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LA BIBLE DES

APICULTEURS
NOUVELLE
ÉDITION
ENRICHIE

LE TRAITÉ

DE  l’apiculture
CONNAISSANCE DE L’ ABEILLE • TOUTES LES TECHNIQUES APICOLES
LES PRODUITS DE LA RUCHE ET LEURS BIENFAITS
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Les auteurs

π Étienne Bruneau est ingénieur π Roch Domerego est naturopathe, π Bernard Vaissière est ingénieur
agronome ; il travaille depuis vingt spécialisé en apithérapie, vice- agronome, apiculteur amateur, et
ans dans le secteur apicole comme président de la commission d’apithé- chargé de recherches responsable
responsable de l’équipe du CARI rapie d’Apimondia, professeur invité du laboratoire de Pollinisation ento-
(Centre apicole de recherche et permanent à l’université Callixto de mophile à l’INRA d’Avignon. Auteur
d’information, à Louvain-la-Neuve, La Havane. d’une thèse sur la pollinisation
Belgique). Conseiller spécialisé en du cotonnier par les abeilles, ses
pathologies et problèmes de l’en- recherches portent sur l’activité de
vironnement, il est, depuis 2001, π Gilles Fert est apiculteur-éleveur butinage et l’efficacité pollinisatrice
vice-président du groupe de travail en Pyrénées-Atlantiques. Il assure des abeilles ; il participe à la revue
« Miel » du COPA-COGECA. des formations apicoles en France Apidologie comme rédacteur.
et à l’étranger.

π Jean-Marie Barbançon est apicul-


teur professionnel dans la Drôme, π Yves Le Conte est directeur de
président du Groupement dépar-te- recherche à l’INRA et apiculteur
mental sanitaire apicole de la Drôme amateur. Auteur d’une thèse sur
et administrateur de la Fédération les relations abeilles-varroa en
nationale des organisations sani- 1989, son domaine de recherche
taires apicoles départementales. s’applique à la lutte contre le varroa
Aujourd’hui spécialisé en pathologie et à la communication et la régu-
apicole, il a exercé comme vétéri- lation sociale des abeilles, avec
naire pendant vingt ans. notamment pour résultats l’iden-ti-
fication d’une phéromone du cou-
vain et la caractérisation de colonies
π Paul Bonnaffé est apiculteur d’abeilles survivant au varroa sans
professionnel, spécialisé dans l’acti- traitement.
vité de pollinisation. En tant qu’ad-
ministrateur de France-Miel et
président de la Fédération nationale π Gilles Ratia est consultant api- 
des coopératives apicoles françaises, il cole international, webmestre de la  
fait partie des représentants de la « Galerie virtuelle apicole », président de
filière apicole auprès des instances la commission permanente Apimondia
nationales et européennes. « Technologie et outil-lage apicoles ».

π Henri Clément est apiculteur π Catherine Reeb est enseignante


professionnel en Cévennes, rédac- (PRAG) en biologie végétale et éco-
teur en chef de la revue Abeilles et logie à l’université Paris VI-Pierre-
fleurs et cofondateur de l’associa- et-Marie-Curie et chercheuse en
tion Terre d’abeilles. bio-informatique.

4 Traité Rustica de l’apiculture

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Avant-propos
Depuis des millénaires, comme en témoignent certaines peintures rupestres,
ainsi que des textes et des bijoux anciens, l’homme s’efforce de tisser des liens
privilégiés avec l’abeille.
Pendant très longtemps, l’activité apicole s’est limitée à la cueillette. Avec
l’invention de la ruche à cadres, au XIXe siècle, l’apiculture moderne est née, pour
devenir aujourd’hui une filière à part entière de l’agriculture.
En plaine, en montagne ou même au cœur des villes, des milliers de profes-
sionnels, de pluriactifs et de petits producteurs exercent cette activité. Tous sont
animés d’une véritable passion, qu’ils possèdent quelques ruches pour le plaisir
ou de véritables exploitations confrontées aux contraintes du marché.
Activité de pleine nature, dépendante de l’environnement et des conditions
climatiques, l’apiculture se situe à la croisée de nombreuses disciplines comme
la biologie animale et végétale, la botanique ou la science vétérinaire… Elle
nécessite aussi une connaissance approfondie des nouvelles méthodes d’élevage
qui favorisent un développement rationnel du cheptel apiaire.
La diversité des produits de la ruche (miels, pollen, gelée royale, propolis…),
leur technique de production et leur potentiel thérapeutique, mis en évidence
par des recherches scientifiques de plus en plus nombreuses, sont également
présentés dans l’ouvrage. Enfin, les aspects économiques et les réglementations
en vigueur sont abordés, sans négliger le particularisme des différents types
d’exploitations apicoles.
Apiculteur professionnel, impliqué dans le syndicalisme apicole depuis de
nombreuses années, j’ai sollicité, pour la rédaction de cet ouvrage, la collabo-
ration de spécialistes parmi les plus éminents dans leur discipline respective.
Je les remercie pour leur adhésion spontanée et la qualité de leur prestation.
Aussi sérieux et détaillé soit-il, un traité doit être agréable à consulter.
La présentation de celui-ci, abondamment illustré par des planches et des
photographies, permet de compléter les informations du texte et concourt au
confort de la lecture. Que l’on soit néophyte, apiculteur expérimenté ou
simplement désireux de découvrir le monde de l’apiculture, chacun trouvera, je
l’espère, dans ce Traité Rustica de l’Apiculture, à la fois des réponses à ses besoins
et une mine de renseignements sur l’univers fascinant des abeilles.

