
avec
le
temps.
Mais
on
peut
s’appuyer
sur
un
schéma
de
synthèse
présentant
la
sécurité
sociale
en
trois
dimensions
imbriquées.
Au
sens
strict,
la
sécurité
sociale
est
très
familière
aux
Français.
Au
sens
qui
leur
est
certainement
le
plus
commun,
elle
représente
leur
assurance
maladie,
leur
«
sécu
».
Dans
leur
vie
de
tous
les
jours,
elle
se
matérialise
par
une
carte
(la
carte
vitale,
dite
carte
de
sécurité
sociale)
qui
leur
permet
de
bénéficier
de
la
prise
en
charge
des
dépenses
de
santé.
Sur
cette
carte
est
inscrit
le
numéro
de
sécurité
sociale
(nom
usuel
du
«
numéro
d'inscription
au
répertoire
des
personnes
physiques
»
géré
par
l’INSEE).
Dans
les
villes,
des
panneaux
indiquent
sa
direction
ou,
plus
précisément,
la
localisation
de
la
caisse
d’assurance
maladie.
Mais
la
sécurité
sociale
ne
se
résume
pas
à
cette
«
sécu
».
Elle
soutient
toutes
les
personnes
résidant
légalement
sur
le
territoire
de
très
nombreuses
manières.
Elle
procure
des
revenus
de
remplacement
en
cas
de
maladie,
d’accident,
à
l’issue
de
la
carrière
professionnelle.
Elle
peut
couvrir
une
partie
des
frais
liés
aux
enfants
et
au
logement.
Elle
intervient
par
des
prestations
monétaires
ainsi
que
par
des
services
et
des
équipements
(les
crèches,
les
hôpitaux,
les
maisons
de
retraite
par
exemple).
Elle
protège
ainsi
contre
des
risques
sociaux,
ces
événements
qui
menacent
la
sécurité
économique
de
chacun
et
dont
la
prise
en
compte
peut
être
socialisée.
Ne
relèvent
pas,
pour
autant,
de
la
sécurité
sociale
au
sens
strict
les
prestations
de
solidarité
(par
exemple
le
revenu
de
solidarité
active
-‐
RSA)
qui
sont
prises
en
charge
par
les
autres
collectivités
publiques
(Etat
et
collectivités
territoriales)
tout
comme
les
couvertures
des
risques
de
chômage
ou
de
dépendance.
Ne
relèvent
pas
davantage
de
la
sécurité
sociale,
en
son
sens
strict,
les
couvertures
complémentaires,
facultatives
ou
obligatoires,
en
matière
de
santé,
de
prévoyance
ou
de
retraite.
De
fait,
la
sécurité
sociale
s’insère
dans
ce
plus
vaste
ensemble
qu’est
la
protection
sociale.
Les
deux
notions,
en
toute
rigueur,
ne
sont
pas
interchangeables.
Cependant,
les
frontières
apparaissent
de
plus
en
plus
poreuses.
Ce
schéma
introductif
tente
une
clarification,
afin
de
présenter
la
sécurité
sociale
dans
toutes
ses
dimensions,
débordant
le
cadre
issu
des
décisions
et
ambitions
de
1945.
Au
sens
le
plus
restreint,
la
Sécurité
sociale
c’est
bien
la
«
Sécu
»,
l’assurance
maladie
obligatoire.
Au
sens
le
plus
large,
la
sécurité
sociale
est
synonyme
de
protection
sociale.
Dans
nombre
de
contextes
internationaux
la
différence
entre
les
deux
notions
n’a
pas
de
sens.
Dans
cette
acception
large,
la
sécurité
sociale
couvre,
sous
des
mécanismes
variés,
l’ensemble
des
risques
sociaux.
Avec
des
institutions
qui
viennent
compléter
les
institutions
spécifiques
de
la
sécurité
sociale
à
la
française.