Henri Clément

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Sommaire
Chapitre III
Soigner et protéger
les abeilles
L’ABEILLE ET LA COLONIE Jean-Marie Barbançon
1. PRÉVENIR ET TRAITER
Chapitre I
LES MALADIES
Mieux connaître l ’ abeille Prévenir le risque sanitaire 86
Yves Le Conte Le varroa 88
Les traitements chimiques
1. L’ABEILLE, UN HYMÉNOPTÈRE
PAS COMME LES AUTRES contre le varroa 90
L ’abeille dans la classification Des traitements alternatifs
des insectes 12 contre le varroa 92
Abeilles solitaires Perspectives de la lutte
et abeilles sociales 14 contre le varroa 94
La guêpe, cousine de l’abeille 16 La loque américaine 96
La loque européenne 98
2. BIOLOGIE DE L’ABEILLE La nosémose 102
Le corps de l’abeille 18 L’acariose 104
Le système circulatoire 20 Les mycoses 105
Le système nerveux 21 Chapitre II
La fausse teigne 106
Le système respiratoire 22 La vie sociale Les virus 107
Le système digestif 23 de la colonie La réglementation sur
L’alimentation 24 Yves Le Conte les maladies contagieuses 110
Des sens développés 26
1. LES ACTEURS DE LA COLONIE 2. LES ENNEMIS ET PRÉDATEURS
L’odorat 27
Une société très structurée 54 DE L’ABEILLE
La vue 28
La reine 57 Les petits prédateurs 112
Le toucher 30
Le faux bourdon 60 Les mammifères 115
Le goût 31
L’ouvrière 63 Le frelon Vespa velutina 117
L’ouïe 32
Aethina tumida 119
Le vol des abeilles 33 2. LES MISSIONS DE L’OUVRIÈRE
L’homme, facteur de risque 120
L’orientation 35 La nettoyeuse 66
Le langage des abeilles 37 La nourrice 67 3. PROTÉGER CONTRE
L’architecte et la maçonne 68 LES RISQUES CLIMATIQUES
3. LES RACES D’ABEILLES
La manutentionnaire 70 Les conditions climatiques
Les abeilles dans le monde 40 dangereuses 122
La ventileuse 71
Introduction à Apis mellifera 42 Les abeilles et
La gardienne 72
Les races européennes le bouleversement climatique 124
La butineuse 73
d’Apis mellifera 44
Les races orientales 3. LE CYCLE DE LA COLONIE
d’Apis mellifera 46 L’ouvrière d’hiver 76
Les races africaines La phase nuptiale 77
d’Apis mellifera 48 La ponte 79
Les abeilles issues L’essaimage 81
de croisement 51 La colonie orpheline 83

6 Traité Rustica de l’apiculture

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2. LES RUCHES
Les différents types de ruches 247
L’APICULTURE Les ruches traditionnelles 250
AUJOURD’HUI Acheter des ruches vides 254
3. LE CHEPTEL
Chapitre IV Acheter des ruches peuplées 255
Pollinisation, apiculture Acheter des paquets d’abeilles 256
et environnement 4. LE MATÉRIEL ET L’ÉQUIPEMENT
1. LA POLLINISATION Les outils de base 257
Bernard Vaissière L’enfumoir 258
Les vêtements 259
Le rôle de l’abeille Les accessoires 260
dans la biodiversité 128 Les souffleurs 261
Qu’est-ce que Les nourrisseurs 262
la pollinisation ? 130
Les apports de la pollinisation 132 5. LA MIELLERIE
3. LES MILIEUX APICOLES
La pollinisation des plantes Installer et entretenir
Catherine Reeb
sauvages 134 la miellerie 263
Pratiquer la pollinisation Les paysages apicoles 178 La miellerie d’un petit
des cultures 136 Le cynips du châtaignier 180 producteur 265
L’arboriculture 140 Le milieu de plaine 182 La miellerie d’un producteur
Les grandes cultures 145 Les plantes de plaine 186 moyen 266
Les cultures maraîchères 149 Le milieu montagnard 202 La miellerie d’un gros
Les cultures porte-graine 153 Les plantes montagnardes 206 producteur 268
Les cultures sous abri 158 Le milieu méditerranéen 210 Organiser l’espace
Les plantes méditerranéennes 214 de la miellerie 270
2. APICULTURE ET
Le milieu de grande culture 222
ENVIRONNEMENT AGRICOLE
Les plantes de grande culture 226 Chapitre VI
Henri Clément,
Jean-Marie Barbançon
Le milieu urbain 228 Guide des techniques
Les plantes urbaines 232 de l ’ apiculteur
et Paul Bonnaffé
Henri Clément
Le remembrement 163 Chapitre V
Nouvelles évolutions 1. INSTALLER LE RUCHER
Installer son rucher Installer une ruche 274
agricoles et apiculture 165 et s ’ équiper
L’agroécologie Gilles Fert 2. ENFUMER
et l’agroforesterie 169
Allumer l’enfumoir 276
Les traitements 1. L ’ INSTALLATION DU RUCHER
Comment enfumer 278
phytosanitaires 170 L’environnement botanique 236
Gaucho, un exemple Choisir un emplacement 240 3. VISITER UNE RUCHE
historique 172 Ce que dit la loi 241 Ouvrir une ruche 280
La réglementation Aménager le terrain 242 Manipuler les cadres 281
des traitements 174 Mettre en place les ruches 244 Examiner les cadres 282
Paroles d’apiculteurs 176 Entretenir le rucher 246 Fermer une ruche 283

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4. ENTRETENIR LA COLONIE Chapitre VII LES PRODUITS ET LEUR
Renouveler et permuter Le rucher au fil EXPLOITATION
les cadres 284 des saisons
5. RÉCOLTER LE MIEL Henri Clément Chapitre IX
Nourrir les abeilles 285 1. LE RUCHER AU PRINTEMPS Les produits de la ruche
Préparer la récolte 288 Les travaux de printemps 328 Étienne Bruneau
Récolter les hausses 290
Désoperculer les cadres 293 2. LE RUCHER EN ÉTÉ 1. LE MIEL
Extraire le miel des cadres 295 Les travaux d’été 332 Des sources mellifères
Après l’extraction 297 à la ruche 364
3. LE RUCHER EN AUTOMNE
Filtrer le miel 298 Des caractéristiques
Les travaux d’automne 334 très diverses 368
Faire maturer le miel 300
Conditionner le miel 302 4. LE RUCHER EN HIVER Les facteurs de conservation 370
Travailler le miel 304 Les travaux d’hiver 336 Les contaminants du miel 372
Stocker les hausses 305 Le rôle des analyses 374
Les fraudes sur les miels 376
6. RENOUVELER LE CHEPTEL
Chapitre VIII
Prévenir et préparer 2. LES AUTRES PRODUITS BRUTS
l’essaimage 306 Développer et améliorer Le pollen 377
Piéger un essaim 307 son cheptel La gelée royale 381
Récupérer un essaim naturel 308 Gilles Fert La propolis 385
Créer un essaim artificiel 310 La cire 388
1. DÉVELOPPER SON CHEPTEL
Trouver la reine 313 Le venin 391
Les principes
Marquer une reine 314 du développement 340 3. LES PRODUITS DÉRIVÉS
Transvaser des ruches 316 L’essaimage artificiel 342 L’hydromel 392
Réunir deux ruches faibles 318 Les paquets d’abeilles 343 La cuisine au miel 396
7. TRANSHUMER Remplacer une reine 345
Déplacer les ruches 320 L’outillage pour l’élevage
de reines 347 Chapitre X
8. ENTRETENIR LES RUCHES Les techniques d’élevage 350
Fondre la cire 323 Santé, bien - être ,
Entretenir une ruche 324 2. AMÉLIORER SON CHEPTEL apithérapie
Monter un cadre 325 La sélection 357 Roch Domerego
Le programme de sélection 359 1. LA MÉDECINE DES ABEILLES
L’insémination instrumentale 360 L’apithérapie à travers
les siècles 402

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Le circuit long 452 Le miel de cerisier 507
Le conditionnement 454 Le miel de chardon 508
L’étiquetage 456 Le miel de châtaignier 510
Les labels de qualité 458 Le miel de chêne 511
Le miel de clémentinier 512
2. QUELLE GESTION POUR
Qu’est-ce que l’apithérapie ? 404 Le miel de colza 513
QUEL PROJET ?
Les produits de l’apithérapie 406 Le miel d’eucalyptus 514
Les obligations
administratives 466 Le miel de framboisier 515
2. LA PRÉVENTION ET LE
TRAITEMENT DES PATHOLOGIES La gestion financière 470 Le miel de houx 516
Les affections respiratoires 410 Formations, aides Le miel de lavande maritime 517
Les affections digestives 411 et subventions 472 Le miel de lavande 518
Les rhumatismes 412 La filière apicole française 474 Le miel de lierre 520
Les affections Les mesures Le miel de luzerne 521
cardio-vasculaires 413 agro-environnementales 478 Le miel de metcalfa 522
Les affections de la peau 415 Le plan de développement Le miel de pissenlit 523
La cicatrisation des plaies 416 durable pour l’apiculture 479 Le miel de rhododendron 524
Les affections ophtalmiques 418 Le miel de romarin 526
Les affections neurologiques 420 Le miel de ronce 527
Les affections génito-urinaires 422 3. GÉRER SES RUCHES À DISTANCE Le miel de sainfoin 528
Les affections gynécologiques Gilles Ratia Le miel de sapin 529
et obstétriques 423 Les données consultables Le miel de sarrasin 530
Les affections courantes de loin 482 Le miel de saule 531
des enfants 425 Le miel de serpolet 532
L’apithérapie vétérinaire 427 4. TIRER PARTI D’INTERNET Le miel de thym 534
Les sites généralistes 484 Le miel de tilleul 535
3. UNE MÉDECINE DU FUTUR Les sites des particuliers 488 Le miel de tournesol 536
La santé pour tous 428 Les sites commerciaux 489 Le miel de trèfle 538
Le courrier électronique 490
3. LES MIELS POLYFLORAUX
Le miel de causse 540
Chapitre XI
Chapitre XII Le miel de forêt 541
Bien gérer son exploitation Guide des miels Le miel de garrigue 542
Paul Bonnaffé Henri Clément Le miel de haute montagne 544
Le miel de maquis 545
1. COMMERCIALISER 1. LES MIELS ET LEUR PRODUCTION
LES PRODUITS DE LA RUCHE Le miel de montagne 546
Introduction 494 Le miel de printemps 547
La réglementation
Deux types d’apiculture 495 Les miels de la Réunion 548
internationale 434
Des miels variés 497 Les miels de la Guadeloupe
Le marché mondial 436
Déguster un miel 498 et de la Martinique 549
Le marché du miel en France 438
Une production nationale 2. LES MIELS MONOFLORAUX
en chute libre 440 Le miel d’acacia 500
Index 552
Sondage Ipsos - UNAF 442 Le miel d’arbousier 501
Renseignements pratiques 556
«Abeille, sentinelle Le miel d’aubépine 502
Bibliographie 558
de l‘environnement®», Le miel de bourdaine 503
Remerciements 559
un programme de sensibilisation 446 Le miel de bruyère blanche 504
Crédits iconographiques 560
La vente directe 448 Le miel de bruyère callune 505
Le circuit court 450 Le miel de bruyère cendrée 506

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Butineuse à l’approche d’une fleur de genêt.

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Depuis l’Antiquité, l’abeille n’a
cessé de fasciner l’homme.
Au XXe siècle, d’importantes
recherches ont été menées pour
connaître la biologie de cet animal
d’une extrême complexité, et les
découvertes de Karl von Frisch sur
les danses des abeilles lui ont valu
le prix Nobel en 1973.
Dans le monde, on compte
aujourd’hui neuf espèces d’abeilles
domestiques, parmi lesquelles
Apis mellifera
mellifera,, la plus répandue car
la plus intéressante pour l’apiculture.

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1. L ’ A B E I L L E , U N H Y M É N O P T È R E P A S C O M M E L E S A U T R E S

L’abeille dans la classification


des insectes
Les insectes sont caractérisés par la présence de trois paires de pattes, généralement
deux paires d’ailes, et une respiration trachéenne. On les rencontre dans tous les milieux
autres que marins. Chez les insectes, l’ordre des Hyménoptères comprend plus
de cent mille espèces. On trouve dans cet ordre les abeilles du genre Apis.