Ces
autres
institutions
sont
les
mutuelles
de
santé,
les
régimes
complémentaires
de
retraite,
l’assurance
chômage),
les
organismes
d’aide
sociale
(avec
les
associations
et
les
collectivités
territoriales).
Entre
les
deux
approches,
l’approche
large
et
l’approche
restreinte
de
la
sécurité
sociale,
se
situe
l’approche
française
de
la
sécurité
sociale
au
sens
strict.
Il
s’agit
ici
des
assurances
sociales
autour
de
quatre
principaux
risques
sociaux
:
la
maladie,
les
accidents
du
travail,
les
retraites,
la
famille.
Historiquement
ce
sont
les
accidents
du
travail
qui
ont
fait
l’objet
des
premières
constructions
de
véritables
assurances
sociales.
La
loi
du
9
avril
1898,
souvent
présentée
rétrospectivement
comme
une
révolution,
modifie
le
système
de
responsabilité
civile.
La
loi
oblige
les
employeurs
à
s’assurer
afin
d’assumer
la
charge
des
risques
que
le
travail
fait
peser
sur
les
salariés.
Par
la
suite
vont
se
développer
des
législations
pour
l’extension
d’allocations
familiales
aux
familles,
pour
des
régimes
obligatoires
de
retraite,
pour
des
couvertures
maladies
collectives.
C’est
principalement
autour
de
ces
quatre
risques
sociaux
qu’est
élaboré
–
sous
ce
terme
de
sécurité
sociale
–
le
plan
de
1945.
Mais
revenons
à
l’ensemble
des
risques
qualifiés
de
sociaux
lorsque
l’on
parle
de
protection
sociale.
Ce
camembert
présente
la
répartition
des
dépenses.
Sur
un
total,
comme
on
l’a
déjà
dit,
d’environ
700
milliards
d’euros
pour
2013,
soit
environ
un
tiers
du
PIB
français,
près
de
la
moitié
des
dépenses
(46
%
sur
le
camembert)
concerne
les
pensions
de
retraite.
Près
du
quart
des
dépenses
concerne
l’assurance
maladie.
Les
prestations
familiales
et
de
maternité
représentent
8
%
du
total
des
dépenses
de
protection
sociale.
Les
autres
risques
–
tout
aussi
fondamentaux
–
n’engent
pas
les
mêmes
dépenses.
Avec
environ
40
milliards
d’euros
on
trouve
le
risque
chômage.
Ce
problème
d’emploi,
aujourd’hui
majeur,
n’avait
pas
été
consacré
comme
un
risque
de
sécurité
sociale
en
1945.
Ce
n’est
qu’en
1958
qu’une
assurance
sociale
obligatoire
se
met
en
place.
On
le
voit,
les
différents
risques,
dans
cette
nomenclature
à
huit
postes,
ne
pèsent
pas
autant.
Il
faut
aussi
avoir
à
l’esprit
qu’ils
ne
s’opposent
pas
vraiment.
Si
l’on
distingue
le
risque
pauvreté,
d’autres
prestations
comme
les
prestations
logement
ou
les
pensions
de
retraite
ont
un
impact
très
important
sur
l’indigence.
En
fait
ces
risques
font
bien
système.
Si
l’on
se
penche,
plus
précisément,
sur
les
risques
de
sécurité
sociale,
au
sens
strict,
alors
le
camembert
a
moins
de
parts,
mais
la
répartition
est,
globalement,
similaire.
Sur
l’ensemble
des
dépenses
de
sécurité
sociale
au
sens
strict
–
environ
450
milliards
d’euros
–
près
de
la
moitié
relève
des
prestations
vieillesse.
La
sécu,
au
sens
restreint,
c’est-‐à-‐dire
l’assurance
maladie,
à
laquelle
on
agrège
la
maternité,
l’invalidité
le
décès,
représente
41
%
des
dépenses.
La
famille,
elle,
13
%.