tar et de pollen et un système pour mâle – le couvain est l’ensemble des


LES CARACTÉRISTIQUES stocker le pollen sur la patte arrière immatures – sont plus grandes que
DES HYMÉNOPTÈRES ou sur la face ventrale de l’abdo- celles d’ouvrières, et les cellules de
• une métamorphose complète ; men. On distingue les Apoïdes in- reines sont rondes et pendent indi-
• le métathorax soudé au premier férieurs, qui sont tous solitaires, et viduellement du rayon de couvain.
segment abdominal ;
• des ailes membraneuses avec
les Apoïdes supérieurs, qui com-
des nervations formant des prennent la famille des Apidae et À part les mâles, qui meurent à la
dessins d’au maximum seize unités possèdent tous un degré de socialité. fin de l’été, l’ensemble des individus
dans l’aile supérieure ; vit de façon permanente dans la co-
• dix à cent tubes de Malpighi,
qui font partie du système digestif.
Actuellement, la tribu des Apini lonie, qui se multiplie par division
Et, chez l’abeille, on note : Latreille contient un seul genre : au cours de l’essaimage. La commu-
• deux paires d’ailes membraneuses Apis. Ce sont les abeilles dites mel- nication interindividuelle est très
couplées par des crochets ; lifères. Elles peuvent mesurer entre 9 développée et comprend, en parti-
• des pièces buccales de type
broyeur-lécheur ;
et 19 mm de long, sont modérément culier, un langage de recrutement.
• un aspect très différent des velues, leurs yeux à facettes portent
individus des deux sexes ; des soies et leurs mandibules sont
• un cerveau bien développé ; lisses. Les nervures des ailes ont
• une parthénogenèse (reproduc-
des structures spécifiques en forme
L’abeille dans
tion sans mâle) fréquente.
de cellule. Les femelles sont séparées
la préhistoire
en castes morphologiquement dif- L’apparition des abeilles serait
Les Apoïdes et férentes. Un endophallus membra­ liée à celle des angiospermes,
leurs subdivisions neux, élaboré et de taille importante, qui produisent nectar
constitue l’organe génital mâle. ­ et pollen.
L’existence d’un aiguillon et de Une abeille fossile du genre
Electrapis, de la tribu des
comportements évolués (bâtir un Les abeilles du genre Apis sont
Apini, a été découverte dans
nid ou creuser une galerie avec des caractérisées par un comportement l’ambre de l’éocène. Elle
matériaux spécifiques) distinguent hautement social. Elles construi­ aurait vécu il y a quarante
certains hyménoptères classés dans sent des rayons constitués de millions d’années. D’autres
l’infra-ordre des Aculéates (plus de cellules hexagonales en cire que les abeilles retrouvées dans des
mille espèces). ouvrières produisent avec leurs couches fossiles montrent une
glandes cirières. Les cellules sont uti- rapide évolution des
Les Apoïdes sont caractérisés par lisées pour l’élevage des immatures caractères morphologiques
la présence de nombreux poils sur et le stockage de réserves nutritives. pendant l’oligocène, mais il y
leur cuticule (la membrane externe La nutrition des larves se fait de aurait eu peu de changements
des insectes), d’une longue langue, façon progressive et le nid est ther- depuis les trente derniers
millions d’années.
par une alimentation à base de nec- morégulé. Les cellules de couvain

12 Traité Rustica de l’apiculture • Chap. I Mieux c o n n a î t r e l ’ a b e i ll e

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2. B I O L O G I E D E L ’ A B E I L L E

Le corps de l’abeille
Bien que l’on puisse quelquefois la confondre avec quelques TÊTE DE L’OUVRIÈRE
abeilles solitaires, l’abeille domestique a une morphologie
ocelles
bien à part des autres insectes, avec des différences
marquées entre les trois castes : la reine, l’ouvrière et le mâle. œil composé

Le corps La tête

La cuticule entoure le corps de La tête est une capsule


l’abeille. Cette membrane externe ovoïde qui, extérieure-
de chitine dure est recouverte de ment, présente deux yeux
poils, et forme un exosquelette composés et trois ocelles,
en trois parties : la tête, le thorax deux antennes et les pièces
et l’abdomen. Les muscles, qui buccales. Elle porte les prin-
agissent directement sur les ar- cipaux organes des sens et ren-
ticulations de ces parties ou par ferme un cerveau d’un volume
déformation de l’exosquelette, se important, ainsi que les glandes
antenne
trouvent à l’intérieur de celui-ci. hypopharyngiennes, labiales et
mandibulaires. mandibule
La tête et le thorax sont reliés
par le cou. Il est constitué d’une
membrane externe et de muscles langue
associés aux mouvements palpes labiaux
de la tête, qui proviennent thorax
du thorax et qui lui pro-
curent une grande mobilité.

Le thorax et l’abdomen tête


sont reliés par un pétiole situé
entre le premier segment abdomi-
nal (qui est en fait soudé au tho-
rax) et le deuxième segment
abdominal. Le tube digestif,
les systèmes circulatoire,
nerveux et respiratoire
passent par le cou et le
pétiole.

abdomen

CORPS DE L’OUVRIÈRE

18 Traité Rustica de l’apiculture • Chap. I Mieux c o n n a î t r e l ’ a b e i ll e

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L’ouvrière OUVRIÈRE ADULTE

Femelle à l’appareil génital atrophié, l’ouvrière possède


de grandes capacités d’adaptation physiologique et
comportementale, ainsi que des organes très spécialisés.

Les ouvrières n’ont pas toutes la Les glandes hypopharyngiennes


même parenté dans la colonie. En sécrètent des substances destinées
effet, comme la reine est fécondée à nourrir les larves. Chez les abeilles
par plusieurs mâles et que le sperme plus âgées, ces glandes produisent
est mélangé au bout de quelques aussi des enzymes impliquées dans
semaines dans la spermathèque, la la maturation du nectar. Elles pos-
reine produit des œufs qui peuvent sèdent aussi des glandes labia­
être fécondés par le sperme de mâles les et mandibulaires, ces
différents. Ainsi, une ouvrière peut dernières sécrétant notam­-
avoir une pleine sœur issue de l’œuf ment la phéromone d’alarme
de la reine et du même père, ou bien qui recrute les soldats lors de
une demi-sœur issue de la reine et dangers potentiels. La glande de
d’un autre père. Nasanov, située entre les deux
derniers sternites abdominaux,
Les adaptations produit une phéromone utilisée
physiologiques entre autres lors de l’essaimage,
pour « battre le rappel » et assurer
Les ouvrières sont physiologique- la cohésion de l’essaim en vol.
ment distinctes : pour réaliser leurs
diverses fonctions, elles utilisent des La langue très développée de l’ouvrière permet la récolte du
glandes spécifiques qui fonctionnent nectar, et ses pattes arrière, celles du pollen et de la propolis.
Son appareil vulnérant sert à la défense de la colonie et ses
différemment de la reine et du mâle. plaques cirières produisent la cire pour construire les alvéoles.

DE L’ŒUF À L’OUVRIÈRE
21 jours

stade de l’œuf
(3 jours) stade larvaire (10 jours) stade nymphal (8 jours)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21

prénymphe
éclosion

Juste avant sa nymphose, la larve remonte vers le haut de la cellule et produit un message phéromonal
qui induit l’operculation de la cellule par les ouvrières au 9e jour.

63

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Une chaîne cirière.

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1. L A P O L L I N I S A T I O N

La pollinisation des plantes sauvages


On connaît peu de choses sur la reproduction sexuée et le mode de pollinisation
d’une majorité de plantes sauvages. De ce fait, l’incidence écologique de l’abeille
domestique est difficile à évaluer, mais quelques données incitent à penser
que son importance est considérable.

L’évolution schématique à cycle court, qui se développent • Cette première phase de colo-
d’un biotope rapidement et dont la reproduction nisation tend à être remplacée par
sexuée ne fait appel à aucun insecte. des espèces pérennes et allogames,
Dans la flore spontanée d’un c’est-à-dire dont la fécondation né-
lieu, on distingue généralement Elles ont recours essentiellement cessite une pollinisation croisée.
plusieurs communautés végétales à l’autopollinisation passive et leurs
qui se succèdent en fonction de ovules sont fécondés par leur propre • Le terme final d’une telle suc-
l’historique et du degré de pertur- pollen (espèces autogames). C’est le cession végétale est la végétation cli-
bation du sol. cas du mouron des champs, du sé- macique, qui se définit comme une
neçon, de nombreuses Crucifères, communauté végétale ayant atteint
• Ainsi, lorsqu’une surface de comme la capselle bourse-à-pasteur, un équilibre avec son environnement
terre labourée est laissée en friche, et de nombreuses Graminées. et qui, en l’absence de nouvelles per-
les premières espèces qui la turbations, se maintient dans un état
colonisent sont généra- Ces espèces ont des fleurs à peu près stable. Cette végétation
lement des espèces de très petite taille qui climacique contient essentiellement
ne sont presque jamais des plantes pérennes, majoritaire-
visitées par les abeilles. ment strictement allogames.
Cependant, quelques es-
pèces de cette catégo- Beaucoup de ces espèces sont
rie sont mellitophiles, aussi largement ou exclusivement
comme la moutarde mellitophiles, et les abeilles sont
des champs, la ravenelle alors indispensables pour assurer
et le coquelicot. leur fécondation. On peut citer des
essences forestières de la famille des
Rosacées (alisier, merisier, sorbier,

Épilobes (au premier plan) en montagne.

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aubépine, églantier, épine noire), comme plusieurs espèces de nar- lonie – d’un rayon qui atteint fré-
des Acéracées (érable) ou des Cor- cisses ou le cressa de Crète (Cressa quemment 10 km, soit plus de 31
nacées (cornouiller), des espèces li- cretica). Leur survie est alors étroi- 400 ha de surface –, les butineuses
gneuses de la famille des Cistacées tement liée à l’activité pollinisatrice vont rencontrer de très nombreuses
(ciste, hélianthème), des Éricacées des abeilles. espèces sauvages. On évalue alors à
(airelle, arbousier, bruyère, callune), quel point l’apiculteur, le plus sou-
des Lamiacées (romarin, thym) et La flore sauvage, vent inconsciemment, intervient
des Fabacées (genêt à balai, genêt un domaine méconnu dans l’évolution de la flore sauvage
d’Espagne). des écosystèmes.
Malgré ces éléments, l’incidence
C’est aussi le cas de très nom- écologique de l’abeille domestique
breuses espèces herbacées pérennes demeure peu quantifiable. D’une OGM et plantes sauvages
appartenant aux familles citées part, l’écologie florale d’une majo- La plupart des OGM (organismes
ci-dessus et à beaucoup d’autres rité de plantes sauvages reste mal génétiquement modifiés) construits
comme les Amaryllidacées, Convol- connue et l’incidence de l’activité et utilisés à ce jour sont des plantes de
vulacées, Cucurbitacées, Iridacées, pollinisatrice des abeilles est déjà grande culture comme la betterave, le
Liliacées, Malvacées, Onagracées, complexe à mesurer de façon précise colza, le cotonnier, le maïs et le soja.
Orchidacées, Scrofulariacées, et Ver­- sur une seule espèce. D’autre part, Les risques de contamination de la flore
bénacées. Dans la mesure où ces il n’existe pas actuellement de mé- sauvage avec des gènes issus de ces
espèces de la végétation clima- thode pour déterminer de façon ex- cultures résultent principalement de la
dispersion du pollen et des graines.
cique ne s’établissent qu’au terme haustive les plantes que les abeilles
d’une évolution de la flore sur d’une colonie ont butinées. L’api- Or chez l’abeille domestique, entre
plusieurs dizaines d’années et dans culteur ne dispose à ce jour d’aucun ouvrières d’une même colonie, il existe
des transferts de pollen responsables
un milieu non perturbé, il n’est pas moyen de contrôle sur les espèces
de fécondation. Cela signifie que le
surprenant qu’une majorité d’es- florales visitées par ses abeilles et
pollen d’une culture d’OGM peut se
pèces rares soient mellitophiles, dans l’aire de butinage d’une co- retrouver ainsi sur le stigmate d’une
plante sauvage qui se trouve dans l’aire
de butinage. Il y a donc lieu d’être
vigilant quant aux gènes introduits
dans les cultures mellitophiles,
en particulier celles qui ont des espèces
sauvages apparentées, comme le colza
et plus encore la carotte, la chicorée,
la laitue et le radis.