Tandis
que
le
premier
risque
«
historique
»,
si
l’on
peut
dire,
les
accidents
du
travail,
avec
les
maladies
professionnelles,
représente
3
%
des
dépenses.
Tout ceci peut sembler passablement compliqué et, peut-être, fastidieux. Mais nous sommes
là pourtant au cœur de cette formidable machine redistributive qu’est la sécurité sociale, au
sens restreint, comme au sens strict ou au sens large.
Une entrée très concrète pour saisir la densité, la complexité, mais aussi l’importance
quotidienne de la matière est de passer par une fiche de paie. L’étendue
et
le
mode
de
financement
de
la
sécurité
sociale
apparaissent
sur
la
fiche
de
paie
des
salariés.
Ce
bulletin,
peu
lisible
et
peu
lu,
est
un
concentré
de
droit
social,
c’est-‐à-‐dire
de
droit
du
travail
et
de
droit
de
la
sécurité
sociale.
On
en
présente
ici
une
version
très
synthétique.
Une
lecture
plus
détaillée,
et
à
tête
reposée,
pourra
vous
intéressée.
Sur
ce
tableau,
trois
grandes
rubriques
en
rouge
montrent
ce
qu’il
en
est
d’abord,
sous
la
rubrique
sécurité
sociale,
de
la
sécurité
sociale
au
sens
strict.
On
voit
que
ces
cotisations
sont
partagées
entre
l’employeur
et
l’employé.
Cette
distinction,
discutable
sur
le
plan
économique,
a
des
répercussions
très
concrètes.
La
hausse
ou
la
baisse
des
cotisations
salariales
a
un
effet
immédiat
sur
les
montants
versés
au
salarié.
Les
modifications
des
cotisations
patronales
influent
directement
sur
le
coût
du
travail.
On
observera
que
les
assiettes
considérées
ne
sont
pas
les
mêmes
selon
les
risques,
des
mécanismes
de
plafonnement
modulant
les
niveaux
de
prélèvement
selon
les
niveaux
de
salaire.
On
notera
aussi
que
les
cotisations
d’accidents
du
travail
ne
sont
pas
figées,
elles
sont
variables
selon
la
dangerosité
des
métiers.
Ce
document
présente
aussi,
au-‐delà
de
la
sécurité
sociale
au
sens
strict,
des
cotisations
finançant
d’autres
dimensions
de
la
protection
sociale
(le
logement,
le
chômage,
les
retraites
complémentaires,
la
formation
professionnelle).
Apparaît
même,
sur
la
ligne
«
solidarité
autonomie
»,
une
cotisation
qui
vient
financer,
pour
partie,
ce
que
certains
ont
voulu
un
temps
baptiser
un
«
cinquième
risque
»
de
sécurité
sociale,
c’est-‐à-‐dire
la
dépendance.
Enfin,
troisième
rubrique
rouge,
on
trouve
sur
sa
fiche
de
paie,
d’autres
modalités
de
financement
de
la
protection
sociale,
que
sont
la
contribution
sociale
généralisée
(CSG)
et
la
contribution
au
remboursement
de
la
dette
sociale
(CRDS).
Ces
deux
prélèvements,
créés
dans
les
années
1990,
et
dont
la
logique
vous
sera
présentée
dans
les
séances
de
ce
MOOC
dédiées
au
financement,
ont
certes
pour
visée
de
limiter
les
problèmes
budgétaires,
mais
surtout
d’accompagner
la
dynamique
la
plus
importante
de
la
sécurité
sociale
depuis
1945
:
sa
généralisation
progressive
à
l’ensemble
de
la
population,
au-‐delà
des
seuls
salariés.
Il
n’en
reste
pas
moins
qu’une
feuille
de
salaire
est
une
excellente
entrée
pour
saisir
la
protection
sociale
à
la
française
et,
dans
une
certaine
mesure,
la
société
française.