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1. I N S T A L L E R L E R U C H E R

Installer une ruche


Installer une première ruche sur
un terrain c’est déjà créer un rucher,
quelle que soit son ampleur présente
ou à venir.
Le choix de l’emplacement est
capital : l’environnement du rucher
détermine les récoltes futures, donc
aussi le calendrier des cycles de la
colonie et le travail de l’apiculteur.
Évitez d’installer votre rucher
dans un endroit venteux, trop
ombragé, humide, ou dans une zone
de brouillards fréquents.
Une étude préalable du potentiel
mellifère dans un rayon de 3,5 km,
au fil des saisons, constitue la pre- 1 Lors du choix du terrain, vérifiez
    2 À l’aide d’une bêche et d’une pelle,
   
mière étape. Ne négligez pas de dia- que le rucher ne sera pas exposé à des désherbez et égalisez le sol.
loguer des atouts et inconvénients du courants d’air et qu’il jouira d’un Mais attention à ne pas le rendre
lieu avec les apiculteurs déjà installés ensoleillement important. meuble : la stabilité de la ruche
L’exposition sud-sud-est est idéale. en souffrirait.
dans le secteur, cela évite souvent
des déboires.
L ’ accès du futur rucher doit être
aisé, et de préférence desservi par
une route carrossable. Ensuite, il
vous faudra préparer le terrain, tout
en respectant sa configuration.
Les abeilles ne supportent pas
l’humidité, il est donc nécessaire de
bien isoler les ruches du sol, en équi-
librant leurs supports. À éviter : les
pneus de récupération, peu stables.
Les abeilles ne doivent être gênées
dans leur activité par aucun obstacle,
herbes ni broussailles, il faut donc
débroussailler les abords de chaque
ruche que vous implantez et renou-
veler cette opération, notamment au 3 Pour isoler la ruche du sol,
    4 Les supports ne doivent pencher d’aucun
   
cours du printemps et durant l’hiver. vous pouvez employer des supports côté, surtout pas vers l’arrière. Mais inclinez
métalliques, des traverses de chemin légèrement la ruche vers l’avant pour
de fer en bois, des pierres ou faciliter l’évacuation des déchets et de
des moellons. l’humidité liée à la condensation.

274 T r a i t é R u s t i c a de l’apiculture • Chap. VI Guide d e s t e c h n i q u e s d e l ’ a p ic u l t e u r

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5 Sur ces supports, posez une ruche vide
et appuyez sur les côtés opposés deux
à deux pour vous assurer qu’elle ne
tressaute pas. Au moindre mouvement
perceptible, retirez la ruche et replacez
vos supports jusqu’à la stabilité parfaite.

6 Si le toit de la ruche est plat,


   
prenez la précaution de le lester d’une
pierre ou d’un moellon pour qu’une
bourrasque ne l’enlève pas.

7 Dégagez avec soin les abords immédiats de l’entrée


    8 L’apiculteur disposera ses autres
   
de la ruche, ainsi que les alentours. Par la suite, effectuez ruches de manière désordonnée car
régulièrement cette opération. l’alignement favorise le phénomène
de dérive, qui est très préjudiciable
aux colonies.

275

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1. L E R U C H E R A U P R I N T E M P S

Les travaux de printemps


En février ou en mars, profitez d’une journée ensoleillée pour effectuer la visite de
printemps. Elle vous permettra d’évaluer l’état de votre cheptel. De votre capacité
à l’améliorer dépend l’ampleur de la future récolte.

Calendrier La nature au printemps La colonie au printemps

Février La nature se réveille : les premières Il est temps que la colonie reprenne
fleurs pollinifères ou nectarifères son essor car les abeilles d’hiver arrivent
attirent les abeilles. au terme de leur vie et la population
s’amenuise.
• En montagne, il faudra attendre
encore plus d’un mois. La reine recommence
à pondre :
• Les vergers d’amandiers nécessitent les abeilles d’été
un afflux de butineuses pour optimiser vont remplacer les
la pollinisation. vieilles abeilles.

Mars Les jours s’allongent, le soleil est plus


chaud, la température extérieure aug-
mente malgré certaines journées encore
froides. Abeille sur
une ficaire.
La flore disponible se diversifie : buis,
saule marsault, prunellier, ficaire…

La colonie éprouve
un besoin important
de pollen et de miel :
elle puise dans les réserves et en prélève
dans la nature. Ces apports sont essentiels
au bon développement de la colonie.

Ponte d’une
jeune reine. • En zone méditerranéenne,
la végétation explose littéralement.
La pollinisation des abricotiers, cerisiers,
pêchers et pruniers requiert l’intervention
des abeilles.
Prunelliers en fleurs.

328 T r a i t é R u s t i c a de l’apiculture • Chap. VII Le r u c h e r a u f il d e s s a i s o n s

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Calendrier La visite de printemps

Février/ • Attention, en montagne, la visite ne – Attention, a contrario, une colonie


mars pourra s’effectuer que dans deux mois. gorgée de miel dont la reine ne dispose pas
Voici les paramètres essentiels à observer. d’espace vide pour pondre va végéter.
Il faut donc lui retirer, près du nid à couvain,
LA PONTE un ou deux cadres excédentaires, que l’on
remplace par des cadres bâtis mais vides.
– L’idéal est une ponte resserrée (c’est-à-dire
sans alvéoles lacunaires entre les œufs) Les cadres retirés peuvent être ajoutés à
provenant d’une reine jeune. une autre colonie déficiente en miel.
– Si elle vous paraît occuper un espace
L’ÉTAT SANITAIRE
insuffisant (moins de trois cadres),
un nourrissement spéculatif, au sirop, Lors de l’ouverture, une colonie saine exhale
effectué à faibles doses mais une odeur agréable.
à intervalles réguliers (tous les 4 ou 5 jours) – Observez attentivement vos abeilles.
la dynamisera rapidement. Elles ne doivent pas être traînantes.
– Une ponte disséminée indique une reine – Vérifiez qu’elles ne sont pas atteintes
trop âgée ou de qualité médiocre. Si vous de nosémose ou de mycoses.
disposez de reines de remplacement, – Si vous percevez une odeur forte et
n’hésitez pas à la changer. Si ce n’est pas nauséabonde, attention aux loques.
le cas et si la ponte est encore importante, L’état du couvain peut vous renseigner,
le renouvellement de reine s’effectuera sinon, consultez un agent sanitaire.
plus tard dans la saison. Un nourrissement – Effectuez les traitements anti-varroa indis-
spéculatif sera bienvenu. pensables et vérifiez l’ampleur de
– Si la ponte est fort réduite l’infestation en désoperculant plusieurs
(ruche orpheline) ou si la ruche est alvéoles de faux bourdons. Les ruches des
bourdonneuse, il faut assembler la colonie colonies mortes seront désinfectées
à une autre. et ramenées à la maison.
• En zone méditerranéenne, il est parfois
possible de poser les hausses, en particulier
dans les régions de romarin.
Les apiculteurs qui pratiquent
la pollinisation effectuent les premiers
déplacements d’une longue série
de transhumances.

Des réserves
de pollen dans LES RÉSERVES
la ruche.
Vérifiez que la colonie dispose de provisions
de miel en quantité suffisante (une dizaine de
kilos) pour se développer sans problèmes dans
les mois à venir.
– Si c’est le cas, c’est parfait.
– Sinon, il faudra compenser ce manque
par un apport de nourrissement lourd :
miel, candi ou sirop.

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1. D É V E L O P P E R S O N C H E P T E L

de surélever le fond du starter de


10 cm pour permettre le maximum
d’aération et faciliter les manipula-
tions.

• Les baby-nuclei, utilisés pour


la fécondation de reines en grande
quantité, sont des ruches minus-
cules qui existent dans toutes les
tailles, toutes les formes, en bois, en
plastique massif ou expansé. Elles
ont l’avantage d’être économiques
en abeilles : effectivement, pour as-
surer une fécondation, 200 à 300
ouvrières suffisent. Mais la conduite
de ces baby-nuclei durant toute une
saison apicole nécessite un véritable
tour de main.
Matériel nécessaire pour le starter fermé, avec un des cadres de pollen (présenté ici).
• La hausse de fécondation
• Le picking, longue et fine tige produire. Ces ruchettes peuvent être constitue une solution intermédiaire
métallique, sert à réaliser le trans- des réductions de ruches ordinaires, entre la ruchette à 5 cadres et le
fert des jeunes larves dans les cu- d’un volume de 4 ou 5 cadres, ce qui baby-nuclei. Il suffit de diviser une
pules. Mais un petit pinceau n° 00, offre surtout l’avantage de n’avoir hausse à miel en plusieurs parties.
un simple morceau de bambou qu’un seul format de cadre sur Ce choix offre plusieurs avantages :
ou une plume d’oiseau aiguisée l’exploitation. on conserve un modèle unique de
conviennent très bien. cadre sur l’exploitation, et on profite
Le finisseur, par exemple, peut de ce que les abeilles des 2 ou 3 com-
Le reste du petit matériel, se- être constitué d’un simple corps pla- partiments se tiennent chaud, ce qui
condaire, se compose de cagettes à cé au-dessus d’une ruche ordinaire, permet de démarrer la saison d’éle-
reines et de protections de cellules le tout séparé par une grille à reine. vage plus tôt. De plus, la récolte des
lorsqu’on souhaite obtenir des reines se fait plus rapidement.
reines vierges. Ces accessoires sont • Le starter, comme son nom
disponibles chez tous les fournis- l’indique, permet de démarrer les Les abeilles ne doivent pas com-
seurs de matériel apicole. cellules royales le premier jour. Le muniquer d’un compartiment à
starter fermé, le plus courant, est l’autre : ceux-ci peuvent être sépa-
Le gros matériel constitué d’une ruchette hermé- rés par une feuille de métal ou de
tique à 5 cadres. Un petit aména- contreplaqué, si possible amovible
Il comprend des corps de ruches gement s’impose : en effet, les 2 kg pour réunir les colonies à l’ap-
supplémentaires et de ruchettes de d’abeilles nourrices qui seront pri- proche de l’hiver. Seul le fond de
fécondation, dites « nuclei de fé- sonnières dans ce petit volume au- cette ruchette faite à partir d’une
condation », dont il faut savoir adap- ront besoin d’aération. Le fond de hausse standard nécessite un amé-
ter le choix en fonction des condi- cette ancienne ruchette doit donc nagement. De plus, les entrées de
tions climatiques de la région, mais être entièrement remplacé par un chaque compartiment doivent être
surtout de la quantité de reines à grillage métallique n° 7, l’idéal étant faites sur des faces différentes.

348 T r a i t é R u s t i c a de l’apiculture • Chap. VIII Développer et améliorer son cheptel

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Récolte de cellules royales.

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1. L E M I E L

LES CONTAMINANTS DU MIEL


En raison d’une dégradation de l’environnement, contaminé de manière récurrente
par toutes sortes de particules, et des analyses de plus en plus performantes réalisées
par les laboratoires sur des matrices aux seuils de détection toujours plus bas,
il convient de s’interroger sur les éventuels contaminants des miels.

Les métaux lourds : maximales fixées pour les métaux déconseille absolument de donner
plomb, cadmium lourds par la Commission du Codex du miel, quelle que soit son origine,
Alimentarius ». aux nourrissons de moins d’un an.
Ces contaminants ne semblent
pas constituer un risque majeur La Commission européenne a Les antibiotiques
pour les produits apicoles. proposé de fixer un seuil réglemen-
taire de 0,10 mg/kg pour le plomb Dans les années 1980, certains
Chaque année la Direction gé- et de 0,10 mg/kg pour le cadmium. apiculteurs employaient des anti-
nérale de l’alimentation initie des biotiques de manière régulière pour
plans de surveillance et de contrôle Une bactérie, se prévenir
(PSPC) sur la contamination des responsable du botulisme de la loque
denrées alimentaires. améri-
Le botulisme infantile est une ma- caine.
Des prélèvements de miels sont ladie rare, affectant le système ner-
donc effectués chez les produc- veux des enfants de moins d’un an.
teurs pour analyser la présence de Dans sa forme la plus grave, elle peut
différents résidus : antibiotiques, nécessiter une hospitalisation très
médicaments vétérinaires, pesti- longue sous assistance respiratoire.
cides, radionucléides, éléments Les cas mortels sont toutefois ex-
traces métalliques (plomb et cad- ceptionnels. Des formes résistantes
mium). Pour la période de (spores) de la bactérie (Clostridium Aujourd’hui, les antibiotiques sont
2009 à 2012, 100 % des botulinum) sont responsables de interdits en apiculture, sauf sur
échantillons analysés cette maladie et peuvent se trouver prescription vétérinaire et, dans ce
étaient notamment dans les poussières et dans certains cas, la ruche est retirée du cheptel
conformes pour sols. Transportées par les abeilles, productif. En outre, les apiculteurs
le plomb. les spores peuvent se retrouver savent maintenant que l’usage de
ensuite dans le miel si l’apiculteur ces produits masque la présence des
La norme ne respecte pas certaines précau- spores de loque sans pour autant la
Codex1 pour tions d’hygiène. Lors de la récolte, faire disparaître. Selon l’ANSES, la
le miel précise notamment, les rayons de miel ne présence des antibiotiques dans les
que « le miel doivent jamais entrer en contact miels est devenue exceptionnelle.
doit être exempt avec le sol. En outre, un miel contenant ce
de métaux lourds à type de résidus ne peut en aucun
des concentrations qui peuvent En raison d’une légère aug- cas être commercialisé.
constituer un risque pour la santé mentation du nombre de cas de
humaine. Les produits visés par les botulisme infantile depuis 2004,
Les tests en laboratoire permettent
dispositions de la présente norme l’Agence nationale de sécurité sa- entre autres de détecter d’éventuelles
doivent être conformes aux limites nitaire de l’alimentation (ANSES) traces de contaminants dans le miel.

372 T R A I T É R U S T I C A DE L’APICULTURE • CHAP. IX LES PRODUITS DE LA RUCHE

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Les miels monofloraux

Le miel d’acacia
Très prisé par les consommateurs pour sa douceur
et son aspect liquide, le miel d’acacia représente
la plus forte vente en miels monofloraux.
La production française, toujours insuffisante,
est complétée par des importations massives en provenance
des pays de l’Est, en particulier de Hongrie. L’acacia dit
« de Chine » a un goût totalement différent. Souvent de qualité aléatoire,
il affiche rarement son origine de façon claire.

AIRE DE RÉCOLTE S’il existe dans toute la France des bois d’acacias où il est possible
de récolter ce miel de manière ponctuelle, certaines régions sont plus
favorables : Bassin parisien, Centre, Aquitaine et piémont pyrénéen, Est.

FLORAISON Capricieuse. Lors des années fastes, en quelques jours les acacias
blanchissent comme neige et l’air embaumé annonce une grande miellée.

RÉCOLTE Fin mai-début juin. Très irrégulière : abondante ou inexploitable.


Sensible aux gelées tardives, aux vents du nord et aux orages.

COULEUR Très clair, limpide. Jaune pâle irisé de vert.

PARFUM ET SAVEUR L’arôme rappelle de manière discrète le parfum de la fleur. Saveur très douce.

CRISTALLISATION Le miel reste très longtemps liquide. La présence de nectars exogènes


accélère la cristallisation, toujours très fine.

CONSERVATION Excellente.

CARACTÉRISTIQUES Considéré comme un régulateur intestinal,


ce miel est recommandé pour les jeunes enfants.

Totalement inconnu en Europe jusqu’au XVIIe siècle, l’acacia a été rapporté


de Virginie par Jean Robin. Le miel d’acacia devrait donc s’appeler miel
de robinier… du véritable nom de l’arbre. Jusqu’à présent, la France a très peu favorisé
les plantations d’acacia car cette essence était considérée comme envahissante.
En Hongrie, depuis plusieurs décennies, le bois d’acacia est recherché pour ses qualités
de flexibilité et de résistance (fabrication de poutres en lamellé-collé).

500 T r a i t é R u s t i c a de l’apiculture • Chap. XII Guide des miels

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Les miels polyfloraux

Le miel de forêt
La particularité du miel de forêt réside dans son mélange de nectars
et de miellats variés.

AIRE DE RÉCOLTE L’ensemble des forêts du territoire.

FLORAISON La miellée est variable car l’exsudation de miellat peut s’opérer


ET MIELLÉE à n’importe quel moment de l’été, du début juin à la fin août.

FLORE ET MIELLATS Épilobe, ronce, bruyères, lierre, miellats de conifères divers, de chêne,
DOMINANTS de hêtre, de tilleul.

RÉCOLTE Très irrégulière. Elle dépend essentiellement de l’ampleur


de la production de miellat.

COULEUR Toujours très sombre, presque noir à l’état


liquide, le miel de forêt prend de belles teintes
brunes tirant vers le gris une fois cristallisé.

PARFUM ET SAVEUR Fluctuant, son arôme rappelle souvent les feuilles sèches des sous-bois.
En bouche, le miel de forêt engendre des sensations boisées, suaves,
où percent parfois une pointe de réglisse et un soupçon de menthe.

CRISTALLISATION Très lente, elle s’effectue au terme de plusieurs mois.


La granulation peut être fine comme assez grossière.

CONSERVATION Excellente.

CARACTÉRISTIQUES Les miels de forêt sont très riches en divers oligoéléments : potassium,
phosphore, calcium, soufre, magnésium, manganèse, zinc, fer, cuivre…

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Rédigé par les meilleurs spécialistes, Le Traité Rustica
de l’apiculture répertorie l’ensemble des savoir-faire et
des connaissances utiles aux apiculteurs d’aujourd’hui.
Des techniques de base (enfumage, manipulation des
cadres, visite au rucher…), illustrées en pas à pas photos,
aux dernières recherches en matière de pollinisation ou
d’apithérapie, les divers aspects de l’activité apicole sont
tous abordés et traités de façon simple et détaillée. Les
800 photos, dessins, schémas en couleurs réjouiront tous
les passionnés des abeilles, qu’ils découvrent le monde
fascinant de la ruche ou qu’ils souhaitent approfondir ou
même professionnaliser leur pratique.

LES AUTEURS
Réalisé sous la direction d’Henri Clément, apiculteur
professionnel en Cévennes, porte-parole de l’Union
nationale de l’apiculture française (UNAF) en charge du
programme Sentinelle de l’environnement et rédacteur en
49 ttc
chef de la revue Abeilles et fleurs, cet ouvrage est le fruit
de la collaboration de nombreux spécialistes : apiculteurs
www.rustica.fr
MDS : 48344N3

professionnels, ingénieurs agronomes, chercheurs…

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